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Tirez-moi nom de dieu, tirez-moi !

C’était pas le quartier le plus désagréable de Shimotsuki, peut-être même le plus populaire en fait. Un dojo au coin de la rue, des étales et des échoppes, cette effervescence aussi. Oui. Le commerce, l’artisanat donnaient un charme animé à l’endroit. Et puis il y avait cette ruelle étroite coincée entre une auberge et une forge dont la cheminée crachait une épaisse fumée, et le bruit du fer qu’on battait et qui rythmait les nuits. Inlassablement. De l’auberge la plus en vogue du quartier, les rires grivois se prolongeaient. Mais ce qui importait vraiment, derrière ces joies, c’était qu’au bout de la ruelle si sombre qu’on ne distinguait pas le fond il y avait cette ridicule palissade en bois qui séparait cette même ruelle d’une impasse. Et lorsqu’on frappait un peu dans la première planche, le passage cédait. Trop fin. Juste assez large pour un enfant, pour une maigrichonne peut-être.
Derrière encore, un escalier qui donnait sur une minuscule arrière-cour, carré, étroite, où d’un mur à l’autre on avait pendu du linge sur des fils pour mieux le faire sécher.
Et ce qui était important finalement, c’était qu’une troupe de danseuses résidait ici, qu’il y avait fort à faire et qu’on avait toujours besoin d’aide pour s’occuper des vêtements, pour étendre le linge, pour le laver, pour aider les filles à s’habiller, c’était toute la petite organisation de derrière, celle à laquelle personne ne pense jamais. C’était bien beau d’être un artiste, juste beau. Le reste ne se faisait pas tout seul, et à quoi bon perdre son temps pour se charger des basses besognes alors qu’on pouvait engager quelqu’un pour presque rien, juste en échange d'une paillasse dans une vieille cour délabrée à l'abris des regards, une couverture, et ainsi se donner tout entier à son art. Et tout en secouant à l’aide d’un bâton de bois la poussière qui se déposait sur le linge, Marylin se disait bien que c’était un peu abusé mais que ça valait mieux que l’emprisonnement ou les travaux forcés. C’était pas de bon ton à Shimotsuki d’être pauvre. Mais bon, la vie allait encore. C’était du travail, la soupe avait un goût de rouille mais c'était de la soupe quand même, du reste, elle se répétait que c’était provisoire. Pire. Y’avait de la fierté à abimer un peu ses mains.
_ Prend le cadeau qu’est là, c’est pour l’invité d’honneur de ce soir. Enfin il est invité mais on sait pas si y vient, donc tu lui apportes ça et tu lui dis de venir. Ca ferait du bien à la réputation si un monsieur important comme ça venait. On croule pas trop non plus tu vois. Si un monsieur comme ça il vient, les autres aussi y viendront, si les filles elles peuvent danser et qu'on vient les applaudir, alors y'a des robes à laver et à sécher bah donc tu peux gratter le fond de la marmite de soupe pour grossir un peu tes miches tu piges ? Tu vois où j'veux en venir ma fille ? Donc tu y vas, tu donnes. C’est les filles qui l’ont fait, j’sais pas trop ce que c’est, mais bon, on leur demande de danser pas d'faire la bricole. Puis après tu traînes pas hein les filles ont besoin qu’on leur repasse leur kimono, et moi j'vais avoir besoin d’aide pour préparer la salle. C’est pas que ça enchante les filles de jouer devant des marines, y connaissent rien à l’art, mais c’est des marines. Alors on la ferme et on fait un effort. C’est des bons partis tu vois. A choisir, y'a mieux, mais l’uniforme ça les excite faut pas chercher elles sont toutes jeunes, moi d'mon temps un honnête forgeron ça nous convenait. J’te dis pas ma fille, elles sont toutes comme des dindes, on dirait qu’elles reçoivent un prince... Ben alors, t’es encore là toi, faut y aller ma fille le ménage la livraison tout ça ça s'fait pas tout seul ! Même un bol de soupe ça se gagne.
Et la vieille à la fenêtre qui se taisait jamais, toujours à surveiller si le travail était bien fait. Elle était devenue bien aigrie. Avant elle dansait quand elle était jeune, moins tassée qu'aujourd'hui, quand elle n'avait pas besoin d'une canne. Elle ne le raconte jamais, mais tout le monde en parle encore aujourd'hui dans les coulisses. La légende veut que son pied ait touché les petites groseilles d'un élève du dojo il y a fort longtemps, et que son mari l'ayant surprise lui ait brisé ce même pied d'un gros coup de marteau. Cancans ou vérité établie, il n'empêche que la vieille ne danse plus depuis. Non maintenant, elle parle. Et c'est pire.
Alors toujours en râlant, la vieille lui jetait quand même une petite sculpture en bois, et c'était laid, et y'avait écrit Pour le Vice-Amiral avec des petits coeurs sur les i. Des dindes, elle avait raison la vieille.
_ Comment suis-je censée m'approcher d'un vice-amiral au juste ?
_ J'en sais rien. T'passes ton temps à dire que t'es bien née, que t'es une duuuuchesse. L'est temps que ça t'serve à quelque chose. Si la duchesse de machin boudin chose vient le voir, il va pas dire non. Donc si tu veux grailler plus tard, tu t'démerdes. Mais si j'tais toi quand même, bah j'irai à l'auberge d'à côté, les filles disent qu'elles ont vu des uniformes passer. Puis si c'est un homme un vrai not gaillard et qu'il aime la bonne boisson et pt'être aussi les jolies filles, c'est une bonne idée d'aller là. Parce que là, personne est farouche, tu piges ? Dandine un peu du cul, dis lui que vous dandinez toutes, c'est un homme, ça devrait suffire.
Alors Marylin, elle traçait son bout de chemin. L'arrière cour, l'escalier, la palissade. Mais elle ne passa pas la palissade. C'était bien beau de ne pas avoir de poitrine, d'être toute fine comme ça, mais c'était plus étrange encore d'avoir des hanches trop larges. Ca passait pas. Coincée entre deux murs.
Elle parvint tout de même à libérer une vision en poussant la planche pourrie de son long bras. Vue sur la ruelle étroite. Enfin presque, une partie. A la vérité cela tombait plutôt bien. Car c'était là que les clients de l'auberge voisine parfois venaient soulager leur vessie voir juste profiter de certains plaisirs charnels de la vie. Et tapie dans l'ombre elle fouilla la zone du regard jusqu'à ce qu'elle le vit, l'homme retourné contre un mur.
Et de sa voix la plus aigue, avec ses voyelles qui traînaient, qui s'allongeaient sur les secondes :
_ Excuseeeez-moi ! Oui vous ! Là. En train de faire ce que je pense que vous êtes en train de faire. Rangez votre attirail, il y a mieux à faire. Ca vous dirait d'aider une demoiselle en détresse ? Derrière-vous, l'andouille ! Approchez-vous, mais seulement si vous n'êtes pas une fripouille !
Elle réussit à avancer un bras dans la ruelle, et au bout du bras, la fameuse statuette innommable qu'elle agita dans l'air pour attirer l'attention du monsieur.
_ Tenez ceci d'abord, c'est une livraison. C'est très important d'accord ? C'est pour le Vice-Amiral de la marine. On ne plaisante pas avec ces choses-là. Ensuite mon tour. Car voyez-vous, il se trouve que je suis coincée si vous ne l'aviez pas encore remarqué. Ces choses-là arrivent figurez-vous. C'est très pénible, mais mon postérieur est pris en otage entre ses murs. Je vous assure que je ne comprends pas, j'ai beau suivre un régime draconien, je n'y peux rien : je suis une callipyge. Et ne pensez même pas à vous enfuir avec la livraison, je vous le dis, cette chose ne vaut pas un clou. Pas un vous entendez. Ca a juste le mérite d'être laid, indiciblement laid. Et c'est tellement laid que ça en est presque ridicule. Non attendez. Mieux. Tellement laid qu'on pourrait se demander si ce n'est pas à l'effigie de la personne à qui c'est destiné !
En insistant un peu, ce fut d'abord une tresse blonde qui se montra, puis tout un visage qui sentait la lessive, les joues rougies par l'effort, les yeux pétillants, la bouche rieuse.
_ Alors mon bon monsieur, auriez-vous l'amabilité de me décoincer ?
Elle tendit plus loin encore son bras dans la ruelle, ne resta bientôt plus que le bas de son corps qui ne parvenait toujours pas à s'échapper de là. Elle parut s'impatienter alors, avec toutes ces petites manies qu'elle avait, son bras qui insistait dans l'air, son sourire large, sa voix pressée.
_ Tirez-moi nom de dieu, tirez-moi !
    - « Donc, t’es en train de me dire que t’es coincée à cause de ton gros cul… ? »

    D’abord, la stupeur. Oui, parce que c’est pas tous les jours qu’on tombe sur pareille scène. Pour pas dire jamais quoi. Et puis, des meufs bien foutues avec une croupe saillante, c’est pas ce que j’avais jamais vu. Mais là, ça dépassait l’entendement carrément. Ensuite, les traits décrispèrent, les yeux s’illuminèrent et le fou rire survint, inévitablement. Il était gras, sourd, et moqueur à souhait. La scène était tellement ridicule qu’en une fraction de seconde, je me retrouvai au sol, les mains tenant le ventre, les larmes aux yeux. Et il me fallut pas moins de cinq minutes pour me calmer. Plus ou moins hein. Parce que même en me redressant, j’avais toujours un air railleur, narquois. Et le pire, c’est que durant tout ce temps, elle n’avait pas pu se libérer et personne n’était passé dans le coin. Si c’était pas la poisse ! Je finis par tousser plusieurs fois tout en continuant de me tenir le bide parcouru de crampes plus ou moins désagréables. Mais même malgré cet état, je n’arrivais pas à me calmer. Pour ce faire, plutôt que de l’aider ou prendre le truc qu’elle me tenait, je finis par me tirer de l’endroit. Comme un profond connard. Comme un bel enfoiré.

    Avant de revenir cinq minutes plus tard, comme si de rien était. Et elle était là. Toujours coincée.

    Avec la musique dans les environs, même si elle gueulait, personne l’entendrait.

    - « Merde ! J’peux pas tenir ! »

    Je finis par l’approcher avec un sourire terriblement inquiétant, pervers, puis je récupérai sa statuette histoire qu’elle ne me foute pas un coup sorti de nulle part. On sait jamais avec ces petites pestes. Car c’en était une à mes yeux par sa façon de parler. Pour justement la punir de ses mots déplacés et autres injonctions, je sortis un gros feutre noir de ma poche avant de ricaner, puis je me mis à lui griffonner des trucs à la gueule. Après un petit moment (où j’ignorai ses actes et ses paroles si jamais il y en avait eu), je rangeai mon arme dans la poche, me redressai et la contemplai avec un sourire carnassier, fier de moi : Un œil de panda, des moustaches de chat sur les joues, une barbiche au menton et le joli tag « gros cul » sur le front pour parachever le tout. Digne d’un vrai artiste quoi ! Personne ne pouvait faire mieux. Par la suite et sans prendre immédiatement parole, je jetai un coup d’œil à la statuette avant d’acquiescer. « C’est vrai que c’est moche ! » Puis je jetai l’objet un peu à l’aveuglette tout en haussant les épaules. Ledit objet se brisa après s’être fracassé à un mur. Une deuxième fois alors, je me retournai comme si j’allais l’abandonner.

