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Des conséquences de la guerre.

Premier jour,


Mochi avait plusieurs fois entendu parler du Dr. Eustachio, s'il était assez méconnu des profanes, les médecins de tout East Blue et même d'au-delà avait entendu parler du docteur. C'est à Logue Town que Mochi avait entendu parler du bonhomme pour la première fois. Et sa dernière expérience médicale, désastreuse, l'avait poussé à venir rencontrer ce fameux toubib.

Encore secoué par la mort de son dernier patient, il avait pris le premier navire en partance pour l'île de Dawn. Et il y en avait un paquet des navires qui allaient sur l'île, car, le Royaume de Goa venait de faire l'objet d'une révolution organisée par un certain Rafaelo. Aussi, quand il mit pied-à-terre et découvrit la ville de Fushia, qu'on lui avait décrit comme étant un petit village paisible, découvrit-il une immense cité pleine à craquer de bidonville et autres campements de fortunes, qui ne cessait de s'agrandir jour après jour, car toujours plus d'anciens nobles débaroulaient, goûtant les joyeusetés d'un tout nouveau style de vie. Les fortunés d'hier étaient les vas nu pied d'aujourd'hui. Rien ne dure éternellement en ce bas monde.

Déambulant dans le quartier, Mochi put constater la pauvreté et l'insalubrité ambiante. Tout un tas de gens étaient assis dans les rues, aux abords de leurs taudis, l'air maussade, certains jouaient aux cartes, pariant des sommes d'argent dérisoire, d'autres roupillaient, des enfants crades courraient dans les rues en rigolant, des bébés pleuraient, des Marines tentaient d'aider la population en approvisionnant les anciens nobles de pains et de riz. Malgré le drame et les conditions difficiles, la vie suivait son cour.

Encore une fois, Mochi, avec son physique atypique et surtout, sa blouse blanche, fit quelques curieux, d'autant qu'en ces temps de crises, les médecins manquaient. Un homme vînt lui demander s'il était médecin, Mochi, évasif, répondit que oui. L'homme continua, lui demandant s'il allait travailler à la clinique du Docteur Eustachio, le binoclard, sur le même ton, répondu qu'il était venu là pour ça, l'homme reprit, disant que c'était une bonne chose, car, selon lui, y avait grand besoin de médecin dans le coin. Mochi voulait bien le croire, ce lieu qui, quelques semaines plus tôt était un petit village paisible était désormais un immense camp de réfugié, et les malades devaient y être nombreux.

L'inconnu accompagna le toubib jusqu'à la clinique et Mochi l'en remercia chaleureusement. Celle-ci était jadis excentrée par rapport au village de Fushia, afin de se rapprocher un peu du Grey Terminal, où les docteurs locaux allaient faire un tour au moins une fois par semaine. Maintenant, avec l'extension tentaculaire du village, la clinique avait été comme absorbée par la ville. Mochi avança et y entra. Tout un tas d'infirmiers et d'infirmières se démenaient dans tous les sens. L'endroit qui était supposé permettre aux patients de se rétablir était extrêmement bruyant. Il y avait là beaucoup de victime de la révolution. Le toubib se déplaça pour laisser passer une infirmière qui semblait fort pressée, un autre vînt à sa rencontre. Il demanda s'il était un patient ou s'il venait pour travailler. Mochi, répondit qu'il venait pour travailler. Il le fit entrer dans une petite pièce et lui demanda de patienter, lui disant qu'un médecin viendrait l'accueillir quand ce serait plus calme. Alors qu'il aurait d'ores et déjà pu commencer à aider, voilà qu'il se retrouvait à attendre. En même temps, ils devaient sûrement contrôler les médecins arrivants, histoire de ne pas embaucher le premier abruti venu.

Un homme attendait là, assis en tailleur et, d'un signe de tête, salua le binoclard qui répondit au geste. Mochi, imitant l'homme, s'assit dans une posture similaire. Le gars le regardait avec insistance et hésitation, comme s'il voulait lui parler, mais qu'il n'osait pas. Mochi ne s'en préoccupa guère et ferma les yeux. Mais le bonhomme prit finalement la parole.

"J'ai été envoyé par mon père, il veut que je me fasse la main ici, c'est un ami du Dr. Eustachio, et dire que je pourrais pratiquer avec mon père !"


Il n'eut en guise d'un réponse, qu'un sourire évasif.

"Vous savez, c'est le médecin personnel du Sultan Pavois! ...", comme Mochi ne bronchait toujours pas, il reprit après un bref instant, "Dites, vous écoutez ? Je vous parle du Sultan Mym, Sultan de Pétales, Dieu parmi les Hommes !"

La porte coulissa, un jeune homme entra, l'air totalement blasé, il portait une blouse, vraisemblablement un médecin.

"Yosh, moi c'est Yoshikawa ! Bienvenue en enfer ! Ici Dieu, c'est la mort, oubliez votre Sultan. Depuis la révolution de Goa c'est le bordel, on est en sous effectif. On nous a ramené beaucoup de blessé et la plupart d'entre eux meurt avant qu'on ait pu faire quoi que ce soit. Quant à ceux qui sont arrivés en bonne santé, ils commencent à tomber malade un par un, comprenez, dans un camps de réfugié comme celui-ci, c'est les rats les rois et ces saletés nous ramènent tout un tas de merde ! Toujours partant ?"

"Où est le Dr Eustachio ?"

"Occupé, vous le rencontrerez bien assez tôt"

"J'insiste, c'est mon père qui m'a envoyé ici et ..."

"Croyez-moi, vous le rencontrerez sous peu et vous le regretterez bien assez tôt, alors profitez ! Bon je dois y allé, je fais le service de nuit, Armando va finir il vous fera le tour de la clinique et vous commencerez demain matin."


Il ferma la porte et on l'entendit partir.


Dernière édition par Mochi le Mer 15 Mar 2017 - 15:41, édité 1 fois
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A peine dix minutes plus tard, un autre médecin fit son apparition, plus petit et un plus rond que le précédent, il avait également l'air bien plus sympathique. Il se présenta, c'était le fameux Armando dont la venue avait été prophétisé par le précédent médecin. Il se présenta comme étant le "Bras droit" du Dr. Eustachio et comme étant l'un de ses plus anciens élèves. L'autre arrivant, inquiet de la présentation peu avantageuse que Yoshikawa avait fait du directeur de la clinique, questionna le dit "Armando", lui demandant s'il devait prêter foi à ce qu'il avait entendu jusque là. Le toubib, évasif, répondit qu'en effet, le directeur avait son p'tit caractère.

Puis Armando les invita à sortir de la pièce pour une petite visite. La nuit était tombée, les couloirs étaient beaucoup plus calmes. La salle d'attente, dans laquelle ils étaient, se trouvait juste à droite de la porte d'entrée. Armando les mena à gauche, il ouvrit une première porte derrière laquelle se cachait un grand dortoir, rempli de femmes, allongées sur des tatamis, toutes malades ou blessées. La pièce était tellement bondée que les patients n'avaient pas énormément d'espace, une pièce au moins deux fois plus grande aurait été nécessaire pour accueillir décemment tout ce monde . Plusieurs infirmiers se démenaient en faisant le tour de la pièce. Il n'y avait là que le strict minimum, donnant à la pièce des allures de vétusté.

"Le dortoir des femmes"


Fermant délicatement la porte il continua sa marche, la pièce suivante était le dortoir des hommes. Plus grand, il y avait évidemment plus de monde dans celui-ci que dans le précédent. Ce détail mis à part, les pièces étaient sensiblement les mêmes. En face, il y avait quatre petites pièces que le guide ne prit pas la peine d'ouvrir.

