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C'est en médicinant que l'on devient médecin

Août 1625, la ville où tout commence et où tout finit. Ainsi surnommé, car elle fut le lieu de la mort du célèbre Gold Roger. Mochi était sur la place même que le seigneur des pirates avait été exécuté. C'était également là que le non-moins célèbre chapeau de paille avait failli être mis à mort par le célèbre Baggy le Clown. Décidément il y en avait eu dans le coin, des célébrités. Tous ces grands noms avaient de quoi inspirer le jeune toubib. Non pas qu'il désirait devenir célèbre, mais ces noms-là portaient en eux, une aura mystérieuse, un souffle de liberté. Et c'était la liberté, qui aujourd'hui, guidait les pas de Mochi. A ce moment-là, il lui semblait même que la piraterie était le seul véritable voie de la liberté.

Il se reprit assez vite de ses délires, il était évident que la piraterie était plus synonyme de violence et de barbarie que d'autre chose, mais l'idée lui semblait séduisante. Tant que bien sûr, elle ne le menait pas à l'échafaud.

En tout cas, pour Mochi, cet endroit était bien le lieu où tout commence. Car pour la première fois, il se retrouvait seul. Vraiment seul. Il ne souffrait plus de sa blessure au crâne, mais avait toujours quelques séquelles. La plus fâcheuse, c'était qu'il riait au lieu de pleurer et qu'il pleurait au lieu de rire. Pas si fâcheuse que ça si on y réfléchit bien, mais parfois handicapante, surtout pour un médecin.

Le doc' finit par se lasser de la place, qui n'avait guère d'autres choses à offrir, et, emprunta une rue au hasard. Les rues étaient animées, les commerçants gueulaient et vantaient les mérites de leurs camelotes, aussi, sans vraiment en avoir conscience, Mochi, qui aimait le calme, glissa vers des quartiers moins bondés, vers des rues plus calmes. Il marchait, perdu dans ses pensées, n'apercevant même plus les rares passants qui le frôlaient dans ces rues étroites. Mais cette paisible rêverie ne dura pas et fut interrompu par un cri sanglotant.

Il y avait là une jeune femme pleurant, toute tremblante. A ses côtés un jeune homme la tenait dans ses bras, essayant sans grand succès de retenir ses propres larmes. En face un vieil homme à lunette, à chapeau et à mallette.

"Je suis désolé" dit le vieil homme, après une pause il reprit, "Je ... je ne sais pas quoi faire ..."

Un silence pesant s'installa, entrecoupé par les lourds sanglots des deux jeunes gens. Un petit garçon faiblard et souriant fit son apparition.

"Vous faites quoi ?"


La jeune femme tourna sa tête dans la direction opposée et essuya ses larmes avant de se retourner vers le bambin.

"Rien mon chéri, retournes te cou ..."

Elle n'eut pas le temps de terminer sa phrase que le gamin perdit connaissance, menaçant de se ramasser sur le sol. Les trois adultes s'alertèrent en essayant de se jeter pour que le gosse ne se casse pas la figure. Mochi, plus vif, bondit et intercepta le petit garçon avant qu'il ne chute. Posant sa main sur le front brûlant du petiot, il regarda les trois personnes qu'il avait en face de lui.

"Qu'est ce qu'il a ?"

"Un confrère ?"
dit le vieil homme en regardant la blouse de Mochi, "Entrons je vais vous expliquer."

Tout le monde entra, le père recoucha l'enfant et lui posa une serviette froide sur le front. Les médecins s'assirent sur la table centrale d'une petite salle à manger sobrement décoré d'un pot de fleur -sur la table- et d'une photographie de la famille, à une époque ou le bambin mesurait dans les 70 centimètres. La mère qui s'était quelque peu remise, prépara du thé et servit les médecins.

"Mon fils est en train de mourir"

Le vieil homme, médecin lui aussi, acquiesça et fit signe au parent de laisser les médecins seuls.

"Je ne veux pas les inquiéter outre mesure ... ils ont déjà tant à faire et à penser ...", après un temps de pause, il reprit, " Le coeur du petit Billy s'affaiblit. Les battements de son coeur ralentissent et il finira par s'arrêter prématurément et très prochainement. On ne sait pas vraiment pourquoi. On pourrait bien évidemment opérer et poser un pacemaker. D'énorme progrès ont été fait le dessus, y a en qui sont vraiment très performent. Avec ça son coeur récupérerait un rythme normal et on pourrait peut être le stabiliser mais ..."

"Mais ? Où est le problème ?"

"Il y en a deux en fait. D'abord c'est extrêmement cher, Ollive et Natty n'ont pas les moyens d'en acheter un ... On a fait une collecte dans le quartier, mais on arrive pas à la moitié de la somme requise."

"Et l'autre problème ?"

"Le petit Ishi est ... de faible constitution, très faible. Ajoutez à cela son problème cardiaque qui l'affaiblit d'autant et ..."

"Vous pensez qu'il ne survivrait pas à une opération aussi basique ?"

"C'est moi qui l'ai fait mettre au monde et depuis ce jour, c'est moi qui m'occupe de lui. Croyez-moi, ses muscles sont anormalement faibles, je ne sais même pas pourquoi. Mais je me vois pas l'ouvrir, je sais pas s'il y survivrait",
le vieux docteur serra les poings, "C'est rageant d'être si impuissant."

