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La nouvelle aube du nouveau monde

Je vérifie une dernière fois la feuille qui trône sur mon bureau, elle ne se doute pas que dans moins d'une semaine elle sera oublié dans un tas qui finira au feu le jour où ce dernier prendra trop de temps. L'océan du nouveau monde est assez complexe à cartographier, donc si l'on veut estimer la distance qui nous sépare d'une île. Y'a pas milles méthodes, faut que ton bosco prenne la peine de calculer la vitesse de ton navire. Ensuite en compilant le temps de navigation et la vitesse, on peut estimer une distance. Alors si l'on prend la moyenne des calculs des autres navires du GM qui ont fait le trajet, on peut estimer le temps qu'il nous faudra encore pour atteindre El Jazeda.
Normalement, cette donnée ne m'intéresserait pas tant que ça. Mais là, j'avais des consignes.
Je devais appeler un certain numéro une fois à portée d'appel pour recevoir des informations avant d'arriver... et maintenant c'est l'heure. Le plus grand instant de mon existence va arriver.

-Mochi Mochi, ici le service de maintenance du réseau communicatif de la compagnie Crown que puis-je pour vous ?
-Gaston, y'a le téléphon qui son et y'a person qui répond ♪
-L'an mille neuf cent quatre-vingt-dix neeeeeuf, l'eau coulera encore sous le pont neuf ♫
-J'suis pas rassuré !
-Regarde à droite !
-Oh des dauphins !
-Bien commandant, j'ai des instructions pour vous de la part du chef... et s'il vous plait ne mentionnez plus jamais ce qui vient de se passer.
-Je vous écoute et j'accepte.
-J'aimerai confirmer la présence du commodore Levi à bord de votre navire.
-Je confirme.
-Selon nos sources, il entretient une relation avec Ketsuno Fenyang, débrouillez-vous pour qu'il soit sur son navire avant que vous n'arriviez en vue de l'île.
-J'imagine que je n'aurai pas d'explication...
-En effet, à quelle heure pensez-vous arriver ?
-A la tombée de la nuit, normalement.
-Bien, avez-vous une carte de l'île sous les yeux ?
-Oui.
-Vous allez stopper votre navire au niveau du phare d'Axis, c'est un lieu abandonné à l'embouchure d'une voie peu pratiquée. Vous retrouverez le chef au dernier étage. Avez-vous tout retenu ?
-Oui

Il a raccroché. Je fais quelques annotations sur la carte pour la filer au navigateur. Je sors alors de ma cabine. La mer est vachement calme, ce n’est pas plus mal. On est déjà rentré dans la zone climatique de Jazeda, apparemment. C'est pour cette raison que j'ai ma tenue d'été, une chemise à fleur déboutonnée. Je retrouve Ethan sur le nid de pie, c'est son quart. Je m’agrippe au mat et le salue.

-Ethan, comme ça sera sans doute la dernière occasion avant la fin de la mission, donc je te donne quartier libre jusqu'à demain soir.

Je le regarde partir pour le cuirasser à moins d'une encablure. J'ai accompli ce premier ordre sibyllin. Bien que j’aie quelques doutes sur la nature de cette demande... Quoi qu'il en soit, j'ai quelques heures à attendre pour la suite des opérations.

*
**

Timidement, le soleil se couche derrières les innombrables dunes de sable. Son éclat rouge-vif court sur les mers, comme pour donner une raison aux autochtones de rester. C'est un spectacle beau, presque à en couper le souffle. Nous en sommes aux premières loges. Lentement le navire glisser vers une tour de grès qui projette son ombre sur nous. C'est un ouvrage juste titanesque, sans doute réalisé par les mêmes tarés qui ont fait la muraille de Kanokuni. Une débauche de matériaux, plus que de raison, pour réaliser une œuvre qui n'en demandait pas tant. Ce phare y aurait gagné à être deux fois moins grand et c'est sans le moindre doute la raison qui le poussa à se faire abandonner. Trop haut, trop grand, trop cher à entretenir ou à faire chatoyer. Pour l'occasion je me change dans ma cabine, je récupère mes vieilles fringues des Ghost dogs et retourner ma veste de marine doublée à l'intérieur de cuir sombre. A présent, je ne suis plus qu'une ombre parmi les ombres. Je donne l'ordre à mes hommes d'amarrer les navires au large de la structure et de contacter Cole en cas de soucis. Si ce brave type du Cp9 tient tient à jouer sur la prudence et l'anonymat autant y aller à fond.

Je me glisse par la baie vitrée de ma cabine, le concepteur du Peace est un vrai génie. Qui aurait osé rêvé d'une baie vitrée dans la chambre du capitaine et d'un billard dans la salle de repos. Je me laisse tomber au ras des flots et me propulse d'une série de geppo jusqu'à la terre pas si ferme que ça. J'active alors le « One step by hound », décidément, les fantômes sont de sorties ce soir. J'en verserai presque une larme de nostalgie. J'accélère la foulée, je ne m'enfonce plus dans le sable, pas plus que je n'y laisse la moindre trace ou soulève le moindre grain. Le vieil Hadock n'aurait sans doute jamais deviné à quel point cette technique est utile. Arrivé au pied de l’édifice en grès j'essaye de jauger l'édifice à la lueur de la lune. Une aberration produite de grès dans une plaine de sable. Un coup d’œil à l'intérieur m'informe aussi de la vétusté du lieu, l'escalier principal s'est écroulé, ne laissant qu'imaginer un moignon d'escalier en colimaçon quelque part dans les ténèbres. A force de rester ici, tous ces types ont fini par choper un grain... je viens de découvrir un mystère étymologique, je suis un génie, vraiment. Je me propulse dans les airs pour épargner quelques mètres à mes bras et glisse ma main sur une pierre qui dépasse. Ces mecs déconnent, ils veulent vraiment que j'escalade cette merde de nuit ? Mais rapidement, un coup de fil me met à jour sur la technique à utiliser. Je regrette simplement que cette ombre qui est apparu simplement ait fait retomber sa corde autre part que sur ma trogne... Je fais passer le premier filin autour de ma taille, pour m'assurer un minimum et me lance à la lente ascension m'aidant de la seconde corde.

Après une bonne dizaine de minute je me laisse enfin tomber dans un vestibule poussiéreux qui donne sur une porte presque branlante de laquelle filtre un mince rai de lumière jaunâtre. Je prends quelques secondes pour reprendre mon souffle et étirer mes bras avant de pénétrer dans la pièce. J'arrive dans un petit salon que les mauvaises langues n'hésiteraient pas à décrire comme Cosy. Quelques fauteuils rembourrés, une table basse ornée d'une bouteille de bourbon et de quelques verres le tout tapissés de rideaux qui isole le lieu. Deux personnes me font face ; un homme la cinquantaine bien tassée, les cheveux et la moustache grisonnante. Une tenue sobre sans doute agrémentée du chapeau melon et du trench coat qui reposaient dans un coin. A ses coté, une femme belle blonde platine dont l'expression et les traits me rappelaient quelqu'un, quelqu'un qui n'égalait pas sa prestance. Elle porte une blouse de chimiste par-dessus une tenue de marche. Un groupe de jazz et un bar chic n'auraient sûrement pas fait perdre de son cachet à la scène. Je m'installe et l'homme m’accueille d'une voix grave mais amicale.

-Du bourbon ?
-Des glaçons ?
-Pas de glaçons, désolé.
-Avec plaisir.

J'ai regardé quelque seconde le verre ambré, simplement éclairé à la bougie, j'aime l’arôme qui s'en dégage, ne manque plus que le bruit des glaçons. J'attaque la première gorgée, la douceur et la force de brute de l'alcool ont engourdis mon esprit l'espace d'un instant.

-Pas mal !
-Un huit ans d'âge, bien passons au boulot commandant. Je suis James Larson, chef d'équipe du CP9 et voici...
-Lydia, la sœur d'Ethan.
-Je vois... J'imagine que vous me joindrez à bord et que vous ne voulez pas qu'Ethan vende la mèche ?
-Je vais effectivement rejoindre l'équipe des chercheurs et leur faire comprendre que je suis avec eux, je préfère juste éviter de me retrouver à coté de mon frère que l'on ne puisse pas nous comparer. Il faudrait d'ailleurs que je me maquille et me grime pour moins lui ressembler... même si j'ai envie de le revoir.

Elle sourit et il hoche la tête avant de me remplir à nouveau un verre et de nous faire geste de nous taire.

-Bien, je vais vous faire un topo de l’Île avant de vous expliquer votre job... Bienvenue à Al Jazeda, un enfer de sable. Ici on a peu d'amis et même l'île veut pas de nous. Pourtant elle regorge de richesse et sera un allié important pour le GM. Il y a cinq joueurs sur le plateau, les trois villes qui se concurrencent, les sunsets et nous. On fait copain-copain avec la cité de Sahrakis, on leur apporte un soutien militaire et intellectuel. On damne le pion de Sirthe qui s'est allié avec les pirates. Votre boulot consiste à jouer les héros en cassant tous les gars qui viennent attaquer nos copains. Ainsi ils pourront faire leur recherche peinard. On a pensé à un plan trouver une bête mythique du coin pour briser le statu quo et faire détaler les pirates. Ça foutra le leader de Shirte dans la merde et on en profitera pour faire passer la ville dans notre escarcelle. Ne restera plus qu'à tenter d'aider Siddharta et le tour sera joué.
Donc approchez-vous de la lumière pour faire grandir votre ombre dans laquelle nous pourrons agir peinard, faites du bruit montrer que vous êtes la, les pirates se focaliseront sur vous et l'équipe de recherche pourra agir librement.

-Je vais rester avec l'équipe de scientifique, je vais me rapprocher du leader de Siddartha et les protéger en cas d’extrême mesure.
-Voilà toutes les informations que l'on vous transmet pour le moment. Voici le chemin que vous prendrez pour rejoindre la cité. Essayez de vous y trouver à l'aurore cela aura plus d'impact. Sur ce nous vous contacterons dans les jours prochains.

Sur ce Lydia se lève et me fait signe de la suivre, on retourne sur la corniche et on descend en rappel sans parler. La descente heureusement prend plus de temps que la montée. Après quelque pas, elle m'adresse la parole.

-Comment se débrouille mon frère ?
-Assez bien, il commence à se débrouiller avec le haki.
-Tant mieux... à partir de maintenant, je ne suis plus sa sœur. Je suis Jenna Jevolo, je viens d’être recruté pour la mission et j'officiais par le passé dans le nouveau monde et je viens d'arriver sur l'île. J'ai pensé qu'il était plus judicieux d'attendre votre arrivée pour faire directement connaissance avec l'équipe. Mon assistant par contre nous attend déjà en ville.
-Euh... c'est pas un peu beaucoup bancal ?
-Je dois faire impression à Saladin et lui faire croire que j'étais avec eux depuis le début. On a sélectionné des chercheurs qui ne se préoccupent pas trop de ce genre de chose, une fois qu'ils auront leur nez dans leurs travaux, ils se poseront même plus la question. Ils seront aussi assez malins pour comprendre qu'ils ont plutôt intérêt à jouer le jeu.
-Bah je vous laisse gérer c'est votre boulot après tout... mais j'imagine que nous aurons une relation particulière en tant que ce que vous êtes ?
-Non, je serai juste une scientifique.
-D'accord... donc Jenna, j'appelle une chaloupe ou tu viens sur mon dos ? Et évite d'avoir des idées à la con comme se ramener de nuit dans un coin paumée sur cette île de dingue...
-Oui désolé, mais j'aime les risques ! Et Je suis forte, vas y touche mes biceps pour voir comme je suis forte !
-En route... tu m'as convaincue !

C'est quoi ce bordel ? On atterrit quelques minutes plus tard sur le pont. Je confie directement Jenna à l'un de mes hommes pour qu'il l'amène à la cabine de chercheurs. Je suis totalement en train de filer mes responsabilités aux autres et j'aime ça. Je file le nouveau plan au navigateur et on se met en route. Suspicieux, le navire glisse vers la rivière de sable. Il pénètre dans la nappe de sable comme s''il s'agissait d'eau, c'est particulier... le test est concluant. On démarre à minuit.


Dernière édition par Yamamoto Kogaku le Mar 28 Fév 2017 - 10:10, édité 2 fois
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C’est l’heure. Nous partons enfin vers une mission plus trépidante que jamais. J’embarque naturellement avec le commandant d’élite, Yamamoto Kogaku, l’homme avec lequel je partage de nombreuses aventures depuis de nombreux mois. Il s’agit également du type qui m’a plus formé en si peu de temps. Si j’en suis là actuellement, il n’y est à mon avis pas pour rien, croyez-moi.

Je grimpe jusqu’au nid de pie dans lequel, pour mon plus grand bonheur, j’exerce mes fonctions de vigie. Très pertinent pour un commodore. En vérité, j’ai grandement insisté pour y être, c’est le seul endroit où personne ne viendra perturber cette tranquillité. De plus, la petite cabine est plutôt studieuse et confortable, la vue y est plutôt belle, je ne suis pas à plaindre.

Le départ.

De mon nid d’oiseau, je vois le capitaine discuter avec le navigateur, qui étudie la carte quelques temps avant d’ordonner à ce qu’on largue les amarres. Le navire commence alors son ascension vers le large. Je trépide d’impatience à l’idée d’accéder à ces mers où peut de personnes y ont mise les pieds, et où surtout peu de personnes y sont revenues indemnes. Il faut avouer qu’il existe une certaine appréhension, me concernant du moins, à l’idée de ne pas être suffisant fort pour survivre.

[•••]

La flaque.

Quand on connait le réseau de Marijoan qui se trouve en-dessous de la capitale, le choix est vite fait quant à savoir quel chemin emprunter. Bien que sombre, la visibilité reste correcte grâce aux nombreuses torches allumées le long de la voie. De plus, en parlant des voies, on peut également constater qu’elles sont assez larges et que toute notre petite armada peut y naviguer sans se gêner.

Chaque porte est gardée par des soldats postés, très lourdement, et où peu d’ennemis oseraient passer. À moins de vouloir une mort certaine. En plus de ça, pas loin d’ici se trouve la base du G-0, soit le plus grand rassemblement de navires de guerre. Concrètement, même en tant que marine, je ne me sens pas l’aise au milieu d’autant de puissance de frappe… Un accident peut vite arriver, non ?

En tout cas, la traversée se fait le plus sereinement possible, aucun problème à signaler.

[•••]

Au bout du large tunnel, après des heures de traversée, une petite touche de luminosité vient attirer mon attention. À priori, ça annonce la sortie de la flaque et l’entrée dans le nouveau monde. Je tremble presque en approchant de la sortie. Plus on approche, et plus la lumière s’agrandit, et plus je colle mon visage contre la vitre qui me sépare de l’extérieur. Encore quelques mètres. Je ferme les yeux des petits, puis quand je les ouvre… Un énorme ciel bleu éclairé de ce magnifique soleil nous accueillent.

C’est donc ça, le Nouveau Monde ?

Au premier coup d’oeil, Grand Line n’a rien à envier au Nouveau Monde, mais nous ne sommes là que depuis quelques instants. Je saisis mon sac à terre, que je pose sur le comptoir, puis je fouille quelques instants avant d’en sortir une longue-vue. Et après une utilisation assez rapide, je confirme que nous sommes au milieu de nulle part. Je ne suis chargé que d’observer s’il y a des ennemis ou une île en approche, alors pour le reste, les navigateurs ont toute ma confiance.

Et à priori, tout le monde est là. C’est rassurant.

[•••]

Et étonnamment, Yamamoto m’offre des instants de tranquillité, soit disant avant la mission pour m’aérer l’esprit. C’est un petit malin celui-là, je ne sais pas trop à quoi m’attendre. Je prends ma pause, je descends en laissant mes affaires dans ma cabine, et je fais signe à Daniel pour le prévenir de mon départ qui, après un simple regard clin d’oeil, continue son concours de pompes avec les marines de l’élite. Un phénomène celui-ci.

Sans hésiter, je saute du navire dans lequel je suis pour accéder à celui juste à droite, à l’aide du geppou, afin d’y retrouver mon amie, Ketsuno.  Isolée sur le pont supérieur, je l’observe manier sa lame avec fluidité, et ce avec cette élégance dont elle dispose, qui ferait pâlir de jalousie bon nombre d’épéistes. Je m’approche d’elle discrètement, mais alors que je pense pouvoir l’effrayer, c’est finalement cette dernière qui m’effraye, notamment lorsqu’elle effectue sa rotation complète et, qu’en une fraction de seconde, sa lame se retrouve arrêtée sous ma gorge.

« Ah. Ce n’est que toi, Ethan. »

« Il est toujours aussi bon de te revoir, Ketsu’. »
Dis-je en abaissant sa lame hors de ma gorge.