    - « Tu permets que je me soulage ? Je suis sûr que tu m’le permets ! C’est que t’es une gentille fille. Les meufs qui ont un gros cul sont toujours gentilles ! »

    Et comme un goujat de première catégorie, je me mettais bien pas très loin d’elle. Exit le glamour. Fallait bien que je finisse ce que je n’avais même pas pu commencer. Le truc, c’est que je me vidais allègrement la vessie sur la statuette, ou tout du moins sur les parties qui la composaient. Une minute plus tard, je revins vers elle en remontant la braguette du jeans que j’avais porté. Sur mes épaules, une simple chemise blanche qui dévoilait mes pecs. Là pour une fois, j’étais bien heureux de n’avoir pas porté mon manteau de la marine, sans quoi je n’aurai pas pu m’amuser avec elle. Et j’avais pas fini. Loin de là ! « T’es d’accord pour te faire toucher par un gars qui vient de pisser ? J’veux dire, c’est crade pour vous autres non ? » Je me mis à rigoler. Ouvertement, je me foutais de sa gueule. Mais faut dire qu’elle l’avait mérité. Ceci dit, j’avais un peu pitié. Coincée comme ça, elle devait avoir mal aux hanches maintenant. Après, ça lui ferait une bonne leçon quoi. On a pas idée de parler comme ça à un mec de deux mètres et demi, baraqué comme pas deux et qui aurait pu avoir de très très mauvaises intentions. Question de jugeote, tout ça. Une blonde dans sa splendeur !

    - « Quoiqu’en fait, t’as pas tellement l’embarras du choix, nfufufu ! »

    En un clin d’œil et sans bavures, je l’avais tiré et extirpé du piège qui la tenait, sans trop lui faire de mal. Puis je l’avais plaqué contre moi, sans me gêner, avant de regarder par-dessus son épaule. Et quelle ne fut pas ma surprise ! « Putain de bordel de merde… » J’eus les yeux écarquillés ! Pour un gros derche, c’était vraiment un gros paquet ! J’étais "sur le cul" était c’était peu d’le dire ! Croyant à un mirage (La pénombre de l’endroit me jouait sans doute des tours !) je clignai les yeux plusieurs fois, mais rien à faire ! L’image qui s’imprimait sur ma rétine ressemblait à un rêve ! Le truc, c’est que sa gueule ne collait pas avec ce qu’elle se trimballait derrière. Et c’était comme si la nature avait fait exprès de rien foutre devant pour tout stocker à l’arrière. God ! J’eus alors un sourire un peu forcé. Les tenanciers du coin voulaient vraiment me séduire en m’envoyant cette meuf. Merde ! Ils voulaient vider ma bourse ou quoi ?! « Tu peux t’en aller voir ton charmant vice-amiral ! » Que j’lui avais dit, non sans claquer fermement l’une de ses gigantesques miches pour le plaisir de le faire, avant de la lâcher, la contourner et m’en aller, mains fourrées dans mes poches…

    Avec le rire moqueur qui s’imposait. Bien entendu.


    Dernière édition par Alheïri S. Fenyang le Dim 8 Jan 2017 - 19:35, édité 1 fois
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    Marylin n'en menait pas large. Malgré tout, elle avait ses grands yeux bruns qui ne pouvaient pas s'empêcher de suivre l'autre, un petit coup en haut pour distinguer un visage que dans la pénombre elle ne trouvait pas vraiment, et puis en bas aussi. Il se tordait de rire le bougre, et elle, elle restait là toute bête, la bouche pendante, peut-être même l'esprit vide. Des réactions comme ça, ça grille forcément quelques neurones au passage. Et en même temps aurait-elle pu lui en vouloir ? Non pas vraiment. Ce n'était pas seulement une histoire d'avoir l'air stupide. Ca l'était. Elle patienta, puisque c'était tout ce qu'il y avait à faire, puisque le grotesque de la situation le requérait. Mais tout de même, elle se disait bien Marylin qu'au fond ce n'était pas beaucoup de chance. Et quand il était parti, elle n'avait rien dit. Sur le moment, sa tête avait bien suivi. Elle l'avait bien vu s'éloigner, et si sa bouche demeurait scellée, c'était encore pour sublimer cette idiotie du visage.
    Lorsqu'il revint malgré tout, elle n'avait pas bougé le petit doigt, était restée au contraire dans l'exacte position dans laquelle il l'avait quitté. Et qu'est-ce qu'elle avait l'air bête une fois de plus, avec ces yeux fixes, avec cette bouche un peu grosse qui ne trouvait rien à dire, sinon cet étonnement. En vérité elle n'était pas stupide, seulement, et elle n'y pouvait rien, toute sa contemplation lui en donnait l'air.
    Elle n'avait pas crié encore lorsqu'elle avait senti le marqueur sur sa peau, tout au plus elle avait fermé ses yeux par réflexe et très fort, une petite grimace qui tordait ses lèvres vers le bas, un petit gémissement plus coquin que vilain.
    _ Vous ne vous refusez pas grand chose vous, n'est-ce pas ?
    Et une fois cela fait, elle n'avait pas non plus cherché à se débarrasser de la chose. Elle afficha un autre de ces sourires rieurs, puisque ceux-ci chez elle semblaient être une solution à tout. Quoique celui-ci disparut bien plus rapidement que les autres pour laisser place à l'horreur.
    _ Comment ? Vous comptez vous soulager ? Ici ? Devant moi ? Vous n'oseriez pas !
    Mais ce n'était pas tant de l'indignation, ou pas seulement puisque s'y mêlait un rictus nerveux, un tout petit scandale auquel elle ne croyait pas vraiment tant la situation lui semblait anormale. Et après tout, ce devait bien être une sacré fripouille pour s'adonner à pareille indécence. Et lorsqu'elle le vit s'éloigner, en comprenant l'intention, elle retint soudain son souffle et détourna le visage, les yeux bandés d'une seule main pour s'épargner les détails.
    _ Oh mais je vous en prie, puisque manifestement vous êtes si bien parti, faîtes comme si je n'existais pas, soulagez-vous donc ! Je m'en voudrai de vous mettre en retard dans cette noble tâche ! Je ne regarde pas. Je ne vois rien même !
    Car elle ne perdait jamais vraiment de cette ironie qui l'accompagnait toujours, aiguë, maniérée. Et se mordant les lèvres, elle dut supporter et la charmante odeur et l'exquis bruit qui accompagnait l'écoulement d'un nouveau ruisseau contre la petite statuette de bois brisée.
    _ A situations désespérées, moyens désespérés.
    Répondit-elle seulement, sa petite moue renfrognée devant la braguette à peine remontée. Et comme le salut semblait enfin là, Marylin tendit naturellement ses bras vers l'homme et se laissa faire. Et elle devait bien reconnaître que le maniement de la chose avait été plus délicat qu'elle ne l'avait escompté. Bien sûr, cela lui avait légèrement forcé encore sur ses hanches, mais on put l'entendre pousser un réel gémissement de plaisir, de soulagement en se sentant enfin libre de ses mouvements. Ou presque. Comme c'était pour mieux s'évader d'une prison pour en tomber dans une autre faîte de chair ! Nom de dieu, elle était mariée ! Voilà qui n'était pas approprié.
    _ Vous êtes répugnant vous le savez ? Bien bâti certes, visiblement, mais répugnant. L'un est une qualité, l'autre est un défaut qu'il vous faut corriger dans les plus brefs délais !
    Elle ne fit cependant rien pour repousser le torse contre lequel elle était plaquée, pour l'unique raison qu'elle avait récemment appris que les hommes s'émoustillaient particulièrement vite dès qu'on leur offrait un minimum de résistance. Aussi avait-elle convenu qu'il faudrait d'abord endormir leur vigilance en étant ni tout à fait disposée à céder ni tout à fait indisposée, ainsi apprenait-elle lentement à doser à la fois ses réactions ainsi que ses mots, comme elle préférait leur résister par la voix orale. Bien moins douloureux.
    _ Cessez de me reluquer. Cela n'est pas convenable. Vous n'êtes pas convenable d'ailleurs.
    Soudain elle poussa un petit cri de souris comme on en entend peu à vrai dire. Mais ça avait claqué et ça avait raisonné dans toute la ruelle peut-être ! C'était la première fois de sa vie qu'on lui donnait une fessée.
    _ Quelle est cette félonie ?! Je vous interdis de recommencer, vous m'entendez ? Je vous l'interdis !
    Mais il s'en allait déjà et elle braillait au loin, une main qui massait sa fesse toute endolorie. Rustre.
    _ Oh mais j'y vais de ce pas figurez-vous, voir mon charmant vice-amiral et nul doute que vous ne devez pas lui arriver à la cheville parce que l'homme ne doit certainement pas avoir vos manières ! Au plaisir de ne jamais vous revoir !
    Mais elle se lança tout de même à sa suite, tout en gardant une distance raisonnable, comme ils se dirigeaient par un curieux hasard dans la même direction. Et elle pouvait naturellement détailler à loisir le dos de son prétendu sauveur, ce héro, ce raté. Malgré tout c'en était un qu'il ne valait mieux pas chercher, elle le comprit à cette haute stature qu'elle n'avait pas remarqué de suite, sans doute trop occupée qu'elle avait été à sortir de cette impasse, à ignorer toutes ces mauvaises manières dont il empestait, oui. Mais n'était-il pas large des épaules, ne devinait-on pas le muscle sous le vêtement ? Elle avait senti. Sa main heurta le bout de son nez. Lorsqu'il l'avait si vulgairement plaquée contre lui, elle se souvenait de la texture du muscle, d'une épaisseur toute dure, de l'agréable toucher. Un agréable toucher ? Le bougre n'avait rien d'autre à n'en pas douter.
    _ Laissez-moi deviner. Vous êtes charpentier ?
    Un honnête métier tout de même voulait-elle lui donner. Il l'avait aidée, elle en était consciente, mais de la plus rustre des manières, le goujat ! Mais tout de même. Cela restait de l'aide. Elle plissa les paupières, et les yeux se firent plus étroits, plus sournois. Car elle songeait malgré tout, qu'elle lui en devait bien une.
    Elle avança, pressa le pas, se retrouva bientôt tout à fait derrière lui. Elle leva une jambe.
    Elle devrait sans doute le remercier, c'était vrai qu'il s'était mal comporté, comme on ne se comporte jamais parmi les aristo. Cependant elle avait appris que les petites gens possédaient des coutumes et des habitudes bien différentes, c'était ce qui faisait leur charme. Mais du charme, elle voulait bien lui en trouver, mais il n'en avait aucun, sinon celui de l'exotisme. On ne lui avait jamais tout à fait bien parlé depuis le début de cette aventure, c'était à cause de ces manières, elle ne l'ignorait pas. On ne changeait néanmoins pas de caractère comme on change de chaussettes, et à raison surtout si l'on ne possède aucune paire de rechange. Mais elle n'était pas mauvaise, Marylin. Il avait raison. C'était une gentille fille. Elle parlait beaucoup, s'indignait, agaçait autant qu'on l'agaçait, mais au final tout cela ne durait jamais bien longtemps comme elle avait toujours ce sourire, cette bonne humeur qui venait flirter sur les bordures de ses lèvres. Et la bonne humeur. C'était bien tout ce qu'il lui restait pour affronter la réalité.
    Ca. Et le bout pointu de son escarpin pour venir s'enfoncer dans la fesse gauche de son héro.
    _ Voyez-vous, je tenais à vérifier si vos fesses étaient aussi fermes que les miennes !
    Petit sourire narquois, regard espiègle et aguicheur, bras croisés sous sa poitrine inexistante, petite pose de circonstance, son pied toujours bien en place dans cet arrière train.
    _ J'ai changé d'avis. J'accepte de vous fréquenter et de passer la soirée en votre compagnie. Ce qui est en soit très généreux de ma part. Mais je dois tout de même faire une mise au point avec vous : je n'ai pas un gros cul. C'est le votre qui est trop étroit, la preuve en est...
      Et suite à son coup de pied bien placé, j’avais disparu, comme ça, d’un coup…

      - « T’as définitivement un gros boule, blondie. Laisse tomber ! »

