- ...Petit frère... ?
Droit comme un piquet, Myosotis fixait la femme prisonnière et menottée qui se tenait face à lui. Sourcils et lèvres crispés, il serrait son poing autour de sa canne en entendant l'appel de cette otage, la scrutant davantage. Elle était belle avec ses yeux fins d'un profond gris perle qui, parfois, se mettaient à briller lorsqu'ils croisaient la lumière qui rentrait par la lucarne. La jeune femme avait relevé la tête, renvoyant le torrent de feu qu'étaient ses cheveux, pour regarder celui qu'elle venait d'appeler « petit frère ». Non, pour lui c'était impossible, cette femme divaguait ou alors elle se trompait de personne. Sans doute la faim qui la faisait délirer ? Myosotis n'a jamais eu de sœur, non, seulement un frère aîné au comportement plus que détestable et des parents abjects qui jamais n'avaient mentionnés l'existence d'une quelconque fille. Ni même dans le manoir De Ville, Myo' n'a jamais croisé quoi que ce soit qui laissait penser qu'un autre membre de la famille manquait à l'appel, que ça soit des tableaux ou un quelconque acte dans le bureau de son père.
- Je ne vous connais pas, je ne suis pas votre frère. Vous devez confondre mais...
- Non, coupa-t-elle. Je ne confonds pas. Myosotis, c'est bien toi n'est-ce pas ?
Le garçon écarquilla son regard, elle venait de deviner son nom sans même que celui-ci ne l'ait prononcé. Son cœur se serra l'espace d'un instant, est-ce que cette femme était réellement sa sœur ? Non, c'est impossible. Jamais, ça ne pouvait pas être vrai ! Plusieurs souvenirs refaisaient surface, l'empêchant de se concentrer. Lorsque ses parents s'étaient mis à le renier et à le battre, ils avaient fait retoucher tout les tableaux de la demeure et effaçant les représentations du jeune homme, son père était allé jusqu'à brûler son acte de naissance. Qui que soit cette femme, elle venait de nouer le cœur du garçon.
- Oui...Oui c'est mon nom. Comment est-ce que vous le savez ?!
Tâchant de se ressaisir, il pointa sa canne vers elle. Il était prêt à faire feu sur elle en lançant un nuage d'éclair pour l'achever si jamais la situation dégénérait. L'inconnue n'en démordait pas et continuait de le fixer avec ses yeux pétillants et son sourire en croissant de lune.
- Le chat, celui qui vous a guidé jusqu'ici, c'est moi qui l'ai envoyé.
- Je vous ai posé une question. Comment vous connaissez mon nom, répondez !
- Je l'ai déjà entendu, deux fois. Et lorsque le chat m'a dit qu'un certain Myosotis était présent sur l'île, j'ai tout de suite su que c'était toi lorsqu'il m'en a fait le portrait.
- Le chat qui vous l'a dit ? Vous êtes complètement folle...
- Attend !
Myosotis s'apprêtait à la foudroyer, mais il s'arrêta net lorsqu'elle lui intima de stopper son coup. Il ne comprenait pas pourquoi, mais il y avait quelque chose qui l'empêchait de la frapper. Cette petite voix dans sa tête qui lui donnait envie d'entendre son histoire, et peut être de la croire ? Il n'avait aucune idée de ce qui était en train de se passer, mais cette femme présente en face de lui savait qui il était. Peut être savait-elle ce qu'il avait fait à Milan, son frère ? Se calmant, Myo' décida de s'asseoir en tailleur en face de son interlocutrice tout en posant sa canne à sa droite.
- Allez-y. Expliquez vous. Je ne sais pas qui vous êtes et je ne comprends pas franchement ce que vous déblatérez, mais je vous écoute. Je n'ai tout de même pas traversé cette infâme forêt pour rien...
- Je m'appelle Belladonna. Non, je ne suis pas folle lorsque je dis que le chat m'a parlé de toi, il l'a fait. Depuis toujours je possède une certaine affinité avec ces petits félins. Un médecin m'a d'ailleurs confié un jour que j'étais affecté par la pathologie Herbe à Chats, qui me permet d'interagir avec eux ! Huhu !