« Tu ne m’as pas prévenu de ta visite. Que veux-tu ? »

Eh bien, en voilà des façons de m’accueillir. Moi qui m’attendais à quelque chose de… plus chaleureux ?

« Je peux toujours retourner d’où je viens, tu sais. À vrai dire, je venais seulement te rendre visite, j’ai du temps à tuer, vois-tu. »

« Reste donc, mais ne penses pas m’avoir aussi facilement, Levi. »


Décidément. Cette visite de courtoisie prend une drôle de tournure.

« Je te trouve bien trop prétentieuse, Ketsu’. »

« Vraiment ? »

« Penser que moi, Ethan, veuille m’attarder avec une garce telle que toi. Sans rire. »

« Répète ça pour voir, connard…! 
» Dit-elle en montrant ses dents et me balançant son regard de tueuse.

C’est de nouveau parti pour un long moment de course-poursuite, d’échanges de lames, d’injures en tout genre, et enfin, d’un bon verre que l’on partage ensemble, au coucher du soleil. Un agréable moment à partager en bonne compagnie. Si le vice-amiral me voyait, je ne sais pas trop ce qu’il en penserait, mais rien de bon me concernant à mon avis.

Mais alors que la nuit tombe et que la vigie annonce une l’île en approche, je comprends à la température ambiante que nous arrivons. Je retire ma veste de mon costume et défais quelques boutons de ma chemise. Cependant, le navire de Yamamoto, devant les autres, s’arrête non loin de la rive. Nous suivons tous le mouvement. Je ne comprends pas trop l’intérêt de notre arrêt, jusqu’à ce qu’un homme nous explique que le commandant souhaite que l’on arrive au point de rendez-vous à l’aube.

Pourquoi pas.

[•••]

Très tôt dans la matinée.

Nous naviguons sur une mer… de sable. C’est logique, non ? Aurais-je trop bu avec Ketsu’ la nuit dernière ? Je le regarde, on se regarde, et fort heureusement, elle semble aussi dubitatif que moi. C’est donc cela la particularité du nouveau monde ? Rendre possibles des choses normalement impossibles, du moins à notre échelle de perception. Belle découverte, cela dit.

Les navires s’arrêtent soudainement.

Oh, un appel, comme c’est surprenant. Je saisis mon denden rangé dans ma poche.

« Commodore Levi, j’écoute. »

« Ta gueule, c’est Daniel. »

Je m’écarte un peu de la nièce du vice-amiral.

« Entre Ketsu’ qui me chie sur les bottes et toi qui me parle comme un moins que rien, vous souhaitez vraiment écourter vos vies, minables ? » Rétorqué-je en tapant du pied.

« Allez, m’emmerde pas, j’te conseille de ramener ton derche en bas, à une centaine de mètres au Sud, ça pourrait te plaire. »

Il raccroche aussitôt sa phrase finie.

Je fais signe de mon départ à Ketsuno, puis me voici disparu de son champ de vision. J’approche de Daniel, avec à ses côtés le commandant, ce qui me fait penser que ça ne sent pas bon. Déjà que les deux, même seuls, ne m’inspirent absolument pas confiance. Et maintenant qu’ils semblent jouir de quelque chose, presque main dans la main, je vous laisse imaginer l’appréhension que je dégage.

« Oy ! Ethan ! J’espère que tu as bien profité de ta nuit ? J’ai une petite surprise pour toi, mon garçon. Tadam ! » S’exclame avec joie Yamamoto.

Huh ? Lydia ? Mon visage se décompose, mes bras croisés se décroisent, pendent vers l’avant à l’instar de ma bouche, à présent grande ouverte. Je retrouve très rapidement mon sérieux. Je scrute immédiatement les alentours du regard. Si elle est ici, c’est forcément qu’il n’est pas loin non plus. Merde. Où te caches-tu, connard ?

Derrière moi ?

Je ressens une immense aura meurtrière. Dégainant ma lame, je me retourne et constate avec surprise que je pare in extremis la sienne. Celle de cet homme qui me sert de frère. Il colle son visage au mien, me laissant observer son regard assassin de plus près. On s’écarte de quelques bonds en arrière avant de relancer l’assaut. Les échanges de lames fusent, les déplacement également, à peine perceptibles, si ce n’est pas du tout pour les plus faibles à bord du navire.

Alors nos deux lames bloquées l’une contre l’autre, son second bras se grossit, ses doigts deviennent des énormes griffes acérés, le reste est robuste et écaillé. Il arme son bras et le projette sur moi à toute vitesse. Je sers le poing, qui se recouvre de haki, et nos deux coups se rencontrent pour un spectacle musical tout à fait appréciable. En effet, le choc a provoqué un son assez particulier.

Lydia interrompt l’affrontement en s’interposant entre nous.

 « Cessez cela tous les deux. Ce n’est pas la mission du jour, Jamal. »

Et merde, c’est vraiment pas de bol pour Lydia de se coltiner un mec pareil. Mais une voix stop complètement mes pensées, me poussant à agir au plus vite.

« Lydia… Tire-toi si tu ne veux pas y passer également. Tu ne m’est plus d’aucune utilité à présent. »

Il arme une nouvelle son bras animal. Il va vraiment la buter ! J’utilise le soru pour saisir ma soeur et nous écarter de la zone d’attaque le plus rapidement possible. Légèrement éloigné de la zone, je vois le visage de cette dernière remarqué d’une légère entaille au niveau de sa joue. L’enflure… Je me retourne vers lui, et là, je perds définitivement le contrôle. Il lèche une de ses griffes avec le sourire, certainement celle avec laquelle il a égratigné sa propre jumelle. Le regard rouge de rage, je m’élance vers ce connard, mais mon envie est rapidement calmée par Yamamoto et Daniel qui se mettent au travers de mon chemin.

« Calme-toi, petit. Il n’en vaut toujours pas la peine. » Me lâche Daniel en me tapotant le crâne. « Quant à toi, Jamal, je constate que tu es devenu bien pire que le sale gosse que tu étais autrefois. Ça fait peine à voir. »

« Adresse-toi à moi sur un autre ton, saloperie de cuistot. Ta vie ne tient à rien, minable, et ce n’est certainement le petit être que tu chéris qui te protégera. »


Je lis au regard de Daniel qu’il aimerait plus que tout être capable de tuer mon frère de ses mains, mais il sait aussi qu’il n’en est tout simplement incapable. Depuis mon enfance jusqu’à maintenant, il m’a toujours ramassé à la petite cuillère sans pouvoir y faire quoique ce soit. Il y a très longtemps, il a tenté de venir à bout de Jamal, mais le résultat fut désastreux. Mon meilleur ami a pour le coup, et sans contestation possible, reçu la plus grosse raclée de sa vie jusqu’à présent.

« Et pour ce qui est de ton cas, Levi minus, nous terminerons cette discussion plus tard. Et change-moi ce regard, avant que je ne change d’avis, c’est clair ? »

« La ferme, Jamal. Notre combat tu veux, notre combat tu auras. Lydia n’a rien à voir avec ça, alors fiche-lui la paix, t’entends ? Lorsque nous nous affronterons, ça sera seulement toi et moi, personne d’autre ne viendra nous interrompre. En attendant, tu es tout comme moi un petit soldat du gouvernement, et comme tout soldat, tu suivras les ordres que l’on t’a confié à la lettre. Me suis-je bien fait comprendre ? » En conclusion de cette rencontre tumultueuse.

Ceci n’est pas un ordre que je lui donne. Non, juste des petits mots lui rappelant qu’il n’est pas en-haut de la hiérarchie, et tout comme moi, il reçoit des ordres à effectuer.

« Hoho. C’est que le petit Ethan est presque devenu un homme. Ton heure n’est pas encore arrivée, gamin. Continue de te façonner, je prendrais encore plus de plaisirs à t’ensanglanter. » Termine-t-il à la fin avec ton plus que glacial.

J’en ai presque froid dans le dos. Je retourne auprès de Lydia pour m’assurer qu’elle n’ai rien.

« Ethan, c’est de pire en pire. Je n’ai plus aucun poids sur lui, l’écart de niveau est devenu trop important, il est temps pour moi de lâcher prise. Tu te débrouille mieux que moi à présent, je ne peux plus rien pour toi, petit frère. » En me faisant son plus beau sourire, avant de rejoindre l’autre ordure.

Je me remets au niveau de mes camarades, avec lesquels je converse un tout petit sur le sujet, puis on passe totalement à autre chose. On marche tranquillement en direction du navire, juste histoire que l’on ne remarque pas le lien entre les agents du gouvernement et le notre. Quoiqu’il en soit, cette rencontre était nécessaire avant la mission, au moins le cadre est posé. Mais ça n’en reste pas moins une sacrée merde, cette situation dont je n’ai pas voulu. Je me préoccupe beaucoup de Lydia, sachant maintenant qu’elle peut être tuée à tout moment.
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Je fixe l'agente du Cp d'un œil sombre.

-Tu te fous de moi ?
-non nous devons arrêter la flotte à la prochaine intersection...
-Aux dernières nouvelles... c'est moi qui décide de la course du navire...
-Je viens d’être contactée par mon frère et il exige que je le retrouve avec mon frère sur la terre ferme.
-Et si je refuse ?
-Il viendra à bord...
-Donc si je comprend bien le gars veut jeter les efforts de votre chef aux orties pour ses lubies personnelles...
-Malheureusement...
-Je me décharge de toute responsabilités...
-Il n'y a que notre couverture qui risque de prendre cher.
-Laisse moi deviner vous avez une justification en béton ou je me démerde ?
-Le capitaine souhaite déjà voir à quoi ressemble la zone et je lui ai montré un lieu où trois zones de sable différentes se rencontrent.
-Ça se tient... mais je suppose que c'est une bête étendue de sable ?
-Selon mon frère lui, au pire je dirai que je me suis trompée.
-Bordel... bon je vais donner l'ordre.

Bien entendu, comme dans un mauvais roman, les emmerdes ne viennent jamais seules. On sort de ma cabine pour tomber sur un Dan' qui m'attendait dans l'antichambre. Il me fait une série de clins d’œils tentant de pointer Lydia du chef.

-Coucou Dan '
-Elle est du CP9 chef !
-J'ai pigé, le premier qui crame sa couverture à gagné c'est ça !

-Il peut aussi venir avec nous ?

Mon instinct me trompe pas, jamais, Cole vient de sortir d'une malle toute arme dehors.

-Je viens te sauver Yama !

Je fais un geste pour apaiser Cole avant de me tourner vers le pote d'Ethan avec un grand sourire.

-Daaaaaaan' !
-Je pensais qu'elle te voulait du mal chef, j'ai donc demandé à votre second de m'aider.
-Je pense que t'as gagné Lili... mais merci les gars, c'est sympa.
-On avait pas pensé à Dan'... oups ?
-Plus on est de fous plus on rit...

La flotte s’arrête quelques cents mètres plus loin et je sors mon excuse on ne peut plus bidon ? J'ai même le droit à une séance d'impro avec les autres scientifiques qui me supplient de venir. Vivement qu'on large tout le personnel superflus... On arrive quelque minutes plus tard derrière une dune à l'abri des regards , l'emmerdeur semble pas encore être la. Allez souris Yama, ça va être une réunion de famille hyper marrante ! Ethan arrive et je le salue d'une manière un peu trop enjouée, je suis vraiment pas bon pour jouer la comédie... Juste à ce moment une ombre apparaît derrière. Mes doigts s'enroulent autour de mon arme, mais Lydia m’arrête d'un geste de la main et me glisse un mot « frère ». Mais les choses s'enveniment. J'en profite pour souffler un mot à l'agente.

-Donne moi une raison pour ne pas refroidir un type qui s'en prend à ceux qui tombent sous ma responsabilité...

-Il est plus fort que toi et possède le droit de le faire contrairement à toi..
-Rappelle moi de plus jamais bosser avec le CP.

La main sur mon arme, je regarde la gentille petite famille se cracher dessus leur venin. Ce crocodile dumbshit risque de me causer du soucis. Mais s'il fait encore le con avec mes mes subordonnés, il aura à faire à moi... qui que ce soit. Vu la tête que « ceux sous mes ordres » tirent

-Ethan, je devine que tu veuilles en faire une affaire personnelle, mais s'il revient dans mes pattes...
-Il va se tenir tranquille, il voulait juste montrer sa présence... notre grand frère est un sociopathe et Ethan est sa victime.
-Et on laisse un mec si instable au service du gouvernement ?
-Il est doué... c'est ça le problème.
-Vous bilez pas... je suis votre capitaine et mon boulot consiste à vous protéger. Tant que vous êtes à mes cotés, je le laisserai pas faire le con... Sur ce, on retourne à bord on a perdu suffisamment de temps.

On retourne à bord et je laisse le soin à Lydia de se démerder pour combler les trou de sa couverture. Je vais prendre le peu de temps qu'il nous reste avant de passer à terre pour me reposer... ça fait bien une trentaine d'heure que je suis réveillé, les joies du commandement, quoi. Vu comment la nuit à l'est commence à s’éclaircir, normalement le soleil devrait se lever dans moins d'une heure et dans deux heure on débarque. Mais bien entendu, de nouvelles emmerdes surviennent. On m'informe qu'il y a deux navires en vue, je pensais qu'on était dans un lieu désert...mais la je commence à trouver ce désert franchement trop animé. Je retourne sur le pont et on me file une paire de jumelle. Pas vraiment simple de reconnaître les pavillons dans les pénombre, mais il me semble qu'il s'agit de celui de la cité de Sahrakis. On aurait pu tomber sur pire. Rapidement une voix se fait entendre.

-Qui êtes vous et que venez vous faire ici ?
-La marine et nous sommes la pour rétablir l'ordre !

Les marins semblent prendre un moment pour discuter de la marche à suivre. Après quelques minutes, on nous donne l'autorisation de passer. L'un des navire se propose même de nous guider jusqu'à leur cité.Autant accepter. Peu à peu, le soleil se lève et le sable prend une teinte dorée. Je commence à comprendre l’intérêt que l'on peut ressentir pour de tel lieux. Le sable ne remplacera jamais la neige dans mon cœur cela dit. L'embarcation qui nous guide ne communique plus avec nous, mais je distingue leur regard insistants. Nous ne sommes pas vraiment les bienvenus, ou alors ils ne savent pas à quoi s'attendre. Soudain, au détour d'une dune, des tours et des coupoles brillent au soleil. Le silence, juste dérangé par le bruit du vent, le son des manœuvres et les commentaires des soldats n'osant pas hausser la voix pour ne pas déranger l'immensité. Oui, le silence s'efface de plus en plus au profit d'une ville vivante. Cette île peut être définie comme par la folie des grandeurs. Des construction gigantesque qui se dressent dans l'immensité, comme pour la défier. Comme pour prouver que ces sables appartiennent aux hommes et pas à cette nature si cruelle qui ne pardonne aucune erreur et prodigue la mort à tout ceux qui ont l'audace de la sous-estimer. Un tribut bien lourd à payer qui pousse les hommes à vouloir laisser un souvenir impérissable. Notre guide s’arrête un peu plus loin et nous indique la marche à suivre pour faire de même avant de pointer la plus haute tour de la main. Ainsi voici notre direction.

C'est d'une manière bien étrange que les hommes des sables naviguent et jettent l'ancre. En référence à notre propre vocabulaire, ils ne mouillent pas, ils « sablirent ». La ville est entouré de pythons rocheux auquel s’amarrent les embarcations. Bien sur cela ne laisserait pas d'espace suffisant. C'est pourquoi des arcs et des pontons de pierre ont été érigé, tous relier par des cordes tendues auquel les navires peuvent aussi amarrer. Le passage à terre se fait alors par des canots ou en passant directement par les constructions. Ainsi donc, notre navire « sablis » sous une arche de pierre et on fait tomber une planche pour atteindre les passerelles. Alors accompagné des scientifiques qui y vont chacun de leur commentaire et des officiers, on s'en va à la rencontre de la ville. Des autochtones à la peau sombres nous fixent, ils s'échangent quelques mots sur notre passage, ils ne doivent pas souvent voir d'étrangers. On se contente de dialoguer à voix basse et nous sommes vite rejoint par un groupe d'homme enturbanné avec des écharpes d'étoffes bleu. Ceux-ci nous demande de les accompagner jusqu'à Saladin, leur leader.

On nous conduit à travers les rues étroites, on passe par un bazar où s'entassent des joyaux multicolores, des étoffes et d'autre marchandises diverses. A ce que je vois, les berrys ne sont pas monnaies courantes, la majorité des transactions se font à l'aide de ces joyaux, ici du moins. D'après ce que nous explique nos accompagnateurs, il s'agit du Bazar du négoce, un lieu où les marchands font des cargaisons des joyaux en échange de produits de l'extérieur. On passe ensuite au pied de l'un des bâtiments les plus imposant de la ville : la bibliothèque d'Abhydir. J'ai rarement autant été dépaysé qu'ici. On nous introduit alors dans un salon aux murs couvert de bois et de livres. Sans doute des ressources de luxe ici où tout est de grès et de roche. Un homme nous salue depuis un fauteuil imposant. La trentaine, propre sur soi, tenue formelle. A ses coté, un homme d'un age relativement avancé nous salue du chef avec un sourire.

