Les arbres s'alternaient, se bousculant les uns les autres comme si l'espace manquait. Et l'espace manquait, c'était certain.
Le mince sentier sillonnait à l'intérieur de la forêt asphyxiée par sa propre nature trop verdoyante, si verdoyante qu'elle assombrissait la zone avec ses hauts feuillages denses et ses branches gigantesques. Les agents avaient d'ores et déjà dû s'écarter du chemin principal à trois reprises. Les deux premiers pièges avaient été observés par le chef d'équipe. Le troisième s'était malencontreusement déclenché et avait manqué de faire mouche de justesse. Et Lydia de perdre la vie.
Les pièges... la zone en était truffée.
Tandis qu'Anna progressait dans son ombre, Larson lui demeurait silencieux, concentré sur le moindre espace où il était amené à mettre les pieds, enfonçant profondément ses bottes dans la terre pour que les agents à sa suite puisse marcher sur ses pas. L'atmosphère donnait l'impression de s'être refroidie mais il ne s'agissait là que d'un effet secondaire lié à l'absence de soleil et à l'humidité croissante, tandis que la route menait la mauvaise troupe plus en avant vers le centre de la zone.
Ils n'en étaient plus loin : cela allait faire près d'une demi-heure qu'ils marchaient et l'absence de bruits venait désormais leur rappeler qu'ils s'étaient suffisamment éloignés de l'orée de la forêt. Des bruits de bataille, des bruits provenant de la Route Impériale où les forces commandées par le vice-amiral avaient ultimement rencontré la résistance de celles commandées par... un curieux individu. L'escouade ne s'en croyait pas plus à l'abri du danger pour autant. Et pour cause : les trois membres doués d'Empathie avaient la curieuse sensation d'être épiés. Larson n'invalidant jamais l'hypothèse que d’hypothétiques ennemis eussent pu être en train de les observer, l'ambiance avait toutes les raisons d'être taciturne.
Et l'épais brouillard n'améliorait définitivement rien à la chose.
Le leader du groupe savait visiblement où il allait, d'autant plus qu'il était celui possédant la carte. Mais il n'y jetait pratiquement jamais un œil, gardant davantage ce-dernier rivé sur le sol noué par les racines et les plantes mortes qui n'avaient pas eu l'occasion de survivre sans lumière. Grâce à lui, ils devaient avoir évité un bon paquet d'embuscades, probablement plus même que l'albinos n'en avait détectés. Mais les chasseurs demeuraient à l'affût de leurs proies, attendant que la concentration du vieillard diminuât et que la forêt fisse la moitié du travail à leur place. Une joie qui n'était visiblement pas près de se concrétiser.
Car ce fut sans dommages que les cinq agents atteignirent finalement ce qui ressemblait à un camp. Un camp gigantesque mais désormais vide, abandonné. Quelques tentes gisaient, pour la plupart démantelées, au milieu d'un polygone de terrain bien délimité par des palissades. Et ce qui fut étonnant, lorsque Anna les observa attentivement avant de s'aventurer à la suite de ses collègues, fut l'exacte similitude avec laquelle avaient été plantés les rondins taillés en pique : ils dépassaient tous de la même hauteur du sol et tenaient pour contreforts des mottes de terre soigneusement millimétrées pour respecter les mêmes conditions. Soit la personne qui avait bâti ce camp s'était beaucoup appliquée, soit elle possédait le compas dans l'oeil et un outil très performant.
Car la fraicheur de la terre à peine remuée laissait penser que l'infrastructure ne datait pas... d'hier, justement. Mais de plus tôt encore.
- Je n'aime pas ça. ne put s'empêcher de remarquer l'agente tout en rejoignant son chef d'équipe.
Celui-ci hocha la tête. Bien qu'il sût la raison à tout ce fatras. Et s'il avait choisi de les amener droit dans la gueule du loup, ça n'était pas sans conviction. Malheureusement sa voix ne donnait pas l'impression d'apporter de bonnes nouvelles.
- Il était là.
- Qui ça ? demanda Lydia, elle aussi totalement larguée, à la recherche de la moindre explication.
Un silence régna tandis que les différents lascars regardaient autour d'eux. Tout d'abord à terre... puis dans les branches les plus hautes des arbres centenaires. Et ce fut précisément à ce moment que la blonde comprit, lorsqu'elle remarqua un mouvement presque imperceptible à l'oeil nu.
- Freema-
- Attention !
