Vacherie de soleil, qu'est-ce qu'il a à s'acharner sur moi comme ça ? Je jurerais que c'est pas le même que d'habitude tellement celui-ci m'ébouillante. Même pas trois heures que je traîne mes guêtres sur cette putain d'île que j'ai dû perdre la moitié de mon poids en sueur.
Ça a l'air d'amuser les locaux de me voir fondre. Faut dire que j'en suis à me trimbaler avec une serviette sous le bras pour m'essuyer le visage sans arrêt. S'y faisait pas si chaud, elle serait déjà imbibée de flotte, mais ça a le temps de sécher j'ai l'impression.
C'est pas que je suis hostile à la chaleur, mais y'a des moments où faut pas pousser mémé dans l'eau du bain. C'est peut-être mes trois quintaux sur la carcasse qui rendent le tout encore plus désagréable, mais je soutiens que c'est pas humain de vivre sous un un soleil pareil. D'ailleurs je m'étonne que les baraques en bois flambent pas à l'usure.
Et on repasse un coup de serviette sur le museau. Putain, je dois faire ça toutes les dix secondes depuis que je suis arrivé, je me vide de mes fluides corporels.
Remarque, ce serait pas mal ironique que je crève de déshydratation quand on sait ce que je suis venu faire à Attalia.
Galère, et cet emmanché de coordinateur que je trouve pas. Faute lourde, j'ai pas pensé à demander au bureau les références de son escargophone. Me voilà perdu dans une ville portuaire à chercher un branleur qu'aurait dû m'accueillir et m'aiguiller dès mon arrivée sur les quais.
Qui sait, quand je pousserai mon ultime râle d'agonie, peut-être que ce fumier arrivera à me retrouver.
Pis merde à la fin, je m'assois à la terrasse d'un bistrot bondé. Même sous la toile dressée pour faire de l'ombre, on cuit à feu doux.
- Et pour le monsieur, qu'est-ce que ce se...
- Un thé glacé ! Et pas glacé juste d'nom, nan nan ! Moi j'veux du thé vraiment glacé, du genre en d'ssous d'zéro, sinon j'vais crever !
La petiote me regarde avec des billes couleur olive toutes rondes. Pauvre môme, j'ai dû l'effrayer avec mes manières d'ours. Vu son âge, elle doit aider ses parents en faisant la serveuse. Soyons pas trop dur avec.
- Nan mais... Quand j'dis en d'ssous d'zéro... Ç'une façon d'parler. Un thé glacé n'rmal, ça m'ira très bien gamine. Mais grouille-toi.
Elle se contente de faire vite "oui" de la tête pis elle se tire presque en courant. Ces jeunes, ça s'impressionne d'un rien.
Chouette petit bistrot cela dit, j'aime bien quand y'a plein de monde que ça gueule partout, à se demander où tout ce beau monde trouve la force de s'égosiller. Avec une chaleur pareille, moi je peux pas.
- Agent Oletto ?
Pété par le diable j'ai eu peu ! Un type tout grand, tout sec, en costume qui plus est, le gars s'est approché de moi dans le dos. Le voilà mon putain de coordinateur ! Si j'avais su qu'il avait fallu faire la tournée des bistrots pour le trouver, je me serais pas privé.
En me retournant vers lui, y'a ma chaise en bois qui grince drôlement. Ça va se casser la gueule cette histoire. Hop, j'en chope une deuxième en vitesse, une pour chaque fesse, ça devrait faire l'affaire.
- Dites donc vous ! V'pouvez pas êt' au lieu d'rendez-vous quand on vous y attend ?
Même si le gars s'efforce d'avoir l'air professionnel, il est tout nerveux. Et vas-y que je regarde les alentours sans arrêt. Y tiendra pas longtemps dans les services celui là.
- Navré, j'ai dû prendre du retard par précaution. Il fallait que je sois discret.
- Discret ?
Nan mais là je crois halluciner en entendant des conneries pareilles. J'ai failli me payer une connerie d'insolation parce que môssieur le rookie se prend pour un espion en chef. De ma grosse paluche, je lui fait signe de s'approcher de moi, comme si je voulais lui confier une information secrète. Bonne pomme, voilà que l'autre approche sa tête.