"Ce sont les salles d'opérations. Comme on est plein, on en utilise une comme chambre pour deux gars salement amochés"

Comme le couloir s'arrêtait là, ils repartirent dans l'autre sens, vers la salle d'attente. Là, il pointa du doigt les deux pièces à côté de la salle d'attente.

"Le bureau d'Eustachio et sa chambre. Il dort dans son bureau maintenant, sa chambre sert pour un patient"


En face de la porte du bureau, un couloir partait vers le fond du bâtiments. A droite nous dit-il, y a deux mini-dortoirs, pour les médecins. Il ouvrit le premier dortoir, où un gars pionçait déjà.

"Avec vous on est huit, sans compter Eustachio. Vous dormirez dans celui là ! On y est à cinq. L'autre dortoir est pour les trois doctoresses."


En face des dortoirs, il y avait cinq petites chambres pour des patients. Qu'il s'agissait de ne pas déranger.

"Tenez, posez vos affaires dans le dortoir"

Les deux jeunes arrivants s'exécutèrent, prenant chacun un des tatamis qui avaient été installé pour eux. Puis, Armando le mena au bout du couloir et ouvrit une petite porte qui donnait sur une petite cour, au milieu de laquelle, trois vieilles, travaillant pour l'établissement nettoyaient du linge. Derrière elles, deux bâtiments.

"La cuisine et l'entrepôt"

"De nouveaux médecins ?"

"Vous allez en baver, bonne chance !"

"Allons, ne les décourageaient pas si vite !"

"Le travail est épuisant ici, et le vieux est un vrai tyran ! Vous les docteurs, vous avez un dortoir pour dormir, nous ici, infirmiers, on dort dans les cuisines, c'est vous dire !"

"Les temps sont durs, on y peut rien, 'fin bienvenue quand même
!"

Après de sommaires présentations, les médecins entrèrent dans la cuisine, quelques tables disposées à l'entrée donnaient à la pièce un air de cantine, derrière, il y avait la cuisine, ils s'installèrent à une table et on leurs servi une soupe bien chaude. Armando fit un topo sur la clinique, présentant les médecins qui y travaillaient et les infirmiers présents. Sur l'historique du lieu et enfin sur leur difficulté à gérer le flux incessant de cette marée humaine déracinée par la guerre.

Il les informa également que le lendemain ils assisteraient chacun un médecin et qu'on commencerait à leur donner quelques cas simple le surlendemain. Même s'ils avaient un besoin urgent de toubibs, il n'était pas question de laisser n'importe qui travailler ici. A la fin du repas, leurs assiettes furent débarrassée, les médecins retournèrent vers les dortoirs. Ils entrèrent, deux médecins dormaient déjà. Ils se glissèrent sans bruit jusqu'à leurs tatamis respectifs.


Dernière édition par Mochi le Mar 14 Mar 2017 - 13:07, édité 6 fois
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Troisième jour,

Le jeune toubib faisait le tour des dortoirs, contrôle matinal, histoire de vérifier l'état général des patients. Passage anodin, mais crucial, où pour la première fois, il avait eu droit à une certaine autonomie. Faut dire, tous les autres médecins étaient occupés entre ceux qui avaient travaillé de nuit, ceux qui étaient en salle d'opération et ceux qui étaient en déplacement, l'autre médecin de Pétales qui avait foutu le camp ... En cette calme matinée, il ne restait plus que Mochi de disponible.

"Docteur ! Docteur !"

Mochi, suivi de deux infirmièrs, sortit du dortoir et couru vers les cris, à l'entrée du couloir. Deux femmes d'âge mûr en portaient une autre, plus jeune et grièvement blessée, derrière elles, deux hommes portaient un jeune homme poignardé. Comme il était le seul médecin, Mochi prit les commandes, ordonnant aux porteurs de mener les moribonds jusqu'à la seule salle d'opération encore disponible. Heureusement équipé de tables d'opérations, il fit poser les blessés sur les tables.

"Ah le salaud ! Le salaud ! Le soignait pas docteur ! C'est lui qui l'a battu ! Battre sa femme ! A notre époque ? C'est inadmissible !"

"Et lui qu'est-ce qu'il a ?"

"C'est elle qui l'a poignardé !"

"C'est de la légitime défense docteur, ça fait des mois que la pauvre petiote se fait tapée et violée par son mari !"


Sur demande du toubib, l'un des infirmier claqua la porte à l'immense troupe qui s'agglutinait devant la salle d'opération. Il lui fallait du calme pour s'occuper des deux blessé. Ce qu'il fit sans prendre en compte ce qu'il avait entendu. Quand ils eurent fini, il sortit de la pièce, les curieux avaient reculé et attendaient désormais à l'entrée de la clinique. Quand ils apreçurent le médecin, ils se précipitèrent sur lui pour savoir ce qui s'était passé. Au même moment les deux infirmiers qui avaient assisté Mochi sortir avec un brancard, un corps recouvert par un drap. Les spectateurs s'écartèrent pour laisser passer le mort.

"Je n'ai rien pu faire pour lui, ses poumons ont été transperçé"

"Et son épouse ?"

"Elle va avoir besoin de repos, mais elle devrait s'en sortir"


Ses blessures, bien que sérieuses n'étaient pas mortelles. Elle s'en remettrait aisément, du moins physiquement. Après les en avoir informé, il les fit tous sortir et repartit à ses travaux. Parlant avec un infirmier, il apprit que le mort était membre d'un gang. L'infirmier avait peur de potentielles représailles, du moins envers la tueuse. Mochi faisant abstraction de ces inquiétudes, trouvait marrant que des Nobles se retrouvaient à s'organiser en gang. Comme quoi, la condition prévalait sur l'éducation.

La journée passa, le toubib termina son service et se rendit dans l'arrière cour, histoire de manger un bout. Il mangeait avec d'autres docteurs, dont Armando, chacun racontait sa journée. Mochi n'eut même pas le temps de commencer son plat que quelqu'un l'interrompit. Gueulant, effrayé, l'infirmier qui l'avait accompagné toute la journée débaroulait dans un grand fracas.

"Ils ... Ils sont là !!"

"Qui ?"

"La bande de Pegg ! Ils veulent récupérer le petite Sissi qu'ils accusent d'avoir tuer son mari"

"En quoi ça les regarde ?"

"Ben il faisait parti de la bande"

"Pas question qu'on leurs laisse, allons les voir"


Tout le monde se leva et se rendit à l'entrée, voir ce qui se tramait. Mochi suivit le groupe. A l'entrée, cinq gaillard attendait, prêt à en découdre. Un homme, plus costaud que les autres, sortit du petit groupe et s'avança.

"Veuillez nous remettre la fille s'il vous plaît"

"Non"
répondit Armando infléxible.

"Allons docteur, je sais bien que vôtre présence ici à vous et aux autres toubib est cruciale. Je ne ferais jamais rien à la clinique, mais rien ne n'empêchera de vous botter le cul !"

Sur ces mots, le célèbre "moustachu" fit son apparition. C'était assez rare qu'il se montre au public. Même Mochi ne l'avait croisé qu'à deux reprises et n'avait pas eu l'occasion de discutailler bien longtemps avec le bonhomme. Son physique ne faisait pas vraiment honneur à sa réputation de tyran. Le petit vieillard rachitique semblait se recroqueviller sur lui même tant ses épaules étaient frêles. Son visage lui, était presque quasiment masqué par ses lunettes et sa fameuse moustache.

