Luvneelgraad
PANIQUE.
Vous ouvrez la bouche. Vous l’ouvrez si grande que votre mâchoire se démantèle. Vous ordonnez à vos poumons de se rafraîchir, vous leur ordonnez de respirer, d’avaler de l’air TOUT DE SUITE.Malgré les ordres, vos voies respiratoires vous ignore, elles s’affaissent, se compriment, se sèchent, se raidissent, vous avez l’impression qu’onw vous bloque votre tuyau avec un pouce. Vous avez l’impression de respirer par un petit trou, semblable à une paille. Vous fermez la bouche, vos lèvres se craquent, vous les pincez. Vous voulez criez, mais vous n’émettez qu’un son rauque et lourd. Vous serrez vos mains l’une contre l’autre, vous dites bonjour à vos phalanges, vous leur ordonnez de briser le pouce qui retient ce tuyau. Une faille. Quelque part dans votre corps, une faille s’est ouverte, tel un barrage, une vague de sueurs froides s’emparent de votre corps. Vous voulez crier. Vous voulez crier de toutes vos forces, mais pour ça, il faut d'abord respirer.
PANIQUE.
A L'AIDE.
Si dans la pièce, il faisait une couleur noirâtre nuancée par la lumière de la ville, c’était le noir complet dans la tête de Léon. Il avait perdu ses sens naturels, plus aucun moyen de se déplacer, le haut, le bas, le droite, la gauche, tout est inversé, il ne savait plus où il en était. Il agita ses mains loin devant lui, sans toucher à quoi que ce soit. Il clignait les yeux, dans l’espoir que ses yeux s’habituent à l’obscurité. RIEN. Votre entourage se solidifiait, vous aviez l’impression d’être écrasé sous l’atmosphère. Ce n’était pas normal, l’air n’était pas censé être solide. Il voulait l’attraper avec ses mains, broyer fragment par fragment et les faire passer par le petit tuyau. Il voulait respirer, il doit respirer. Il DOIT.
A L'AIDE.
Un fragment de lumière apparut au bout du tunnel. L’obscurité se dissipait peu à peu, à chaque pas que Léon faisait, il courait pour y plonger dedans. Le tunnel se rétrécissait. Il devait faire vite, il devait s’approprier ce bout rayonnant. Il ne le lâchait plus des yeux, il ne clignait plus des yeux, l'architecte avait trouvé son échappatoire, il devait le faire. Il y était presque, il n’avait plus qu’à balancer son bras, dans un dernier espoir, pour le toucher. Les parois du tunnel touchèrent ses bras, il était bloqué, le moindre centimètre parcouru par son bras provoquait des douleurs empoignants, brûlant sa peau, ses os fondaient, les conjonctures entre elles se brisaient. Il tomba, tel un patin à qui on avait coupé ses fils, ses pensées s’effacèrent, la folie s’empara de lui, le noir le couvrit, il disparut en même temps que la lumière.
A L'AIDE.
A L'AIDE.
Une porte s’ouvrit, elle grinça, un bandeau de lumière s’échappa de l’entre-ouverture et vint frapper l’œil gauche de Léon. Un flot de sueurs s’échappa de son corps, il était essoufflé.
Monsieur Léon ? Désolé de me montrer si insolent, mais j'ai frappé plusieurs fois, et vous n'avez pas entendu, alors... Ah oui, vous vouliez qu'on vienne vous chercher au coucher du soleil, si ma mémoire est bonne, alors... Un garçon de l'hôtel l'ôta de son calvaire, avec une voix timide et une attitude tout aussi réservée. Sa silhouette se refléta sur le tapis mauve, les fibres de celui-ci se dessinèrent harmonieusement sous la corpulence de l'architecte. Le garçon de l'hôtel où il séjournait ne put s'empêcher de froncer les sourcils face à cette pièce anormalement froide et assombrie alors que le soleil avait à peine entrepris sa courbe descendante. Suite un geste de la main et d'un sourire de Léon, le concerné pris congé en fermant la porte, et retourna à ses activités.