      Pour réapparaitre tout juste derrière elle comme par magie ! La magie du soru, quoi ! Le tout avant de lui foutre une deuxième baffe bien sentie sur la miche déjà meurtrie par une première claque. Aussi sonore que la première, tiens. De quoi me faire sourire, encore. Sinon que pour son derrière, il n’y avait plus grand-chose à dire : Il était bien formé, incontestablement : Gros, rond, ferme, opulent. Le tout atrocement moulé par un pantalon à carreaux. De quoi tourner la tête à n’importe quel mâle dans le coin. Pour autant, là, à l’instant, ce n’était pas ce qui attirait mon attention, non. Ce qui m’avait frappé -Si l’on omet son coup de pied que j’avais encaissé sans broncher et que j’aurai pourtant pu éviter grâce à mon mantra-, c’était son caractère enjoué, joueur, fair-play. Là où j’avais cru qu’elle allait exploser de colère, ameuter tout un monde suite à un cri strident et aigu propre aux femmes de son espèce, rien. Juste quedal. Ce qui, d’une certaine façon, forçait le respect. Mon respect. D’autant plus qu’elle était en train de zapper un vice-amiral censé l’attendre. Elle et le présent. Présent horrible que j’avais fini par ruiner et dégueulasser comme un vrai sauvage. Mais si seulement elle savait que j’étais LE vice-amiral…

      - « N’empêche que tu changes vite d’avis comme de chemise ! Tu m’traites de répugnant, tu veux plus m’revoir et l’instant d’après, tu veux passer la soirée avec moi. T’avoueras que c’est bizarre ! Et puis c’est quoi, cette façon de parler d’ailleurs ? »

      Sans qu’elle ne puisse s’en rendre compte, j’avais fait usage de mon haki, enfin, pour sonder ses pensées et son caractère. Quelques secondes me suffirent alors à la cerner plus ou moins. A croire que j’étais tombé sur le gros lot ce soir ! Y’a des jours comme ça où j’avais le cul bordé de nouilles et pas qu’un peu. D’ailleurs, je finis par passer une main autour de sa taille, en bon conquérant qui se respecte, avant de me mettre à avancer avec elle, à lui imposer mon rythme de marche. Si elle voulait passer la soirée avec le gros rustaud que je feignais être, il n’y avait pas de raison de le lui refuser. Quoiqu’après, lui foutre un vent/râteau pourrait toucher son égo et rendre l’affaire plus intéressante lorsqu’elle viendrait à la rencontre du vice-amiral charmant et bien sous toutes ses coutures. « J’suis plutôt navigateur ma bonne dame ! Navigateur. Ceci dit, j’m’y connais pas mal en menuiserie, ouais ! C’est les paluches hein ? » Pour faire encore plus sauvage, j’avais fini par glisser une main sur l’une de ses fesses pour la peloter grassement comme s’il s’agissait d’une Escort ou d’une pute de bas-étage, tout bonnement. Ceci dit, avec l’odeur de lessive qui se dégageait d’elle et son haut pas vraiment propre propre, on devinait bien aisément qu’elle était une bonne.

      - « Et toi, bonniche j’suppose ? Ou bien serveuse ? Parce que pour être présentée à un vice-amiral fringuée comme ça… Faut avoir du cran, hahahahaha ! »


      Mais la plupart des bonnes qui se savaient attirantes, n’hésitaient pas à user de leurs charmes pour arrondir les fins de mois. Cliché ? Pas forcément. Dans ma vie, j’en avais connu énormément. Et j’en avais niqué aussi… Énormément. Celle-là frisait presque ce cliché. Presque. Parce que son parlé m’intriguait. Ses manières aussi. C’était clairement pas ceux d’une miséreuse. De quoi la rendre encore plus intrigante. Noble déchue, peut-être ? Petite fille gâtée que ses parents voulaient punir en lui imposant des corvées ? Sachant que j’avais pas affaire à une menteuse -ce que je sentais-, tous les scénarios étaient possibles. Pour autant, je ne la lâchais toujours pas. Surtout pas son postérieur avec lequel je m’amusais aux yeux de tous. Parce qu’on avançait maintenant dans des rues assez bondées où tout le monde pouvait nous voir, ce qui était marrant puisque tous ou presque me connaissaient ici. Non pas seulement parce que j’étais un vice-amiral puissant, riche, renommé, non. Mais aussi et surtout parce que j’étais l’un des bretteurs les plus puissants de ce monde. Que cette gamine ne connaisse pas mon visage m’étonnait là encore. Mais pourquoi pas. Inutile de se torturer l’esprit, puisque cette situation était à mon avantage.

      J’allais de toute façon bien me marrer avec elle !

      - « Voilà mon coin préféré ! On sert de bons trucs ici ! Tu vas voir, tu le regretteras pas ! Me fais pas cette tête ! Tu t’habitueras vite à mes mains, nfufufu ! »

      Après cinq à dix minutes de marche en mode collé-serré (Ok, je le lui avais imposé avec ma force), nous étions enfin devant un bar un peu miteux. Le genre pas très fréquentable. Sans hésiter, je m’engouffrai avec elle dedans, avant de constater qu’il était à moitié vide. Nous attirâmes les regards pendant quelques secondes seulement, avant que les bavardages et autres activités ne reprennent tranquillement. Si mon visage n’inspirait aucune crainte, c’est qu’il n’y avait pas de bandits dans les parages malgré les gueules patibulaires qu’on voyait çà et là. Je tirai ma proie du soir pour l’emmener à une table discrète, dans un recoin du bar, puis je posai mes fesses sur une chaise, avant de poser les siennes sur l’une de mes cuisses. J’étais assez entreprenant, mais elle n’était pas spécialement farouche. Pas de courtoisie ni de galanterie qui tienne. Elle n’était pas une noble, mais une pauvre fille paumée. Je n’étais pas un vice-amiral, mais un lourdaud qui passait pas à côté d’un bon parti, comme tout bon mâle qui porte ses couilles. Une serveuse moche s’avança vers nous pour prendre nos commandes. Sans laisser parler la pauvre blondinette, je commandai deux grosses chopes de bière, avant que ladite serveuse ne s’éloigne non sans avoir lorgné blondie.

      Pauvre gamine. Son péché est d’être une jolie callipyge.

      - « Regarde tous ces gars te mater… Dire qu'ils ont fait semblant de ne pas nous calculer à notre arrivée ! »

      Il y avait quelques œillades bien appuyées vers nous. Vers elle, surtout. Elle avait beau être plate devant qu’elle restait quand même très belle. Mais lesdites œillades en disaient long. Personne ne voulait avoir un vice-amiral à dos. Moi pour le coup, ça m’amusait franchement. « J’espère qu’il nous retrouvera pas, ton vice-amiral ! J’ai pas envie de finir en taule parce que j’ai ravi sa belle et foutu en l’air son cadeau ! » Petite pression pour voir comment elle allait réagir sur le sujet. Simple caprice ? Gout du risque ? Amour des bad boys comme toutes les gamines de son âge ? J’étais très curieux. Je voulais savoir. La serveuse revint avec nos chopes qu’elle déposa sur la table puis elle s’en alla non sans avoir remarqué, avec jalousie, que je caressais distraitement les formes de Blondie comme si de rien était. Clair qu’elle aurait aimé être à sa place. Qui n’aimerait pas un homme aussi bien bâti et sûr de lui ? Ça changeait des bledards et autres lourdingues assez moches qui puaient l’alcool à longueur de journée. « C’est quoi ton p’’tit nom d’ailleurs ? Tu voudrais pas que j’t’appelle Blondie ou gros cul, non ? Ah et me sors pas la réplique niaise comme quoi j’dois me présenter d’abord. » J’eus un petit rire avant de prendre mon verre et finir la moitié d’une traite ! Un soupir s’en suivit après ça, puis un rôt pour renforcer le côté peu élégant du "personnage" que je jouais.

      - « J’t’aime bien, gamine. Pour la soirée t’as dit hein ! Attends-toi à bosser toute la nuit ! »

      Sous-entendu salaces, caresses bien placées sur la croupe à l’appui et on était bon.