"De toute façon c'est la seule solution n'est-ce pas ?"


Le médecin acquiesça.

"Le gosse ? Les parents ? Ils en pensent quoi ?"

Le vieux n'eut pas le temps de répondre que la mère fit son apparition. Essayant de cacher sa tristesse elle affichait un petit sourire.

"Docteur, il s'est réveillé !"

Le vieux acquiesça et se leva, faisant signe à Mochi de le suivre, ce qu'il fit. La chambre du gosse était pas bien grande, une fenêtre mal placé venait apporter un brin de lumière à la pièce.

"Comment te sens tu ?"

"Ca va"
répondit le bambin sans réfléchir, regardant Mochi d'un air interrogateur, "Vous êtes qui Monsieur ?"

"Je m'appelle Mochi, je suis docteur."

"Vous allez vous occuper de moi ?"
demanda t-il en souriant.

Après ces quelques mots, Mochi ressentait une certaine empathie pour le petit Ishi, mais il n'avait convenu de rien avec le vieux doc'. Aussi n'osa t-il rien dire, de toute façon, le gamin reprit la parole presque aussitôt.

"Moi aussi, un jour je serais médecin, comme le docteur Archy, vous savez, c'est lui qui m'a fait naître ! Mais pas comme le docteur Alliser, je l'aime pas le docteur Alliser, il dit que mon problème est psychologique, mais je sais bien moi, que tout tourne parfaitement la dedans" dit-il en pointant sa tête du doigt.

"Je suis sûr que tu feras un grand médecin"

Le binoclard le pensait réellement, s'il survivait, il ferait un excellent médecin, parce qu'il aura connu l'autre côté, celui du malade.

Après avoir quelque peu discuté avec le jeune malade, les toubibs sortirent. Les parents, en saluant le vieux, lui dire qu'il ferait pour trouver l'argent, pour acheter un pacemaker et les médecins partirent. Ils marchèrent en discutant jusqu'au pied du cabinet du vieux. Le binoclard ne savait pas trop quoi penser. C'était vraiment une opération basique.

"Les parents et le petit ... Ils veulent vraiment faire l'opération ... Et ... Hmm ... Ecoutez, j'ai peut être une piste ... Quelqu'un à la clinique nord pourrait m'aider à me procurer un pacemaker"

"Procurer ? C'est à dire ?"

"Je le ferais bien, mais ..."

"Mais vous voulez pas vous salir les mains."

"Ce n'est pas ça"
répondit-il véxé, avant de reprendre "Bah c'est peut être un peu ça. Disons que je suis connu ici à Logue Town. Je ne voudrais pas perdre mes fonctions"

"C'est bon, vous bilez pas, je vais le faire."


Le vieux sortit un petit calepin, gribouilla quelques choses sur une feuille et l'arracha. Il n'ajouta rien, ne posa aucune question et se borna à serrer la main de Mochi avant de tourner les talons et de rentrer dans son cabinet. En lui serrant la maain, il lui laissa le petit bout de papier. Il y était écrit "Flow Nuitingale, infirmière"


Dernière édition par Mochi le Jeu 19 Jan 2017 - 11:54, édité 4 fois
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Après une heure de déambulation dans les rues de Logue town, le toubib finit par trouver la clinique en question. C'était une petite clinique de quartier, pas bien grande, mais elle avait au moins le mérite d'être récente. Il est toujours plaisant pour médecin de voir que l'on investit dans le domaine. Le toubib fit le tour de la clinique, une fois, puis deux, puis trois.

"Hep, vous là ! Vous faites quoi ? Ca fait 3 fois que vous faites le tour. Si c'est pas louche cette histoire encore !"

Le toubib qui faisait une fixette sur le bâtiment continua à marcher et s'en alla pour un quatrième tour. Au tour suivant un vieil homme en bleu de travail interpella Mochi. Il semblait avoir une énorme tête, en fait, c'était sa touffe de cheveux grisâtre qui était immense et mal entretenue. Sa barbe mal rasée n'arrangeait rien au portrait. Et ses yeux furibonds non plus.

"Dites donc vous !"

"Hmm ?"

"Vous vous foutez de ma gueule ?"
dit-il en gueulant, "Vous faites quoi à tournoyer comme ça comme un gland ?"

"J'admire l'architecture"


"Maintenant c'est sûr, vous vous foutez de ma gueule !!! Vous êtes médecin c'est ça ? Vous vous croyez vraiment tout permis vous autre ! Je suis peut-être que jardinier, mais moi aussi j'ai mon rôle à jouer dans cette clinique !"

"Quel genre ?"

"Quel genre ? Quel genre ? Gné ! Par exemple, les malades, quand ils sortent se promener, ils sont bien contents d'avoir un beau jardin bien entretenu ! Avec toutes mes fleurs, je leurs remonte le moral ! Ah mais ça Monsieur le médecin n'en a rien à foutre !"

"Je suis d'accord avec vous"

"Ah bon ? Vraiment ? Vous vous foutriez pas de ma gueule encore ?"

"Absolument pas. Mais vous savez, je travaille même pas ici moi alors"

"Ah ben merde, pour une fois qu'un des vôtres reconnaît mon travail, il est pas d'ici"

"C'est pas de bol"


"Ouep. Et je peux savoir ce que vous glandez là alors ? Et c'est quoi ce truc dans votre crâne ?"

"Vous occupez pas de mon crâne, je suis juste venu pour rencontrer Miss Nuitingale."

