Elle était encore là. Discrète, efficace, presque aussi professionnelle qu'un agent du gouvernement. Elle la suivait, encore, toujours et ça n'était plus aussi anodin.
Cela faisait deux jours qu'Anna était rentrée au camp et deux jours qu'une ombre fugace se glissait constamment à sa suite, où qu'elle allât. Plus qu'une simple épine dans le pied, cette filature venait la parcourir de soupçons et d'inquiétudes. Dans la mesure où il était grand temps de dévoiler à son supérieur toutes les informations récoltées et préparer le débarquement des troupes. Celles du vice-amiral censé lui venir en aide.
Maintenant plus que jamais.
Mais l'ombre demeurait, figée dans son sillon, comme liée à elle par un fil invisible. Si bien qu'elle s'était résolue à faire avec. Non, ça n'était pas un espion de la révolution, ça elle en était certaine, elle l'aurait lu dans les yeux de son partenaire de couche. Et cette capacité à rester dissimulée, quasiment hors d'atteinte de son empathie, venait ponctuer les faits : il n'y avait qu'une seule personne dans toute la base capable d'une telle prouesse et elle n'était pas là depuis très longtemps.
Hermione.
Au terme de son second jour de repos, l'agente avait pu distinguer quelques éléments spécifiques de l'aura du personnage et en déduire son identité. Elle aurait pu s'arrêter à un pronostic assez simple : la jeune femme cherchait probablement le moment adéquat pour lui sauter dessus et l'assassiner froidement. Mais les occasions n'avaient pas manqué et la blonde demeurait là, indemne, tandis que l'autre la suivait toujours. Le constat était finalement sans appel : elle l'espionnait.
Et elle n'ignorait pas tant que cela pour quel compte, c'était même assez logique. Car en procédant par élimination dans la grande variété de choix possibles, il ne restait plus que lui. Ethan McKlayn.
N'aurait-elle pas remarqué qu'elle fusse suivie et ç'aurait été tout le plan qui serait tombé à l'eau. Par chance, ce n'était pas au vieux singe que l'on apprenait à faire la grimace. Et plutôt que de saisir la chose comme un inconvénient, il était encore plus évident de s'en servir comme d'un avantage.
Ainsi le troisième jour fut celui où Anna s'isola avec son escargophone spécial. Celui-ci ne pouvait joindre qu'une seule personne, et ce peu importât la distance. Sa coquille striée de blanc et de noir renfermait un précieux animal vêtu d'un smoking ajusté et de cheveux soigneusement gominés. Persuadée d'être "seule" dans les ruines de l'antique cité surplombant la base révolutionnaire, l'agente entama son appel.
La voix grave de l'escargophone se faisait aussi discrète que possible, mais semblait toutefois résonner dans la minuscule pièce de la maison abandonnée occupée par l'albinos. Enfin, jusqu'à ce qu'une présence extérieure ne vienne déverrouiller silencieusement la porte d'entrée et ne se glissât dans l'une des pièces adjacentes. Elle écoutait.
- Pulu pulu pulu pulu... gronda le machin, jusqu'à finalement se stopper dans un ultime et énigmatique : Katcha.
Puis ce fut à une nouvelle voix, plus aigüe, plus aristocrate, de prendre le relai. Celle de l'administrateur du CP9.
- Ah, Anna ! J'espérais justement avoir de vos nouvelles. Dites-moi : où en est cette révolution ?
- Elle avance. La Vox s'est alliée avec un pirate du nom d'Ethan McKlayn. Il s'est proclamé Maire d'Alsbrough, un port de pirates au sud du pays. L'attaque est prévue pour dans trois jours, j'aurai besoin de renforts par la suite pour reprendre les choses en mains.
- Et c'est tout à fait ce qui était prévu, ma chère. Il me semble justement que l'un de vos proches amis vice-amiraux soit disponible, je lui fais envoyer une missive dès que possible.
Il évoquait désormais le vice-amiral Fenyang, c'était certain. Anna n'entretenait aucun autre rapport avec la Marine, si ce n'était par le biais de ce beau diable. Elle souffla, espérant juste qu'il ne demanderait rien en échange de sa venue. Elle commençait à le connaître. Toutefois elle n'aurait pas pu espérer mieux que lui pour venir lui prêter main forte dans sa mission, ce qui la soulagea quelques peu. A terme, elle en était venue à apprécier sa présence, comme celle d'un bon ami... peut-être même d'un frère.
- Message reçu. Je vous transmets le reste des informations par escargofax.
Le reste des informations dont une partie posséderait une seconde lecture, au cas où les murs auraient des oreilles. Et ils en avaient, ça oui. Ses derniers échanges avec Alvaro ne s'étaient plus faits que par ce biais là et elle savait que si l'administrateur ne parvenait pas à décrypter sa lettre, l'homme en fauteuil roulant, lui, réussirait. C'était capital.
