Les jours passent les uns après les autres, hier ressemblant à aujourd’hui, aujourd’hui à demain… Tout est si répétitif. Le plus inquiétant est que certains hommes se permettent de se relâcher, mettant leur vie en péril, et pour preuve, l’un d’entre eux a été retrouvé dans un sale état suite à confrontation avec un dinosaure. Heureusement pour ce dernier, des renforts trainaient non loin du lieu de l’attaque, parvenant à repousser la bête et s’occuper à temps du blessé. J’ai compris que à cet instant que je devais régulièrement passer un sermon à ces messieurs que nous vivons actuellement dans un milieu hostile dans lequel la bête n’accepte pas l’Homme. Logiquement, comme très souvent, c’est à Suelto de réaliser ce genre de tâche, ne me sentant que trop peu à l’aise pour cet exercice, mais je me sentais de briser la glace cette fois-ci. Les idées plus claires, mes pensées davantage structurées, c’est peut-être pour ça.
Le malheureux aux côtés cassées sert au moins d’exemple aux autres, qui réfléchiront maintenant à deux fois avant d’agir inconsciemment. Quoiqu’il en soit, le temps commence à se faire long, les hommes se sentent délaissés par la cause malgré la richesse que ce voyage leur procure, notamment à force d’entraînements intensifs que l’on tente de mettre en place tous les jours. Tant physiquement que stratégiquement, car repousser des bêtes plus fortes et plus puissantes que nous, sans un minimum de réflexion, ça relève clairement de l’exploit, ou de l’imaginaire. Heureusement que je dispose d’un bon groupes, les types s’amusent et apprécient quand même de rester ensemble sur cette île. De mon côté, c’est un peu différent. Cela fait presque un mois que nous sommes ici et toujours aucune nouvelle de West Blue. Peut-être n’y retournerai-je pas. Peut-être vais-je maintenant réellement commencer mon aventure sur la mer de tous les périls…
La pluie tombe à flot en cette calme journée où les hommes se réfugient, les uns après les autres, sous les immenses ossements des défunts dinosaures. À ce juste titre, quand on prend du recul et qu’on observe la taille de ces ossements, il y a matière à se question sur le genre de monstres qui habitaient l’île autrefois et, qui sait, peut-être encore maintenant. Visconti est en chasse, seul, sous ce déferlement qui ne doit certainement pas l’aider. Je décide de partir à sa recherche afin de l’aider, si besoin en est. Mais en entamant les recherches, je réalise que tout comme moi, Suelto n’est pas du genre à chasser à côté de son campement. Non, lui, ce qui l’intéresse essentiellement, c’est d’aller au plus loin.
Après quelques minutes de marche, je m’assieds d’un arbre totalement au hasard, puisqu’il n’est pas si différent de tous ceux se trouvant dans les environs. La température a chutée grâce à ces gros nuages qui masquent le soleil. Pour une fois depuis que nous sommes ici, je me sens bien dans tous les sens du terme, aussi bien physiquement que dans ma petite tête. En fait, j’estime que si mon corps se porte bien, alors il en va de même pour ma tête, bien que l’inverse soit également vrai. C’est cool. Des semaines que nous sommes ici et c’est la première fois que je ne subis pas les conditions météorologiques. Alors je ferme les yeux, et j’écoute, j’écoute la pluie qui s’écoule tout autour de moi. Elle atterrit déjà sur une des nombreuses feuilles, d’une des nombreuses branches, dans laquelle elle glisse jusqu’au moment de la chute où elle finit par s’écraser sur mon visage : la goutte. Ce processus recommence sans consensus, à de nombreuses reprise. Je reste imperturbable.
Voir les yeux fermés, ça semble utopique, irréaliste et l’on me prendrait pour un type atteint de troubles psychologiques. Enfin, sans ça, il était déjà question de m’interner pour certains. Mais pour moi, l’idée était simplement de prouver que sans mes yeux, je pouvais en voir bien que les autres. Le corps humain cherche sans arrêt à équilibrer les défauts. Si un muscle ne fonctionne plus, d’autres viendront compenser ce manque. Idem pour les yeux, s’ils ne fonctionnent plus, alors les autres sens se mettront au travail pour faire en sorte que je puisse voir sans réellement voir. Quel est l’intérêt d’une vue parfaite avec ce temps ? Le son de cette pluie qui s’écrase sur les différents éléments solides est extrêmement apaisante, de même pour ses oiseaux qui volent pour tenter de trouver un abri, ses singes qui sautent d’arbres en arbres probablement pour la même raison… Et toi, Suelto, où es-tu ? Que fais-tu ? Cela semble anodin mais tu es absent depuis de nombreuses heures, bien plus qu’il n’en faut pour chasser.
