South Blue, 1626
Des îles pauvres en habitant, en richesse tout comme en histoire, c’était monnaie courante sur les mers bleus. Quelques villages, des paysans et chasseurs, un chef souvent opulent, le même schéma se répétait souvent et l’intérêt pour les marchands et autres voyageurs était moindre. Pour les chasseurs de primes en revanche, ce n’était pas toujours le cas. Si pour la plupart les pirates et bandits n’y passaient eux aussi que rarement, certains tiraient de ces endroits peu reluisant un avantage indéniable : ils pouvaient tenter de s’y perdre et de profiter du calme ambiant, loin du bruit des villes et des garnisons de soldats.
Si ils réussissaient leur coup, ils disparaissaient aux yeux de tous et jouissaient d’une tranquillité à toute épreuve, si tant est qu’ils résistaient à l’ennui. Mais d’autres n’étaient pas aussi chanceux, ou habile, et laissaient derrières eux certaines traces de leur passage, qu’un chasseur avide de récupérer la prime pourrait alors tranquillement suivre.
Aujourd’hui, ce chasseur était une chasseuse aux cheveux blancs, et sa cible un ex-pirate ayant commis son lot d’atrocités avant de tout bonnement disparaître. Ou presque. Malheureusement pour lui, les témoins eux n’avaient pas disparu et Klara eût tôt fait de remonter jusqu’à lui, profitant du fait que peu de temps s’était écoulé depuis la fuite du pirate.
Connu sous le nom de Javed, ce pirate avait sévit sur South Blue pendant presque une année, pillant et tuant -voir pire-, s’attaquant la plupart du temps à des navires marchands peu défendu. Il aurait été lié à l’enlèvement de tout un équipage peu de temps avant son évaporation. Ses propres hommes, eux, se sont disséminé un peu partout suite à l’abandon de leur capitaine. Et c’est par eux qu’elle avait pu commencer sa traque.
– Z’allez m’buter c’est ça ?
– Non. Pas forcément.
L’ancien pirate rebut une gorgée. Klara avait cessé de compter les pintes qu’il s’était servi. Sale, crasseux, les cheveux ébouriffés et gras, il avait le visage extrêmement creux et la mine fatigué. L’odeur nauséabonde qu’il dégageait suggérait qu’il devait passer une bonne partie de sa vie dans cette taverne peu reluisante. Il avait cependant conservait son ancienne tenue de boucanier, une chemise -qui fut probablement blanche à son âge d’or, et non un mélange de jaune et de noir comme actuellement-, des bandoulières auxquelles avait sûrement tenues divers armes, et un tricorne vieillot marron qu’il réajusta avant de reprendre la parole.
– Ca s’rait pas un mal vous savez.
– Je ne suis pas là pour ça.
– Oh j’sais bien pourquoi qu’vous êtes là. Vous voulez r’trouver Javed. Mais qu’est-ce que j’sais ou il est moi ?! Il nous a tous lâché, moi compris.
– …
– Allez pas croire que j’le protège ou j’sais pas quoi. J’suis même content que des gens cherchent à l’buter. Et si j’savais quoi que ce soit, j’vous le dirai, croyez-moi. Mais j’sais rien. Javed, il était d’jà pas bien net, mais c’est d’venu pire vers la fin. On s’est foutu dans la merde, et lui s’est ram’né avec une solution radicale. J’me souviens plus de tout, mais j’peux essayer d’vous raconter l’tout. Au début, on s’contentait d’peu vous savez. Des navires seuls, pas grandes richesses à bord mais d’quoi s’faire un peu de blé. Peu de risque. Pénard.
Mais y’a quelques mois, d’vinez qui est v’nu frapper à notre porte !
– Dites toujourss.
– L’Destin. Le vrai de vrai. Un navire. Seul. Les pauvres avaient été pris en plein dans une tempête. Ils avaient eu d’la chance d’y réchapper. Enfin, d’la chance, pas vraiment. Leur escorte y était passé. Parce que les types, c’étaient pas des clodos. C’était même le contraire ! Des fils et filles à papa, des plein-aux-as qui voulaient profiter d’une p’tite croisière. Sauf qu’au final, c’est entre nos mains qu’y s’sont retrouvés.
Nous, on était pas des saints, mais Javed, c’était une autre paire de manche. Heureusement pour eux, nous c’qu’on voulait, c’était une rançon. Une énorme. Sauf que très vite, on s’est rendu compte que dans l’lot, y’avait du gens important. Et que l’cadeau du Destin, l’étais p’tête bien empoisonné. Mais c’était trop tard. Ils étaient avec nous maintenant. Et on allait quand même pas lâcher tout ça… Mais Javed, lui, il voulait plus rendre de risque. Parce que Javed, lui, il s’était entiché d’une p’tite qu’on avait capturé avec le lot. La pauvre. J’souhaite ça à personne.
Bref. Javed, un soir, il est sorti d’sa cabine et d’vinez ce qu’il a décidé de faire ? Ce bon vieux Javed s’est dit qu’ça valait pas la peine tout ça, alors il a fait égorgé tout l’monde. Quelque part dans la mer du Sud, y’a une bonne vingtaine de cadavre empilé au même endroit, bien au fond d’la flotte. Sauf la p’tite, bien sûr. C’aurait été trop beau pour elle.
