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L'Hiver, cathédrale des coeurs froids

Les routes environnant Bourgeoys, perdues dans d’immenses forêts glacées, au sol incertain et trompeur, pouvaient receler de nombreux dangers. A genoux, tout tremblant de froid et de peur, le pauvre joaillier dont le convoi avait été attaqué quelques minutes auparavant en prenait pleinement conscience. Les soldats qui escortaient sa petite caravane n’avaient pas été en mesure de le défendre face à cette embuscade si soudaine ; des bandits étaient sortis des fourrés, de tous les côtés, hurlant tels des démons tous habillés de blanc. L’un d’eux, un homme en uniforme de soldat, c’était particulièrement distingué en abattant près d’une dizaine de fiers soldats de la Marine, dont le chef de section de cette ramassis d‘incompétents. Son épée perlant de sang, il se tenait fièrement devant le pauvre bougre, le dominant de tout son haut, le regard assassin.

- Je répète ma question, où se trouvent les bijoux ? questionna-il le joaillier, d’une voix profonde, calme, mais qui faisait froid dans le dos.

- Mais puisque je vous dis que nous allions justement récupérer des pierres précieuses à Lavallière…Je vous en prie, ne me faites pas de mal, supplia-t-il, au bord des larmes.

L’homme s’agenouilla pour faire face au fabriquant de joyaux, plongea son regard dénué de compassion dans le sien, puis lui sourit avec bonhomie, posant ses mains gantées de zibeline sur ses épaules.

- Ne t’en fais pas, je ne fais pas de mal aux honnêtes artisans de ton genre. Tu m’as l’air sincère, et je vais te laisser partir. (Il se tourna vers l’un de ses hommes, un archer habillé de façon fort excentrique, avec son chapeau de toile à plume d’aigrette et ses vêtements d’un mauve éclatant.) Nikolas ? Encore un s’il te plait.

- Non ! Arrêtez ! pleurnicha le joaillier.

Sans un mot, l’archer encocha une flèche, banda son arc, et tira. La flèche, tirée avec une précision mortelle, alla se ficher dans le crâne d’un soldat attaché à un tronc d’arbres. Près du cadavre, d’autres hommes, bien vivants, étaient attachés à d’autres arbres encadrant la route, le visage tordu par la peur.

- Tu vas rester avec nous jusqu’à la fin du spectacle ! s’écria l’un des bandits, une espèce de brute à la barbe hirsute et aux habits crasseux.

- Non, ce monsieur va repartir chez lui, et parler de cet incident à tout le monde, c’est bien compris ? dit le chef des bandits, un sourire avenant aux lèvres.

- Tu rigoles Moka ? demanda l’archer, avant de pointer du doigt les prisonniers attachés aux arbres. Et eux ? Tu vas les laisser partit aussi ?  

- Non, je ne plaisante pas, je ne compte pas tuer ce pauvre homme. Pour ce qui est des soldats, tu connais mon point de vue, dit Moka.

- Fais ce que tu veux, tu le regretteras bien assez tôt lorsqu’on aura toute la 444e division au cul, répartit Nikolas d’un ton amer.

Moka s’empressa de libérer le joaillier des liens qui lui entravaient les poignets puis, après une brève tape sur l’épaule, l’invita à s’en aller par le chemin qu’il avait emprunté auparavant, le mettant en garde une dernière fois.

- Ma miséricorde a des limites : retourne-toi une seule fois, et Nikolas t’abattra sans aucune autre forme de procès. Va, maintenant !

- Bi-bien, je…je vous remercie, balbutia le marchand avant de détaler à toutes jambes.

Le jeune homme se tourna alors fièrement vers ses hommes, les nouvelles recrues dont il s’était emparé par la force. Autrefois, ces déchets de la société étaient sous les ordres d’un ancien mineur qui avait embrassé la cause du banditisme lorsque les gisements de la mine de  Vallis s’étaient taris. Loin d’être aussi audacieux que Moka, cet ancien mineur rassembla quelques-uns de ses anciens compagnons et se lança dans des opérations de rackets, de petits larcins, et de rapines à deux balles dans l’espoir de nourrir leur marmaille. Lorsque Moka était arrivé sur Boréa, poursuivi par des sbires des Tempiesta, il avait trouvé refuge dans un petit village victime de rackets de la part de cette bande. Malheureusement pour eux, ces bandits inexpérimentés avaient choisi le mauvais moment pour venir réclamer un tribut et, quelques cadavres plutard, Moka s’était retrouvé à leur tête, changeant radicalement de stratégie.

- On fait quoi maintenant, chef ? interrogea Bord, l’un des hommes les plus niais que Moka avait rencontré au cours de sa vie.

- Et bien, tu vas détacher les soldats, et leur indiquer la route de la caserne la plus proche.

- D’accord chef, dit l’intéressé en tirant un petit couteau, prêt à détacher le soldat qui se trouvait à sa droite.

- T’es con ou quoi Bord ? l’arrêta Nikolas, en lui empoignant le bras.

- On ne les libère pas ?

- Non, tuez-les tous, finit par dire Moka.

Fermant les yeux, Moka eu tout le loisir d’entendre les supplications et le bruit de la chair que l’on déchire de l’acier, des os qui se brisent. Une douce mélodie accompagnant la fin des laquais corrompus de la Marine.
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"Fais chier putain ! "

Tourbillons de blancheur à chaque pas, la poudreuse immaculée se dérobait. Mécontent, il traînait ses pieds avec violence pour bien faire part à son environnement que le moment n’était pas venu de le titiller. Les pins enneigés montaient haut dans un ciel grisonnant,  perçant sa croûte moite de leurs épines incandescentes. Ces créatures à l’existence millénaire ornaient en agglomérat le cheminement du croupier, foule d’admirateurs parsemés de chaque côté des sillons de terre battue depuis bien longtemps recouverte.  Leur plumage enrobé scintillait sous les rayons solaires, si bien que la scène, triste dans ses teintes, dégageait tout de même une certaine joie, une harmonie profonde et délicieuse.
En temps normal, le vert se serait émerveillé de leur grandeur, enquis de leur histoire et aurait pris tout son temps pour les apprivoiser. Mais en cet instant, les conifères et leurs belles plumes, Raphaël n’en avait rien à carrer.

Mais alors rien du tout.

"Si je mets la main sur ses fils de chien, ils vont passer un mauvais moment, je vous le jure, je vous le jure. BORDEL ! Mais qu’est-ce qu’il peut faire froid dans ce putain de coin là. Putain je vais les tuer. Grrrrmbl…. "

Les bras serrés contre sa poitrine, une pauvre écharpe autour du cou, ce n’était pas son pauvre pull qui lui assurerait de ne pas congeler dans les steppes enneigées de Boréa.  Son manteau abandonné dans la carlingue, c’était tout comme si on l’avait laissé pour mort.
Le pauvre chemin de terre était tout ce à quoi il pouvait se raccrocher pour retrouver un semblant de civilisation, il avait une connaissance médiocre de l’immense île hivernale mais il était au moins à même de savoir qu’il était au milieu de nulle part. En remontant la piste déjà blanchie par le temps, il ne pouvait que se raccrocher à l’espoir d’être parti dans la direction qui le rapprocherait le plus vite de la civilisation. Une ville, une station de train, une auberge, n’importe quoi qui puisse le réchauffer… et lui dire où il pourrait cogner ses détracteurs.

"Bon, au moins la colère ça réchauffe. Grrrrmbl… Oh les salauds… "

Lorsqu’en entendant parler, il s’était décidé à aller visiter les vestiges de la mythique citée souterraine Glacia, le croupier aspirant archéologue ne s’était pas dit qu’il terminerait ici entre deux souches désincarnée par le gel.
Il était lui-même du genre beau parleur, était grand utilisateur des arcanes de la persuasion et à même de flairer une escroquerie. Et si, la légende même des origines du peuple boréalin, de ces architectures impossibles et de la mystérieuse machine capable changer une île hivernale en île printanière, lui avait toujours paru être autant de jolies histoires, son intérêt avait tout de suite été piqué par les beaux discours que ce soi-disant guide lui avait susurrés.

Avec du recul il se demandait même si ce n’était pas de l’hypnose.

Toujours est-il qu’il s’était laissé embarquer dans une expédition foireuse avec une équipe avenante aux premiers abords, espérant sans doute pouvoir vivre sa prochaine aventure. Naïf.
À mi-chemin, confortablement installé dans son transport, il avait été frappé en traître. Maintenant il était là. Sans ses affaires. Sans un bien. Tout juste de quoi survivre quelques heures au froid.

"Oh merde les gars ! Vous tombez bien ! "

Encore teintée de son amertume, ces salutations adressées aux premières silhouettes qu’il rencontrait depuis sa mésaventure étaient à peine cordiale. Quelle n’avait pourtant pas été sa joie quand au loin il avait distingué la caravane arrêtée. En quelques pas pressé, il les avait rejoints dévisageant à présent le petit groupe visiblement mené par un jeune homme de bonne stature, emmitouflé dans son uniforme militaire. Il dégageait un on ne sait quoi de puissance, élégant et ferme, qui donnait l’impression que toute personne autour de lui était en train de courber le dos.

Encore un qui se prend trop au sérieux hein.

Mais Raphaël, bien désireux de se mettre au chaud et de profiter d’un peu d’aide, n’aurait probablement pas fait le difficile si un aveugle,  ridiculement saucissonné de cuir violet, ne l’avait pas aussitôt mis en joug.

"Pas plus proche, qu’est-ce que voulez ? "

Aimable.