- Je vois...Mais venez en au fait, notre lien familial !
- Je suis née à Cocoyashi moi aussi. Nos parents, Madeline et Maximilien, venaient à peine de s'y installer lorsque je vins au monde. Père était une étoile montante sur la scène juridique, destiné à devenir un grand avocat ! Il a réussi d'ailleurs...J'avais de mère l'image d'une femme coquette, qui appréciait les belles choses et la beauté du monde...
- Laissez moi deviner, vous ne vouliez pas suivre leurs traces ?
- Pas exactement, je suis tombée amoureuse.
- Je suppose que l'autre partie n'était pas du goût de père et mère...
- Il s'appelait Saemus, je me souviens trait pour trait de son visage. Il avait des yeux verts éclatants, des bouclettes blondes et un beau sourire avec des fossettes. Mais, il n'était qu'un roturier sans fortune ni famille aisée. À vrai dire, il travaillait au marché et vendait plusieurs fruits et légumes. Je le voyais tout les matins, je descendais exprès avec une domestique pour le voir en prétextant que je voulais prendre l'air pour faire des emplettes. Je devais avoir ton âge, peut être un peu plus jeune...Lorsque père et mère l'apprirent, ils firent tout pour m'empêcher de le revoir. Des coups, des gifles, du martinet, ils allèrent même jusqu'à m'affamer et m'enfermer dans ma chambre durant plusieurs jours, installant des barreaux aux fenêtres...
Myosotis n'en revenait pas, cette femme avait vécu un passé aussi morne et triste que le sien. Était-ce réellement sa sœur ? Il demeurait toujours sur ses gardes et n'arrivait toujours pas à le croire, mais quelque chose en lui serrait son cœur. Ce sentiment qui donnait des papillons dans le ventre, qui donne envie de pleurer, à la fois de tristesse et de joie. Il avait à la fois le désir que Belladonna soit sa sœur, mais dans le même temps il refusait cette hypothèse. Ça voudrait dire qu'on lui avait menti toute sa vie, qu'il n'a jamais eu connaissance de l'existence de son aîné. Mais le pire qui pouvait lui arriver, c'était tout les remords et les regrets qui lui remontaient en pleine figure. Il en venait à regretter ce qu'il avait fait à Milan, qu'à lui aussi on lui avait menti. Et, pour la première fois de sa vie, Myosotis avait envie de pardonner à Milan. Serrant ses poings, il peinait à ne pas pleurer, il devait se focaliser sur Belladonna...ne penser à rien d'autre... Voyant qu'il était tourmenté, cette dernière le rappela à la réalité :
- Tout s'acheva lorsque Seamus trouva la mort. Père l'avait fait noyer...J'avais compris à ce moment précis que plus jamais je ne trouverai grâce à leurs yeux, alors j'ai décidé de m'enfuir. Je refusais de vivre avec des monstres pareils. Mais, avant de partir, j'ai décidé de me débarrasser de la domestique qui avait vendu la mèche à mes parents et à cause de qui j'ai dû vivre cet enfer.
- Pourquoi n'avoir rien fait aux vrais responsables ?
- Père et mère ? Hm...j'aurais pu oui...mais j'ai préféré partir, décidée à revenir plus tard et à leur faire payer d'une façon bien plus horrible. Mais...lorsque je suis revenue, j'ai fais une découverte des plus inattendues...
- Une découverte ?
- Vous. Il y a dix-huit ans, je suis revenue sur Cocoyashi, prête et décidée à prendre ma revanche. Mais lorsque je suis arrivée, j'ai vu un enfant blondin haut comme trois pommes courir gaiement avec un chiot dans le jardin. J'observais, de loin, et sur les genoux de mère se trouvait un deuxième bambin. Cette fois-ci, celui là avait de beaux yeux bleus.
