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[FB1626/Quête] Tomber non loin de l'arbre.

On vient d'ici.
Un chouille de musique

Parole d'Andrews, Parole d'Ivory, Parole d'Ebony.

Cela faisait des heures qu'il attendait sur le port de Shimotsuki. Ils étaient en retard, très et bien trop en retard pour que cela n'inquiète pas notre héro. C'était pas possible de manquer à ce point de ponctualité, d'habitude c'est plutôt à l'heure un révolutionnaire. On sait tous à quel point la vocation demandait une précision à toute épreuve, beaucoup de courage et d'abnégation, et une pointe de savoir-faire. Il ne pouvait se permettre d'attendre des heures, son plan risquait d'être ainsi compromis à cause d'un vulgaire retard, et il ne pouvait se le permettre.
Malheureusement pour lui, il ne possédait pas le den den des jumeaux qui allaient l'aider dans son entreprise de dératisation des rangs révolutionnaires. Un erreur qu'il corrigerait bien vite, et ne reproduirait jamais. Un vieux loup de mer comme lui pouvait se faire avoir une fois, mais deux, ça jamais ! Il patienta donc en jouant au dé avec un des vieillard qui traînait sur le port, comme pour se souvenir de ses belles années passé en mer.

- Arrête de rêvasser gamin, c'est à ton tour de jouer. Score à battre : Quatre et deux. Ça nous fais six.
Il ravala une réflexion amère, attrapa le gobelet et les dés d'un même mouvement, comme s'il avait ça toute sa vie. Les jeux et les négociations. Deux sujets sur lesquels il s'y connaissait beaucoup. Ah, et puis il y'avait la navigation en eaux troubles ; Il était somme toute dans son élément, et se concentra donc sur le lancé. Il entendit le cliquetis des dés dans leur récipient, lui rappelant celui des armes qui s'entrechoquent.

- Cinq et deux, je te bats encore vieille homme, raboule la monnaie ! Fit-il sans pitié pour un gars qui aurait pû être son père. Deux fois.

Ses dix Berrys en poche, il se prit une pinte à la taverne du coin, la prenant à emporter pour ne pas risquer de manquer ses compatriotes. Et devinez quoi, ce fut ce moment précis qu'il choisirent pour  se pointer, ce qui fit de lui ce qu'il détestait : Un retardataire. Puis il se fit la remarque qu'un Capitaine ne l'était jamais vraiment. Un Capitaine est toujours à l'heure qu'il faut, point barre.

- Et bah alors on vous attends depuis au moins ... Dix bonnes minutes, vous aimez vous faire attendre vous !

Les jumeaux, et leur fâcheuse habitude de finir les phrases de l'autre. Il avait été prévenu par le Tigre de Kawai de toute façon, mais cela faisait toujours bizarre. Les deux avaient les cheveux noir et des yeux vert particulièrement vifs, à tel point qu'on aurait dit des émeraudes. De grosses émeraudes. S'il se souvenait bien de ce qu'avait dit le grand père, l'un des deux au moins était un empoisonneur, et l'autre un tireur d'élite, aussi ravala-t-il sa morgue et sa main, de peur de finir comme tout ceux qui sous estimait les empoisonneurs et leurs "précautions". Mieux valait-il éviter tout contact inutile. Aussi, il les invita derechef dans sa cabine pour leur expliquer la situation.

- Venez avec moi, je vais tout vous dire. Fit-il, plein de mystère dans la voix.

- Nous sommes là que parce que notre ami commun... nous l'a demandé, autant faire vite et ne pas perdre plus de temps que ça.

C'était effrayant cette façon de se compléter à ce point. Andrews remarqua également quelque chose qui le sidérait : Au mot près, il avait le même temps de parole. Le même grain de beauté sur la nuque, la même façon de le regarder comme s'il était idiot, tout était identique chez eux. Et pourtant, on sentait une certaine animosité entre eux, comme si être jumeaux était aussi une sorte de malédiction dont ils se seraient volontiers débarrasser, mais qu'il troquait contre mauvaise fortune bon cœur. Il les conduisit jusqu'au petit navire qui l'avait débarqué ici. Heureusement, celui ci ne brûlait ni n'avait été volé, ce qui était une prouesse aux yeux d'Andrews. Il attendit d'être monté à bords avec Tower -entasser aurait été un mot plus juste, du petit bâtiment pour parler. Un peu comme s'il se sentait plus à l'aise une fois sur les flots. Ou peut-être craignait-il d'être épié. A vous de voir.