" Hum… Si je peux me permettre, c’est dangereux ces trucs-là. " tenta dit de lâcher une pointe d’humour en désignant la flèche de l’archer "Et vous qu’est-ce que v-… Bordel c’est quoi ça ?! "

Si ces muscles en avaient eu l’énergie, Raphaël aurait probablement sursauté. Parsemés de chaque côté des sillons de terre battue des arbres gigantesques s’élevaient pour percer la croûte céleste. À leur pied, leurs racines se nouaient sous une neige maculée et scintillante, d’un rouge profond et délicieux. Des soldats en bon nombre, attachés à leur tronc millénaire, étaient là sans vie emmitouflés dans leur grand manteau, une plaie incandescente à la poitrine, au sternum, entre les deux yeux.
Du bois poussait de leurs entrailles.

"Qui êtes vous ?! "

Chargée d’incompréhension devant pareil massacre, la remarque cinglante dans cet univers silencieux en aurait fait trembler plus d’un.  Il avait beau être fatigué par le froid, il tenait à montrer qu’il ne se laisserait pas agresser deux fois dans la même journée.
Un sourire se dessina du côté adverse, fin et calculateur, on attendait sans doute de lui de voir s’il s’indignerait de voir des hommes abattus. Des marines au vue de leur accoutrement.

Des anarchistes donc.

"Oubliez ce que je viens de dire, je m’en fiche complètement en fait. "

Et il ne pouvait pas dire plus vraie, laissant retombée les mains qu’il avait vaguement esquissées de lever en l’air pour paraître inoffensif il adopta une attitude blasée qui déconcerta l’archer.  Ce dernier, qui percevait le monde par d’autres spectres que celui du visible ne percevant aucune animosité n’arriva pas à se décider à tirer et laissa le vert faire, probablement aussi ahuri que ses compagnons.

Raphaël, lui se dirigea vers les soldats abattus et depuis déjà un moment désarmé. En repérant un qui lui plaisait et à force de gesticulations habiles, le croupier se dégagea un manteau de fourrure qu’une des malheureuses victimes avait passé par-dessus son uniforme.

Au chaud et fier de lui, Raphaël que les autres avaient regardé avec intérêt repris un ton un peu plus neutre.

"C’est mieux. Bon… vous êtes du coin, non ? Vous savez comment je peux rejoindre la ville la plus proche ? J’ai des compte à rendre et je tiens à retrouver les crevards qui m’ont arnaqué et laissé pour mort dans ce putain de blizzard. "

De toute façon il n’avait pas trop le choix, alors s’associer à une autre bande crevards ça ne lui faisait ni chaud ni froid.
Plus qu’à compter sur la fameuse hospitalité boréaline.


Dernière édition par Raphaël Andersen le Ven 6 Jan 2017 - 10:23, édité 1 fois
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Au grand étonnement de Moka, il s’avéra que cette route enneigée, habituellement si désertée par les voyageurs, au moment où l’un de ses pisteurs lui annonça avoir repérer un homme seul. De loin, on ne pouvait que difficilement déterminer l’affiliation de cet homme, le blizzard était épais, le froid mordant, et Moka ne voulait pas s’attarder plus longtemps dans cet endroit : le joaillier qu’il avait épargné allait sans doute prévenir le premier poste de relais de la Marine qu’il rencontrerait, et il fallait être loin lorsque cela arriverait.

- Bord, prépare les chevaux avec les autres, commença Moka, avant de pointer du doigt l’étranger qui avançait vers eux, l’allure freinée par le toucher glacial de cette contrée. Nikolas, prépare toi à abattre cet homme au moindre signe de violence de sa part, je ne veux pas qu’il y ait d’incidents.

L’archer, sans un mot, tira une flèche de son carquois, considéra le tranchant de la pointe de l’index, puis banda son arc. De son côté, Bord, suivi de quatre hommes bien charpentés, rassemblait les chevaux et les comptait, y adjoignant la dizaine de canassons pris lors de l’attaque de la caravane.

- Chef ! On a une dizaine de chevaux en plus, on en fait quoi ?! héla Bord, dont le timbre éraillé lorsqu’il criait avait le don d’énerver Moka.

- A ton avis ? Tu les ramènes au camp avec nous, ça fera des montures de qualités. Tu pourras dès lors faire cuisiner ton vieil hongre par ta femme.

- Ah ça jamais ! Il est gentil Twister ! Et puis, il a le sabot sûr sur la neige, c’est comme ça qu’on dit Matt, hein ?

- Ouep, il est cool ton cheval, Bord, répondit simplement l’intéressé en vérifiant la selle de sa monture.

Une fois les cheveux prêts, le groupe comptait s’enfoncer plus à l’Est, quittant la route pour les sentiers cachés perdus dans l’épaisse forêt de conifères qui constituaient l’essentiel du panorama sauvage de cette île. A quelques kilomètres de là, un petit village les attendait, abritant les familles de ses hommes, loin de la civilisation, loin du giron de la Marine, un lieu où les gens survivaient au lieu de vivre. Depuis qu’il était le chef de cette bande de malfrats, Moka avait bon espoir de changer ce repère de miséreux crasseux en un vrai village à l’abri du danger. Même s’il avait du mal à l’admettre, ces pauvres bougres lui faisaient de la peine, et améliorer leurs conditions de vie serait le cadeau d’adieu qu’il leur ferait lorsqu’il quitterait l’île, il en était convaincu.

- Moka, le mec qui s’approche a l’air assez mal en point, il ne représente pas un danger, lança l’un des pisteurs de Moka, un brave homme du nom de Peter qui avait déjà commencé à rengainer son sabre.

La moue dubitative de Nikolas jurait avec l’attitude apparemment complaisante du reste du groupe à l’égard de cet homme qui, sortant enfin de l’anonymat, dévoilait une chevelure à la teinte étrange,  un physique plutôt élancé, bien bâti, apte au combat, même s’il paraissait quelque peu diminué par sa longue traversée des routes glacées. Accordant un regard anxieux aux corps des marines attachés aux arbres, il marmonna quelques paroles inaudibles pour Moka de là où il était et, voyant Nikolas abaisser son arc, se dirigea vers l’un des corps, dérobant un épais manteau de fourrure afin de s’en vêtir.

- Mais c’est qu’il a froid le Monsieur, ricana Peter, que Moka fit taire d’un geste autoritaire de la main.

- Tais-toi, idiot.

Du courage, cet homme avait du courage ! Il ne semblait pas vraiment s’émouvoir du fait d’être entouré par une bande de bandits qui avaient froidement assassiné des soldats de la Marine. Dans son manteau de fourrure, il se constitua un air un peu plus digne, et considérant un à un les gens qui étaient rassemblés autour de la caravane pillée, prit enfin la parole de manière claire.

- C’est mieux. Bon… vous êtes du coin, non ? Vous savez comment je peux rejoindre la ville la plus proche ? J’ai des compte à rendre et je tiens à retrouver les crevards qui m’ont arnaqué et laissé pour mort dans ce putain de blizzard.

Ce pauvre malheureux s’était donc fait arnaquer, comme la majorité des étrangers un peu trop curieux ou un peu trop naïfs qui arrivaient dans les grandes villes. Cependant, Moka doutait que les hommes qu’il recherchait étaient de Bourgeoys, cette cité étant peuplée majoritairement d’hommes riches vivant loin des dures réalités de l’île. S’il voulait se venger, cet homme devait plutôt axer ses recherches plus au nord, dans la ville de Bocande. Par pitié, Moka consentit à lui répondre au nom des autres…De toute façon, il n’y avait rien à voler chez cet homme.

- Bonjour. Je ne suis pas du coin, mais mes hommes sont nés sur cette île, ce qui n’est pas votre cas, au vu de votre habillement si…léger, commença-t-il, d’un ton dénué de tout aménité, provoquant des éclats de rires de l’assistance.

- Vous ne deviez pas être très futés pour vous faire avoir de la sorte, ajouta Nikolas, l’air moqueur.

- Allons Nikolas, un peu de respect pour notre nouvel ami…qui ne s’est pas présenté d’ailleurs. Messieurs ?

Cette fameuse question, qui n’en était pas vraiment une, et qui sommait tous les hommes de Moka à se préparer à l’attaque, faisait toujours son petit effet. Lames, pistolets, lances, couteaux étaient pointés sur le nouvel arrivant, tandis que Moka s’avançait vers lui, l’épée tirée, sans vraiment presser le pas.

- Alors, comme ça, vous avez des comptes à régler ? questionna-t-il, sans arrêter de faire crisser la neige sous ses bottes, réduisant la distance qui le séparait de son interlocuteur.

S’arrêtant devant lui, il planta son épée dans la neige, entre ses jambes, et resta immobile, les bras croisés, un air de défi flottant sur les traits de son visage. Avait-il vraiment besoin d’un autre carnage ? Il sentait que cet homme, bien que physiquement diminué et en pleine détresse, pourrait se révéler dangereux lors d’un combat. La voix de l’Autre lui sommait toujours de céder à la violence, de se complaire à la vue du sang, mais l’Autre n’était pas Moka.

- Je serais ravi de vous aider, venez avec nous, dit-il en tapotant l’épaule de son vis-à-vis avant de se tourner vers Bord. Hey ! Prépare un cheval pour notre ami, et en vitesse.

Moka sentait que cette nouvelle rencontre n’augurait rien de bon, mais dans cette vie d’aventurier qu’il avait choisi, l’imprévu était ce qu’il aimait le plus.


