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Toujours de boue

Non ! Ce n’est pas possible ! J’ai appris un secret interdit, j’ai fui mon île natale et un agent du Cipher Pol, j’ai réussi à me rendre ici et à traverser toute cette foutue île en un seul morceau, ça ne peut pas se terminer comme cela ! Tout s’est joué en un instant ! J’ai traqué la source du bruit dans le buisson, j’ai marché sur un piège et me voilà suspendue dans un filet accroché à un arbre à plusieurs mètres de hauteur, complètement démunie ! Mon poignard est tombé de ma botte, j’ai perdu ma sacoche avec mes fioles de sable qui ont pris l’eau ! Il ne me reste plus que mon pistolet enraillé et dont la poudre elle aussi est mouillée !

- Je vous en prie ! Je ne vous veux pas de mal, sortez-moi de là !

Je supplie l’homme encapuchonné qui rassemble mes affaires de me libérer mais il ne me répond pas. Totalement paniquée, je suis au bord des larmes. Je suis complètement anéantie ...

- S’il vous plait ! S’il vous plait ...

L’homme se redresse, et sans même m’adresser un regard, il me rétorque sèchement :

- La ferme !

Je déglutis avec peine et n’ose même pas émettre un couinement. Mais mon instinct de survie pourtant, me fait faire le contraire.

- Vous n’avez rien à craindre de moi ...
- Mais je ne te crains pas !

Une larme coule de mes yeux, filtre entre les mailles du filet et s’écrase lourdement par terre. Lui reste immobile.

- Quelqu’un qui ne veut de mal à personne n’a pas de poignard.

Je vois une ouverture dans sa réponse, une chance qu’il me donne pour m’expliquer et me libérer. Ma voix se fait de plus en plus fluette et plaintive.

- Mais vous vivez dans cette mangrove, n’est ce pas ? Vous savez mieux que moi que la nature est hostile !

Il s’en va ... juste, comme ça ... Sans même me donner une réponse ...

- S’il vous plait ! Ne me laissez pas seule !

Rien ... Pas une réponse ... Il ne fait que s’éloigner et avec lui, mes chances de survie ...
Je ne saurais dire combien il se passe de temps avant qu’un coup de semonce retentisse et m’assourdisse, tuant par là même mes gémissements mais aussi et surtout, rompant net la corde qui me maintenait suspendue.
L’instant que je comprenne que le coup de feu qui a été tiré fut donné pour me libérer, je m’en réjouis très vite ... mais je suis rappelée par la réalité qui est que je chute de toute ma hauteur !
J’ai peut être eu un éclair de peur d’une petite seconde juste avant que je heurte le sol avec fracas. J’ai atterri comme une poupée de chiffon, mais je sens très bien que je suis faite de chair et d’os, j’ai poussé un cri puis étouffé un grognement à l’impact, avant de me laisser aller à des râles de douleurs. Quand celle-ci s’est assez atténuée pour que je me souvienne que j’étais libre, j’ai commencé à me débattre dans mon propre filet pour en sortir.

Et puis, j’ai entendu des pas. Deux personnes. Elles viennent dans ma direction. J’arrête de vouloir m’évader de mon filet et je dégaine mon pistolet par réflexe. Même s’il est enraillé, il peut toujours dissuader de s’en prendre à moi ...
Elles approchent, là ! Je vais les voir dans la seconde qui suit !

Leurs pieds d’abord, puis leurs jambes. Etant donné la morphologie de la première, je dirais que c’est une femme ... Mes yeux arpentent leurs corps et ...

Malgré les cheveux blanchis, les rides, les traits fatigués et le bandeau sur l’oeil, je la reconnais ! Je ne peux contenir ma surprise bondissante !

- V-Vous êtes ...
- Chez moi.
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Jodiana Innes ! C’est Jodiana Innes ! Et l’homme qui l’accompagne est en réalité l’homme encapuchonnée qui m’a emprisonné ! Même si les deux braquent une arme à feu sur moi, je tente de ranger la mienne à ma ceinture et m’extirper du filet. Bien que je ne veuille pas me ridiculiser davantage face à celle que j’ai considéré comme ma mentor, je ne parviens pas à me défaire de ma captivité, ou alors très gauchement, tellement que l’homme est obligé de venir m’aider. Une fois remise sur pieds, les deux me toisent tout en restant interdits.

- Tu n’es clairement pas du Cipher Pol ... Alors tu n’as rien à faire ici, dégage.

Je n’imaginais pas sa voix aussi rocailleuse. Et à vrai dire, je me fiche éperdument de l’acidité et de la sécheresse de son verbe, rien ne me rend plus joyeuse et pleine d’entrain que la résolution d’une énigme.

- Pourtant, c’est vous qui avez semer les indices pour qu’on vous retrouve.

Consternée, elle ferme les yeux et se masse les tempes de la main qui ne tient pas son fusil à lunette qu’elle abaisse.