- Bon, notre objectif c'est d'aller sur L'île de Raid, qui se trouve à trois nautiques au dessus de Logue Town. Là bas nous allons rencontrer un révolutionnaire pourri, qui s'appelle "La Diva", je n'en sais pas plus sur lui, si ce n'est ses exactions.

- Et en quoi ça te ..concerne toi ? Oui, tu fais tous ses efforts pour l'arrêter... pour une raison précise non?

Il souffla, attrapant une cigarette dans son paquet fraîchement ouvert, il commençait à en avoir marre de toujours raconter la même histoire, aussi résuma-t-il assez rapidement les raisons : Il a corrompu mon équipage, derrière mon dos, pour leur faire vendre de la drogue au peuple que nous visitions. A cause de lui mon équipage est maintenant caduc, et mon bateau à brulé. Alors oui, je lui en veux un peu personnellement.

- De la drogue ? C'est honteux !

ils avaient raison. Et la honte n'allait pas être la seule récompense de la Diva, il comptait bien le mettre derrière les barreaux, d'une manière ou d'une autre. Si le Gouvernement Mondial en avait, la révolution devait elle aussi avoir ses institution pénitentiaire, non ? Après avoir expliqué le plan de capture de l'homme, Andy largua les amarres dans le silence. Silence qui s'étendit sur le navire tout le temps de la traversée. Les deux discutaient entre eux mais pas trop avec les autres, de plus Oméga n'était pas d'humeur et avait beaucoup à penser. D'abords, respecter le planning et se pointer le bon jour à la bonne date. Ensuite, penser à toutes les possibilités pour que son plan réussisse, sans place pour l'improvisation ni le chaos de la dernière fois. Sans aucun doute ni reproche.


Quelques jours plus tard.


Dernière édition par Andrews Ankama le Jeu 8 Déc 2016 - 19:57, édité 2 fois
    L'ile Raid, un bout de cailloux qui flottait sur les mers calmes et chaudes de West Blue. Un cailloux presque inintéressant, si on oubliait sa production massive d'opium. On enregistrait un record sur cette île, c'était celui du nombre de drogué par mètre carré...Ils pullulaient partout, au coins des rues, dans les pub, dans les salons et mes dans la foret aux grand épicéas, dont la rougeur avait donné le nom à ce petit bout de rien dans un grand tout. Et l'état laissait faire, ayant besoin de sa production pour soigner ses blessés. Sauf qu'ils n'étaient pas les seuls à en profiter, La Diva et toute la révolution se fournissait là bas, et c'était des guerres intestines qui se déroulait là bas.
    Pour savoir qui en aurait le plus, pour savoir qui sortirait son épingle -ou sa pipe pour le coup, du jeu et rapporterait le plus de ses herbes magiques, qui effaçait la douleur, les souvenirs et les hommes. Ils arrivent avec un temps capricieux à leur trousse, et débarquèrent sous la pluie battante. Il faisait plus chaud ici que dans tout West Blue suite à un microclimat qui donnait dans le type tropical.
    Il en aurait fallu plus pour décourager Andrews, qui touchait enfin à son but : Détrôner un supérieur du piédestal qu'il s'était construit, et pourquoi pas, détruire la source des ses ennuis. Ses derniers temps la douleur à son œil gauche ne cessait de le démanger et il savait pourquoi : C'était le manque qui le gagnait, et l'emportait sur sa raison. Il haïssait d'autant plus le remède de fortune que lui avai fournit Piedro sans jamais lui parler des risques, il haïssait un peu plus chaque jour, se battant contre l'envie d'en fumer sans pitié ni mesure.

    - On est arrivé les gars, c'est maintenant que ça se corse.

    Le plan était assez simple en faite. Il allait compromettre le révolutionnaire en le faisant parler, tandis qu'un escargophone que lui avait prêté Bake enregistrerait toute la conversation. Une fois la position du révolutionnaire révélé, ce serait au tours des jumeaux d'agir, et de cueillir l'homme en pleine transaction. Si cela ne suffisait pas à le faire virer des forces révolutionnaires, alors ce serait Andrews qui partirait. Il les avait prévenu sur ce point : Ce traître ne devait pas s'en sortir impuni de toutes ses exactions. On ne pouvait décemment pas agir comme un pirate ou une simple mafia, empocher un pactole, corrompre de jeune révolutionnaire et s'en sortir tranquille.