-Je suis Saladin El Mascrouf, leader de Sahrakis.

-Commandant d'élite Yamamoto Kogaku et voici mes subalterne ainsi qu'un groupe de chercheur du gouvernement.
-Je n'ai pas souvenir d'avoir demandé votre soutient.
-Je l'ai fait pour vous Monsieur Saladin, nous faisons partie du cercle d'or mais nous n'y somme pas actif. Avec le soutient de la marine nous pourrions mettre fin à ce conflit inutile qui nous fait gaspiller du temps et du sang. De plus, leur chercheurs sont très compétents, ils nous permettrait de nous aider dans notre mission de connaître l'ile.
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    Son subalterne ? Tu n’as pas l’impression de trop en faire, Yamamoto Kogaku ? Quoiqu’il en soit, ça ne sonne pas bon. Le type qui nous intéresse n’est même pas au courant de notre venue, c’est son consultant qui a prit l’initiative de nous contacter. C’est mauvais pour nous. Les deux hommes discutent, mais le chef de cité ne semble vraiment pas approuver cette initiative.

    « Ce que vous devez savoir, monsieur El Mascrouf-. »

    « Saladin, je vous en prie. »
    M’interrompt-il.

    Il va me laisser en placer une ou pas ?

    « Saladin. Ce que vous devez savoir, Saladin, c’est que nous n’avons nullement l’intention de nuire à vos affaires. En fait, notre rôle ne sera que de vous protéger des attaques de Syrthe et de leurs collaborateurs dont on taira les noms. »

    « Inut-. »


    Un point partout.

    « Bon, écoutez, votre conseiller nous a fait part de votre situation. Vous êtes actuellement le seul à sortir sans crainte hors de la cité, laissant celle-ci sans défense et mettant votre vie en danger. Qu’arrivera-t-il si vous ne revenez jamais ? »

    « Bushido prendra la relève. »


    Orh, quel crétin. Il aime tellement l’aventure qu’il n’en a strictement rien à faire de la cité. Enfin, en même temps, j’agirais certainement de la même manière à sa place. On a même pas réussi à me cantonner sur Saint-Uréa, alors un patelin du désert, non merci. Le souci, c’est que je me moque pas mal des problèmes de ce Saladin, il va rapidement falloir agir, quitte à le destituer de ses fonctions et le laisser jouer à l’aventurier.

    « Saladin ! Ne dites de telles sottises, je vous en prie ! » S’exclame Bushido de vive voix.

    « Saladin, si je puis me permettre, vous devriez davantage songer au bien du peuple. Je voyage quasiment en permanence avec vous, nous passons des jours, des semaines, il est même arrivé que nous passions un mois entier hors de notre cité… Par chance, Dieu merci, rien n’est arrivé aux nôtres, mais pensez-y ! » Rétorque Molakov, calmement.

    Là, c’est le moment où nous autres, marines, devons absolument fermer nos gueules. Les deux conseillers sont véritablement en train de retourner le cerveau du pauvre Saladin, c’est magnifique.

    « Mais qu'est-ce que j'y gagne à me rallier à ce gouvernement ? On se gouverne très bien nous-même. » Pose Saladin, interrogatif.

    En 1627, il existe encore des individus qui ne connaissent pas le gouvernement mondial.

    « Pour répondre à votre question, Saladin, le Gouvernement Mondial est une organisation politique fondée, il y a 800 ans, par 20 lignées royales à Marie-Joie. Elle est composée de la quasi-totalité des nations du monde et est actuellement gouvernée par le Conseil des 5 Étoiles. La Marine est principalement une organisation militaire dirigée par l'Amiral en Chef, Kenora Makuen. » Expliqué-je à ce pauvre ignorant. « Et pour votre gouverne, si tant de nations ont souhaité du côté du gouvernement, c'est bien parce qu'on leur apporte un soutien. En ce qui vous concerne, monsieur, je crois savoir que vous êtes en difficultés au niveau de la sécurité, n'est-ce pas ? Qu'arrivera-t-il si Syrthe décide d'attaquer votre cité, armée jusqu'aux dents et accompagnée de gens dont la puissance dépasse votre entendement ? »

    Pour un type qui a soif de savoirs, ignorer une telle information, c’est pas top. Mais de là à dire que c'est un ignorant, j'exagère.

    « Et concernant la liberté de mon peuple ? »

    « Nous n’y toucherons pas, je vous le promets. Notre but n’est pas d’imposée des règles, mais seulement de partager des savoirs, des connaissances avec les autres, tout en assurant une protection efficiente dans le respect de la liberté de chacun. Les règles de cette cité sont les votre, et si elles fonctionnent, nous n’avons aucunement le droit de s’y opposer. »

    « Et vous, quel est votre nom ? Je n’ai pour habitude de m’adresser à des inconnus. Je sais seulement que vous êtes le subalterne de monsieur Kogaku. »


    Subalterne, une fois encore… Pourquoi suis-je marine, qui plus est avec des responsabilités ? Je me serais bien amusé à le zigouiller, celui-ci.

    « Ethan Ragglefield Levi, commodore de la marine, et consultant ou partenaire du commandant Kogaku, à votre guise. »

    « Subalterne. »
    Me répond-t-il.

    « Va pour subalterne, alors. » Dis-je en serrant les poing.

    Je crois même qu'un sourcil s'est froncé naturellement. Mais pour le bien de la mission, je prends sur moi et me plie aux exigences.

    « Mais vous dites appartenir à la famille Ragglefield ? Quoiqu’il n’y a que vous pour être en costume sous ces températures… J’ai déjà fait affaire avec votre père pour des outils et des matières premières. Faut dire que son fond de commerce est assez diversifié. »


    Je ne prends même pas la peine d’écouter ce qu’il me dit. Les affaires de mon père, je ne m'en occupe pas. Déjà que je ne me souci pas spécialement de sa personne, alors imaginez ce qui est du reste. La matinée commence à peine, je suis déjà fatiguée par cette mission.

    « Autre chose à rajouter, commandant Kogaku ? Un subalterne n’a pas vraiment son mot à dire dans cette discussion d’adultes. »
    Dis-je d’un ton las, les mains dans les poches, le regard rivé sur mon camarade.
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Je laisse quelques minutes à Ethan et Saladier pour qu’ils puissent échanger quelques informations avant de lever la main pour exiger le silence.

-tout d'abord, je pense que vous n'avez pas vraiment compris ce que je voulais dire... Le fait que les personnes qui m'accompagnent soient mes subalternes. Mais cela ne nie en rien leur compétence ni leur autorité. Je vous prierai donc de les appeler par le rang et de prendre en considération leur parole comme s'il s'agissait des miennes. Je nous ai fait l'économie des présentations car nous sommes tous des personnes très occupées.

Je fais un rapide tour d'horizon avec une expression stricte avant de reprendre la parole.

-Ensuite, Je tiens à vous rappeler que votre pays fait partie du conseil des nations bien qu'il n'y soit pas représenté. On m'a parlé de vous comme un homme sage, j'espère qu'on ne m'a pas mentit. Sauf erreur de ma part, votre île est déchirée par une guerre civile qui vous affaiblit et vous fait gaspiller temps et ressources. Il exister certes un principe d'ingérence, mais vous ne nierez pas que votre pays est en proie au chaos... il n'est plus qu'une question de temps de temps avant qu'il ne tombe aux mains d'individus aux intentions moins louable.

-Comme si un inconnu était capable de résoudre la solution.
-En effet, nous ne ferons qu'instaurer un cadre dans lequel vous trouverez une solution pour atteindre une situation de paix pour un développement efficace. Si vous ne parvenez pas à résoudre ce souci, je doute que vous ne connaissiez paix et prospérité de votre vivant.
-c'est une menace ?
-Une prédiction... bien, nous allons procéder de la manière suivante. Nous allons organiser un espace de sécurité et tenter d'instaurer une trêve pour que vous puissiez vous entretenir avec les autres leaders. Donc nous aurons besoin du maximum d'informations que vous pourrez nous fournir pour nous permettre d'assurer un périmètre efficace. Ainsi qu’un lieu dans lequel mes hommes à terre pourront prendre du repos.

Je fouille ma poche en en sorte une feuille plastifiée.

-Voici une liste de contact qui pourraient vous être utile, nous n'arriverons à rien sans un minimum de coopération.
-Vous voulez aussi le titre de général en chef ainsi que l’autorité suffisante pour commander l'ensemble de mes troupes ?
-Le sarcasme ne vous amènera rien. Mais je doute que vous ignoriez que Syrthe s'est allié avec les sunsets... donc l'objectif est de dominer le plus de territoire. Je vous laisse deviner ce qui va arriver...

Il reste silencieux quelques instant avant d'échanger un regard avec ses entourant.

-J'accepte, mais pensez-vous vraiment pouvoir faire quelque chose avec trois navires ?
-Vous ne vous posez pas les bonnes questions, occupez de préparer de quoi mettre fin aux hostilités et de coordonner vos actions avec les nôtres. Sur ce, nous avons à faire, amener moi l'ensemble de l'aide que vous êtes prêt à nous accorder à bord. Sur ce, j'ai à faire et je vous laisse. Jenna vous rejoindrez vos collègues plus tard, j'aurai besoin de vous pour analyser les renseignements.


Je salue l'homme du chef et quitte le bureau, d'un geste théâtral faisant voler ma cape de marin accompagné de mes subalternes. Nous n'avons plus de chaperons à présent, j'en profite donc pour passer par un chemin plus tortueux pour rentrer à bord. Cela tout en m'entretenant à voix basse avec mes subordonnés. Rapidement, je remarque deux trois secrets pas trop reluisant. Ce n’est pas la joie dans le coin, peu d'hommes valides et des esclaves. Les symptômes de la guerre et leur remède, du moins pour ceux qui préfèrent s'occuper des symptômes plutôt que des causes. La plupart des hommes à l'air majeur que l'on croise sont en arme, c'est la guerre et la conscription après tout. Ici, les citoyens sont soit des marchands, soit des intellectuels, soit des soldats. Forcément, quand on a une main d’œuvre gratuite, on utilise ses effectifs libres à autre chose. Les pauvres aux combats ou à la logistique, les autres là où ils sont efficaces. On retourne enfin à bord.

Je m'enferme directement dans mon bureau accompagné d'Ethan, de sa sœur et des données qu'on a bien voulu nous fournir. Elle n’a pas chômé, elle s'est tellement bien grimé que j'aurai du mal à la reconnaître, elle est un peu moins agréable à regarder, malheureusement. On fait rapidement un ordre de patrouille pour créer une zone de sécurité qui joue sur notre connaissance du terrain et notre force de frappe pour faire mal. Je m'empare alors de mon den den mushi avec un clin d'œil.

-Mochi mochi !
-Que puis-je pour vous ?
-Pourriez-vous me passer Mohan El Mobir ?
-Bien, il est disponible... je vous le passe.
-J'écoute, qui est ce ?
-La marine, je tenais à vous faire part du fait que la cité de Sahrakis est tombé sous mon protectorat direct. Ce faisant tout acte hostile en l'égard de ma flotte ou de la cité et de ses occupants sera passible de retombées diplomatique pour répondre à vos vélites.
-J'en prend note, marin...mais je doute de vos capacités, que voulez vous accomplir ?
-Instaurer une trêve permettant au leader des trois cités d'instaurer une paix durable propice au développement.
-Je vois... bien cela conclut vos revendications ?
-Effectivement

Je raccroche prenant l'ascendant psychologique sur lui, je suis le boss maintenant ! J'ai lu ça dans un bouquin. Je relève les yeux vers mes accompagnateurs.

-Cela serait pratique que le karma pourrisse ses cartes s'il veut faire un coup de pute et qu'il soit persuadé que l'on possède une quinte flush royale. Un carré de deux bien employé peut écraser un as.


Je fixe Jenna, avec un peu de chance elle a compris le message. Faire savoir aux agents répandus sur l'île qu'il faudra répandre de fausses rumeurs pour faire croire que nous possédons plus de force que nous n'en possédons. Mais aussi que mon message se répande pour jouer sur la pression populaire pour arriver à quelque chose. Je doute que quinconce ici apprécie cette guerre de position. Si l'on parvient à jouer cette carte, on pourra obliger nos opposants de jouer à notre rythme ou de dévoiler leurs cartes sans connaître les nôtres... comme envoyer des pirates « neutre » s'occuper de notre cas....


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Quel petit malin ce Yamamoto… Pour faire croire quelque chose à l’ennemi, du moins pour que ce soit plus pertinent, il faut également faire croire cette chose à ceux de son propre camp, chose que le commandant d’élite a parfaitement compris. Après tout, il ne s’agit peut-être pas seulement d’un bourrin qui tape le premier venu. En même temps, nous n’avons pas tous la chance d’être aussi effrayant que le vice-amiral.

« Ethan, demain tu t’en vas pour Syrthe discuter avec le sultan, le dissuader de cesser ses agissements. » Me surprend Kogaku.

« Gnien ? Pourquoi me missionner ? Ketsuno fera très bien l’affaire. Ou même Hermest, ce crétin sanguinaire, il a au moins le don d’être intimidant. »

« Hermest est missionné ailleurs. Et tu fais bien de citer Ketsuno, tu pars avec elle. »

« Qui est cette Ketsuno ? » Se questionne Lidya.

« Personne. »

« Héhé. La futur copine de ton frangin. » Se moque Yamamoto.

« Bref, j’ai un voyage à préparer. » Dis-je agacé par cette situation en empruntant la sortie.

Daniel, après quelques instants à rigoler avec ma soeur, décide de me rejoindre.

« Tu devrais lui montrer plus d’amour. Se coltiner un monstre dénué de sentiment à longueur de journée, même pour une femme telle que Lydia, ce n’est pas facile. N’agit pas de la même manière que ton frère, Ethan, ça pourrait la détruire. »

« Occupe-toi de tes affaires, cuistot. Et ne me compare plus à ce chien si tu ne veux pas mourir. » Cette fois-ci, le ton est glacial, sanglant.

J’ai énormément de mal à exprimer mes sentiments, et encore plus quand il s’agit de ma famille. Rien de nouveau. Rien d’anormal. Tout le monde le sait. Daniel est sans conteste mon ami plus le fidèle, certes, mais même lui ne peut briser cette carapace qui sommeil au plus profond de moi. Je suis apte à réaliser ma propre analyse. J’ai subis de lourds traumatismes. Je continue d’avancer droit devant, laissant Daniel derrière moi, statique.

Dire qu’il la détestait elle aussi. Il a mit du temps à comprendre que Lydia n’est pas de la même race que Jamal, mais elle ne comprenait pas pourquoi elle continuait de voyage avec ce monstre. En comprenant qu’elle sacrifiait sa vie pour le protéger de sa propre noirceur, il a commencé à la respecter et même à l’apprécier.

[•••]

Le lendemain, à l’aube, nous sommes fins prêts pour partir. Ceux qui sont affectés avec moi m’attendent déjà bord, certains de la régulière en grade à vous, mais je leur signal rapidement de cesser ce genre de choses, très peu pour moi ces formalités. Les consignes ont déjà été donné, le cap étudié par le navigateur, je n’ai plus qu’à ordonner le départ.

« La journée sera longue, messieurs. Soyez fiers d’être ici, portez fièrement nos couleurs et n’ayez pas peur de la mort. À mon commandement, aucune distinction entre l’élite et la régulière ne sera faite. Cap sur Syrthe ! » Dis-je à haute voix.

Chacun se plie à sa tâche sans broncher. L’entre-aide est primordiale dans un groupe, mais plus encore pour ce genre de mission où nos vies sont constamment en danger. Le repos n’existe pas. Jamais. À tout moment le courant de sable peut changer, à tout moment un équipage peut nous attaquer… Si nous ne sommes pas vigilant, seule la mort nous attendra.

[•••]

Mais après une navigation plutôt appréciable, nous arrivons enfin aux portes de la cité de Syrthe. À vue d’oeil, on voit qu’il y a du fric là-dedans. Enfin plus qu’ailleurs en tout cas. C’est assez bien gardé par des types armés, nous n’avons pas à faire avec des peintres, mais notre armée pourrait à priori défaire cette défense.

Le navire reste le long du courant, seul endroit où il peut se déplacer. Le tirer hors de là serait problématique pour nous pour nous, puisqu’il ne serait plus possible de naviguer. C’est une visite de « courtoisie », alors l’essentiel des soldats resteront à bord. Daniel ne m’a naturellement pas adressé la parole de la journée, alors je descends avec Ketsuno pour me rendre dans cette foutue cité.

