Y’a presque deux semaines, j’avais demandé à un de mes contacts, Victor, un mafieux de la Flaque de me tirer de l’enfer parental d’Innocent. Bizarrement, le vieux renard avait accepté plutôt rapidement. Et ça, ça manquait pas de me faire cogiter dans mon petit crâne crêtu.
Tout se paie avec lui. Sans compter qu’il s’est pas déplacé personnellement, mais il m’a envoyé sa blondasse de sbire, Natalia. Je peux pas la blairer celle là, et il le sait, alors j’ai commencé par penser que c’était sa façon de me faire payer, mais si je suis pas bien malin, faut pas me prendre pour un con pour autant. Ca fait un bail qu’on a mis les voiles maintenant, et Redline tu peux pas le louper. L’équipage est rempli de troufions, mais nan, j’insiste, tu peux juste pas rater Redline.
J’ai bien essayé de demander à sa connasse de sbire, mais tout ce que j’ai gagné, c’est de me ramasser avant qu’elle me claque la porte de sa cabine au nez. Pis un jour pas fait comme un autre, la moutarde a fini de me monter au nez. Alors j’ai tambouriné à cette foutue porte même pas capable d’être aimable.
- Quoi ? Qu’est ce que tu veux le punk ?
- Bon, on est coincés tous les deux sur le même rafiot en pleine mer, alors arrête ton char et dis moi où on va. Ouvre moi cette putain de porte et viens me le dire en face !
Je l’entends soupirer et écraser un “Oh c’est bon, ta gueule ...”, je laisse pisser. Je l’entends aussi traîner des savates, comme si ma présence la faisait chier. Et au fond ouais, c’est sûrement le cas. C’est qu’on se tolère à peine, elle et moi.
Un cliquetis de serrure et un grincement de gond plus tard, je vois enfin sa gueule.
- Monsieur veut tout savoir ? Eh bien Monsieur ne va pas être très très jouasse. Victor veut qu’on aille sur Clock Work Island. Il est parti plus tôt avec Ernst pour tâter le marché local mais apparemment, ils se sont faits capturer. L’a dû se démerder pour garder son Den den puisque t’as réussi à le joindre, alors il en a profité. Il m’a dit de te prendre au passage, terminé.
Eh merde ...
- Satisfait ?
- Va chier.
- Si t’es pas content, on peut aussi te passer par dessus bord.
Je tourne les talons non sans lui faire passer mon humeur de toute la longueur de mon majeur, la bobine déconfite. Moi qui espérait un nouveau départ tranquille, je peux me le carrer où je pense ... Pis Clock Work quoi ! Alors ouais, certes, ça me rappelle des bons souvenirs, ceux des Saigneurs et leur douce ironie à faire passer ce pays de l’air à la flotte, mais justement. La flotte. J’ai pas envie d’y finir, à cause de ma merde du démon. T’imagine la gueule de l’aventure du super daron ? “Il a voulu reprendre la mer pour que son chiard grandisse dans un monde un peu moins pourri mais il a juste coulé comme une grosse merde.” Une merde à moitié dévorée par cette sous-race d’homme-poiscaille ... Nan, vraiment, ça pue déjà la vase cette histoire ...
L’odeur n’a fait que se renforcer durant le reste du voyage. Maintenant qu’on y est, je peux plus reculer, pis j’ai jamais vraiment eu le choix de toute façon. Je veux pas y foutre les pieds sur ces bouts de toits.
On est à peine arrivés qu’on nous regarde déjà comme des bêtes de foire. Les humains surtout. Parce que pour les rares hommes-poiscailles, c’est surtout de la hargne que je lis sur leur gueule lisse et luisante, ou écailleuse. Je parie que les grands de cette putain d'île sont déjà avertis de notre arrivée. Natalia, elle, se contente de donner des ordres à son équipage en faisant abstraction du reste. On est tous sur le pont, plus ou moins occupés, moi à être appuyé sur le gaillard d’avant à regarder tous ces glandus.