    - Tu serais pas un peu .. jaloux, ... de sa position et ....de ses idées ?

    il les dévisagea. Si c'était de bons combattants, ils  n'excellaient en revanche pas un kopec dans l'analyse comportemental. Cela l’énervait, qu'on puisse se tromper à ce point sur lui. Il ne prit pas la peine de répondre à la pique que lui envoyaient les jumeaux. Et continua sur sa lancée, rassemblant ses idées et sa cann-épée, il sorti d'un petit sac la dernière recette du Mémorable sur lequel il avait officié en tant que Capitaine aveuglé par son équipage. Une recette dont presque la totalité venait du doc', et non pas des habiles négociations d'Andy. Cela le foutait encore plus en rogne, mais il se calma bien vite en pensant au tours qu'il allait jouer sur cette petite île éloignée de tout.
    Se faire passer pour ce qu'on est pas, un don purement révolutionnaire en ses temps troublés. Il ne fallait jamais se découvrir, sous peine de passer à la trappe, ou pire, d'être chassé comme un animal. Ils ne pouvaient se permettre de garder un traître à la cause dans des temps pareilles, ou le changement commençait tout juste à plaire au plus grand nombre. Ca, Andy le savait car il discutait souvent avec des clients mécontents des taxes et autres exactions commises par le gouvernement. Il commençait à y avoir un trop plein du côté du peuple. Une occasion parfaite. Un terreau fertile sur lequel on pouvait y faire germer quelques choses de grand, quelque chose de beau, autre chose qu'une tyrannie. Et ce mot que vous cherchez tant, c'est la démocratie. Et cet idéal que vous cherchez tant c'est la liberté. Celle de choisir, celle de résister, celle d'exister. Il lui semblait que l’unilatéralité du pouvoir envers son peuple était arriver à son point de rupture.
    Andy, partisan du démantèlement total du gouvernement, savait que la destruction était necessaire, mais pas celle du peuple opprimé ! C'était pour ça qu'il en était arrivé là  ; Dans ce petit local délabré, en compagnie d'un révolutionnaire aussi secret que le Granit Marin, et bien plus dangereux : Il faisait parti de ceux qui ne croyaient qu'en l'argent, et plus particulièrement le sien. Pour un salaud, il avait une bonne tronche, et Andy s'étonnait que lui aussi soit borgne. Comme quoi on pouvait se ressembler physiquement, mais que chaque personnalité était unique.

    - Kekeke, Capitaine Ankama, si je ne m'abuse ? Lui fit-it avec un regard malicieux qui n'annonçait rien de bon.

      - Je vous fais rire, si on m'avait prévenu que vous étiez un drôle ...
      - C'est qu'on m'avait dit des choses sur vous.
      - Des choses comment ?
      - Des éloges, et je cite : Une âme honorable dans un corps de géant, un idéaliste révolutionnaire, un indécrottable borné, et d'autres noms colorés... Ce qui m'étonne c'est de voir que vous êtes comme tout le monde ! Termina-t-il en faisant le signe des billets de banque imaginaires qui glissent entre les doigts.
      - Il faut croire que chaque homme à son prix...
      - L'argent n'a pas d'odeur mon bon, l'argent ne trahit pas, ne parle pas, et surtout, l'argent permet de faire n'importe quoi, fit-il en souriant malicieusement une nouvelle fois, son ton devenant badin.
      - Alors vous avez la cargaison caché quelques part ? Je ne vois rien derrière vous, et nous perdons du temps à jacasser ! Un temps qui m'est précieux
      - Kekeke...Vous êtes bien pressé ... D'abords laissez moi vous présenter un de mes amis les plus précieux, ensuite nous verrons si vous êtes apte à travailler pour moi ...

      Sortant de l'ombre, une lueur de haine dans le regard, des cheveux roux : Talbot. Impossible ! Il l'avait pourtant sale amoché et bien caché, il ne pouvait être là aussi vite ! Avait-il profité d'une chance insolente et de son passage chez Bake ? C'était probable. Etait-il dans une merde noire ? Probable aussi. Andrews recula d'un pas, attendant l'intervention des jumeaux qui n'arrivait pas. Etaient-ils encore en retard ? Encore une probabilité qui lui déplaisait.
      Il recula d'un pas, se grattant l'arrière du crâne comme s'il était pris a batifoler avec une fille.

      - Oh, M.Talbot, quelle bonne surprise ...
      - Alors comme ça vous êtes impatient de rejoindre notre entreprise ? Dit-il en s'avançant, des molosses à ses basques sortant du noir comme des cauchemars de la nuit.