"Je n'aime pas vos menaces"
dit-il simplement

L'homme allait dire quelque chose, mais le vieux ne lui laissa même pas le temps de parler et le frappa au foie. Le bougre se mit à vomir son repas du midi, avant de trébucher dans les escaliers. Ces accompagnateurs, d'abord surpris, étaient prêt à réagir. Eux non plus n'eurent pas le temps de faire quoi que ce soit. Mochi bondit sur eux avant même qu'ils ne comprennent ce qui leurs arrivaient. Il frappa le premier directement dans les valseuses, pivota sur lui-même et envoya son pied dans le ventre du second. Le troisième vînt le frapper au visage, mais le toubib bloqua le coup et frappa le plexus avec son poing. Les dernier prit ses jambes à son cou.

"Hmpf ! Vous êtes bien trop impulsif jeune homme !"

"Einh ?! Mais c'est vous qui avait frappé en premier !"
répondit le binolcard quelque peu surpris.

"Je ne suis pas un modèle de vertu"
dit-il en rentrant dans la clinique.

Comme tout s'était calmé, la foule de curieux qui s'était rassemblée autour du combat s'éparpilla. Le docteur Eustachio fit signe à Mochi de le suivre.


Dernière édition par Mochi le Mer 15 Mar 2017 - 15:56, édité 3 fois
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Mochi suivit le Moustachu jusqu'à son bureau, où il entra pour la première fois. La pièce n'était pas bien grande et plutôt froide d'aspect. Quelques bibelots, camelotes bon marché trônaient sur une étagère et des livres à ne plus savoir qu'en faire étaient éparpillés dans toute la salle. Un matelas y avait même été installé. Le tout, saupoudré d'une désagréable odeur de renfermée.

Comme il s'en rendit compte, le vieillard ouvrit la fenêtre de derrière son bureau pour aérer la salle. Puis il sortit un paquet de cigarettes, en sortit une délicatement, qu'il porta tout de suite à sa moustache avant de tendre le paquet au jeune médecin. Mochi, la moustache en moins, l'imita. Posant le paquet, le vieux tendit dans la foulée une alumette qu'il avait allumé en un éclair. Les deux commencèrent à fumer.

"Vous vous êtes occupé de la fille. Comment va t-elle ?"

"Son état s'est stabilisé, elle a besoin de repos, mais elle s'en sortira, son mari, lui, est mort"


"C'est elle qui l'aurait tué à ce que j'ai entendu dire ?"

"D'après les gens qui l'ont ramené oui. Elle se serait défendu suite à un énième viol de son époux"

"Vous tenez ça des gens qui vous les ont ramené ?"
demanda t-il en soufflant une bouffée de tabac. Comme Mochi acquiésa il reprit, "Donc tout le monde était au courrant, mais personne n'a jamais levé le petit doigt ?" conclu t-il en levant la tête vers le plafond.

Mochi, qui cogitait là-dessus ne répondit pas et puis, il lui semblait que la question était purement rhétorique. Mais le vieux avait probablement raison, cette affaire était probablement de notoriété publique, mais personne n'osa jamais lever le petit doigt, sûrement par peur d'éventuelles représailles.

On toqua à la porte, le vieux cria d'entrer, une infirmière entra, déclarant que la patiente du docteur Mochi était réveillée. Les deux toubibs écrasèrent leurs cigarettes dans le cendrier. Le vieux proposa qu'ils y aillent ensemble et ils y allèrent. Arrivant dans la salle, le binoclard aperçu la demoiselle, elle s'était redressée et tenait son buste droit en s'appuyant sur le mur. En dépit de son sale état, elle fit forte impressions aux deux docteurs, elle avait un port de reine et elle dégageait une certaine force.

"Bonjour" dit-elle simplement.

Les deux toubibs répondirent en la saluant de la tête.

"Comment vous sentez vous ? Vous devriez vous allonger"


"Bien ... On m'a dit que mon mari est ..."
répondit-elle, ignorant le conseil.

"Mort, oui."

"Il vous violait depuis longtemps ?"
demanda le vieux sans prendre de pincettes.

Comme elle fut surprise, elle eut un moment de latence avant de reprendre.

"Je me suis mariée assez jeune. Un mariage arrangé qui était supposé profiter à ma famille. Vous comprenez, mon époux était un noble ... mon père, lui, était un artisan très réputé à Goa. Il est rare qu'une couturière puisse épouser un noble. Mais cela allait accroître la renomée de mon père et me permettrait d'avoir une vie heureuse. C'est ce que je croyais, j'étais d'ailleurs enchantée à l'idée de ce mariage et ..."

Sur ces mots, elle s'endormit.

"Sérieusement ? Elle s'est endormit"

"Elle doit être épuisée, laissons là"


"Aaah !!!" cria t-elle, se réveillant en sursaut avant de reprendre le plus naturellement du monde sans se préoccuper de ses interlocuteurs "Et donc je disais ? Ah oui et bien figurez vous que mon bonheur ne dura pas bien longtemps ... J'ai pris sur moi pendant des années, mon époux était un homme puissant et mon père ne cessait de s'enrichir ... Je me rends compte aujourd'hui que mon sacrifice était bien inutile ... Mon mari n'est plus rien ... Cette révolution m'a montré que sans son argent et ses beaux costumes il n'était capable de rien, alors qu'à Goa les nobles s'étaient toujours présenté comme les voiles faisant avancer le navire, en fait ils ne sont pas très doués ... Et ma famille pour laquelle j'ai enduré tout ça ... et bien ils sont tous morts. Vous vous rendez compte ? Cette révolution qui était censée faire disparaître les nobles au profit des couturiers ? Au final, mon père est mort et ce salaud était encore en vie, je n'ai pas pu le supporter ..."

Elle interrompit son monologue en regardant les docteurs. Une larme coula sur sa joue.

"Que va t-il advenir de moi ? Vais-je aller en prison ?"


Le vieillard se rapprocha d'elle, posa sa main sur front pour évaluer sa température, avant d'aller vers la porte.

"Ne vous en faites pas, nous allons nous occuper de ça"

Et ils sortirent. Le vieillard réprimanda Mochi une nouvelle fois pour avoir fait des promesses qu'il ne pourrait pas tenir. Il déclara finalement qu'il avait un plan pour l'aider, avant de conclure par un "Bonne nuit".


Dernière édition par Mochi le Mer 15 Mar 2017 - 15:58, édité 3 fois
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Cinquième jour,

La quatrième journée fut éreintante, une nouvelle vague de réfugiés arriva et avec eux, tout un tas de malades et de blessés. A la clinique on ne connaissait pas encore le dénouement de cette guerre et on s'en fichait, le corps médical était bien trop occupé par l'accueil des nouveaux patients. La marine s'était mobilisée au mieux pour accueillir les nouveaux venus. Le colonel Sauveur était venu en personne à la clinique pour informer de l'arrivée tout à fait prochaine de renfort de la Marine et tout un tas de nouveaux médecins. Il fut renvoyé par le moustachu lorsqu'il fit une réflexion à propos de la jeune femme soupçonnée d'avoir tué son mari.

Il était 3h du matin quand Mochi alla se faire une pause cigarette devant la clinique. Se laissant allé, il se mit à regarder le ciel bêtement, finissant par s'endormir, clope au bec. Bien évidemment celle-ci finit par quitter ses lèvres et se glissa malencontreusement dans la poche gauche de sa blouse, le bout allumé, pointé vers sa peau. Après quelques instants, une odeur de brûler se fit sentir, l'instant d'après, le toubib se réveilla en hurlant. N'étant pas certain de la provenance de la chaleur, il commença par ôter sa blouse et la jeta au sol. La brûlure cessa. Rassuré, il s'assit en époussetant ses vêtements. Pour autant l'odeur de brûlé ne disparaissait pas, persuadé qu'elle émanait de lui, il fouilla toutes ses poches à la recherche de l'objet de son désagrément. Quand il releva la tête, il aperçut sa blouse, à quelques pas devant lui, qui avait totalement pris feu. Comme il n'avait pas d'eau à disposition, il se mit à frapper dans la blouse à coup de pied dans le maigre espoir d'étouffer le feu. Mais il n'y parvenait pas et sa jambe commençait à le démanger, probablement à cause de la chaleur.