      Blondie était pas sortie de l’auberge !
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      Et c’était toute sa bouche qui était tombée, comme ça, grande ouverte, un hoquet d’étonnement, scandalisé aussi. Car il y avait ces choses qu’elle n’aurait jamais su expliquer, même avec la meilleure volonté du monde, et ça l’avait rendu toute drôle et toute émue de trouver sa jambe, son escarpin, le bout de son escarpin, le vide. Le vide. Là où elle malaxait il y a quelques secondes la chair, il n’y avait plus rien. Son pied poussait l’air, l’air poussait son pied. Et Marylin elle se disait que c’était un peu trop fou de disparaître comme ça, sans prévenir, que c’était juste un peu trop de tout pour un simple charpentier. Diablement pratique aussi. Comme elle aurait aimé s’évanouir dans l’air dans la seconde ! Car la vie de bien des façons devait s’en trouver fort bien plus commode. Si elle avait été bête, bien sûr, elle aurait pu revoir son jugement et appeler magie ce qui revenait au magicien. Mais elle n’en fit rien pour l’unique raison qu’elle ne croyait pas à la magie, seulement aux compétences infinies du corps, quand bien même les siennes laissaient terriblement à désirer.
      Et depuis ses lèvres charnues qui n’en finissaient plus de s’arrondir d’ahurissement, un râle offusqué tomba également, comme elle lui avait pourtant interdit de recommencer. Interdit ! Mais il y avait une chose dans ce bas monde qui lui apparaissait à présent indubitablement certaine ; c’était de dire que plus personne ne l’écoutait. Ainsi il devait s’agir d’une étrange coïncidence,  d’un lien qui devait tenir du surnaturel, son pied dans l’air, ses mots touchant le vide. Une répercussion odieuse, n’était-il pas ? Mais s’agissait-il une fois de plus de son imagination ou avait-elle bien découvert un complot visant à lui annihiler toute autorité ?
      Ses yeux roulèrent et semblèrent presque prêts à se retourner dans leur cavité.
      _ Bizarre ? Ca s’appelle être une femme, bien sûr que c’est bizarre ! Cessez de vous plaindre.
      Et tandis qu'il la saisissait par les hanches, qu'il pelotait grassement, qu'il s'amusait, pinçait, malaxait et toutes ces horreurs que les hommes font seulement parce qu'ils ne savent pas quoi faire d'autre d'une surface aussi large et aussi bien en chair, et bien, Marylin avait toujours ses bras croisées sous sa poitrine. Les jambes suivaient aisément, quoiqu'un peu brusquées.
      _ Vous navigateur ? Comme c'est commode ! Vous savez, vous avez plutôt une tête à vomir en mer.
      Et c'était ce sang-froid un peu terrible et très faux alors qu'elle ne faisait pas grand cas de ce qu'il lui faisait. Mais elle avait le pourpre aux joues à n'en pas douter. Là encore, c'aurait été lui accorder trop d'importance bien sûr de le lui faire remarquer. De cela hormis la gêne qu'elle éprouvait devant cette horde de civils qui ne cessaient de les détailler tous deux, en bas elle ne sentait pas beaucoup. C'était que les hommes s'imaginaient souvent que ça faisait perdre la tête aux filles, en vérité, ils étaient bien les seuls à en devenir cinglés.
      Mais là encore, son sourire venait répondre à tous, parce qu'il y avait une chose en plus que Marylin avait apprise ; lorsque plus personne ne reconnaît votre rang, vous pouvez bien prétendre devenir n'importe qui. Elle aurait de toute façon tôt fait de quitter cette île, et tôt fait de se faire oublier. Et n'allez pas croire non plus que, lorsqu'il lui fallait se trouver un navire pour aller d'îles en îles, ce n'était pas toujours en jouant les nobles auprès des vieux roublards qu'on s'en sortait, et parfois, juste pour dormir un peu tranquille, juste pour trouver quelqu'un, non pas pour ces relations très importantes, seulement pour se donner une protection d'un moment comme elle savait là encore que se défendre était une chose mais qu'être plusieurs sur une tâche, c'était bien mieux. S'il fallait donner un peu de soi, pour dormir vraiment sans regarder partout autour de soi toutes les cinq secondes, pour partager un repas, pour se donner un peu de cette chaleur humaine aussi que les gens rechignent toujours à vous donner seulement parce que vous n'avez pas l'air comme eux, et bien, elle le faisait. Quand bien même il fallait toujours disparaître, toujours, parce qu'on ne pouvait jamais se faire confiance.
      Lui non plus.
      Lui non plus elle ne lui ferait pas confiance. Marylin ne possédait que des ébauches sur la vie, mais elle savait comment ça fonctionnait un homme : ça pensait quelques secondes, quelques minutes voir pour les plus audacieux quelques heures avec le haut de leur tête, mais une fois le délai passé, le reste en bas les changeait en bonobo et ils entraient en période de rut comme des bêtes.
      Elle renifla. Comme cette position lui était tout de même inconfortable.
      _ Je ne suis la bonniche de personne.
      Il n'y avait pas besoin de chercher de justifications trop longues. La raison pour laquelle elle voulait soudain bien de cette armoire à glace, ce fut sans doute à cause de la charpente, des épaules en passant par le torse et en descendant jusqu'aux jambes. Puissance. Car elle savait bien que c'était l'occasion de se remplir la panse pour presque rien, pour un peu plus que ces fonds de marmite qu'on lui donnait. Ce rustre était une opportunité. L'opportunité d'avoir un peu plus que de l'eau chaude. Et est-ce qu'on savait seulement comme c'était difficile de passer une soirée dans un simple bar si l'on n'était pas accompagnée ? Ah ! Etre une femme, c'était autre chose ! Sans le sou, inutile de pointer dans les auberges convenables, surtout quand vous donnez l'impression d'être tout sauf convenable. Ne restaient donc plus que les bars miteux, et les merveilles à l'intérieur, la vinasse, les regards goguenards, des abeilles attirées par le miel. Et en l’occurrence, c'était toute une ruche qui lui collait aux basques.
      Et Marylin qui affichait toujours cet air dubitatif. Ce n'était pas la première fois qu'elle mettait les pieds dans un établissement pareil, mais, ça la laissait toujours toute drôle, toute intimidée un peu. Parce qu'elle savait. Elle savait que ce n'était pas sa place.
      Et si elle était bien mal à l'aise, elle ne ressentait aucune crainte, puisque c'était criant que le balourd qui se tenait à côté d'elle avait collé sur son postérieur une énorme étiquette, à moi. Alors il n'avait pas trop eu à la tirer trop fort pour l'obliger à s'asseoir sur sa cuisse, puisque cette même cuisse devait être en un sens plus propre que tous les sièges réunis.
      Poussiéreux à souhait.
      Il y avait également toutes ces effluves alcoolisées qui lui embaumaient les sens, anesthésiaient peut-être tout son être. Ou presque.
      _ J'aurai préféré de la viande.
      Son visage avait superbement ignoré l'évident agacement, l'évidente jalousie de la serveuse, et ignoré superbement tous ces hommes qui en coin lorgnaient dans sa direction. Elle savait qu'elle attirait les regards. Et croyez bien qu'elle les avait toujours attirés, qu'elle fut négligée comme accoutrée de ses fanfreluches, de ses parures et de ses édifices capillaires.
      Et lorsqu'on leur apporta la commande, cette serveuse toujours qui la regardait d'un mauvais oeil. Une malheureuse. Car avec un visage pareil, il fallait bien que la vie n'eut pas été très tendre.
      _ Je sais qu'ils regardent. Ils regardent toujours. Parce que je viens de devenir bien malgré moi la chose la plus intéressante qu'il leur sera donnée de voir ce soir. Peu importe. Aucun n'oserait s'approcher. Vous leur faites peur.  
      Mieux valait en supporter un que dix à la fois. C'était une autre de ces certitudes que Marylin avait récemment apprise.
      Elle avait eu un autre de ses sourires en coin en se penchant vers l'avant, coudes sur la table.
      _ Personne ne finira en prison. Aucune chance. Je n'appartiens à personne, pas même à un vice-amiral, et surtout s'il ne sait même pas à quoi je ressemble. Je devais juste lui transmettre une livraison. Livraison que vous avez détruite. Et vous avez bien fait finalement. De quoi aurai-je eu l'air, moi, en donnant quelque chose d'aussi indiciblement laid à quelqu'un d'aussi important ?
      Ce qui la désolait, c'était surtout que la vieille peau qui l'embauchait allait encore lui donner une leçon. Et personne n'aimerait ses leçons. Parce qu'elle parlait si mal qu'on ne comprenait jamais ce qu'elle disait, alors la plupart du temps elle faisait oui de la tête, Marylin, en attendant que ça finisse. Et elle s'excusait sans même savoir de quoi. Et ça durait sans même donner l'impression que ça allait se finir. Elle l'avait à l'usure. Remarquablement payant, cela dit. Mais si elle ne persuadait pas l'homme de venir assister à son ridicule spectacle de danse, l'autre ne la paierait pas, ce qui en soit n'était pas très grave puisque cette esclavagiste se contentait de lui donner le fond de la marmite.
      _ Vous avez déjà mangé de la rouille ? Moi oui, je ne vous le recommande pas.
      Et enfin, ce qui était important c'est qu'elle ne l'obligeait pas à quitter la petite cour dans laquelle elle lui permettait de dormir, c'était pas que c'était confortable mais au moins c'était à l'abris, et surtout, surtout, elle pouvait s'endormir tout en sachant que le lendemain elle se réveillerait.
      Et elle parlait sans trop en dire Marylin, voir en expliquant rien du tout, rien d'important finalement, le regard un peu vague, en écumant d'un doigt la mousse de sa choppe.
      _ Dans la vie, on cherche ce qu'on mérite et on mérite ce qu'on cherche.
      Il avait raison le bougre aussi. En parlant et en réfléchissant tant, elle avait finalement oublié les mains qui chevauchaient le galbe de ses fesses.
      _ Donc finalement, le vice-amiral, si on le cherche pas on le trouve pas. Je ne suis pas certaine de savoir à quoi il ressemble de toute façon. Il serait sûrement fait un peu comme vous. En moins salace j'imagine. Et en uniforme au moins. Et est-ce qu'on a besoin d'ailleurs d'être taillé comme un bœuf pour être navigateur ? Vous êtes sûr que vous n'êtes pas bûcheron à tout hasard ? C'est comme ce que vous avez fait tout à l'heure, disparaître comme ça. Un homme ordinaire, ça ne fait pas ça, je vous assure. Il y a quelque chose que vous ne dîtes pas, je le sens.
      Ses mains se refermèrent sur la choppe, qu'elle souleva non pas sans une certaine maladresse. C'était la première fois qu'elle buvait de la bière.
      _ Enfin, peu importe ce que vous faîtes de votre vie. Ca ne m'intéresse pas. Ce qui m'intéresse en revanche, c'est votre allure. Je ne sais pas ce que vous faîtes mais vous les effrayez tous. Et même la serveuse, elle vous regardait d'une drôle de façon, d'une façon qui n'est pas convenable même. Donc ce qui m'importe c'est que vous continuez à leur faire cet effet-là, à tous, qu'ils me laissent tranquille le temps que je finisse. Vous n'avez aucune autre utilité dans l'immédiat. Et vous devriez même vous sentir honoré ; c'est bien plus gratifiant que de s'attirer les regards lubriques d'une serveuse qui ne vous voie que comme un potentiel morceau de viande.
      Et après avoir tant parlé, elle pencha la lourde choppe et sentit se répandre le nectar alcoolisé qui lui réchauffa presque instantanément tous les membres de son corps. C'était cela, le mystique et merveilleux pouvoir de la bière.
      Elle fit tout de même une légère grimace, comme c'était la première fois qu'elle en buvait, et se retourna finalement vers l'homme, sa petite moustache de mousse qui auréolait sa bouche.
      _ Je suis la Duchesse Marylin Pervenche de Provence. Le protocole voudrait que j'accompagne mon entrée d'une révérence mais au diable le protocole ! Vous n'êtes personne. Et moi non plus. J'ai perdu toute crédibilité et vous devinez aisément pourquoi.
      Et elle avait eu son petit sourire espiègle, ses yeux chafouins toujours.
      _ Ca vous en bouche un coin, n'est-ce pas ? Votre tour maintenant... Étonnez-moi.
      Qu'il l'étonne oui, pour la soirée. Et uniquement pour la soirée. Car elle disparaîtrait bien assez tôt dans les dédales de la ville.
        - « Et si je dis que j’en ai pas envie ? De t’étonner, j’veux dire… »

        J’eus un petit sourire fin en la regardant avec un air doux, presque protecteur. Une duchesse, rien que ça ! Et le pire, c’est qu’elle mentait pas du tout la gamine ! Je pouvais le sentir. Sa gestuelle, son regard, sa spontanéité, ses caprices et ses manières aussi… Tout ou presque indiquait qu’elle était vraiment une noble. J’aurai pu lui rire au nez histoire de donner plus de profondeur au gars que je jouais, mais la p’tite blonde était fine d’esprit. Ses soupçons étaient fondés et trop de comédie me trahirait sans aucun doute. Fallait-il pour autant botter en touche ? Bien sûr que non. « Appelez-moi Salem. Je ne suis qu’un simple navigateur. Désolé de vous décevoir, madame la duchesse ! » Là par contre, je me mis à ricaner, moqueur, comme toujours, non sans lui avoir assené une énième gifle sur la même miche, ce qui, bien évidemment ne manqua point d’attirer des regards et moqueries. Par contre, c’est suite à cette fessée que je me rendis compte que j’étais en train de tripoter une meuf sans doute mariée. La femme d’un duc. La situation m’arracha finalement un fou rire. Sérieux ! Comment elle s’est arrangée pour finir dans cette situation ? Une fugue ? Caprice d’une femme pas du tout satisfaite par son pov’ mari ennuyant comme personne ?

        Encore une fois, tous les scénarios étaient possibles.

        - « Vu ton importance, j’comprends mieux pourquoi t’es celle qu’on devait présenter au vice-amiral ! Faudrait p’être pas que je te touche finalement ! C’est pas toi qui va te plaindre dans tous les cas ! »

        Et sans qu’elle ne puisse bouger le petit muscle, je la soulevai de ma cuisse pour l’installer sur un siège à côté du mien. J’voulais bien la niquer. C’était clairement pas l’envie qui me manquait. Mais tirer sa crampe avec une femme mariée, paumée qui plus est ? Pas mon kif. Je me mordis la lèvre, imperceptiblement. Ça me faisait presque mal au cœur tout ça ! Mais j’étais pas un connard en vrai. Pas un "profond" connard si vous voulez… J’étais un gros queutard, mais j’avais des principes. Et puis, j’ai été marié moi aussi. Je pouvais voir de loin la détresse de son mari. S’il savait que sa meuf se faisait tripatouiller et peut-être même fourrer par des inconnus, il frôlerait l’infarctus. Parce que dans ma tête, ouais, je le voyais vieux. Vieux chauve avec beaucoup de bide. Mais immensément riche. Un énième cliché dans ma tête qui m’arracha un sourire alors que je sortis de ma poche un zippo et un paquet de clopes bon marché. L’instant d’après, je profitais d’une bonne taffe. Je fis également signe à la mocheté qui servait de serveuse, avant de reposer mon regard sur ma compagne d’infortune. Elle avait l’air paumée, mais pas malheureuse pour un sou. La fugue était plus que probable. Inutile de lui proposer mon aide pour rejoindre son mari.