      Ses cauchemars. Ils portaient tous un costume hors de prix, une chemise blanche et des cravates noir. Des lunettes et un masque terminaient l'ensemble. Un masque sérieux ? C'était cliché ça. A moins que ... Il n'eut pas le temps de pousser plus loin la discutions que par les trous de ventilation se déversa une épaisse fumée ocre et âcre, qui lui piqua le fond de la gorge et le nez. Tout commençait à se déforme autours de lui, les murs semblaient se liquéfier et les personnes autours de lui disparaître. Il connaissait très bien les effets de l'opium aussi les reconnaissait-il immédiatement. Il n'y résista pas longtemps, avant de plonger dans un paradis de plaisir interdit et de rêveries folles. Mais que foutait les jumeaux ? Décidément, toujours en retard ceux là, pensa-t-il  avant de sombrer comme dans du coton. Il ne sentait plus rien, ni son corps, ni la colère qui l'avait animé en voyant que Talbot s'en était sorti, et avait trahit une nouvelle fois son capitaine. Ce n'était pas étonnant mais drôlement agaçant pour Andrews.

      Quelques heures plus tard.  

      Des voix. Dans le coton. Des voix basses mais bruyantes, il avait mal aux tempes. Ses bras étaient attachés.

      - Je suis sûr qu'il n'est pas venu seul, monsieur.
      - Certains Talbot ? Ce cretin ne semble pas être du genre à avoir un plan...
      - ... Et c'est comme ça qu'il arrive toujours à ses fins, monsieur.

      Un sceau d'eau froide le réveille pour de bon, et lui fait prendre conscience de sa position : Un prisonnier nu sur une chaise trop petite, attaché par des liens trop serrés. Prise de conscience difficile, comme un lendemain de cuite, mais en plus dangereux. Talbot approcha et lui fila une galoche digne des bonnes histoires.
      - Alors on fait moins le malin quand on est attaché... Pas vrais ?

      Pour toute réponse, Andy cracha un filet de sang aux pieds de son ancien second, et lui souria de manière narquoise. Son plus beau sourire de morgue, un des derniers qu'il pouvait se permettre, et dont il ne pouvait se passer tant qu'il serait en vie. Il n'y avait plus que cette assurance de tous les diables qui se faisait gardien de sa dignité : Les jumeaux étaient surement en route, et le sauverait sans doute aucun non plus.

      - Kekeke, c'est vraiment un drôle de bonhomme celui là, laisse le moi ... commença La Diva en sortant une serviette de nulle part, qu'il posa sur la table attenante à sa chaise, Je vais m'en occuper à la mode de chez nous... Termina-t-il en ouvra la dite serviette, qui dissimulait plusieurs couteaux, des scalpels, et d'autres objets pointus et dangereux. On fait moins le malin, hein... fit-il en lui donnant un coup de poing à vous retourner le cerveau.

      Andy cracha une dent au sol, ne pipant mot ; S'il commençait à ouvrir les vannes, il savait qu'il n'arriverait pas à s'arrêter, et aurait pu compromettre ses camarades. Et il avait encore l'espoir.

      Quelques instants plus tôt, autours du hangar.

      - il a dit d'attendre le signal...
      - Mais tu vois bien qu'il est dans le pétrin là !
      - On attends le signal je te dis.
      - On va attendre et le laisser se faire démolir?
      - Mais non regarde ils l'emmènent ailleurs, sa doit faire parti du plan.
      - Je t'avoue que je me souviens pas de tout.
      - Qu'est-ce qu'on fait alors ?
      - Bah on attends ce foutu signal.

      Ils se tenaient sur un position élevé, une petite tour qui avait dû faire autrefois la fierté d'un nanti de l'île, disparu aujourd'hui en laissant des traces par ci par là. Comme si le départ était précipité : une grande table et des chaises pourries par le temps, une grande gazinière à bois et un évier bouché trônaient dans la cuisine, et dans les chambres, les lits étaient encore fait, bien que moisi par les ans. Il se dégageait une odeur rance dans toute la tour, tant et si bien que les jumeaux avaient établi leur campement sur le toit, ce qui présentait un double intérêt, surveiller le petit local en contrebas sans être vu, et ne pas subir les relents du passé. Une fois Andy déplacé, ils le suivirent à la trace et à distance raisonnable pour ne pas être découvert. Le plan était bâti sur l’élément de surprise, et la surprise c'était eux.