- C’est une belle connerie. Mais les vieilles habitudes ont la vie dure ...

Elle pointe son regard perçant sur moi.

- Qu’est ce que tu veux ?

Elle m’adresse enfin la parole ! Et pas pour me descendre à chaque mot qu’elle prononce ! Ma liesse se fait débordante !

- Que vous m’appreniez à lire les Ponéglyphes !
- Hors de question, fous-moi le camp.
- Mais ... Mais bordel ! Vous ne savez pas ce que j’ai enduré, ce que j’ai traversé pour vous rencontrer ! Je suis parvenue à vous trouver, vous pourriez me faire une fleur quand même !
- Tu veux une médaille ? J’ai rien demandé, et c’était très bien comme ça. Désolé pour la fausse joie, mais je ne cèderai pas. Tu peux t’en aller maintenant.

Je sens la colère monter en moi, et aussi, je n’aime pas qu’on me résiste, pas si près du but ! Alors sans vraiment le décider, je me mets à débiter tout un flot d’insanités :

- J’avais foi en vous, je vous idéalisais. Mais vous n’êtes qu’une vieille bonne-femme rabougrie et pleine d’aigueur. Un odieux petit personnage. Je regrette d’avoir cru en vous et dévorer chacun de vos ouvrages un à un.

Je crache au sol et tourne les talons.

- Ca me fait de belles jambes, tire-toi.

Je ne l’écoute même plus. Encore une fois, je suis anéantie. Je sais que j’idéalise trop la réalité. Elle ne fait que me décevoir parce que je ne m’y suis que trop rarement confronté, je préfère me mentir et rester cachée dans l’apparat, me défendre grâce à d’autres et jamais seule. Je n’affronte jamais la vérité mais je cherche à percer celle qui cachée, et pourtant, je n’ai aucun moyen pour prendre les armes et aller jusqu’au bout de mes convictions ...

Alors je pars. Seule. Et atterrée par la triste réalité. Qu’est ce que je vais bien pouvoir faire maintenant ? Suis-je seulement bonne à quelque chose sans pour autant devoir me reposer sur les autres ? Je me le demande sincèrement ...
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Et puis ... alors que j’allais disparaître du champ de vision de Jodiana, elle m’adresse une dernière fois la parole.

- Tu dis vouloir apprendre à lire les Ponéglyphes mais tu ne parviens même pas à éviter ou à te défaire d’un bête piège !

Sa sécheresse de ton laisse place à une pointe de regret pas très avoué mais perceptible. Un peu comme si elle s’était résignée me donner une chance, à laisser tomber sa carapace nécessaire pour rester cachée ici saine et sauve. Alors je m’arrête. Moi aussi pour lui donner une chance.

- Alors dis-moi, comment crois-tu que tu vas t’en tirer face au Gouvernement mondial qui usera de toutes le ruses pour t’éliminer ?

Je ne réponds pas.

- Ce n’est pas une fleur que je te ferai. Je signerai ton arrêt de mort.

Je ne me retourne pas.

- Et je ne veux pas avoir ça sur la consci...
- Mais j’ai déjà fui un agent du Cipher Pol qui voulait m’éliminer naturellement !
- Le prochain et tous les autres ne se cacheront pas pour t’abattre. Ils frapperont quand tu ne t’y attendras pas.

Je lui fais volte-face. Enfin, je leur fais volte-face. L’homme encapuchonné qui est avec elle n’a pas pipé mot depuis le début. J’imagine qu’il s’agit de son garde du corps ...

- Alors apprenez-moi à me battre !
- Idiote ! Si je suis ici, c’est que je n’ai pas su me battre comme il le fallait ! Si je suis ici, c’est parce que la Révolution a besoin de moi !
- Mais si vous êtes en vie, c’est aussi grâce à votre talent !
- Et c’est à cause de mon “talent” que j’ai une vie misérable !
- Arrêtez de vous prendre pour une merde ! Vous n’imaginez même pas ce que vous représentez pour moi ! Vous êtes encore utile, vous êtes mon dernier espoir, je peux encore reprendre votre flambeau et porter vos idées ! Vos envies et votre motivation peuvent encore vivre en moi et même inspirer beaucoup d’autres !

Je crois que nous nous sommes emballées ... La tension redescend dans le silence le plus totale. Seule la nature ose troubler ce silence pesant.

- Eh ben alors quoi ? Qu’est ce que t’attends ? Y’a du pain sur la planche !

J’écarquille les yeux, encore embués de notre petite dispute mais pire encore, de l’immense surprise et joie qu’elle me fait en acceptant ma requête.

- Premièrement, je t’interdis de t’intéresser aux Ponéglyphes en dehors de cette île tant que tu ne sais pas te battre.

J’acquiesce d’un signe de tête, radieuse.


Et c’est ainsi que j’ai appris à lire les Ponéglyphes ...
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