Elle débarqua au petit matin. L'air était froid, épais, chargé d'une légère fumée blanche et d'une imposante odeur de poisson qui emplissait les narines jusque dans le cerveau.
Ça puait assez franchement, pour ainsi dire.
Quel choix pour une première mission depuis son acceptation au sein du CP9, c'était sûr. Le meurtre d'un notable, comme toujours, arrivait aisément à déplacer les détectives les plus zélés et les plus expérimentés au sein des différents CPs. Que l'assassinat eusse lieu à Marie-Joie, à Marineford ou encore dans l'une des grandes cités du Nouveau Monde, il y avait toujours des motivés. Mais quand il s'agissait de se rendre à Poiscaille... On préférait envoyer les néophytes.
Pourtant l'enquêtrice jouissait, de par sa couverture, d'une excellente notoriété, notamment dans les Blues. Ce qui ne l'avait pas plus aidée à refuser la mission. La seule, l'unique, celle qu'on lui avait présentée dès le départ. A peine arrivée lui avait-on demandé :
- Poiscaille, t'en penses quoi1 ?
Puis sans la ménager, on l'avait déplacée dans le premier bateau faisant le chemin jusqu'ici. Ou presque.
L'agente peinait à se défaire de son voile maussade aussi bien que de la brume appesantissant l'air ambiant. Pour couronner le tout, elle avait finalement dû changer de navire et monter à bord d'un bateau de pêche pour aborder les eaux territoriales. Une économie de temps et d'efforts selon les autochtones. Ce pourquoi elle gardait les yeux rivés sur les filets trainés par le chalutier qui constituaient un spectacle amusant, sinon le seul qui eusse pu valoir le détour, ici, à Poiscaille.
Une île où la bouffe à nageoires venait directement remplir les cales sans se soucier du danger imminent. A l'image des marins que l'agente méprisait pour leur simplicité, les espèces marines chassées par lesdits prédateurs n'avaient visiblement pas la lumière à tous les étages.
- C'est incroyable. ironisa-t-elle sans prêter garde à la proximité d'un cinquantenaire fier de son métier qui ne saisit pas la nuance.
- Ouep, l'est bien chouette notre boulot hein ma 'tite dame ? Pratiquement rien à faire, cé'ti pas beau.
Elle répondit par un grognement, estimant la distance qui séparait le navire de la côte.
- Allez, encore une demi-heure à tout casser. se dit-elle.
Mais c'était sans compter sur la surabondance de fretin qui continuait à alourdir le navire et le freiner drastiquement. Ce ne fut que lorsqu'elle se retrouva immobilisée entre deux tas de poiscaille encore frétillante et heureuse d'être sortie du Styx pour rejoindre la barque du Passeur qu'elle comprit son erreur.
Le chalutier avait pêché jusqu'à ce qu'il n'y eusse plus de place à bord pour quoi que ce fusse d'autre, pas même son unique passager.
1. Un coordinateur visiblement bienveillant peinant à passer les portes avec son fauteuil roulant était responsable de cet accueil. C'était, selon lui, une sorte de bizutage amical que de l'envoyer là-bas.
Ça puait assez franchement, pour ainsi dire.
Quel choix pour une première mission depuis son acceptation au sein du CP9, c'était sûr. Le meurtre d'un notable, comme toujours, arrivait aisément à déplacer les détectives les plus zélés et les plus expérimentés au sein des différents CPs. Que l'assassinat eusse lieu à Marie-Joie, à Marineford ou encore dans l'une des grandes cités du Nouveau Monde, il y avait toujours des motivés. Mais quand il s'agissait de se rendre à Poiscaille... On préférait envoyer les néophytes.
Pourtant l'enquêtrice jouissait, de par sa couverture, d'une excellente notoriété, notamment dans les Blues. Ce qui ne l'avait pas plus aidée à refuser la mission. La seule, l'unique, celle qu'on lui avait présentée dès le départ. A peine arrivée lui avait-on demandé :
- Poiscaille, t'en penses quoi1 ?
Puis sans la ménager, on l'avait déplacée dans le premier bateau faisant le chemin jusqu'ici. Ou presque.
L'agente peinait à se défaire de son voile maussade aussi bien que de la brume appesantissant l'air ambiant. Pour couronner le tout, elle avait finalement dû changer de navire et monter à bord d'un bateau de pêche pour aborder les eaux territoriales. Une économie de temps et d'efforts selon les autochtones. Ce pourquoi elle gardait les yeux rivés sur les filets trainés par le chalutier qui constituaient un spectacle amusant, sinon le seul qui eusse pu valoir le détour, ici, à Poiscaille.
Une île où la bouffe à nageoires venait directement remplir les cales sans se soucier du danger imminent. A l'image des marins que l'agente méprisait pour leur simplicité, les espèces marines chassées par lesdits prédateurs n'avaient visiblement pas la lumière à tous les étages.
- C'est incroyable. ironisa-t-elle sans prêter garde à la proximité d'un cinquantenaire fier de son métier qui ne saisit pas la nuance.
- Ouep, l'est bien chouette notre boulot hein ma 'tite dame ? Pratiquement rien à faire, cé'ti pas beau.
Elle répondit par un grognement, estimant la distance qui séparait le navire de la côte.
- Allez, encore une demi-heure à tout casser. se dit-elle.
Mais c'était sans compter sur la surabondance de fretin qui continuait à alourdir le navire et le freiner drastiquement. Ce ne fut que lorsqu'elle se retrouva immobilisée entre deux tas de poiscaille encore frétillante et heureuse d'être sortie du Styx pour rejoindre la barque du Passeur qu'elle comprit son erreur.
Le chalutier avait pêché jusqu'à ce qu'il n'y eusse plus de place à bord pour quoi que ce fusse d'autre, pas même son unique passager.
1. Un coordinateur visiblement bienveillant peinant à passer les portes avec son fauteuil roulant était responsable de cet accueil. C'était, selon lui, une sorte de bizutage amical que de l'envoyer là-bas.