Je retire ma veste que je tiens avec l’une de mes mais, la chemise légèrement déboutonnée, histoire d’être décontractée. On s’approche de la porte de bois, façon barbares vikings, pas très solide. Je pourrais l’éclater en seul coup de lame, mais pas d’intérêt à commencer les hostilités dès maintenant. Deux types nous barrent la route.

« Bonjour, comme vous pouvez vous en douter, nous sommes du Gouvernement Mondial et souhaitons rencontrer votre chef, un certain Mohan. »

L’un des types murmure que leur chef attendait notre venue. Je ne sais pas si c’est bon, ça me laisse tout de même perplexe. Qu’est-ce que cela signifie ? Au moins, cela veut dire que la rumeur leur est parvenue. Après quelques codes que je ne saurais déchiffrer, on nous ouvre la porte, et derrière celle-ci, un homme nous attend pour nous mener vers le fameux sultan.

Ça pue la richesse. Des coffres remplis d’or, ça déborde. Et merde. Qu’il est écoeurant de voir tant de fortunes dans un si petit bled, tandis que d’autres souffrent d’un énorme manque. Pire encore. Dire que ces foutus mercenaires, qui nous attaquent du regard depuis que nous sommes ici, pillent des pauvres petits travailleurs. Je suis presque tenté de les attaquer dès maintenant.

« Vous voici arrivés. » Dit le guide.

J’entre le premier dans l’enceinte de ce petit palais. L’architecture de cette région est superbe. J’aime beaucoup. J’envisage presque de finir mes jours dans ce genre de pays chaud, agréable et paisible. Enfin bon, je ne suis pour l’instant qu’un jeune officier supérieur de la marine, ma retraite est définitivement très loin de moi.

Nous tombons sur des serviteurs, dans une cour assez spatieuse, qui sont en pause déjeuner, qui mangent et nous indiquent le chemin qui donne accès à la salle du trône. En effet, plusieurs chemins sont disponibles à partir de la cour. Des escaliers, tout ce qu’il y a de plus simples, nous mènent jusqu’à une énorme salle - presque démesurée - où se trouve au bout le sultan, assit sur un siège également énorme. À ses côtés se trouvent certainement des conseillers… c’est une mode sur cette île si j’en crois ce que j’ai vu sur Sahrakis.

« Mademoiselle, monsieur, bienvenue dans mon humble demeure. Mohan El Mobir, sultan de Syrthe. J’attendais votre visite. » Se présente le sultan.

« Ketsuno Fenyang, colonel de la marine, cousine du vice-amiral Fenyang. » Dis-je en la présentant, mais elle reste de marbre, préférant dévisage le sultan.

« Quel regard ! J’aime ! J’aime ! » Rétorque-t-il.

Fallait qu’on tombe sur un amoureux des femmes aux jupes trop courtes. Qu’il ne la regarde pas, je risquerai d’oublier mon objectif premier.

« Ethan Ragglefield Levi, commodore de la marine. »

« Ragglefield ? Le gosse du richissime Martheus Ragglefield ? Sacré commercial ton père… j’pensais être le plus grand négociateur de cette planète, mais je dois bien admettre que celui-là vient d’une autre planète. Il dégage cette aura meurtr… Ahem. Bref, enchanté, mon p’tit gars. »

Qu’est-ce qu’il allait dire ? Mon père est certes, un grand malade, mais pas un type capable d’effrayer ce genre de malfrats. J’ignorais d’ailleurs qu’il trafiquait avec des enflures de la sorte. Quand j’aurais du temps, je devrais enquêter sur les agissements de ce bon vieux paternel, c’est pas clair.

« Je suppose que vous connaissez les raisons de notre venue. » Dis-je en reprenant mon sérieux.

« Le petit ne passe pas par quatre chemins, tout comme son père, j’aime ! » L’air amusé en regardant ses conseillers qui restent de marbre. « Je connais effectivement la raison de votre venue. Vous n’avez pas fait les choses à moitié. Venir avec autant de ressources humaines et matérielles… »

« Cessons ce petit jeu. Vous pillez les autres cités sans aucun scrupule, les appauvrissez plus qu’ils ne le sont déjà, et ce par tous les moyens. La raison de notre venue est on ne peut plus claire. Mettez fin à cette mascarade et tout le monde sera content. »

« Pour qui vous prenez-vous, bande de petits misérables puants que vous êtes ? Venir jouer aux héros sur une île que vous ne connaissez pas, ça ne marche que dans vos récits. Vous ne l’aurez peut-être pas compris, mais dans le nouveau monde, on ne rigole pas avec ça. Tu commences peut-être à avoir du pouvoir dans ta pitoyable organisation mondiale, mais ici tu n’es qu’un simple môme. » Et il se met à pouffer de rire. « D’ailleurs, actuellement, Sahrikis reçoit une petite visite amicale.

Je pose ma veste sur l’une de mes épaules, en utilisant l’autre main pour choper mon paquet de clopes, que je rapproche près de ma bouche pour en saisir une avec mes dents. Je range le paquet, fouille légèrement dans la même poche pour un ressortir un briquet avec lequel, toujours dans un grand calme, j’allume ma clope. Je tire une première latte.

« J’espère que ça ne vous dérange pas ? Puis honnêtement, je m’en cogne pas mal. J’ai essayé d’être respectueux, de suivre les ordres, mais vous ne semblez pas être réactif. Je ne suis pas du genre à insister très longtemps, je manque terriblement de patience. Vos camarades envoyés sur Sahrakis ne reviendront pas. Sur place, des types bien plus massacrants que moi s’y trouvent. Je suis probablement l’un des moins dangereux de l’armada envoyée sur place… Pour ce que vous concerne, la prochaine fois que nous reviendrons, ça sera en étant largement plus nombreux, plus armés et probablement pour vous détruire si vous ne changez pas d’avis. »

Sans prendre le temps de les saluer, je retourne mes talons et marche vers la sortie. Ketsuno, légèrement surprise, me suit et me rattrape assez rapidement. Pas un mot. Coup de bluff sur coup de bluff, je me demande où tout cela nous mènera. Une chose est sûre, ce type est bien trop fier. Il n’abandonnera une seconde ses projets.

Nous arrivons sur le navire quand un homme nous signal avoir reçu un appel de nos camarades, attaqués par des ennemis, comme nous l’a dit le sultan. Saloperie. J’ordonne un retour immédiat au campement, si possible le plus rapidement. J’ai une totale confiance en Yamamoto, c’est pas le genre à se laisser impressionner.
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La ville de Sahrakis est surmontée d'une tour gigantesque ; la tour Dectelion. Beffroi possédant des lentilles teintées pour surveiller une large zone sans être ébloui. On avait été informé qu'une petite flottille de navires visiblement pas là pour faire un pique-nique étaient en route. C'est pourquoi on s'est mis en route pour leur souhaiter la bienvenue. Nous avons basé notre paramètre de sécurité sur base de ladite tour et de nos connaissances du terrain. Nous avons alors déterminé une série de lieux sur lesquels nous positionner pour produire une défense on ne peut plus efficace. On est parvenu à arriver au lieu-dit en avance, ce qui est une bonne chose.
Notre stratégie est assez simple, devant nous, le fleuve de sable sinue dans un lacis serré, forçant les navigateurs à ralentir l'allure et à accaparer une grande partie de l'équipage dans une série de manœuvres complexes. De plus, la dernière courbe donne sur une dunette de sable de trois à quatre mètres de haut. Hauteur négligeable pourrait-on penser, mais ce n'est pas du tout le cas. L'envers de cette dune est tapissé de « Gorgone des sable », un sable qui brûle la rétine de tous ceux qui le regarde directement. Pour la plupart des navires présents, cette information aurait été superflue.
Par contre, quand on a un cuirassé de la flotte de Salem et un bourrin avec un stock de projectiles, c'est différent....

Planqué par le soleil, on attend que les navires s'engagent dans la passe. Il y en a six tous portant à l’exception d'un seul le pavillon des Sunset, le dernier étant de Syrthe. On ne va pas jouer fair play, mais tant pis, on doit montrer aux types d'en face que l'on est pas des zigottos. Surtout que si on les laisse passer, leur navire pourront profiter d'une autoroute avec un puissant courant pour arriver en un rien de temps à la cité après nous avoir roulé dessus... Je m'abaisse et attrape le premier boulet, je m'étais fait la main sur Ethan, ça devrait aller. D'une puissante détente du coude je projette la bille de métal en direction de notre cible, mais elle ne touche rien. Dommage, au moins, les hostilité sont lancée. Trois détonations suivent mon tir et un coup fait mouche. Les cris des pirates nous répondent juste après. Les tirs se succèdent et les pirates répondent mollement tentant de tirer à l'aveuglette. Au bout de quelques minutes les tirs nourris ont réduit les deux navires de tête en un amas de débris. Quelques minutes plus tard, il ne reste plus que le navire de queue qui avait décidé de battre en retraite dès le début de l'affrontement. Rapidement, il ne reste plus quelques misérables barques de secours.
Alors ma propre embarcation s'embarque sur le lieu du carnage. Mon champ de vision est pas mal limité par les lunettes que nous ont fournis Saladin, apparemment, nous retirer beaucoup de classe n'était pas suffisant. Sérieusement, plutôt que des lunettes de piscine, ils n’auraient pas pu viser un design plus steam-punk ou de simples lunettes de soleil ?

Il reste un peu plus de survivants que je ne l'aurais cru, pas que ça me dérange, j'ai toujours mis en avant la vertu de limiter les pertes, mais ici ça m'arrange pas, j'aurais voulu moins me salir les mains. J'attrape un boulet et le lance vers la cible la plus proche, au même moment, Keiji, « de la régie son » déclenche un bruit de tir de canon depuis les haut-parleurs du navire. Une fois la surprise passée, la seconde barque tente de riposter. Mais ils subissent le même traitement, les pauvres, ils n'ont pas eu le temps de nous partager l'intégralité de leur dictionnaire d'insultes. J'en coule deux autres avant de claquer des doigts. Alors Anna et Rickert, deux de mes subalternes posent ma veste d'officier sur mes épaules et glissent mon sabre entre mes doigts.

Je m'élance vers la dernière barque, ils tirent dans ma direction, mais d'une « main du capitaine » je dévie leur balle, paume tendue. Je me pose à l'avant de la chaloupe et éclate la mâchoire du plus belliqueux de la bande d'un coup de boken avant de positionner le sabre de bois sur mon épaule.

-Salut les filles, c'est votre jour de chance vous vivez un jour de plus.

Ils me répondent de leur silence et de leur regard sombre. Ils semblaient résolus à mourir face à moi, comprenant qu’ils ne faisaient pas le poids, maudissant sans doute leur prime dérisoire de mercenaire.

-Je compte sur vous pour rentrer au bercail en un morceau. Puis vous direz à votre boss que s'il tente encore de faire un coup de pute du genre. Je viendrai le chercher par la peau du cul avant de le pendre à un crochet pour l'utiliser comme sac de frappe. Je parle bien sûr du brave Momo, pas du clampin qui dirige une bande de mercenaire au rabais.
-Fils de pute !

Le mec qui a osé l'ouvrir se fait trancher avant qu'il ne pige ce qui lui arrive, je suis là pour faire du spectacle, pas suivre mes idéaux.

-Vous savez les gars, j'ai juste besoin de l'un d'entre vous... allez ne m’échauffez pas trop...

-Désolé m'sieur, y pensait pas l'Fredo ! On va l'dire au sultan, juré craché, si j'mens, on va en enf-
-Je te retrouve et je te bute. Précisez bien qu'une bonne vingtaine de boulets me suffisent pour défoncer votre flotte... alors imaginez une centaine.

Je salue les gens du chef et rentre à bord. Rapidement, les messagers trop joyeux de rester en vie et de recevoir une promotion inattendue pour avoir survécu à une bataille qui aura ravagé 6 navires. S'ils sont malins, ils n’hésiteront pas à exagérer les faits, imputant la destruction des navires à ma seule présence pour amplifier leur propre prestige. Une fois rentré à port, je communique notre réussite à Ethan avant de faire le point avec l'envoyé vers Siddhartha. D'après ce dernier c'est vraiment la misère. La ville berce dans un fatalisme cynique, comme une bête sauvage qui s'accroche pitoyablement à une carcasse décharnée. Elle se contente de mâcher de vieux tendons desséchés persuadée qu'elle n'est plus en état de chasser.

Je descends à terre et tombe sur Jenna qui me propose de boire un verre. On s'engage dans les ruelles de la ville savante, on foule les pavés de grès entre les esclaves et leurs chaperons, les femmes fatiguées et leur moches braillards et des hommes en robe à l'air hautain. Elle m'amène devant une descente de tissu qui donne sur trois tabourets dont un déjà utilisé. Je soulève le battant et me pose sur le tabouret du milieu. C'est un semblant de bar snack, tenu par ce bon vieux Larson, le troisième client me salue du chef, il ne semble pas étranger à notre identité.

-Vous avez réussi à prendre vos marques Kogaku ?
-Je me débrouille, je tente de m'imposer pour temporiser à coup de bluff, ça ne fonctionne pas trop mal pour l'instant.

Le gars à ma droite acquiesce avant de prendre la parole.

-Je suis parvenu à créer quelques rumeurs épiques sur votre équipage, tentez de passer par un bar un de ces jours, ça pourrait vous intéresser.
-Ah ?
-Et bien on raconte déjà en ville comment vous avez arraché la colonne vertébrale d'un monstre marin avant d'empaler un galion pirate sur une distance deux encablures.
-Naaaan, y'a vraiment des gens pour gober ça ?
-Tant qu'on se présente pas ça passe, sinon on risque juste de se prendre un coup de cafard.
-Je vois, bah continuez le bon boulot.

Larson en profite pour me servir un verre avant de donner la parole à Lydia d'un signe de tête.

-Je suis parvenu à me faire vraiment apprécier par le brave Saladin, son conseiller nous a communiqué ses goûts en manière de femmes après tout. Il commence déjà à me manger dans la main, je vais encore un peu l'amadouer avant de faire une sortie théâtrale. Ça devrait suffire pour qu'il se décide à devenir pleinement loyal au gouvernement.

-Jamal tient actuellement Mohan entre ses griffes, il a déjà fait disparaître deux de ses plus proches collaborateurs de manière subtile. Ce n'est plus qu'une question de temps avant que lui et ses associés ne se fassent sauvagement massacrer par les Sunset durant une réunion commerciale. Il ne lui manquera plus que quelques cadavres de pirates frais. Pong lui devrait pouvoir facilement faire disparaître les opposants de Siddhartha.

Le troisième individu reprend.

-Nos agents sont infiltrés un peu partout, si vous désirez des informations demandez. Cela peut aussi marcher dans l'autre sens bien entendu. Nous avons même une série de poulains promis aux hautes sphères pour prendre la relève une fois les obstacles éliminés.
-On se rapproche de la vérité sur le sablier, une créature mythique que nous comptons utiliser à notre avantage. Si l'on parvient à faire croire aux gêneurs qu'il est sous le contrôle de Saladin alors, l'île connaîtra une paix durable.
-Le commandant Kogaku a coulé une flotte de navire en tirant des boulets à main nue. Des malheureux troufions sacrifiés par la ville où l'or coule à flot pour évaluer les forces de la marine.
-Je vais faire de cette histoire quelque chose de consistant.
-Saladin vous contactera dans deux jours pour que vos lui filiez un coup de main.
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« Ethan ! »

Cette voix… Sans prendre la peine de me retourner, je reconnais assez facilement le timbre cynique de mon monstre de frère. Ce n’est vraiment pas le moment pour une confrontation, je n’ai guère le temps pour cela. Lui non plus d’ailleurs. Je crois comprendre qu’il a pas mal de boulots dégueulasses à réaliser.

« La mission passe avant nos querelles, ne crains rien. » Qu’il me dit normalement, comme s’il me faisait peur. Il n’en est rien.

« Très bien. Bonne continuation. »

« Ne sois pas insolent, sale gosse ! Ne m’fais pas changer d’avis ! »

« Que me veux-tu, Jamal ? Nous sommes sur le départ. »

« N’empiète pas sur mon terrain de jeu. La prochaine fois que je te vois ici, je te tue comme tous les autres. »

Je me retourne. Il est vêtu d’une longue cape, une capuche qui recouvre l’ensemble de son visage, le rendant méconnaissable. Tous mes hommes sont à bords, ils m’attendent. J’ai été inquiet que l’on nous voit tous les deux ensembles, mais comme il le dit, « la mission passe avant nos querelles », alors il n’aurait pas prit ce risque inutile.

« Je ne mourrais jamais de tes mains, Jamal. » Dis-je en me retournant vers le navire avant d’utiliser le Geppou pour monter à bord.