"L'infirmière ?"

"Elle même"

"Vous avez rencard ? Encore un abruti pour essayer de la séduire ! Deuxième étage, service cardiologie. Foutez-moi le camp maintenant"

Mochi salua l'homme en souriant et partit en direction de l'entrée. Service cardiologie. Pile ce qu'il fallait. Le vieux docteur Archy avait de la ressource. Et puis cette Miss Nuitingale l'intriguait de plus en plus. Non seulement elle n'hésitait pas à mettre sa carrière en jeu pour sauver un petit garçon et en plus elle semblait être une femme désirable, ou en tout cas, désirée par une flopée de prétendants.

Le toubib entra dans la clinique. Comme il portait une blouse, il passait totalement inaperçu. Personne ne vînt l'interrompre pour lui demander qui il était. Un jeune infirmier, probablement nouveau, le gratifia même d'un "Bonjour docteur". C'était presque trop facile. A l'intérieur aussi, on voyait nettement que le bâtiment était nouveau, tout était neuf, tout sentait encore le neuf. Le hall était d'un blanc immaculé. A gauche un petit guichet occupé par une seule personne accueillait une file d'attente rendue monstrueusement longue par l'étroitesse de l'endroit. A droite un long banc faisait le tour de la salle. Pas une place de libre. Beaucoup étaient debout, ou assis par terre, avec tout ce monde, on se sentait à l'étroit. En face, des escaliers.

Il prit l'escalier et monta jusqu'au deuxième étage et suivit les panneaux indiquant "Cardiologie". De longs couloirs sans fins et sans fenêtres. Oppréssant. Des membres du personnel passaient de temps à autre. Comme il n'avait à s'inquiéter de rien, Mochi demanda à une infirmière où il pourrait trouver "Miss Nuitingale". Après lui avoir indiqué la salle de repos des infirmières qui se trouvait à quelques pas de là, elle tourna les talons et disparut presque aussitôt.

Mochi, surprit par cette vélocité resta immobile, comme un con pendant une poignée de seconde avant de suivre son exemple et alla jeter un coup d'oeil dans cette fameuse salle de repos.

Deux infirmières papotaient, il demanda s'il l'une d'elle était Flow Nuitingale, on lui indiqua une jeune fille endormie sur sa chaise, à l'autre bout de la minuscule salle de repos. La tête sur le bureau, plongée dans un bouquin ouvert, de magnifiques cheveux bruns partant dans tous les sens. Elle avait probablement eu une rude journée.

Mochi qui n'osait pas venir perturber le tableau, finit par allé la secouer en douceur. Après quelques instants, la bougonne demoiselle se réveilla.

"Quoi ?!" dit-elle sur un ton presque engageant

Cheveux en bataille, cernes monstres sous les yeux, marque de livre sur le nez, filet de bave, tenue débraillée et par dessus le marché, mauvaise humeur.

"Heu ... Je ... je viens de la part du docteur Archy"

"Qu'est ce qu'il veut le docteur Archy ?"


"Il m'a dit que vous pourriez m'aider, c'est à propos du petit Ish ..."

"Chuut, venez là"

Elle attrapa le toubib par le poignet et le tira à l'extérieur de la salle de repos, sous le regard curieux des deux infirmières. Une fois dans le couloir elle entrait Mochi dans une salle de patient. Après s'être assurée que celle-ci était vide, elle revînt vers Mochi.

"Ma parole il est gonflé le vieux, une fois j'ai sous-entendu que, potentiellement, peut être je pourrais l'aider et il croit que ça y est, c'est la fête hein ?"

Mochi fit la moue, il pensait que Flow Nuitingale était au courant de tout, prête à aider, mais visiblement, ça n'était pas le cas.

"Vous allez nous aider ou pas ?"

"Si, c'est pas la question, mais y a des manières de faire c'est tout ...", après un instant de silence, elle reprit "On se retrouve au Bar "Le loup de mer", ce soir à 23h, là-bas on pourra parler tranquillement. Maintenant, du balai."

Sans prévenir elle sortit de la pièce, laissant le toubib en plan. Elle avait du tempérament cette infirmière, il avait même pas pu en placer une.
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Le bionalcard avait fini par déguerpir. Il était encore tôt. A peine 19h. Et il n'avait rendez-vous qu'à 23h. Cela dit, il allait devoir trouver le fameux bistrot. Parce que la demoiselle ne lui avait donné que le nom, pas d'adresse. Il allait devoir se démerder tout seul, en espérant que ce soit un endroit suffisamment connu pour qu'un passant quelconque puisse le lui indiquer. Il décida de s'adresser à une petite patrouille de Marine qui passait par là, leur chef, souriant, lui avait paru avenant et il avait eu raison. Il lui indiqua le chemin du port, aux abords duquel il trouverait aisément le bar. Il avait bien fait de demander son chemin à un soldat. C'est vrai quoi, que fait un Marine après le service ? Il boit. Les clichés ont la peau dure.

Le toubib prit donc la route, flânant en chemin, mettant une bonne heure pour arriver au lieu indiqué. Arrivé à bon port, c'est sans mal qu'il trouva le bar en question, le "Loup de mer". Un bar qui se donnait la peine de ressembler à tous les autres.

