Accalmie

- « Ça devrait faire l’affaire. C’est l’histoire de quelques minutes après tout… »

Mes gars avaient réussi à planter une tente très rapidement sur le terrain que la marine et ses alliés occupaient dorénavant. Une table et des chaises trouvées à l’extérieur de la muraille venaient décorer l’intérieur de façon sommaire. Sur la table, il y avait une grosse carte de Kanokuni avec tous les lieux plus ou moins importants. Ketsuno s’activait déjà à tracer des parcours et à griffonner sur les endroits que nous tenions déjà pour aller plus vite ; et comme nous l’avions plus ou moins deviné, la flotte allait devoir se séparer pour atteindre la place du dragon au plus vite.

- « Sergent Blu, au rapport ! Le chef des Cipher Pol et celui des chasseurs de primes ont été prévenus ! »

- « Beau boulot. On a plus qu’à les attendre… »

- « Par contre, j’ai entendu dire que certains chasseurs de primes ont rebroussé chemin… »
Intervint Hermest qui venait d’entrer dans la tente.

Toutes les personnes dans la tente le regardèrent avec des yeux ronds, puis il eut des soupirs. C’était bien notre veine ! Comme quoi, il ne fallait pas compter sur ces charognards ! C’était bien pour ça que je ne les portais pas dans mon cœur, ces fumiers de chasseurs de primes. Déjà qu’ils n’étaient pas très nombreux, il aura fallu que la plupart d’entre eux se barrent. Toshinori finit par entrer dans la tente à son tour pendant que je congédiais d’un geste de la main le sergent Blu qui retourna à son poste. La tente était entourée d’une multitude de marines qui donneraient l’alerte si besoin.

- « Alors ? »

- « Entre les nouveaux blessés et les morts, il nous reste 3500 hommes sur pieds. »


La moitié de la flotte… La moitié seulement pour un aussi vaste territoire ? J’eus envie de rire ! On aurait presque dit une vaste blague. Il y avait bien sur une vingtaine d’officiers assez puissants, mais voilà quoi. Ça allait être coton d’aller sauver l’impératrice. D’ailleurs, j’avais presque la rage de penser que je sacrifiais la vie de braves zigs pour une putain de Cipher Pol qui n’avait pas correctement fait son travail. Autant la perspective de tuer des revolutionnaires me plaisaient, autant les morts occasionnés à cause de cette pouffiasse me rendait malade. Le GM et ses micmacs, j’vous jure…

- « Et ce fameux Mountbatten ? Dites à quelqu’un de l’appeler. Je voudrais le remercier personnellement ! »

Et lui poser quelques questions aussi…

Mais ce que je voulais principalement, c’était l’arrivée des autres leadeurs. Histoire qu’on se partage les tâches.
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Bien que la bataille ne l'eusse pas faite écoper de grosses blessures, l'agente se reposait désormais tranquillement sous l'une des tentes de l'hôpital de campagne. A l'occasion, elle espionnait aussi les discussions des infirmiers et des officiers demandant des nouvelles de la bataille.

Celle-ci s'était achevée près d'une heure plus tôt dans la débandade générale des révolutionnaires et des pirates dont l'union ne faisait visiblement pas la force. Anna repensait parfois au traitre aux cheveux roux et à son arrivée triomphale, pouffant légèrement devant l'incapacité du bonhomme à voir la vérité en face : qu'un traître était un traître. Les défections étaient malgré tout nombreuses dans la Marine et au sein du Cipher Pol, l'albinos l'avait maintes fois appris à ses dépends. Et elle avait déjà eu plusieurs fois l'occasion de faire couler le sang des tourne-casaques qui avaient trahi la cause du gouvernement.

Néanmoins la victoire était loin d'être totale, ce qui coupait l'agente dans son élan lorsqu'elle commençait à glousser dans sa barbe.

De par sa faute, déjà, à cause de la mauvaise maîtrise de ses pouvoirs, elle avait fait tomber une partie du mur sur le terrain où se battaient aussi bien les pirates détestables que les braves soldats. Larson avait considéré cet échec mais, étrangement, ne lui en voulait pas. La manœuvre semblait malgré tout avoir occasionné plus de dégâts dans les rangs ennemis qu'alliés.