- Milan et moi ? Vous avez renoncé à votre vengeance en nous voyant Milan et moi ?
- Je ne sais pas vraiment ce qui est arrivé à ce moment là...J'ai subitement perdu toute envie de les tuer. Si je l'avais fait, vous vous seriez trouvés seuls et abandonnés. Qui sait ce qu'il serait advenu de vous et...
- Espèce d'idiote !! Rugit alors Myosotis.
La coupant se relevant d'un bond, le jeune homme la fusillait du regard. C'était la colère qui, cette fois, venait de l'envahir et il ne se retenait pas d'exploser ni de cracher tout ce qui lui passait par la tête.
- Est-ce vous réalisez ce que vous avez fait ?! Est-ce que vous avez la moindre idée de ce qui a pu nous arriver ? Ça vous est jamais venu à l'esprit qu'ils pourraient être aussi infects avec nous qu'ils l'ont été avec vous ?! Vous avez aucune idée de ce que j'ai dû subir...Si vous les aviez tué j'aurais pu avoir une autre vie et...
- Une vie dans laquelle tu aurais été trimbalé de foyer en foyer, ou à grandir dans un orphelinat, séparé de ton frère...
- Oh et bien j'ai grandi avec les deux mêmes parents que vous. Ceux qui vous ont frappé, affamé et fouetté ! Les mêmes, exactement les mêmes ! Pire encore, mon frère s'y mettait aussi. Il envoyait ses molosses à ma poursuite, quelle brillante vie j'ai eu. J'aurais tout échangé pour pouvoir grandir ailleurs ! Regardez mes yeux, de splendides yeux bleus ? Je n'en ai plus qu'un seul de bleu maintenant...Et il y a quelque mois l'autre était entièrement noir, il n'est devenu violet qu'après que j'ai ingéré un Fruit du Démon. Une enfance durant laquelle j'ai été mutilé, j'ai eu le même destin que vous. Merci beaucoup !!
- Je...J'ai pensé qu'ils auraient appris de leurs erreurs...
- Excellente déduction...
La colère et l'agacement lui montaient de plus en plus au nez, il avait envie de la laisser ici dans sa tour et de repartir. Faisant les cent pas dans la pièce, le son de ses talons raisonnait jusqu'au plafond. Qu'est ce qu'il était supposé faire maintenant ? C'était sa sœur après tout, elle avait grandi dans la même maison que lui...Elle n'avait rien prouvé véritablement, mais le portrait fait de ses parents était bel et bien vrai. Et puis, elle connaissait leurs prénoms...
- Un fruit du Démon ? Hm, mais comment est-ce que tu en es arrivé à manger ça ?
- Une bien longue histoire, tout ce qui vous avez à savoir c'est que je me suis enfui de Cocoyashi il y a deux ans. Et depuis, j'ai vécu ma vie. J'ai trouvé un travail plus que convenable d'ailleurs...
- Qu'en est-il de père et mère ?
- Ils ne savent pas où je suis, s'il y a bien un domaine dans lequel j'excelle c'est de savoir rester propre et de nettoyer mes traces. Ils n'ont aucun moyen de savoir que je suis ici.
- Et, notre frère ?
- Milan est décédé. Pendant que vous étiez loin à vous dorez la pilule je ne sais où, j'ai fini par me délivrer moi même de l'enfer dans lequel je vivais. J'ai poignardé Milan. Et je ne dois mon salut qu'à un inspecteur qui, de passage, a eu la bonté de constater ma miséricorde. Quel dommage que ma grande sœur ne fut pas là pour la constater également...
Belladonna jeta alors à son frère un regard désolé, n'osant pas franchement répondre. Elle voulait lui dire qu'elle le comprenait, qu'elle ne voulait pas qu'il se sente aussi mal, mais elle n'arriva pas vraiment à articuler ses mots. Le jeune homme ne lui en laissa pas l'occasion de toute façon.
- Vous ne m'avez toujours pas dit comment vous m'avez trouvé ici...