Je tente de percevoir le moindre bruit, au-delà de ce que j’ai l’habitude d’entendre, mais absolument rien ne me vient. Pire que ça, plus je tente d’atteindre cet objectif, et plus je m’en éloigne, provoquant un certain agacement en moi. Cependant, pas question d’avoir des réactions excessives, je reste de marbre et tente de me reprendre. Comme me disait Stanislas, autrefois, la patience payera toujours d’une manière ou d’une autre, peut-être pas de manière significative, mais peut-être assez subtilement. Je réitère l’expérience. La persévérance et la patience sont les mots d’ordres à présent. Les yeux toujours fermés depuis maintenant de longues minutes, je reprends le processus depuis, j’efface toutes mes pensées inutiles… Le pluie, les oiseaux, les singes, les gouttes qui m’atteignent, tout cela n’est plus.
Plus aucun son, plus aucune sensation. C’est tellement agréable que j’ai bien envie de rester à ce niveau là. Ce n’est pas mon objectif, cela dit, poursuivons. J’entends des pas très légers, des pas que je n’aurais pas pu entendre avec la pluie qui brouille ces derniers. Le tout accompagné d’un son d’une mouche qui vole. Je pensais entendre énormément de choses, mais il en est rien. Il existe un monde infiniment grand et infiniment petit que l’Homme peut percevoir en poussant ses sens à leur paroxysme. Mais ce n’est toujours pas assez, toujours pas… Je ne sais toujours pas où se trouve mon ami. Je tente de repousser mes limites, encore et encore, mais je me brouille totalement. Des sons désagréables me parviennent aux oreilles, j’entends à la fois tout et rien, des voix, des cris d’animaux, des vagues qui s’entrechoquent, la pluie, des mouches combinées à fracassements de roches, puis encore des cris… Qu’est-ce qu’il se passe ? Des images me viennent parallèlement avec les sons. De la végétation, de la végétation, encore de la végétation. Est-ce la forêt de l’île ou des souvenirs d’une autre île qui perturbe ma perception de l’environnement ?
Non. Non. Je dois reprendre mes esprits, me concentrer. J’essaye désespérément de sortir de ce surplus d’informations, mais je m’y enfonce davantage, je m’emporte dans ce tourbillon informationnel que je ne peux plus stopper. J’ai le sentiment d’être emporté dans un monde dimensionnel où il est impossible de se réchapper. Quand je tente de reprendre le contrôle, c’est trop tard. Pis l’image se bloque sur deux personnes, deux personnes que je ne peux identifier à cause de leurs capuches et leurs longs manteaux, accompagnés de sacs à dos, marchant tranquillement quelque part dans la forêt. Est-ce vraiment la même forêt dans laquelle nous sommes ? Le côté tropical, la pluie, c’est trop de détails qui semblent me confirmer la chose. Mais alors qui sont-ils ? Pourquoi ne les ai-je jamais vus ? Je dois impérativement connaître leur destination. D’où viennent-ils ? Qui sont-ils ? L’un d’eux s’arrêtent subitement. Il relève lentement la tête qui semble se diriger vers mon point de vue, c’est effrayant. Suis-je démasqué ? Et d'un seul coup, sans raison, un second flash surgit de nulle part. Me voici face à... un mylodon ? Un cousin proche du paresseux, j'en avais rencontré un lors de ma dernière aventure sur l'île. Je me téléporte une nouvelle fois dans un endroit de la forêt, en train d'observer un smilodon, mais il disparait rapidement de mon champ de vision. C'est brouillon, c'est flou, c'est comme s'il y avait des interférences. De nombreux flashs, tous plus courts les uns que les autres, tous plus rapides, avec le moins de détails possible... Aucune image n'est nette. Ça s'enchaine, ça se défile, ça s'efface, ça revient. C'est vert, comme la faune, puis c'est bleu comme la mer. Le vent souffle fort, ça grésille. Je me sens m'égarer, perdre le contrôle, me perdre tout simplement dans les abysses...
PAN !
Une détonation me sort subitement de ce cauchemar.
« Oy ! Espèce d’enfoiré, ça fait un moment que je t’appelle ! Tu dors ou quoi ? Cet insecte suceur de sang allait te tuer. » Dit Suelto arrivé de nulle part.