Et tiens ! Mange-toi une bonne mornifle. Tout sec qu'il est le con, y voltige jusqu'à s'écraser sur une table voisine dans un putain de fracas.
- D'solé les gars, j'paierai pour vos deux pr'chains godets.
Bon, maintenant que j'ai décompressé un coup, je vais aider l'autre à se relever. L'a l'air tout étonné, y peut remarque. Mais une bonne claque dans la gueule, ça fait circuler le sang. C'est ce que disait mon père en tout cas ; l'était pas médecin, mais putain qu'est-ce qu'il a pu m'avoiner quand j'étais môme.
La petite clientèle a pas l'air de trop faire attention à nous, y nous ont tous regardé un instant, pis y se sont vite détournés. C'est pas un port de pisseuse ici, de la castagne, doit y'en avoir assez souvent.
Maintenant que je me suis rassis avec Mister C.P 1627 en face de moi, je reprends les hostilité.
- T'juste un coordinateur mon pépère. T'm'informes sur l'modalités d'mission, t'me sers de guide touristique et c'est marre. Va pas me p'rler d'êt' discret. Déjà quand on veut êt' discret sur Hinu Town, on met pas un p'tain d'costume trois pièces !
Révélation ! Ce con vient juste de voir à quel point y faisait tâche dans le paysage là où tout le monde mettait des vêtements amples et adaptés à la culture locale. Quel manche je vous jure...
Quoi qu'il en soit, j'ai pas le temps de faire son instruction à celui-là, j'ai déjà trop de boulot qui m'attend.
Revoilà la gamine qui me sert mon thé glacé avec un air intimidé. Un gars épais comme moi, c'est sûr, ça doit faire son effet. Poli, je règle la consommation et pis je lui glisse un billet de dix-mille en plus en guise de pourliche. Enfin j'y ai droit à mon sourire. Toute pétillante elle sautille presque en continuant de servir les autres clients. Voilà qui fait plaisir à voir.
Revenons à nos moutons.
- Bon eh bah ? Ça vient cette putain d'mission ?
Y se remet à peine de la taloche qui s'est mangée, petite nature va. Quand y retrouve enfin ses esprits, y reprend ses mauvaises habitudes de regarder partout autour de lui. Comme si un abruti aussi insignifiant pouvait intéresser qui que ce soit.
- Je... Je préfère vous en parler sur le lieu en question.
Mais où qu'y m'emmène ce con ? Ça fait une paie qu'on s'est éloigné d'Attalia, même de toute civilisation. Si son plan c'est de me faire crever de soif au milieu du désert, qu'y me le dise, je l'enterre sous une dune et on arrête les frais.
- L'est encore loin c'putain d'oasis ?!
Un oasis je te jure... Le gouvernement mondial s'est mis dans la tête de s'implanter un peu partout où y'a des garnisons pour dominer les marchés clés de chaque île. Des petits génies s'imaginent qu'on va pouvoir s'imposer à Hinu Town comme les principaux distributeurs de flotte. Comme si les habitants nous avaient attendu avant d'exploiter des oasis.
- Là-bas, on y est ! On peut distinguer le matériel d'extraction !
Ah ouais, en effet, je vois. Non seulement on me refile une mission à la mord-moi-le-nœud, mais en plus le matériel date du siècle dernier. Putain, y'a même de la rouille sur les containers où on stocke l'eau. En clair, cette mission, ça revient à m'apprendre à nager les mains liées dans le dos et un boulet au pied. Le bureau a pourtant aucune raison de vouloir me punir en m'attribuant un travail à la con. Avec tout le pognon que je rapporte, j'étais en droit d'espérer plus de considération.
- L'oasis El Taïeb, propriété du gouvernement mondial ! Vous en êtes l'heureux gestionnaire. J'ai pris soin de vous trouver des papiers d'identité factices. Pour cette mission vous vous appellerez...
- D'solé p'tit, j'bosse j'mais sous couverture.
Y se décompose quand je lui dit ça. C'est que ça a dû lui prendre du temps de me trouver des papelards. M'enfin j'ai jamais caché à qui que ce soit que j'étais du C.P 2. Je le dis jamais ouvertement, mais je le sous-entend fortement. Ç'une stratégie qui m'a toujours réussie pour faire du pognon facilement.
Que ce soit des notables ou des pirates sanguinaires, on est toujours plus disposé à bosser avec moi quand on sait que le G.M est derrière pour offrir des garanties et certains avantages.