Il n'était pas rare pour le corps et son cerveau de Lawliet de lui faire des coups pareils. Les chances que cela se produise étaient augmentées lorsqu'il était en déplacement pour plusieurs jours, et il ne s'expliquait pas la raison de ces faits. La première fois qu'Elena, sa femme, le surpris dans cet état à Manshon, elle ne sut comment réagir, complètement paniquée et désorientée. Depuis, elle a pris des réflexes : ne rien faire. Ce n'était pas une maladie, alors aucun manuel scolaire ne répertoriait des soins... Si Léon n'arrivait pas à s'expliquer ce qui lui arrivait, sa femme, elle, elle en avait une petite idée : l'architecte ne supportait pas d'être éloigné de Manshon au fond de lui. Mais ça, Léon ne l'a jamais accepté, lui qui voulait toujours partir de cette ville. La noirceur de la ville et la pureté de Léon se mélangeait harmonieusement, on ne pouvait pas séparer un ensemble, à moins de briser un des deux morceaux... Evidemment, Manshon avec son vice, sa perversion, sa cruauté était différent de Luvneel, qui lui était débordant de lumière, de bienveillance, d'amour civil pour une patrie. L'opposé de tout se trouvait ici.
Après plusieurs minutes à se reposer sur son lit, maintenant légèrement mouillé par toutes ses sueurs glaçantes, Léon se leva avec désinvolture et se déshabilla pour se vêtir plus proprement, parce qu'il fallait bosser, maintenant, même si le cerveau ordonnait le contraire, il voulait s'amuser, l'enflure. Et comme pour montrer sa déception, le cerveau laissait un joli cadeau pour vous punir : un très bon mal de tête, gratuitement. Dans la pièce de l'hôtel ni mauvaise ni luxueuse, Lawliet s'était dissipé avec le moins de désordre, à savoir une mallette avec des dossiers, plans, outils, de l'argent et un bagage pour des vêtements. Ni lui ni ses habits n'étaient en désaccords avec le décor minable de l'intérieur composé d'un lit simple blanc, un den-den mushi et des feuilles pour prendre note, posés sur un bureau aligné avec le lit, mais la chose la plus importante était la fenêtre : une vue sur la ville et ses lumières arc-en-ciel.
Comme la journée approchait sur sa fin, Léon s'était permis de s'habiller de manière moins conventionnelle, à savoir ne pas mettre le costume, ne pas boutonner toute la chemise mais laisser les 2 du haut ouverts, ne pas s'attacher les cheveux, mais surtout, ne pas se boutonner les manches. L'apparence professionnelle souhait une tenue parfaite, plus maintenant, ça n'allait qu'être une visite de routine au chantier dont il avait la charge, il était décontracté et heureux. Toutefois. Il y avait quelque chose dont il ne séparait pas, en déplacement : son sabre. Non pas parce qu'il voulait se battre, encore moins pour tuer, mais un sabre, avec des paroles froides, ça dissuadait les éventuelles attaques. Et c'est ainsi qu'il ouvrit la porte de sa chambre, les silhouettes des passants s'interposèrent sur les objets de l'intérieur, projetant leur ombre dans la pièce orangée par le soleil.
Dans la rue, les habitants de Luvnell n'étaient pas spécialement effrayés par la présence d'un homme avec un sabre, leur passé les avait accommodés à ce genre de pratique et extravagance. Dans une ruelle rayonnée par les rayons du soleil ou encore des magasins encore ouverts à cette heure-ci pour faire un peu de profit, l'architecte se promenait dans la foule, en se rendant au chantier situé à une quinzaine de minutes de marche plus loin. L'heure était propice à la joie, à la détente, aux sorties entre amis, aux retrouvailles, aux beuveries relaxantes, mais aussi prétexte pour arrêter de travailler. C'est dans cet optique qu'il se rendait là où devait s'élever un futur magasin, bien entamé pour l'instant. Dans ce genre de ville, le temps ne défilait pas, elle vous semble engorgée par quelque chose de mystifiée, une promenade vous relaxait plus que de raison, vous avez le temps de réfléchir intelligemment, sans bavures, le temps de profiter du vent, de le sentir s'infiltrer à travers votre chemise pour vous rafraîchir, bien sûr toujours accompagné d'un mal de tête...