Alors que la rue était déserte, un homme passa, miraculeusement, un sceau d'eau à la main. Mochi, concentré sur son feu, ne le remarqua même pas, jusqu'à ce que ce dernier ne vide son seau sur la blouse, mettant un terme au spectacle. Mochi, d'un air stupide et le pied mouillé remercia le passant avant de le reconnaître. C'était Fuu, victime de grosses fatigues et de stress prononcé, il avait été, un temps, à la clinique. Le binoclard s'était occupé de lui durant ses rondes matinales. En plus de son seau, il portait des planches en bois.

"Comment allez-vous docteur ?"

"Je vais bien, merci ! Que faites vous avec tout ce fatras ? Je vous ai déjà dis de vous reposer, le surmenage n'est pas bon pour vous !"

"Acha acha acha ! Je sais bien docteur, mais que voulez vous, j'ai des choses à faire"

"Des choses plus importantes que votre santé ? Que votre vie ?"
comme l'autre acquiésa, il reprit sévèrement "Et qu'est-ce donc ?"

"Suivez-moi ! Je vais vous montrer, ce n'est pas loin et j'ai presque fini" répondit-il fièrement.

Ainsi ils marchèrent. Mochi n'avait pas vraiment eu l'occasion de ressortir depuis qu'il était arrivé à la clinique. En peu de temps des changements avaient eu lieu, le bidonville avait encore grandit. S'étant formé comme une véritable ville, la rue qu'ils traversaient, était semblable à une rue tout à fait classique, mais en bien plus crade, en plus bidonville quoi.

Très vite, ils arrivèrent à l'angle de la rue, là, Fuu stoppa le jeune médecin et pointa du doigt un petit bâtiment en construction, lequel était éclairé par deux torches judicieusement placées. Plus de la moitié de l'édifice avait été construit. Il s'agissait là d'un genre d'autel recouvert, un autel bouddhique. Ce n'était pas assez grand pour être un temple, l'espace entre l'entrée et la statue du Bouddha qui trônait au fond de la salle n'était pas bien grand, peut être quatre mètres de profondeur, pour sept ou huit mètres de largeur. Si beaucoup de gens devaient venir prier, beaucoup devraient prier depuis la rue. L'ouvrier posa là son seau et ses planches, ôta ses chaussures et entra dans la petite pagode. Mochi l'imita. A l'intérieur ils s'inclinèrent, comme il est coutume, à trois reprises devant la statue et ressortirent.

"En des temps troublé comme le nôtre, la foi peut aider bon nombre de gens. Sans vouloir dénigrer votre travail, qui est salutaire, la foi en aidera sûrement plus. Comme vous êtes un homme de science, vous doutez peut être, mais en réalité que cela soit vrai ou non, n'a pas vraiment d'importance, l'essentiel, c'est que la foi aidera -ceux qui l'ont- à surmonter cette époque difficile"


Le médecin qui regardait la statue du Bouddha n'ajouta rien. Il n'avait d'ailleurs rien à rajouter, qu'il y croyait ou non, il ne pourrait l'empêcher d'accomplir son oeuvre. Mettre en garde l'ouvrier sur sa santé ne servirait à rien, il défendait une cause bien plus importante que ça et dans un sens, il avait sûrement un rôle tout aussi important que lui dans le bien être local, si ce n'est plus.

Alors qu'il s'apprêtait à retourner à l'Hôpital, Mochi et Fuu furent interrompu par deux gars, dont l'intervention, n'était visiblement pas amicale. Le premier, nabot au corps malingre s'avança. Le second, gras golgoth, ne respirait pas l'intelligence.

"C'est lui Oncle Po !" dit le premier en pointant Mochi du doigt. L'oncle Po, montagne de muscle avança sans dire un mot et le premier repris "C'est lui qui nous a corrigé l'autre jour devant l'Hôpital !"

Le toubib le reconnut alors, c'était la petite frappe qu'ils avaient laissé filer avec le vieux doc, de la fameuse bande de "Pegg". Et ce soir là, ils avaient décidé de faire valoir leurs remontrances.

Sans crier gare, le dit "Oncle Po" vint frapper Mochi au visage et il ne vit pas le coup venir. Il avait là à faire à un gars d'une tout autre envergure que les petites frappes qu'il avait balayé quelques jours auparavant. Reprenant ces esprits, il anticipa tant bien que mal la seconde attaque, bien qu'elle fut aussi rapide que la première. Et puis les coups s'enchaînèrent les uns après les autres, chacun allant de ses poings et de ses pieds pour toucher l'adversaire. Les échanges étaient extrêmement fluides. Le toubib était étonné de voir à quel point son adversaire était habile, en dépit de sa grande taille. Malgré tout, le toubib prenait peu à peu l'avantage dans le combat. Mais pour ce faire il focalisait toute son attention sur son adversaire. Oubliant totalement la présence de Fuu et de l'autre gars dont il ignorait toujours le nom et dont il se souciait peu, tant il lui semblait dérisoire.

Ce fut une grossière erreur, car le mioche, conscient que son "Oncle" perdait l'avantage avait fonçé sur la pagode, empoignant l'une des torches, il l'a jeta au fond de l'édifice, lequel commença à prendre feu. Quand le toubib s'en rendit compte, il était trop tard. Délaissant totalement son combat, il se précipita sur Fuu, qui essayait de récupérer la statue du Bouddha dans le temple en feu. Après l'avoir sortit de là, il se rendit compte que les deux gus avaient disparu. Dans la foulée, tout le voisinage se plia en quatre pour faire arrêter le feu. Le binoclard se mêla au monde pour les aider. Quand le feu fut totalement éteint il se retourna vers le pieux ouvrier. Effondré, il n'avait pas bougé depuis que Mochi l'avait sorti du temple, et depuis lors, il avait tenu fermement la statue, qu'il regardait encore de ses yeux humides.


Dernière édition par Mochi le Mer 15 Mar 2017 - 16:02, édité 2 fois
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Mochi raccompagna le vieux Fuu jusqu'à l'Hôpital où il le laissa se reposer dans un lit vide. Le toubib se sentait responsable de ce qui s'était passé, après tout, c'était sa faute, c'était de lui qu'ils étaient venus se venger et c'est Fuu qui en récoltait les plus âpres conséquences. C'était aléatoirement qu'était tombé, sur lui, cette punition. Ce constat mis le toubib hors de lui. Aussi, n'alla t-il pas se coucher. Il ressortit aussitôt et marcha dans les bidonvilles, dans le secret et mince espoir de trouver les auteurs du crime, le commanditaire, n'importe qui, tant qu'il se rapprochait des activités de ce groupuscule. Mais, à cette heure-ci, les rues étaient vides. La plupart des gens étaient rentrés chez eux, même ceux qui avaient participé à l'extinction du feu quelques instants plus tôt.

Après avoir déambulé près d'une heure dans les méandres de cette cité sortie de terre en quelques semaines, il perdit espoir. Il reprit donc le chemin de la clinique. Il se dit qu'il en était peut-être mieux ainsi, il était hors de lui et aurait sûrement perdu son sang froid face à l'adversaire, ce qui, aurait pu se retourner contre lui. Il voulut attraper une clope pour déstresser un peu, mais il n'en avait plus, son paquet avait brûlé avec sa blouse. Il soupira. Et il soupira encore quand il se rendit compte qu'il s'était perdu. Le binoclard n'avait pas spécialement un mauvais sens de l'orientation, mais dans cette immense dédale d'ordures et de maisons de fortunes, qui ne cessait de changer jour après jour, il n'en fallait pas beaucoup pour se perdre. Quand il retrouva la clinique, le soleil pointait le bout de ses rayons. Il croisa le docteur Eustachio qui, lui aussi, rentrait d'une expédition très matinale. De son air toujours aussi grave, il vint à la rencontre de Mochi.