        - « Deux gros plats de viande ! N’épicez pas trop l’un d’entre eux ! Elle risquerait de s’étouffer, la p’tite duchesse ! »

        J’eus un sourire charmant pour la serveuse qui avait déjà les yeux pleins d’étoiles ; sans doute à cause du fait que j’avais retiré Blondie de ma cuisse. Et c’est en gambadant presque qu’elle s’en alla prendre commande. Comme si elle avait une chance. Pauvre fille. Je la laissais bien volontiers à d’autres personnes. J’étais de bonne foi et je versais parfois dans l’abnégation, mais là, non. C’était mort. « On va dire que j’suis d’humeur assez généreuse. C’est moi qui offre ! Ah, vous en faites pas. J’le toucherais plus votre cul. J’ai mal pour votre pauvre mari, vous savez ! » Et là, elle put discerner un sourire non pas moqueur comme d’habitude, mais amical. Peut-être que j’aurai mieux fait de ne pas lui demander son identité. Même pas le temps de placer une autre phrase que la serveuse revint avec deux gros plats fumants. Rapide ! Mais l’odeur avait de quoi titiller les narines et faire gronder les ventres. Lorsqu’elle disposa les plats, je m’amusai moi, à sortir une liasse de billets de ma poche pour les fourrer dans ses loloches. Elle avait beau être moche, qu’elle pouvait se vanter d’être mieux que la duchesse sur un point : Les boobz ! Moche du visage mais bien roulée. Elle devait de ce fait avoir quelques prétendants. Y’a des gars qui faisaient pas les difficiles dans la vie.

        Pis, niveau cul, elle était pas mal, mais Blondie la surpassait de très loin.

        - « Garde la monnaie... »

        - « M-Merci… Vice-ami… »


        Sans qu’elle ne puisse finir sa phrase, j’avais placé en vitesse un doigt devant ses lèvres, le tout agrémenté d’un clin d’œil malicieux. La serveuse, toute rouge, fila aussitôt. Heureusement d’ailleurs ! Elle avait été à deux doigts de me balancer. Blondie allait le savoir tôt ou tard, mais je voulais faire durer le jeu un peu plus. Il n’y avait plus de tension sexuelle de mon côté, mais je pouvais au moins m’amuser sur ce terrain. Je finis par jeter mon mégot au sol, avant de l’écraser tout en regardant les plats qui nous avaient été servis. C’était pas le grand luxe, mais ça avait l’air mangeable et ça sentait bon. Elle ferait pas la fine bouche, notre duchesse. Je comptai attaquer mon plat quand quelqu’un rentra dans le bar. Tous les regards convergèrent vers l’entrée dont le mien. Se tint devant nous un groupe de cinq gars. Si quatre d’entre eux étaient baraqués et en uniforme, celui en avant se distinguait par la richesse de ses fringues, sa gueule d’ange et ses cheveux bruns plaqués vers l’arrière. Un étranger. Un aristo ! Le genre raffiné, élégant, tout ça. Et dès que ses yeux se posèrent sur Marylin, il se précipita aussitôt vers elle ! La révérence tout d’abord, puis il s’agenouilla devant elle en lui saisissant une main, m’ignorant royalement !

        - « Marylin ! Depuis le temps que je vous cherchais ! »

        Ce type n’était autre qu’un marquis, courtisan de Marylin. Le genre bien collant, qui n’abandonne jamais et qui est capable de claquer des sommes astronomiques pour des futilités. Là en l’occurrence, il avait dépensé une fortune pour retrouver « sa bien-aimée » depuis qu’il avait appris qu’elle avait quitté son mari. Drama. J’eus un soupir. Un air de déjà vu quoi. Je me levai donc sans un mot en souriant avec ma chope. Le dernier clin d’œil que j’adressai à la blonde sans lui adresser parole en disait long : « Bah voilà, tu l’as ton pigeon, ton sauveur. T’auras pas à donner du tien avec lui. Sois contente ! » Puis je me tirai dans le plus grand des silences. Même les gardes du marquis ne firent pas attention à moi, ce qui m’arrangea bien. Une fois dehors, je m’étirai longuement, avant de prendre une direction au hasard. Sauf qu’après quelques pas, j’entendis plusieurs cris de détresse. Il ne m’en fallut pas plus pour courir vers le lieu du drame pour constater qu’il y avait un incendie. Et des gens coincés à l’intérieur ! Une mère affolée pleurait déjà ses jumeaux, retenue fermement par plusieurs personnes, sans doute parce qu’elle voulait se jeter dans les flammes. Là encore, scénario classique. Mais pas de quoi effrayer un vice-amiral, hé.

        - « Ayééé ! C’est parti ! Donne-moi ça toi ! »

        Sans demander son avis, j’arrachai une veste d’un type pas loin de moi que j’allai mouiller dans un seau rempli d’eau qu’un mec comptait vainement utiliser, avant de me précipiter dans les flammes sous les yeux ahuris de la populace présente. Le suspens fut plus ou moins long. Cinq minutes, quelque chose comme ça. Avant que je ressorte brusquement avec les gosses dans mes bras. Enroulés dans la veste humide. La mère se précipita vers nous et récupéra ses gosses avant de pleurer à chaudes larmes. Ils étaient sains et saufs. Pour ce qui était de l’incendie, je laissais bien volontiers la main aux gens dans les environs qui s’activèrent aussitôt. J’avais quelques brulures, mais rien qui puisse me faire grimacer. J’avais connu pire. La mère, ainsi que sa famille me remercièrent vivement. Le "merci vice-amiral" était la phrase qui revenait le plus souvent d’ailleurs. Mais gêné par tant de réactions alors que je n’avais fait que mon devoir, je m’éclipsai rapidement, avant de m’allumer une clop. Je l’avais mérité. Je me postai quand même contre un mur, dans une ruelle pas très éloignée de la scène, histoire de les surveiller un peu et d’intervenir si jamais ça dégénérait encore une fois. Et puis j’avais ce petit sourire aux lèvres. Le sentiment du devoir accompli, quoi.

        Ça, ça n’avait vraiment pas de prix.
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        Les encouragements des civils formaient comme un fond sonore, tandis que les flammes réchauffaient malgré tout le lieu, s’évadaient dans la nuit noire en de fins filaments qui montaient jusqu’au ciel. Une chaîne humaine paraissait domestiquer le feu. Et c’était presque apaisant lorsqu’on se tenait ainsi en arrière-plan. Ou non. Ce qui était apaisant, c’était l’homme, c’était Salem, dos au mur, clopinette au bec. Les jumeaux saints et saufs aussi. Les acclamations qui avaient retenti.
        Merci vice-amiral.
        Sa silhouette avait surgi de l’ombre, de sa démarche assurée et lente. Entre chaque main leur chope qu’ils n’avaient pas vidé, et qu’elle avait outrageusement emporté dès que l’homme fut sorti du bar, abandonnant là son Marquis aux foudres d’une serveuse très mécontente d’avoir vu deux de ses verres se faire la malle.
        _ Tenez. Vous avez bien mérité de la finir, monsieur. Vous êtes un héro. Pervers. Mais chacun a bien droit de porter sa petite tare. Héro quand même.
        Telle était la conclusion qui s’imposait tandis qu'elle entrechoquait sa chope contre la sienne.
        Sa silhouette vint s’avachir alors contre le mur, son épaule frôlant celle de l’homme, une jambe croisée sur son genou, un pied, un talon qui bousculait l’air de quelques va et vient. La chope qu’elle portait déjà contre ses lèvres.
        _ Il faudrait soigner vos brûlures. C’est bien vilain tout de même.
        Un instant de silence, songeuse. Son pied tapota doucement la jambe de son voisin.
        _ Un navigateur, c’est cela oui. Menteur.
        Elle n’était pas fâchée bien sûr. Elle restait fair-play Marylin, et oserait-on dire qu’elle n’en avait pas trop abusé non plus ? Oh. Elle abusait toujours, dirait-on encore. Vice-Amiral ou non.
        Son regard suivit bientôt l’avancée de l’extinction du feu.
        _ A mon tour, maintenant.
        Elle s’élança soudain, posa sa bière au sol, fit quelques pas, se posta un bref instant devant le dit vice-amiral qu'elle attrapa par le col de la chemise, sans gêne. Elle détailla dans la pénombre le visage. Elle n'en revenait toujours pas. Toujours l'air bête.
        Il s'agissait bien du même homme, indéniablement. Et sa figure si près de la sienne que les deux se seraient presque touchées, ses yeux dans les siens, qui fouillaient, son souffle qui roulait presque contre le sien.
        _ Vous. Vous ne bougez pas. Je vais m'occuper de vous. Pas parce que vous êtes un vice-amiral, ça ne change rien, parce que c'est même ridicule que ce soit vous le vice-amiral. Ridicule. Vous êtes juste le malotru qui m'a fessé toute la soirée. C'est tout. Mais comme vous m'avez aidé dans la ruelle, que vous m'avez offert à boire et à manger, je vais soigner vos brûlures.
        Elle le lâcha et s'éloigna encore, s’étira, et sembla se diriger vers le feu qui sévissait. Elle ne sauterait certainement pas à l’intérieur, ce genre d’héroïsme, ça restait pour les autres, pour un autre calibre. Cependant il y avait ces petites choses qui, une fois alignées les unes à côté des autres formaient de grandes choses. Des petites pierres sur des petites pierres, murs après murs. Elle pouvait au moins porter un seau.
        C’était ce qu’elle aurait voulu faire.
        Elle n’eut même pas le temps de quitter la rue.
        Une voix déjà qui semblait provenir des tréfonds appelait son nom.
        Marylin.
        Une silhouette qui se précipitait vers elle.
        Elle s’immobilisa.
        _ Après tout ce temps qu’il m’a fallu pour vous retrouver, vous n’avez plus besoin de fuir… Rentrons et marions nous !
        Surréaliste.
        Elle grimaça.
        Le marquis étendait ses bras dans une étreinte qu'il désirait large. Il manqua d'engloutir notre demoiselle qui s'éloigna de l'illuminé de quelques pas gracieux vers l'arrière.
        Et si elle était agacée d'avoir été retrouvée, d'être à présent suivie, courtisée même, et plus encore contrariée qu'on puisse seulement lui ordonner de la sorte de rentrer et d'épouser, elle n'en montra rien, demeura courtoise.
        _ Comme je vous l'ai expressément expliqué un peu plus tôt, cela ne se fera pas.
        _ Comment cela ? Mais je vous aime Marylin !
        _ J'entends bien, vous n'avez que ce mot-là en bouche depuis le premier jour où nous avons été présentés...
        Ceci étant dit, elle nettoya expressément la crasse d’un genre d’écrou qu’elle portait à l’index, pour mieux laisser apparaître un fin anneau d’or blanc qu’elle brandit non pas sans fierté sous les yeux ahuris de son soupirant.
        _ Diantre ! Vous êtes toujours mariée !
        _ C’est exact. Et je trouve scandaleux que vous puissiez suggérer un seul instant que j’abandonne mon titre de Duchesse pour devenir Marquise, alors que votre domaine ne fait pas même la moitié de celui de mon époux le Duc de Provence !
        _ Mais…
        _ Certes, je vous accorde que votre capital de beauté surpasse largement celui du Duc.
        _ Vous le dîtes ! Le Duc est immensément riche mais il est ridicule ! Ridicule ! Epousez-moi !
        _ Vous m'enquiquinez. Le Duc de Provence n’est peut-être pas beau, mais c’est un homme avisé, juste et bon. Autant de qualités qui vous font défauts mon cher Marquis. Et son âge le rend sage. Puisque celui-ci a au moins la décence de me laisser voyager en paix !
        _ Voyager…Voyager ! Attendez ma dame qu'il vienne vous chercher ! Vous ressemblez à une vagabonde, une… Une pauvresse, une bonniche ! Vous êtes sale, et, et le Duc le saura !
        _ Il n’en saura rien puisque vous ne lui direz rien.
        _ …
        _ Que croyez-vous qu’il se passera lorsque j’informerai le Duc de votre trahison ? Car il sera ravi d’apprendre le déshonneur que vous lui faîtes en vous lançant à la poursuite de sa très chère femme et en la lui ravissant de surcroît. D’autant plus me semble-t-il que votre famille a quelques affaires d’argent avec mon époux. Un mot de moi, un seul, et il en est fini de vous Marquis.
        _ Cela ne se passera pas ainsi ! Si je ne peux vous avoir alors personne ne vous aura !
        Et il avait maladroitement dégainé son sabre, tout emporté qu’il était. Il donna un coup devant lui que Marylin évita hasardeusement en glissant en arrière. Elle tomba à la renverse et recula machinalement jusqu’à heurter de son dos les jambes du vice-amiral.
        Le Marquis se mit en position, épée en avant, son bras relevé, coude plié au-dessus de sa tête.
        Marylin se retourna alors vers le seul homme capable de la tirer de ce mauvais pas.
        _ J’accepte votre duel et voici mon champion. Il s’appelle Salem et c’est un honnête navigateur. En avant Salem ! Sauvez-moi !
        Et le marquis s’était redressé. Il était jeune et fringuant mais à la façon dont il tenait son épée on devinait aisément qu’il avait certes les bases de l’escrime mais que ce n’était certes pas un escrimeur émérite. Il observa le dénommé Salem d’un œil mauvais, puis tout à fait sceptique, puis tout à fait effrayé lorsqu’il se rendit compte que l’homme le dépassait aisément en taille et en muscles. Il ne se dégonfla pas néanmoins. Montrer son cœur faiblissant à sa belle ? Jamais ! Il irait jusqu’au bout.
        _ Vous n’avez pas le droit, c’est de la triche ! Monsieur, éloignez-vous, cela est une affaire qui ne concerne que ma bien aimée et moi-même ! Eloignez-vous de cet homme Marylin, affrontez votre destinée ! Car votre destinée, c’est moi et seulement moi. Car nous serons tels les amants maudits, je vous trouerai le cœur comme vous avez percé le mien de vos mots acerbes puis je me donnerai la mort pour vous rejoindre dans l’au-delà et nous serons ensemble pour l’éternité !
        _ Vous avez passé la soirée à me caresser, vous me devez bien ça... Vice-Amiral Fenyang.
        Déglutissant péniblement, les yeux qui n’osaient pas vraiment tenir le regard de l’homme, le marquis préféra reporter son regard sur celui de Marylin qui si elle n’était pas apeurée fixait tout de même l’épée folle d’un œil attentif. Le marquis, tirant la langue, d’un geste prudent, sans être réellement rassuré, pointa le bout de sa lame sur le visage de sa bien-aimée, et pour montrer sa détermination, d’un coup sec et soudain inspiré, dessina sur la joue de la belle une grossière entaille.
        Et les yeux de Marylin comme des petites billes se firent ronds. D’une main sur son visage, elle retira ce nectar rouge et chaud qui tâchait maintenant l’extrémité de ses doigts. Car le sang brûlait son épiderme et perlait sur son visage en une petite rivière qui parcourait toute l’étendue de sa joue.
          Sans un mot et sans plus tarder, mon poing s’écrasa sur le pif de ce putain de marquis. Percutant. Impitoyable. D’une violence effroyable et inimaginable. Ce satané de noble n’eut même pas le temps de réaliser qu’il avait été attaqué, tant le geste fut extrêmement rapide ; et son corps fusa façon missile vers une maison qu’il traversa complètement. Rectification. Pas qu’une. Une dizaine. Une dizaine de baraques ravagées par son vol plané forcé. De quoi buter n’importe quel homme normal. Ceci dit, je sentis à travers mon haki qu’il lui restait un souffle de vie. Si on le transportait vite à l’hôpital, il pourrait certainement survivre. Mais sans une bonne partie de ses membres. Handicapé à vie quoi. Devrais-je craindre des représailles ? Oh que non ! J’étais un vice-amiral, non seulement ça, mais j’étais aussi de la haute noblesse. De la très haute noblesse, bien que ce fait ne me faisait pas particulièrement plaisir. Mon père aussi, d’ailleurs. Nous étions deux vice-amiraux et ces grades suffisaient largement à tenir en respect tous ceux qui voulaient nous chercher des noises. Qui plus est, j’avais toute la reconnaissance de la famille royale d’Alabasta, ayant été décoré par elle pour mes loyaux services envers la nation. Intouchable donc. Sur tous les aspects, ou presque. Mais tout ça, on s’en foutait. Le simple fait d’avoir voulu buter une meuf sous mes yeux valait un aller simple pour la taule. Mais j’me faisais généralement pas chier avec les procédures habituelles.