Mochi entra, s'assit à une table et commanda à manger. Un plat du jour. C'était le soir, on le servait plus. Il opta finalement pour une soupe du soir, au potimarron semblait-il. Après quelques minutes, elle  arriva, la soupe, pas l'infirmière. Il l'a mangea -toujours la soupe- et s'endormit sur sa table.

On le secoua en douceur.

"Oui ?"

"C'est moi"


C'était elle. Le toubib avait pioncé au moins 2 h. Elle était finalement arrivée, elle commanda un verre, elle avait fini son service, elle était fatiguée. Mais l'infirmière s'était faite belle en sortant du travail. Et belle, elle l'était, bon sang, il semblait au toubib que ce n'était plus la même femme qui lui faisait face. Elle souriait, accentuant les traits de ses pommettes saillantes, élégamment saupoudrées de discrètes tâches de rousseurs, sa longue chevelure brune était peignée et coiffée, les cernes sous ses yeux avaient été maquillé, faisant ressortir ses beaux yeux bruns.

"Quoi ?" demanda t-elle.

Comme Mochi ne répondait pas, elle jeta un oeil derrière elle, mais il n'y avait rien. Comme elle se retournait, le doc' reprit ses esprits en se mettant une légère baffe sur la joue et il se redressa avant de s'adresser à elle.

"Alors, vous allez m'aider ?"

"Et du calme, vous ne vous êtes même pas présenté ! C'est vraiment malpoli."


"Ah, pardon ... Hmm Je m'appelle Mochi, je suis médecin. Je connais pas vraiment le docteur Archy, j'ai juste rencontré la famille du petit Ishi et je sais pas ... Ils m'ont touché, alors ... et ben alors, je me suis décidé à les aider."

"Vous êtes un sensible vous", dit-elle avant de boire une gorgée et de reprendre "Moi c'est Florence, mais vous pouvez m'appeler Flow, tout le monde m'appelle Flow, j'aime mieux ça."

"Vous voulez savoir autre chose ?"

"Non ça va, vous m'avez l'air sincère. Ou vous êtes un très bon menteur. Mais je prends le risque"


Car oui, elle prenait un risque en contribuant à ça, l'objectif avait beau être noble, il s'agissait d'un vol. Etait-ce un gros vol ? Pour être honnête, Mochi ne connaissait même pas le prix de ces pacemakers. Mais ça n'avait pas vraiment importance de toute façon, il avait aucune thune à mettre dedans. En tout cas, elle, elle risquait peut être son poste, Mochi salua le beau geste.

"Vous avez un plan ?"

"La pharmacie est gardée par la sous-directrice et elle garde tout le temps les clefs de la pharmacie sur elle. Elle est un peu parano, sa chambre elle-même se trouve dans la clinique." Elle sortit une cigarette et l'alluma, "Vous fumez ?"

Comme le binoclard acquiesça, elle lui tendit une cigarette, qu'il prit de bon coeur. Elle la lui alluma avec un briquet. Pour l'allumer, elle se rapprocha, les deux visages étaient si près que les cheveux de la donzelle venaient se déposer délicatement sur la joue tendue du doc. Il avait du mal à décrocher son regard. Le regard de Miss Nuitingale en revanche était concentré sur le briquet. Comme elle reculait, Mochi fit mine de regarder sa cigarette et suivit le mouvement. Il reprit ses esprits et se concentra sur la mission.

Mochi s'imaginait déjà dérobant cette clef, à l'insu de la sous-directrice, grâce à un plan super élaboré.

"Je vais pas vous faire miroiter, la sous-directrice est ... elle est ... c'est une nymphomane. On va devoir organiser un rencard, vous et elle"

Il s'y voyait déjà, inflitrant la clinique de jour, où il passerait totalement incognito grâce à sa blouse, après quoi il se faufilerait dans le bureau de la sous-directrice où il subtiliserait ses clefs après l'avoir embobiné par un discours qui l'aurait laissée sur le cul et après quoi il disparaîtrait, subtiliserait le pacemakers en s'enfuirait en sautant de la fenêtre du troisième étage. Là, il cavalerait jusqu'à l'appartement des parents, poursuivi par une horde de Marine en folie, et soignerait le gamin. Comme il s'agirait de sauver un gosse, la marine n'agirait pas, l'officier en charge, magnanime, laisserait faire. Et là ...

"QUOOIIII ?! Vous vous foutez de moi !"


Le visage de l'infirmière marquait une expression mi-désolée, mi-amusée.

"Y a pas d'autres moyens ?"

"Je sais pas, on a pas le temps d'élaborer quoi que ce soir d'autre. Elle garde tout le temps la clef autour de son coup, même quand elle dort, elle l'enlève jamais, j'ai beau retourner tout ça dans tous les sens, j'y arrive pas. Va falloir que vous vous y colliez ... Vous êtes plutôt mignion, ça devrait le faire, elle se jette sur tout ce qui bouge de toute façon ... Faudra peut être faire quelque chose pour votre heu ... truc"
finit-elle par conclure en pointant le boulon dans la tête du binoclard.

"Vous occupez pas de mon truc, y a autre chose que je devrais savoir ?", demanda t-il sur un ton dépité.

Gênée par la question elle tourna le regard en mordillant sa lèvre. Elle avait visiblement encore des choses à cacher. Qu'est ce qui pouvait être pire que ce qu'il venait d'entendre ? La sous-directrice était en fait un sous directeur ? Un Okama ? Un ... un ... qu'est ce qui pourrait être pire qu'un Okama ? Devait pas y avoir grand-chose. Enfin si, y avait sûrement, mais Mochi préférait ne pas imaginer pire.

