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En terrain inconnu

Depuis l'épisode Suna Land je sentais que, petit à petit, une amitié se développait entre Gin et moi. C'était plutôt bon signe, cette folle dingue n'en avait sûrement jamais eu. Rien de mieux que de la complicité pour faire vivre un équipage. Et de cet « équipage » parlons en. Pour l'instant, nous étions deux membres, j'étais la capitaine et Gin n'avait pas de poste attitré, disons qu'on pouvait la nommer comme bras droit. Pour que tout se mette en forme, il me manquait un joli nom. J'avais déjà pensé à quelques nominations telles que : « l'équipage mura » ou encore « l'équipage de la gâchette folle» ou bien même « l'équipage à feu » mais je restais toujours dans l'hésitation parce que ces noms ne me convenaient qu'à moitié, il manquait cette petite étincelle, ce petit pep's. C'était à retravailler. Ensuite, et bien évidemment, il nous fallait un drapeau pirate. Je voulais une tête de mort sur fond noir, une tête de mort personnalisée avec deux armes à feu de chaque côté et des cheveux rouges comme les miens. Ça pouvait être classe non ? Mais il n'y avait pas que ça, il y avait un autre critère à respecter pour avoir un équipage : avoir des membres. Bon il fallait, en premier une navigatrice, c'était le plus important pour se repérer en mer. Il fallait aussi un cuisinier, pour ne pas crever de faim. Mais bien sûr, un médecin, car les maladies vont vites, et un musicien, pour mettre de la joie dans nos vies. Mais le critère le plus important restait le beau grand et fort bateau pirate ! Et ce n'était pas la coque de noix actuelle avec laquelle on naviguait qui allait nous faire voyager dans le monde entier.

J'avais beaucoup d'envie et je rêvais presque. C'était à la fois un défaut et une qualité. Pour le moment, il fallait rester réaliste et se dire que tout ça arriverait naturellement si on faisait tout pour. Mais à l'heure actuelle, ce n'était pas la première chose à laquelle penser. A l'heure actuelle, nous avions une terre en vue, direction plein nord, d'après la boussole que j'avais volée à un mec qui faisait une sieste il y a de cela quelques semaines. Le temps n'était pas agréable : y'avait beaucoup de nuage et le soleil semblait bien loin, bien caché. A première vue, pas de monstres marins et une voie de navigation dégagée. Un vent intense soufflait. Gin s'occupait de son cheval à bascule en bois tandis que je tenais la barre. C'était pas trop compliqué pour l'instant. J'avais presque envie de m'endormir. Je lançais la conversation pour me maintenir éveillé.

- On arrive bientôt.
- Bonne nouvelle, ce bateau commence sérieusement à me donner des courbatures.
- Arrête voir de te plaindre et réfléchis plutôt à ce dont tu as besoin. L'île à pas l'air top. On achète et on reste pas longtemps.

Et de loin c'était vrai, rien que de voir la noirceur des bâtiments et l'ambiance presque glauque ça donnait pas envie. Les minutes continuèrent de couler, le vent de souffler, les vagues de s'agiter, le soleil de se cacher et le bateau se mit à accoster. C'était un petit port, il n'y avait pas beaucoup de rafiot. Deux étaient explosés par tous les côtés, ça annonçait la couleur. Gin rangeait son cheval à bascule dans la cabine et prenait sa batte de Baseball. De mon côté, j'avais toujours mon minigun en bandoulière et mon bazooka dans le dos. Fallait être prêt à toutes éventualités. On sautait sur la terre ferme et je m'étirais, enfin quelque chose de plat, de dur, et pas remuant, ça faisait du bien. Nous nous mettions en route, j'avais quelques emplettes à faire.


Dernière édition par Aiko Nishimura le Dim 26 Fév 2017, 11:39, édité 3 fois
    Ainsi, nous étions arrivés à Las Camp, île de West Blue. On avait parcouru un beau petit bout de chemin. L'île avait pas l'air folle, assez sombre, assez triste, y'avait pas beaucoup de monde dans les rues. Des volets fermés, des vitres éclatées, un chat qui court d'un trottoir à l'autre, des traces rouges sur les murs, un cris par-ci, par-là. Cette île me rappelait Rokade, il y avait des similitudes. La seule chose qui changeait c'était que dans la patrie des bandits et des malfrats, tout le monde sortait quand il voulait, et y'avait toujours du monde dehors. Ici, c'était presque mort, on se demandait même si les maisons étaient habitées.

