Orangia Independenza

Il est quatre heure du matin, nous avons passé la nuit sur les flots. Nous avons eu beau tourner en quarts, nous sommes déjà fatigués, et ce n’est que le commencement. Ce week-end s’annonce long. Très long.

Nous ? Les recrues qui forment la promotion actuelle de la base G-2, le QG d’East Blue. Nous sommes venus sur Orange épauler la 423è pour assurer l’ordre et la sécurité pendant la grande foire annuelle qui couvre toute l’île entière le temps d’un week-end. Elle réunit marchands, artisans, forains, et ne manque pas de masser la foule. Nous sommes sous le commandement du Commandant Ramsteil et du Lieutenant-Colonel Gallagher respectivement, bien que nous coordonnons nos forces pour l’évènement. Nous avons tous été dotés de Den den qui communiquent ensemble grâce au réseau du Colonel Dutch Warp.

Nous sommes postés en bataillons sur la plage, alors que les étals se montent déjà tout doucement à l’horizon. Les citoyens dorment encore mais les marchands s’activent déjà. Pour notre part, nous pouvons remercier la fraîcheur matinale et les embruns pour nous maintenir éveillés. C’est le silence total que seul le bruit des vagues vient perturber avant que le Lieutenant-Colonel ne prennent la parole.

- Bien, s’efforce-t-il à crier pour couvrir les rafales de vent et la mer qui s’agite à cause de lui, les yeux plissés. Soldats, comme vous le savez tous, aujourd’hui est un jour très important pour Orange, nous ne laisserons personne troubler l’ordre public. A part quelques citoyens peut être trop alcoolisés, nous ne devrions pas avoir trop à agir. Mais restons vigilants ! Autant de monde réuni dans un si petit endroit est une aubaine pour les criminels ! C’est pourquoi nous allons nous délimiter des zones d’actions.

Sa coupe afro se déforme furieusement au gré des rafales et son bandeau flotte et claque joyeux au vent lui aussi, je crois même que la plupart des marins de notre promotion sont davantage focalisés sur ce détail que sur ses paroles. Il faut dire que cela lui apporte une aura de guerrier déterminé, le coude sur la garde son sabre.

- La section alpha de la 423è tiendra le port, reprend-il. La beta se postera un peu plus loin pour contrôler les accès et prévenir de tout intru. Je veux des snipers sur les points culminants et stratégiques, vous serez sous les ordres du Matelot 1ère Classe Rae. Le reste, sous patrouillerez dans la ville sous le commandement du Lieutenant Kaplan. Malgré les effectifs déployés, le mot d’ordre reste la discrétion ! Nous sommes sur Orange je vous rappelle.
- Okay ! continue le Commandant Ramsteil. Nous autres tiendrons les extérieurs ainsi que les petits hameaux. La section alpha tiendra la plage nord à bord du croiseur. Les autres marins, référez-vous à votre Lieutenant pour connaître votre périmètre !

C’est sur ces mots que nous saluons tous en même temps avant de se déployer dans tous les sens, bien que chacun sait ce qu’il a à faire. Je vais donc voir ce Lieutenant auquel je dois obéir et j’apprends que nous devons couvrir le petit hameau côtier des Trois Rivières.

De ce que je sais du Lieutenant Hammond, c'est qu'il est un homme bon. Réfléchi et posé. Il n'ouvrira les hostilités qu'en dernier recours, préférant la parole aux actes. Il répète sans cesse que nous sommes les justiciers, que nous devons nous contenter simplement de riposter en limitant les dommages collatéraux.


Lieutenant Hammond:


Ainsi donc, nous partons au pas de course nous mettre en position avant même que le soleil ne soit encore levé, sous une pleine lune et sa robe argentée qui nous éclaire suffisamment pour que nous nous passions de torches.
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Je suis directement affiliée au Caporal Breeds. D’après certaines personnes de ma proposition, c’est un grade honorifique qui doit le pousser à prendre des initiatives. Je l’ai aperçu brièvement durant mon séjour au QG, et je sais que ce n’est pas un homme très assuré mais il a bon fond. Par contre, celui que je crains, c’est le Sergent Faust. On raconte qu’il tient à son grade uniquement pour déverser sa frustration sur les jeunes recrues, pour un oui ou pour un non. C’est sa façon d’évacuer la pression que ses supérieurs lui imposent. Heureusement pour nous, au dessus de lui, il y a l’Adjudant Seleño, qui saura le remettre à sa place si les choses se passe mal avec lui.

Avec une telle organisation et une communication commune via nos Den Den reliés jusqu’au Commandant Ramsteil et au Lieutenant-Colonel Gallagher, c’est toute l’île qui est quadrillée et nous savons tout ce qui se passe en temps et en heure.

Après une longue heure de marche et une autre de mise en action du plan, les marchands et autres forains s’activent pour achever leurs derniers préparatifs et être prêts lors de l’inauguration officielle. Le soleil se lève à peine quand les derniers barnums le sont déjà depuis quelques temps. Les marchandises font leur apparition sur les étals à tous les stands et nous déambulons déjà dans les allées formées par le vide entre chaque échoppe éphémères. Nous saluons les travailleurs, leur demandons si tout se passe bien, s’ils n’ont pas besoin d’aide. Déjà des effluves commencent à inonder délicieusement le marché gigantesque mais encore inanimé de touristes et cela ne manque pas de nous allécher : poulet rôti, poisson fumé, fruits exotique, bouquets de fleur, encens artisanaux, etc. Outre la vue, c’est peut être le sens qui est le plus éveillé.