"Juste pour que vous sachiez ... La sous-directrice ... elle est ... disons ... pas de première jeunesse"

"Genre ? 40 ?"


De sa main elle fit signe que c'était plus.

"Genre 42 ..."

"42 ans ? Chipotez pas pour 2 ans ..."

Ca commençait à faire, surtout que Mochi était moitié moins vieux qu'elle. M'enfin c'était pas aussi dramatique que ça semblait.

"Non, 42 de plus que 40 ..."

C'était le ponpon, son seul espoir était de tomber sur une femme charmante, si l'exerice aurait été difficile, il aurait au moins eu le mérite d'être agréable, au lieu de ça, il allait avoir un rencard avec une momie. C'est à se demander ce qui était le pire, une vieille nymphomane totalement folle ou un Okama ?

"Mais vous laissez pas avoir, elle est encore pleine de vigueur"

"Je  veux pas savoir"


"Et j'ai vu des photos, c'était une femme sublime dans le temps"

"C'est censé me remonter le moral ?"


Sur cette touche cynique, elle l'informa que le rendez-vous avait été fixé au lendemain soir. La vieille demandait souvent aux jeunes infirmières si elles n'avaient pas de jeunes hommes à lui présenter. Pour la première fois, Miss Nuitingale lui avait proposé quelqu'un. Tout était fixé, le jeune Mochi n'avait plus qu'à allé se sacrifier. Comme elle était gentille, et qu'elle comprit dans quel désaroi le toubib se trouvait, elle proposa d'expliquer les détails du plan le lendemain matin. Le toubib but, Il but pour oublier. Pour oublier cette abominable mission. Si ce n'était pour le gosse, il aurait déjà mis les voiles. Enfin Miss Nuitingale, même si elle se moquait un peu, avait réussi à le motiver. Comme elle ne travaillait pas le lendemain, elle resta avec lui. Et ils burent.

Le lendemain matin, le réveil fut rude. Une migraine carabinée frappait le crâne du toubib, allant jusqu'à faire résonner les bruits métalliques du boulon qui lui traversait le cigare. Flow de son côté, toute pimpante, s'était réveillée comme si de rien n'était. Après quelques longues heures nauséeuses passé affalé sur le sofa, le toubib se releva et prit un verre d'eau. L'infirmière commença à lui énoncer les détails du plan qu'elle ne lui avait pas délivré la veille.

Il avait rendez-vous à 20h au restaurant du "Clos du major", dans un cadre tout à fait romantique. Comme ça l'amusait, elle appuyait bien fort sur le fait que c'était un endroit "très romantique". Mochi qui était encore loin d'être remis sur pied, était à deux doigts de dégobiller. Elle continua à lui expliquer son plan, sachant qu'il devait se familiariser avec son appartement, car c'est ici qu'il l'amènerait pour "un dernier verre".

C'était un petit appartement, le salon et la cuisine ne formaient qu'une seule et même pièce. Le plan de travail de la cuisine n'était pas bien large, dans l'évier, une pile d'assiettes et de couverts sales s'entassaient, le plan de travail, parfaitement propre, détonnait avec le reste de la cuisine.

Le salon, éclairé par une grande fenêtre et sommairement décoré d'une photographie de la place principale de Logue town, était finalement assez vide. Un canapé, une table basse, quelques affaires traînaient au sol. L'appart de Flow était assez impersonnel et pourrait tout à fait être celui d'un mec.

Mochi, qui n'était pas tout à fait remis de sa cuite, finit par se rendormir. Il fut réveillé quelques heures plus tard par l'infirmière. Il se prépara, elle avait même préparé un costard cravate, qu'elle avait emprunté pendant qu'il dormait. C'était l'heure fatidique ... Encore une fois, il demanda si un autre plan n'était pas envisageable. Après tout, il pourrait simplement s'y infiltrer de nuit et défoncer la porte, elle devait pas être bien solide. Mais elle refusa d'en venir à dégrader son lieu de travail. Mais alors, ils aurraient très bien pu la kidnapper et lui voler ses clefs ? Là aussi, elle refusa, après tout, c'était sa patronne et malgré son côté vieille cougar totalement folle et ben ... elle l'aimait bien.

Par contre qu'il se sacrifiât pour ce rencard pourri, elle en avait strictement rien à carrer.
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Voilà qu'il arrivait devant le restaurant. Vu de l'extérieur, ça n'avait l'air de rien. Et pourtant, Flow l'avait prévenu, c'était assez chicos là dedans et son porte-monnaie risquait d'en prendre un coup. Il prit une grande bouffée d'air frais et se décida à rentrer. A l'intérieur, une seule petite salle, une dizaine de tables rondes, toutes prévues pour deux personnes. Le sol en marbre s'élevait en quatre points, quatre colonnes majestueuses se dressant aux angles de la pièce. Au pied de chacune de ces colonnes, des cerisiers blancs étaient plantés, dont les branches fleuries se rejoignaient, formant une constellation de pétale blanche. Le spectacle était magnifique. Le toubib ne put s'empêcher de penser à l'infirmière. Elle en avait fait des caisses. Le pire dans l'histoire c'est que ça devait la faire marrer.