Le diable disparait d’un soru quasiment parfait. Force est de constater qu’il m’est supérieur, sans aucun doute. J’ordonne à mes hommes de démarrer. Nous avons de la route à faire, et qui sait, peut-être un combat à terminer.


[•••]


À notre retour, tout semble nickel, comme si rien ne s’était passé. J’ai cependant un retour de Yamamoto sur la situation passée qui, une fois encore, me démontre à quel point ce type est compétent. En rentrant du voyage plutôt décevant, je retrouve dans une des pièces du palais, où il m’attend avec deux verres et une bouteille.

« Je ne serais pas contre un verre frais. Pitié, dis-moi qu’il y a des glaçons… » Dis-je en finissant ma phrase désespérément.

« Ne t’en fais pas, nous avons prit nos dispositions sur ce sujet avec Larson, le premier échec nous a suffit. »

Soulagé, je jette ma veste sur le fauteuil, déboutonne légèrement ma chemise et m’écrase sur ce même fauteuil. Quel plaisir ! Il faut avoué que j’ai pas mal été sous tension. Entre Mohan et mon frère, garder son sang-froid est une véritable épreuve. Être face à une personne digne de confiance, y’a pas à dire, c’est drôlement apaisant.

« Bon, comme convenu, Mohan n’a pas marché. Il est bien trop fier de lui. Pour autant, une rencontre m’a redonné foi en cette mission : Jamal. Il m’a clairement dit de ne pas empiéter sur son terrain de jeu sous peine d’être tué, et au-delà de sa menace, j’y vois surtout une implication majeure de sa part. En d’autres termes, laissons-le gérer Mohan, j’ai pour une fois un bon pressentiment à son égard. »

Rizov entre tranquillement dans la pièce, décontracté et toujours avec son sourire amical. Je ne le connais pas assez, mais il a l’air d’être un bon type. D’ailleurs, il s’installe seulement à côté de nous, Yamamoto lui sert un verre et nous discutons. Ce dernier nous propose une petite virée de bars pour intensifier les rumeurs à notre sujet. Pour une fois, je ne suis pas contre une petite beuverie, ma soif était sans fin.


J’ai hâte. Je suis pressé de partager quelques verres en bonne compagnie. D’ordinaire, je ne suis pas du genre à m’enthousiasmer de manière générale, encore moins pour ce genre de chose, mais j’ai un réel besoin de me détendre. La mission ne me semble pas plus dangereuse que d’’autres, mais nous sommes cependant au nouveau monde puis…

« Je sais que ça te perturbe de bosser avec nous, surtout ton frère, mais ne te prends pas trop la tête, petit frère. » Me murmure discrètement Lydia à l’oreille, alors que nous pénétrons seulement l’enceinte du bar. Puis elle s’en va rigoler avec les autres, comme si de rien n’était.

Elle n’a pas tord. La fratrie me dérange un peu. D’une part parce que je ne suis pas habitué à les côtoyer, d’autre part parce que l’autre est un connard que je déteste plus que les pirates. Seul point positif : il ne me cherchera pas de noises durant la mission. C’est déjà une très bonne chose. Profitons de cette soirée pour se détendre, et dans une idée de progrès, continuer d’asseoir cette réputation.

Je m’isole un peu du groupe pour souffler en solitaire. Le tavernier m’aperçoit et s’approche de moi, me saluant par la suite et attendant ma commande. Je réfléchis quelques instants, et franchement, je ne pense pas être contre une bonne bière bien fraîche. Assez rapidement, il saisit un gros pichet qu’il rempli aisément et qu’il me tend ensuite. Mes lèvres se trempent dans le gros récipient, la première gorgée coule à présent en moi. Quel bonheur !

« Commodore Levi, s’il vous plaît. J’ai à vous dire. » Me souffle discrètement Bushido à l’oreille.

Avec tout ce brouhaha et ses pas naturellement discrets, je dois avouer qu’il m’a légèrement prit au dépourvu. Ses balafres effrayantes me laissent toujours un laps de temps de réflexion. Quel genre de souffrances a-t-il subit ? Il ne m’inspire guère confiance en réalité, malgré son investissement qui n’est pas à remettre en cause. Enfin, attendons déjà de voir ce qu’il tient à me dire. Je le suis à l’extérieur du bar.

« Comme vous le savez, nous effectuons de nombreuses recherches sur l’île, ses caractéristiques, ses origines… Et il semblerait que nous ayons une piste sur un phénomène. »

« Mais encore ? Vous n’avez pas fait le déplacement pour si peu. »

« Nous avons de vos capacités, ou de celle du commandant, pour nous aider à finaliser nos recherches. »

« Nous sommes pour ça, nous vous protégerons des ennemis durant vos recherches. »

« Il ne s’agit pas seulement de cela. Vous devrez aussi participer aux recherches… »

« Où voulez-vous en venir ? »

« Vous verrez demain, mais n’abusez pas trop de la boisson, c’est un conseil. »

« Je ne bois jamais plus de deux trois ou quatre pichets. »

« Je ne parlais pas de vous. Il n’est pas difficile de voir que vous êtes un homme juste. »

« Yamamoto ? Ce type est capable de coucher chacun des types dans ce bar sans avoir la gueule de bois… Non, franchement, ne vous en faites pas pour lui. »

Et le voilà qui part en me lâchant un regard empli de doutes. J’ai presque envie de le rassurer, mais vue ma dégaine avec mon pichet, je dois cruellement manquer en crédibilité. Puis j’entends que ça s’enflamme dans le bar, alors sans trop réfléchir, j’y retourne avec joie, le pichet en l’air. La fête est à son comble. Les hommes et les femmes chantent ensemble, j’aperçois les visages enjoués de Yamamoto et Rizov que je rejoins en me frayant un chemin.
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J’emboîte le pas de Rizov, un scientifique de terrain et accessoirement pion du CP. Un gars assez sympa avec qui j'ai déjà eu le privilège de lui causer quelque fois. Il était sur le terrain depuis plus longtemps que nous et connaissait donc mieux le coin. On parade plus qu'on ne marche pour tout dire, la propagande a porté ses fruits. Comme quoi, il faut juste deux trois histoires pour que des gus dégoutés de la guerre se mettent à rêver de paix, une paix dont l'on profite en sirotant une pinã colãda sur les ruines fumantes d'un ennemi. Malheureusement pour eux, je voulais leur offrir une paix à la bonne franquette où tout le monde est heureux. Même si je doute qu'un coin qui pratique l'esclavage puisse apprécier une paix communautaire. Je lève le chef pour regarder les nuages paresseux se traîner dans l'azur je les verrai plus avant longtemps ces petits gars.

On entre dans un troquet. Pas trop minable, on était loin d'un club de jazz ou des zigs affublé de cigares et de martini comparent leur portefeuille au PIB de Banaro. Et encore plus loin du boui-boui où de funestes orpailleurs se reposent après avoir tamisé plusieurs litres de sang pour en extraite les quelques grammes d'or qu'ils échangent contre du désinfectant. En fait, on se trouve dans un lieu entre les deux, c'est pire en somme. Sur l'île, rare sont ceux qui peuvent profiter de ce type de lieu. Les soldats en perm', les femmes en recherche d'une espèce en voie d'extinction ; un homme en bon état et ceux qui ont le cul suffisamment bordé de nouilles pour ne pas à avoir à bosser ou se battre. Je n’ai jamais pu supporter l'esclavage, pas plus que je n'ai pu lutter contre, ce qui me dégoutte encore plus. Mais j'espère que je réussirai à faire disparaître ce mode de vie de merde, au moins ici. Pour ça que j'évite la ville comme la peste, me retranche dans un salon reculé du palais où bossent des gosses de riche en recherche de reconnaissance. Mais à présent, il est temps de revêtir le masque du capitaine, de faire la fête et de gonfler les cœurs d'espoir.

Je couvre rapidement mes auditeurs du regard, des filles en pâmoison, des gus qui rêvent d’héroïsme mais ne se battent que dans leur fantasme, des soldats qui viennent profiter des exploits guerriers et des vieux qui ont eu la chance de pas encore passer l'arme à gauche. J'éclate de rire à la demande d'une charmante demoiselle de lui conter mes tribulations et bondit sur une table chope à la main. On va faire comme eux, oublier que l'on joue à une guerre avec des boucliers de bluff et des épées d’esbroufe. On a gagné une bataille, mais ce n’est pas la gloire, pilonner une flotte réduite en position de faiblesse, on est loin de l’héroïsme des fables. On est en plein dans le coup de pute facile pour guerre sanglante. J'aurai donné cher pour me retrouver en pareille situation dans un pays prospère après avoir vaincu un empereur à la loyale. Même si gagner quelques jours de « trêve » sur du vent c'est déjà pas mal...

-... Et alors là ! Le Clotho il me dit « j'veux pas de bouseux sur mes terres ! ». Je lui assène donc un coup de pompe qui l'envoie dix mètres plus loin avant de lui répondre ça en fait un de moins ! ».

Je m'étanche le gosier à grand coup d'un breuvage qui ne porte bière que le nom et reprend le récit de mes fables sanglantes pour faire croire aux présents que je suis le fer de lance de la marine venu les sauver personnellement. Désolé les gars, mais là, je fais juste de la politique. Puis peu à peu, l'alcool aidant et contaminé par la bonne humeur ambiante, je me mets à vraiment profiter de l'occasion. En plus, un petit groupe local venait d'arriver avec une musique bien entraînante. Je viens de coucher une douzaine de personne à un duel de boisson grâce à mon sang de nordique supérieur. Ne me reste plus que faire quelque chose de mieux. Je m'empare dés lors d'un pignon de poulet pour tout micro. Cole à mes côtés me rejoint avec son harmonica on va faire un malheur !

-Les dominos tombent ! Des pirates dans les rues ! Bébé, cette fois, il n'y a pas l'occasion de battre en retraite ou de se rendre ! Le mal se lève ! Je ne parle pas de mon engin ! Une ombre dans la rue ! Nourrissant les flammes avec le feu de la furie ! Le temps est dépassé ! Les ennemis vont clameuh-cer ! On va faire ça comme un vrai survivant ! I'M Blue Da be di dabeda dabedi dabeda dabedbida !

*
*    *

Merde... je suis retombé dans ma période karaoké hier. Bon heureusement que tout le monde était trop loin pour s'en souvenir.... En plus je crois que j'ai embrassé Lydia, merde. Heureusement, que j'ai pris la peine de me vider et de me bourrer de flotte en rentrant à bord, sinon je serai avec une de ces gueules de bois. Bordel, j'ai plus de souvenirs après mon second pot-pourri de chanson au troisième bar. Cole émerge pas loin de moi avec une bite dessinée sur le front. Bon, on va faire comme si la soirée d'hier ce n’était jamais passée. Bon je vais quand même prendre un mélange spécial gueule de bois au cas où. Kivoz m'a réveillé pour me demander d'active, son comportement n’a pas changé, donc soit il est professionnel, soit j'ai réussi à me contrôler. Heureusement, que j'ai juste l'alcool : blague de merde et chanson... Bon passons. Je me rafraîchis rapidement et me couvre d'une cape de voyage brune et rugueuse utilisée par ceux qui explorent le désert dans la région. Je rejoins Ethan un peu plus frais que moi, un sac sur le dos sur l'épaule.

On nous briefe rapidement, on nous passe une carte avec un trajet indiqué dessus et une foule d'annotations. Il faut boire à intervalle régulier, mais rationner, faire une pause toutes les 3 heures au pied d'une dune pour échapper au soleil. Passer par les oasis pour se rafraîchir. Éviter l'un ou l'autre point de contrôles, pleins de trucs quoi. Rizov nous explique qu'après des recherches et d'autres explorations, les scientifiques avaient enfin percé les secrets du désert. A l'aide de calculs et d'engins sophistiqués tout droit sorti du labo de Vegapunk, nos gars avaient élaboré un modèle pour expliquer les déplacements de sable. Ainsi que la zone générale d'où provenaient les mouvements. Ensuite en croisant cela avec de vieilles légendes Siddathienne et des restes archéologiques, ils tirèrent une conclusion. Il existe un lieu dans le désert, qui servait autrefois d'autel pour le sablier. Une créature gigantesque, dernière de son espèce qui vit au centre de l’île. Autrefois, pour certains rituels, un groupe de personnes suivaient un itinéraire perdu aujourd'hui pour se sacrifier et implorer la clémence de ce « dieu ». Le seul témoignage d'une personne qui en est revenu, parlait de manière fort alambiquée d'une fleur que la créature protégeait.
Alors nos gars en ont déduis, probablement hier soir, que si l'on prenait cette fleur il y avait de forte chance pour que la bestiole déménage. En plus, s'ils réussissaient à synthétiser le machin, il serait possible d'avoir un contrôle effectif sur la bête.
Bon j'étais d'un autre avis, on trouve la bestiole grâce aux calculs, on la déglingue. On devient des héros , on a deux villes dans la poche et le Cp se démerde pour que la politique suive.

On se lance alors à l'assaut du désert. A l'aide du « one step by hound » je ne m'enfonce pas dans le sable, ce qui fait une perte d'énergie. Mais ce n'est pas le cas d'Ethan qui semble pas mal galérer. Le soleil tape assez fort et assez vite, la cape commence à chauffer. Après une bonne heure de marche, sans trop de soucis, on s’arrête au pied d'une dune, à l'ombre. On échange quelques monosyllabes pour économiser l'eau et permettre à Ethan de reprendre son souffle. On reprend notre marche, le soleil tape, de plus en plus haut et de plus en plus cruel. Tout autour de nous une mer de sable, on arrive finalement à une vieille pierre érodée dont les années ont effacé les inscriptions. Mais selon la carte, il faut à présent marcher un crabe et porter un masque. Normalement, ici, on risque de se trouver sous le vent et donc de s'étouffer avec des particules de sable très fine. On prend une seconde pause et on continue, quand soudain, une tempête de sable se lève. Un nuage menaçant glisse vers nous en grondant avalant les étendues vides.
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L’enflure de Yamamoto qui marche tranquillement sur le sable. Enfin pas tout à fait, c’est une version économique du geppou, puisqu’il ne s’envol pas totalement. Il ne me l’a pas encore enseigné, à croire que c’était fait exprès. J’imagine qu’en dosant la puissance de mon envol, je pourrais y parvenir, mais je perdrais bien trop d’énergie physique et psychologique à m’y exercer sous ce soleil de plomb.

Du coup, je marche en silence. Porter mon costume sous ce soleil est un véritable enfer, d’autant plus avec cette cape qui me protège de la chaleur. Les rayons sont si forts qu’il vaut mieux se couvrir que l’inverse. Puis ce masque, on en parle ? Je n’ai vraiment pas l’air con avec cet accoutrement ridicule.

Hum ?

Une bourrasque de vent, trainant du sable avec elle, m’interpelle. Le plus chiant avec cette merde, c’est que le sable vient directement frapper au niveau des yeux. Il est temps de sortir ma protection ultime : mes lunettes achetées quelques semaines plus tôt sur Mariejoa. Pour être tout à fait franc, elles ne me vont pas du tout car, en plus d’être laides, je les porte mal.

Mais la raison pour laquelle cette bourrasque m’a interpellé, ce n’est pas pour le jet de sable reçu, mais plutôt parce que ce n’est ni la première, ni la dernière… L’intensité de celles-ci et l’intervalle de leurs interventions ne cessent d’augmenter. En d’autres termes, si je ne me trompe pas sur le raisonnement, une tempête de sable se forme juste en face de nous.

La visibilité devient de moins en moins bonne, et jusqu’à en devenir inexistante, à tel point que je ne vois plus rien autour de moi. Paniquer serait le pire des comportements à avoir dans cette situation. Je suis tenté de rester immobile le temps que le tempête passe, souhaitant que Yamamoto en face de même, mais lui comme moi savons que rester sur place causera notre perte.

Je projette une lame de vent dans l’espoir d’y voir quelque chose, mais la tempête est si dense que je n’en vois pas le bout, et que la faille se referme très rapidement. Je me commence peu à peu à considérer l’idée que mon collègue et moi soyons séparés. Je dois poursuivre mon chemin en tentant de ne pas trop m’éloigner de la direction que nous empruntions. Cela dit, malgré cette volonté, il me paraît clairement peu probable de réaliser un tel exploit dans ces conditions.

J’avance droit devant moi, avec beaucoup difficulté et certainement en m’éloignant de la trajectoire initiale. Le problème c’est que je dois quitter cette zone le plus rapidement possible sous peine d’être englouti par le sable. La puissance de la tempête et le sable m’empêchent d’avancer efficacement. Malgré mes abdos de fer, la vélocité de mes jambes, je ne parviens qu’à gagner quelques petits mètres. Je gaspille mes forces pour rien.

Je m’enroule totalement dans ma cape, maintiens une position stable et attend que la tempête passe. Par précaution, je tente de recouvrir ma tête de cette fluide puissant, plus communément appelé le haki.