Mais surtout à cause de la stratégie adoptée lors de la bataille navale par le Sous-Amiral et des guet-apens révolutionnaires qui avaient coûté la vie de près de trois milliers d'hommes. Dont une bonne partie avant même que l'Alliance ne misse pied à terre.

Le lourd bilan était assez souvent repris par les autres patients qui se renseignaient pour leurs compagnons d'armes, si bien qu'au bout d'un moment l'agente décida de se tourner vers d'autres types de conversation. Immobile sur son lit, bien qu'elle fusse en capacité de se lever, elle restait allongée pour récupérer davantage de forces et ne pas se froisser bêtement un muscle. L'usage intensif du rokushiki couplé aux pouvoirs du fruit des séismes l'avaient à la fois vidée de son énergie et incroyablement fragilisée. Pour y remédier, elle était contrainte de garder le lit pendant plusieurs heures, ce qui relevait déjà d'un rétablissement assez prompt comparé à celui d'une personne normale.

Elle écoutait donc l'épopée d'un bleu qui était le dernier rescapé de son régiment quand une nouvelle discussion vint lui titiller l'oreille : deux soldats se tenaient visiblement devant l'entrée d'une tente adjacente.

- J'ai du mal à croire qu'ce soit lui...

- Hein, de qui ? vint questionner un second, dont la voix endormie trahissait un manque d'intérêt flagrant.

L'autre poursuivit néanmoins sans faire preuve de plus d'empathie.

- T'es pas au courant ? Ben le gars qui a ouvert les portes de l'intérieur... c'est lui. Un sergent de la Marine d'élite m'semble, Monbouton ou quelque chose du style.

- L'a l'air d'avoir sacrément douillé...

- ...Et à sa place vous ne seriez même plus en vie. Allez, déguerpissez.

La situation l'avait intriguée au point de devoir rompre son serment : elle s'était levée pour rejoindre les deux gusses qui, en remarquant sa tenue de civil, avaient mis longtemps à comprendre. Mais les bandages et ecchymoses avaient fini par avoir raison de leur égo, quand dans le regard de la CP9 ils comprirent qu'il valait mieux qu'ils ne fissent pas de vagues. Non sans ronchonner dans leurs barbes, les deux hommes en uniformes vidèrent les lieux, laissant l'entrée de la tente à nouveau isolée de tous parasites. De tous sauf d'Anna qui n'attendit pas la St Glinglin pour s'engouffrer et tomber douloureusement sur l'une des chaises se présentant face au lit du sous-officier.

Tel un vent glacial, l'arrivée de la bonne femme eut pour effet de faire frissonner le blessé et de le sortir de son sommeil. Lorsqu'il ouvrit les yeux, il ne put s'empêcher de hoqueter en voyant l'ombre noire de sa visiteuse penchée au-dessus de son visage. Immobile, elle attendait qu'il lui dévoile son secret. Et comme seul le silence venait, elle réitéra sa question.

Ce fut une voix au ton assez rauque pour une femme qui vint le surprendre une nouvelle fois.

- Je sais qui tu es, ce que tu as fait et j'ai tout les moyens de savoir comment rien qu'en passant un coup de fil. Mais je veux l'entendre de ta bouche. Alors dis moi : comment as-tu fait pour tromper la vigilance des gardes et ouvrir les portes intérieures, monsieur le "héros de la bataille de Jing" dont tout le monde parle ?
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La femme à la chevelure d'or me toisait du regard, et ses dernières paroles me firent frissonner encore plus. Ce n'est pas une marine, mais je vois bien qu'elle s'était battue. Qui est elle? Mais surtout, qui est-elle pour me parler comme ça et pour me faire autant frissonner ? Pas n'importe qui, c'est une évidence.

