Les routes environnant Bourgeoys, perdues dans d’immenses forêts glacées, au sol incertain et trompeur, pouvaient receler de nombreux dangers. A genoux, tout tremblant de froid et de peur, le pauvre joaillier dont le convoi avait été attaqué quelques minutes auparavant en prenait pleinement conscience. Les soldats qui escortaient sa petite caravane n’avaient pas été en mesure de le défendre face à cette embuscade si soudaine ; des bandits étaient sortis des fourrés, de tous les côtés, hurlant tels des démons tous habillés de blanc. L’un d’eux, un homme en uniforme de soldat, c’était particulièrement distingué en abattant près d’une dizaine de fiers soldats de la Marine, dont le chef de section de cette ramassis d‘incompétents. Son épée perlant de sang, il se tenait fièrement devant le pauvre bougre, le dominant de tout son haut, le regard assassin.
- Je répète ma question, où se trouvent les bijoux ? questionna-il le joaillier, d’une voix profonde, calme, mais qui faisait froid dans le dos.
- Mais puisque je vous dis que nous allions justement récupérer des pierres précieuses à Lavallière…Je vous en prie, ne me faites pas de mal, supplia-t-il, au bord des larmes.
L’homme s’agenouilla pour faire face au fabriquant de joyaux, plongea son regard dénué de compassion dans le sien, puis lui sourit avec bonhomie, posant ses mains gantées de zibeline sur ses épaules.
- Ne t’en fais pas, je ne fais pas de mal aux honnêtes artisans de ton genre. Tu m’as l’air sincère, et je vais te laisser partir. (Il se tourna vers l’un de ses hommes, un archer habillé de façon fort excentrique, avec son chapeau de toile à plume d’aigrette et ses vêtements d’un mauve éclatant.) Nikolas ? Encore un s’il te plait.
- Non ! Arrêtez ! pleurnicha le joaillier.
Sans un mot, l’archer encocha une flèche, banda son arc, et tira. La flèche, tirée avec une précision mortelle, alla se ficher dans le crâne d’un soldat attaché à un tronc d’arbres. Près du cadavre, d’autres hommes, bien vivants, étaient attachés à d’autres arbres encadrant la route, le visage tordu par la peur.
- Tu vas rester avec nous jusqu’à la fin du spectacle ! s’écria l’un des bandits, une espèce de brute à la barbe hirsute et aux habits crasseux.
- Non, ce monsieur va repartir chez lui, et parler de cet incident à tout le monde, c’est bien compris ? dit le chef des bandits, un sourire avenant aux lèvres.
- Tu rigoles Moka ? demanda l’archer, avant de pointer du doigt les prisonniers attachés aux arbres. Et eux ? Tu vas les laisser partit aussi ?
- Non, je ne plaisante pas, je ne compte pas tuer ce pauvre homme. Pour ce qui est des soldats, tu connais mon point de vue, dit Moka.
- Fais ce que tu veux, tu le regretteras bien assez tôt lorsqu’on aura toute la 444e division au cul, répartit Nikolas d’un ton amer.
Moka s’empressa de libérer le joaillier des liens qui lui entravaient les poignets puis, après une brève tape sur l’épaule, l’invita à s’en aller par le chemin qu’il avait emprunté auparavant, le mettant en garde une dernière fois.
- Ma miséricorde a des limites : retourne-toi une seule fois, et Nikolas t’abattra sans aucune autre forme de procès. Va, maintenant !
- Bi-bien, je…je vous remercie, balbutia le marchand avant de détaler à toutes jambes.
Le jeune homme se tourna alors fièrement vers ses hommes, les nouvelles recrues dont il s’était emparé par la force. Autrefois, ces déchets de la société étaient sous les ordres d’un ancien mineur qui avait embrassé la cause du banditisme lorsque les gisements de la mine de Vallis s’étaient taris. Loin d’être aussi audacieux que Moka, cet ancien mineur rassembla quelques-uns de ses anciens compagnons et se lança dans des opérations de rackets, de petits larcins, et de rapines à deux balles dans l’espoir de nourrir leur marmaille. Lorsque Moka était arrivé sur Boréa, poursuivi par des sbires des Tempiesta, il avait trouvé refuge dans un petit village victime de rackets de la part de cette bande. Malheureusement pour eux, ces bandits inexpérimentés avaient choisi le mauvais moment pour venir réclamer un tribut et, quelques cadavres plutard, Moka s’était retrouvé à leur tête, changeant radicalement de stratégie.
- On fait quoi maintenant, chef ? interrogea Bord, l’un des hommes les plus niais que Moka avait rencontré au cours de sa vie.
- Et bien, tu vas détacher les soldats, et leur indiquer la route de la caserne la plus proche.
- D’accord chef, dit l’intéressé en tirant un petit couteau, prêt à détacher le soldat qui se trouvait à sa droite.