"Je me suis occupé du cas de la petite. Elle n'aura pas à s'inquiéter des poursuites judiciaires et j'ai collecté assez d'argent pour qu'elle puisse mettre les voiles et s'installer quelque part, loin d'ici"

Mochi, impressionné, répliqua.

"Comment vous vous y êtes pris ?"


Le vieux, regardant le sol, hésita à répondre avant de finalement se laissait aller.

"Je connais un officier bien placé à la garnison de Fushia ... Je sais qu'il est de nature, disons, ..., concupiscente, aussi en ai-je joué pour lui soutirer quelques billets" Il hésita encore avant de reprendre, "Je comptais utiliser ce joker pour une autre occasion mais il fallait bien le faire."

"Vous l'avez soudoyé ?"

Le vieux haussa les épaules en traitant le jeune d'abruti. Avant de lui demandait ce qu'il faisait dehors à cette heure-ci. Le binoclard expliqua l'affaire, le vieux, à nouveau, le traita d'abruti.

"Je t'avais prévenu, agir de manière aussi inconsidérée ne te causera que des soucis"

Malgré tout et s'il essayait de le cacher, le Moustachu semblait satisfait de cette réaction. Ils ne discutèrent pas plus et ils rentrèrent dans la clinique, se saluèrent et se séparèrent. Là où le vieux allait dans son bureau, Mochi alla dans son dortoir, histoire de piquer un somme. Dans le dortoir, il n'y avait qu'Armando, à la traîne, qui se préparait pour sa journée. Il semblait mal réveillé et ne cessait de bailler, marmonnant qu'il n'avait pas envie de travailler, il ne remarqua même pas la présence du binoclard ou du moins, ne l'interpella pas. Le jeune toubib, ignorant le bonhomme s'affala sur son lit sans même se changer et s'endormit aussitôt.

Quand il se réveilla à peine deux heures s'était écoulées, il alla aussitôt voir Fuu, mais il ne le trouva pas dans le dortoir, aussi, décida t-il d'allé prendre un petit déjeuner à la cantine. C'est alors qu'il l'aperçu, assis dans l'arrière court, récitant des soutras. Il souriait. Mochi se dirigea vers lui, curieux.

"Bonjour docteur"
"Bonjour"
répondit-il, "vous vous sentez mieux ?"
"Je vais très bien, ne vous en faite pas, je recommencerai autant qu'il en sera nécessaire"
"Je suis désolé"
"Acha acha acha, vous vous croyez responsable ? Vous êtes bien prétentieux docteur"
"Pourquoi dites vous cela ?"

"Tout cela nous dépasse. Vous et moi, nous ne sommes pas aussi libre que vous semblez le penser. Ce que nous sommes, ce que nous faisons, tout cela à été déterminé"
, Il se mit à rire, "Je vous semble, peut-être, être un illuminé, mais c'est là ce que je crois. Enfin, je ne vais pas vous embêter plus longtemps, je suis sûr que vous avez d'autres choses à faire. Quand j'irais mieux, je recommencerai la construction" conclut-il, non sans fierté.

Le jeune Mochi, qui aurait aimé continuer la conversation, fut appelé par le vieux Docteur Eustachio. Saluant Fuu, il s'en alla, laissant l'homme à ses soutras.
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Triturant, comme à son habitue sa moustache, le docteur Eustachio fit part à Mochi de son intention de se rendre dans le quartier réservé, afin , bien évidemment de soigner une jeune femme malade. Comme l'activité de la clinique s'était calmée, on pouvait se permettre l'absence de deux médecins. Sur le chemin les menant au quartier réservé, ils parlèrent de la bande de Pegg, cette bande qui leur avaient déjà causé quelques soucis. Le problème était que le dit "Pegg" était introuvable, dirigeant son gang des fins fonds des bidonvilles, la Marine n'avait pas réussi à mettre la main sur le bonhomme. Et puis de toute façon, d'après les rumeurs, la Marine serait corrompue et travaillerait en sous main pour le truand.

Ne voyant pas le temps passé, le jeune toubib et le rachitique vieillard arrivèrent devant le quartier réservé. Ce quartier n'existait pas non plus avant la révolution et avait éclos assez rapidement. Etrangement, les lieux étaient plutôt bien entretenus, du moins, bien mieux que le reste des bidonvilles, bénéficiant ainsi d'un côté "attrayant", très probablement recherché par les tenanciers et qui contrastait totalement avec la misère alentour. Bien entendu, si tôt dans la matinée, le quartier était presque vide. Mis à part quelques bonshommes encore en proie à de vilaines gueules de bois qui quittaient péniblement les lieux. Il sembla alors à Mochi que les demoiselles du quartier devaient être armée d'énormément de courage pour subir chaque jour, chaque soir, chaque nuit la présence imposée de ces gars là.

Les deux médecins furent très vite accueillis par une dame qui tentait de dissimuler les affres du temps -et probablement de la guerre- par l'usage abusif de maquillage et cosmétiques en tout genre. En outre, l'odeur de son parfum semblait bien agressif aux narines du jeune toubib. En dépit de toutes ses coquetteries elle paraissait assez rude et ne se présenta même pas. Elle connaissait d'ores et déjà le vieil Eustachio et avait déjà fait appel à lui et de toute évidence, elle ne le portait pas dans son coeur. Aversion qui était toute réciproque. Et pourtant depuis les quelques semaines qui s'étaient écoulées depuis la naissance de ces bordels, elle avait dû maintes fois faire appel à la clinique.

Ce jour là, elle avait fait venir le docteur pour soigner quelques-unes de ses filles. Ainsi, suivant la vielle matrone, les deux toubibs entrèrent dans le bordel. Là, plusieurs des filles malades étaient descendues dans le salon dans lequel elles accueillaient habituellement les clients. Pour la plupart, il s'agissait avant tout de surmenage, de stress, de dépression et autres maux du genre. Les deux médecins ne pouvaient donc pas y faire grand chose, pas à court terme en tout cas. Et la matrone, ne voulait pas laisser partir ses filles, aucune d'elle, ayant là, peur de voir filer son gagne pain entre les doigts. Aussi, le vieux n'insistait pas, toute tentative aurait de toute façon était refusée. Une des filles néanmoins, semblait plus mal en point que les autres. Il s'agissait d'une jeune femme blonde et filiforme, dont les yeux, noir de jais, semblait percer le corps de ceux qui la regardait. Aussi, Mochi, qui l'ausculta lui-même, eut du mal à détacher son regard du sien et il ne l'eut probablement pas fait si elle n'avait pas, la première, fermé les yeux. Le docteur, sans se pencher sur son cas, et d'un simple échange de regard avec Mochi, comprit que son état était pire que les autres.

"Elle vient avec nous" dit Eustachio sur un ton autoritaire.

"Quoi ? Il n'en est pas question !"
répondit la vieille en haussant le ton.

"Elle est gravement malade"

"Je refuse, c'est peut être pas celle qui me rapporte le plus, mais elle a ses réguliers ! Vous voulez détruire mon commerce ou quoi ?"
cria t-elle, jettant un regard noir au binoclard.

"Vous n'avez rien à dire là dessus"

"Oh ! Comment osez vous ? Si vous insistez, je vais appelé Pegg lui même pour qu'il vienne vous donner une bonne leçon !"