Droit comme un piquet, Myosotis fixait la femme prisonnière et menottée qui se tenait face à lui. Sourcils et lèvres crispés, il serrait son poing autour de sa canne en entendant l'appel de cette otage, la scrutant davantage. Elle était belle avec ses yeux fins d'un profond gris perle qui, parfois, se mettaient à briller lorsqu'ils croisaient la lumière qui rentrait par la lucarne. La jeune femme avait relevé la tête, renvoyant le torrent de feu qu'étaient ses cheveux, pour regarder celui qu'elle venait d'appeler « petit frère ». Non, pour lui c'était impossible, cette femme divaguait ou alors elle se trompait de personne. Sans doute la faim qui la faisait délirer ? Myosotis n'a jamais eu de sœur, non, seulement un frère aîné au comportement plus que détestable et des parents abjects qui jamais n'avaient mentionnés l'existence d'une quelconque fille. Ni même dans le manoir De Ville, Myo' n'a jamais croisé quoi que ce soit qui laissait penser qu'un autre membre de la famille manquait à l'appel, que ça soit des tableaux ou un quelconque acte dans le bureau de son père.
- Je ne vous connais pas, je ne suis pas votre frère. Vous devez confondre mais...
- Non, coupa-t-elle. Je ne confonds pas. Myosotis, c'est bien toi n'est-ce pas ?
Le garçon écarquilla son regard, elle venait de deviner son nom sans même que celui-ci ne l'ait prononcé. Son cœur se serra l'espace d'un instant, est-ce que cette femme était réellement sa sœur ? Non, c'est impossible. Jamais, ça ne pouvait pas être vrai ! Plusieurs souvenirs refaisaient surface, l'empêchant de se concentrer. Lorsque ses parents s'étaient mis à le renier et à le battre, ils avaient fait retoucher tout les tableaux de la demeure et effaçant les représentations du jeune homme, son père était allé jusqu'à brûler son acte de naissance. Qui que soit cette femme, elle venait de nouer le cœur du garçon.
- Oui...Oui c'est mon nom. Comment est-ce que vous le savez ?!
Tâchant de se ressaisir, il pointa sa canne vers elle. Il était prêt à faire feu sur elle en lançant un nuage d'éclair pour l'achever si jamais la situation dégénérait. L'inconnue n'en démordait pas et continuait de le fixer avec ses yeux pétillants et son sourire en croissant de lune.
- Le chat, celui qui vous a guidé jusqu'ici, c'est moi qui l'ai envoyé.
- Je vous ai posé une question. Comment vous connaissez mon nom, répondez !
- Je l'ai déjà entendu, deux fois. Et lorsque le chat m'a dit qu'un certain Myosotis était présent sur l'île, j'ai tout de suite su que c'était toi lorsqu'il m'en a fait le portrait.
- Le chat qui vous l'a dit ? Vous êtes complètement folle...
- Attend !
Myosotis s'apprêtait à la foudroyer, mais il s'arrêta net lorsqu'elle lui intima de stopper son coup. Il ne comprenait pas pourquoi, mais il y avait quelque chose qui l'empêchait de la frapper. Cette petite voix dans sa tête qui lui donnait envie d'entendre son histoire, et peut être de la croire ? Il n'avait aucune idée de ce qui était en train de se passer, mais cette femme présente en face de lui savait qui il était. Peut être savait-elle ce qu'il avait fait à Milan, son frère ? Se calmant, Myo' décida de s'asseoir en tailleur en face de son interlocutrice tout en posant sa canne à sa droite.
- Allez-y. Expliquez vous. Je ne sais pas qui vous êtes et je ne comprends pas franchement ce que vous déblatérez, mais je vous écoute. Je n'ai tout de même pas traversé cette infâme forêt pour rien...
- Je m'appelle Belladonna. Non, je ne suis pas folle lorsque je dis que le chat m'a parlé de toi, il l'a fait. Depuis toujours je possède une certaine affinité avec ces petits félins. Un médecin m'a d'ailleurs confié un jour que j'étais affecté par la pathologie Herbe à Chats, qui me permet d'interagir avec eux ! Huhu !