Éveillés, nous le sommes également. Même si nous nous économisons pour la suite. Quand je pense que la moitié de nos effectifs sont dans la caserne en train de dormir pour pouvoir nous faire remplacer quand nous prendrons leur place, je les envierais presque ... Mais je tiens bon malgré tout, puisque ce qui m’anime, c’est l’honneur de savoir que je suis ici pour faire régner l’ordre et le calme.

Et puis enfin vient l’heure d’ouverture. Nos supérieurs nous avertissent qu’il faut que nous nous tenions prêts, surtout pour ceux qui n’ont jamais connu cela de ce côté-ci du tourisme. Je ne comprends pas pourquoi avant de constater de mes propres yeux que la foule m'apparaît comme un ras-de-marée qui déferle dans les allées ! C’est tout bonnement incroyable ! J’aurais aimé être au port pour constater la surabondance des navires ! Déjà que ceux des marchands inondaient la baie, mais là, ce doit être autre chose encore ... Et j’imagine que le port ne doit pas désemplir ...



~



La matinée a été très calme, aucun incident à relever, vraiment. L’agitation a commencé à naître vers midi avec la ruée vers les restaurants montés pour l’occasion ou tout autre point de restauration. Mais mis à part quelques personnes qui commençaient à s’enivrer, rien de notable. Une ronde bien plate, bien longue. Assez pénible. Heureusement, les touristes ne nous regardaient pas d’un mauvais oeil.



~



L’après-midi, les effectifs ont commencé à tourner pour s’assurer que les troupes restaient vigilantes. C’est à ce moment là que le Caporal Breeds m’a autorisé à prendre une pause. Et après un repas bienvenu à la caserne, j’ai été directement me coucher pour récupérer de ce début de journée un peu fatigant malgré tout. Pas tant physiquement malgré le fait que nous nous sommes jamais arrêtés de marche, mais aussi mentalement à être toujours aux abois pour ne pas rater une quelconque infraction ou autre.



~



On m’a réveillé à vingt heures. La fête bat son plein, il faut un maximum de personnes opérationnelles pour que les choses se passent bien. Je retourne donc à mon poste, au hameau des Trois Rivières, mais cette fois, ce n’est pas une heure qu’il me faut pour le rejoindre mais bien deux heures ! Deux heures à essayer de me faufiler entre les badauds ! Et quand j’arrive enfin sur place, c’est visiblement irrité que m’accueille le Sergent Faust ...

- Eh bien alors ? Où étiez-vous passée, Nekhbet ?
- Vous savez ...
- Quoi, “vous savez” ? me coupe-t-il sèchement, alors que j’allais lui expliquer.
- Les chemins ne sont plus autant praticables avec ce monde ...
- C’est ça votre excuse ? vomit-il dans un petit étouffement de surprise malvenue.
- C’est tout à fait normal, Sergent Faust. Il fallait le prendre en compte.

Ah ! Dieu merci ! Voilà l’Adjudant Seleño qui arrive à point nommé !

- Hmpf ! Et si nous avions été attaqués ?
- Alors nous aurions répondu “présents”. Nous étions bien assez. Sans compter que nous n’avons pas été attaqués.
- Fort heureusement ! Ce n’est pas avec des tire-au-flanc comme elle que nous pourrions nous défendre convenablement !
- Il suffit, Faust !

Alors qu’il se met à partir à grandes enjambées, vexé, l’Adjudant me sourit, comme fier de lui. Je n’ose pas rire à mon tour, je me contente de le saluer, gênée. Je ne sais même pas s’il faut que je le remercie. Au final, je peux enfin reprendre ma ronde après avoir demandé la localisation à mon escouade.

J’ai hâte d’assister au feu d’artifice prévu dans une petite heure, il me changera un peu les idées ...
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Le moins que l’on puisse dire, c’est que patrouiller n’est vraiment pas passionnant. Et très stressant lors de tels événements qui plus est.

Or, la dernière heure avant le feu d’artifice ne l’a pas moins été. Et celles d’après ? Beaucoup plus. Beaucoup beaucoup plus !

Le clocher sonne les vingt-trois heures. Les Marins à bord se plaignent du manque de visibilité à cause des lumières qui baignent l’île dans un halo doré trop fort derrière eux pour qu’ils ne distinguent quoi que ce soit à l’horizon. Quand le carillon arrive à son terme, c’est la féérie des artificiers qui commence et d’après les Marins postés au port, le phare s’est éteint. Nous contemplons le spectacle qui s’offre à nous tout en restant sur nos gardes mais le crime ne nous laisse pas de répit. Alors que les gerbes d’étincelles colorées pétaradent en plein ciel, deux navires tirent au canon, un à chaque accès de l’île ! Ils profitent du fait que leurs détonations se camouflent dans celles du feu d’artifice mais quand ces derniers trahissent leur présence, il est déjà trop tard ! Nous nous mettons aussitôt en action, les communications dans les Den Den qui font état de la situation s’emmêlent et n’en sort qu’un flot de sons incompréhensibles ! Il faut que le Commandant Gallagher pousse une gueulante pour le couper net et il demande à chaque officier rattaché à un quartier de prendre la parole chacun leur tour : ils confirment l’arrivée de deux navires révolutionnaire, des hommes armés ont jailli du phare et commencent à semer la pagaille en plein festival alors que tout vole en éclat sur les côtes ! Les gens ne savent pas trop ce qui se passe mais en voyant les premiers alarmés qui courent dans tous les sens sous le coup de la peur, ils se mettent à les imiter ce qui crée une panique générale et des émeutes.