Ce fameux Pegg revenait encore sur le tapis, décidément cet homme était partout et s'était rendu indispensable dans tous les endroits sordides de la ville. Et dans un ville comme celle là, y avait de la matière.

"Faites donc" répondit le vieillard, affichant un sourire moqueur

"Vous allez voir !", la vieille, énervée courru jusqu'à la porte et siffla trois fois, "Ahah, vous n'aurez pas à faire à Pegg lui même, mais à certains de ses meilleurs hommes !" cria t-elle victorieusement.

Eustachio remonta ses lunettes et sortit dans la cour où l'on pouvait entendre un groupe de gens courrir. Mochi, qui donnait à boire à la jeune demoiselle, se leva et alla rejoindre le vieil homme et la matronne sur le pallier. Une dizaine de gaillard se tenait là.

"Qu'est ce qui se passe vieille Bertha" dit celui qui semblait être le chef.

"Ce vieux shnock veut me prendre une de mes filles !"

"Comment osez vous ?" demanda celui qui semblait être le chef.

Eustachio ignora tout bonnement le bonhomme et s'en retourna vers la jeune prostituée.

"Mochi !!! Je te laisse t'occuper d'eux, je suis trop vieux pour ces conneries et puis, j'ai des courbatures à cause du dernier combat"

Bertha reluqua le jeune blanc bec, rassurée. Elle avait déjà dû voir le vieux se battre et avait dû être impressionnée, car malgré son âge avancé, il se débrouillait, le bougre. Mais quand elle vit le sourire de Mochi, elle fit la moue. Sans demander son reste, le boulonné bondit sur celui qui semblait être le chef et le frappa au plexus, le propulsant sur le gars de derrière. Comme il s'arrêtait là, les deux hommes les plus proches tirèrent leurs épées et frappèrent d'estoc. Mochi sauta dans les airs, sur sa gauche et atterrit derrière l'un des bretteurs, qu'il poussa si fort qu'il valdingua sur l'un de ses coéquipier qu'il transperça aussi sec. Deux autres se jetèrent sur lui, le tout, à quelques secondes d'intervalles. Mochi esquiva le premier en tournoyant comme une toupie, profitant de l'élan il asséna un coup de coude dans la face du second. L'autre fit volte face et revint aussitôt sur Mochi qui bloqua son maigre élan en lui foutant le plat de son pied dans la gueule. Il s'étala par terre.

Le combat était un peu ennuyant, il aurait voulu revoir débarouler le fameux "Oncle Po" qu'il avait rencontré quelques jours plus tôt. Même si les évènements avaient mal tourné et qu'il s'en tenait encore pour responsable, le combat avait été intéressant. Alors que là ... il s'emmerdait ferme. L'escarmouche se termina aussi aisément qu'elle avait commencé et la vieille folle, laissa partir la malade sans opposer plus de résistance.

Comme la malade s'était évanouie à la vue du combat, le binoclard la transporta sur son dos et ils quittèrent le quartier réservé.

"Ce Pegg, il commence à me les briser !"


"Oui" dit Eustachio en acquiésant, "Il commence à devenir gênant"
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Neuvième jour,

Après quelques jours passés à la clinique, la jeune Maddy, que les médecins avaient ramené du quartier réservé, s'était requinquée. Tout au long de son séjour, elle s'était faite muette. Ne prenant la parole qu'en quelques rares occasions afin de répondre aux questions des docteurs. Mais elle ne parla guère plus, en dépit des tentatives d'Armando pour lui faire un brin de causette. Mochi ne lui parla réellement que le jour ou elle quitta la clinique. En effet, ce jour là, il l'aida à porter les quelques bagages qu'elle avait, avant de la conduire à l'entrée où elle lui signifia gentiment qu'elle pouvait tout à fait continuer seule.

"Vous savez ... Vous n'êtes pas obligé d'y retourner"

Maddy qui était sur le départ se retourna, regardant le toubib d'un regard sévère comme pour lui signifier de se taire. Comme il semblait insister, elle répondit.

"Si, je le suis, non pas que ça m'enchante, mais j'ai quelques obligations qui m'empêche de partir" répondit-elle énervée.

"Vous n'êtes pas une esclave. Je sais bien que Fushia est devenu le refuge des nobles de Goa, mais justement, cette révolution avait pour but d'améliorer le quotidien des pauvres gens"

"Et bien mon quotidien n'a pas changé, j'étais une pute à Goa, maintenant, je suis une pute à Fushia. Et vous qui vous intéressez à mon quotidien, sachez même qu'il était bien mieux à Goa, avant cette foutue révolution" conclut-elle sur un ton résigné.


"Alors saisissez votre liberté vous même !"
répondit Mochi à moitié convaincu.

"La liberté ? Vous croyez encore en ce genre de connerie ? La liberté ça n'existe pas. Y en a p'têtre qui sont plus libre que d'autres, mais personne ne l'est jamais totalement. Pas même les révolutionnaires, peut être eux moins que les autres d'ailleurs si vous voulez mon avis."


A ces paroles firent écho celles de Fuu. Décidément, personne ne croyait en la liberté dans ce bled. Plutôt ironique pour la ville qui avait vu naître Monkey D. Luffy, qui, à ce qu'on disait était devenu pirate, dans le but avoué d'être libre. Et comme le disait si justement Maddy, il l'était sûrement un peu, d'une de ces libertés relatives. C'est de cela que parlait également Fuu. Sans doute Maddy n'avait fait que ça, toute sa vie, sans doute avait-elle peur de se retrouver seule, alors qu'elle ne savait rien faire d'autre. Sans doute aussi gagnerait-elle moins d'argent si elle faisait autre chose et peut-être avait-elle besoin d'argent pour quelques raisons que ce soit. Difficile d'appréhender pleinement une situation qu'il ne faisait qu'entre-apercevoir

Sur ces mots, elle tourna les talons et disparut, Mochi ne put la retenir, d'ailleurs, ébranlé dans ses convictions et de sa foi en la liberté, il n'aurait rien pu ajouter et ce, même s'il l'avait voulu. Et d'avoir un discours si naïf, face à cette jeune fille qui en avait certainement plus bavé que lui, il se sentit stupide. Après être resté planté comme un idiot quelques instants, il fit volte face et rentra dans la clinique où il avait encore du travail.

Remuant tout ça dans son crâne boulonné, il commença à se dire qu'il ne lui fallait pas s'éterniser ici. Que s'il avait une faible marge de manoeuvre pour influer sur sa liberté, il devait s'employer à la gagner. Dans le même temps, il ne se voyait pas abandonner le docteur Eustachio dans un moment aussi critique. Heureusement, du secours en provenance du QG de la Marine de East Blue devait arriver prochainement, ce serait alors le moment pour lui de mettre les voiles.
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Treizième jour,

"S'en est assez" cria le moustachu en tapant sur la table.

"Il faut réagir" assura Armando en opinant.

"Qu'est ce qui se trame ?" demanda le binoclard qui arrivait à peine.

"Le navire de la Marine qui devait nous livrer tout un tas de provisions de médocs et j'en passe, a été attaqué par la bande de Pegg !"

La bande de malfrat avait encore frappé et cette fois-ci ils avaient fait un gros coup. Alors que les stocks de la Marine et de la clinique allait en s'amenuisant, les renforts promis par la Marine étaient salvateur. En prenant possession de ce navire, Pegg s'assurait un monopole sur les produits médicaux, rien que ça. Les maigres réserves restantes de la clinique ne feraient que pâle figure en opposition et ne permettraient pas de tenir des lustres.

"On a besoin de ces médocs, et il le sait, il nous à déjà contacté pour nous proposer de nous les vendre à un prix exorbitant !"

"Combien ?"