    - C'est encore pire que ce que je croyais. Cet endroit pue la mort.
    - J'avoue que là le comité d'accueil est un peu restreint. Ils auraient pu faire des efforts.

    On traversait une ruelle et à l'angle on se dirigeait à droite. Au loin je vis un groupe de personne, avec Gin, on décidait de s'approcher, histoire de poser quelques questions, rien de bien méchant. Le groupe était composé de deux femmes ainsi qu'un enfant, un garçon d'une dizaine d'année. Ils étaient maigrichons mais ce n'était pas si choquant à première vue. J'essayais de ne pas mettre mes armes en avant et Gin me suivait discrètement.

    - Huum, excusez-nous, y'a un problème sur cette île ? Comment ça se fait que les rues sont si vides ?

    L'une des deux femmes m'observa de haut en bas et ses yeux restèrent poser quelques secondes sur mes armes. Elle recula d'un pas et attrapa la main du garçon qui devait sûrement être son fils. Cette dame avait l'air d'avoir dans les quarante ans, ni plus, ni moins. L'autre femme était plus jeune, je lui donnais vingt-cinq, vingt-six ans. Elle tenait un énorme sac d'où je pouvais voir dépasser une bouteille de lait et quelques légumes. Ils avaient sûrement fait leurs courses.

    - Ecoutez, nous ne vous voulons aucun mal.. Pouvez-vous au moins nous dire où est le marchand d'arme le plus proche ?
    - Vous êtes sur Las Camp ! Ici si vous ne faites pas parti d'un gang ou de la marine vous êtes le bouc émissaire ! J'aurais préféré que mon fils vive autre part que sur une île d'opprimés ! Qu'il puisse aller à l'école normalement et ne se fasse pas racketter !

    Puis elle s'en alla sans demander son reste, bien trop énervée. Elle éprouvait certainement le sentiment d'être incomprise. L'autre demoiselle nous adressa à son tour quelques paroles.

    - Au bout de la rue prenez sur votre droite, puis sur votre gauche, il y a une boutique d'arme le long d'une ruelle.

    A son tour, elle s’éclipsa sans un mot de plus. J’échangeais un regard furtif avec Gin.  

    - Bon bah sympa, on a plus qu'à aller dans cette boutique et se barrer le plus vite de ce trou à rat.
      - Bah oui, droite gauche et une boutique, c'est si simple ! Depuis quand elle a pas fait le tour du quartier celle-là ?

      On avait suivis les indications de la petite jeune. On avait continué dans la rue, puis on avait tourné à droite, puis on avait continué jusqu'à tourner à gauche. On était censé tomber sur une boutique d'armement, tellement grande qu'elle aurait même dû s'étirer le long de la ruelle, mais y'avait rien. Face à nous, un vieux bâtiment délabré, vitres explosées, murs tintés, tags en tout genre, insultes et phrases illisibles. Affreux. Depuis quand les commerçants se faisaient tabasser ? A moins que cet endroit fut abandonné et non vendu. Auquel cas on comprenait mieux pourquoi c'était devenu ce dépotoir punching ball. Si c'est abandonné c'est comme si c'était à tout le monde.

      Je mettais mes mains dans mes poche. On était mal parti pour trouver quoi que ce soit sur cette île cancer. Pourquoi cette femme nous avait-elle dit d'aller ici si c'était pour ne rien trouver ? Me dites pas qu'ici les gens étaient tous fous et traumatisés ? Ou un piège ? Non. Trop peureuse pour ça. Je me posais trop de question. Aussi dépitée que moi, Gin donnait un coup de batte dans le mur.

      - Ça sert à rien de les imiter.
      - J'ai le droit de me défouler aussi.
      - Débile.