Nous devons régler la situation au plus ! Je commence à crier à qui veut l’entendre de rester calme mais personne n’écoute. Je décide donc de contacter mon supérieur direct, le Caporal Breeds, qui ne répond pas. Aussitôt, je pars à sa poursuite.

- Keith ! Qu’est ce que tu fais ? me demande un camarade de mon escouade en élevant suffisamment la voix pour se faire entendre. Et ton poste ?
- Breeds ne répond pas, je vais le chercher ! Vous cinq, voyez avec l’autre escouade et essayez d’évacuer les civils ! Les fauteurs de trouble sont en ville pour l’instant, mais le navire au nord menace de détruire les bâtiments du hameau !
- Entendu !

Notre petit aparté paisible en plein chaos se termine quand nous nous séparons. Comme nos rondes ont été programmées à la minute et mètre près, je sais à peu près où doit se trouver le Caporal Breeds. Je pars donc à sa recherche à toute jambe.
Et c’est quelques instants plus tard à rabattre les civils vers mes collègues que je trouve un Breeds détalant la queue entre les jambes.

- Caporal ! Qu’est ce que vous faites ? Quels sont les ordres ? lui crié-je.
- Mais bon sang fuyez Keith ! C’est la guerre ! Fuyez pour votre vie !
- Vous osez déserter au pire moment ? me fâché-je.

Je savais qu’il n’était pas fait pour ce métier, je ne sais pas ce qui l’a poussé à s’engager, mais c’était une erreur.

- Je ne veux pas mourir ici ... se lamente-il.

Je prends une seconde de réflexion. Dois-je le dénoncer ? Non, le pauvre ne le mérite pas. Mais puis-je me permettre de ne pas le faire ? Non.

- Alors si vous n’êtes plus mon Caporal, ce n’est plus de l’insubordination ... Pardonnez-moi !

Et dans la foulée, j’extirpe le nodachi de ma ceinture, toujours dans son fourreau, et je lui écrase sur le crâne pour l’assommer. Il s’évanouit dans un petit couinement et je le charge sur mes épaules comme on charge un blessé : un bras derrière la jambe et l’autre dans le dos et je le hisse sur mes épaules, direction ce fameux Sergent Faust qui doit être à notre point de ralliement, près de la côte.

Et en effet, après quelques minutes de course vraiment difficile parmi les gens qui tentent de fuir, j’arrive à notre point de chute. Lui et l’Adjudant Seleño dresse un plan sur une carte pour contrer l’attaque quand soudain l’Adjudant reçoit un appel qui lui demande de bloquer l’accès à la campagne aux criminels. J’aurais tellement préféré qu’il soit encore là ... mais bon, je dois sans, et je m’adresse donc à Faust, haletant à plein poumon.

- Sergent ! J’ai surpris le Caporal Breeds en train de déserter, lui affirmé-je le coeur battant à tout rompre. Quels sont les ordres ?
- Hmpf ! Encore un rat dans une équipe de rats ! Posez-le ici, nous nous chargerons de lui une fois rentrés à la base ! Je m’en ferai un malin plaisir !
- Sergent, les ordres !
- Quoi les ordres ? Sachez rester à votre place ?

A ma place ? A ma place ? Alors que lui ne réagit même pas en voyant ses hommes se faire décimer sur la côté à à peine cent mètres derrière lui ? Alors que le navire révolutionnaire se fait de plus en plus menaçant à mesure qu’il approche, si peu égratigné par nos canons en défense ? Hors de question ! Sans même son approbation, je me rue sur cette ligne du front !

- Nekhbet ! tente-il de me rappeler de sa voix rauque. Nekhbet ! Vous le paierez très cher !
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Je ne l’écoute, je n’écoute que mon coeur. Je fais ce qui me semble bien, et bon. Donc je cours auprès des canons mitoyens au ranch en ruine, et qui bombardent le navire révolutionnaire qui s’approche. Je m’assieds au pied des vestiges du muret qui devait être un mur il n’y a pas très longtemps de cela puis je prends le temps de récupérer ma respiration habituelle, accélérée par l’effort et le chaos ambiant. Je ne suis pas gradée, je souhaite que ma présence leur redonne confiance, qu’ils ne perdent pas espoir, qu’ils ne croient pas qu’ils sont oubliés ou envoyés au casse-pipe.

Funèbre spectacle ... Les tentures sont déchirées, brûlées, les avenues désertées ... Partout autour de moi, des corps. Civils comme marins, sans distinction. C’est l’horreur, mais je n’ai pas le temps de la mesurer, d’en prendre pleinement conscience. Certains îliens se battent avec nous pour défendre leur île, d’autres défendent leur cause, la cause révolutionnaire. La plupart des marchands se sont enfuis en courant, rassemblant autant que faire se peut leur marchandise avant d’essayer de se mettre à l’abri ou de mettre les voiles. D’autres encore sont restés à leur stand pour le défendre ... Comment on peut se proclamer révolutionnaire et faire périr des dizaines et des dizaines de civil ? C’est insensé !

Heureusement pour moi, mon Den Den balbutie, me tirant de mes pensées mal venues.

- Allô ?
- Keith ? *krshsh* ...est Hans ! On est plus... *frksh* ...voir pris les bois ! Dirigez l... *krfr* ...ivils vers ...*skrigrsh*
- Hans ? Hans !
- *frgrsh*...tend mal Keith !
- Oui je sais ! Vous cinq, venez !
- *bzkrsh*
- Tu m’as entendu ?
- Katcha.