"Bien trop pour qu'on puisse se le permettre"


Une ange passa, les médecins se regardèrent sans savoir que faire. Armanda baissa la tête, Eustachio trifouillait sa moustache, Mochi jouait avec son boulon.

"On doit accepter"

"On peut pas se le permettre"

"On s'en fou, on accepte et on fait parler l'intermédiaire pour remonter jusqu'à Pegg"

"Ca marchera jamais !"

"Et s'ils sont plusieurs ?"

"Ils seront plusieurs"

"Un ou cinq je vois pas la différence"

"Mais si ça foire, tu risques de te prendre une belle branlée et en plus on aura pas les médocs"

"Pourquoi moi ?"

"Je suis trop vieux pour ces conneries et Armando est trop faible"

"Hé !"

"La marine peut rien faire ?"

"Pegg marche aux pots de vins, le petit Tommy cherche à faire tomber les traîtres, mais il est bloqué par manque de preuve"

"On fait comme ça alors ?"

"Pas le choix, je vais m'arranger pour qu'on ait un rendez vous"

Quelques heures plus tard, ils avaient une réponse et un rendez-vous, celui-ci était fixé à la nuit même. A 23h derrière le pagode brulée du vieux Fuu, là, il n'y avait jamais personne, enfin plus depuis l'incendie en tout cas. Le seul hic, était qu'ils avaient ordonné que le moustachu et Armando y aillent seuls, refusant la présence de tout autre médecin et à fortiori celle de Mochi. Ainsi ils modifièrent leurs plans, les deux médecins allaient aux rendez-vous, pendant que Mochi, dissimulé, observerait. L'objectif était simple, une fois le deal trouvé, le binoclard prendrait la bande en filature histoire de trouver leur cachète.

Ainsi préparèrent-ils un plan à la hâte. Mochi fut épaté par la capacité d'adaptation du Dr Armando, qui avait très rapidement trouvé une tenue noire pour le binoclard et qui tenait à coeur de lui grimer le visage de peintures guerrières. Proposition que Mochi avait d'abord refusé. Refus qui ne fut pas accepté par Armando qui lui courut après pour lui foutre ce maquillage sur la gueule. Ce qu'il ne put faire qu'après une course poursuite effrénée dans la clinique et qui ne put réussir que grâce à l'intervention d'une quinzaine de patients venus immobiliser le  jeune toubib.

Le soir venu, tout le monde était prêt. Le binoclard avait été travesti en ninja. Le directeur et son directeur adjoint se mirent en route pour le rendez-vous. La clef résidait dans leurs capacités à rester naturel face à l'adversaire, qui ne devait à aucun moment remettre en question la sincérité des comédiens. Ainsi, le vieux devraient faire mine d'être outré par ce pillage, d'ailleurs il était tellement remonté qu'il n'aurait même pas à jouer la comédie, de toute façon, il ne le ferait pas et connaissant le sale caractère du bonhomme, aucun plan ne l'empêcherait de leur balancer leurs quatre vérités. Armando de son côté devrait être la voie de la raison et lui rappeler qu'un accord était la seule solution. Ce qu'il ferait sûrement de toute façon assez naturellement. En somme, le fait qu'ils aient un plan ne changerait rien et ils agiraient comme il l'aurait fait s'ils avaient eu une démarche sincère.

Cette pensée rassura le binoclard qui se lança donc plus sereinement dans sa pseudo filature, suivant subrepticement les médecins jusqu'au lieu du rendez-vous. Ils étaient quatre à attendre les médecins et comme prévu, ils n'avaient rien ramené. Ils semblaient être d'ancien aristocrates de Goa, en tout cas, c'est ce qu'il en déduisit au vu de leurs costumes élégants et de leur port quasi-royal qui n'était pas sans rappeler la posture de sa première patiente. Le mari de cette dernière était d'ailleurs lui aussi un nobliau devenu bandit. Il semblait que cette bande soit essentiellement composée que de dandy.

De là où il était, Mochi n'entendait rien, mais il voyait quand même que le vieux s'énervait et s'impatientait alors qu'Armando tentait de calmer le jeu. Il semblait d'ailleurs être le seul à vraiment négocier avec les petites frappes en costume. Le temps passait lentement, Mochi s'emmerdait et il fallut du temps avant que les deux partis ne parviennent à un accord synallagmatique, conclu par une poignée de main entre Armando et le leader opposé. Le vieux quant à lui, refusa tout contact physique.

Après quoi les deux toubibs s'en allèrent et les quatre zigotos partirent dans le sens opposé. La filature pouvait commencer. Par chance, les rues étaient vides à cette heure-ci et Mochi put accomplir son oeuvre sans attirer l'attention d'éventuels badauds. Bien heureusement d'ailleurs, car il n'avait jamais été formé aux arts de la filature et autres subtilités de la discrétion. S'il parvînt à suivre les quatre bonshommes sans se faire chopper, c'était à la faveur de l'obscurité et sans doute que ses cibles étaient encore moins douées que lui.

Ils arrivèrent finalement dans une maison, bidonville aux aspects tout à fait lambda, bien qu'un peu plus grand que la moyenne locale. De la lumière sortait délicatement de la seule fenêtre du bâtiment. Comme ils toquaient à la porte, on vînt leurs ouvrir et ils disparurent. Le toubib se glissa aussi discrètement que possible sous la petite lucarne qui servait de fenêtre et tendit l'oreille. Il avait raté le début de la conversation, mais ce n'était pas bien grave, car les protagonistes parlaient de tout autre chose. Leurs conversations étaient d'ailleurs totalement inintéressante et elle dura un bon petit moment. Peut être près d'un quart d'heure. Mochi commençait à bailler et à fermer les yeux tant il s'ennuyait. Soudain, une porte claqua et il sursauta. Apeuré il se tourna vers la porte d'entrée, mais celle ci était restée close. Aussi, il jeta un coup d'oeil à l'intérieur, il y avait, en plus des quatre gars qu'il avait suivit deux autres types, dont un officier de la marine, probablement un capitaine, une trappe dissimulée dans le sol était ouverte et quelqu'un semblait en sortir. Le toubib se cacha à nouveau, quitte à ne pas voir le nouvel arrivant.


"Alors ?"
"Je ne fais pas confience à ce vieillard ! Il prépare un mauvais coup, pour sûr"
"Ce qui nous faut avant tout, c'est une vengeance ! Je veux la tête de ce doc à la con !"
"Celui qui nous à mis une râclée, le nouveau ?"
"Oui, et vous ? Vous pouvez rien faire, la Marine ne peut pas arrêter cet abruti ?"
"Quoi ? Non, je me mouille déjà assez comme ça ! Je vous ai aidé pour le bateau je peux pas arrêter un médecin de la clinique ! Ils ont bonne réputations dans le coin, surtout celui là, depuis qu'il vous a mis une dérouillée, il fait plutôt bonne figure auprès de la populace !"
"Qu'est ce que t'en penses Boss ?"
"Ouais, Pegg, dis nous ?"


Jusqu'ici, le toubib ne s'était pas amusé à distinguer le nombre voix qui s'élevaient derrière les murs, bien qu'il lui sembla y avoir jusque là trois interlocuteurs, mais, maintenant qu'il attendait l'intervention du fameux Pegg, il tendit l'oreille.


Dernière édition par Mochi le Mer 15 Mar 2017 - 16:06, édité 1 fois
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Mais avant qu'il n'entende quoi que ce soit, il sentit une énorme main gelée se poser délicatement sur son crâne. Comme il ne bougeait pas, la main qui l'avait saisi le fit tournoyer de façon à découvrir le visage de Mochi. Quand le visage fut dévoilé, les yeux du toubib étaient restés clos, offrant à son détracteur, une face toute recouverte de noir. Après un instant, les grand yeux blancs du médecin s'ouvrirent et il découvrit avec surprise que c'était « l'oncle Po » qui avait mis le grappin sur lui. Reconnaissant le toubib, il sourit, dévoilant ses chicots tous pourris. Sourire hébété que Mochi rendit, espérant pouvoir traiter l'affaire à l'amiable.