Je la regarde droit dans les yeux, et tente de me réveiller entièrement. J'étais en train de récupérer de mes précédentes aventures. Après la fuite de tous nos ennemis, des médecins m'avait trouvé en haut du petit bâtiment annexe. On m'avait tout de suite pris en charge, et j'ai fini par atterrir là, dans une tente, sur un lit. Je pensais pouvoir être tranquille un moment. Douce utopie. Mon supposé exploit avait attiré l'attention sur moi. Et maintenant que je me retrouvais en plein interrogatoire par une personne dont je ne connaissais ni le nom ni le poste, il faut que je réponde.

- Et bien... on ne peux vous le cacher. J'ai bien usé d'un stratagème, qui s'avère plutôt simple à comprendre.

La femme semblait intéressée, ce qui n'était pour me déplaire. Je n'aimais pas fanfaronner par rapport à mon pouvoir, mais puisqu'on me demande, autant ne rien cacher.

- En trois mots : fruit du démon.

Elle était au courant. Elle connaissais les fruits du démons. La plupart des personnes vivants sur les Blues pensent qu'il s'agit d'une légende. Mais je savais, juste à vue, qu'elle savait ce que c'était. Elle avait l'air familière avec cela.

- Le fruit de l'Invisibilité.

Elle me fixe toujours. Cela en devient presque gênant, mais je continue mon monologue.

- Forcément, les personnes les plus puissantes, et donc les plus aptes à me détecter, étaient en train de se battre sur la muraille. Pas en train de surveiller le mécanisme permettant l'ouverture de la porte. Alors sans personne pour me détecter, je n'avais qu'à me faufiler parmi les pauvres petits révolutionnaires. Ensuite j'ai tué la dizaine de gardes, et puis hop, le levier était actionné. Mon acte a été quelque peu... exagéré. Rien de surhumain.

Elle attendait toujours la suite, alors je décide de lui expliquer l'absence de mes blessures.

- En fait, j'étais déjà à l'intérieur des terres, à combattre du révolutionnaire. Je faisais partie d'une expédition qui s'est faite envoyée au nord de Kanokuni, à l'opposé du gros des troupes. On devait faire diversion pour vous faciliter la tâche. Et puis on a repéré un convoi qui allait sur la place du Dragon. Il comportait plusieurs canons. Et quand je dis canons, c'était de gros canons très puissants, avec gatlings et lasers. Et au final on a réussi à les détruire. Mais... à vrai dire, je ne sais pas s'il reste des survivants. Mais je pense qu'il y en a. De base, il y avait deux sections de marins d'élite et deux cent hommes d'un dénommé Loth Reich. Enfin bref. Je ne sais pas ce qu'ils sont devenus, mais j'aimerai le savoir.

- Cette conversation n'a jamais eu lieu. Compris ?

Son regard était terrifiant, et j’acquiesçais en hochant la tête, malgré la douleur. La mystérieuse inconnue part de la tente. Mais qui est-elle ? Mystère. Quoi qu'il en soit, elle m'avait bien foutu la trouille. Enfin plus au début qu'à la fin. Mais la trouille quand même. Je ferme les yeux, espérant que personne ne vienne encore me déranger.

- Sergent ?

Un médecin vient à moi, et se place à mon chevet.

- Le vice-amiral te demande.

- Hein ?

- Et vu qu'il est occupé à établir un plan, tu penses bien qu'il ne va pas venir à toi. Alors on va te remettre sur pied.

D'autres médecins viennent dans la tente et se placent autour de moi. On m'empoigne, et un d'entre eux approche une seringue remplie d'un liquide que je connaissais pas.

- Avec cette dose de fentanyl, tu pourras saluer le vice-amiral. Et même combattre.

- Mais qu'est-ce que c'est que ce fentanyl ?

- Un analgésique. Comme la morphine quoi. Mais en cent fois plus puissant. Et il va durer entre trois à douze heures. Tu pourras alors continuer à te battre. Mais attention : une seule dose est autorisé. Sans quoi, tu pourrais devenir dépendant et ça pourrait t'être mortel. Alors une fois qu'il arrêtera de faire effet, tu tomberas par terre comme une légume.

- Mais comment je sais que ça va s'arrêter ?

- Tu ne peux pas le savoir. Maintenant, arrête de gesticuler.