Eh merde ! Bon, restons calme. Si j’ai bien compris, ils ont la situation en main dans les bois, mais il faudrait qu’ils m’aident au front ! Les canonniers se font décimer, j’ai besoin de renforts ! Alors je me relève et me dirige vers eux, courbée pour que les tirs nous passent bien au dessus de la tête.

- Quelle est la situation ? hurlé-je.
- Mauvaise. On n’a pas le temps de répliquer, ils ont une sacré cadence de tir ! On a deux snipers qui tentent de réduire leur nombre, mais ils ont une mauvaise visibilité !
- Hm ...

J’ai bien une idée mais ... J’hésite une seconde, avant de me dire que nous n’avons rien à perdre.

- Armez les canons mais ne tirez pas !
- Quoi ?
- Faites-moi confiance, je vais essayer quelque chose.
- Le temps n’est plus aux tests, il faut les couler avant qu’ils n’arrivent !
- Je sais ! Mais pour le moment vous ne pouvez pas le faire ! Alors tous aux abris une fois que vous avez chargé !

Tous s’accomplissent, même le canonnier avec lequel je viens de m’entretenir à propos de la situation. Quand il a fini sa manoeuvre, je fouille dans ma besace pour y chercher quelques fioles de sable blanc, je les prends toutes et les glisse dans le canon.

- Feu !
- Vous rigolez ? Vous voulez leur envoyer du sable ?
- Feu je vous dis ! Cachez-vous les yeux !

Il s’exécute, le boulet s’envole et disparaît une demi-seconde plus tard sous un énorme flash blanc, comme un rideau de perles trop étincelant. L’espace d’un instant, le bateau arrête de tirer.

- Maintenant !

Nous répliquons aussitôt, certains boulets font même mouche ! La réponse ne se fait pas tarder et même, l’équipage change de tactique : ils ouvrent grand et fonce droit sur l’île, prêts à nous envahir.

- Reculez ! Reculez ! Sortez vos armes et tenez vous prêts à vous battre !

Je jette un oeil derrière nous, je vois deux fermes presques intactes.

- Là ! Je veux quatre hommes pour tenir chaque ferme, le reste suivez-moi entre les deux !

Nous courons nous mettre en place, les coups de canon ont cessé, ce n’est qu’une question de minutes avant qu’ils ne débarquent en masse. Derrière nous, les bois. Si nous nous faisons déborder, il faudra la jouer retraite et chacun pour soi.

Mais mon triste plan de secours est immédiatement balayé par l’arrivée des mes collègues, dont Hans, qui sont tous à cheval pour nous prêter main forte !
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- Hans ! Vous êtes tous là ! Parfait ! Prenez les flancs ! Ne les laissez pas nous déborder !
- Keith ! J’ai quelque chose à te di...
- Pas maintenant, on nous attaque !

Et effectivement, un craquement sourd retentit signe que le bateau a heurté la côte de plein fouet, volontairement ... A quel point sont-ils stupides ? Leur arrivée n’est qu’une question de secondes, deux minutes tout au plus.

- Ils n’ont rien à perdre, donnez tout ! Mais surtout, n’avancez pas, laissez-les venir à nous, laissez-les s’engouffrer dans le goulet d’étranglement !

- Keith ! Tu ne vas pas faire le coup de la sourde oreille qui m’écoute uniquement quand c’est trop tard !
- Quoi ? lui crie-je après, visiblement irritée qu’il m’interrompe dans mes ordres.
- Seleño est mort dans une embuscade ! Il devait faire son rapport à Hammond mais les gris ont placé des Den Den blancs pour couper nos communications ! Y’a personne pour nous entendre de là où on est ! Si les Révolutionnaires ont débarqué, c’est parce qu’une partie de la population leur a demandé ! Il faut que tu préviennes la garnison, qu’elle fasse attention avec qui elle traite !
- Pas maintenant Hans !
- Si, maintenant ! Ce n’est pas une personne qui va changer le cours de la bataille !
- Alors dans ce cas, la garnison peut attendre !

Comprenant que je n’en ferai qu’à ma tête, il abandonne l’idée de me voir déserter ce champ de bataille pour un autre. C’est mon combat que j’ai à mener ! Et justement, les têtes des premiers révolutionnaires sortent timidement des buttes qu’ils ont encore à gravir.

- Fusiliers, devant ! Un rang à genou, l’autre debout ! Faites feu à vue !

La troupe se dessine en deux bataillons bien distincts. Le moment est venu. Les révolutionnaires chargent dans le tas en beuglant. Les premiers tombent comme des mouches, sauf les sabreurs qui parviennent à parer les balles. Bientôt, c’est un flot gris qui s’écrasera contre le rempart que nous formons et la bataille éclatera dans une mêlée sanglante. Je dégaine mon nodachi, résolue, et interdite. Qu’ils viennent ! Quelques uns de nos cavaliers inespérés foncent dans le tas, le reste vient grossir nos rangs une fois à terre. Tous les soldats ont leur arme à la main, le flot révolutionnaire s’écrase lourdement sur nos défenses et finit par les percer.

- Pour l’ordre et la justice ! crie-je pour encenser mes hommes, sans savoir pourquoi.
Certainement que cela vient du plus profond de mes tripes ... Toujours est-il qu’ils me répondent par des cris qui respirent la volonté d’en découdre juste avant que la bataille n’éclate. Maintenant, alliés et ennemis sont mélangés, les lames s’entrechoquent, j’entre dans un transe frénétique dans laquelle je m’en prends à tout ce qui ne porte pas l’uniforme de la Marine. Pour autant, j’essaie de garder la tête froide pour continuer à avoir une vue d’ensemble sur le combat mais aussi sur ce qui peut se dire.