          Il voulait clamser non ? Eh ben, qu’il crève tout seul, ce gros con !

          - « MAIIIIIITREEEEE !!! »

          L’un de ses gardes, pris d’une rage soudaine, dégaina son épée et m’attaqua. Il me porta un coup d’estoc, mais sa lame, plutôt que de se planter dans ma chair, se tordit carrément au contact de ma peau. Sans bouger, j’avais tout simplement fait usage du haki de l’armement. Je me retournai alors vers le pauvre petit con qui ne connaissait pas sa place et qui avait osé me charger, avant de lui foutre une pichenette sur le front. L’instant d’après, on put le voir profondément encastré dans un mur façon phonéglyphe. Lui par contre était juste assommé. Avec deux ou trois côtés cassés, sans doute. Il pouvait s’estimer heureux. Je me tournai alors vers les hommes restants du marquis qui se mirent à grimacer, à trembler et à reculer lorsqu’ils virent mon regard froid et ma face presque déformée par la colère. Non… On n’énervait pas impunément un vice-amiral de la marine, un monstre de puissance qui peut se frotter aisément aux plus grandes menaces de ce monde. En faisait un pas menaçant vers eux, l’un des gars du marquis se fit dessus, tandis qu’un autre tomba dans les pommes. Une débandade s’en suivit. L’instinct de survie prima chez ces gros imbéciles qui prenaient la poudre d’escampette. Lâche, mais pas forcément bête comme décision. Et puis, j’avais bien mieux à faire que de les poursuivre. Je finis par m’avancer vers la jeune blonde un peu secouée par tout ce qui venait de se passer. Si j’étais plus ou moins désolé de ce qui était arrivé, j’allais clarifier une chose.

          - « Je te devais rien du tout, gamine. Mais c’est vrai que t’as une sale gueule, là… »

          Et sans crier gare, je la soulevai comme si de rien était, avant de la foutre sur l’une de mes épaules façon sac à patate. C’était une habitude que j’avais lorsqu’une meuf me plaisait bien ou me faisait rire. Une manière à moi de la malmener « gentiment ». Pis, je pouvais pas la laisser là, comme ça, avec la joue en sang. Je jetai un dernier coup d’œil à l’incendie que les civils maitrisaient à présent, et j’eus un sourire. Ils se débrouillaient bien sans moi. Et sans perdre plus de temps, je me mis à bouger en direction de l’auberge. Cinq petites minutes me suffirent à le regagner et à rentrer dans un hall bondé de danseuses et de mes hommes qui s’éclataient comme jamais ! Bien entendu, la fête s’arrêta lorsque je fis mon apparition et la plupart des soldats se levèrent pour se mettre au garde à vous, mais je fis signe que ce n’était pas la peine. Alors que les danseuses du coin me regardèrent avec une admiration non feinte, je finis enfin par poser la jeune femme devant moi, avant de l’ébouriffer comme s’il ne s’agissait que d’une simple enfant : « Vous direz à votre patron qu’elle passera la nuit avec moi ! Ah et ramenez-moi une trousse de secours, de la bouffe et une tenue de danse pour la gamine ! » J’eus un petit rire, puis sans attendre la moindre réponse, je tirai la pauvre Marylin à ma suite. Nous montâmes vite fait les marches des escaliers qui menaient à l’étage où se trouvait la chambre que j’avais louée sous les yeux de quelques danseuses qui pestaient déjà. Pauvre Blondie.

          - « T’es vraiment pas aimée, toi… Enfin… »

          Alors que nous rentrâmes dans mon p’tit coin de paradis -J’y avais déjà installé mes affaires avant de tomber sur la blonde coincée entre deux murs-, la musique reprit de plus belle en bas et les éclats de rires qui allaient avec. On entendait tout de façon distincte depuis mon petit palace. Une aubaine. La lâchant enfin au seuil de ma chambre plutôt spacieuse et confortable, je retirai ma chemise qui ne cachait pas grand-chose de toute façon et je me débarrassai des tongs que j’avais porté. Oui oui, l’aspect négligé, c’était tout moi ça ! Je finis par m’asseoir sur mon gros lit en soupirant, puis je portai un regard amusé à la jeune femme : « T’es assez collante pour une meuf casée ! » Draguer une femme mariée, non merci. Par contre, je ne disais pas non à celles qui osaient m’allumer sciemment. La différence résidait en ce fait que l’initiative ne venait pas de moi. Je n’étais pas non plus un « saint », même si elle l’avait bien compris depuis fort longtemps. Après, je doutais qu’elle le fasse. Vu comment elle avait été attaquée par l’autre marquis actuellement entre la vie et la mort, elle devait avoir en horreur les hommes. Pis, vu comment je l’avais traité par la suite en la foutant sur l’une de mes fortes épaules… « Et je ne t’ai pas menti. J’ai le grade de vice-amiral, mais je suis bel et bien un navigateur. L’un n’empêche pas l’autre, héhé ! » Ouais, non. Elle ne s’amuserait pas à ça. Elle devait l’aimer son p’tit mari, quand même. De ce fait, puisque pas de cul…

          - « Tu vas danser pour moi. Tu vas aussi me soigner et passer la nuit avec moi. Non, tu ne seras pas pelotée. Sois sans crainte. Et puis ta croupe, j’la connais bien assez comme ça, nfufufu ! »

          Je ricanai encore une fois, avant qu’on ne tape timidement la porte. J’allai ouvrir et tombai sur deux serveuses qui avaient apporté tout ce que j’avais demandé. Bouffe, trousse de secours et petite tenue de danseuse. Le truc qui fout presqu’à poil. Non vraiment. Cette gosse n’était définitivement pas chanceuse. J’eus un rire et embarquai le tout à l’intérieur, non sans avoir remercié les charmantes serveuses qui refermèrent la porte pour nous. Le vice-amiral ne se refuse rien, effectivement. Pas même un show en privé : « Et vu que je peux plus te peloter… Autant que j’en profite au moins avec les yeux non ? Mais pour le moment, soigne-toi. » Je lui balançai la trousse à la gueule où il devait y avoir le nécessaire pour panser des blessures, avant de me diriger vers le lit avec un plateau bourré de victuailles en tout genre. Je jetai bien entendu la tenue, sur le lit, à mes côtés, avant de commencer à bouffer comme un gros porc : « Ah ! Minaude si tu veux. Fais ta putain même. Mais arrête avec la bienséance, le protocole, ça me fait chier. » Et ça me rappelait ces salauds de dragons célestes auxquels ma famille et moi étions affiliés. Mais ce détail-là, je préférai le garder pour moi. En gros, j’voulais qu’elle se lâche sans forcément verser dans l’adultère quoi, et je la savais assez intelligente pour comprendre ça. Vouvoyer, hormis le cadre du boulot… Voilà quoi. La musique vira d’ailleurs à quelque chose de plus oriental, de plus sensuel, histoire de bien mettre l’ambiance.