Dernière édition par Moka Charlotte le Jeu 12 Jan 2017 - 14:46, édité 1 fois
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"Je serais ravi de vous aider, venez avec nous. "

Hmpf. Enfin réchauffé, Raphaël reprenait des couleurs en même temps que ses idées redevenaient claires. Il avait beau ne pas être très raisonnable par nature, il ne se serait probablement pas frotté à une bande si bien armée en temps normal. Sans se l’avouer, il n’avait pas été serein de voir une si grande variété d’armes l’accueillir, ses mains s’étaient instinctivement portées à ses poches prêtes à aller récupérer ses munitions fétiches et cribler quiconque l’approcherait de trop près. Sa petite monnaie était bien l’un des rares biens qu’on lui avait laissé.

Heureusement pour tous, leur leader pris la décision d’une alliance pacifique.

Et même si le croupier se serait volontiers chargé de faire redescendre son saucisson violet de compagnon  sur terre, il s’abstint de tout commentaire et accepta cordialement l’aide proposée par son interlocuteur.

"Raphaël Andersen , vierge ascendant lion et bien content de croiser votre route. J’espère que vous excuserez mon manque de politesse, on a tendance à se montrer ingrat quand on est gêné par le froid."

Il parait que ça fait le même effet quand on se retrouve nez-à-nez avec des meurtriers.

Le croupier était pourtant loin d’être blanc. Son enfance il l’avait passé entre abordages et recels, depuis qu’il avait été en âge de former des phrases il s’était amusé à disséminer des mensonges dans chacune d’entre-elles, et plus encore il éprouvait un malin plaisir à ne respecter aucune règle. Mais tuer… Pas qu’il n’y ait jamais été contraint, ce serait mentir, mais le faire si froidement, en sourire et passer à autre chose comme si c’était la chose la plus naturelle du monde… Brrrrr.

"Je comprends parfaitement, d’ailleurs je manque également à tous mes devoirs. Je suis le prince Moka Charlotte et bien que je ne sois pas très porté sur l’horoscope, également enchanté de vous rencontrer mon cher Raphaël."

La main du prince, qui n’avait jusque-là pas quitté l’épaule de son nouvel accompagnateur, alla chaleureusement à la rencontre de celle de ce dernier. Un accord de principe venait d’être signé et Raphaël s’estimait chanceux d’avoir déjà été détroussé, le bandit n’avait aucune raison de l’aider si ce n’était la courtoisie.

Les hommes de Moka continuaient de ricaner, les présentations du croupier avaient de quoi être tournées en ridicules et ils étaient tous biens contents d’avoir un peu de distraction. Piètre compagnie, mais il ne cracherait pas sur l’assistance qu’on lui portait. Il était bien trop opportuniste.

"Prenez donc  l’une de nos montures, vous savez chevaucher ?
- J’ai su.
- C’est qu’il est dégourdi en plus de ça."

Se jurant de régler ses problèmes de charcuterie avant la fin de cette journée, Raphaël accepta avec toute la patience dont il était capable une des superbes montures que la bande venait de dérober au convoi de marines. La selle était encore au couleur de la mouette, mais un des brigands jugea qu’elle serait bien mieux utilisée sous son propre postérieur.

"Premier arrivé, premier servi mon bonhomme ! "

Le vert ne s’en plaignit pas, c’était sur de vielles selle qu’il avait appris à monter les chevaux d’Ohara, il troquait volontiers le confort contre quelques souvenirs. S’occupant rapidement de mettre en place l’équipement miteux qu’on lui avait donné, Raphaël toujours bien au chaud dans son manteau enfourcha sa monture avant de signifier qu’il était prêt à partir. Et aussitôt ils furent en route, Moka et lui en tête de file.

"Vos hommes se terrent probablement à Bocande, un peu plus au Nord, vous avez de la chance c’est dans cette direction que nous allons. Leur mode opératoire est assez classique, repérer des cibles isolés, la plupart du temps des visiteurs de passage qui viennent tout juste de débarquer à Jalabert et leur vendre monts et merveille.
- Hum… Jalabert, c’est bien là que je me suis fait avoir. J’ai probablement montré un peu trop d’engouement pour de vieilles légendes, un peu trop de Berrys aussi.
- De grosses pertes ? "

Si Moka avait su gagner sa sympathie, il n’était pas encore prêt à lui faire confiance. Ses aventures boréalines s’étaient déjà avérés foireuses, il ne comptait plus se lier aussi vite avec n’importe qui. D’autant qu’à un moment donné, il devrait sans faute rentrer pour remplir ses fonctions au casino. La clientèle de Boréa était en tout point exquise et il ne pouvait se permettre l’impair de faire défaut à son équipage. Autant ne pas s’attirer trop de problèmes. Il avait ses affaires à récupérer, une fois que ce serait fait, il se casserait de là.

Dans un silence mesuré, qui lui donnait des airs songeurs Raphaël laissait le paysage défiler sous ses yeux en même temps que ses pensées jonglaient avec ses soucis. Un petit mensonge de plus, un petit mensonge de moins, ce n’était pas vraiment tromper que d’omettre des informations.

"Hum… Quelques économies et une babiole qui a une valeur sentimentale, mais c’est surtout pour la forme et pour me défouler que je tenais à les retrouver. Histoire de garder le contact, vous comprenez ?
- Je vois, je vois."

Alors qu’il s’attendait à voir le prince bavard demander plus de détails, celui-ci partit curieusement dans son propre silence, ne lâchant qu’un mot quand le croupier se rendait compte qu’il était en train de l’observer.

La course du vent et le souffle des sabots sur la terre gelée s’intensifièrent en même temps que la troupe quittait les sentiers enneigés. Les cimes des arbres et des montagnes se mélangeaient dans  un horizon blanchâtre qui s’échappait à la vitesse des chevaux, chaque détail se perdant entre deux flocons de neige scintillante. Pas de quoi mener une discussion tranquillement.

L’explorateur en carton qu’il était ne pouvait qu’être subjugué par une beauté si froide. Vue des eaux Boréa était une île magnifique, pareille à un diamant brut à jamais cristallisée sur une mer violine, il avait été frappé de la rencontre pour la première fois sous les doux rayons de l’aurore. Maintenant qu’il était là à affronter la nature riche et dangereuse de ses steppes, il ne s’en sentait que plus épanoui, prêt à aller en découvrir les plus beaux mystères.

Et pourtant ce silence gênant, qui dans une course si riche s’était bien vite installé, titillait Raphaël. Il n’était pas coutumier de longues discussions et d’anecdotes de voyage, mais à observer les mimiques de Moka, il n’avait qu’une envie : lui enlever son sourire calculateur et le faire parler. Il avait l’air d’adorer ça.

"Pardonnez-moi l’indiscrétion, mais de quel royaume êtes-vous originaire ? "

Moka Charlotte s’était présenté comme un prince. Et de ce que connaissait le vert de la royauté, il était assez peu courant pour un héritier d’aller vagabonder aux quatre coins du monde, encore plus à la tête d’une bande de brigands qu’il s’était amusé à recruter sur place.

Si on lui avait demandé de deviner, il aurait probablement opté pour un classique titre de « Prince des voleurs », qui aurait bien collé aux grands airs que se donnait le personnage, mais il doutait que l’explication soit si simple.

D’autant que son nom de famille n’était pas sans lui rappeler quelque chose.

" Hé patron, on continue sur Bocande ? Les gars voudraient rentrer vous savez ?... "

Pas le temps pour le questionner de répondre à son hôte qu’un de ses hommes requérait son attention. Des lumières lointaines perçaient en effet à travers le blizzard et Raphaël se douta qu’ils étaient en vue de la chaleureuse Bocande. Un instant il avait oublié que de l’aide que lui avait proposée Moka il n’avait jamais été question de l’accompagner jusqu’à la ville, et encore moins de retrouver ses détracteurs.
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Son passé de contrebandier lui ayant appris à rester prudent, Moka, en menant la colonne de cavaliers parmi les bosquets enneigés, changea de cap : au lieu de se diriger directement au camp, comme il l’avait initialement prévu, il préféra se rendre à Bocande. Là-bas, il espérait régler les affaires de ce « Raphael Andersen, vierge ascendant lion » qui l’intriguait beaucoup, mais pas au point de lui faire totalement confiance. Moka ne voulait pas mettre en dangers ses compagnons en dévoilant la localisation de leur camp à cet inconnu qui, il en était sûr maintenant, cachait des atouts dans ses manches…ou plutôt ses poches.

- Hé patron, on continue sur Bocande ? Les gars voudraient rentrer vous savez ? demanda Matt, qui s’était approché à la hauteur des deux cavaliers de tête, les yeux trahissant une certaine inquiétude.

- Matt, tu ne veux pas aider notre nouvel ami ? répliqua Moka, avec un calme froid qui mit visiblement son camarade mal à l’aise.

- Bah, on le connait pas ce mec, et puis, je commence à me les geler et…

- Halte ! cria Moka en levant le bras droit, le poing fermé.

- Il se passe quoi ? questionna Nikolas qui s’était lui aussi avancé au-devant de la colonne, son manteau de voyage de cuir usé recouvert d’une fine pellicule blanche.

Tournant bride, il se retrouva en face de Matt puis s’avança légèrement en flattant les flancs de sa monture de ses éperons. Pressentant quelque chose de mauvais pour lui, Matt essaya de faire reculer son cheval mais Moka combla bien vite la distance les séparant en dégainant sa lame. Une pointe d’acier sur la gorge, Matt déglutit, le teint livide.

- Matt, tu ne veux pas aider notre nouvel ami ?

- Si…bien-sûr que si…

- Très bien, nous continuons en direction de Bocande.