Une lame d'air prestement déclenchée par la jambe de l'agente vint heurter le projectile qui ciblait son supérieur. La flèche se brisa net et tomba mollement plus loin, sur l'une des toiles de tente abandonnées.
La première d'une longue série.
Mais le Soru allié au Geppou des espions s'avéra plus rapide. Et ce fut Anna qui fût la première à faire face à l'ennemi tapi dans les branchages, lui murmurant son funeste destin :
- Shigan.
Percé au cœur, le révolutionnaire chuta avant d'autres de ses confrères. Mais Cœur d'Acier ne s'arrêta pas là. Les soldats s'étaient concentrées autour d'eux, autour du camp désert, et il lui suffit d'étendre son Haki pour les localiser aisément.
Comble de malchance, ils étaient trois à profiter de cette capacité. Et même si aucun n'avait pensé à regarder au-dessus de leur têtes jusque là, c'était désormais les hautes branches qui en pâtissaient le plus. Trois hommes de plus repérés tombèrent sous les coups furtifs du CP9. Puis le chiffre grimpa rapidement jusqu'à une bonne dizaine... une bonne vingtaine jusqu'à ce que l'un des Pong ne soit violemment expulsé d'un tas de feuille. Et ne vînt s'écraser à terre. L'instant d'après, son frère l'épaulait, brisant les projectiles par la seule force de ses mains exercées aux arts martiaux les plus performants. Ainsi qu'à sa vision exacerbée par le Haki.
Finalement, quelque part là haut dans les arbres, quelqu'un reconnut la vanité de l'offensive. Et décida qu'il était temps de s'y prendre autrement.
Alors un homme en cape tomba sur le sol, suivi par ses sous-fifres. Plusieurs dizaines de sous-fifres. Mais l'homme qui les commandait n'était pas un vulgaire pèlerin, Anna pouvait le sentir. Se redressant lentement, celui-ci retira alors la capuche qui lui mangeait le visage, révélant une peau grise, cousue de cicatrices, et des cheveux d'un rouge sanglant noués en une longue natte tressée. Un portrait qui ne correspondait pas à cent-mille révolutionnaires... pas même à deux. Et on le lui avait souvent dessiné, pourtant. Comme s'il avait le don de pouvoir être partout.
Celui du Seigneur de Guerre de la révolution : Jonas Mandrake.
Le mince sentier sillonnait à l'intérieur de la forêt asphyxiée par sa propre nature trop verdoyante, si verdoyante qu'elle assombrissait la zone avec ses hauts feuillages denses et ses branches gigantesques. Les agents avaient d'ores et déjà dû s'écarter du chemin principal à trois reprises. Les deux premiers pièges avaient été observés par le chef d'équipe. Le troisième s'était malencontreusement déclenché et avait manqué de faire mouche de justesse. Et Lydia de perdre la vie.
Les pièges... la zone en était truffée.
Tandis qu'Anna progressait dans son ombre, Larson lui demeurait silencieux, concentré sur le moindre espace où il était amené à mettre les pieds, enfonçant profondément ses bottes dans la terre pour que les agents à sa suite puisse marcher sur ses pas. L'atmosphère donnait l'impression de s'être refroidie mais il ne s'agissait là que d'un effet secondaire lié à l'absence de soleil et à l'humidité croissante, tandis que la route menait la mauvaise troupe plus en avant vers le centre de la zone.
Ils n'en étaient plus loin : cela allait faire près d'une demi-heure qu'ils marchaient et l'absence de bruits venait désormais leur rappeler qu'ils s'étaient suffisamment éloignés de l'orée de la forêt. Des bruits de bataille, des bruits provenant de la Route Impériale où les forces commandées par le vice-amiral avaient ultimement rencontré la résistance de celles commandées par... un curieux individu. L'escouade ne s'en croyait pas plus à l'abri du danger pour autant. Et pour cause : les trois membres doués d'Empathie avaient la curieuse sensation d'être épiés. Larson n'invalidant jamais l'hypothèse que d’hypothétiques ennemis eussent pu être en train de les observer, l'ambiance avait toutes les raisons d'être taciturne.
Et l'épais brouillard n'améliorait définitivement rien à la chose.