- Je vois...Mais venez en au fait, notre lien familial !
- Je suis née à Cocoyashi moi aussi. Nos parents, Madeline et Maximilien, venaient à peine de s'y installer lorsque je vins au monde. Père était une étoile montante sur la scène juridique, destiné à devenir un grand avocat ! Il a réussi d'ailleurs...J'avais de mère l'image d'une femme coquette, qui appréciait les belles choses et la beauté du monde...
- Laissez moi deviner, vous ne vouliez pas suivre leurs traces ?
- Pas exactement, je suis tombée amoureuse.
- Je suppose que l'autre partie n'était pas du goût de père et mère...
- Il s'appelait Saemus, je me souviens trait pour trait de son visage. Il avait des yeux verts éclatants, des bouclettes blondes et un beau sourire avec des fossettes. Mais, il n'était qu'un roturier sans fortune ni famille aisée. À vrai dire, il travaillait au marché et vendait plusieurs fruits et légumes. Je le voyais tout les matins, je descendais exprès avec une domestique pour le voir en prétextant que je voulais prendre l'air pour faire des emplettes. Je devais avoir ton âge, peut être un peu plus jeune...Lorsque père et mère l'apprirent, ils firent tout pour m'empêcher de le revoir. Des coups, des gifles, du martinet, ils allèrent même jusqu'à m'affamer et m'enfermer dans ma chambre durant plusieurs jours, installant des barreaux aux fenêtres...
Myosotis n'en revenait pas, cette femme avait vécu un passé aussi morne et triste que le sien. Était-ce réellement sa sœur ? Il demeurait toujours sur ses gardes et n'arrivait toujours pas à le croire, mais quelque chose en lui serrait son cœur. Ce sentiment qui donnait des papillons dans le ventre, qui donne envie de pleurer, à la fois de tristesse et de joie. Il avait à la fois le désir que Belladonna soit sa sœur, mais dans le même temps il refusait cette hypothèse. Ça voudrait dire qu'on lui avait menti toute sa vie, qu'il n'a jamais eu connaissance de l'existence de son aîné. Mais le pire qui pouvait lui arriver, c'était tout les remords et les regrets qui lui remontaient en pleine figure. Il en venait à regretter ce qu'il avait fait à Milan, qu'à lui aussi on lui avait menti. Et, pour la première fois de sa vie, Myosotis avait envie de pardonner à Milan. Serrant ses poings, il peinait à ne pas pleurer, il devait se focaliser sur Belladonna...ne penser à rien d'autre... Voyant qu'il était tourmenté, cette dernière le rappela à la réalité :
- Tout s'acheva lorsque Seamus trouva la mort. Père l'avait fait noyer...J'avais compris à ce moment précis que plus jamais je ne trouverai grâce à leurs yeux, alors j'ai décidé de m'enfuir. Je refusais de vivre avec des monstres pareils. Mais, avant de partir, j'ai décidé de me débarrasser de la domestique qui avait vendu la mèche à mes parents et à cause de qui j'ai dû vivre cet enfer.
- Pourquoi n'avoir rien fait aux vrais responsables ?
- Père et mère ? Hm...j'aurais pu oui...mais j'ai préféré partir, décidée à revenir plus tard et à leur faire payer d'une façon bien plus horrible. Mais...lorsque je suis revenue, j'ai fais une découverte des plus inattendues...
- Une découverte ?
- Vous. Il y a dix-huit ans, je suis revenue sur Cocoyashi, prête et décidée à prendre ma revanche. Mais lorsque je suis arrivée, j'ai vu un enfant blondin haut comme trois pommes courir gaiement avec un chiot dans le jardin. J'observais, de loin, et sur les genoux de mère se trouvait un deuxième bambin. Cette fois-ci, celui là avait de beaux yeux bleus.
- Milan et moi ? Vous avez renoncé à votre vengeance en nous voyant Milan et moi ?