Sans réclamer son reste, Matt s’éloigna le plus possible de son inconstant patron en marmonnant quelques jurons étouffés. Moka détestait voir son autorité remise en cause, et encore plus lorsqu’il s’agissait de défendre son statut devant un inconnu. Cette petite remise au point n’avait fait de mal à personne, et le jeune prince reprit la route au petit trot vers les lumières qu’il pouvait apercevoir à travers le blizzard, les autres suivant sans broncher. Bocande était un bourg fort accueillant, avec ces petites maisons de terres cuites aux toits ornées de décorations hivernales aux mille couleurs, ces habitants au caractère jovial, dont le travail du bois et de la terre emplissait le cœur de fierté. Dès leur arrivée, une bande de gamins s’amusa à poursuivre la colonne en jetant, de temps à autre, des boules de neige, arrachant rires et malédictions de la part des camarades de Moka. Alors qu’ils approchaient d’un groupe d’hommes qui s’étaient rassemblés sur la place principale devant eux, Moka crut bon d’avertir son nouvel ami sur les us et coutumes des habitants de cette bourgade.

- Vous voyez les hommes qui s’apprêtent à nous accueillir ?

- Oui, ils ne m’ont pas l’air bien méchant.

- Du tout, en fait, ils vont même nous inviter à boire un verre avec eux…, dit Moka en poussant un soupir navré.

- Un problème ?

- Oui, vous ne pouvez pas refuser ce qu’ils vous offrent, question de politesse. Le dernier type que j’ai vu refuser une bonne bierraubeurre n’est pas resté longtemps ici.

- J’ai compris.

Moka mis pied à terre et fut aussitôt imité par le reste de son groupe, alors qu’un individu ventripotent, habillé d’un pourpoint de velours noir et d’un épais manteau en peau de renne, vint à leur rencontre en sifflotant.

- Oh oh ! Qui avons-nous l’honneur d’accueillir dans notre charmante Bocande ?! s’écria l’homme en riant.

- Tu te fais vieux Styr ? A oublier les amis de ta ville ? répondit Moka, non sans un petit clin d’œil à l’adresse d’une jeune fille qui se tenait derrière la carrure trapue du puissant bourgmestre de Bocande.

- Laisse ma fille tranquille veux-tu ? Tu ne viens jamais par hasard ici.

- Effectivement, je suis venu aider mon ami à se faire justice.

- Ton ami hein ? De qui s’agit-il ?

- L’homme qui est juste à côté de moi, dit Moka en incitant du regard l’homme aux cheveux verts à se présenter.

- Raphaël Andersen, enchanté, dit-il en tendant une main amicale que Styr s’empressa de serrer avec entrain.

- Enchanté mon garçon, je suis Styr, le maire de cette petite communauté. En quoi je peux t’aider ?

- Des hommes m’ont joué un sale tour, et je voudrais leur rendre la pareille.

- Hmm, je flaire la sale histoire, venez boire quelque chose à l’intérieur, il fait froid ici.

D’un signe de la tête, Styr invita Moka et Raphaël à le suivre, tandis que le reste du groupe devisait avec les villageois d’un endroit où mettre à l’abri leurs chevaux. La bâtisse où le bourgmestre les conduisait était la plus grande de Bocande, et la seule faite de pierre, sans ornements, avec des fenêtres aux encadrements irréguliers, une grande porte aux battants de cuivre. Une fois dans le hall, Moka eu le plaisir de ressentir la chaleur apaisante d’un grand brasero qui était situé au milieu de la pièce. De part et d’autres de celle-ci, de longues tables couvertes de nappes blanches étaient garnies de plats, de boissons, dont seulement une petite poignée d’hommes profitaient sans faire de bruits. Moka repéra un coin à l’écart et alla s’installer avec Raphaël et Styr : il était temps de s’expliquer, et sans mentir cette fois.
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Drôle d’idée que de le mener directement jusqu’au plus haut représentant des lieux. Quand Moka lui avait promis son aide, Raphaël n’aurait certainement pas pensé qu’ils iraient ensemble la chercher auprès du maire de Bocande. Quel que soit le lien qui puisse unir un homme politique des terres nordiques à un prince assassin tueurs de marines, royal ou pas, le croupier flairait une sale histoire dans laquelle il n’avait pas forcément envie de mettre les pieds.

Trop tard pour ça sans doute.

Des sourires de ces deux compagnons, il n’arrivait pas à distinguer lequel était le plus dangereusement sympathique. Le prince Charlotte, installé fièrement dans son  fauteuil de cuir, avait toute la prestance qu’il revendiquait. Bienveillant, il confiait à son complice le sort malaisé de son protégé. Trop facile. Trop clément. Son nom et son histoire étaient associés à des souvenirs perceptibles mais inatteignables, et Dieu sait que Raphaël se méfiait de toute coïncidence vaporeuse.
Le maire Styr venait de quitter son impressionnante fourrure. Frais et naturel, il aurait pu être n’importe lequel de ces citoyens, à son regard près peut-être. Alerte, presque tremblant, il se cachait derrière un sourire de façade qui désirait tirer au clair les sombres présages que quelques mots avaient portés sur sa journée. Pourtant il se montrait docile et prêt à écouter, comme conditionné.

Garde. Il n’avait toutefois pas de temps à perdre et si l’atout de Moka lui permettait d’aller droit au but, il comptait jouer franc-jeu.

"Puis-je vous offrir une bonne choppe de notre spécialité locale ?
-  Hum…
- La Bieraubeurre de Bocande est la meilleure que vous ne pourrez jamais goûté. "

Jamais le vert ne se sentit si oppressé par un simple breuvage. Accusant les coups d’œil insistant du local, il n’eut pas beaucoup de mal à se remémorer les conseils avisés de son compagnon. Une invitation à Bocande ça ne se refusait pas. C’en devenait presque un test.

"Avec grand plaisir.
-  Un soupçon de Muscade en plus pour moi. Comme d’habitude.
-  Très bien. Eloïse, veux-tu bien aller nous préparer trois de tes délicieux breuvages ? Merci. "

La servante, aimablement mise à contribution alla tout de suite s’atteler à sa tâche tandis que Styr se redressant dans son fauteuil se prépara à recentrer le principal sujet de conversation. Raphaël en revanche avait suivi la jeune demoiselle des yeux, s’attardant au passage sur la décoration intimiste qui habillait les lieux. Quelques très belles pièces attirèrent son attention, et il se réjouit d’avoir accepté l’invitation de son hôte. Froid comme il avait, il n’aurait de toute façon pas tarder à réclamer un breuvage chaud, peut-être un thé plutôt qu’une Bieraubeurre. Si la curiosité l’emportait, il se hasarderait probablement à poser quelques questions sur l’art antique Boréalin.

"Hm. Maintenant que nous voilà bien installé, racontez moi tout. "

La chaleur des lieux était propice à la discussion. Bien plus, en tout cas, qu’une chevauchée dans les steppes glacées de la belle Boréa. Le vent n’avait plus d’emprise sur la mélodie de leur voix, le froid plus de pouvoir sur le flot de leurs pensées. Raphaël rassembla les siennes en un petit tas, il devait faire passer l’essentiel de l’information sans trop en dire.

"Je suis un passionné d’histoire. Il n’y a rien qui ne m’attire plus que les contes et les légendes d’une île sur lequel je mets les pieds pour la première fois, j’ai comme qui dirait besoin de ma dose de mystère. Et faut dire qu’ici tout s’est passé très rapidement. À peine débarqué à Jalabert j’eu tout juste le temps d’admirer les statues de Rodin… magnifiques d’ailleurs, commandées par la ville pour célébrer le centenaire de son indépendance, c’est bien cela ?
- Exact.
-Tout juste eu le temps de les admirer donc, que deux hommes vinrent à ma rencontre, s’intéressant grandement à mon expédition et pourvu de connaissances historiques qui à ce moment m’ont paru fiables...Je n’y prête attention que maintenant, mais finalement j’étais le seul à parler, eux ne se contentaient que de nourrir ma curiosité… Hmpf, j’ai été idiot. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, je me retrouvais à les accompagner pour des supposés fouilles. Bien installé je baissais ma garde, répandais mes effets sans opposer de difficulté, jusqu’à ce qu’à mi-chemin, par surprise,  on ne se débarrasse de moi comme d’un misérable. "

Du coin de l’œil, le croupier remarqua le sourire entendu de Moka. Il ne put s’empêcher de faire de même, il venait de faire un récit bien trop épique de sa pauvre et risible péripétie. Le roublard arnaqué. L’arroseur arrosé. Le curieux puni.

Que dire d’autres si ce n’est que pitoyable il avait marché des heures dans le froid, jusqu’à ce qu’enfin il n’atteigne avec chance le groupe de Moka. Coïncidence qui lui avait certainement sauvé quelques orteils, mais qui l’avait rendu spectateur de la fin d’autres, moins chanceux que lui. Le Prince trouva le moment d’interrompre son compagnon.