Au loin, une cohue semblait se créer et grandissait de plus en plus, attirant l'attention des passants composés de curieux de deux camps : ceux qui passaient en jetant juste un coup d’œil, et ceux qui s'arrêtaient pour bloquer le chemin inutilement... Cette assemblée était différente, il y avait des gardes, une milice, l'ordre de la justice était présent, et rien de bien augure se passait avec ce genre de groupes sur place, et surtout, parce que son chantier se trouvait là. Léon dépêcha le pas de plus en plus, en ses cheveux se mouvaient avec violence mais néanmoins avec ordre et équilibre. De derrière le groupe, rien ne pouvait se voir, alors il força le passage en exprimant tout de même les formules de politesse, et se retrouva au 1er rang assez rapidement, plus rapidement qu'il ne l'aurait cru. Incompréhension. Le mal de tête revint plus violemment, des yeux se tournèrent vers lui, des phrases furent criées provenant de visages choqués, apeurés, blessés. Des corps sous des ruines, du sang mélangé à la terre.
Monsieur Léon ! Vous êtes enfin là !
Aidez-nous !
AAAAAAAAH !
Mon frère est mort, mon frère est mort !
Libérez le passage !
Par ici, par ici !!
Dépêchez-vous, bordel !
Un ouvrier plus en forme que les autres s'approcha d'un Léon absent, terrifié, déchiré de douleurs et d'haine, d'amertume. La destruction de son bâtiment le choqua bien évidemment, mais savoir qu'il y avait des morts la taillada encore plus...
Ce sont des pirates ! Des putains de pirates ont détruit le chantier ! Ils pensaient que ça allait encore servir de base pour des révolutionnaires ! Ces fils de putes ont tué mes camarades ! Aidez-nous, je vous en supplie... !
Un mal de tête encore plus violent l'attrapa.
Monsieur Léon ? Désolé de me montrer si insolent, mais j'ai frappé plusieurs fois, et vous n'avez pas entendu, alors... Ah oui, vous vouliez qu'on vienne vous chercher au coucher du soleil, si ma mémoire est bonne, alors... Un garçon de l'hôtel l'ôta de son calvaire, avec une voix timide et une attitude tout aussi réservée. Sa silhouette se refléta sur le tapis mauve, les fibres de celui-ci se dessinèrent harmonieusement sous la corpulence de l'architecte. Le garçon de l'hôtel où il séjournait ne put s'empêcher de froncer les sourcils face à cette pièce anormalement froide et assombrie alors que le soleil avait à peine entrepris sa courbe descendante. Suite un geste de la main et d'un sourire de Léon, le concerné pris congé en fermant la porte, et retourna à ses activités.
Il n'était pas rare pour le corps et son cerveau de Lawliet de lui faire des coups pareils. Les chances que cela se produise étaient augmentées lorsqu'il était en déplacement pour plusieurs jours, et il ne s'expliquait pas la raison de ces faits. La première fois qu'Elena, sa femme, le surpris dans cet état à Manshon, elle ne sut comment réagir, complètement paniquée et désorientée. Depuis, elle a pris des réflexes : ne rien faire. Ce n'était pas une maladie, alors aucun manuel scolaire ne répertoriait des soins... Si Léon n'arrivait pas à s'expliquer ce qui lui arrivait, sa femme, elle, elle en avait une petite idée : l'architecte ne supportait pas d'être éloigné de Manshon au fond de lui. Mais ça, Léon ne l'a jamais accepté, lui qui voulait toujours partir de cette ville. La noirceur de la ville et la pureté de Léon se mélangeait harmonieusement, on ne pouvait pas séparer un ensemble, à moins de briser un des deux morceaux... Evidemment, Manshon avec son vice, sa perversion, sa cruauté était différent de Luvneel, qui lui était débordant de lumière, de bienveillance, d'amour civil pour une patrie. L'opposé de tout se trouvait ici.
Après plusieurs minutes à se reposer sur son lit, maintenant légèrement mouillé par toutes ses sueurs glaçantes, Léon se leva avec désinvolture et se déshabilla pour se vêtir plus proprement, parce qu'il fallait bosser, maintenant, même si le cerveau ordonnait le contraire, il voulait s'amuser, l'enflure. Et comme pour montrer sa déception, le cerveau laissait un joli cadeau pour vous punir : un très bon mal de tête, gratuitement. Dans la pièce de l'hôtel ni mauvaise ni luxueuse, Lawliet s'était dissipé avec le moins de désordre, à savoir une mallette avec des dossiers, plans, outils, de l'argent et un bagage pour des vêtements. Ni lui ni ses habits n'étaient en désaccords avec le décor minable de l'intérieur composé d'un lit simple blanc, un den-den mushi et des feuilles pour prendre note, posés sur un bureau aligné avec le lit, mais la chose la plus importante était la fenêtre : une vue sur la ville et ses lumières arc-en-ciel.