La seringue pénètre dans ma chair et le toubib insère le fentanyl dans mon organisme. Une fois ceci fait, les autres médecins relâchent leurs emprises et m'aident à me relever. Au début, me relever me faisait mal. Mais plus le temps avance, moins je sens de douleur. Je commence même à ne plus en sentir du tout.

Je m'extirpe du lit, et me met en route vers le quartier général de campagne, bien escorté. Je suis bien habillé, présentable au vice-amiral Fenyang. On m'amène à lui.

- Sergent d'élite Mountbatten au rapport.
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J'ai raté Clotho... dommage, je l’aurais bien démonté pour sa traîtrise tant pis. Mais je ne savais pas qu'il avait chopé un fruit. Faudrait que je prenne un pour la peine de lire le journal et les rapports... Bon, c'est plus trop le souci. Le mec a décainaillé en me voyant, résultat, j'ai rapidement tourné bride pour couvrir mes troupes. Cela m'a permis de couvrir mes troupes personnelles, je ne pouvais pas sauver malheureusement. Pour le moment, je n’ai pas foutu grand-chose et depuis le duel sur les mers. J'ai plutôt conservé mes forces on va dire... Mais bon, on possède la porte et une bonne partie de muraille ça devrait aller.
Donc la, rendez-vous du gratin dans une tente spartiate avec des machins qui ne porte de chaise que le nom. Je regarde rapidement la carte et tente de sélectionner deux trois lignes de course, faisant pas trop gaffe aux plans des autres.

-Je compte prendre mon équipage et profiter de notre nombre réduit pour amplifier notre rapidité. S’il y a moyen de mettre la main sur un cheptel d’éléphants, de taureaux ou de chevaux par défaut. Ça permettra d'encore accélérer notre allure et permettra de faire pas mal d'impact sur quoi on chargera... la cible la place. A moins bien sûr que vous ayez un QG ou un lieu du genre qui a besoin de se manger un commando d'élite dans le fion.

Avoir des troupes en bon état de marche et pas trop crevé, c'est vraiment pratique. La marine d'élite, c'est vraiment autre chose... puis bon, je ne suis pas trop doué pour gérer les grosses troupes, donc je laisse le gros des troupes aux autres. Ça serait peu productif de ne pas profiter de la puissance de frappe rapide que je possède.

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- « On attendra que le chef des Cipher Pol soit là pour se répartir les zones Yama. En attendant, saluons donc le héros de cette première bataille ! »

C’est avec un sourire aux lèvres que je me levai de mon siège de fortune pour faire face au jeune Mountbatten que je saluai bien virilement, non sans tapoter l’une de ses épaules sourire aux lèvres. Bien vrai qu’on aurait pu bousiller la porte de nous-même, mais le petit avait fait un bon boulot en nous épargnant des efforts inutiles. Ceci dit, j’étais plutôt curieux et j’avais des questions à lui poser. Sans vraiment savoir qu’il s’était déjà fait cuisiné, bien entendu.

- « Je tenais à te féliciter moi-même, garçon. Ton intervention nous a beaucoup aidés. Sois sûr que j’en toucherai un mot à tes supérieurs. »

Là tout de suite, j’aurai même pu lui proposer de bosser pour moi, mais je préférai ne pas trop m’avancer. Déjà parce que j’allais l’interroger, mais ensuite parce que la guerre n’était pas fini et qu’il n’était pas dit qu’il allait survivre. Une fois qu’elle serait complètement terminée, j’allais aviser. Il me fallait peut-être appeler certains renforts d’ailleurs. Avec 3500 hommes sur le terrain, le sauvetage de l’impératrice allait être limite. Mais faire ceci reviendrait à avouer ma faiblesse.
Dilemme.