- Oï ! Le créteux ! Ca va, je te dérange pas ?
Je retourne la tête, avec une gueule d’ahuri. Faut dire que la pétasse m’a tiré de mes pensées.
- Hein ?
- Tu vois pas qu’on est tous en train de manoeuvrer ? Tu pourrais peut être filer un coup de main, nan ?
- Nan. Je suis l’invité.
Elle me jette un regard noir en serrant des poings. Moi, je retourne zieuter mes petits peignes-cul préférés. Y’en a même un qui crache par terre, et j’ai eu le plaisir de pas le louper celui là !
- Putain ! Je sais pas ce qui me retient de t’éclater la tronche !
- Ton boss.
Et bim. Directement là où ça fait mal. Elle sait que j’ai raison et qu’elle peut rien y faire. Victor est déjà trop souvent après sa couenne, elle a la fâcheuse tendance à faire couler le sang trop facilement. En vrai, elle adore ça. Du coup, ça la fout encore plus en rogne, et je pourrais presque me fendre la gueule si j’étais pas occupé à déprimer.
Sur le moment, je fais pas vraiment gaffe, mais l’atmosphère s’est un peu refroidi, et surtout on entend plus que le clapotis de l’eau et le bruit des vagues.
- Oï !
- Quoi encore, putain ! que je lui vomis.
Je me tourne et là, je devine que le moment où j’ai le nez dans la merde est arrivé. Bingo ! Je vois un putain d’homme-poiscaille -une sentinelle, ou un garde, sûrement- qui monte à bord de notre rafiot depuis la mer. L’équipage bouge plus d’un poil, Natalia fronce les sourcils prête à en découdre. Il se tient enfin debout, un rictus carnassier lui fend la gueule en deux, une lame dentelée à la main. II pivote sur lui même pour estimer le nombre de ses adversaires, sûrement, pis il tombe sur ma tronchiole. Le voilà qui écarquille les yeux et qui bafouille :
- K-Ki-Kiril ?!
Tout se paie avec lui. Sans compter qu’il s’est pas déplacé personnellement, mais il m’a envoyé sa blondasse de sbire, Natalia. Je peux pas la blairer celle là, et il le sait, alors j’ai commencé par penser que c’était sa façon de me faire payer, mais si je suis pas bien malin, faut pas me prendre pour un con pour autant. Ca fait un bail qu’on a mis les voiles maintenant, et Redline tu peux pas le louper. L’équipage est rempli de troufions, mais nan, j’insiste, tu peux juste pas rater Redline.
J’ai bien essayé de demander à sa connasse de sbire, mais tout ce que j’ai gagné, c’est de me ramasser avant qu’elle me claque la porte de sa cabine au nez. Pis un jour pas fait comme un autre, la moutarde a fini de me monter au nez. Alors j’ai tambouriné à cette foutue porte même pas capable d’être aimable.
- Quoi ? Qu’est ce que tu veux le punk ?
- Bon, on est coincés tous les deux sur le même rafiot en pleine mer, alors arrête ton char et dis moi où on va. Ouvre moi cette putain de porte et viens me le dire en face !
Je l’entends soupirer et écraser un “Oh c’est bon, ta gueule ...”, je laisse pisser. Je l’entends aussi traîner des savates, comme si ma présence la faisait chier. Et au fond ouais, c’est sûrement le cas. C’est qu’on se tolère à peine, elle et moi.
Un cliquetis de serrure et un grincement de gond plus tard, je vois enfin sa gueule.
- Monsieur veut tout savoir ? Eh bien Monsieur ne va pas être très très jouasse. Victor veut qu’on aille sur Clock Work Island. Il est parti plus tôt avec Ernst pour tâter le marché local mais apparemment, ils se sont faits capturer. L’a dû se démerder pour garder son Den den puisque t’as réussi à le joindre, alors il en a profité. Il m’a dit de te prendre au passage, terminé.