"Et c’est un peu près à ce moment que mes hommes et moi avons croisé la route de cette pauvre âme. J’ai tout de suite songé que vous pourriez nous venir en aide, une bande du coin est coutumière de ce genre d’entourloupe si je ne m’abuse.
- Oui, je reconnais bien là le mode opératoire des Häagen-Dazs… Ils ont tendance à être très ennuyeux et très malins qui plus est. Personne ne les a jamais pris sur le fait, c’est bien là le problème. La marine a bien essayé de s’y coller, mais n’arrivant pas à les coincer a fini par renoncer à engager des poursuites… d’autres soucis vous comprenez.
-  Vu ce à quoi ils servent en temps normal.
-
- … Oui. Toujours est-il que concrètement nous n’avons rien contre eux, si ce n’est le témoignage de quelques fous qui ont réussi à survivre au blizzard suffisamment longtemps pour sombrer quelques heures plus tard, rien que des élucubrations insensées, les derniers mots de cadavres encore capable de marcher. Des comme vous qui survivent il n’y en a encore jamais eu…. Dépouillé et sans repère, il faut être incroyablement résistant pour survivre à ce froid. Vous êtes tombé sur le bon ange gardien.
- Ou alors c’est eux qui ont mal choisi leur cible.
- Je dois reconnaître que vous m’impressionnez.
- Et moi je ne serai pas contre qu’on s’occupe de leur cas. Ils ont l’air de vous emmerder tout autant que moi, et je suis en quelque sorte la « preuve » vivante que vous attendiez.
- Si on y réfléchit de façon objective, ce sera autant de cadavres en moins sur vos bras. Je crois que nous avons tout à gagner à collaborer. Maintenant qu’on en parle, les Häagen-Dazs m’ennuient tout autant que vous.
- Hum…
- J’ai des affaires à récupérer. "

Raphaël se ravit d’être une fois de plus soutenu par Moka. Le bandit avait certainement des intérêts territoriaux à défendre mais ce n’était pas pour lui déplaire. Le maire Styr en revanche se serait volontiers passé de ce coup de marteau asséné au clou de ses convictions. Songeur, il laissa un silence tendu planer quelques secondes tandis que sa servante leur apportait, servi sur un plateau d’argent trois choppes remplis d’un breuvage délicieux.

"Messieurs. "

Une fumée sucrée s’échappait en long volute de chacun des verres. Chaude et réconfortante, la spécialité de Bocande arrivait à point pour que la discussion mûrisse dans l’esprit de chacun. Le croupier et son compagnon fixait le fonctionnaire en attente de sa réponse, sirotant leur boisson le temps qu’elle refroidisse.

Mais tout ne pouvait se passer si facilement.

" Monsieur le maire ! C’est terrible, un incendie vient de se déclarer dans les quartiers Nord ! Il est d’origine criminelle ! "

Complètement essoufflé et paniqué, un homme venait de faire une entrée violente dans la pièce. Un homme comme n’importe quel autre, qui remplissait probablement des fonctions d’adjoints ou d’employé municipal, mais ses traits étaient déformés par l’horreur de la situation.

Le sang du bourgmestre ne fit qu’un tour. Se levant avec fureur il tira de son pardessus un revolver qu’il pointa aussitôt sur le jeune prince.

"Je te jure Moka Charlotte, que si tu es en train de me préparer un sale coup avec ta bande, je ne vais pas me montrer indéfiniment tolérant ! Tu n’as pas intérêt à te payer ma tête, ni de jouer avec ma ville ! "

Déjà dehors dans l’intention, Styr attendait que Moka  lui confirme qu’il n’était pas impliqué cette fois, que sa présence ici n’avait rien à voir avec cette nouvelle. Fumeuse histoire.


Dernière édition par Raphaël Andersen le Sam 1 Avr 2017 - 20:51, édité 1 fois
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Les esprits commençaient à s’échauffer dans la grande salle, et Moka n’avait pas envie de voir le sang couler. Lentement, il se leva, sans quitter des yeux Styr qui le pointait de son arme, sous les regards hostiles de l’assistance. A plusieurs reprises, le jeune prince et ses hommes avaient causé des torts à cette ville, mais, d’une manière ou d’une autre, ils s’étaient toujours arrangés pour réparer les dégâts causés. Cependant, voler deux ou trois choses à un commerçant du coin était une chose, mais brûler un bâtiment entier au risque de tuer des civils en était une autre. Si le groupe de Moka ne faisait preuve d’aucune pitié à l’égard des soldats de la Marine, ils s’efforçaient toujours de veiller à l’intégrité des bonnes gens…et les habitants de Bocande étaient de ceux-là.

- Ecoute Styr, je n’ai rien à voir avec ça, et tu le sais. Bon, je te l’accorde, parfois Bord et les autres déconnent un peu de temps à autre…mais brûler un bâtiment comme ça ? Tu crois vraiment que ça nous ressemble ?

- J’n’en sais rien, on n’est jamais sûr de rien avec des bandits. Sortez dehors toi et ton pote, dit le maire, l’arme toujours pointée sur Moka.

- Comme tu voudras Styr, souffla Moka en se dirigeant vers la sortie.

Dehors, le blizzard faisait voler les flocons, et un véritable écran de neige tournoyait autour des trois hommes qui avançaient péniblement vers la colonne de fumée qui s’élevait dans le ciel. Les quartiers Nord de Bocande n’étaient pas si éloignés de la mairie et le groupe arriva bientôt devant le bâtiment qui avait été dévoré par les flammes. Alors que les personnes rassemblées dans la place luttaient pour éteindre les derniers foyers de l’incendie, Moka s’avança au-devant de la façade noircie, remarquant au passage l’enseigne qui s’était décrochée de la devanture, sur laquelle on pouvait lire : « Donne le Change ». Moka connaissait cette boutique, qui n’était pas très bien vue dans le coin puisqu’elle appartenait à un dénommé Simon Youpinberg, un usurier notoire qui possédait plusieurs monts-de-piété à travers l’île.

- Où est le propriétaire de la boutique, Styr ?

- Je ne saurais te le dire, il a quitté Bocande la semaine dernière, un peu dans la précipitation d’ailleurs. Et toi, où sont tes hommes ?

- Patron !

Bord accourait, tout couvert de suie, sous le regard médusé de Stur qui fulminait de rage. Ne semblant pas s’apercevoir de la dangerosité de la situation, l’idiot jeta un sourire béat à Styr, avant de s’essuyer le visage d’un revers de la manche.

- Toi, t’es bien du groupe de Moka ? Tu fiches quoi dans cet état, avec de la suie qui te tartine la gueule ? Réponds !

- Patron ?

Bord fixait Moka, l’ai complétement apeuré, mais c’est Nikolas qui vint à son secours, en tapotant l’épaule du maire.

- Mon gars, Bord est tout crassé car il a sauvé deux chatons de cette putain de bâtisse en flamme.

Au même moment, des miaulements étouffés se firent entendre au creux des bras de Bord, sous une petite couverture. Moka s’approcha et, écartement un pli de tissu, découvrit les deux chatons qui, les yeux fermés, grattaient la poitrine de Bord de leurs petites pattes.

- Mignons, dit-il, en décochant une œillade noire à Styr.

- Les autres sont en train d’aider comme ils peuvent les riverains, nous sommes parvenus à maîtriser le feu à temps, répartit Nikolas, un sourire goguenard aux lèvres.

Styr, honteux, se frotta la nuque nerveusement, et retira sa toque de fourrure, la tête baissée. Moka pensait qu’il avait enfin compris que lui et les autres n’étaient pas responsables de tout ce chaos. Un ennemi commun se profilait doucement, et la perspective d’une alliance temporaire arracha un sourire à Moka.

- Styr, tu nous as accusés injustement.

- Désolé Moka, mais je dois protéger cette ville.

- Si tu veux protéger les habitants de Bocande, tu dois nous aider à régler le problème des Häagen-Dazs, que je soupçonne fortement comme étant les responsables de cet incendie.

- Ils n’ont eu aucun scrupule à me laisser mourir comme un chien dans le froid, alors un incendie…Moka a raison, si nous pouvons tous nous entendre, cette ville sera de nouveau en sécurité, je récupèrerais mes affaires, et notre ami commun aura des concurrents en moins, intervint Raphaël qui, jusqu’à présent, avait décidé de garder le silence.

- Ma foi, c’est une bonne idée. Je pense pouvoir rassembler quelques hommes armés mais la question du repère est à élucider. On ne sait pas où se cachent ses enfoirés et…

- Nous avons une piste Styr, il faut que vous rencontriez le fuyard que j’ai attrapé, juste à côté du mont-de-piété ravagé, dit Nikolas en s’en allant, invitant les autres à le suivre.

Une alliance, c’est tout ce dont avait besoin Moka pour s’assurer son assise sur le crime de la région, mais tandis qu’il songeait à son avenir sur Boréa, une autre idée germa dans son esprit.
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"Il y a pas moyen, il s’est fait la malle.
- T’es con ou quoi ? On a pris toute la thune avec nous et il a absolument aucun intérêt à la foutre à l’envers à Peppermint, je te l’dis moi, soit il s’est fait choper, soit il est mort dans son propre incendie.
- Je sais pas franchement… c’est un petit nouveau, il s’est probablement dégonflé après avoir planté le garde. Même ceux qui jouent les durs peuvent craquer ! Pas besoin d’être aussi défaitiste, on a l’argent mec !
-Défaitiste ? Défaitiste ?! Super on a la thune, on sera bien avancé s’il vend la mèche et qu’il nous dénonce ! Tout était censé retomber sur le dos de Machin Charlotte et de sa bande pour que Styr arrête de leur faire des faveurs.
- Hum… Je crois que c’est Moka son prénom.
- Mokarnaval ou Mokomptriple, j’m’en cogne, c’est un rookie qui vient empiéter sur nos affaires et on devait semer les premières graines pour se débarrasser de lui. Si l’autre a disparu sans faire son boulot, on se sera mis en danger pour rien.
- Oui bon j’ai compris, mais tu proposes quoi ? Qu’on y retourne pour vérifier ?
- Mais t’es malade ou quoi !? On va pas se tirer alors que la diligence est sur le point d’arriver, t’as vu toute la thune qu’on a sous les bras, on va certainement pas la laisser sans surveillance et encore moins laisser le patron sans explication. S’il y a quelqu’un qui doit aviser c’est lui.
- Et je suppose qu’on va pas le prévenir par Den Den Mushi ?...
- … Non, on va plutôt attendre qu’il ait vu le trésor avant, ça le mettra de bonne humeur.
- T’as l’art de te compliquer les choses mec. M’enfin. "

Celui qui répondait au doux nom de Vanilla Dream s’affala dans un fauteuil de cuir noir en soupirant, s’il trouvait la nervosité de son collègue excessive, il ne pouvait s’empêcher de penser que quelque chose allait de travers. D’abord le plan qui ne se déroulait pas comme prévu du fait de l’absence de Youpinberg, le propriétaire, qu’ils étaient supposés enlever, ensuite la vitesse à laquelle le feu s’était étendu les séparant, et maintenant Peanut Butter qui ne revenait pas. Cette histoire puait la mort.