Et après ça, il nous à lâcher comme le dernier des chiens. Sans butin, rien. Il est parti avec l’autre. Sans rien dire. Moi j’vous dis, Javed, il a tourné la carte, il a sûrement perdu la boule ou j’sais pas quoi. En tout cas, on l’a plus jamais r’vu. Si vous vouliez plus d’infos, c’aurait plutôt été vers son s’cond qu’il aurait fallu vous tourner.
– Et où est-ce que je peux le trouver ?
– Lui non plus, on l’a plus jamais r’vu.
Si ils réussissaient leur coup, ils disparaissaient aux yeux de tous et jouissaient d’une tranquillité à toute épreuve, si tant est qu’ils résistaient à l’ennui. Mais d’autres n’étaient pas aussi chanceux, ou habile, et laissaient derrières eux certaines traces de leur passage, qu’un chasseur avide de récupérer la prime pourrait alors tranquillement suivre.
Aujourd’hui, ce chasseur était une chasseuse aux cheveux blancs, et sa cible un ex-pirate ayant commis son lot d’atrocités avant de tout bonnement disparaître. Ou presque. Malheureusement pour lui, les témoins eux n’avaient pas disparu et Klara eût tôt fait de remonter jusqu’à lui, profitant du fait que peu de temps s’était écoulé depuis la fuite du pirate.
Connu sous le nom de Javed, ce pirate avait sévit sur South Blue pendant presque une année, pillant et tuant -voir pire-, s’attaquant la plupart du temps à des navires marchands peu défendu. Il aurait été lié à l’enlèvement de tout un équipage peu de temps avant son évaporation. Ses propres hommes, eux, se sont disséminé un peu partout suite à l’abandon de leur capitaine. Et c’est par eux qu’elle avait pu commencer sa traque.
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– Z’allez m’buter c’est ça ?
– Non. Pas forcément.
L’ancien pirate rebut une gorgée. Klara avait cessé de compter les pintes qu’il s’était servi. Sale, crasseux, les cheveux ébouriffés et gras, il avait le visage extrêmement creux et la mine fatigué. L’odeur nauséabonde qu’il dégageait suggérait qu’il devait passer une bonne partie de sa vie dans cette taverne peu reluisante. Il avait cependant conservait son ancienne tenue de boucanier, une chemise -qui fut probablement blanche à son âge d’or, et non un mélange de jaune et de noir comme actuellement-, des bandoulières auxquelles avait sûrement tenues divers armes, et un tricorne vieillot marron qu’il réajusta avant de reprendre la parole.
– Ca s’rait pas un mal vous savez.
– Je ne suis pas là pour ça.
– Oh j’sais bien pourquoi qu’vous êtes là. Vous voulez r’trouver Javed. Mais qu’est-ce que j’sais ou il est moi ?! Il nous a tous lâché, moi compris.
– …
– Allez pas croire que j’le protège ou j’sais pas quoi. J’suis même content que des gens cherchent à l’buter. Et si j’savais quoi que ce soit, j’vous le dirai, croyez-moi. Mais j’sais rien. Javed, il était d’jà pas bien net, mais c’est d’venu pire vers la fin. On s’est foutu dans la merde, et lui s’est ram’né avec une solution radicale. J’me souviens plus de tout, mais j’peux essayer d’vous raconter l’tout. Au début, on s’contentait d’peu vous savez. Des navires seuls, pas grandes richesses à bord mais d’quoi s’faire un peu de blé. Peu de risque. Pénard.
Mais y’a quelques mois, d’vinez qui est v’nu frapper à notre porte !
– Dites toujourss.
– L’Destin. Le vrai de vrai. Un navire. Seul. Les pauvres avaient été pris en plein dans une tempête. Ils avaient eu d’la chance d’y réchapper. Enfin, d’la chance, pas vraiment. Leur escorte y était passé. Parce que les types, c’étaient pas des clodos. C’était même le contraire ! Des fils et filles à papa, des plein-aux-as qui voulaient profiter d’une p’tite croisière. Sauf qu’au final, c’est entre nos mains qu’y s’sont retrouvés.
Nous, on était pas des saints, mais Javed, c’était une autre paire de manche. Heureusement pour eux, nous c’qu’on voulait, c’était une rançon. Une énorme. Sauf que très vite, on s’est rendu compte que dans l’lot, y’avait du gens important. Et que l’cadeau du Destin, l’étais p’tête bien empoisonné. Mais c’était trop tard. Ils étaient avec nous maintenant. Et on allait quand même pas lâcher tout ça… Mais Javed, lui, il voulait plus rendre de risque. Parce que Javed, lui, il s’était entiché d’une p’tite qu’on avait capturé avec le lot. La pauvre. J’souhaite ça à personne.
Bref. Javed, un soir, il est sorti d’sa cabine et d’vinez ce qu’il a décidé de faire ? Ce bon vieux Javed s’est dit qu’ça valait pas la peine tout ça, alors il a fait égorgé tout l’monde. Quelque part dans la mer du Sud, y’a une bonne vingtaine de cadavre empilé au même endroit, bien au fond d’la flotte. Sauf la p’tite, bien sûr. C’aurait été trop beau pour elle.
Et après ça, il nous à lâcher comme le dernier des chiens. Sans butin, rien. Il est parti avec l’autre. Sans rien dire. Moi j’vous dis, Javed, il a tourné la carte, il a sûrement perdu la boule ou j’sais pas quoi. En tout cas, on l’a plus jamais r’vu. Si vous vouliez plus d’infos, c’aurait plutôt été vers son s’cond qu’il aurait fallu vous tourner.
– Et où est-ce que je peux le trouver ?
– Lui non plus, on l’a plus jamais r’vu.