Mais pour le moment, la bataille fait rage, tout le monde est occupé à combattre. D’un coup dans l’estomac du bout de la garde, je repousse un Révolutionnaire qui voulait m’attaquer alors que je suis déjà aux prises avec un de ses confrères. Confrère qui connait le même sort, mais côté lame. Et là, le choc ! C’est la première fois que je vois mon arme tachée de sang ! Ce sang qui dégouline et qui commence à me dégoûter ... Qu ... Qu’est ce que j’ai fait ? On me fait un croque-en-jambe, je tombe sans parvenir à dévisser mon regard de cette lame ensanglantée qui est la mienne ... Un autre révolutionnaire se tient devant moi, son pistolet pointé sur ma tête. Je le vois mais sans lui prêter plus d’attention que ça ... Je ne percute pas la signification de son rictus carnassier et satisfait qui lui fend le visage en deux ...

- Keith ! Attention !

Hans ! Encore une fois il me sort de la torpeur, j’ai à peine le temps de rouler sur le côté que la part fuse et vient se loger directement dans mon épaule, ce qui m’arrache un cri de douleur.

Mais où avais-je la tête ? Pourquoi me suis-je autant enfoncé dans mes pensées alors que juste à côté de moi, un chaos de lames et de détonation fait des ravages ?

- Keith !
- C’est bon !

Je l’ai fait tombé à mon tour avant de le transpercer de mon long sabre. Je ne m'y attarde plus, la guerre ne m'en laisse pas le temps. Du moins, je ne peux pas me le permettre sans me mettre en danger.

- Pardon ...

D’autres balles, d’autres coupures de lames trop près de ma peau, je redouble de vigilance.

- A gauche ! Ils nous débordent ! gueule un des Marin dans la ferme du même côté.

Les salauds ! Ils ont prévu le coup depuis le début puisque ces révolutionnaires fraîchement débarqués attendaient derrière les buttes qui surplombent le littoral !

- Ne les laissez nous encercler ou nous sommes fichus ! ordonné-je.
- Je m’en charge, me confie Hans. En avant les gars !

Une partie de nos troupes se déploie à cheval de ce côté et les fait rabattre dans le goulet, goulet qui ressemble davantage à un crassier désormais, où même ces chevaux ont leur place ...
Le combat fait encore rage pendant bien vingt bonnes minutes, ce qui me parait une éternité. Les rangs ont bien dégrossi, j’arrive à bout de force, ma peau ressemble ressemblerait presque à un haillon ...

- Tu peux y aller maintenant, Keith ! Nous finirons seuls !
- Compris !
- Sois vigilante sur le chemin surtout !

Sur les conseils de Hans, je me mets en selle, arme en main, et je me fraie un chemin jusqu’à la garnison. Ce petit moment de répit me permet de récupérer un peu, et il n’est perturbé que par quelques individus isolés qui se sont enfuis du champ de bataille, ou par quelques malheureux marchands que je renvoie dans les bois, pour être accueilli par la Marine.
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Le plus gros trouble qui vient me perturber ... c’est moi même. Je ressasse les actions fraîchement passées : le saccage total, tous ces morts, des camarades avec qui j’ai dû m’imposer pour sympathiser ... Et les mort que j’ai fait ... Ma colonne vertébrale est prise d’un soudain frisson, ma main qui tient le nodachi se met à trembler sans que je ne puisse la contrôler. Je la regarde et des larmes viennent me piquer les yeux. Je n’avais jamais tué qui que ce soit de mes propres mains ... Ce n’est pas que je m’en veux ou que je ne savais que cela allait arriver, c’est que je ne m’y étais pas préparé, cachée derrière mes hommes et l’apparat.

Ce moment de calme me fait complètement craquer, et c’est la vue des portes de la ville qui me font me reprendre. Je ralentis l’allure de mon cheval, je sèche mes larmes, je dois retrouver le Lieutenant Hammond. Dès mon arrivée, au calme revenu et aux différentes patrouilles nerveuses qui font des rondes, je comprends qu’une grande majorité de la ville a été reconquise. D’ailleurs, elle n’a pas trop subi de dégâts, mis à part le port et les alentours. Le navire a été coulé, les révolutionnaires tués ou mis hors état de nuire. La 423è a fait du bon boulot, il ne reste que le phare isolé qui pose souci. Malgré le siège, les gris ou affiliés ne cèdent pas. C’est donc sans problème que je me rends à la garnison.

On me laisse passer quand je dis aux Marins qui veillent l’entrée que je suis un Matelot de seconde classe qui a un message à livrer au Lieutenant Hammond, et ce, malgré la tension palpable. Quand j’aperçois enfin les plus hauts gradés, ils s’étonnent de ma vue, surtout le Commandant Ramsteil.

- Un mousse de ma promo, pas vrai ? Vous avez intérêt à avoir une bonne raison d’être ici !
- En effet, les communications sont rompues avec le reste de l’île, et si nous avons réussi à isoler les civils dans les bois, l’Adjudant Seleño est décédé dans une embuscade, il avait un message à faire passer au Lieutenant Hammond.
- Nous vous écoutons, me rassure ce dernier.
- La Révolution n’est pas venue par hasard, ils ont été demandés par certains locaux pour soutenir leur cause : l’indépendance d’Orange.
- Quoi ? s’étouffe la Lieutenant Kaplan, l’air triste. Pourtant, nous faisons tout pour s’effacer un maximum ...
- Ils pensent que la Marine est la source de leur problème, que si les pirates sont de passage ici, c’est à cause d’elle et qu’ils parvenaient à se défendre seuls bien avant sa venue ...