      Un regard noir et des insultes muettes qui valsaient. Toujours aussi aimable celle-là. Et en route. Elle me devançait alors je la suivais, je verrais bien assez tôt où ça nous mènerait. Au bout de quelquels mètres, je voyais une ruelle à droite. Une impasse où des sacs poubelles remplis et entassés les uns au-dessus des autres dégoulinaient des caisses. Des chats, pleins de chat zonaient. Trop maigres. On voyait leurs os, leurs poils hérissés, leurs dos ronds, leurs regards apeurés. Ils détruisaient le plastique qui ne renfermait rien de consommable, tout avait déjà été mangé. Ils se bâtaient à tour de rôle pour quelques bouts de viande moisis, verts et puants. Un spectacle plein de dégoût.

      Très vite, je me rendais compte de la pauvreté de l'île. Mais merde comment le gouvernement mondial pouvait laisser ces gens dans la misère ? Et encore j'avais pas tout vu. Juste trois personnes qui pouvaient se payer des courses et des chats. Le pire restait à venir. Je me demandais si y'avais des marines sur l'île ou même des classes sociales différentes. Après tout fallait bien des pauvres pour avoir des riches. Triste à dire. Gin s'était arrêtée et je pouvais entendre des cris, du bruit humain. Face à nous une pancarte sale avec une flèche au bout : Last End, écriture bâclée. Sûrement un quartier d'habitation.

      - Y'a l'air d'avoir du monde. Allons voir on trouvera peut-être une boutique. Quelque chose ou quelqu'un.

      Cette île était quand même très étrange. Le meilleur à faire c'était de se méfier de tout, vraiment tout.
        Last End hein. C'était presque un bidon ville. La rue était étroite et glauque. Peu de luminosité, une atmosphère étouffante. On y manquait vite d'air. Les habitations d’antan n'étaient plus. Aujourd'hui, c'était des taudis décrépis, des piaules défraîchies, des baraques délabrées et de tout un tas de ruines laissées à l'abandon. C'était moche. C'était un quartier moche. C'était  une île moche. Dans la rue où nous étions, il y avait des gens, un tout petit paquet de gens. Ils nous observaient, nous dévisageaient, certain nous suivaient même.

        J'arrivais pas à concevoir une telle poubelle sur les blues. On m'avait déjà parlé de Grand Line et de son « cimetière de pirate ». Je me doutais que y'avait ce genre de lieux là-bas, même peut-être pire. Je connaissais que les blues et Grand Line de toute manière, mais pas toutes les îles ; les bagnes, les prisons, les terres d'esclavagisme, les royaumes déchus, la guerre. Il y avait toujours pire. Mais là, le niveau était élevé. Je refaisais même une idéologie du gouvernement mondial dans ma tête, à ma sauce : laissez les pauvres s'appauvrir, les riches s'enrichir. Minable.

        - On tourne en rond là, y'a rien qui se passe. Sortons de cet endroit de merde.
        - Mouais doit bien y'avoir une route ou quelque chose pour se barrer.

        Je suivais Gin.

        Derrière-nous, une voix glauque, rauque et presque effrayante.

        - Dîtes, vous ne partez pas déjà ?

        Un gars pas trop maigre qui titubait une bouteille à la main. Pourquoi. Des yeux rouges, une mâchoire creusée, des cheveux gras, la dégaine d'un pauvre homme. Mais il était moins renfermé que les autres. J'haussais les sourcils, les épaules. Il savait peut-être comment nous aider. Tirons profit du maximum.

        - Si tu veux pas qu'on parte, amène nous à une boutique d'armement. Tu nous rendrais service.

        Ses yeux s'illuminèrent presque, comme s'il était sur le bon coup, étrange comportement.

        - Suivez-moi.

        J’échangeais un regard avec Gin, elle acceptait, on le suivait. Bye Last End, et ce le plus longtemps possible. Quoi que, pas si loin du quartier périmé, y'avait cette fameuse boutique. Magasin sombre. Devanture avec traces rouges. Vitres tachées. Pas accueillant. A l'image de l'île me direz-vous.

        - Et voici le commerce de la lune opaque !

        La lune opaque ? Hum. Entrons.