- T’es con ou quoi Bord ? l’arrêta Nikolas, en lui empoignant le bras.
- On ne les libère pas ?
- Non, tuez-les tous, finit par dire Moka.
Fermant les yeux, Moka eu tout le loisir d’entendre les supplications et le bruit de la chair que l’on déchire de l’acier, des os qui se brisent. Une douce mélodie accompagnant la fin des laquais corrompus de la Marine.
- Je répète ma question, où se trouvent les bijoux ? questionna-il le joaillier, d’une voix profonde, calme, mais qui faisait froid dans le dos.
- Mais puisque je vous dis que nous allions justement récupérer des pierres précieuses à Lavallière…Je vous en prie, ne me faites pas de mal, supplia-t-il, au bord des larmes.
L’homme s’agenouilla pour faire face au fabriquant de joyaux, plongea son regard dénué de compassion dans le sien, puis lui sourit avec bonhomie, posant ses mains gantées de zibeline sur ses épaules.
- Ne t’en fais pas, je ne fais pas de mal aux honnêtes artisans de ton genre. Tu m’as l’air sincère, et je vais te laisser partir. (Il se tourna vers l’un de ses hommes, un archer habillé de façon fort excentrique, avec son chapeau de toile à plume d’aigrette et ses vêtements d’un mauve éclatant.) Nikolas ? Encore un s’il te plait.
- Non ! Arrêtez ! pleurnicha le joaillier.
Sans un mot, l’archer encocha une flèche, banda son arc, et tira. La flèche, tirée avec une précision mortelle, alla se ficher dans le crâne d’un soldat attaché à un tronc d’arbres. Près du cadavre, d’autres hommes, bien vivants, étaient attachés à d’autres arbres encadrant la route, le visage tordu par la peur.
- Tu vas rester avec nous jusqu’à la fin du spectacle ! s’écria l’un des bandits, une espèce de brute à la barbe hirsute et aux habits crasseux.
- Non, ce monsieur va repartir chez lui, et parler de cet incident à tout le monde, c’est bien compris ? dit le chef des bandits, un sourire avenant aux lèvres.
- Tu rigoles Moka ? demanda l’archer, avant de pointer du doigt les prisonniers attachés aux arbres. Et eux ? Tu vas les laisser partit aussi ?
- Non, je ne plaisante pas, je ne compte pas tuer ce pauvre homme. Pour ce qui est des soldats, tu connais mon point de vue, dit Moka.
- Fais ce que tu veux, tu le regretteras bien assez tôt lorsqu’on aura toute la 444e division au cul, répartit Nikolas d’un ton amer.
Moka s’empressa de libérer le joaillier des liens qui lui entravaient les poignets puis, après une brève tape sur l’épaule, l’invita à s’en aller par le chemin qu’il avait emprunté auparavant, le mettant en garde une dernière fois.
- Ma miséricorde a des limites : retourne-toi une seule fois, et Nikolas t’abattra sans aucune autre forme de procès. Va, maintenant !
- Bi-bien, je…je vous remercie, balbutia le marchand avant de détaler à toutes jambes.
Le jeune homme se tourna alors fièrement vers ses hommes, les nouvelles recrues dont il s’était emparé par la force. Autrefois, ces déchets de la société étaient sous les ordres d’un ancien mineur qui avait embrassé la cause du banditisme lorsque les gisements de la mine de Vallis s’étaient taris. Loin d’être aussi audacieux que Moka, cet ancien mineur rassembla quelques-uns de ses anciens compagnons et se lança dans des opérations de rackets, de petits larcins, et de rapines à deux balles dans l’espoir de nourrir leur marmaille. Lorsque Moka était arrivé sur Boréa, poursuivi par des sbires des Tempiesta, il avait trouvé refuge dans un petit village victime de rackets de la part de cette bande. Malheureusement pour eux, ces bandits inexpérimentés avaient choisi le mauvais moment pour venir réclamer un tribut et, quelques cadavres plutard, Moka s’était retrouvé à leur tête, changeant radicalement de stratégie.
- On fait quoi maintenant, chef ? interrogea Bord, l’un des hommes les plus niais que Moka avait rencontré au cours de sa vie.
- Et bien, tu vas détacher les soldats, et leur indiquer la route de la caserne la plus proche.
- D’accord chef, dit l’intéressé en tirant un petit couteau, prêt à détacher le soldat qui se trouvait à sa droite.
- T’es con ou quoi Bord ? l’arrêta Nikolas, en lui empoignant le bras.
- On ne les libère pas ?
- Non, tuez-les tous, finit par dire Moka.
Fermant les yeux, Moka eu tout le loisir d’entendre les supplications et le bruit de la chair que l’on déchire de l’acier, des os qui se brisent. Une douce mélodie accompagnant la fin des laquais corrompus de la Marine.