- Parfait. Ah et... vous avez des nouvelles de l'agent Pong ? Je l'ai envoyé à vos côtés un peu après votre départ dans le but de surveiller les agissements de ce pirate dont vous m'avez parlé... Ethan McKlayn, voilà.
Derrière son escargophone, la mine de l'agente s'assombrit au point de penser que celle de l'animal du côté de son interlocuteur devait être aussi terrifiante. L'assassinat de son camarade demeurait encore frais, ce fut pourquoi elle évoqua la chose avec une voix brisée. Les oursins évoluaient toujours dans sa trachée, quand elle pensait à cette traîtrise.
- Chang Pong est mort, McKlayn m'a forcée à le torturer jusqu'à ce que mort s'en suive. Je suis désolée, je n'avais aucune autre alternative.
Un long silence enchaîna la révélation. Mais ce fut une voix neutre, presque insouciante, qui vint ponctuer ce-dernier.
- Quel dommage... je veillerai à ce que sa famille soit au courant le plus vite possible. Vous avez fait ce que vous deviez faire, Anna. Beau boulot et à bientôt.
Ce-dernier mot, lui, semblait empreint de doute. L'homme d'affaires savait que son coup de poker était risqué : le Nouveau Monde n'avait rien d'un océan tranquille comme l'étaient les Blues ou encore la première partie de Grand Line. Non, il avait envoyé deux agents en territoire ennemi et venait d'en perdre un. Il avait des raisons d'être inquiet, même s'il avait fait l'effort de ne rien montrer.
Son pion le plus fidèle était en plein milieu de l'échiquier, menacé par les pièces ennemies. Et l'une d'elle épiait les moindres faits et gestes de la Cavalière.
Celle-ci se résolut à envoyer le fax dans la minute qui suivit, grâce à un ingénieux système qui lui échappait : l'escargophone hors de prix possédait cette option et elle s'avérait efficace. Il lui suffisait ainsi de parler à l'animal pour que celui-ci enregistrât le message et que celui à l'autre bout du fil l'imprimât sur une feuille de papier. Le procédé se faisant, bien évidemment, à travers l'orifice buccal de la bête, il était probablement conseillé de ne pas savoir comment la chose fonctionnait.
Cela faisait deux jours qu'Anna était rentrée au camp et deux jours qu'une ombre fugace se glissait constamment à sa suite, où qu'elle allât. Plus qu'une simple épine dans le pied, cette filature venait la parcourir de soupçons et d'inquiétudes. Dans la mesure où il était grand temps de dévoiler à son supérieur toutes les informations récoltées et préparer le débarquement des troupes. Celles du vice-amiral censé lui venir en aide.
Maintenant plus que jamais.
Mais l'ombre demeurait, figée dans son sillon, comme liée à elle par un fil invisible. Si bien qu'elle s'était résolue à faire avec. Non, ça n'était pas un espion de la révolution, ça elle en était certaine, elle l'aurait lu dans les yeux de son partenaire de couche. Et cette capacité à rester dissimulée, quasiment hors d'atteinte de son empathie, venait ponctuer les faits : il n'y avait qu'une seule personne dans toute la base capable d'une telle prouesse et elle n'était pas là depuis très longtemps.
Hermione.
Au terme de son second jour de repos, l'agente avait pu distinguer quelques éléments spécifiques de l'aura du personnage et en déduire son identité. Elle aurait pu s'arrêter à un pronostic assez simple : la jeune femme cherchait probablement le moment adéquat pour lui sauter dessus et l'assassiner froidement. Mais les occasions n'avaient pas manqué et la blonde demeurait là, indemne, tandis que l'autre la suivait toujours. Le constat était finalement sans appel : elle l'espionnait.
Et elle n'ignorait pas tant que cela pour quel compte, c'était même assez logique. Car en procédant par élimination dans la grande variété de choix possibles, il ne restait plus que lui. Ethan McKlayn.
N'aurait-elle pas remarqué qu'elle fusse suivie et ç'aurait été tout le plan qui serait tombé à l'eau. Par chance, ce n'était pas au vieux singe que l'on apprenait à faire la grimace. Et plutôt que de saisir la chose comme un inconvénient, il était encore plus évident de s'en servir comme d'un avantage.
Ainsi le troisième jour fut celui où Anna s'isola avec son escargophone spécial. Celui-ci ne pouvait joindre qu'une seule personne, et ce peu importât la distance. Sa coquille striée de blanc et de noir renfermait un précieux animal vêtu d'un smoking ajusté et de cheveux soigneusement gominés. Persuadée d'être "seule" dans les ruines de l'antique cité surplombant la base révolutionnaire, l'agente entama son appel.