En effet, un insecte éclaté par sa belle est à côté de moi. Sa précision se peaufine de jours en jours. Je suis trempé de la tête aux pieds. Et non. N’allez pas croire qu’il s’agisse de la pluie, ce n’est pas seulement ça. Je transpire comme lorsqu’un enfant sort d’un mauvais rêve. Ma tête va exploser, je ressens le besoin d’être aidé par mon ami pour me relever, puis une fois fait, il me file une gourde remplie d’eau. En trainant une bonne bête, il m’annonce qu’il y en d’autres à ramener au campement, mais que seul il ne peut y parvenir. En me tenant la tête, je l’accompagne vers le butin à trainer, en espérant que tout cela se calme.
Le malheureux aux côtés cassées sert au moins d’exemple aux autres, qui réfléchiront maintenant à deux fois avant d’agir inconsciemment. Quoiqu’il en soit, le temps commence à se faire long, les hommes se sentent délaissés par la cause malgré la richesse que ce voyage leur procure, notamment à force d’entraînements intensifs que l’on tente de mettre en place tous les jours. Tant physiquement que stratégiquement, car repousser des bêtes plus fortes et plus puissantes que nous, sans un minimum de réflexion, ça relève clairement de l’exploit, ou de l’imaginaire. Heureusement que je dispose d’un bon groupes, les types s’amusent et apprécient quand même de rester ensemble sur cette île. De mon côté, c’est un peu différent. Cela fait presque un mois que nous sommes ici et toujours aucune nouvelle de West Blue. Peut-être n’y retournerai-je pas. Peut-être vais-je maintenant réellement commencer mon aventure sur la mer de tous les périls…
La pluie tombe à flot en cette calme journée où les hommes se réfugient, les uns après les autres, sous les immenses ossements des défunts dinosaures. À ce juste titre, quand on prend du recul et qu’on observe la taille de ces ossements, il y a matière à se question sur le genre de monstres qui habitaient l’île autrefois et, qui sait, peut-être encore maintenant. Visconti est en chasse, seul, sous ce déferlement qui ne doit certainement pas l’aider. Je décide de partir à sa recherche afin de l’aider, si besoin en est. Mais en entamant les recherches, je réalise que tout comme moi, Suelto n’est pas du genre à chasser à côté de son campement. Non, lui, ce qui l’intéresse essentiellement, c’est d’aller au plus loin.
Après quelques minutes de marche, je m’assieds d’un arbre totalement au hasard, puisqu’il n’est pas si différent de tous ceux se trouvant dans les environs. La température a chutée grâce à ces gros nuages qui masquent le soleil. Pour une fois depuis que nous sommes ici, je me sens bien dans tous les sens du terme, aussi bien physiquement que dans ma petite tête. En fait, j’estime que si mon corps se porte bien, alors il en va de même pour ma tête, bien que l’inverse soit également vrai. C’est cool. Des semaines que nous sommes ici et c’est la première fois que je ne subis pas les conditions météorologiques. Alors je ferme les yeux, et j’écoute, j’écoute la pluie qui s’écoule tout autour de moi. Elle atterrit déjà sur une des nombreuses feuilles, d’une des nombreuses branches, dans laquelle elle glisse jusqu’au moment de la chute où elle finit par s’écraser sur mon visage : la goutte. Ce processus recommence sans consensus, à de nombreuses reprise. Je reste imperturbable.
Voir les yeux fermés, ça semble utopique, irréaliste et l’on me prendrait pour un type atteint de troubles psychologiques. Enfin, sans ça, il était déjà question de m’interner pour certains. Mais pour moi, l’idée était simplement de prouver que sans mes yeux, je pouvais en voir bien que les autres. Le corps humain cherche sans arrêt à équilibrer les défauts. Si un muscle ne fonctionne plus, d’autres viendront compenser ce manque. Idem pour les yeux, s’ils ne fonctionnent plus, alors les autres sens se mettront au travail pour faire en sorte que je puisse voir sans réellement voir. Quel est l’intérêt d’une vue parfaite avec ce temps ? Le son de cette pluie qui s’écrase sur les différents éléments solides est extrêmement apaisante, de même pour ses oiseaux qui volent pour tenter de trouver un abri, ses singes qui sautent d’arbres en arbres probablement pour la même raison… Et toi, Suelto, où es-tu ? Que fais-tu ? Cela semble anodin mais tu es absent depuis de nombreuses heures, bien plus qu’il n’en faut pour chasser.
Je tente de percevoir le moindre bruit, au-delà de ce que j’ai l’habitude d’entendre, mais absolument rien ne me vient. Pire que ça, plus je tente d’atteindre cet objectif, et plus je m’en éloigne, provoquant un certain agacement en moi. Cependant, pas question d’avoir des réactions excessives, je reste de marbre et tente de me reprendre. Comme me disait Stanislas, autrefois, la patience payera toujours d’une manière ou d’une autre, peut-être pas de manière significative, mais peut-être assez subtilement. Je réitère l’expérience. La persévérance et la patience sont les mots d’ordres à présent. Les yeux toujours fermés depuis maintenant de longues minutes, je reprends le processus depuis, j’efface toutes mes pensées inutiles… Le pluie, les oiseaux, les singes, les gouttes qui m’atteignent, tout cela n’est plus.