Un long silence s’impose avant que Ramsteil n’explose son poing sur la table de commandement, furieux.

- Ramassis de conneries !
- Ca ne m’étonne pas, souffle Gallagher. Nous sommes à Orange.
- Le phare, débute Kaplan. Vous vous souvenez de ces deux étranges types, Lieutenant-Colonel ?
- Comment pourrais-je oublier ? C’est vous qui m’avez demandé à ce que nous n’intervenions pas ! Vous voyez ? Si nous avions un peu écouté la demande des civils et si nous étions partis enqu...
- Je vous en prie, ne perdons pas notre sang froid, coupe Hammond, dans une tentative risquée de calmer les ardeurs.
- Je suis désolée ...
- Vous ne pouviez pas le savoir, Lieutenant.
- Eh bien quoi ? Expliquez-nous ! s’impatiente Ramsteil.
- Je pense que tout vient de là. Ces deux personnes devaient sûrement être des îliens qui avaient une dent contre nous. Elles ont écouté le peuple gronder et elles l’ont retourné contre nous, en rejoignant la cause révolutionnaire. Les gris ont trouvé une occasion en or pour se montrer et gonfler leur rang.
- Mais on ne laissera pas passer leur tentative de coup d’état ! s’exclame Gallagher. Ils ont fait bien assez de dégâts comme ça !
- Défendre leur ville en la mettant à feu et à sang ...

Je n’ai pas pu me retenir de penser tout haut. Tout le monde s’est arrêté pour me regarder aussitôt.

- Vous n’avez rien à faire là, la bleusaille ! s’énerve Ramsteil.
- Sauf votre respect Commandant, je trouve justement que cette jeune recrue a fait montre d’un courage exemplaire quand ses supérieurs ont échoué à la tâche, visiblement ...
- Ah, Hammond, votre optimisme me scie les nerfs !
- Il dit pourtant vrai, Ramsteil, me défend le Lieutenant-Colonel.
- Et le phare ? Il va se prendre tout seul pendant que nous papotons ?
- Non, en effet, conclut la Lieutenant Kaplan. Et je pense d’ailleurs qu’il serait bon pour la population que nous montrions que nous sommes de son côté. Après cette soirée, elle sera divisée, nous devons agir intelligemment pour qu’elle nous porte à nouveau tout entier dans son coeur.
- Vous avez une idée ? questionne son supérieur.
- Peut être ...
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- C’est grotesque maintenant, ouvrez-nous ! ordonne le Lieutenant-Colonel Gallagher.
- Jamais ! répond un des Révolutionnaires cloîtré dans le phare.

Sur ordre de Gallagher, j’ai accompagné la petite réunion des officiers jusqu’au dernier front, là où sont renfermés les derniers résistants, dont les têtes pensantes de ce coup d’état.

- Bordel, mais qu’est ce qui nous retient de forcer le passage et de tout défoncer ? On a la force suffisante pour !
- Oh la barbe Ramsteil ! crache le chef de la garnison. Un peu de finesse que diable ! J’ai totalement confiance en la Lieutenant Kaplan. Vous ne deviez pas superviser le rétablissement de l’ordre sur toute l’île ?
- Bah, j’ai des gars pour ça ...

Pour montrer sa déception, le Commandant Ramsteil donne un coup de poing lâche sur les pierres du phare. Aucun soldat ne bronche mais tout le monde se tient prêt à intervenir au moindre mouvement, au moindre mot aboyé.

- Vous tiendrez combien de temps comme ça ? Hein ?
- On peut toujours appeler des renforts.
- Vous bluffez. Vu la gueule de votre action, je veux bien croire que la Révolution ne tient pas à envoyer plus de chair à canon.
- On vous promet un jugement impartial si vous vous rendez immédiatement. Le peuple décidera.
- Conneries !
- Merde, Commandant ! Faites un effort ! grogne Gallagher avant de s’impatienter à son tour. Bon, je vais couper court à cette petite mascarade, écoutez moi bien : on vous laisse dix minutes pour vous rendre, passé ce délais, on force.
- Vous pouvez toujours essayer, on a piégé le phare !

Gallagher ne lui répondra pas. Et les dix minutes ont suivi ont été peut être les plus longues et les plus pesantes de ma vie. De l’extérieur, leurs chuchotements résonnent comme un léger bruit incompréhensible, souvent accompagné de ceux de trépignement des marins, qui resserrent leur poigne autour de leur arme au fur et à mesure du décompte, ou de leur pieds quand ils changent de position. Quand cinq bonnes minutes sont passées, le Lieutenant-Colonel les rappelle à l’ordre.

- N’abusez pas. Nous sommes déjà bien assez souples pour nous être engagés à appliquer votre idée de la justice ...

Et une ou deux minutes plus tard, je ne saurais dire, voilà enfin les trois chefs qui osent montrer le bout de leur nez. Leur sortie nous rend nerveux, malgré le fait qu’ils aient les mains levées.

- Nous vous plaçons en garde-à-vue l’instant qu’un procès public se monte. Nous réunirons tous les locaux à midi. Allez, arrêtez-moi.