- « Vu qu’on manque de temps, je vais faire court : Comment as-tu réussi à ouvrir les portes ? Depuis combien de temps es-tu sur ces terres ? Est-ce que tu as réussi à faire l’état des lieux et est-ce que tu connais cette île de fond en comble ? Et la question la plus importante… Est-ce qu’il y a d’autres marines comme toi dans le coin ? Si oui, qui est votre supérieur ? »

Était-ce un homme du fameux colonel Jakku qui rodait pas très loin de l’île ? D’ailleurs, devais-je appeler ce dernier pour qu’il nous prête main forte ? Tout allait dépendre maintenant de comment allait se partager le travail. Mais en attendant de prendre une décision définitive, je finis par reprendre ma place pour écouter attentivement ce que le gamin allait me dire. Bien entendu, je ne m’attendais pas à ce qu’il me mente, mais j’activai mon haki au cas où.

Qui sait s’il était un revo infiltré ?

Spoiler:
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Et bien... Ce n'est pas tous les jours qu'on voit un vice-amiral se tenir en face de soi. Et encore moins un vice-amiral qui vous remercie, en ajoutant une petite tape sur l'épaule.

J'étais profondément touché, et très honoré par sa présence et ses remerciements. Mais, sans perdre un instant, je me mets à lui répondre, un peu en répétant ce que j'avais dit à l'autre femme. Mais la peur en moins et la fierté en plus.

- Alors, tout d'abord il faut savoir qu'il y a eu une expédition de marins d'élite qui a été envoyée par le nord de l'île. Nous étions soixante marins d'élite, soit deux sections, et il y avait deux cent hommes d'un civil dénommé Loth Reich. Nous avions pour mission de faire diversion pour semer la zizanie dans leurs rangs. Bref, nous étions là très tôt. Nous avons escaladé un pan de la muraille qui n'était pas gardé, et puis nous avons fait notre mission.

Il m'écoute, l'air intéressé, assis sur l'objet qui lui sert de chaise. Autour de nous se trouvent quelques soldats qui écoutent, mais aussi des officiers. Mais pas tous, d'autres sont occupés à établir des plans, à mettre des punaises sur des endroits stratégiques...

- Je ne connais pas l'île de fond en comble. Je n'ai parcouru qu'une petite distance, du nord au sud. Ah, une chose à ne pas oublier : la forêt Noire est en train de brûler. Par contre, je connais quelques emplacements de révolutionnaires. Déjà, il doit en rester entre la forêt Noire et la forêt Jaune. Mais peu, puisque c'est là où nous en avons combattu. D'ailleurs, si la Marine a gagné, il doit rester des marines et des hommes du civil. Sinon, je n'ai pas vu d'autres révolutionnaires autour de l'endroit où nous avons combattu.

Les officiers s'empressent d’annoter tout ce que je dis, histoire d'avoir un maximum de renseignement sur la carte stratégique.

- Du coup, sur la soixantaine de marines, soit il n'en reste aucun, soit il en reste un peu. En tout les cas, l'homme qui les supervise s'ils sont toujours vivants s’appelle Sengoku Yoru. C'est aussi un sergent d'élite. Pour mon supérieur, il s’appelle Overler, c'est un lieutenant d'élite. Il a participé à la bataille navale.

- Est-ce qu'il est sous les ordres du colonel d'élite Jakku Kattar ?

- Non, nous sommes ici de manière indépendante. Nous venons de la base du G4, et nous n'avons pas de restriction niveau hiérarchique. C'est plutôt plaisant il faut avouer.

- Et sinon, comment as-tu réussi à ouvrir ces portes ?

- Et bien, j'ai...

Je me rapprochais de lui, au point que ma bouche se trouve au niveau de son oreille. Je n'ai pas envie que tout le monde m'entende, surtout s'il y a un révolutionnaire infiltré dans les parages.

- J'ai mangé un fruit du démon. Celui de l'invisibilité.

- Ah... Intéressant...

- Oui. Et avec lui, ouvrir les portes fut un jeu d'enfant.

- Bien. Nous avons terminé, merci pour tes précieuses informations.
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Malgré les indications du chef d'équipe, ils furent deux à rentrer sous la tente avec un léger retard. Assez conséquent tout de même pour dénoter les regards attentifs de ceux qui patientaient depuis déjà plusieurs dizaines de minutes.