Comme la journée approchait sur sa fin, Léon s'était permis de s'habiller de manière moins conventionnelle, à savoir ne pas mettre le costume, ne pas boutonner toute la chemise mais laisser les 2 du haut ouverts, ne pas s'attacher les cheveux, mais surtout, ne pas se boutonner les manches. L'apparence professionnelle souhait une tenue parfaite, plus maintenant, ça n'allait qu'être une visite de routine au chantier dont il avait la charge, il était décontracté et heureux. Toutefois. Il y avait quelque chose dont il ne séparait pas, en déplacement : son sabre. Non pas parce qu'il voulait se battre, encore moins pour tuer, mais un sabre, avec des paroles froides, ça dissuadait les éventuelles attaques. Et c'est ainsi qu'il ouvrit la porte de sa chambre, les silhouettes des passants s'interposèrent sur les objets de l'intérieur, projetant leur ombre dans la pièce orangée par le soleil.
Dans la rue, les habitants de Luvnell n'étaient pas spécialement effrayés par la présence d'un homme avec un sabre, leur passé les avait accommodés à ce genre de pratique et extravagance. Dans une ruelle rayonnée par les rayons du soleil ou encore des magasins encore ouverts à cette heure-ci pour faire un peu de profit, l'architecte se promenait dans la foule, en se rendant au chantier situé à une quinzaine de minutes de marche plus loin. L'heure était propice à la joie, à la détente, aux sorties entre amis, aux retrouvailles, aux beuveries relaxantes, mais aussi prétexte pour arrêter de travailler. C'est dans cet optique qu'il se rendait là où devait s'élever un futur magasin, bien entamé pour l'instant. Dans ce genre de ville, le temps ne défilait pas, elle vous semble engorgée par quelque chose de mystifiée, une promenade vous relaxait plus que de raison, vous avez le temps de réfléchir intelligemment, sans bavures, le temps de profiter du vent, de le sentir s'infiltrer à travers votre chemise pour vous rafraîchir, bien sûr toujours accompagné d'un mal de tête...
Au loin, une cohue semblait se créer et grandissait de plus en plus, attirant l'attention des passants composés de curieux de deux camps : ceux qui passaient en jetant juste un coup d’œil, et ceux qui s'arrêtaient pour bloquer le chemin inutilement... Cette assemblée était différente, il y avait des gardes, une milice, l'ordre de la justice était présent, et rien de bien augure se passait avec ce genre de groupes sur place, et surtout, parce que son chantier se trouvait là. Léon dépêcha le pas de plus en plus, en ses cheveux se mouvaient avec violence mais néanmoins avec ordre et équilibre. De derrière le groupe, rien ne pouvait se voir, alors il força le passage en exprimant tout de même les formules de politesse, et se retrouva au 1er rang assez rapidement, plus rapidement qu'il ne l'aurait cru. Incompréhension. Le mal de tête revint plus violemment, des yeux se tournèrent vers lui, des phrases furent criées provenant de visages choqués, apeurés, blessés. Des corps sous des ruines, du sang mélangé à la terre.
Monsieur Léon ! Vous êtes enfin là !
Aidez-nous !
AAAAAAAAH !
Mon frère est mort, mon frère est mort !
Libérez le passage !
Par ici, par ici !!
Dépêchez-vous, bordel !
Un ouvrier plus en forme que les autres s'approcha d'un Léon absent, terrifié, déchiré de douleurs et d'haine, d'amertume. La destruction de son bâtiment le choqua bien évidemment, mais savoir qu'il y avait des morts la taillada encore plus...
Ce sont des pirates ! Des putains de pirates ont détruit le chantier ! Ils pensaient que ça allait encore servir de base pour des révolutionnaires ! Ces fils de putes ont tué mes camarades ! Aidez-nous, je vous en supplie... !
Un mal de tête encore plus violent l'attrapa.
Dernière édition par Léon L. Lawliet le Mer 28 Juin 2017 - 21:16, édité 2 fois