Le leader du groupe savait visiblement où il allait, d'autant plus qu'il était celui possédant la carte. Mais il n'y jetait pratiquement jamais un œil, gardant davantage ce-dernier rivé sur le sol noué par les racines et les plantes mortes qui n'avaient pas eu l'occasion de survivre sans lumière. Grâce à lui, ils devaient avoir évité un bon paquet d'embuscades, probablement plus même que l'albinos n'en avait détectés. Mais les chasseurs demeuraient à l'affût de leurs proies, attendant que la concentration du vieillard diminuât et que la forêt fisse la moitié du travail à leur place. Une joie qui n'était visiblement pas près de se concrétiser.
Car ce fut sans dommages que les cinq agents atteignirent finalement ce qui ressemblait à un camp. Un camp gigantesque mais désormais vide, abandonné. Quelques tentes gisaient, pour la plupart démantelées, au milieu d'un polygone de terrain bien délimité par des palissades. Et ce qui fut étonnant, lorsque Anna les observa attentivement avant de s'aventurer à la suite de ses collègues, fut l'exacte similitude avec laquelle avaient été plantés les rondins taillés en pique : ils dépassaient tous de la même hauteur du sol et tenaient pour contreforts des mottes de terre soigneusement millimétrées pour respecter les mêmes conditions. Soit la personne qui avait bâti ce camp s'était beaucoup appliquée, soit elle possédait le compas dans l'oeil et un outil très performant.
Car la fraicheur de la terre à peine remuée laissait penser que l'infrastructure ne datait pas... d'hier, justement. Mais de plus tôt encore.
- Je n'aime pas ça. ne put s'empêcher de remarquer l'agente tout en rejoignant son chef d'équipe.
Celui-ci hocha la tête. Bien qu'il sût la raison à tout ce fatras. Et s'il avait choisi de les amener droit dans la gueule du loup, ça n'était pas sans conviction. Malheureusement sa voix ne donnait pas l'impression d'apporter de bonnes nouvelles.
- Il était là.
- Qui ça ? demanda Lydia, elle aussi totalement larguée, à la recherche de la moindre explication.
Un silence régna tandis que les différents lascars regardaient autour d'eux. Tout d'abord à terre... puis dans les branches les plus hautes des arbres centenaires. Et ce fut précisément à ce moment que la blonde comprit, lorsqu'elle remarqua un mouvement presque imperceptible à l'oeil nu.
- Freema-
- Attention !
Une lame d'air prestement déclenchée par la jambe de l'agente vint heurter le projectile qui ciblait son supérieur. La flèche se brisa net et tomba mollement plus loin, sur l'une des toiles de tente abandonnées.
La première d'une longue série.
Mais le Soru allié au Geppou des espions s'avéra plus rapide. Et ce fut Anna qui fût la première à faire face à l'ennemi tapi dans les branchages, lui murmurant son funeste destin :
- Shigan.
Percé au cœur, le révolutionnaire chuta avant d'autres de ses confrères. Mais Cœur d'Acier ne s'arrêta pas là. Les soldats s'étaient concentrées autour d'eux, autour du camp désert, et il lui suffit d'étendre son Haki pour les localiser aisément.
Comble de malchance, ils étaient trois à profiter de cette capacité. Et même si aucun n'avait pensé à regarder au-dessus de leur têtes jusque là, c'était désormais les hautes branches qui en pâtissaient le plus. Trois hommes de plus repérés tombèrent sous les coups furtifs du CP9. Puis le chiffre grimpa rapidement jusqu'à une bonne dizaine... une bonne vingtaine jusqu'à ce que l'un des Pong ne soit violemment expulsé d'un tas de feuille. Et ne vînt s'écraser à terre. L'instant d'après, son frère l'épaulait, brisant les projectiles par la seule force de ses mains exercées aux arts martiaux les plus performants. Ainsi qu'à sa vision exacerbée par le Haki.
Finalement, quelque part là haut dans les arbres, quelqu'un reconnut la vanité de l'offensive. Et décida qu'il était temps de s'y prendre autrement.
Alors un homme en cape tomba sur le sol, suivi par ses sous-fifres. Plusieurs dizaines de sous-fifres. Mais l'homme qui les commandait n'était pas un vulgaire pèlerin, Anna pouvait le sentir. Se redressant lentement, celui-ci retira alors la capuche qui lui mangeait le visage, révélant une peau grise, cousue de cicatrices, et des cheveux d'un rouge sanglant noués en une longue natte tressée. Un portrait qui ne correspondait pas à cent-mille révolutionnaires... pas même à deux. Et on le lui avait souvent dessiné, pourtant. Comme s'il avait le don de pouvoir être partout.
Celui du Seigneur de Guerre de la révolution : Jonas Mandrake.