      - Au diable le foutu signal, on y va Ebony ! J'ai besoin d'action termina Ivory en attrapant une bombe fumigène dans sa poche, qui avait été modifié par les bons soins de sa soeur. Un gaz moutarde qui piquait les yeux et vous encombrait la bouche remplaçait le gaz classique, qui leur permettait de cacher la position d'Ivory. Il permettait également à Ebony d'officier avec la plus grande efficacité, car, étrangement, c'était elle qui se battait le mieux au corps à corps. Elle attrapa son arme, une dague empoisonnée, et pria pour que les balles de son frangin atteignent leur cible et pas son postérieur. La confiance qu'elle lui portait était extrême, mais la chance jouait souvent de mauvais tours à ceux qui se croyaient au dessus d'elle. C'était connu.

      ***

      Elle s’avança jusqu'au petit bâtiment, couvrant les quelques dizaines de mètre qui séparait la position de tireur de son frère en quelques instants. Elle était une silhouette sombre et agile, se faufilant sur les pavés de l'île comme une petite souris. Mais une petite souris empoisonneuse, cela ne courait pas les rues, et pouvait être sacrément dangereux ! Elle allait le prouver derechef, ouvrant la porte du local en laissant glisser quelques fumigènes à sa façon dans l'antichambre du local. De son côté, son frère, avec un timing parfait, envoya au moyen de ce qu'il appelait communément "lance patate", fit de même à travers les vitres visibles de l'entrepôt.
      Une fumée jaunâtre commençait a se dégager jusqu'à l’extérieur du local lorsque Ebony se décida à entrer pour finir le travail.
      Le gaz bloquait l’intérieur, et elle toute tentative de sortie, qui s'achevait irréductiblement de la même manière : un coup de sa dague propre et net, ils tombaient ensuite dans un sommeil sans rêve mais ne mourrait pas. Le venin qu'elle utilisait était dilué expressément pour cela, car malgré ses dons, elle se refusait à tuer qui que ce soit. C'était ça, la vraie révolution, aurait pu dire Andy s'il avait son mot à dire.

      Son nez le piquait, sa gorge encore plus, et une douleur atroce lui avait fait fermer son seul œil valide.Mais il était en vie et avait échappé à une torture qui aurait été bien plus longue, et bien moins agréable que le gaz de sa comparse. Il fut néanmoins reconnaissant de sentir la petite piqûre, qui signifiait qu'il pouvait de nouveau ouvrir l’œil. Il restait quelques gardiens à terre à l’intérieur, aussi prit-il le temps de les attacher avec les liens que lui avait coupé Ebony. Talbot s'était enfuit, mais pas La Diva,q qui était étendu au sol comme tous les autres. Maudit Talbot ! Un jour il l'attraperait pour tout les crimes qu'il avait à son palmarès.
        Un chouille de musique ♫

        Le denden sonna dans la poche d'Ebony, la voix d'Ivory laissant tomber un couperet : Sortez d'ici, il y'a au moins une quinzaine de gars qui se rapprochent de votre position ! Allez à l’extérieur, je vous couvre depuis les toits ! termina-t-il, donnant de l'espoir autant qu'il en avait reprit.
        Surement que la Diva avait prit ses précautions, surement que toute l'île était de mèche avec lui, surement que son réseau était plus grand que ce qu'il avaient pensé. Andy jeta un coup d’œil à sa comparse, qui n'avait pas l'air d'avoir peur. Elle dégaina une seconde lame, d'ou un mince filet violacé tombait au goutte à goutte. Andy n'aurait pas voulu se retrouver en face d'une guerrière aussi féroce que vicieuse, et bientôt les quinze gars qui arrivaient allait le regretter aussi. Il lui glissa quelque mots pendant que le silence, ce calme avant la tempête, se faisait encore sur la place qu'il occupait :

        - Nous allons tenir la position, ils viennent assurément pour nous détruire, mais plus probablement pour sauver notre cible. Dans combien de temps se réveilleront-ils à l’intérieur?