Ils font grise mine mais se révoltent pas. Nous autres sommes déployés en quarts pour arranger l’île, prêter main forte aux marchands, etc. L’autorité passe également par l’ordre matériel. Avant que je ne parte pour accomplir ma tâche, le Commandant Ramsteil et la Lieutenant Kaplan viennent me voir pour me dire que ma présence est désirée au jugement. J’acquiesce d’un signe de tête en souriant, et je m’éclipse pour travailler quatre heures et me reposer quatre autres. La nuit a été bien longue ...



***


L’instant de mon repos, une haute estrade a été déployée sur la place centrale, avec deux tables avec un Den Den receveur sur chacune ; cinq chaises pour les trois révolutionnaires, le Lieutenant-Colonel, et le Commandant ; la Lieutenant Kaplan et moi même surveillons les trois criminels. La foule s’amasse et elle aussi réclame justice ... à sa façon. Ce qui la divise assez facilement. La tension monte pour tout le monde, jusqu’à ce que la voix du Commandant tonitrue dans une résonance sourde et apporte le silence.

- Un peu de calme s’il vous plait ! La séance ne pourra pas débuter autrement.
- Nous sommes réunis pour juger ces trois criminels qui se sont rendus coupables de tentative de coup d’état, continue Gallagher. Messieurs, je vous laisse la parole pour vous exprimer, vous défendre ou revendiquer votre cause.

Celui du milieu prend la parole. Nous restons interdits et solennels.

- Peuple d’Orange ! Cette soirée a été nécessaire pour faire comprendre à la Marine qu’elle n’est pas la bienvenue sur cette île !

La foule se déchaîne. Soit pour les huer, ou soit pour les encenser.

- S’il vous plait, s’il vous plait ! Silence !
- Bien sûr, des criminels sont déjà venus semer le trouble avant leur présence, mais nous avons toujours su faire front commun pour les repousser ! Mais la Marine n’en a fait qu’à sa tête et s’est implantée chez nous ! Jamais la criminalité n’a explosé aussi fortement depuis qu’elle s’est incrustée chez nous ! Jamais ! Elle a attiré des pirates qui ne seraient pas venus sans elle ! Et voilà que maintenant elle traite les enfants du pays comme des terroristes !

Les exultations et huées redoublent d’intensité si bien que les marins présents pourraient tout juste contenir l’émeute générale si elle venait à se produire. Il faudrait clairement faire appel à des renforts, ce que, je crois, font certains officiers en catimini. Prudence est mère de sûreté.
Gallagher, un sourire en coin, profite de sa complicité avec sa Lieutenant pour se targuer d’un petit :

- Tu veux dire un mot ?

Elle accepte, heureuse. Il parait qu’elle est la face visible et sociale de la Marine à Orange. C’est peut être elle qui est la plus à même de faire pencher la balance. Après tout, l’idée de ce procès était son idée.

- Je suis tout à fait d’accord avec vous. Mais quand nous sommes implantés ici, nous avons fait notre possible pour ne pas nous montrer trop intrusifs, nous avons essayé de respecter au mieux votre intégrité sans pour autant négliger votre sécurité.

Je ne peux m’empêcher de lui taper doucement sur l’épaule. Cette idée de la justice me parle, la justice de coeur est une justice morale qui ne s’exprime qu’avec cet organe. Je trouve ça bête de devoir la réprimer, alors je me laisse aller et je m’exprime, misant tout sur le fait que les convictions profondes savent convaincre les plus dubitatifs, malgré les gros yeux que me fait Ramsteil.

- Si la Marine s’est implantée à Orange, c’est pour que vous autres citoyens n’ayez pas à faire régner la loi. La justice ne peut se faire que par ceux qui l’appliquent. De plus, ce n’est pas à vous de courir les risques, nous sommes là pour vous protéger ! Ce que vous avez fait avant notre arrivée prouve votre valeur et votre unité, tout ceci n’est plus à prouver et c’est tout à votre honneur ! M...
- C’est à cause de vos ennemis que nous avons du souci ! me coupe un des Révolutionnaires.
- Alors oui, bien sûr, la Marine a des ennemis et certains éléments la rongent de l’intérieur. Mais encore une fois, comme dirait le Vice-Amiral Sal... Fenyang, “la Révolution doit être interne et non externe”. Faites confiance à ceux qui marchent droit, ou si vous tenez réellement à faire bouger les choses : engagez-vous. Aussi infime rouage pouvez-vous être, vous pouvez faire bouger les choses à votre façon ! Vous ne serez pas seuls !
- Ouais, et vous allez être envoyés sur le front, et ce sera une vraie boucherie ! Vos rêves seront brisés !
- Je n’ai pas dit que tout serait rose. Bien sûr que ce sera difficile ! Et vos convictions seront mises à mal ! Vous allez en baver ! Tant à cause de vos camarades, que tant à cause de vos supérieurs ou des missions. Mais si vous réussissez, vous allez vous endurcir !

Je marque un temps. Les chuchotement lézardent et s’élèvent lentement. Mêmes les plus hauts gradés ne pipent mot, et je commence à mesurer l’ampleur de mes actes, ce qui me donne un peu le vertige. Je me sens comme planant sur une Orange qui se remet lentement des blessures de la veille mais qui se redresse peu à peu par fierté et entrain. Pour oublier ce sentiment, je continue mon discours à coeur ouvert :

- Ce que ces hommes natifs de l’île ont fait hier soir s’appelle purement et simplement du terrorisme ! Vous ne pouvez pas vous réclamer du pouvoir du peuple quand c’est lui que vous massacrez !
- On a rien fait nous !
- En effet, vous n’avez fait qu’orchestrer l’attaque sans prendre aucun risque. Nous ne sommes pas fautifs de vos actes. Il a été stupide de croire que la Révolution pouvait s’emparer de l’île alors que les effectifs ont été doublés, malgré la charge qui nous incombait. Tout ce qu’elle n’a fait a été de s’emparer de vos doutes pour défendre sa cause. Aujourd’hui, ce que je fais, c’est les dissiper pour qu’enfin vous puissiez vous faire votre propre idée de la justice. Et aujourd’hui encore nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour vous témoigner notre bonne volonté et vous ouvrir ce jugement à tous.
- Merci Nekhbet, ça ira ... me coupe le Commandant Ramsteil.