Et il crut que son plan allait fonctionner quand la montagne lâcha prise, néanmoins, au moment même où il fut libéré, l'oncle Po asséna un coup magistral dans le ventre du toubib qui fut propulsé contre le mur du bidonville. Mur tellement pourri qu'il s'effondra sous le choc. Le toubib traversa la cloison. Il se releva assez vite, dans un nuage de poussière, il épousseta sa tenue noire, blanchie par les débris, sans se préoccuper des gaillards qui l'entouraient. Quand le nuage se dissipa, il se rendit compte qu'il était entouré par ses propres cibles.

Ces derniers se dressaient, menaçant, autour du toubib, seul l'officier de la Marine s'éclipsa, tentant d'être discret, il ne le fut absolument pas et il disparut en trébuchant sur une plaque de bois, sous le regard de tous les protagonistes. Mais ils furent très vite désintéressés par le soldat et se retournèrent vers le doc'.

« Alors voilà le fameux médecin qui vous fait tant trembler ? Bande de fiottes »


« C’est lui patron ! »


Le toubib se retourna vers le bonhomme, un petit gars à la carrure solide, mais ce qui le frappa le plus, c'était sa crinière rousse, énorme touffe de cheveux prolongée en une non moins énorme barbe de même couleur. Ses yeux semblaient foudroyer son auditoire.

« C’est moi et vous êtes le fameux Pegg je suppose ? »

« Lui-même, que puis-je pour vous ?»
« Auriez vous l’amabilité de nous remettre l’ensemble des médicaments volés ? »
« Non »
« Très bien »

Comme il était seul face à toute la bande, il n'avait pas envie de s'éterniser là. Et en cas d'affrontement, il n'avait aucune chance, aussi décida t-il de partir. Bien entendu, il avait peu d'espoir qu'on le laisse filer, mais il ne pouvait rien faire d'autre que de tenter le coup.

« J’aurais essayé, au revoir ! »
dit-il en faisant quelques pas.

Comme il le pensait on ne le laissa pas faire et l’oncle Po vînt lui barrer la route. Il était d’ailleurs si gras qu’il bloquait totalement la brèche qu’il venait de créer en propulsant Mochi.

« Sortons nous battre couille molle ! »
« Vous n’y pensez pas ? Votre identité est restée cachée jusqu’à présent et il serait judicieux qu’elle le reste ! »
« C’est pour ça que je vais le buter »
« Vous risquez d’ameuter bien du monde en agissant de la sorte »
« Ta gueule l’aristo ! »


Le rouquin se dirigea vers le toubib et le choppa au bras, puis, faisant signe au gros Po de s'écarter, il traîna Mochi dans la ruelle. Pendant les quelques instants qu'il avait passé à l'intérieur, il s'était mis à pleuvoir, une pluie forte qui transformerait en peu de temps la rue en un torrent de boue.

« Comment ça l’aristo ? Parce que t’en es pas un toi p’têtre ? » demanda Mochi en criant, pensant que la majorité des nouveaux résidents de Fushia était des nobles.
« Nop, j’étais un putain d’esclave ! Mais grâce à cette révolution je suis refait. »

Le toubib aurait voulu lui poser quelques questions, comment avait-il pu devenir comme les tyrans qui jadis l'oppressait ? Mais le roux ne laissa pas l'occasion se présenter. A peine eut-il le temps d'ouvrir la bouche qu'il se prenait le pied de son adversaire en pleine poire, brisant de ce fait les lunettes du binoclard, qui, myope comme une taupe n'y voyait plus rien. Profitant de cet handicap, Pegg enchaîna les coups qui déferlaient sur le toubib. Après l'avoir mis au tapis, le brigand marqua une pause.

Le cœur de Mochi battait à mille à l'heure, jamais il n'avait affronté quelqu'un d'aussi rapide. Il n'avait pas vu le premier coup venir et après ça, il avait perdu la vue. Tentant de reprendre le contrôle sur sa respiration saccadée, afin de calmer son corps, le toubib se mordit les lèvres si fort qu'il en hurla, laissant trainer sur son menton un maigre filet de sang. Néanmoins, il réussit son coup et parvint à se calmer, aussi commença t-il à distinguer quelques formes floues, lesquels se mouvaient d'elle-même. Il en déduit assez logiquement qu'il s'agissait de ses opposants, du rouquin et de ses hommes, mais il n'arrivait pas à les distinguer et la pluie n'arrangeait rien, bien heureusement, son adversaire avait une chevelure rousse plutôt voyante, c'est cette couleur flashy, qui seule, lui permit d'identifier son adversaire. Alors qu'il s'approchait doucement de lui, Mochi, qui était encore au sol saisi un gros tas de terre boueuse dans sa main et attendit que son adversaire approche. Quand il fut à bonne distance, le toubib balança la boue au niveau de la tâche rougeâtre.

« Bordel ! Mes yeux » hurla t-il

Voyant la silhouette se tortiller, essayant d'ôter cette boue dérangeante, Mochi en profita pour venir frapper le bonhomme. Mais, le toubib qui d'habitude, utilisait ses connaissances du corps humain pour infliger de lourds dégâts à ses adversaires, ne pouvait plus jouer de sa précision. Aussi frappa t-il son adversaire de façon assez hasardeuse et chaotique, tentant au mieux de se rapprocher des points sensibles.

Il n'obtint pas le résultat escompté, très rapidement le dealer de médoc reprit le dessus et riposta, frappant le toubib à plusieurs reprises dans le ventre, ce dernier se mit à reculer sous l'effet des coups, le roux termina son numéro par un coup de genou dans la tête du médecin qui se mit à cracher du sang et probablement quelques dents. Mais le toubib tenait bon, refusant de s'écrouler devant son ennemi. Et pourtant c'était pas l'envie de s'étaler par terre qui lui manquait. C'était juste une question de fierté. Comme il n'avait fait que subir ce combat il devait faire preuve d'un minimum de dignité. Mais au fond de lui-même, il le savait, il n'en pouvait plus. Il sentait qu'il allait se mettre à rire. Ce genre de rire qui symbolise à lui seul une sorte de désespoir hystérique. Et comme il le sentait venir, il ne put s'en empêcher et aussitôt, il se mit à chialer comme une madeleine et ses larmes se mêlèrent aux gouttes de pluies.

Il n'eut même pas le temps de voir la réaction de son adversaire qu'un coup de feu retentit. Pris de panique, le toubib cessa de pleurer et rouvrit les yeux. C'est alors qu'il vit Pegg s'écrouler. Il ne le distinguait pas clairement, mais il s'était pris la balle en plein milieu de la figure. Suite à quoi tout un tas de gens débarquèrent, alors que le reste de la bande se mit en fuite. C'était des Marines qui rappliquaient, Mochi entendit également les cris de ses collègues, notamment celle d'Armando et du Moustachu. Sans doute avaient-ils suivi le binoclard et avait appelé la Marine une fois le repère découvert. Tout ça dans son dos, comme s'il n'avait pas eu confiance en lui. Il avait envie de gueuler, mais dans le même temps, il constata qu'ils avaient eu raison.

Il se consola en se disant qu'il avait joué son rôle, les soldats allaient retrouver les biens volés et Mochi pourrait quitter l'île sans remords. Mais pour l'heure, il était libre de s'effondrer et il n'allait pas s'en priver.
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