La première chose dont je me souviens, c'était le froid. La cale s'était à peine ouverte qu'un puissant blizzard avait investi la zone de détention, les parois, les barreaux, même mes vêtements, s'étaient entièrement recouverts d'une fine pellicule blanche. Sous cet effet, les quelques rares rayons de soleil qui parvenait à feinter la vigilance des nuages, faisaient reluire tels des paillettes la couche de glace qui était sans cesse en augmentation.
Plus tôt dans la nuit, un homme m'avait réveillée, pour savoir pourquoi j'étais là. Pourquoi ? C'était une question qui me taraudait sans cesse. Pourquoi les gens étaient-ils ici ? Pourquoi voulait-on absolument avoir le contrôle de leur vie, de leur histoire, de leur vécu ? Ce que je n'avais pas compris en partant du Don des Saints, c'est que j'allais perdre à jamais mon âme de petite fille banale. Fille de bourgeoise, élevée dans des valeurs d'entraide et de bonté envers son prochain, tout ceci aller s'effronder. Une autre Nikka verrait le jour, mais pas aujourd'hui, pas ce jour-ci. C'était là aussi une des choses que je ne savais pas, c'était la durée de ma mission, nous avions parlé de quelques jours, mais l'enfer durera des semaines entières.
C'est au moment ou le treuil avait saisit ma caisse de contention, que je m'étais remémoré les paroles du Colonel Fenyang. C'était il y a quelques années déjà et pourtant ses mots prenaient tout son sens ici.
"Petite gamine pourrie gâtée."
Il avait eût raison, sur toute la ligne, j'allais ici, combattre la faim, le froid, l'épuisement et tout ça pour poursuivre un idéal que j'avais vu d'un œil naïf. Le Gouvernement Mondial était pour moi, le seul rempart contre l'anarchie, contre la folie et la furie du monde. Je croyais me battre contre la folie et cette furie, mais j'avais tort. Ici, c'était un combat contre moi-même et mes idéaux d'humaniste bien-pensant. Je voulais combattre l'injustice et pourtant, j'étais l'un de ses instruments, j'allais alourdir les inégalités. Et pourquoi ? Ça, je ne le savais pas encore à ce moment-là.
"-En rang trois par trois et avancer bande de chiens."
Ma cage avait été ouverte, et le même homme qui m'avait pris violemment par le cou, avait recommencé pour me relâcher avec force dans la foule grossissante. Là encore, le dispositif de surveillance était, on ne peut plus, étroit, rien ne pouvait échapper à l'œil des geôliers. Tout était pensé et prévu pour qu'il n'y aucune fuite, aucune possibilité, aucun espoir, ici commencé une autre vie. Le navire avait jeté l'ancre dans un port sécurisé et la passerelle faisait descendre l'ensemble de la foule dans un corridor formé par des grillages de barbelés de chaque côté. Derrière ces derniers, il y avait des matons, des superviseurs qui comptaient et organiser la répartition. Au bout du couloir, la plupart d'entre nous était séparés. C'est ici, que mon regard envers ce que je faisais, avait changer du tout au tout.
Devant moi, une famille était présente, un père de famille avec un grand sourire, je me souviens qu'il n'avait pas cessé de rassurer sa femme et ses deux filles, que "tout irait bien" et qu'une nouvelle vie les attendait ici. Mais, le corridor était terminé pour se séparer en deux embouchures, plusieurs gardes étaient au milieu de la masse grouillant pour effectuer les tris. La famille avait été séparée, d'un côté les deux filles de l'autre le père et la mère, et moi, j'étais là, a observer.
Le père s'était révolté, hurlant de tout son être, il s'était jeté sur le premier garde comme une bête sauvage, mué par cet instinct primaire qu'est la sauvegarde de sa progéniture, j'ai vraiment cru qu'il avait une chance et qu'il tuerait les soldats.
Mais, sous les yeux de ses enfants, l'un des matons en chef avait feu en plein visage, laissant le sang maculé la boue formée par le passage des centaines de personnes. Il était mort là, pour défendre ce qui semblait être la plus chère chose à ses yeux. Et moi, je n'ai rien fait.
Je n'ai rien fait, j'étais encore dans le moule et le cadre strict inculquer par des années d'entraînement de Cipher Pol, un lavage de cerveau progressif sur plusieurs années qui m'avait appris à ne pas compromettre ma mission. Mais c'était sur cette île que j'allais comprendre que, la véritable justice était détenue par les gens de pouvoirs et que si je voulais aider à lutter contre les injustices et les inégalités, il faudrait devenir puissant, beaucoup plus puissant. Tisser des liens avec des gens de pouvoirs, s'entourer de personne compétente. Mais là aussi, à ce moment, je ne savais rien. Cette île était mon purgatoire, mon mouroir. J'allais mourir ici, pour naître sous un nouveau visage, forgé dans un nouvel esprit, un profond bouleversement en moi.
Moi aussi, il m'avait séparé, mais ils ne s'en étaient pas aperçu, mon corps était parti sur le couloir de gauche, mais mon âme enfantine sur la droite. Et comme les enfants qui ne révéraient pas leur père, je ne révérais pas celle que j'étais autrefois.