        Ebony regarda sa montre, compta avec ses doigts puis lui répondit :

        - On a une grosse demi-heure devant nous avant qu'ils ne sortent du coma artificiel dans lequel je les ai plongé. Puis un bon quart d'heure avant qu'ils soient d'attaque.
        - Alors expédions ça plus vite que la musique. dit-il du tac-o-tac, retroussant ses manches et attrapant la lame de fortune que lui tendait sa collègue. Ils étaient déterminés, ils étaient dangereux, et ils feraient surement un très bon duo. Sa force brute, avec son agilité, ses techniques de lame, avec ses drogues et ses poisons. Couvert par un sniper de génie et un frère aimant sa sœur plus que tout au monde. Ils ne pouvaient pas perdre. Bien que Andy aurait préféré avoir sa canne-épée, il se contenterait très bien du sabre qu'elle lui avait tendu.
        Un seul tranchant, aiguisé mortellement, qu'il testa du bout de son pouce, faisant perler un sang rouge carmin. Il frappa le sol, creusant des sillons sur ce dernier.

        - S'ils dépassent cette ligne, je paye ma tournée ! fit-il, l'air enjoué.

        Il préférait de loin sourire à se remémorer que Talbot était partis en catimini, et que c'était surement lui qui menait les hommes qui arrivaient. Il allait lui faire payer cher toutes ses traîtrises. L'heure de la clémence était passée depuis longue date, c'était l'heure des remboursement. Et sa dette se payerait avec le sang. Ebony attira son attention en sifflotant.

        - Si tu en as plus que moi, c'est moi qui paye cette foutue tournée ! Déclara-t-elle en se repositionnant, sa garde étant parfaite. Il sourit de plus belle, lui donnant l'air idiot dont on le taxait souvent.

        Mais l'heure des plaisanterie était passé, les premiers hommes apparaissant au bout de la rue, s'organisant en criant ou en se faisant des gestes, le bruit de leurs bottes claquant sur les pavés. Une véritable petite armée, avec à sa tête, Talbot la putain, comme l'appelait Andy dans sa tête, pour lui même. Même une armée ne l'arrêterait pas, et il allait prouver à son ancien second ce qu'était un vrai révolutionnaire, et la force de ses idéaux. Ils marchaient au début, trottèrent vers le milieu de la rue, puis coururent sur les derniers cent mètre. Ils venaient par groupe de cinq, tous de front, ne se doutant pas de la présence d'un tireur d'élite. Tireur d'élite qui commença son travail de sape à grand coup de canon dès qu'ils passèrent "l'entrée" de la petite place. Vous me direz, pourquoi ne pas fuir ? Eh bien parce que la révolution ne cède pas. Ni devant les crminels, ni devant les gouvernements. Remarquez que les deux se ressemblaient étrangement dans notre monde.
        Ebony sauta sur les premiers arrivés.

        - Et de trois ! Fit-elle par dessus son épaule, alors qu'elle passait sous la garde d'un quatrième, pour le poignardé en plein coeur.

        Andrews la suivit bientôt dans la mélée, comptant lui aussi ses victimes.

        - Et de deux, fit-il en assénant un coup de taille remarquable sur l'un des molosses qui leur faisait face. Lui, ne recherchait qu'une chose : atteindre Talbot pour lui règler son compte. Il était passé en mode excès, et il n'allait pas faire de cadeaux, c'était chose dite.
        Le sang coulait, et le temps s'écoulait avec lui, rythmé par les coups de feu d'Ivory qui claquaient dans la nuit. C'était un temps clair et dégagé, ou l'on pouvait voir les étoiles par millier. Un bonne nuit pour combattre, une bonne nuit pour vivre et mourir par la lame. Andy évita un coup de hache en reculant, et perça le thorax de son adversaire en avançant. Il ne fallait pas qu'ils laissent un seul d'entre eux passer de la rue à la place, ainsi ils pourraient juguler le mouvement de foule, et leurs adversaires se généraient  entre eux. C'est ce qu'ils firent du mieux qu'il purent. Jusqu'au moment ou il fatiguèrent, les comparses de Talbot les encerclant. Il n'en restait plus que cinq.

        - Andrews, trouve un truc pour te couvrir la bouche ! lui dit sa partenaire. Et il se rappelait au combien étaient douloureuses les bombes fumigènes de la révolutionnaire. Il mit donc un morceau de t-shirt déjà en lambeau sur sa bouche, et pria pour que les effluves ne lui parviennent pas en pleine poire.
        Ebony éclata un fumigène par terre, et pour simple mise en garde, lui montra la sol. Il comprit dès qu'il la vit se mettre à terre également. Il y'allait avoir un massacre, mais pas celui auquel on aurait pû penser. Une bombe explosa toute proche, de la fumée recouvra toute la place. Andy, un chiffon sur le visage, donna libre court à sa rage contre des hommes remisés à l'état de poupée de chiffons.