- Je ne sais pas vraiment ce qui est arrivé à ce moment là...J'ai subitement perdu toute envie de les tuer. Si je l'avais fait, vous vous seriez trouvés seuls et abandonnés. Qui sait ce qu'il serait advenu de vous et...
- Espèce d'idiote !! Rugit alors Myosotis.
La coupant se relevant d'un bond, le jeune homme la fusillait du regard. C'était la colère qui, cette fois, venait de l'envahir et il ne se retenait pas d'exploser ni de cracher tout ce qui lui passait par la tête.
- Est-ce vous réalisez ce que vous avez fait ?! Est-ce que vous avez la moindre idée de ce qui a pu nous arriver ? Ça vous est jamais venu à l'esprit qu'ils pourraient être aussi infects avec nous qu'ils l'ont été avec vous ?! Vous avez aucune idée de ce que j'ai dû subir...Si vous les aviez tué j'aurais pu avoir une autre vie et...
- Une vie dans laquelle tu aurais été trimbalé de foyer en foyer, ou à grandir dans un orphelinat, séparé de ton frère...
- Oh et bien j'ai grandi avec les deux mêmes parents que vous. Ceux qui vous ont frappé, affamé et fouetté ! Les mêmes, exactement les mêmes ! Pire encore, mon frère s'y mettait aussi. Il envoyait ses molosses à ma poursuite, quelle brillante vie j'ai eu. J'aurais tout échangé pour pouvoir grandir ailleurs ! Regardez mes yeux, de splendides yeux bleus ? Je n'en ai plus qu'un seul de bleu maintenant...Et il y a quelque mois l'autre était entièrement noir, il n'est devenu violet qu'après que j'ai ingéré un Fruit du Démon. Une enfance durant laquelle j'ai été mutilé, j'ai eu le même destin que vous. Merci beaucoup !!
- Je...J'ai pensé qu'ils auraient appris de leurs erreurs...
- Excellente déduction...
La colère et l'agacement lui montaient de plus en plus au nez, il avait envie de la laisser ici dans sa tour et de repartir. Faisant les cent pas dans la pièce, le son de ses talons raisonnait jusqu'au plafond. Qu'est ce qu'il était supposé faire maintenant ? C'était sa sœur après tout, elle avait grandi dans la même maison que lui...Elle n'avait rien prouvé véritablement, mais le portrait fait de ses parents était bel et bien vrai. Et puis, elle connaissait leurs prénoms...
- Un fruit du Démon ? Hm, mais comment est-ce que tu en es arrivé à manger ça ?
- Une bien longue histoire, tout ce qui vous avez à savoir c'est que je me suis enfui de Cocoyashi il y a deux ans. Et depuis, j'ai vécu ma vie. J'ai trouvé un travail plus que convenable d'ailleurs...
- Qu'en est-il de père et mère ?
- Ils ne savent pas où je suis, s'il y a bien un domaine dans lequel j'excelle c'est de savoir rester propre et de nettoyer mes traces. Ils n'ont aucun moyen de savoir que je suis ici.
- Et, notre frère ?
- Milan est décédé. Pendant que vous étiez loin à vous dorez la pilule je ne sais où, j'ai fini par me délivrer moi même de l'enfer dans lequel je vivais. J'ai poignardé Milan. Et je ne dois mon salut qu'à un inspecteur qui, de passage, a eu la bonté de constater ma miséricorde. Quel dommage que ma grande sœur ne fut pas là pour la constater également...
Belladonna jeta alors à son frère un regard désolé, n'osant pas franchement répondre. Elle voulait lui dire qu'elle le comprenait, qu'elle ne voulait pas qu'il se sente aussi mal, mais elle n'arriva pas vraiment à articuler ses mots. Le jeune homme ne lui en laissa pas l'occasion de toute façon.
- Vous ne m'avez toujours pas dit comment vous m'avez trouvé ici...
Dernière édition par Myosotis De Ville le Lun 20 Fév 2017, 22:06, édité 1 fois