La voix grave de l'escargophone se faisait aussi discrète que possible, mais semblait toutefois résonner dans la minuscule pièce de la maison abandonnée occupée par l'albinos. Enfin, jusqu'à ce qu'une présence extérieure ne vienne déverrouiller silencieusement la porte d'entrée et ne se glissât dans l'une des pièces adjacentes. Elle écoutait.
- Pulu pulu pulu pulu... gronda le machin, jusqu'à finalement se stopper dans un ultime et énigmatique : Katcha.
Puis ce fut à une nouvelle voix, plus aigüe, plus aristocrate, de prendre le relai. Celle de l'administrateur du CP9.
- Ah, Anna ! J'espérais justement avoir de vos nouvelles. Dites-moi : où en est cette révolution ?
- Elle avance. La Vox s'est alliée avec un pirate du nom d'Ethan McKlayn. Il s'est proclamé Maire d'Alsbrough, un port de pirates au sud du pays. L'attaque est prévue pour dans trois jours, j'aurai besoin de renforts par la suite pour reprendre les choses en mains.
- Et c'est tout à fait ce qui était prévu, ma chère. Il me semble justement que l'un de vos proches amis vice-amiraux soit disponible, je lui fais envoyer une missive dès que possible.
Il évoquait désormais le vice-amiral Fenyang, c'était certain. Anna n'entretenait aucun autre rapport avec la Marine, si ce n'était par le biais de ce beau diable. Elle souffla, espérant juste qu'il ne demanderait rien en échange de sa venue. Elle commençait à le connaître. Toutefois elle n'aurait pas pu espérer mieux que lui pour venir lui prêter main forte dans sa mission, ce qui la soulagea quelques peu. A terme, elle en était venue à apprécier sa présence, comme celle d'un bon ami... peut-être même d'un frère.
- Message reçu. Je vous transmets le reste des informations par escargofax.
Le reste des informations dont une partie posséderait une seconde lecture, au cas où les murs auraient des oreilles. Et ils en avaient, ça oui. Ses derniers échanges avec Alvaro ne s'étaient plus faits que par ce biais là et elle savait que si l'administrateur ne parvenait pas à décrypter sa lettre, l'homme en fauteuil roulant, lui, réussirait. C'était capital.
- Parfait. Ah et... vous avez des nouvelles de l'agent Pong ? Je l'ai envoyé à vos côtés un peu après votre départ dans le but de surveiller les agissements de ce pirate dont vous m'avez parlé... Ethan McKlayn, voilà.
Derrière son escargophone, la mine de l'agente s'assombrit au point de penser que celle de l'animal du côté de son interlocuteur devait être aussi terrifiante. L'assassinat de son camarade demeurait encore frais, ce fut pourquoi elle évoqua la chose avec une voix brisée. Les oursins évoluaient toujours dans sa trachée, quand elle pensait à cette traîtrise.
- Chang Pong est mort, McKlayn m'a forcée à le torturer jusqu'à ce que mort s'en suive. Je suis désolée, je n'avais aucune autre alternative.
Un long silence enchaîna la révélation. Mais ce fut une voix neutre, presque insouciante, qui vint ponctuer ce-dernier.
- Quel dommage... je veillerai à ce que sa famille soit au courant le plus vite possible. Vous avez fait ce que vous deviez faire, Anna. Beau boulot et à bientôt.
Ce-dernier mot, lui, semblait empreint de doute. L'homme d'affaires savait que son coup de poker était risqué : le Nouveau Monde n'avait rien d'un océan tranquille comme l'étaient les Blues ou encore la première partie de Grand Line. Non, il avait envoyé deux agents en territoire ennemi et venait d'en perdre un. Il avait des raisons d'être inquiet, même s'il avait fait l'effort de ne rien montrer.
Son pion le plus fidèle était en plein milieu de l'échiquier, menacé par les pièces ennemies. Et l'une d'elle épiait les moindres faits et gestes de la Cavalière.
Celle-ci se résolut à envoyer le fax dans la minute qui suivit, grâce à un ingénieux système qui lui échappait : l'escargophone hors de prix possédait cette option et elle s'avérait efficace. Il lui suffisait ainsi de parler à l'animal pour que celui-ci enregistrât le message et que celui à l'autre bout du fil l'imprimât sur une feuille de papier. Le procédé se faisant, bien évidemment, à travers l'orifice buccal de la bête, il était probablement conseillé de ne pas savoir comment la chose fonctionnait.
Dernière édition par Annabella Sweetsong le Ven 24 Fév 2017 - 17:47, édité 2 fois