[•••]

Après de longues minutes, ou de longues heures, je ne sens plus de turbulence. Mon corps est quasiment entièrement enseveli, peut-être une petite touffe de cheveux qui dépasse, pour mon plus grand désespoir. En effet, un chameau - probablement en promenade - me sort de ce tas de sable en confondant mes cheveux par de la bonne verdure. Forçant pour se l’arracher, il finit par complètement me soulever. Surpris de me voir, ce dernier reste immobile.

« Tu me lâche ou tu finis dans mon assiette ce soir ? » Envoyé-je d’une voix sèche et d’un regard de mort.

Je ne prétends que l’animal du désert ait compris le moindre mot, mais il a quand même fini par me lâcher. Et c’est sans gêne que je monte sur son dos, tentant de le manipuler d’une manière ou d’une autre. C’est pas gagné. Le machin ne bouge pas d’un pouce. Se fout-il de ma gueule ou suis-je vraiment mauvais ? Tu me diras, je suis habitué aux chevaux plus qu’autre chose.

« Eh… Tu vas te bouger le fion, oui ? Je n’ai pas vraiment le temps de m’amuser. D’autant plus que mon humeur varie ces temps-ci, alors ne joue pas avec moi plus longtemps et avance. » Dis-je cette fois-ci sans conviction.

Quand soudain quelque vibre dans ma poche. Je fouille à travers tout le sable stocké dans celle-ci, jusqu’à finalement en sortir mon denden. Je le secoue quelques instants et réponds aussitôt, me doutant de la provenance de l’appel.

« Ethan, j’écoute. »

« Tu connais ta position ? »

« J’ai l’air de m’y connaître en géolocalisation selon toi ? Cependant, je n’ai pas réellement bougé de la dernière position où tu m’as vu. »

« Malin, le p’tit gars. »

« Je n’ai surtout pas eu d’autre solution, l’ami. »

C’est sans doute le seul que j’autorise à m’appeler « p’tit gars ».

« Que vois-tu en-face de toi ? »

« Une énorme dune de sable. Vraiment énorme. »

« Héhé. Parfait. Retrouve-moi au sommet de celle-ci. » Conclu-t-il avant de raccrocher.

Mais merde, c’est qu’elle est vraiment balèze ta dune. Je tire vers moi la tête du chameau à qui je pointe du doigt le sommet en question. Après être certain qu’il ait bien cette destination en visuelle, je me permets un puissant coup de talon qui, comme un coup de boost, propulse la bête à une vitesse ahurissant en direction de ce calvaire.

Mais après quelques mètres à fond en côte sèche, le petit chameau ralentit de manière significative. Une allure assez lente, plus naturelle, je le ressens complètement achevé. Il serait totalement absurde ma part de le pousser davantage, notamment parce qu’il ne pourra en faire plus et que cela reviendrait à maltraiter une pauvre bête. J’ai pu me venger le temps d’un instant en le poussant dans ses derniers retranchements.

Mes pieds de nouveau sol, je m’en décolle en usant du geppou et gravir cette dune insurmontable. Cela ressemble plus à un entraînement qu’autre chose. J’augmente ma vitesse à chaque propulsion, j’avale les mètres à toute vitesse, le bout de cette ascension est proche. Mais alors si prêt du but, à l’instar d’un engin, panne d’essence ou de courant, je m’écrase lamentablement sur le sable. Je crois que j’ai surestimé mes capacités.

Bon, et bien maintenant, je crois que je vais devoir poursuivre le reste à la marche. L’essentiel a été effectué par le chapeau combiné au geppou, je n’ai plus qu’une dizaine de mètres à gravir. Probablement les plus durs. Mais je m’efforce de poursuivre l’effort, un coup debout, un coup à quatre pattes, sans oublier les fois où je me vautre complètement, mais in fine, j’atteins enfin le sommet.

Yamamoto m’attend déjà. Au sommet, face à moi, se trouve… du sable. Une immense étendue de sable et rien d’autre. Qu’est-ce que l’on cherche au juste ? Ça n’a pas de sens. Je regarde Yamamoto du coin de l’oeil, légèrement exaspéré par la situation et les efforts inutiles, quand le capitaine point soudainement quelque chose du doigt.


« Une fleur ? » Dis-je d’un air ennuyé.

En réalité, et je pense que mon collègue le sait, j’admets qu’il est tout à fait anormal de trouver une fleur au milieu de ce désert. Je saisis ma longue-vue pleine de particule de sable, puis observe cette fleur de plus près. Surprenant. Elle semble si jeune, si pétillante, si fraîche… Les températures sont excessives, aucune zone d’ombre, aucun point d’eau, alors faut m’expliquer…
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La tempête est rapidement sur nous, je n'ai même pas le temps de donner des indications à Ethan, mes mots emportés par le vent. Je me couvre rapidement la tête de ma cape de voyage ne lassant plus qu'un espace pour faire sortir mes lunettes de protections. Je sens les grains de sables heurter brutalement mon flanc exposé parfois accompagnés des cailloux et autres petits projectiles. Les recommandations pour se prémunir de ce genre de phénomènes me reviennent rapidement en tête. Je me dirige au jugé vers une dune que j'avais aperçus avant le tumulte et dont je ne discerne plus que l'ombre. Je me tasse pour interdire au vent de prendre trop d'emprise sur moi et tente de conserver ma course sans être dévié par le vent. Après une bonne dizaine de minutes de lutte, je me retrouve dans « l’œil du cyclone », le vent et ses camarades sifflent autour de moi, dévié par la dune. Je me lance directement à l’ascension, peu à peu les vents et les débris résiduels se font de moins en moins présent. Finalement, à bout de souffle j’atteins le sommet. Je me laisse tomber sur le cul, m'enfonçant légèrement et profite de la vue. Ce genre de phénomènes climatiques se limitent généralement au sol. Une fois que l'on prend de l'altitude, on n'est plus sous l'influence de ce cataclysme.

C'est assez impressionnant en fait, Le ciel uniformément bleu, un soleil de plomb et une série de mamelons de sable qui dépassent de la tempête, comme des îlots dans un fleuve d'eau trouble. Je regarde autour de moi et je ne vois pas trace d'Ethan sur une autre dune, merde. Bon espérons qu'il aura au trouvé un abri. Le temps passe lentement sur le toit de ce chaos de sable. Un instant de répit, à l’arrêt, presque hors du temps, un point fixe face dans le mouvement. Le soleil frappe fort, je m’envoie une rasade, l'eau commence à manquer. Je commence à comprendre cette fascination, ce respect même pour le désert. Cela dit, aussi dangereux que cela soit, aussi impressionnant que cela soit, cela ne vaut pas un blizzard. J'en ai expérimenté quelques-uns sur mon ile natale et sur Sanderr, c'est pire. Étonnant comme les humains se mettent à avoir une fascination morbide pour tout ce qui pourrait les détruire. Peu à peu, le calme revient, et je me retrouve à nouveau devant l'immensité. Je prends mes jumelles et scrute le monde à la recherche d'Ethan, si ce ne sont quelques chameaux qui ont trouvé refuge au pied de ma dune, je ne vois rien. Quand j'y pense, c'est les premiers vivants que l'on, que je croise, dans ce désert. Faune peureuse ou lieu invivable ?

Je sors mon den den et appelle, Ethan, je commence à stresser, sérieusement. Il répond, ainsi il se trouve au pied d'une dune, je regarde en bas, tient ? Il est devenu pote avec un chameau ? Il a sans doute dû s'abriter derrière la bête hors de mon champ de vision. Je m'amuse à le regarder batailler avec son nouveau meilleur pote avant de me décider à scruter l'horizon. Je finis par remarquer une tache de couleur, à peine perceptible au loin. Je fais la mise au point, une fleur ? Tient donc, c'est vrai qu'elle fait tâche. Pas étonnant qu'en en retrouve des traces dans des restes archéologiques. Ça en ferait une fleur centenaire en plus, une espèce unique sans doute. L'unique fleur au monde capable de survivre au désert, nombreux ceux qui tueraient pour s'en approprier.

Finalement il arrive à mes côtés, sans doute autant fatigué que moi quand j'avais fait l'ascension hormis que je n'étais pas gêné pour mes déplacements, fort le gars. Je lui pointe donc notre objectif.

-D'après les têtes pensantes, on n’est pas loin du repaire du Sablier, un roi des mers dans le sable en gros. Ils sont donc partis sur la supposition que la bêbête protège la fleu-fleur. Ce qui me semble une connerie mais bon. Donc le jeu est simple, on y va, on survit aux attaques d'un monstre mythique, on prend la fleur, on continue de survivre, on se taille et on la garde pour décorer. Ce qui me semble être un plan tout à fait raisonnable... quand on n’y participe pas. Selon les manifestants, il a une bouche d'un kilomètre d'envergure garni de crocs de 10 mètres et est armé de tentacules d'au moins 300 mètres de long. Selon, la police c'est un petit machin qui fait dans les cent mètres en tout.
J'observe les chameaux depuis tout à l'heure. A part ton pote, ils ont tous tourné bride vitesse grand V. Donc l'est possible que la bêbête s'y trouve. On est trop loin pour voir si ça bouge vraiment. Donc j'appelle ton frangin comme convenu et tu fais ce que tu veux pour nous donner plus d'info, même envoyer ton pote à l'abattoir. Mais fait gaffe selon nos copains, y'a un bon kilomètre de sable trop fin pour marche dessus. Le seul chemin possible pour la fleur serait « la voie du pèlerin » un sable rouge et brûlant. Information qui date de plusieurs centaines d'années, plus personne ne vient dans ce secteur, trop dangereux, on doit la vie au matos de Sarhakis en fait.

Je laisse Ethan à ses châteaux de sable et m'éloigne de quelques pas avant de sortir mon den den. Une voix pas très commode m'attend à l'autre bout du fil.

-C'est le marin ?
-On a la fleur en visu.
-T'es sérieux, y'avait vraiment une fleur de merde dans ce coin de bouseux !
-Affirmatif.
-Bon voilà, j'ai coincé un petit oiseau et il a chanté pour moi, sors ta carte Kogaku. Normalement, sur la carte, t'as la mention temple des sable, une ruine dont plus personne à foutre.
-En effet.
-C'est la base des pirates. Déposes-y la fleur, mais tente de prélever un morceau, je ne sais pas quoi, je suis pas botaniste pour que les intellos jouent avec.
-L'info est sûre ?
-Bah il a avoué direct le con, alors je l'ai torturé pendant quelques heures pour faire bonne mesure. Il n’a pas changé son récit.
-T'as appris d'autres infos ?
-Il n’était pas sage à l'école et a un fétiche des pieds, en bon samaritain... je lui ai donné les siens en mains propres.
-Il n’a pas dû apprécier...

Il est taré ce mec...

-Bah il ne m’a pas remercié ce fils de putain, donc là je prépare un petit bouillon avec les parties excédentaires et je le lui fais boire s'il a menti. Sinon bah, je l’achèverai avec bonté.

-Amuse toi Bien ?
-Merci mon pote ! Mais je dois me préparer pour un gros coup, je te laisse, tient moi au courant et bisou.

Bisou ?

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Saloperie de Jamal, je ne tiens même pas à savoir ce qu’il peut rien raconter à Yamamoto, mais à en croire la tronche qu’il tire, ce n'est certainement pas très joli. Focalisé sur mon objectif, cette étrange et merveilleuse fleur, je ne laisse rien d’autre filtrer dans mon esprit. Je n’ai pas les connaissances nécessaires pour comprendre la raison pour laquelle cette fleur a conservée sa beauté et sa jeunesse.

« D’après tes informations, nous allons droit en enfer, n’est-ce pas ? Les dimensions de cette chose sont plus qu’exagérées. Même une maitrise parfaite du geppou et du soru n’assure pas une réussite de la mission. » Dis-je en continuant d’observer au travers de ma longue-vue.

Pourtant, je pense sincèrement que la seule solution est bien d’utiliser nos capacités. Le plus rapide de nous deux est sans nul doute Yamamoto, c’est donc à lui de récupérer la fleur et de prendre le plus gros risque. Le chameau finit enfin par gravir la dune et se repose à côte de moi. Je le regarde quelques instants quand, par une expression machiavélique qui s’affiche sur ma faciès, je pense avoir une idée.

« T’es prêt à régler ta dette ? » Dis-je d’un ton assassin.

La pauvre bête comprend assez rapidement qu’elle va passer un sale quart d’heure. Et pour preuve, je me retrouve derrière elle, le pied armé vers l’arrière, puis d’une fraction de seconde, le pointu de mon pied se retrouve dans le fion de l’animal qui se voit projeté de l’autre côté de la dune, vers le supposé sablier. Je me languie de voir ce qu’il va se passer. L’animal, de son côté, semble être totalement paniqué et tente tant bien que mal de remonter, mais c’est trop tard.

Le sable, à nos pieds, commence subitement à vibrer sous nos pieds. Un trou se forme, je vois la fleur tomber et, sans plus attendre, je disparais pour réapparaitre juste au-dessus de ce trou. Je me laisse tomber dans ce vide obscure, quand soudain, sorti des pénombres de l’enfer, une tentacule visqueuse et robuste sort précipitamment dans ma direction. Poussant d’un appui dans les airs - à l’aide du geppou - pour esquiver l’attaque, je dégaine pour trancher en deux cette chose.

Le trou continu de l’élargir de plus en plus. Une autre tentacule se ramène, puis une autre, et encore une autre… À mesure que le trou se développe, le nombre de tentacules ne cesse d’augmenter. J’ai beau découper, ça revient toujours. Je prends la fuite le plus rapidement possible. Pour être honnête, je ne dirais pas que je panique, mais je sens que la puissance de cette chose me dépasse totalement.

Sur le chemin, j’aperçois le chameau qui galère, mais qui parvient tout de même à remonter la pente. Le trou me dépasse, s’étend jusqu’aux pieds de la dune, sauf que maintenant je suis submergé par toutes ces merdes qui tentent de m’avoir. Je les cisaille autant que je le peux mais le nombre est assez conséquent.

« Projette-toi d’un ou deux mètres, Ethan ! » Hurle Yamamoto.

Sa lame en main, le regard déterminé, je comprends qu’il ne blague. D’un simple revers, une puissante lame vient passer juste sous mes pieds, tranchant toutes les tentacules qui freinaient mon chemin jusqu’à mon compagnon. Avant que d’autres n’en viennent, j’accélère le pas, quitte à finir complètement mort de fatigue à la fin. Mais pendant ma course, j’aperçois que les tentacules tranchées se régénèrent à une vitesse plus qu’affolante.

Alors que j’arrive au sommet de la dune, quelque chose s’enroule autour de ma cheville et me tire vers la direction d’où je viens. Je comprends assez rapidement qu’il s’agit d’une tentacule ennemie. Et étonnamment, le chameau vient s’interposer en mordant le long élément répugnant. Mais malheureusement, sa seule force ne suffit absolument pas. Et heureusement, Yamamoto arrive de nulle part, tranchant la chose avec une facilité déconcertante. Pis c’est là que je me bouffe le sol, une fois encore…

Je saisis aussitôt ma longue-vue et étends mon périmètre d’observation. La mine dévastée, je n’ai même plus la force de me relever. Je ne l’avais pas encore remarqué mais les dunes autour représentent les limites de l’ouverture de cette chose. J’en déduis qu’avec le temps, le niveau du sable était sensiblement égal mais que le monstre l’a réduit.

« Yama… Cette chose représente un élément de la nature qui nous dépasse. Nous devrions normalement retrousser chemin et rentrer. Cependant, je suis quasiment certain qu’il fermera son clapet quand il ne sentira plus de danger. La fleur, je pense qu’il l’admire, il l’entretient et la sur-protège. Attendons quelques temps, voir comment tout cela se poursuit, mais je pense que tu es le seul à pouvoir la récupérer avec ta technique de déplacement. » Dis-je solennellement en rangeant mon outil d’observation.


Dernière édition par Ethan R. Levi le Lun 10 Avr 2017 - 15:09, édité 1 fois
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On ne nous avait pas mentit, c'est du gros bestiau. Dès que le chameau est tombé au bas de la dune, la créature s'est mise en mouvement. Pas loin de la fleur, le sable a soudain été aspiré en quelques secondes dévoilant un gouffre sombre bordés de crocs. J'en ai profité pour analyser la créature avec mes jumelles. D'après le peu que j'en ai vu, j'en déduits que la créature est formée de la manière suivante : Un corps couleur sombre et strié qui semble se résumer à une énorme gueule sertie de plusieurs rangées de crocs. Corps qui se prolonge ensuite dans d’innombrables tentacules. Je suppose que si l'on retirait la chose du sable, on aurait une sorte de poulpe. De plus, en calculant la distance entre sa bouche et l'extrémité de ses tentacules, j'estime que le mot très très beaucoup long est de circonstance. Il y a juste mon bon sens qui m'interdit de considérer qu'il peut faire dans les 400 mètres. Taille qui contredirait sans doute la physique, mais je ne pense pas qu'il en ait quelque chose à faire.