Sortant une cigarette de son étui, il réfléchissait à quel bilan il allait bien pouvoir faire à son patron, ce ne serait pas fameux. Comment bien lui passer la crème pour qu’il ne s’énerva pas, c’était là la vraie question. De sa longue vie de truand Vanilla n’avait jamais autant craint d’énerver quelqu’un que lui. Peppermint Bark grand patron des Häagen-Dazs, scénariste de tous leurs méfaits et auteur de leur succès, était un homme qu’on ne rencontrait que de deux façons : soit de la bonne et on s’en sortait vivant, potentiellement enrichi, soit de la mauvaise et dans ces cas-là on priait pour que la mort soit la plus douce des issues.

Pas vraiment les plans de vie que s’était imaginé Vanilla.

Une raison de plus pour trouver l’explication parfaite à fournir à son chef une fois qu’il débarquerait ici pour les récupérer. Il n’y avait pas de meilleure planque que cet entrepôt, à l’écart des rues passantes et acheté pour une bouchée de pain, c’était un point de repli stratégique pour toutes les opérations qu’il menait dans Bocande. L’assise couleur d’encre dans laquelle il s’était installé occupait un espace ridicule dans le vide de cette immense pièce, seul meuble qu’ils avaient conservé au milieu de carcasses de métiers à tisser. Des pelottes de laine fatiguées par le temps traînaient éparses dans un bain de poussière, les machines à coudre étaient revendus depuis bien longtemps et les tables réduites à l’état de petit bois.

Mais si d’ordinaire il se plaisait à s’isoler et à réfléchir dans cet endroit son collègue, qui semblait être décidé à faire dix mille de ses cent pas, étaient en train de le distraire plus qu’il ne l’aurait voulu.

"Cook’, tu peux t’arrêter cinq minutes, tu me stresses. "

Réponse monosyllabique, grognement puis le silence prit sa place alors que ses pas s’éloignaient. L’animal était parti dans la direction des chiottes et c’était bien mieux comme ça. Qu’il aille se fumer une clope ou couler son bronze pour se calmer, chacun son trône, chacun son angoisse. La diligence serait là d’une minute à l’autre et si Peppermint se montrait avec elle, ils devaient être en mesure de faire face.

Au diable Peanut , le môme avait plus d’intérêts à être mort que rapporteur.

Déjà plus d’une heure qu’ils l’attendaient, il fallait se rendre à l’évidence il ne viendrait pas. La possibilité qu’une petite merde comme lui puisse mettre en péril l’un de leur repaire , qui plus est l’un de ceux dans lequel il aimait s’isoler, le mettait passablement en rogne. D’autant que plus la diligence se faisait attendre, plus il y avait de chance que ce scénario se réalise et que des indésirables se pointent avant que leur butin ne soit embarqué.

Bordel. Qu’est-ce qu’il pouvait détester ce genre de situation.
Devait-il crier au feu ou continuer de ronger son frein ?

N’en pouvant plus, il écrasa la cigarette qu’il n’avait même pas allumé dans le cendrier à son côté droit. Peu importe, il devait au moins s’assurer que les livreurs venaient chercher sa cargaison, l’heure tournait et il voulait avoir la confirmation que rien ne leur était arrivé, il n’arriverait pas à refreiner son stress autrement. Manque de bol, l’escargophone était parti faire sa vidange avec son propriétaire. Il était grand temps de déloger Cookie Dough de son trône.

"Cook’, arrête de faire ta pisseuse, il faut qu’on appelle. Au moins pour être sûr qu’ils arrivent, pas besoin de les faire paniquer pour rien, mais je commence à en avoir marre d’attendre. "

Aucune réponse ne l’accueillit dans le long couloir menant aux toilettes. Baigné dans un nuage de cendre, habituellement tout juste éclairé par de ridicules traits de lumières venus du dehors, il remarqua que la porte de ceux-ci n’était pas fermée alors que la lumière était toujours allumée.

"Cookie ? "

Agacé du comportement de son partenaire, il daigna se traîner jusqu’à son sanctuaire, bien décider à l’en déloger. Manquerait plus qu’il soit parti dans des grilles de mots-croisés, et le vase de sa patience déborderait. D’un mouvement plus brutal qu’il ne l’aurait voulu, il fit claquer la porte contre le mur.

Curieusement ce n’était pas la section jeux du journal qui l’attendait, mais plutôt ce bon vieux Cookie Dough en train de se taper une sieste, la face d’une pièce de monnaie imprimée en bas-relief sur son front. Le tampon doré qui s’était chargé de le tatouer délicatement trônait encore à ses pieds. Côté face.

Celui qui répondait au doux nom de Vanilla Dream eut pour première réaction de se retourner et d’essayer de trouver le coupable. Il n’aurait probablement pas mis longtemps, mais la petite cousine de celle qui avait assommée son ami vint à sa rencontre. Pleine mâchoire. Sous le choc il s’effondra, tombant de façon pathétique sur les cuisses de son collègue et laissant la porte commencer à se refermer derrière lui et s’arrêter entrouverte et la lumière toujours allumée.

Raphaël pointa son nez en dehors de l’antichambre par laquelle il avait discrètement pénétré. Avec un maire et ses employés comme alliés, ils n’avaient pas eu grand mal à savoir par où s’introduire dans l’ancienne fabrique de laine de Bocande. Il était même un peu déçu de ne pas avoir rencontré plus de difficultés, lui qui s’était si vaillamment proposé pour jouer les éclaireurs de leur petite alliance. Toujours était-il qu’il avait trouvé le butin des voleurs et que par conséquent quelqu’un était toujours en route pour venir le chercher.

Il ouvrit donc à ses camarades l’entrée principale, ils n’avaient plus de temps à perdre, il devaient s’organiser.

"L’argent est toujours là, dépêchons nous."


Dernière édition par Raphaël Andersen le Jeu 18 Mai 2017 - 20:06, édité 2 fois
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L’ancienne fabrique de laine de Bocande, située à l’écart de la petite agglomération, constituait une planque idéale pour des bandits souhaitant opérer dans la région sans se faire avoir par la Marine stationnée à Bourgeoys ou la police de Styr, ces derniers préférant se cantonner aux quartiers populeux de la ville. Une fois arrivés devant le bâtiment aux portes closes, Raphael s’était porté en volontaire pour explorer les lieux et leur ouvrir la porte de l’intérieur. Réticents, Styr et Moka l’avaient laissé gravir la façade couverte de neige avant de disparaître derrière le toit…

- Tu crois que c’était une bonne idée de le laisser partir seul ? Je veux dire…avec ce gang de malfrats, tout peut arriver, souffla Styr en prenant une bonne lampée de la gourde d’alcool qu’il avait toujours sur lui.

- Ce type a survécu seul, assez longtemps, dans le froid intense de votre pays. Il s'en sortira, répondit Moka.

- Mouais, permets-moi d’en douter…

L’attente ne fut pas longue, et quelques instants après avoir disparu dans l’ancienne manufacture, Raphael leur ouvrit la porte, au grand étonnement de Moka et Styr qui échangèrent un regard inquiet. En explorant la manufacture abandonnée, ils eurent la surprise de voir, tout au fond d’un couloir jouxtant le hall, les corps des deux malfrats froidement tués par Raphaël, dans une position grotesque.

- Notre ami s’est fait plaisir…

Continuant leurs investigations, ils tombèrent sur une pièce verrouillée par un cadenas que Styr fit sauter d’un coup de pistolet. A l’intérieur, plusieurs caisses, dont certaines portaient les initiales de Simon Youpinberg, ce qui laissait présager qu’il s’agissait de l’endroit où ces criminels stockaient les fruits de leurs larcins en attendant un transport en lieu sûr. Songer au transport de ces marchandises fit penser à Moka que le chef du gang allait sans doute venir tôt ou tard récupérer le petit trésor qu’ils avaient là.

- Hey ! Raphaël ? Je crois que nous avons retrouvé tes affaires, dit Moka, à l’adresse du jeune homme aux cheveux verts.

- Je vais regarder ça tout de suite, quant à vous, je vous conseille fortement de rester barricadés ici vu qu’on ne risque plus d’être seuls très longtemps, répliqua Raphaël.

- Le chef de cette joyeuse bande d’imbéciles arrive ?

- Ouais, et il ne sera pas seul.

Styr fut le premier à réagir, il secoua son imposante silhouette et s’en alla, hélant ses hommes, leur donnant des instructions afin de se préparer à la lutte qui promettait d’être acharnée.  De son côté, Moka préféra poursuivre ses déambulations, alternant les pièces vides poussiéreuses, et les vieux locaux à armes, fournitures, rien de bien passionnant…jusqu’à ce qu’il entende une sonnerie, celle d’un escargophone.  Posé sur un vieux bureau éclairé une petite lampe à huile, il avait l’effigie d’un homme barbu, couvert de cicatrices, et peu commode, sans doute le leader des Häagen-Dazs. Ni une, ni deux, Moka prit son courage à deux mains et répondit :

- Allo ?