J'étais sur l'île de Tequila Wolf pour quelques jours, pour remplir ma mission. En fait, j'y resterais trois longues semaines, la notion de bien et de mal deviendrait abstraite et je tisserais mes premiers liens avec le monde très particulier du Cipher Pol Sept.
Plus tôt dans la nuit, un homme m'avait réveillée, pour savoir pourquoi j'étais là. Pourquoi ? C'était une question qui me taraudait sans cesse. Pourquoi les gens étaient-ils ici ? Pourquoi voulait-on absolument avoir le contrôle de leur vie, de leur histoire, de leur vécu ? Ce que je n'avais pas compris en partant du Don des Saints, c'est que j'allais perdre à jamais mon âme de petite fille banale. Fille de bourgeoise, élevée dans des valeurs d'entraide et de bonté envers son prochain, tout ceci aller s'effronder. Une autre Nikka verrait le jour, mais pas aujourd'hui, pas ce jour-ci. C'était là aussi une des choses que je ne savais pas, c'était la durée de ma mission, nous avions parlé de quelques jours, mais l'enfer durera des semaines entières.
C'est au moment ou le treuil avait saisit ma caisse de contention, que je m'étais remémoré les paroles du Colonel Fenyang. C'était il y a quelques années déjà et pourtant ses mots prenaient tout son sens ici.
"Petite gamine pourrie gâtée."
Il avait eût raison, sur toute la ligne, j'allais ici, combattre la faim, le froid, l'épuisement et tout ça pour poursuivre un idéal que j'avais vu d'un œil naïf. Le Gouvernement Mondial était pour moi, le seul rempart contre l'anarchie, contre la folie et la furie du monde. Je croyais me battre contre la folie et cette furie, mais j'avais tort. Ici, c'était un combat contre moi-même et mes idéaux d'humaniste bien-pensant. Je voulais combattre l'injustice et pourtant, j'étais l'un de ses instruments, j'allais alourdir les inégalités. Et pourquoi ? Ça, je ne le savais pas encore à ce moment-là.
"-En rang trois par trois et avancer bande de chiens."
Ma cage avait été ouverte, et le même homme qui m'avait pris violemment par le cou, avait recommencé pour me relâcher avec force dans la foule grossissante. Là encore, le dispositif de surveillance était, on ne peut plus, étroit, rien ne pouvait échapper à l'œil des geôliers. Tout était pensé et prévu pour qu'il n'y aucune fuite, aucune possibilité, aucun espoir, ici commencé une autre vie. Le navire avait jeté l'ancre dans un port sécurisé et la passerelle faisait descendre l'ensemble de la foule dans un corridor formé par des grillages de barbelés de chaque côté. Derrière ces derniers, il y avait des matons, des superviseurs qui comptaient et organiser la répartition. Au bout du couloir, la plupart d'entre nous était séparés. C'est ici, que mon regard envers ce que je faisais, avait changer du tout au tout.
Devant moi, une famille était présente, un père de famille avec un grand sourire, je me souviens qu'il n'avait pas cessé de rassurer sa femme et ses deux filles, que "tout irait bien" et qu'une nouvelle vie les attendait ici. Mais, le corridor était terminé pour se séparer en deux embouchures, plusieurs gardes étaient au milieu de la masse grouillant pour effectuer les tris. La famille avait été séparée, d'un côté les deux filles de l'autre le père et la mère, et moi, j'étais là, a observer.
Le père s'était révolté, hurlant de tout son être, il s'était jeté sur le premier garde comme une bête sauvage, mué par cet instinct primaire qu'est la sauvegarde de sa progéniture, j'ai vraiment cru qu'il avait une chance et qu'il tuerait les soldats.
Mais, sous les yeux de ses enfants, l'un des matons en chef avait feu en plein visage, laissant le sang maculé la boue formée par le passage des centaines de personnes. Il était mort là, pour défendre ce qui semblait être la plus chère chose à ses yeux. Et moi, je n'ai rien fait.
Je n'ai rien fait, j'étais encore dans le moule et le cadre strict inculquer par des années d'entraînement de Cipher Pol, un lavage de cerveau progressif sur plusieurs années qui m'avait appris à ne pas compromettre ma mission. Mais c'était sur cette île que j'allais comprendre que, la véritable justice était détenue par les gens de pouvoirs et que si je voulais aider à lutter contre les injustices et les inégalités, il faudrait devenir puissant, beaucoup plus puissant. Tisser des liens avec des gens de pouvoirs, s'entourer de personne compétente. Mais là aussi, à ce moment, je ne savais rien. Cette île était mon purgatoire, mon mouroir. J'allais mourir ici, pour naître sous un nouveau visage, forgé dans un nouvel esprit, un profond bouleversement en moi.
Moi aussi, il m'avait séparé, mais ils ne s'en étaient pas aperçu, mon corps était parti sur le couloir de gauche, mais mon âme enfantine sur la droite. Et comme les enfants qui ne révéraient pas leur père, je ne révérais pas celle que j'étais autrefois.
J'étais sur l'île de Tequila Wolf pour quelques jours, pour remplir ma mission. En fait, j'y resterais trois longues semaines, la notion de bien et de mal deviendrait abstraite et je tisserais mes premiers liens avec le monde très particulier du Cipher Pol Sept.