A la manière donc le chameau est parvenu à éviter les « sables coulants », dont il a attaqué la bestiole et escaladé la dune. J'ai la très nette impression que les rares créatures qui peuplent le désert ont évolué avec ce monstre mythique développant des parades naturelles à ses attaques. D'après son comportement, je devine qu'il limite les déplacements et s'il réussit, ce n'est qu’horizontalement. Donc sur les dunes nous sommes en sécurité, du moins un minimum. Dans sa rage, il a déplacé la tête violemment et agité ses tentacules en tous sens. Ce qui a invariablement fait affluer le sable dans sa direction. Le sable volé aux dunes était rendu directement par la quantité de sable qu'il attirait vers lui. En fait, c'est difficile à envisager qu'une telle créature existe, la voir remplit d'effroi et de respect. Qu'une créature si grande puisse exister et qui plus est, puisse mouvoir une telle quantité de sable juste en se déplaçant est franchement ahurissant. Jusqu’à perte de vue, le sable affluait, comme un souffle de vent sur un champ de blé. On pourrait facilement croire qu'il pourrait même attirer les villes vers lui... et étrangement, il semblerait que ce soit le cas. Ma carte était annotée de la direction générale de Siddhârta et tout semblait indiquer qu'elle venait par ici. Je ne sais pas si la créature est assez intelligente pour en avoir conscience, mais tout déplacement de sa part attire invariablement sa nourriture vers elle. J'ai bien l'impression d'avoir vu quelques corps desséché faire surface à certains endroits.

Après une autre tentative, j'en conclus que la créature est capable de sentir les vibrations qui se répandent dans le sol. Selon les têtes pensantes le bousin pourrait même posséder un odorat fortement développé. Heureusement, je n'ai pas à faire la planche pendant trois jours et trois nuits sur le sable pour que la créature s'habitue à mon odeur. On attend une petite heure supplémentaire à subir le soleil de plomb pour que la créature ne montre plus le moindre signe activité. Ce que je m’appète à réaliser m'électrise. Une peur primitive face à une entité presque divine, mais aussi l’excitation et la montée d'adrénaline qui accompagne ce défi. Ce n'est pas tous les jours que l'on risque sa vie face à un ancien dieu qui rêve sous la surface. Ensuite, j'imagine que disparaître en affrontant un monstre titanesque n'est pas une fin trop infamante pour un capitaine. Mais j’évite d'y penser. On a trouvé une dune qui donne directement sur le fameux « chemins des pèlerins », j'aurai besoin de toute mon énergie pour fuir, donc pas question d'en gaspiller.
Je me badigeonne d'une crème grasse et relativement odorante, on m'a assuré que c'était la senteur désert ou tout du moins que cela couvrirait ma propre odeur. Du moins, je l'espère et je n’ai pas trop le choix. Je couvre ensuite la semelle de mes chaussure d'une couche de je ne sais trop quoi qui selon notre fournisseur m'évitera de cuire des pieds. Il me manque plus que le nom du sponsor sur le dos en somme.

-Bon prépare toi, on doit dégager dans dix minutes.

Prudemment, avec le One step by hound, je descends la dune, je finis par arriver à l'entrée du sentier, la créature n'a pas bougé. A vue de nez, j'ai dans les trois cent mètres à marcher. C'est vraiment marrant comme ces dunes encadrent la zone. Certains n'auraient pas hésiter à voir cela comme un pentacle et marmonner « The dead one stills dream in R'hiley ». Je pose mon pied sur le sable rougeoyant, il ne cède pas sous mes pieds, mais je sens bien la température augmenter de quelques degrés, je prends une profonde inspiration et m’engage sur la piste. Je me concentre pour amplifier mes sens Je me focalise sur mon ouïe pour tenter d’appréhender le moindre son suspect. Les minutes s’enchaînent comme les grains de sable dans un sablier. La chaleur monte de plus en plus le long de mes jambes et j'ai la mauvaise impression que mes semelles sont en train de frire. Je suis un fantôme semblerait il, un fantôme que même un ancien dieu ne peut percevoir, ou une souris, trop petite pour être vue, mais... c'est moins flatteur.

Je pose enfin mon pied sur la bande de sable qui abrite la fleur. Un regard rapide à ma semelle m'informe de l'état de mes chaussures, la semelle est totalement défoncée et grêlée, heureusement que je n'y ai pas été sans protection. Je m'empare d'un pot étanche dans les plis de ma cape, à présent, ne reste plus qu'à combiner finesse et doigté pour prendre la fleur et échapper à la bestiole qui s'en rendra compte directement. D'un mouvement précis et rapide, j'enfonce mon pot dans le sable pour choper la fleur. Directement, je me retrouve avec l'horrible sensation de tomber. Le sable se dérobe sous mes pieds et j’atterris sur un croc d'ivoire large comme mon bras. Il pue vraiment, ce n’est pas possible. D'un « celestial step » je me propulse en l'air, j'entends les tentacules claquer là où je me trouvais à l'instant d'avant. J'arme mon poing et propulse une « air wing », la chaire éclate sous l'impact se tordant dans tous les sens. Un sifflement dans mon dos me fait réagir au quart de tour et je me propulse sur le côté pour éviter le tentacule qui s’apprêtait à m'assener Je tourne sur moi et d'une série de jab projette une série de lame d'air pour m'ouvrir un peu d'espace autour de moi, c'est une vrai foret de membres. J'ai à présent une ouverture et je projette deux lame d'air vers le sable. Directement, la moitié d'entre elles sont redirigées vers les points d'impact pour y fouiller à la recherche d'une victime. Libre, je négocie mes virages pour éviter de signaler ma présence aux tentacules résiduelles. Après une course sur plusieurs centaines de mètre, je m'écrase plus que j’atterris à bout de souffle à côté d'Ethan. Je me retourne sur le dos pour admirer mon œuvre pantelant. Le « creuset » dans lequel se trouvait le monstre est dévasté, ce n'est plus qu'un gouffre tourbillonnant de sable. L'immonde créature s'agite en tous sens balayant autour d'elle à la recherche de ses agresseurs. Mais elle ne trouve rien, elle enrage, son cri déchirant, une plainte que nul ne pourrait s'imaginer disparaît dans l'immensité. La dune doit bien avoir perdu un quart de son envergure, j'ai vraiment réussi à survivre à un tel monstre ?

Ethan monte en crue et je me coince contre l'une des bosses du chameau, si l’animal n'a encore jamais rendu les armes face au désert, c'est qu'il s'en est rendu maître. Rendu libre, le chameau, appelons le Lawrence, entame une tactique pour le moins inattendue. D’une sorte de bond, il se retrouve cul à terre. Ensuite ses pattes entamant un mouvement de va et vient dans le sable, il commence à prendre de plus en plus de vitesse dans la pente. Arrivé à son pied, à l'aide de l'élan et probablement de sa technique hasardeusement efficace, il se met comme à surfer sur les sables attirés par la créature. Non mais sérieusement, c'est quoi ce chameau ? Je tourne la tête, les tentacules sont toujours en train de s'agiter follement, je pense qu'on a un peu foutu la merde dans le désert la....

-Ethan, mes pompes sont foutues… je pourrai plus marcher, charge toi du reste, je garde Lawrence.

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J’allais râler, mais en réalisant ce qu’il vient d’effectuer, je ravale ma salive. Il a réussi là où j’ai échoué. Phrase assez simpliste, mais le constat le démontre plutôt bien. Quoiqu’il en soit, la mission ne fait que commencer. Nous grimpons donc une dune à dos du chameau, les yeux rivés sur un temple apparemment abandonné, presque complètement détruit, mais c’est visiblement ici que se trouve les fameux malfrats.

Yamamoto justifie le fait que je doive y aller seul avec ses chaussures, alors que ce dernier savait plus ou moins marcher sans poser le pied au sol quelques heures auparavant. Il doit être assez crevé en réalité, et malgré l’air avec lequel je le regarde, je respect profondément. Il me tend le bocal avec la fleur et quelques grains de sables à l’intérieur. J’appréhende fortement la suite.

Avant de foncer tête baissée, je préfère d’abord analyser l’endroit où je compte bien mettre les pieds. La partie à laquelle nous faisons face ne semble pas spécialement surveillé. Je vois une rivière de sable de l’autre côté, avec le mât du navire qui dépasse, je comprends facilement que c’est leur issue de secours. De mon côté, seuls deux gardes discutent avec leurs fusils.

« Descends de là, fainéant, le chameau me sera utile. » Un sourire à nouveau sournois se dessine, provoquant la peur de la pauvre bête.

Je déchire une partie de mon élégant pantalon avec beaucoup de regrets. M’enfin, je relativise assez rapidement, le recommander ne sera pas un problème, et ce qu’importe son prix. Après avoir grimpé sur le dos du chameau, je retire mes chaussures et mes chaussettes. Idem que le pantalon, j’en rachèterai. De toute façon, les chaussures sont foutues.

On descend la dune tranquillement, à une allure plutôt lente - pour changer les habitudes prises par ce pauvre animal - et nous atteignons les deux hommes qui fument une clope, jouant à « pierre - feuille - ciseau » pour savoir qui va prendre sa gorgée de rhum. En me voyant arriver, ils me font signe de la main d’aller voir ailleurs. Je poursuis ma route vers eux.

« Eh ! Qu’est-ce que tu ne comprends pas, minus ? Dégage de là ! » Me dit l’un des deux pirates.

« Soif… J’ai seulement soif. »

Les deux hommes se mettent à esquisser un sourire et me tendent une bouteille emballée dans du papier. Sans doute pour en masquer le contenu, sauf qu’à l’odeur on sent bien que ce n’est pas de l’eau. Marine peut-être, mais bon consommateur d’eau distillée, et croyez-moi, il n’y a pas que les pirates qui dégustent ce breuvage.

« Merci. » Dis-je en esquissant un sourire à mon tour.

Je bois, je bois, encore et encore, laissant sans voix les deux compères. Je profite de l’occasion pour fracasser la bouteille sur le crâne de celui qui m’a tendu la bouteille, tandis que le second tente d’attraper son fusils, mais en vain. Je me trouve déjà face à lui, la lame dégainée, lame avec laquelle je perfore son thorax lentement. Le premier, un peu sonné tente de se relever, mais je lui en empêche d’un coup lame dans le dos.

Il fut un temps où j’éprouvais de la culpabilité à tuer un homme, mais maintenant c’est devenu si fréquent, que je ne ressens plus rien face à cet acte. En fait, en me confrontant face à des adversaires plus forts que moi, sur ces mers dangereuses, je me suis rendu compte qu’ils n’auraient pas hésité à me tuer si mes deux monstrueux camarades n’étaient pas intervenus. Le plus survit, le plus faible disparait.

Rentrer dans l’enceinte de ce temple me semble suicidaire. Des types probablement tous plus forts que moi se trouvent à l’intérieur. Yamamoto est à bout de souffle, je ne suis pas spécialement à la hauteur et le chameau ne servira que d’offrande. J’aperçois une fenêtre, ou un trou creusé par le temps, mais les contours me semblent bien trop précis pour n’être que le fruit de l’usure.

Je bondis verticalement, continuant mon ascension à l’aide du geppou jusqu’à la fenêtre, menant à un couloir apparement désaffecté. Vide. J’entends des bruits venant des pièces qui découlent du couloir, ce qui me signal qu’il y a quand même du monde. Sans doute des pièces avec des groupements de pirates. Un aura terrifiante s’intensifie en avançant dans ce sinistre couloir. C’est seulement sombre, avec des discussions, des rires, des sons de fracas…

Mon petit doigts me dit que poser la fleur au bord de cette fenêtre suffira amplement. Je la dépose et décide de prendre la fuite sans plus, mais c’est là que juste sous mes yeux, une femme analyse les cadavres laissés en bas, jusqu’au moment où nos regards se croisent. Des tas de possibilités fusent dans ma tête. La vilaine et gigantesque bête qui vit dans ce désert va arriver d’un instant à l’autre, alors de toute évidence, je dois quitter immédiatement cette zone.

La demoiselle agit sans plus attendre. Le poing fermé, ce dernier se transforme en un espèce de tambour dans lequel elle tape à plusieurs reprises, provoquant un enchaînement d’explosion le long de la paroi. Je saisis la fleur et la jette dans le couloir, puis je saute hors de l’enceinte du bâtiment, faisant cesser l’attaque de mon adversaire. Elle me regarde simplement sauter dans les airs, peut-être en imaginant sa seconde attaque, mais un terriblement de terre vient bousculer ses plans.

Tout le monde s’affole à l’intérieur, j’entends des hurlements, des injures, des types qui sortent, le bâtiment qui bascule d’un côté, le sable qui bouge tout autour… Par-dessus tout ce merdier, une espèce de tempête de sable survient de nulle part, me plaquant contre le sol. Au même moment, la jeune femme arrive dans les airs, l’un de ses bras changé en flute, elle souffle dedans, et se dégage un rayon lumineux, que j’esquive en de peu en roulant sur le côté.

Masqué par une sorte de nuage de sables provoqué par la tempête, il est possible de pour cette dernière de me viser, je crois même - heureusement - qu’elle ne peut plus me voir. Je continue d’avancer en rampant au sol. Mais soudain, des ondes sonores extrêmement puissantes me surélèvent et me projettent au loin. Je suis complètement sonné, amorphe, jusqu’au moment où je crash violemment - une nouvelle fois - contre le sol, impact qui m’assomme sur le coup.

[•••]

Lorsque j’ouvre les yeux, mon corps presque totalement enseveli, je sens mes pieds dans le vide. Je redresse rapidement mon buste, stoppé par de terribles maux de tête, mais suffisamment pour apercevoir cet immense trou noir, la fleur tenue au centre de celui-ci par une tentacule. Il semble vraiment l’idolâtrer sa fleur, je peux lui en offrir des kilomètres pour la Saint-Valentin. Il ne reste plus rien du temps, tout a été aspiré par cette chose.

Je me retourne pour repartir, et juste au-dessus de ma tête, ce foutu chameau avec Yamamoto. Se tire une tronche totalement dépitée, ne comprenant pas comment il a pu s’en tirer. Ce satané connard, il aurait pu me prendre avec lui… Cela dit, après tout ce qu’on lui a fait subir, je comprends plus ou moins qu’il ai un temps soit peu souhaité me laisser pour mort.

« Il est temps pour nous d’y aller avant qu’on se fasse bouffer, qu’en penses-tu ? Des nouvelles de pirates ? »


Dernière édition par Ethan R. Levi le Lun 10 Avr 2017 - 15:08, édité 1 fois
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Hyoundou d'un coup de dent rageur arrache un large morceau de poulet avant de couvrir ses sbires d'un œil mauvais. C'est un homme massif et impressionnant, l'on raconte d'ailleurs que dans sa jeunesse, pour la représentation théâtrale de son école. Il avait interprété à la perfection le rôle d'un frigo. Ses hommes ne parlent pas, ils savent. Lorsque le chef mange, on ne parle pas. D'ailleurs, ils s'échangent des regards honteux et implorants. Le chef est de mauvaise humeur ces temps-ci, son temps est précieux. Personne ne veut lui dire de mauvaises nouvelles ou des nouvelles hasardeuses. Mais encore plus rare sont ceux qui osent lui cacher des choses. Finalement d'un rôt massif, il donne la parole à ses hommes. Le premier s'avance, il est grand, puissant et sa face est défiguré par une cicatrice. Le genre de gars qui pourrait difficilement faire un boulot honnête, il ne serait pas crédible. L'échalas hésite, se mord la lèvre avant de prendre la parole.

-On a des infos des gars sur place monsieur. Depuis ce matin, des crieurs de rues transmettent une information dans les villes. Le sultan a décidé d'utiliser le sablier, un monstre mythique pour nous chasser hors de ses terres.

Il sourit, du moins il essaie, un rictus apparaît sur le visage de Hyoudou. Il voulait sans doute mimer le sourire magnanime que l'on offre à un enfant naïf, il n'est pas trop calibré pour.

-Tout comme on a raconté dans les bars que les marins se trouvaient par centaines de milliers sur l'île. De même que les minables qui ont survécu à l'assaut m'ont dépeint le portrait d'un commandant divin. D'ailleurs, en parlant de ces gêneurs, ils ont pu efficacement nous débarrasser d'une bande de bons à rien qui venaient d'arriver sur le nouveau monde. Demain, nous irons personnellement nous occuper d'eux.

Un individu musclé, les pieds sur la table aux côtés du capitaine hoche la tête. Hanzo le bras droit note l'information dans un coin de sa tête avant de répliquer.

-Comme tu veux patron, mais on a mieux à faire non ?
-Le coup d'état de Syrte attendra.