- Allo ? C’est toi Vanilla Dream ? lui répondit une puissante voix, rauque, dure.

- Euh…oui Boss ! Vous venez chercher la marchandise ?

- Ta voix est bizarre…Enfin passons. Nous serons ici d’ici une trentaine de minutes, à toute à l’heure.

Et il raccrocha, laissant Moka regarder béatement l’appareil, le temps de reprendre ses esprits. Assurément, cet homme ne rigolait pas, il avait du sang sur les mains, et pas qu’un peu. Selon toute vraisemblance, un convoi de malfrats se dirigeait vers eux, et il faudrait les accueillir par un déluge de feu et d’acier.

- Ah ! Enfin j’te trouve Moka, tu foutais quoi ? Encore à farfouiller dans tous les coins à la recherche de je ne sais quel trésor caché, intervint Styr qui surgit derrière le jeune prince à l’improviste.

- Tu tombes bien Styr, je sais quand nos amis vont pointer le bout de leur nez.

- Parfait, sache que j’ai déjà placé mes hommes de façon à ce personne ne puisse les voir en arrivant devant le bâtiment. A mon signal, les volets et la porte s’ouvriront, et nous allumerons ces enfoirés comme des sapins de Noël !

- Bon, je te fais confiance sur ce point mon ami, nous avons trente minutes à attendre environ.

- Viens, je vais te montrer ma petite formation de fusils, j’ai placé des tirailleurs sur deux étages, deux par fenêtre.

- Une belle attaque surprise comme je les aime, dit Moka en quittant la pièce. Je t’ai déjà dit que j’étais officier dans une armée royale du Nouveau Monde avant d’atterrir ici ?


- Arrête de dire des conneries…

Trente minutes plutard, Moka se trouvait aux côtés de Raphael et Styr, au rez-de-chaussée de l’usine, lorsqu’ils aperçurent au loin des silhouettes se détacher dans le blizzard.
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Flocon sur flocon, les rues entourant la fabrique de laine se fondaient un peu plus dans la grisaille des quartiers reculées de Bocande. Si le centre était joyeux, lumineux et coloré comme pour fêter Noël toute l’année, ce coin de la ville semblait au contraire célébrer l’austérité et la ruine d’un temps dépassé. Entourée d’une poignée d’hommes, un convoi commençait à se dessiner au coin d’une ruelle. Des silhouettes sombres qui marchaient au pas, une cariole et sa suite tirée par deux couples de chevaux épais comme des bisons. D’un simple coup d’œil, Raphaël reconnut la diligence qui l’avait embarqué au matin. Ce vaisseau de malheur qui semblait aussi bien servir à transporter des marchandises qu’à accomplir de basses besognes.

Un sourire pointa sur le visage du croupier. Il avait hâte, en quelque sorte, de retrouver ses vieilles connaissance pour leur conter comment il leur avait survécu.

Si le prince de Totland s’était montré chanceux dans ses fouilles, lui n’avait pas encore récupéré ses affaires. C’était elles qui l’avaient amené ici en premier lieu. Il était sans doute un peu trop facile de croire que ses détracteurs seraient passés une première fois ici pour déposer ses biens pour ensuite revenir chercher le fruit d’un braquage. L’endroit n’était pas plus un dépôt que leur base principale, plutôt une sorte de pivot qui leur permettait de se faire discrets et d’attendre pour qu’on les oublie.

Epiant le cortège à travers de vitres sales de la fabrique, la tension montait pour Raphaël, Moka et le maire de Bocande. Styr avait monté son plan et les deux autres s’étaient contentés de suivre ses indications. Le croupier était conscient de ne pas être porté haut dans l’estime du fonctionnaire et il n’avait pas envie de passer son temps à devoir se justifier. Quelques minutes plus tôt, il avait dû prouver que les sbires dont il s’était chargé n’était pas morts, mais évanouis et il suspectait encore Styr de ne pas l’avoir cru.  Autant ne rien faire qui n’inquiète trop cet être impressionnable.

Quant à Moka, il n’avait pas vraiment compris ce qu’étaient devenus ses hommes. Le pirate conservait probablement encore quelques as dans sa manche. Pas forcément un mal, mais il ne pouvait pas s’empêcher d’être inquiété  par des alliés qu’il connaissait presque moins que ses ennemis.

Mais bon, où serait le fun si tous les paramètres étaient maîtrisés.

"Encore quelques mètres et on les troue comme des passoires ces enfoirés !
- Calme, leur chef ne s’est pas encore montré. Laisse-les se mettre tous à découverts.
"

Comme pour répondre au bras levé de Styr, signe que tous ses hommes devaient se mettre en joug et se préparer à tirer, le convoi s’arrêta. D’ici, plus personne ne pourrait les voir agir. Les portes de la diligence claquèrent et deux hommes en émergèrent. Un colosse barbu cousu de cicatrices et un gringalet en chemise et lunettes noires en train de suçoter son bâtonnet de glace. Raphaël remarqua également quelques têtes connues dont l’une portait sans complexe le manteau de fourrure avec lequel il avait débarqué sur Boréa, son objectif était tout défini. Tout comme celui de Moka.

"Le barbu patibulaire, c’est le portrait craché de l’Escargophone…
- Leur chef donc… Faites passez le mot.
"

Le chuchotement se répandit d’un étage à un autre et la cible toute désignée se dessina naturellement.
Encore quelques instants et ceux qui s’affairaient à ouvrir la remorque seraient aussi en ligne de mire, tout le monde était sorti de la diligence.  Une main dans la poche, l’autre à maintenir son esquimau à portée de sa langue avide, le gringalet patientait en contemplant la neige d’un air détaché. Les éléments n’étaient pas de très bonnes humeur et le vent soufflait jusqu’à la fabrique le moindre son de neige écrasée par une botte de cuir. Les trois hommes cachées au rez-de-chaussée entendirent donc très facilement la conversation qui commença entre les deux cadres.



"Et moi qui pensait qu’on ne pourrait pas être plus retardé que par cette mégère et sa crème glacée sans matière grasse.
- Mal lunée ouais, j’t’en foutrais des « Je vais aller voir chez la concurrence » ! " parodia d’une voix fluette le colosse avec tout ce que sa carrure lui permettait d’être convainquant dans le rôle d’une quarantenaire d’un mètre cinquante, tenancière de bar et visiblement en pétard "Mais pourquoi tu reparles de cette histoire ? "

Sans que son interlocuteur n’ait besoin d’insister

"Hum… je me disais aussi que Vanilla Dream ne m’avait encore jamais appelé Boss. Je mériterai pourtant. " finit-il par commenter en faisant craquer les articulations de ses poings après quelques instants de réflexion. L’autre sourit. Réactifs et pressentant que quelque chose n’allait pas, Raphaël et Moka se penchèrent d’avantage sur la vitre pour comprendre ce qui avait si soudainement passionné les Häagen-Dazs. Maintenant qu’ils y prêtaient attention, la réponse était pourtant évidente : si partout dans Bocande la neige était toujours soigneusement tassée par la foule vivante qui animait ses rues, dans un coin laissé aussi à l’abandon une trace fraîche n’était pas bien difficile à identifier. D’autant plus quand, comme eux, on avait l’habitude de les effacer derrière soi "Pas vrai patron ? "

Le croupier et ses alliées se raidirent. Ils avaient mal identifié le leader du groupe et si l’écho de cette conversation était parvenu jusqu’aux oreilles de leurs tireurs, ceux-ci ne manqueraient pas d’être confus.

" Merde ! C’est l’autre !
- Pas le temps ! On a déjà perdu l’effet de surprise…

- FEU ! "

Se laissant gagner par la panique et la peur de perdre l’initiative, Styr intima à ses hommes de tirer sans plus attendre. Son bras s’abattant et son cri résonnant dans toute la fabrique attirèrent l’attention des sbires à l’extérieur, trop tard en revanche pour éviter les tirs qui s’abattirent sur eux.

"MINT REVERSION ! "

En même temps que les coups de feu partaient, la main de Peppermint Bark décrit un mouvement courbe dans l’air. Le bâtonnet de bois qu’elle tenait se laissait à présent mordiller dans sa bouche. Une multitudes de flèches noires s’échappèrent de sa main droite, perçante et d’une vitesse incroyable.

Avant de comprendre ce qu’il venait de se passer, les hommes du rez-de-chaussée entendirent l’étage gémir et se retournèrent pour voir l’un des leurs dévaler les escaliers, une balle fichée en pleine tête.
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Comme prévu, des volets s’ouvrirent à l’arrachée. Seulement ce ne fut pas une fusillade qui accueillit les nouveaux arrivants mais la chute pathétique d’autant de corps que de balles ayant fait mouche. Leurs propres balles. La neige vira écarlate et le silence instauré par la stupeur se transforma en râles de haine et de douleur. Les hostilités étaient lancées, l’embuscade avait échoué.  Complètement abasourdis par la tournure des évènements, le camp des bons gens de Bocande s’arrêta net dans son attaque.