En cause, Annabella qui avait refusé de rester alitée. Comme si sa rencontre avec le soldat Bountmatten lui avait donné un regain d'énergie. Ceci ou bien l'un des comprimés qu'elle avait habilement subtilisés à la pharmacie, juste après, histoire de calmer ses douleurs. Lente et handicapée dans ses mouvements, elle parvenait toutefois à se déplacer sur des distances de plus en plus longues grâce au puissant analgésique qu'elle s'était auto-administrée. En dépit d'une légère perte de concentration.

Elle tenait toutefois à participer à la réunion, alpaguant sur le chemin son supérieur qui avait visiblement trouvé bon de se rincer le gosier auparavant. L'un comme l'autre avaient pêché, mais chaque agent avait son exutoire au CP9 et la jeune femme connaissait parfaitement celui de son partenaire.

Il n'essaya de la retenir que par deux fois avant d'abandonner, donc.

A l'image de toutes les grandes tentes abritant le gratin des officier, celle du vice-amiral était vaste et richement décorée, apte à accueillir quelques personnes supplémentaires quand déjà une vingtaine d'hommes siégeaient ou poireautaient autour de la table centrale. Celle-ci se voyait elle même décorée de la présence du haut-gradé, de son faire-valoir et du jeune Mountbatten qui devait tout juste avoir reçu les honneurs.

- Hum... James Larson, chef d'équipe du CP9. Désolé de vous avoir fait attendre. bougonna maladroitement le vieillard tout en venant se poster plus en avant, laissant son acolyte près de la porte.

A moitié endormie, celle-ci s'efforçait de prêter une oreille attentive aux conversations soporifiques concernant les prochaines stratégies à adopter. Celle du CP9 était simple : récupérer l'empereur à la Cité Rouge, sinon l'éliminer. Personne ne trouva utile de faire une remarque à ce sujet, après tout le CP9 n'était pas connu comme un conglomérat d'enfants de cœur et l'empereur n'avait pas tant œuvré pour le Gouvernement Mondial jusque là. Il n'était, outre mesure, pas une grande perte non plus.

Puis ce furent les autres généraux qui exposèrent leurs plans. La plupart suivait le vice-amiral qui allait continuer tout droit en direction de la Place du Dragon et rétablir l'ordre en délivrant l'impératrice. D'autres s'organiseraient pour sécuriser Jing, d'autres encore iraient par la campagne pour se planquer... ou plutôt sécuriser et informer les civils selon eux. A partir de là, Anna ne suivait plus le fil et vit rapidement la nécessité de sortir la tente pour prendre l'air, se dégourdir les jambes.

Elle retrouva hasardeusement l'agent Levy au cours de ses pérégrinations. Assise dans les décombres, bloquée dans ses réflexions, la jeune femme accueillit toutefois sa supérieure de mission avec un faux sourire, en gage de respect en quelques sortes. Que l'autre ne considéra pas, venant à la place s'asseoir mollement à ses côtés sans mot dire. Jusqu'à ce que son interlocutrice s'essayasse à la création d'un embryon de conversation :

- Et sinon, en dehors du travail, vous avez des hobbies ? De la famille ?
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- « Merci pour votre collaboration, Larson. Ce sera tout. »

Les dés étaient jetés. Les tâches étaient reparties. Après quelques minutes à élaborer des plans, l’heure était maintenant à l’action. Encore une fois, nous allions reprendre les armes. Ça me déprimerait presque sachant que j’envoyais des soldats à l’abattoir pour une putain de CP9. A croire que la pilule ne passait pas vraiment. J’eus un soupir lorsque le Larson sortit de la tente. J’étais plus que prêt à parier qu’il allait lui et ses hommes, buter l’empereur pour pas se faire chier. Je voyais de loin le scénario. Mais au final, je haussai les épaules. Je m’en fichais royalement.

- « Vu qu’ils vont passer par la forêt interdite, Yama, tu passeras par la forêt noire avec tes hommes pour essayer de rallier la place du dragon. C’est un long détour, mais je suis sûr que c’est pas un problème pour toi. Pour la composition de ton équipe, tu as carte blanche. Prends un maximum de 500 soldats avec toi. »

Je me tournai vers le sous-amiral. Il était certes fort, mais je n’avais pas envie qu’il me suive. Et puis, j’avais besoin d’un officier ici.