Un serveur vînt à la rencontre du toubib. Il lui demanda s'il avait réservé une table et à quel nom, Flow avait fait réserver sous son propre nom, Nuitingale. Comme le nom était bien sûr la liste, le serveur accompagna Mochi jusqu'à sa table. La vieille était déjà là. Et en effet, elle était ... vieille. Et pourtant elle ne paraissait pas si vieille que la description de l'infirmière le laissait supposer. Certes ses cheveux avaient été blanchi par le temps, mais son visage, bien que parsemé de rides exprimait encore quelques inexplicables expressions de jeunesses. Comme elle vit Mochi arriver, elle se leva prestement pour le saluer. Jusque dans ses mouvements, elle semblait plus jeune que la description que Flow avait fait d'elle.


" Hellen, enchantée ... La petite Flow a eu raison de me prévenir. Vous avez un petit côté ... excentrique."

Elle portait une longue robe noire, un manteau à fourrure blanche était posé sur sa chaise.

"Mochi, de même"

Le serveur vînt déposer des menus, d'abord madame, puis monsieur. Il leur demanda ce qu'ils voulaient boire.

"Une flûte de champagne"

"Un vodka martini, au shaker, pas à la cuillère"


Le serveur prit note et disparut. Mochi, qui ne savait pas vraiment quoi dire, faisait mine de regarder le menu.

"Alors comme ça vous êtes médecins ? Où avez-vous été formé ?"


"Boréa, Jalabert"
, mentit-il, sans vraiment savoir pourquoi.

"Ah Boréa, quelle île magnifique, froide, mais si belle"

Et ils parlèrent de Boréa. Heureusement, dans son mensonge, Mochi, avait passé du temps à Boréa, il pouvait donc en parler sans mal. Leurs conversations dériva sur bien d'autres sujets, la médecine, évidemment, était au centre. Elle aussi, était médecin, elle se plaignait d'ailleurs de son poste de sous directrice, qu'elle trouvait bien trop administratif. De lourds silences gênant entrecoupaient la conversation. La doctoresse reprenait toujours, Mochi laissait les anges passer. Ce n'est pas qu'il s'ennuyait, en fait, il trouvait la vieille plutôt intéressante. Mais il commençait à culpabiliser de ce qu'il allait faire. La pauvre vieille ne méritait pas ça.

La soirée passa, ils quittèrent le restaurant. Mochi, gentlemen et aussi parce qu'il était obligé, paya. 18 371 yens le repas ... Le repas le plus cher de sa vie, tout ça pour oublier ce qu'il y avait graillé ... Une fois sorti, il suivit tout de même le plan, et, proposa à la vieille Mlle.Hellen d'aller boire un ultime verre chez lui. Ce qu'elle accepta. La marche fut longue jusqu'à l'appartement, aucun mot n'y fut échangé. Que Mochi ne disait rien, c'était une chose, mais pour la doctoresse, qui avait parlé tout le long du dîner ... Se doutait-elle de quelques choses ? Elle se doutait sûrement de quelques choses ... Mochi commençait à stresser, la poisse, il se languissait de finir ce numéro au plus vite.

Toujours sous un silence de plomb, ils arrivèrent à l'appartement de Florence. Hellen s'installa sur le canapé. Le binoclard proposa un verre de champagne, qu'elle accepta volontiers. Il se dirigea donc vers la cuisine, d'un pas hésitant, sortit la bouteille et remplit les deux verres à pieds qui avait été prévu à cet effet. Le somnifère était juste là, devant lui. Tremblotant, il l'attrapa, sa respiration était comme bloquée, ses mains étaient moites. Quelle étrange sensation. Cette sensation d'avoir quelqu'un derrière soi ...

"Et là ? Qu'est-ce que vous mettez dans mon verre ?"

"Hem, c'est pas pour vous, pensez, c'est un ... traitement pour moi"


Elle arracha la fiole des mains du toubib et l'observa en silence l'espace d'un court instant. Puis elle recula de quelques pas.

"Je me doutais depuis un moment qu'il y avait quelque chose de louche ... Vous n'étiez pas très bavard au restaurant, comme quelqu'un qui n'est pas intéressé et là, vous m'invitez chez vous pour boire un verre. Et voilà que vous y mettez du somnifère. Pourrais-je avoir une explication ?"


Que faire, devait-il mentir ? Elle ne se laisserait pas berner et puis il était mauvais menteur. L'assommer ? Il pourrait ainsi mener la suite du plan comme il était prévu. Ce serait à son réveil qu'on lui devrait des explications, pas avant. Lui dire la vérité ? Qui sait, peut être aurait-elle une réaction positive ? Après tout elle ne ressemblait pas du tout à la vieille nymphomane que lui avait dépeinte Florence. Oui il devait le tenter et puis si elle réagissait mal, il pourrait toujours en revenir à l'autre plan et l'assommer.

"Ok, je vais tout vous dire. J'ai besoin d'un pacemaker, pour sauver la vie d'un petit garçon et ... la famille, la famille n'a pas d'argent. Je me suis promis de les aider alors ... voilà"

"Y a encore des zones d'ombres dans l'histoire mon garçon. Vous comptiez me voler ma clef ?"

"Oui"

"Pourquoi des somnifères alors ?"

"Nous voulions faire tout ça à votre insu. Au réveil, vous auriez eu votre clef autour du coup et vous ne vous seriez douter de rien"

"Nous ?"


La bourde.