Eh merde ...
- Satisfait ?
- Va chier.
- Si t’es pas content, on peut aussi te passer par dessus bord.
Je tourne les talons non sans lui faire passer mon humeur de toute la longueur de mon majeur, la bobine déconfite. Moi qui espérait un nouveau départ tranquille, je peux me le carrer où je pense ... Pis Clock Work quoi ! Alors ouais, certes, ça me rappelle des bons souvenirs, ceux des Saigneurs et leur douce ironie à faire passer ce pays de l’air à la flotte, mais justement. La flotte. J’ai pas envie d’y finir, à cause de ma merde du démon. T’imagine la gueule de l’aventure du super daron ? “Il a voulu reprendre la mer pour que son chiard grandisse dans un monde un peu moins pourri mais il a juste coulé comme une grosse merde.” Une merde à moitié dévorée par cette sous-race d’homme-poiscaille ... Nan, vraiment, ça pue déjà la vase cette histoire ...
L’odeur n’a fait que se renforcer durant le reste du voyage. Maintenant qu’on y est, je peux plus reculer, pis j’ai jamais vraiment eu le choix de toute façon. Je veux pas y foutre les pieds sur ces bouts de toits.
On est à peine arrivés qu’on nous regarde déjà comme des bêtes de foire. Les humains surtout. Parce que pour les rares hommes-poiscailles, c’est surtout de la hargne que je lis sur leur gueule lisse et luisante, ou écailleuse. Je parie que les grands de cette putain d'île sont déjà avertis de notre arrivée. Natalia, elle, se contente de donner des ordres à son équipage en faisant abstraction du reste. On est tous sur le pont, plus ou moins occupés, moi à être appuyé sur le gaillard d’avant à regarder tous ces glandus.
- Oï ! Le créteux ! Ca va, je te dérange pas ?
Je retourne la tête, avec une gueule d’ahuri. Faut dire que la pétasse m’a tiré de mes pensées.
- Hein ?
- Tu vois pas qu’on est tous en train de manoeuvrer ? Tu pourrais peut être filer un coup de main, nan ?
- Nan. Je suis l’invité.
Elle me jette un regard noir en serrant des poings. Moi, je retourne zieuter mes petits peignes-cul préférés. Y’en a même un qui crache par terre, et j’ai eu le plaisir de pas le louper celui là !
- Putain ! Je sais pas ce qui me retient de t’éclater la tronche !
- Ton boss.
Et bim. Directement là où ça fait mal. Elle sait que j’ai raison et qu’elle peut rien y faire. Victor est déjà trop souvent après sa couenne, elle a la fâcheuse tendance à faire couler le sang trop facilement. En vrai, elle adore ça. Du coup, ça la fout encore plus en rogne, et je pourrais presque me fendre la gueule si j’étais pas occupé à déprimer.
Sur le moment, je fais pas vraiment gaffe, mais l’atmosphère s’est un peu refroidi, et surtout on entend plus que le clapotis de l’eau et le bruit des vagues.
- Oï !
- Quoi encore, putain ! que je lui vomis.
Je me tourne et là, je devine que le moment où j’ai le nez dans la merde est arrivé. Bingo ! Je vois un putain d’homme-poiscaille -une sentinelle, ou un garde, sûrement- qui monte à bord de notre rafiot depuis la mer. L’équipage bouge plus d’un poil, Natalia fronce les sourcils prête à en découdre. Il se tient enfin debout, un rictus carnassier lui fend la gueule en deux, une lame dentelée à la main. II pivote sur lui même pour estimer le nombre de ses adversaires, sûrement, pis il tombe sur ma tronchiole. Le voilà qui écarquille les yeux et qui bafouille :
- K-Ki-Kiril ?!
Dernière édition par Mahach le Mer 16 Nov 2016 - 6:19, édité 2 fois