          - « J’espère au moins que la duchesse est d’humeur à remuer son arrière-train pour son sauveur… Après tout, elle lui doit la vie… »

          Retour à l’envoyeur…
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          C’était pas tout à fait la même femme.
          L’eau avait ruisselé sur son corps, l’avait lavé de ces saletés de la vie. Et même dans cette robe, dans ces tissus transparents qui ne cachaient rien, qui dévoilaient tout, elle venait d’un autre monde Marylin. Le buste droit comme une princesse des émirats. Et s’il fallait oser, alors elle oserait, Marylin. Sans cacher son corps dont elle n’avait pas honte, elle dansa, presque sans pudeur, pas de ces danses de salon qu’au final elle ne maîtrisait pas, juste en décalage avec ce qu’elle était, juste en raccord avec sa tenue. Elle avait découvert la danse populaire de ces filles qui n’avaient peur de rien. Bien sûr il lui avait fallu un peu de temps. Parce que la transparence des volants rendait grâce à ses courbes, soulignait le galbe et aussi l’imperfection ; la minceur, de son ventre jusqu’à ses seins comme des petites pépites ridicules qui la faisaient rougir. Elle ne savait pas danser, Marylin. Oserait-on dire qu’elle aurait pu faire carrière dans le comique ? Car elle se dandinait, vrai, que son décolleté restait toujours aussi plat, que ses pieds nus s’emmêlaient maladroitement, mais dans le dandinement de ses fesses, y’avait quand même de l’audace. Parce que même dans ses mouvements maladroits, on trouvait la grâce. Bizarre, étrange, presque fascinant.
          Et puis à un moment sans prévenir, en jetant ce petit coup d’œil curieux au vice-amiral, elle avait ri. Ca l’amusait bien, Marylin. On aurait pu dire qu’elle se lâchait, et c’était sans doute vrai, bien qu’au final, elle ne se refusait pas grand-chose en général.
          Et pour accompagner la musique, et puis le reste aussi, sans qu’on ait besoin de lui demander, en tournant sur elle-même, sa voix avait crevé l’air. Elle avait chanté une de ces chansons paillardes qu’une prostituée une fois lui avait apprise. Elle chantait pas juste Marylin, pas complètement faux non plus. Et tout, comme dans sa vie, de sa danse jusqu’à son chant auraient eu l’air hasardeux.
          Elle était paumée Marylin.
          C’était pas du propre.  Mais elle s’en fichait bien. C’était un peu pour ça, qu’elle avait foutu le camp de son château. Et si parfois elle regrettait, et si parfois elle voulait faire demi-tour, elle le faisait jamais. Y’avait des joies aussi. Et ce moment-là, un raisin volé dans le plateau qu’elle croquait à pleine dent, c’était comme la vie qu’elle mordait aussi.
          C’était vrai ce que disait le vice-amiral ; on l’aimait pas beaucoup en général, et elle était collante aussi. Peut-être bien justement parce qu’on ne l’aimait pas assez, ou trop, au point d’essayer de la tuer, alors quand elle trouvait quelqu’un d’à peu près potable, elle ne voulait pas le lâcher comme ça. Du reste on l’imaginait peut-être pas ainsi, mais elle restait volage Marylin, peut-être parce que la tendresse qu’elle éprouvait pour son mari était la même que celle qu’elle éprouvait pour son père. Quand même, ça voulait pas dire qu’elle donnait ses fesses au plus offrant, ça voulait juste dire qu’elle se réservait le droit de choisir.
          Lui, elle le choisirait pas. Pas cette nuit en tout cas.
          Et même si par amusement elle venait par moment lui secouer ses miches au visage, c’était pour mieux repartir dans un grand éclat de rire.
          Et ça avait duré des heures, parce qu'on aurait pu croire qu'elle s'arrêterait bien avant, qu'elle râlerait, mais c'était jamais le cas. Danser, manger, tourner, c'était mieux que de faire la lessive et que de dormir sous un porche.
          Et elle était épuisée. Epuisée.
          Alors elle s'était finalement décidée à se rapprocher, et elle se laissa tomber à califourchon sur les cuisses du vice-amiral. Trousse de toilette en main. Elle farfouilla jusqu'à trouver un espèce d'onguent pour apaiser les brûlures. Non. Elle n'était pas médecin, avait tout juste réussi à nettoyer sa plaie, à se coller ce pansement trop grand sur sa joue. Ses mains badigeonnées de crème s’abattirent pourtant sans ménagement sur les brûlures du marine, et cette andouille, elle parvint même à se faire mal. La peau d'un vice-amiral, c'était du solide. C'était ses propres mains qui réclamaient de la délicatesse.
          Elle était pas douée, Marylin.
          Elle se mit au garde à vue pourtant, même si ça ressemblait à rien, même si sous les yeux du vice-amiral, son décolleté n'arrivait pas à faire de l'oeil, inexistant.
          Le lit. Ca faisait des lustres qu'elle n'avait pas dormi dans un lit.
          Elle oubliait pas son vice-amiral pour autant. Il ne voulait pas du protocole, elle ne lui en donnerait pas, parce qu'elle avait deux mots à lui dire, parce qu'elle avait aussi un tout petit peu appris, autre chose que du soutenu.
          _ J'ai pas besoin qu'on me traite comme une duchesse, je m'en fous de ça, mais je suis pas une putain non plus et j'aime pas comment tu me causes. Moi aussi, ça me fait chier. Je suis pas un de tes soldats. J'ai pas d'ordres à recevoir de toi, je fais ce que j'ai envie de faire, pas parce que tu le demandes. Je sais que j’ai une dette envers toi. Un jour, je viendrai m’acquitter de ma dette. Je sais pas comment, ni où, ni quand, mais je viendrai. Et ce jour-là, ce sera ton tour de danser pour moi.
          Et elle avait eu le visage tout enflammé, la voix même solennelle, comme elle croyait réellement tout ce qu'elle disait. Ca en devenait presque culotté, vraiment.
          _ Maintenant, dodo.
          Ci fait, elle bascula sur le matelas, et disparut sous la couette en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire.
            Ce n'est qu'après qu'elle se soit endormie que je murmurai :

            - « T’es bien plus intéressante comme ça, en plus… »

            J’eus un sourire. Elle m’avait littéralement envoyé chier, mais ce fait n’était pas pour me déplaire. J’aimais ce genre de comportement, d’audace et je la trouvais bien plus attirante et charmante qu’elle ne l’était déjà. C’était bien mieux que celles qui finissaient par tomber sous mon charme en un clin d’œil. Du reste, elle était fidèle à son mari pour le coup et c’était pas plus mal. Une brave fille s’il en est. Paumée, mais courageuse. Pour ce qui était de la danse par contre, elle avait d’énormes progrès affaire. Le tout avait été plus marrant que sensuel. C’était des fous rires et pas autre chose. Heureusement d’ailleurs. Dormir avec une trique massive n’aurait pas été vraiment sympa quoi. Surtout à côté d’un gros cul comme ça. Alors plutôt que de pioncer à ses côtés, j’avais attendu qu’elle ronfle pour sortir me griller une clope. En bas, mes hommes repartaient chacun avec une danseuse pour se réchauffer, ce qui me fit marrer parce que c’était pas un luxe qu’ils s’autorisaient tous les jours. On restait dans le coin un petit moment, avant de se déporter vers West Blue puis sur Grand Line, histoire de rejoindre le reste de la flotte. En gros, c’était les congés de la nouvelle année. Mais des congés parsemés de quelques entrainements aussi, fallait pas déconner !

            - « Alors ? Comment était la petite ? »

            - « Je l’ai pas baisé, vieille chouette ! Putain, comment tu m’vois ! »

            - « Dixit celui qui s’est enfilé plus de la moitié de mes danseuses ! Vice-amiral ou pas, tu restes un putain d’homme ! »


            La vieille femme eut un petit rire moqueur et me fila un coup de canne pour la forme.

            - « Alors, c’est vrai ses histoires de duchesse et tout ? »

            - « Bien plus vrai que le fait que je sois vice-amiral. D’ailleurs, c’était quoi cette sculpture de merde ? »

            - « Un cadeau. Juste un cadeau, petit. Tu l’as pas aimé ? »

            - « Nan. Je l’ai même bousillé ! »


            La vieille bique eut un sourire malicieux et s’assit sur l’une des marches de l’escalier. Puis nous discutâmes comme si de rien était. Comment je la connaissais ? Longue histoire. Pour autant, n’allez pas croire que tout avait été prévu à l’avance. Ma rencontre avec la fameuse duchesse et tout. Pur hasard. J’avais juste l’habitude de venir la voir quand j’atterrissais sur cette île. Elle et un fameux barman qui m’avaient couvé lorsque j’étais plus jeune et que j’étais venu perfectionner mon art. Le temps passa, les clopes grillées aussi, jusqu’à ce que la vieille finisse par se lever, non sans adopter son accent de merde pour faire genre : « J’vais m’pieuter gamin ! T’as qu’à faire pareille ‘vec ta ducheeesse ! » Quand on sait qu’elle peut parler normalement, surtout pour une ancienne gloire de la dance, ça fait clairement rire. Et j’me fendis justement la poire avec tout le bon cœur du monde. Je la regardai alors s’en aller, le pas claudiquant, avant de remonter tranquillement vers ma chambre. Seulement, une fois dedans, j’eus là encore une belle surprise : Blondie était tellement à l’aise sur le lit qu’elle ronflait comme un vulgaire bucheron, en plus du fait que son séant était à l’air, exposé à la vue de tous, comme celui d’une grosse putain…

            Paie ta sensualité…

            Mais peu de personnes refuseraient un derche de ce calibre.

            J’eus un rire de gros timbré alors qu’une idée sombre germa à la vitesse de la lumière dans mon esprit de taré… Non. Elle avait pas fini d’en baver, la p’tite. Fallait bien qu’elle souffre encore un peu. P’être même durant tout mon séjour sur l’île, va savoir. De ce fait, je ressortis silencieusement de la chambre, puis je dévalai les escaliers pour rattraper la vieille peau qui était au seuil de sa chambre. « Vieille grognasse ! File-moi un appareil photo ! J’suis sur que t’en as bien un ou deux qui trainent, non ? » Mon sourire carnassier de gros dégueulasse la laissa pantoise pendant quelques petites secondes, avant qu’elle ne comprenne, dans son esprit de dégénérée -C’est qu’on se captait bien entre tarés !- que j’avais trouvé un nouveau jeu ! Elle râlait et bavassait beaucoup, mais elle m’aimait bien. Alors sans trop faire la difficile, elle trouva un appareil photo pour moi et je la remerciai en la torpillant de bisous avant de remonter aussi rapidement que possible. Une nouvelle fois à côté de la duchesse, je lui retirai précautionneusement ses vêtements sans qu’elle ne se réveillât -C’est qu’elle était assez crevée-, avant de prendre tout un taaaas de photos et ce sur presque tous les angles ! Même que je fis un selfie avec son popotin et tout. Plus salaud que moi sur le coup, tu meurs !

            Inutile de vous dire que j’étais redescendu une énième fois, que j’avais trouvé une chambre noire et que j’avais même développé la pellicule. Ça va de soi !