Je m’éclaircis la voix, gênée, et je recule enfin du Den Den. Tous ces regards des gens pèsent lourd sur ma conscience. Je tente de leur faire face pour leur montrer ma volonté comme un phare en pleine nuit, mais c’est assez difficile. La foule s’agite quelques peux, discute en petits groupes, certains commencent à vouloir se battre mais sont très vite arrêtés par des marins qui assurent l’ordre.

- Bon, eh bien voici venu le moment crucial. Je vous prie de faire preuve d’urbanité s’il vous plait : ceux qui pensent que ces trois énergumènes méritent d’être emprisonnés, placez vous à ma gauche. Ceux qui pensent qu’ils méritent d’être libérés, placez-vous à ma droite.

La foule se mélange et se déchire peu à peu comme un amas de chair presque vivant. L'appréhension monte dans notre camp, espérant que justice soit faite. L’idée est risquée et sûrement mal vue par Marie-Joie, mais si elle s’avère fructueuse alors tout est dans la poche.

Et ...

... clairement, le groupe de gauche se masse de plus en plus devant le visage des Révolutionnaires qui partent en déconfiture. Intérieurement, je jubile, mais je crois que je ne peux m’empêcher de paraître radieuse, tout au mieux. Des ailes m’ont poussé dans le dos, je pensais qu’elle me lâcheraient en plein vol, mais visiblement pas.

Ces deux jours ont été très forts en émotion et j’ai gagné une confiance en moi complètement dingue ! Je ne sais pas d’où elle a jailli, mais elle m’a animé du plus profond de mon âme. Je me sens beaucoup plus forte qu’il y a deux mois. Je fais enfin ce qui me plait, mais aussi ce qui me semble juste ! Moi qui pensais que c’était complètement impossible !
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Après quelques jours à prêter main forte à la 423è pour retaper ce qui en a besoin sur Orange, nous sommes rentrés au QG, bien que notre nombre a été diminué par la bataille. Avant même que nous posons pied à terre, la Sous-Amirale Bii a été prévenue de tout ce qui c’est passé. Un rapport officieux du Lieutenant-Colonel Gallagher si j’en crois la rumeur. Toujours est-il que la très lunatique gradée tient à me voir dans son bureau ... Et j’en garde un très mauvais souvenir, donc je crains le pire, surtout que le Commandant Ramsteil a dû hausser quelques fois la voix sur moi, prenant quelques initiatives qu’il a peu apprécié ... Nous avons donc entamé une cérémonie officielle pour les soldats tombés au combat puis j’ai gagné la tour de commandement.

Je frappe donc à la porte de cette Sous-Amirale Bii avec une certaine boule au ventre.

- Entrez.

J’obéis, peu rassurée, et je salue. Ah, ce bureau qui ressemble à un boudoir n’a pas absolument pas changé, si ce n’est qu’elle n’a plus un poulpe comme animal de compagnie mais un chien-cyborg ...

- Repos, repos ... Je tenais à vous féliciter pour la mission !

J’écarquille les yeux mais je ne me réjouis pas, j’ai appris à faire attention avec elle ...

- C’est pour cela que vous réattribue le grade de Lieutenant. Sans être à mes ordres, bien entendu, puisque vous avez prouvé votre valeur.
- Eh bien ... Je ... Je suis honorée !
- J’imagine ! Du fait, je pensais vous affectez à la garnison d...

Une garnison ? Mais, et Salem ? Il m’avait promis ! J’ose ? J’ose pas ? Allez ma fille, prends ton courage à deux mains !

- Euh ... Si je puis me permettre, Sous-Amirale ...
- Dites, mon petit, n’ayez pas peur !
- Eh bien j’aimerai plutôt prendre la mer ...

Elle me sonde un instant, avant d’accepter avec un large sourire.

- C’est d’accord ! Je vais vous trouver un Commandant de croiseur pour vous commander.
- Je vous remercie !

Alors que la joie explose en mon for intérieur, elle interrompt cette petite victoire que je fête mentalement d’une question, la moue amusée et taquine :

- C’est pour ce Fenyang que vous faites cela, n’est ce pas ?

Je pique un fard.

- Je ... euh ... n-non ... enfin ... si ... oui ...
- Hahaha, je comprends mieux !

Je préfère regarder mes pieds pour fuir son regard à la limite de la perversion pour ne pas l’avoir à l’affronter pendant qu’elle signe les papiers pour officialiser tout ça.
Et puis quelques minutes plus tard, rouleaux en main, je repense à tout ce que j’ai vécu ici. En mal ou en bien. Et la nostalgie me prend, je me fais submerger par toute une vague d’émotions que j’avais su endiguer durant la mission. Tous ces jeunes mousses qui sont morts trop tôt et avec qui j’avais enfin appris à m’entendre ... Ce dernier jour à la base G-2 n’a pas été des plus festifs, et bientôt de nouvelles aventures m’attendront ...
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