"J'imagine que Miss Nuitingale est impliquée dans l'histoire"

"Non, non ... Pas du tout"

"Vous mentez mal"


On toque à la porte. La doctoresse demanda à Mochi de qui il pouvait bien s'agir, il répondit qu'il n'en savait rien. Avec prudence, elle se rapprocha de la porte. D'une voix forte, elle demanda qui était là. C'était Florence. La vieille ouvrit la porte, la jeune entra. La pauvre infirmière était à bout de souffle, mais elle ne s'arrêta pas là pour autant et se mit à tout expliquer à la sous-directrice. Qu'elle les espionnait depuis le bâtiment d'en face, le petit Ishi, le docteur Archy, sa rencontre avec Mochi, l'élaboration de ce plan à la mords-moi-le-noeud. La vieille écoutait, sans rien dire. Puis après un long silence elle soupira.

"Vous êtes vraiment nazes tout les deux, vous auriez du vous en prendre à une autre copie de la clef"

"Il y en a d'autres ?"
, demanda t-elle incrédule.

"Evidemment, autrement comment ferait-on quand je ne suis pas là ? Y a une paire qui reste toujours à la clinique"
, elle soupira encore.

Et réfléchissant à la situation, elle fit une courte pause. Elle lança soudain un regard sévère, mais compatissant aux deux jeunes gens, le regard d'une mère qui s'apprête à donner une leçon à ses marmots.

"Vous ! Vous m'avez fait perdre ma soirée alors que tout ce que je voulais, c'était une partie de jambe en l'air, j'veux plus vous voir"
dit-elle en pointant Mochi du doigt, "Quand à vous, Miss Nuitingale, vous m'avez déçu. Préparez vous à travailler dur. Vous risquez d'avoir tout un tas d'heures supplémentaires non rémunérées."

La doctoresse enfila son manteau et se précipita sur la porte, l'ouvrant sans ménagement.

"Demain matin, Miss Nuitingale, vous livrerez un pacemaker au docteur Mochi et vous reviendrez illico à la clinique"

Elle claqua la porte. Mochi et Florence se regardèrent dans les yeux, incrédules. Après un instant de sourire béat ils explosèrent de joies. Ils allaient enfin pouvoir opérer Ishi.
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Le lendemain matin, comme convenu, l'infirmière vînt chez le docteur Archy pour lui remettre le pacemaker, où elle fut remerciée par des larmes de joies qui l'émurent profondément. Puis elle les quitta, le devoir l'appelait, elle devait retourner à son dur labeur. Le binoclard s'en voulait un peu, car, c'est elle qui prenait toutes les responsabilités de leur infructueuse tentative de cambriolage.

Pour le petit Ishi, le Dr. Archy avait tout prévu, tous les équipements médicaux nécessaire avaient été transportés chez la petite famille, l'anesthésiant était prêt, l'opération pouvait commencer. Quittant le cabinet du vieux toubib, ils se mirent en route. Sur le trajet, Archy donnait ses premières directives. Mochi allait l'assister pendant cette opération, mais c'est Archy qui ferait le principal. Non pas qu'il doutait des compétences du binoclard, mais il tenait à le faire lui-même, parce qu'il l'avait promis au petit.

Quand ils arrivèrent à l'appartement de la famille d'Ishi, la tension était palpable, les parents étaient stressés.

"Vous allez participer à l'opération ?"
demanda la mère anxieuse, s'adressant à Mochi, avant de reprendre "Vous avez fait quelle école ? Parce que .. ça m'embêterait qu'un mauvais docteur s'occupe de mon fils ... Sans vouloir vous vexer"

"Ne vous en faites pas, je ne suis pas allé à l'école"


Comme elle eut l'air paniquée à l'entente de cette nouvelle, Mochi reprit aussitôt.

"Je plaisante, j'ai eu un très bon professeur et puis je n'interviendrais qu'à peine. Je ne ferais qu'assister le Dr. Archy qui fera l'essentiel"

Cette dernière phrase semblait l'avoir quelque peu soulagée, mais elle se retourna tout de même vers le vieux pour avoir confirmation et elle l'eut aussitôt.

"Ne vous en faites pas, tout se passera bien", dit-il en souriant.

Les docteurs se dirigèrent vers la chambre du bambin. Il était allongé dans son lit et était fin prêt. Il n'avait rien perdu de son optimisme et ne montrait aucun signe de stress, ou en tout cas il le cachait bien. En fait Mochi le soupçonner de trop bien le cacher derrière cette bonne humeur à toute épreuve. Et c'était tant mieux.

"Alors petit garnement ! Comment vas-tu aujourd'hui ?"

"Ce soir j'aurais un coeur tout neuf, alors tout va pour le mieux !"


Archy lui expliqua ce qu'ils allaient faire. C'était tout simple. Ils allaient ouvrir son torse en délicatesse et une fois qu'ils auraient son coeur en visuel, ils placeraient le pacemaker qui permettrait à son coeur de mieux fonctionner, après quoi, il refermerait et ce serait fini. Et après quelques jours de repos, son coeur serait comme neuf. Une fois les préparatifs terminé, Le Dr. Archy prépara sa seringue anesthésiante. Mochi lança un grand sourire à Ishi.

"Tu es prêt ?"

"Oui !"

Le docteur pique le gamin en lui souriant une dernière fois.