M'enfin là en l'occurrence, à part peut-être mes relations dans le Cartel Capital, je pense pas que je vais traiter avec grand monde. Je vais surtout me faire chier à mettre de l'eau en bouteille.
- Bien... Donc je vous ai tout dit en chemin, le G.M attend de vous que vous vous implantiez comme une entreprise de distribution d'eau incontournable sur l'île. Si possible, tentez de constituer un monopole.
Y voudraient pas non plus que j'organise un monopole sur le sable de l'île ? Je te jure, ces objectifs irréalisables comme ça, on sent que ça a été pensé par des types qu'ont jamais mis un pied sur le terrain et qui connaissent Hinu Town que grâce à des cartes postales.
- Ouais ouais... J'verrai avec eux. T'peux disposer.
Et comment que je vais voir avec eux. Va falloir que je dénonce cette mission à la hiérarchie. Mon chef d'équipe va me demander un rapport pour justifier mon incapacité à mener à bien le boulot qu'y m'ont filé. Pis bien sûr, il en demandera cinquante pages là où deux lignes suffisent. Me voilà coincé ici pour au moins une semaine le temps de ce faire.
Pendant que je regarde l'autre tête de pine partir au loin pour retourner jouer les agents de liaison à Attalia, j'entends le glou glou de mon oasis que mes deux employés versent dans les bidons.
Quel spectacle mes aïeux. Le matériel est miteux, la flotte de l'oasis est chaude et à peine buvable et mes salariés attribués d'office ont bien soixante balais chacun. Va falloir que je me magne de gagner du galon qu'on évite d'envoyer d'autres agents perdre leur temps parce que des putains d'incapables en hauts-lieux connaissent que dalle du travail du terrain ni aux moyens affectés pour chaque agent.
Cela dit... Avant de plier bagage, y'a quand même un beau coup à jouer. Même avec juste une paire de deux, pour moi, la partie est jamais perdue d'avance et y'a toujours moyen de repartir avec un joli pactole.
Sans me retourner, je demande l'air de rien à mes deux larbins :
- Dites l'gars, v'pouvez m'dire c'est quoi l'nom des entreprises chargées d'approvisionner Attalia en flotte ?
Ça a l'air d'amuser les locaux de me voir fondre. Faut dire que j'en suis à me trimbaler avec une serviette sous le bras pour m'essuyer le visage sans arrêt. S'y faisait pas si chaud, elle serait déjà imbibée de flotte, mais ça a le temps de sécher j'ai l'impression.
C'est pas que je suis hostile à la chaleur, mais y'a des moments où faut pas pousser mémé dans l'eau du bain. C'est peut-être mes trois quintaux sur la carcasse qui rendent le tout encore plus désagréable, mais je soutiens que c'est pas humain de vivre sous un un soleil pareil. D'ailleurs je m'étonne que les baraques en bois flambent pas à l'usure.
Et on repasse un coup de serviette sur le museau. Putain, je dois faire ça toutes les dix secondes depuis que je suis arrivé, je me vide de mes fluides corporels.
Remarque, ce serait pas mal ironique que je crève de déshydratation quand on sait ce que je suis venu faire à Attalia.
Galère, et cet emmanché de coordinateur que je trouve pas. Faute lourde, j'ai pas pensé à demander au bureau les références de son escargophone. Me voilà perdu dans une ville portuaire à chercher un branleur qu'aurait dû m'accueillir et m'aiguiller dès mon arrivée sur les quais.
Qui sait, quand je pousserai mon ultime râle d'agonie, peut-être que ce fumier arrivera à me retrouver.
Pis merde à la fin, je m'assois à la terrasse d'un bistrot bondé. Même sous la toile dressée pour faire de l'ombre, on cuit à feu doux.
- Et pour le monsieur, qu'est-ce que ce se...
- Un thé glacé ! Et pas glacé juste d'nom, nan nan ! Moi j'veux du thé vraiment glacé, du genre en d'ssous d'zéro, sinon j'vais crever !
La petiote me regarde avec des billes couleur olive toutes rondes. Pauvre môme, j'ai dû l'effrayer avec mes manières d'ours. Vu son âge, elle doit aider ses parents en faisant la serveuse. Soyons pas trop dur avec.