- « Tu vas t’occuper du coin, le vioque. Contacte aussi le colonel Jakku histoire qu’il gonfle un peu nos effectifs. On a besoin de bras. »

Le sous-amiral acquiesça sans rien dire alors que je tapai des mains pour faire bouger tout ce monde, non sans accorder un dernier regard et un dernier sourire à Mountbatten qui n'avait pas eu le temps de sortir vu l'arrivée des CP à la fin de notre conversation.

- « Mountbatten. Tu as le choix entre rejoindre l’équipe de Yamamoto ou rester ici pour aider le sous-amiral à sécuriser le périmètre. Je te laisse réfléchir, mais réfléchis vite. »

Quant à moi, j’allais devoir aller tout droit, jusqu’à la place du dragon avec un nombre conséquent de soldats. Pas moins de 1000 gars au moins. No choice. Mais prendre ce chemin reviendrait à traverser la cité rouge, lieu que visaient les CP. A se demander pourquoi ils ne prenaient pas le même chemin que nous. J’aurai bien pu lui demander, mais vu qu’il était utile à tous points de vue qu’on se sépare, je n’avais pas poussé ma curiosité plus loin. Je finis donc par me lever et je sortis de la tente non sans avoir ordonné à ma cousine d’aller mobiliser les troupes et le matériel nécessaire.

Il était plus que temps d’en finir.
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La sieste avait été courte, mais au moins elle avait été.

Depuis le petit matin, l'agente n'avait pas vraiment réussi à trouver le repos. Cependant la décontraction soudaine provoquée par l'effet des médicaments pris deux heures plus tôt avaient favorisé un sommeil sans rêves, réparateur. Un don du ciel que l'agente n'aurait jamais espéré et qui l'intrigua même au point d'émettre l'idée de réitérer l'expérience. Sur de nombreuses occasions. Pour une fois que les médicaments qui l'avaient menée dans cette vie de folie et de débauche lui venaient en aide. Bien qu'elle susse les ravages que pouvaient faire la drogue à la simple vision de ses doigts légèrement jaunis par la nicotine.

Mais elle fumait de moins en moins, car la folie s'était faite plus douce dans son esprit. Ce qui ne l'empêchait pas de se considérer comme un monstre. Les voix dans sa tête s'étaient définitivement tues, ses crises n'avaient donc plus besoin d'être calmées.

Un bourdonnement vint secouer les pans de toile de sa tente, tandis qu'une voix s'élevait du dehors. Larson était visiblement venu la prévenir de leur départ imminent.

- Allez Sweetsong, il est l'heure de déc- commença-t-il avant de voir les plis de l'entrée se soulever pour laisser passer une silhouette féminine.

L'homme ne s'attendait visiblement pas à ce que sa camarade fusse d'ores et déjà levée et apprêtée. Un gag récurrent puisque, paradoxalement, il était systématiquement le plus traînard des deux au lit. Notamment après un apéritif bien arrosé, avait aisément remarqué la jeune femme. Cependant ses obligations le limitaient dans l'exercice de telles débauches, même en plein après-midi.

Il devait être aux alentours de seize heure désormais et l'armée menée par le vice-amiral avait déjà mis les voiles.

- La forêt interdite, donc ? se questionna la CP9, sans attendre de réponse de la part de ses camarades qui rejoignaient progressivement le point de ralliement.

La jeune femme s'était rapidement interrogée avant de tomber de fatigue, se remémorant brièvement les informations récupérées dans la base révolutionnaire. Il y était mentionné une forte activité au sein de la forêt interdite ainsi que la mise en place de dispositifs pour prévenir de l'envahisseur. Le choix de prendre cette route n'était pas anodin : l'agente devinait derrière un gain de temps conséquent, dans l'éventualité où la Marine devrait rencontrer un blocus sur la route principale. Mais aussi et surtout un travail de reconnaissance...