"Qu’est-ce qu’il vient de se passer ?! Mes hommes… Je… " commença à paniquer le maire Styr qui n’avait jamais trop eu affaire aux sortilèges des fruits du démon. Moka le calma d’une main posée sur l’épaule, s’ils n’avaient plus l’avantage de l’effet de surprise, ils étaient encore à couvert.
"Un fruit du démon très probablement, les flèches qu’il a tracé dans les airs n’étaient pas naturelles. De ce que j’en comprends, il peut renvoyer les coups avec… ça ne servira à rien de leur tirer dessus.
- Plan B.
- Qui est ?
- Essayer de ne pas se faire tuer.
"

La main sur le pommeau de son épée, le prince Charlotte se laissa glisser le long du mur. À l’étage la milice de Bocande n’avait pas encore été complètement décimé et les moins avisées continuèrent à tirer à l’aveuglette. La plupart des balles ricochaient sur la technique du chef des Häagen-Dazs, certaines éclataient dans la neige et quelques chanceuses atteignaient les cibles ennemies, obligeant le gang à réagir. S’abritant derrière la diligence et tout abri qu’ils pouvaient trouver, ils furent bientôt dans une confortable position. Tirs de mitrailleuse pour riposte, le mur trembla et les vaillants Boréalins ne furent bientôt plus aucun.

Recroquevillé sur lui-même, Styr n’arrivait pas à reprendre son calme. Sa vie défilait devant ses yeux et toute sa fierté virile n’arrivait pas à contenir ses larmes. Mourir, une peur que tout le monde partage mais que peu arrivent à s‘avouer. Et en cet instant, il aurait tout donné pour être tranquillement chez lui à siroter une bieraubeurre avec sa femme. L’idée le traversa de se rendre, mais la peur que cela ne servit à rien le paralysa.

"Nettoyez la base. "

Les tirs avaient cessés. Les soldats de Styr qui étaient encore en vie au rez-de-chaussée n’avaient pas même osé en pousser les portes et les fenêtres. Les Häagen-Dazs voulaient rentrer de force. Tout se passa ensuite très rapidement, poussé par l’ordre de son Boss, le colosse barbu fonça tête la première sur les grandes portes de la fabrique de laine, flanqué de deux acolytes. Elles explosèrent sur leurs gonds, écrasant au passage les miliciens malheureux qui s’y étaient trop collés. Son armure épaisse fit obstacle aux balles qui essayaient de le transpercer et bientôt il agrippa la tête d’un autre de ses adversaires, prêt à la briser. Moka Charlotte ne l’entendait pas de cette oreille, d’une passe surprenante il emboutit le pommeau de son épée dans le ventre du titan, le bousculant avec violence sur les vieux métiers à tisser.

Emporté par le mouvement, Raphaël projeta des pièces de monnaie sur les deux sbires venus l’épauler, les touchant en pleine tête et laissant la voie libre. D’un geste il ordonna aux Boréalins restant de le couvrir, Styr en état de choc, ils n'eurent pas de mal à le reconnaître ses directives.  Si cela pouvait leur éviter d’y passer.

Sous la pluie des fusils, Raphaël se jeta sur le premier glacier à sa portée et d’un uppercut salé, l’envoya au tapis. Reconnaissant le conducteur de la carriole, il se délecta de lui avoir rendu la pareil et nota de revenir chercher son manteau quand tout serait terminé.

Il s’accroupit pour éviter un des vecteurs de Peppermint puis s’élança, pied en avant pour le toucher à la tête. Serrant les dents, Le bâton de glace du chef de gang se brisa en deux. La rapidité du croupier venait de le surprendre et sa garde, remontée au dernier moment, encaissait encore durement le coup de pied de son agresseur.

"Crevure. "

Les mots doux de sortie, le vert se courba vers l’avant avant d’enchaîner avec un coup de pied retourné. L’autre se plia en deux, projeté par l’assaut quelques pas en arrière. D’une nouvelle pièce le croupier désarma un autre des bandits. Toujours pas de nouvelles de Styr, ni d’un quelconque renfort, mais ils étaient en train de reprendre le dessus.

"Urgh…Celle-là je ne l’avais pas vu venir. " crachant le morceau de bois qu’il avait failli avaler en tenant son ventre douloureux, le chef de gang adressa un regard d’encre à Raphaël. Ses lèvres, mordues jusqu’au sang, saignaient abondement.
" T’inquiète pas, il va y en avoir d’autres. "

S’apprêtant à enfoncer son poing dans le visage du hors-la-loi à qui il devait ses ennuis de la journée, le vert se laissa surprendre par la balayette de ce dernier qui souleva sur son passage une belle croute de glace.

"Marrons Glacés ! "

Aussitôt emportés par les voies à grande vitesse qu’étaient ses vecteurs, des amas de grêlons pleuvirent à l’horizontal sur le croupier et les quelques alliés qu’il avait emmené dehors. Durs comme l’acier et envoyé à la vitesse de balles, les impacts brisèrent des os et soufflèrent tout ce qui tenait encore debout, Raphaël compris.

"Je ne sais pas quelle idée vous a traversé Styr de nous attaquer de front avec une poignée de mercenaires, mais si vous voulez mon avis, elle était bien mauvaise. "

Le concerné se releva, tremblant. Il avait assisté à tout le combat de Moka et de la brute en essayant de se rapprocher le plus discrètement possible d’une porte de secours. Aucun camp ne prenait réellement l’avantage et il préférait encore se savoir en sûreté. Seulement au moment où il avait franchi la porte d’évacuation sur le côté du bâtiment, Peppermint Bark l’avait hélé. Il était cuit.

"Fresh… " une épaule pendante en vrac, il trouva son équilibre pour s’accroupir et posa son autre paume au sol. Un immense vecteur se dessina dans la neige, avalant tout un pan de sol autour de lui "BREATH !"

Emporté par son pouvoir, un souffle glacial se leva.


Dernière édition par Raphaël Andersen le Dim 10 Juin 2018 - 21:32, édité 1 fois
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Balayant tout sur son passage, l’attaque de glace tétanisa tous ceux qui étaient à sa portée. Les couches de vêtements n’y firent rien et certains ne tardèrent pas à se transformer en bonhommes de neige, figés tels des statues de glace.

Le sourire entendu de Peppermint pointa à la commissure de ses lèvres. Styr était sans douter la plus ridicule de ses créations, captif de sa pathétique tentative de fuite, tout dans son expression laissait transparaître sa lâcheté. En s’alliant à Charlotte et à son nouvel émissaire, il s’attendait probablement à une victoire aisée et à ne pas avoir besoin de se salir les mains.

Dommage pour lui.

Un combat continuait à l’intérieur de la fabrique de laine. Le reste des protagonistes était hors-jeu. Il prit tout son temps et son flegme pour se relever, l’opération n’était pas une réussite mais il allait pouvoir faire taire tous ceux qui s’y étaient mêlés. L’argent n’avait pas eu le temps de disparaître. Concrètement, une fois que toutes les traces de leur passage aurait disparu, il n’avait pas de soucis à se faire. Quitte à incendier la fabrique…

Son pistolet à silex remonta lentement le long de sa cuisse. Un esquimau n’aurait pas été de trop en cet instant. Le crâne du maire dans son viseur, il s’appliqua à pointer parfaitement sa cible d’un de ses vecteurs. Il ne jurait que par la perfection.

"C’est si bête de gâcher les affaires que nous avions en cours, les liens de confiance sont si difficiles à tisser de nos jours. Au moins, le message devrait être clair pour votre successeur. Adieu.
- Mais putain, ta gueule ! "

Alors que le tir partait, une pluie de pièces de monnaie s’échappa du talus de neige qu’était devenu Raphaël. L’une vint dévier la trajectoire parfaite de la balle tandis que les autres s’acharnèrent sur le tireur. Leur trajectoire courbée, leur nombre et la soudaineté de l’attaque troubla le chef des Häagen-Dazs qui ne put toutes les renvoyer et surtout pas celle qui lui brisa un doigt. Sur le coup de la douleur, il lâcha son arme.

Cette ouverture à ne pas manquer, Raphaël la saisit immédiatement. Ses plus solides pièces coincées entre les doigts à la manière d’un poing américain, il se jeta sur le bandit et lui asséna un puissant crochet. Direct dans la mâchoire, aussitôt rejoint par son petit frère le briseur de menton. Acculé contre sa diligence, le gris ne put qu’encaisser jusqu’à ce que l’inconscience ne vienne le saisir, un filet de sang perlant sur ses lèvres.

Epongeant son front du revers de sa manche, Raphaël s’accorda un moment pour se remettre de cette victoire. La flaque de sang qui commençait à s’épanouir entre les débris de métiers à tisser lui indiquerait bientôt qu'il n’était pas le seul à avoir pris le dessus sur son ennemi.

Quand ils eurent ficelé les survivants du camp ennemi et chargé Styr, réchauffé par un bon café, de s’occuper de la logistique des blessés, Raphaël et Moka purent faire le point sur la situation. Le leader des Häagen-Dazs tenta bien de faire de l’esbroufe en évoquant le reste de son organisation, mais l’héritier des Charlotte lui rafraîchit bien vite les idées. En effet, si les hommes de Moka n’étaient pas présents au cours de l’embuscade, cela avait été pour mieux préparer le terrain de leur éviction en s’attaquant directement à leur quartier général : la fabrique de glace familiale. Le rapport de Nikolas avait parlé de lui-même, de nombreuses preuves avaient été trouvées sur place, y compris un joaillier, dont on n’avait pas retrouvé le corps parmi la troupe massacrée de marines qui l’escortaient, torturé et mort.

Tous ces chefs d’accusation, ainsi que les bandits, étaient dans les mains du maire de Bocande. La marine serait impitoyable.

Pour Moka les affaires reprenaient, plus florissante.

Pour Raphaël, une fois son manteau,le précieux étui à cigarettes qu’il conservait à l’intérieur, et un petit extra récupérés, il se promit de ne plus jamais faire de tourisme à Boréa.
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