- Nan mais... Quand j'dis en d'ssous d'zéro... Ç'une façon d'parler. Un thé glacé n'rmal, ça m'ira très bien gamine. Mais grouille-toi.
Elle se contente de faire vite "oui" de la tête pis elle se tire presque en courant. Ces jeunes, ça s'impressionne d'un rien.
Chouette petit bistrot cela dit, j'aime bien quand y'a plein de monde que ça gueule partout, à se demander où tout ce beau monde trouve la force de s'égosiller. Avec une chaleur pareille, moi je peux pas.
- Agent Oletto ?
Pété par le diable j'ai eu peu ! Un type tout grand, tout sec, en costume qui plus est, le gars s'est approché de moi dans le dos. Le voilà mon putain de coordinateur ! Si j'avais su qu'il avait fallu faire la tournée des bistrots pour le trouver, je me serais pas privé.
En me retournant vers lui, y'a ma chaise en bois qui grince drôlement. Ça va se casser la gueule cette histoire. Hop, j'en chope une deuxième en vitesse, une pour chaque fesse, ça devrait faire l'affaire.
- Dites donc vous ! V'pouvez pas êt' au lieu d'rendez-vous quand on vous y attend ?
Même si le gars s'efforce d'avoir l'air professionnel, il est tout nerveux. Et vas-y que je regarde les alentours sans arrêt. Y tiendra pas longtemps dans les services celui là.
- Navré, j'ai dû prendre du retard par précaution. Il fallait que je sois discret.
- Discret ?
Nan mais là je crois halluciner en entendant des conneries pareilles. J'ai failli me payer une connerie d'insolation parce que môssieur le rookie se prend pour un espion en chef. De ma grosse paluche, je lui fait signe de s'approcher de moi, comme si je voulais lui confier une information secrète. Bonne pomme, voilà que l'autre approche sa tête.
Et tiens ! Mange-toi une bonne mornifle. Tout sec qu'il est le con, y voltige jusqu'à s'écraser sur une table voisine dans un putain de fracas.
- D'solé les gars, j'paierai pour vos deux pr'chains godets.
Bon, maintenant que j'ai décompressé un coup, je vais aider l'autre à se relever. L'a l'air tout étonné, y peut remarque. Mais une bonne claque dans la gueule, ça fait circuler le sang. C'est ce que disait mon père en tout cas ; l'était pas médecin, mais putain qu'est-ce qu'il a pu m'avoiner quand j'étais môme.
La petite clientèle a pas l'air de trop faire attention à nous, y nous ont tous regardé un instant, pis y se sont vite détournés. C'est pas un port de pisseuse ici, de la castagne, doit y'en avoir assez souvent.
Maintenant que je me suis rassis avec Mister C.P 1627 en face de moi, je reprends les hostilité.
- T'juste un coordinateur mon pépère. T'm'informes sur l'modalités d'mission, t'me sers de guide touristique et c'est marre. Va pas me p'rler d'êt' discret. Déjà quand on veut êt' discret sur Hinu Town, on met pas un p'tain d'costume trois pièces !
Révélation ! Ce con vient juste de voir à quel point y faisait tâche dans le paysage là où tout le monde mettait des vêtements amples et adaptés à la culture locale. Quel manche je vous jure...
Quoi qu'il en soit, j'ai pas le temps de faire son instruction à celui-là, j'ai déjà trop de boulot qui m'attend.
Revoilà la gamine qui me sert mon thé glacé avec un air intimidé. Un gars épais comme moi, c'est sûr, ça doit faire son effet. Poli, je règle la consommation et pis je lui glisse un billet de dix-mille en plus en guise de pourliche. Enfin j'y ai droit à mon sourire. Toute pétillante elle sautille presque en continuant de servir les autres clients. Voilà qui fait plaisir à voir.
Revenons à nos moutons.
- Bon eh bah ? Ça vient cette putain d'mission ?
Y se remet à peine de la taloche qui s'est mangée, petite nature va. Quand y retrouve enfin ses esprits, y reprend ses mauvaises habitudes de regarder partout autour de lui. Comme si un abruti aussi insignifiant pouvait intéresser qui que ce soit.
- Je... Je préfère vous en parler sur le lieu en question.