Quoi qu'il en fût, la Cité Rouge était certes leur destination finale, elle n'était probablement pas leur prochaine étape. Et le trajet n'allait certainement pas être de tout repos. Raison de plus pour fiche le camp dès maintenant. Le départ se solda donc sans dialogues supplémentaires, si ce n'étaient les quelques questions de Lydia résonnant dans le vide. Les deux jumeaux avaient d'ores et déjà retrouvé de leur vitalité et de leur souffle : ceux-ci avaient donc tôt fait d'entamer une course jusqu'à la lisière de la forêt.

L'espace d'un instant, l'adjudante crut alors lire un regard contrarié sur le visage de son supérieur. Il y avait visiblement quelque chose dont elle n'était pas au courant dans toute cette histoire.

Il y avait quelque chose d'autre qui les attendait dans cette sombre forêt.
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- J'irai avec le commandant d'élite Yamamoto dans ce cas là.

Voilà la réponse que je donnai au vice-amiral se trouvant en face de moi.

Et dire que je m'adressais à un vice-amiral... J'en étais honoré, et aussi troublé, car je n'avais pas eu le temps de m'y préparé. Tout est allé très vite. Enfin bref. Je vais donc rejoindre le commandant d'élite Yamamoto. Je ne le connaissais que de réputation. C'était un homme droit, un marin d'élite loyal. Tout ce que j'aimais chez les soldats de la Marine.

Mais avant de le rejoindre, je me posai sur une sorte de chaise, qui était à l'image de tout le petit campement érigé en vitesse : spartiate.  Il faut dire que j'avais assisté à la petite conférence dans laquelle les forces du Gouvernement Mondial se coordonnaient. J'avais bien écouté, et c'était vraiment très intéressant. En tant que simple sergent d'élite, je n'ai pas eu, pour l'instant, la chance de faire de la stratégie. Du moins à grande échelle.

Mais ce qui me tracassait le plus, c'était la femme qui était venue m'interroger. Elle n'avait pas les habits de la Marine, pourtant il est évident que ce n'est pas une simple civile. Mais j'avais eu plus ou moins une réponse concernant son identité.

En effet, je l'avais vu à cette réunion. Elle. Ainsi qu'un autre homme. Un homme habillé comme elle, comme un simple civil. Sauf que ses paroles à lui étaient restés gravés dans sa mémoire.

*- Hum... James Larson, chef d'équipe du CP9. Désolé de vous avoir fait attendre.*

Ils faisaient donc partie du CP9. Seulement... le CP9, pour moi, ce n'est qu'une légende. A priori, cela reste un mythe. Mais là, il avait la preuve qu'il existait. Bordel, je me suis fait interrogé par une agente du CP9 !

Je me relevai de ma chaise, un peu bousculé par cette pensée. Le CP9... On racontait beaucoup de légendes sur eux, même si elles étaient rares et que l'existence de ces personnes étaient sujette à débat. Mais les rares histoires que j’avais entendu sur eux me firent frissonner. Le CP9 est sur l'île. C'était limite si je n'avais pas de la compassion pour les révolutionnaires.

- Mount ?

Je tournai la tête et vis un visage familier. C'était Ratzkill !

- Ratzkill ! Je suis content que tu soies en vie !

- Ahah ! De même.

- Overler et moi sommes arrivés sans embûche, un peu en retard pour la bataille navale il faut dire. Du coup, nous sommes presque tous en un seul morceau.

- Parfait !

- On va grossir les rangs du commandant d'élite Yamamoto. Et toi ?

- De même.

- Ah, niquel ! Et tes hommes ?

Cette dernière question me laissai de marbre. J'eus une pensée pour eux. Peut-être sont-ils tous morts. Peut-être qu'il y a des survivants. En tout cas, les pertes sont forcément grandes, et malheureusement ma mission n'est pas de les chercher. Pauvres types. Ils se sont bien battus.

- Je n'ai pas eu de leurs nouvelles...

Ratzkill baissa les yeux, tristes pour eux. MAis nous n'avions pas le temps pour faire notre deuil. Nous ne tardâmes pas à retrouver le lieutenant d'élite Overler et ses hommes, puis nous nous mirent en tête de retrouver le commandant d'élite pour se placer sous ses ordres.
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