            ***


            - « DU NERF MESSIEURS ! ON SE BOUGE LE CUL ET ON FRAPPE ! »

            Nous étions le lendemain matin. J’entrainais mes gars avec sérieux et application comme d’habitude. Nous étions dans un dojo non loin de l’auberge. Si je semblais très sérieux et soucieux de la progression de mes hommes, à l’intérieur, je trépignais comme un gosse. La duchesse en se réveillant -Nue déjà-, serait étonnée de voir tous les murs de la chambre tapissés de clichés de son gros cul. Il y avait de quoi traumatiser n’importe qui ! Bien entendu, il y avait sur le chevet un plateau avec un petit déjeuner copieux, une rose, une photo de ma gueule sur son cul -Le beau selfie quoi- et un p’tit mot bien bâtard : « Imagine c’que ton mari en penserait si j’lui envoyais cette joli photo de nous deux ! » Avec un joli p’tit cœur en rose à la fin. Rien qu’à cette pensée, j’oubliai l’entrainement et je me mis à me marrer comme un con. Les soldats, surpris, me dévisagèrent tout le long de mon fou rire, avant que je ne me reprenne pour leur ordonner de reprendre l’entrainement. Les épées en bois recommencèrent à s’entrechoquer et les cris résonnèrent de plus belle. Ça sortait des tripes, du fond du cœur. Là maintenant, j’me demandais ce qu’elle allait faire. Venir me faire un scandale ? Me menacer ? Fuir de l’île ? Craquer et pleurer comme la gamine qu’elle est ?

            J’avais hâte de savoir. De la voir même.

            Débrouillard à jamais pour emmerder les femmes !
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            Appréciant son petit déjeuner, son petit carnet de bord sur les genoux, encore nue, elle sirotait un café chaud tout en détaillant les clichés qui tapissaient les murs de la chambre. D’une plume légère coincée entre deux doigts, elle ouvrit une nouvelle page de son journal, dessina une tête affreuse qu’elle nomma Salem le bouffeur de guenilles, y glissa la photo du vice-amiral et de son arrière avant de refermer le carnet comme cette rencontre se passait de toute façon de tout commentaire.
            Elle fixa une nouvelle fois les murs.
            _ Je n’ai pas un gros cul. C'est votre tête qui est trop étroite.
            Et ce fut tout, elle se leva, ne prit même pas la peine d’ôter les clichés de sa nudité des pans du mur. Cela ferait un excellent souvenir. Pour lui ainsi que pour toutes les prochaines femmes qu’il rameuterait dans son lit. Qu’elles sachent bien surtout à quelle sorte de concurrence elles avaient affaire.

            ***

            _ Bon matin, messieurs. Je vous souhaite le bonjour.
            D’un coup de fesses mesuré, elle fit coulisser la porte du dojo et apparut dans l’entrebâillement. A priori rien d’exaltant. Bien que quelques marines suspendirent quelques secondes l’entrainement pour se tourner vers elle, ou bien vers son popotin, outrageux dans son pantalon à carreaux. Mais jambes croisées, vêtue d’une chemise blanche rentrée dans son pantalon, propre et diantrement trop grande tant elle sortait de la garde-robe du vice-amiral, elle fit bien son petit effet sur la gente masculine. Parce que le visage nettoyé, avec une bonne nuit de sommeil, le ventre plein, elle n’avait plus tant l’air d’une cul-terreuse et ça faisait du bien. Et puis la rose qui dansait, suave, entre ses lèvres acheva de parfaire sa mise en scène.
            Elle avait de l’allure la Marylin, quand elle voulait bien.
            _ Vice-Amiral.
            Pas de courbette. Pas de scène.
            Ou peut-être que si.
            Paupières plissées, elle fixa son "bouffeur de guenilles", cette moue proprement insatisfaite et bougonne.  
            _ Je suppose que je devrais vous remercier de m’avoir déshabillé alors que je m’étais sottement endormie avec mes vêtements… Quel gentleman vous faîtes. Heureusement vous n'aurez plus l'occasion de vous adonner à une tâche si déplaisante et si indigne de votre rang. Quoique vous avoir comme dame de compagnie cette nuit fut bien appréciable...
            Elle avait tardé à venir bien sûr. Et bien qu'elle ne fut pas officiellement attendue, on aurait pu tout de même avancer qu'elle avait du retard. Mais il fallait savoir se faire désirer. On aurait pu se dire encore : seulement ça ? Toute cette attente pour une réaction quasi léthargique, quasi inexistante ?
            Allons. La Duchesse de Provence, si elle aimait prendre son temps et surtout dans la contemplation des situations en tout genre, n'était pas si passive. Il y avait anguille sous roche. Evidemment.
            Mais Marylin faisait l'air de rien, jouant toujours de cette rose dont elle mordait les pétales. Elle osa même, ainsi, ignorer royalement le haut gradé pour dévisager un soldat un poil plus vieux mais fort bien bâti et fort beau à qui elle eut l'indécence de sourire, de faire du charme ! Avec une ingénuité proprement remarquable et tout à fait feinte !
            Que mijotait-elle ?
            Car quelque chose macérait. A ce placide, à cette façon qu'elle avait de rester dans l’entrebâillement, et ce calme trop évident alors qu'elle faisait mine de détailler un entraînement, des hommes qu'elle déconcentrait plus qu'autre chose de par ce silence, ce silence éloquent tant il semblait vouloir en dire. Pire. Elle avait la mine chafouine qui la rendait aguicheuse !
            _ Rira bien qui rira le dernier.
            D'un regard dérobé enfin vers le vice-amiral, elle eut un geste qui en disait long : un coup de langue lascif sur ses lèvres. Une mise en garde.
            Il avait voulu jouer. Fort bien. Il ignorait à qui il avait affaire. Croire que cela s'arrêterait à une vulgaire crise d'hystérie ? Sottises et balivernes. Des larmes ? Hérésie. Tout au plus elle oserait même dire qu'elle se trouvait très photogénique.
            Soudain, elle étouffa un petit ricanement qu'on attendait peut-être depuis longtemps. Abandonnant volontairement sa rose à ses pieds, elle se retourna, et ce fut comme si son postérieur lui-même narguait par sa seule existence le ramassis de testostérone qui lui faisait face.
            Enfin. Prise d'hilarité, un rire bien trop fort, bien trop aigu, bien trop fou raisonna, trouva lui-même son chemin jusqu'aux pauvres oreilles de ces marines, car enfin, il s'agissait d'un rire ignoble. Strident. Parfaitement abominable. Nul doute qu'on l'entendit dans la ville entière, et peut-être même tenta-t-il de déchirer le ciel ! Et cela la prenait elle-même si férocement qu'elle fut forcée de se tenir d'une main le ventre, ignorante de l'attention qu'elle attirait et des interrogations qu'elle suscitait alors qu'elle s'éloignait doucement, follement.
            Et comment ne pas s'esclaffer si fort ? Comment alors qu'un peu plus tôt, descendant en ville, elle avait fait faxer le dit cliché de son vice-amiral en charmante compagnie de son postérieur, à l'illustre, à la très sainte Marineford elle-même ? Comment ne pas rire alors qu'à l'heure actuelle la photo de son postérieur devait faire le tour de l'île et peut-être même des grands pontes de la marine avec pour seule explication un "petit coucou de Shimotsuki où nous passons un agréable séjour. bisous."
            Et ce fut drôlement tout que cette histoire-là, que ce rire-là. Car enfin elle n'expliqua rien, rien de ce fou-rire dément, et s'éloigna sans demander son reste en hurlant de rire dans les rues de Shimotsuki en imaginant déjà le den den mushi du vice-amiral le hantait de mille sonneries.
              - « TU TE RENDS COMPTE QUE ÇA POUVAIT FAIRE SCANDALE, HEIN ?! »

              - « Oui papounet… »


              Je baillais comme un con en me soufflant avec un éventail, non sans la moue de circonstance et la bière dans une main. Mon vieux à travers le den-den mushi me réprimandait, mais je m’en foutais un peu. J’avais aussi reçu un mot de l’amiral Shiro qui avait été légèrement peiné, mais rien de bien grave. Rien de bien grave parce que les services de la marine et du Cipher Pol s’étaient occupés d’effacer toute trace de la photo que la blonde avait envoyée. Les réprimandes étaient normales, mais pas de quoi entacher ma réputation. Et puis quand bien même, ça n’aurait franchement rien changé pour ma gueule. L’institution aurait eu son image légèrement écorné, mais on n’était plus à un scandale près. Sans compter que j’étais déjà bien connu pour être un homme à femme. Mais un homme à femme qui savait se battre et qui était l’un des symboles de la justice en cette génération. La rétrogradation aurait été inimaginable et ne parlons même pas du renvoi. Aucunement possible. J’étais bien trop fort pour eux. Et puis, on ne se débarrassait pas d’un Fenyang comme ça, héhé. C’était ça, que d’être un haut gradé. Des bavures, il y en a eu pire !

              - « T’inquiète pas va. L’amiral Shiro n’en a pas fait un plat et l’amirale-en-chef ne s’est même pas occupée de l’affaire. Et puis, tu as beau être mon papounet adoré qu’on a le même grade hein ! Allez, sur ce, je vais manger. Ciao ! »

              - « SAL- »


              Et j’avais raccroché en soupirant. Ceci dit, lorsque je voyais mes hommes qui mataient les photos devant moi, je soupirai encore plus. Ce n’était pas le fait qu’elle réplique qui me blasait comme ça, mais plutôt la nature de sa réplique. J’aurai bien aimé quelque chose de plus grand, de plus percutant. Après, au fond de moi, j’aurai voulu qu’elle pique une crise et qu’elle fasse un peu sa mijaurée. Ça aurait vachement été bien plus marrant et bien plus amusant. Bah tant pis. La vieille à côté n’arrêtait pas de se marrer à côté de moi. De un parce que la petite duchesse avait eu le culot et le courage de répliquer sans céder à la panique. De deux parce que sa tentative, au final, aura été vaine. De trois parce que je pouvais ruiner son mariage d’une façon en envoyant à son mari, des photos que j’avais gardé pour moi. Quitte donc ? Pas réellement. Si on l’était, c’est parce que je ne voulais pas avoir le dernier mot. A la base, tout ça n’était qu’un jeu pour moi. Rien de plus. Mais je devais avouer m’être amusé pendant un bon petit moment. Aucun regret donc. Je finis par boire ma bière cul sec, puis je me levai en m’étirant. Il faisait presque nuit maintenant.

              - « On l’a plus revu. Tu crois qu’elle s’est barrée ? La duchesse, j’veux dire… »

              - « Sans doute. Avec son popotin et sa joliesse, quel marin ne voudrait pas l’embarquer avec lui ? »

              - « C’est rare qu’une femme ne tombe pas sous ton charme. »

              - « Je suis pas mister univers non plus hein, hé ! Et puis je t’ai déjà dit que je fais rien avec les femmes mariées. Halala… »


              L’ancienne se mit à se bidonner encore une fois. Il y avait de quoi. Tout n’avait été qu’amusement et pitrerie. Mais quelque part, ça m’avait redonné du peps ! Quand je pensais aux atrocités qui m’attendaient, je me disais que cette accalmie n’avait pas été si mal. De ma poche, je retirai une photo que j’avais gardée pour moi seul avant d’avoir un sourire un peu pervers. Ce truc, j’allais l’agrandir, en faire un poster et le foutre dans la cabine de mon galion accosté au port. Moi, pervers ? C’est pas comme si j’assumais pas. Ça devenait même au fil du temps un compliment pour un type comme moi. Et puis, ça prouvait que j’étais humain, que je n’étais pas parfait et donc totalement ennuyeux quoi. Sans un mot, je sortis de l’auberge de la vieille et allai me caler contre un mur. Des femmes qui passaient par là et qui avaient peut-être vu les photos se mirent à rougir en me regardant. A l’aide de mon mantra, je pus cerner leurs pensées, avant de remuer ma tête de gauche à droite. Ce genre de trucs ne me décrédibilisaient pas vraiment, mais renforcer ma réputation de queutard. Et un gars qui sert la justice mais qui pécho pas mal de nanas, c’est pas forcément mal vu !

              Je sortis une clope et un briquet, mais celui-ci ne fonctionnait plus.

              Bah, pas de veine.

              J’ai plus qu’à contempler la lune à la place, mains fourrées dans les poches.
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