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Mais où qu'y m'emmène ce con ? Ça fait une paie qu'on s'est éloigné d'Attalia, même de toute civilisation. Si son plan c'est de me faire crever de soif au milieu du désert, qu'y me le dise, je l'enterre sous une dune et on arrête les frais.
- L'est encore loin c'putain d'oasis ?!
Un oasis je te jure... Le gouvernement mondial s'est mis dans la tête de s'implanter un peu partout où y'a des garnisons pour dominer les marchés clés de chaque île. Des petits génies s'imaginent qu'on va pouvoir s'imposer à Hinu Town comme les principaux distributeurs de flotte. Comme si les habitants nous avaient attendu avant d'exploiter des oasis.
- Là-bas, on y est ! On peut distinguer le matériel d'extraction !
Ah ouais, en effet, je vois. Non seulement on me refile une mission à la mord-moi-le-nœud, mais en plus le matériel date du siècle dernier. Putain, y'a même de la rouille sur les containers où on stocke l'eau. En clair, cette mission, ça revient à m'apprendre à nager les mains liées dans le dos et un boulet au pied. Le bureau a pourtant aucune raison de vouloir me punir en m'attribuant un travail à la con. Avec tout le pognon que je rapporte, j'étais en droit d'espérer plus de considération.
- L'oasis El Taïeb, propriété du gouvernement mondial ! Vous en êtes l'heureux gestionnaire. J'ai pris soin de vous trouver des papiers d'identité factices. Pour cette mission vous vous appellerez...
- D'solé p'tit, j'bosse j'mais sous couverture.
Y se décompose quand je lui dit ça. C'est que ça a dû lui prendre du temps de me trouver des papelards. M'enfin j'ai jamais caché à qui que ce soit que j'étais du C.P 2. Je le dis jamais ouvertement, mais je le sous-entend fortement. Ç'une stratégie qui m'a toujours réussie pour faire du pognon facilement.
Que ce soit des notables ou des pirates sanguinaires, on est toujours plus disposé à bosser avec moi quand on sait que le G.M est derrière pour offrir des garanties et certains avantages.
M'enfin là en l'occurrence, à part peut-être mes relations dans le Cartel Capital, je pense pas que je vais traiter avec grand monde. Je vais surtout me faire chier à mettre de l'eau en bouteille.
- Bien... Donc je vous ai tout dit en chemin, le G.M attend de vous que vous vous implantiez comme une entreprise de distribution d'eau incontournable sur l'île. Si possible, tentez de constituer un monopole.
Y voudraient pas non plus que j'organise un monopole sur le sable de l'île ? Je te jure, ces objectifs irréalisables comme ça, on sent que ça a été pensé par des types qu'ont jamais mis un pied sur le terrain et qui connaissent Hinu Town que grâce à des cartes postales.
- Ouais ouais... J'verrai avec eux. T'peux disposer.
Et comment que je vais voir avec eux. Va falloir que je dénonce cette mission à la hiérarchie. Mon chef d'équipe va me demander un rapport pour justifier mon incapacité à mener à bien le boulot qu'y m'ont filé. Pis bien sûr, il en demandera cinquante pages là où deux lignes suffisent. Me voilà coincé ici pour au moins une semaine le temps de ce faire.
Pendant que je regarde l'autre tête de pine partir au loin pour retourner jouer les agents de liaison à Attalia, j'entends le glou glou de mon oasis que mes deux employés versent dans les bidons.
Quel spectacle mes aïeux. Le matériel est miteux, la flotte de l'oasis est chaude et à peine buvable et mes salariés attribués d'office ont bien soixante balais chacun. Va falloir que je me magne de gagner du galon qu'on évite d'envoyer d'autres agents perdre leur temps parce que des putains d'incapables en hauts-lieux connaissent que dalle du travail du terrain ni aux moyens affectés pour chaque agent.
Cela dit... Avant de plier bagage, y'a quand même un beau coup à jouer. Même avec juste une paire de deux, pour moi, la partie est jamais perdue d'avance et y'a toujours moyen de repartir avec un joli pactole.
Sans me retourner, je demande l'air de rien à mes deux larbins :
- Dites l'gars, v'pouvez m'dire c'est quoi l'nom des entreprises chargées d'approvisionner Attalia en flotte ?
Dernière édition par Derrick Oletto le Mer 22 Fév 2017 - 7:45, édité 1 fois