Plus aucun son, plus aucune sensation. C’est tellement agréable que j’ai bien envie de rester à ce niveau là. Ce n’est pas mon objectif, cela dit, poursuivons. J’entends des pas très légers, des pas que je n’aurais pas pu entendre avec la pluie qui brouille ces derniers. Le tout accompagné d’un son d’une mouche qui vole. Je pensais entendre énormément de choses, mais il en est rien. Il existe un monde infiniment grand et infiniment petit que l’Homme peut percevoir en poussant ses sens à leur paroxysme. Mais ce n’est toujours pas assez, toujours pas… Je ne sais toujours pas où se trouve mon ami. Je tente de repousser mes limites, encore et encore, mais je me brouille totalement. Des sons désagréables me parviennent aux oreilles, j’entends à la fois tout et rien, des voix, des cris d’animaux, des vagues qui s’entrechoquent, la pluie, des mouches combinées à fracassements de roches, puis encore des cris… Qu’est-ce qu’il se passe ? Des images me viennent parallèlement avec les sons. De la végétation, de la végétation, encore de la végétation. Est-ce la forêt de l’île ou des souvenirs d’une autre île qui perturbe ma perception de l’environnement ?
Non. Non. Je dois reprendre mes esprits, me concentrer. J’essaye désespérément de sortir de ce surplus d’informations, mais je m’y enfonce davantage, je m’emporte dans ce tourbillon informationnel que je ne peux plus stopper. J’ai le sentiment d’être emporté dans un monde dimensionnel où il est impossible de se réchapper. Quand je tente de reprendre le contrôle, c’est trop tard. Pis l’image se bloque sur deux personnes, deux personnes que je ne peux identifier à cause de leurs capuches et leurs longs manteaux, accompagnés de sacs à dos, marchant tranquillement quelque part dans la forêt. Est-ce vraiment la même forêt dans laquelle nous sommes ? Le côté tropical, la pluie, c’est trop de détails qui semblent me confirmer la chose. Mais alors qui sont-ils ? Pourquoi ne les ai-je jamais vus ? Je dois impérativement connaître leur destination. D’où viennent-ils ? Qui sont-ils ? L’un d’eux s’arrêtent subitement. Il relève lentement la tête qui semble se diriger vers mon point de vue, c’est effrayant. Suis-je démasqué ? Et d'un seul coup, sans raison, un second flash surgit de nulle part. Me voici face à... un mylodon ? Un cousin proche du paresseux, j'en avais rencontré un lors de ma dernière aventure sur l'île. Je me téléporte une nouvelle fois dans un endroit de la forêt, en train d'observer un smilodon, mais il disparait rapidement de mon champ de vision. C'est brouillon, c'est flou, c'est comme s'il y avait des interférences. De nombreux flashs, tous plus courts les uns que les autres, tous plus rapides, avec le moins de détails possible... Aucune image n'est nette. Ça s'enchaine, ça se défile, ça s'efface, ça revient. C'est vert, comme la faune, puis c'est bleu comme la mer. Le vent souffle fort, ça grésille. Je me sens m'égarer, perdre le contrôle, me perdre tout simplement dans les abysses...
PAN !
Une détonation me sort subitement de ce cauchemar.
« Oy ! Espèce d’enfoiré, ça fait un moment que je t’appelle ! Tu dors ou quoi ? Cet insecte suceur de sang allait te tuer. » Dit Suelto arrivé de nulle part.
En effet, un insecte éclaté par sa belle est à côté de moi. Sa précision se peaufine de jours en jours. Je suis trempé de la tête aux pieds. Et non. N’allez pas croire qu’il s’agisse de la pluie, ce n’est pas seulement ça. Je transpire comme lorsqu’un enfant sort d’un mauvais rêve. Ma tête va exploser, je ressens le besoin d’être aidé par mon ami pour me relever, puis une fois fait, il me file une gourde remplie d’eau. En trainant une bonne bête, il m’annonce qu’il y en d’autres à ramener au campement, mais que seul il ne peut y parvenir. En me tenant la tête, je l’accompagne vers le butin à trainer, en espérant que tout cela se calme.
Dernière édition par Ragnar Etzmurt le Mar 17 Jan 2017 - 19:39, édité 1 fois