Le chef lève la main, plissant les yeux.

-Un cafard vient d'arriver en bordure du temple... Sarah va-t’en occuper. J'ai dit au troufion de l'entrée de la jouer finaude pour éviter les suspicions, mais on a un gros client là.

La femme hoche la tête, elle dépose la guitare qu'elle torturait depuis des heures pour le plaisir du chef et sort de la pièce. Elle met quelques secondes à s'habituer à la lumière, le patron affectionnait les lieux sombre si bien que l'ancienne antichambre destinée aux prêtres était occultée par des bâches. Elle avise rapidement, un gars aux vêtements en lambeaux, elle l'attaque sans tarder, il vient abattre deux hommes. Elle réplique mais rapidement, quelque chose apparaît dans son champ de vision et elle rate son tir projetant l’intrus contre une dune de sable éloignée. Une forme brunâtre « surfe » sur le sable amenant avec elle une tempête. Elle se frotte les yeux, elle ne rêve pas. Elle déboule dans l'antichambre. Le chef la regarde, il hausse un sourcil, il ne s'énerve pas. Il s'agit d'une des rares femmes qu'il respecte et ne réduit pas à sa fonction « naturelle ».
Elle prend une seconde pour reprendre son souffle.

-Il y a une saloperie qui nous vient dessus.

Les quelques pirates jaillissent de la pièce et scrutent la menace, un péon a la mauvaise idée de lâcher un « faudrait se barrer non ? ». Pour toute réponse, Hyoudou le saisit au col et le projette par l'ouverture, le sablier était déjà sur eux. L'homme atterrit quelques mètres plus bas dans le sable, il patauge, il ne vole pas, ne peux pas courir vite ni éviter de s'enfoncer. Il lutte quelque seconde avant de disparaître dans le gosier du monstre.

-Il était un peu plus malin que les autres celui-là... j'aurai dû le conserver... tant pis.


Les officiers répliquent directement, des décharges d'énergies de balles et de pieux de nouilles s’effondrent sur la créature sans la moindre efficacité. Le bâtiment penche, la pierre gémit.

-Repli, on décidera de la marche à suivre une fois qu'on aura pigé c'est quoi cette merde. Sarah sonne le repli.

C’est la débandade. Les pirates entraînés rejoignent le navire amiral, ils montent à bord abandonnant leurs possessions. Le navire n'avance pas, le vent gonfle les voiles, mais il fait du sur place. Alors à l'aide de gaffe en nouilles durcies le navire se fait tracter tandis que les pouvoirs de Sarah rajoutent de l’accélération. Peu à peu le navire prend de la vitesse pour finalement se libérer de l’influence de la créature et filer vers la mer. Un message est envoyé aux autres navires de la flotte, ordre de battre en retraite.

*
*   *

La scène du crime, une tombe froide pour les hommes qui ont perdus leurs rêves. Et Jamal ? il veille sur leurs rêves... songeant à la loi cruelle du désert. Il essuie sa lame sur le costume déchiré de Mohan, il ne prend pas la peine de poser le rideau des paupières sur les yeux vitreux de l'ancien sultan. Au contraire, il lui déboîte le cou d'un puissant coup de pied. Il attrape le col d'un ancien dignitaire qui tentait de remettre ses tripes à leur place. Il le traîne sur quelques mètres et le dépose sur un lieu qui lui semble des plus dédiés. Il le couche sur un pirate égorgé dont les yeux implorants fixent l'opulente fresque murale. Il inspecte la salle rapidement, il prépare rapidement le discours qu'il présentera aux autres dans un coin de son crâne et disparaît à travers la fenêtre. Il se change et se lave rapidement avant de rejoindre la salle du conseil avec quelques amis marchands triés sur les volets. Il feint la comédie en tombant sur le massacre qu'il a lui-même orchestré, il feint même le malaise devant un reste d'intestin disposé en évidence dans le plus grand des soins. Il plaque un mouchoir parfumé sur son nez et s'approche « au hasard » de l'un des pirates qu'il a amoureusement semé dans la pièce. Il se tourne vers ses camarades.

-Ce sont les Sunsets qui ont fait le coup ! Ils ont tué nos dirigeants.

Les marchands échangent des regards, on y lit la peur mais aussi la convoitise, ils se voient déjà à la place du calife. Ils ignorent simplement qu'ils n'existent que dans le but d'informer le monde de la turpitude des pirates. Le nouveau chef de Sirthe a déjà été désigné et ils voteront pour lui en croyant au libre arbitre.

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* *

Ethan gît inconscient sur la dune de sable. Les pirates ne rigolent pas. J'avais sélectionné une dune à quoi ? Un kilomètre du temple et Ethan a valsé jusqu’ici, je le traîne en sécurité en haut de la dune, rapidement rejoint par Lawrence. Tout le monde n'a d'yeux que pour le sablier. La créature ondule et convulse autour de la structure, elle finit par se calmer comme dansant pour la fleur qu'elle vient de récupérer. Ethan commence à se réveiller.

-Les pirates ont fui, il est temps de rentrer, en selle !

Le temple a à moitié sombré dans le sable et de nombreuses parcelles se sont écroulées. Ce monstre est terrifiant, je regarde le bocal dans lequel reste quelques grains de sable et une substance qui ressemble à du pollen. J'hésite à ne pas m'en débarrasser. Cette arme est trop puissante pour les humains. Mais mieux vaut qu'ils se contente de cet échantillon plutôt qu'ils ne tentent de récupérer la fleur. Alors à dos de chameau, l'on rentre au bercail.

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Je masque un bâillement et répond au clin d’œil de Jamal d'un signe de la tête. J'analyse du regard le protégé du frangin d'Ethan. Un type pas bien grand, assez pâle pour les gars du coin, les traits légèrement marqués par la variole. Je tourne la tête, un inconnu est debout à côté d'un petit vieux, le souverain de Siddhârta. A mes côtés, Saladin s'offre une gorgée de vin avant de reprendre.

-Ainsi nous sommes tous les trois d'accord pour nous allier et rejoindre le gouvernement mondial ?

Les deux autres participants de la table ronde hochent la tête, le petit vieux reprend.

-Depuis que vous avez supprimé les Sunset, notre ville n'a plus progressé vers le centre du désert. Nous sommes ouverts à toutes propositions pour fêter ce nouveau départ.

Le nouveau leader de Syrthe reprend la parole.

-Les diverses études que j'ai menées ont prouvées que la paix étaient plus rentable, pour assurer la prospérité du pays et une paix durable, je vous invite à accepter mes diverses propositions. Fin de l’esclavage...
-Comment ?!
-Les pays ayant renoncés à l’esclavage ont connu une productivité redoublée.
-Je vois....
-Ensuite, pour éviter tout conflits, il faut un partage du désert, voire plus, une institution fédérale qui aura pour mission de récolter, stocker et revendre les larmes du désert. Les récolteurs auront une paye régulière. Les fonds seront alors répartis entre les trois cités. De plus il faudrait une incitation au tourisme, avec un système de visite en villes et dans les déserts... accompagné d'une assurance très rentable. Enfin il nous faudra un corps d'armée commun. Commandant ! une base de la marine peut-elle apparaître sur notre île ?

Je me contente de hausser les épaules, je n’en sais pas grand-chose en fait.

-Désolé, je suis un électron libre pour ce qui est de la protection faudra voir avec la marine elle-même.

Saladin reprend la parole après avoir cherché mon assentiment du regard, que je réponds d'un énième haussement.

-Nous n'avons pour le moment pas un contrôle total de la créature et il y a des fortes chances que la nouvelle s'est répandue. C'est pourquoi, j'ai envie de jouer sur le quiproquo. Nous devrions former un corps de combattants d'élites que nous nommerions « Le Sablier », j'ai déjà contacté deux guerriers prometteurs de ma cité. Ensuite, je donne mon aval pour vos autres propositions.

-Je rajoute le mien, il nous reste à décider qui représentera le pays. Pardonnez mon expression, mais entre un parvenu et un administrateur, le descendant d'une famille ancestrale me semble bien plus adaptée. C'est pourquoi je propose que ma lignée occupe la fonction protocolaire de représentation.
-Ensuite, ce n'est pas comme si notre nouvel ami nous dépossédait de tout pouvoir réel avec son plan...
-Le pouvoir corrompt messieurs, notre pays est une poudrière isolée, à tout instant la balance pourrait se renverser amenant à une cité régente et des guerres. Il est donc essentiel, que nous n'occupions plus que des rôles d'administrateur et que l'ensemble des décisions soient prise par une institution centrale.

Je me désintéresse des discussions qui se font de plus en plus techniques, me laissant prendre au jeu de « Où qu'il se planque le Larson qui pue la bibine ».
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L’unification des cités semblent se réaliser à merveille. Les deux chefs et le nouveau discutent posément, avec naturellement en tête le nouveau leader de Syrte, qui semble étrangement bien s’y connaître en gestion politique. Foutu Jamal, tu as plus d’un tour dans ton sac. Toujours seulement vêtu de ma vieille cape déchirée, les bras croisés, j’observe Yamamoto et lui manifeste mon désintéressement de mon fidèle regard ennuyé.

L’essentiel étant fait, j’aimerai me retirer et boire un coup, le tout accompagné d’un bon cigare. Quelque chose me dit que le capitaine et moi-même pensons à la même personne : Molakov. C’est le seul vieux loup du coin à avoir de quoi boire à n’importe quel moment de la journée. Alors que les discussions plus pointues s’entament, je quitte la pièce discrètement, la porte se ferme derrière moi. J’étais probablement de trop.

Où te caches-tu, Molakov ? Je me dirige naturellement vers notre salle de vie, celle où j’ai rencontré Larson et qu’il m’a servi un verre pour la première fois. Autrement, je ne vois vraiment pas où est-ce qu’il peut être. Je longe ces couloirs assez larges et obscures, seul, toujours habillé comme un vieux sans abri. Constatant cela, je décide tout de même de faire un détour dans ma petite chambre, justement sur le chemin.

En ouvrant la porte de ma chambre, je me retrouve nez à nez avec Lydia, assise sur mon lit, les jambes croisées, mains à plats sur le matelas. Apparemment, elle m’attendait. Le regard rivé vers ma fenêtre, la brise dégage sa douce chevelure blonde vers l’arrière, c’est la première image que je vois. Ma présence ne semble pas l’avoir interpellée, sa posture ne change pas l’ombre d’une seconde.

« Salut, frangin. »
Dit-elle brusquement, sans prévenir.

« Ah, je pensais que tu ne m’avais pas remarqué. »

« Je vois, je sens, je ressens et j’entends des choses que tu ne soupçonne même pas, frangin. »


Fait-elle allusion au haki ? Cela expliquerait bien des choses. J’observe mon poing fermé quelques instants, réalisant que pouvoir taper fort et inutile si mon adversaire peut anticiper chacun de mes mouvements. En tout cas, rien de surprenant pour cette dernière, c’est un génie dans la maîtrise des techniques. Loin d’être un monstre de puisse comme Jamal, mais en terme de maîtrise, elle n’a pas à rougir.

« J’imagine que tu es venue pour une raison ? » Demandé-je en me grattant la tête, fatigué.

« Nous partons. Notre travail étant terminé, nous n’avons plus rien à faire ici. Le reste t’appartient, à toi et la marine, frangin. »

« Je comprends. Plutôt logique vue la teneur de votre travail. Où se trouve l’autre idiot ? »

« Je dirais qu’il se trouve à boire quelques coups, probablement dans la salle de vie. »


Si elle le dit, c’est qu’ils s’y trouvent tous les deux, elle voit tout cette garce.

« Rejoins-le, je vous y trouve après une bonne douche. »

« Tu en as effectivement bien besoin. »
Se moque-t-elle.

Je lui montre la sortie derrière moi à l’aide de mon pouce, sans un mot. Toujours avec son sourire malicieux, elle se lève et me pince délicatement la joue, comme une mère le ferait à son enfant, puis elle quitte la chambre en prenant bien soin de fermer la porte. Je laisse ma cape tomber, laissant apparaitre mon corps quasiment nu. Un miroir face à moi me permet de faire le bilan dessus. Ma musculature s’est nettement améliorée depuis que j’ai quitté la caserne. Des muscles secs, saillants, puissants et souples sont nettement visibles.

Pénétrant l’enceinte de cette grande salle de bain, je me dirige vers la douche « à l’italienne » que j’ouvre le temps de me contempler à travers un second miroir, cette fois-ci dans cette même pièce. Je suis loin d’être narcissique et ce n’est pas mon corps que je contemple, seulement les cicatrices qui marquent chacune de mes aventures. Il est temps de se doucher.

[•••]

La douche finie, je sors mes fringues rangés avec soin, par les servantes, dans un immense dressing. Chaussures, chemises, chaussettes, costumes, tout y est, pour mon plus grand bonheur.  Je m’empresse de m’habiller et de me coiffer, sans oublier d’y prendre mes armes, notamment ma lame, puis un dernier regard dans la pièce avant de m’en aller.

La salle se trouve au bout du couloir, couloir que je traverse en un rien de temps en utilisant le soru. J’ouvre la porte délicatement, et à le pas à peine enclenché, je vois à ma gauche une bouteille - probablement vide - m’arriver à toute vitesse. Sans l’ombre d’une hésitation, je dégaine ma lame en réalisant un arc de cercle, découpant la bouteille en deux. Chaque bout voit sa course se dévier de quelques centimètres, suffisamment pour ne pas me toucher.

« Ça ne pouvait venir que de toi, pourriture. » Dis-je en esquissant un sourire.

« Ton rang n’est finalement peut-être pas volé. J’aime davantage cette expression que tu affiches. »

« Tu me sers un dernier verre ? »

« Si c’est le dernier, volontiers. »


Le dernier avant que l’un de nous deux ne meurt, j’imagine. Quoiqu’il en soit, il ne semble pas vouloir me tuer ce soir, et il m’est impossible d’imaginer que la mission l’est épuisée vu le monstre. Il y a encore quelques jours il était à deux doigts me tuer devant tout le monde, mais maintenant, plus rien. Que s’est-il passé ? Ne croyez pas que je suis déçu de la situation, disons seulement que ça sous-entend d’autres choses.

« Qu’est-ce qui te tracasse, Jamal ? » Demandé-je en saisissant le verre qu’il me tend.

« Vois-tu, petit frère, il semblerait que nous ayons une famille légèrement plus grande que nous l’imaginions. À croire que ça amuse nos parents de créer du conflit entre nous. »

« Jamal ! Il suffit ! » Hurle Lydia.

Qu’est-ce que ça veut dire ? Je n’y comprends absolument rien. Si je traduis sa phrase, il disait sans doute qu’il a trouvé une autre personne à défier au sein de notre famille. Le soucis étant que je ne connais personne d’autre capable de susciter un tel intérêt… Nos grands-parents ne sont pas des combattants, ma mère non plus, seul père est un mystère pour nous mais il n’aurait pas hésité à me dire qu’il s’agit de lui.

« Peux-tu m’en dire plus ? »

« Non ! Nous partons sur le champ, une autre mission nous attend, Jamal. »
Répond Lydia.

« Tout ce que je peux te dire, petit, c’est que tu es actuellement plus fort que ta soeur, mais il existe un ou deux monstres que je ne suis pas certain de pouvoir battre, et ce au sein de notre magnifique famille. Le reste n’est que spéculation. »
Dit-il en serrant les deux poings.

Alors… Ce dernier verre…  Il faisait allusion au fait qu’il ne reviendra de ses prochains combats ? L’expression qu’il dégage en dit long sur sa frustration. Jamal veut absolument être le premier de la famille, le plus fort, le fils parfait aux yeux de père et mère. Je ne sais pas ce qu’ils ont pu lui faire étant petit, mais c’est terrible pour ce dernier qui ne voit plus que ça. En fait, je dois avouer qu’il me faisait peur autrefois, car sa puissance est vraiment supérieure à la mienne, mais j’éprouve surtout de la pitié à présent. Un jour, je le surpasserai, lui et tous les autres, et là il comprendra que son rêve n’était qu’illusion.

« Nous y allons, Ethan. Surtout, porte-toi bien. » Me dit Lydia en m’embrassant le front.

Jamal reste immobile quelques instants, Lydia quitte la salle.

« J’espère pour toi que l’on ne se recroisera pas rapidement, car je ne suis déjà plus très sûr de vouloir te laisser la vie sauve. » Conclu Jamal en claquant violemment la porte.

Et là, quel soulagement pour moi d’être tranquille. Je déguste mon verre très lentement, savourant chaque instant de tranquillité. Tranquillité qui ne tardera sans doute pas à être perturbée. Bien que nous arrivons à terme de notre mission, absolument tout peut arriver dans ce désert à la con. Il ne reste que plus que nous, marines, et nous devons à tout prix réaliser ce pour quoi nous sommes ici.
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