"1, 2, 3 ! Bonne nuit"


Le môme s'endormit aussitôt. Les médecins qui avaient déjà revêtu leurs combinaisons, enfilèrent gants et masques. Les parents étaient partis dans le salon pour ne pas empêcher l'opération.

Mochi commença à imbiber le torse du jeune garçon avec un produit adéquat, visant à empêcher toute infection.

"Scalpel"

Le binoclard se saisit de l'outil et le donna au vieux. Ce dernier commença délicatement à ouvrir le corps du patient sous les yeux attentifs du jeune médecin. Après quelques manipulations exercées avec une dextérité folle, le coeur du jeune garçon était visible. Comme prévu, il battait doucement. Problème qui serait réglé sous peu.

"Pacemaker"

Le jeune Mochi se tourna vers le pacemaker. Celui-ci était placé dans une boite hermétique pour le préserver des impuretés du monde extérieur. Avec délicatesse, le toubib ouvrit la boite et en sortit le petit mécanisme qui permettrait d'accélérer les battements de coeur du malade. Il le tendit solennellement à Archy. L'opération suivit son cours. En quelques manipulations parfaitement exécutées, le vieux installa le pacemaker. Après l'avoir enclenché, l'on put voir les battements du coeur malade retrouver un rythme normal, Mochi stabilisa la machine au moment où le vieux lui fit signe. Stabilisé.

Mochi, avec une serviette, épongea son front suant. Il ne fit presque rien et pourtant, ce genre d'opération avait toujours leur petit effet. Puis ils se mirent à refermer le corps et à recoudre. Quand soudain, le petit Ishi se mit à convulser.

"On rouvre, vite !"

Ce qu'ils firent aussitôt. Le coeur battait bien trop fort, du sang giclait, une hémorragie interne. Il s'agissait de faire vite, de trouver l'origine de cette fuite et de la reboucher. Les deux docteurs cherchaient la faille en trifouillant le corps du gamin dans tous les sens. Mochi finit par trouver l'origine du saignement. Avec ses doigts, Mochi essaya d'empêcher le sang de couler. Le vieux Archy se précipita vers son matériel, il n'eut pas le temps de l'atteindre, que les spasmes cessèrent et que le corps s'immobilisa, le coeur avait cessé de battre. Le vieux Archy s'affala sur le sol et reposa sa tête dans le creux de ses mains, sans même avoir enlevé ses gants ensanglantés. Mochi recula de quelques pas, il ôta son masque et jeta un vif coup d'oeil à la petite horloge qui trônait au-dessus du lit.

"Heure du décès, 10:12 du matin"
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Ce n'était pas la première fois que Mochi perdait un patient, mais c'est la première fois qu'il en était autant touché. D'autant que l'opération en soi, était fort simple, le seul problème, c'était la fragilité du gosse. Elle avait eu raison de lui. Sans que le docteur Archy ne le sache, il couvait un anévrisme, lequel était si bien dissimulé qu'ils ne l'avaient pas vu lors du placement du pacemaker.

Mochi ne bougeait plus, il se tenait debout, devant le gosse. Le docteur Archy ouvrit la porte et alla prévenir les parents qui attendaient apeurés qu'on leur apporte des nouvelles. C'est dans un sanglot terrible que la mère et le père entrèrent dans la salle, pleurant à chaude larmes, ils se jetèrent sur le corps inanimé de leur enfant défunt.

Le binoclard n'en pouvait plus et les cris larmoyants des parents ne venait rien arranger aux choses. Il pensait encore au gosse, à sa bonne humeur, à son courage, à son rêve de devenir médecin, tout ça avait disparu. Comme il pensait à Ishi, il risquait à tout moment d'être piqué d'une crise d'hilarité, qui manifesterait de sa tristesse, mais qui risquait fort d'être mal interprété et à fortiori, très mal perçu par les parents et par le médecin. Il se devait de tenir, mais il n'y parvint et se mit à rire à gorge déployée, ce qui ne manqua pas d'interrompre les parents et le docteur qui se mirent à regarder Mochi, partagé entre l'incrédulité et la colère.

"Vous n'avez pas honte ? Espece de psychopathe !", cria le père en levant le poing vers le jeune docteur.

Le vieux Archy vînt à lui et lui assena une gifle magistrale qui fit aussitôt cesser le rire de Mochi. Il l'avait vu venir, il aurait aisément pu l'éviter, mais il valait mieux qu'il en soit ainsi. Le vieux le tira par le col et le sortit de la maison.

"Mais qu'est ce qui vous prend ? Vous êtes fou ?"
, dit le docteur, vert de rage.

"Je suis désolé docteur ... J'ai quelques problèmes psychomoteurs à cause d'une vieille blessure au crâne ..."

Le vieux Archy se calma en se grattant, la tête. Une larme tomba de sa joue, la première. Jusque là, il avait réussi à se contenir.

"Je vois ... Vous ... vous feriez mieux de partir pour le moment. On se reverra à mon cabinet si vous le voulez bien ..."

Mochi acquiesça, il ne pouvait plus vraiment rester après sa crise d'hilarité. Pas la peine d'en rajouter ou de se justifier auprès du couple en racontant des choses qui leurs paraîtront de toute façon bien futile. Le vieux ferma la porte, Mochi se retrouvait seul dans cette étroite rue et se mit à marcher sans savoir où il allait. Il n'avait plus rien à faire ici et puis, il n'avait pas envie de rester plus longtemps sur cette île où tout se termine.
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