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Prologue

De retour de Dead-End.

- « Alors comme ça, il t’a filé entre les doigts ? »

Koko gloussa en me servant un café. Elle se permit même de me tirer gentiment une joue pour se moquer encore plus de mon échec et de cet air grognon que j’affichais ; puis elle prit place à mes côtés avant de prendre un magazine qu’elle commença à feuilleter tranquillement. Pour ma part, je ruminais un peu ma connerie. Après coup, je m’étais finalement rendu compte que j’avais été assez con de n’avoir pas rapidement décapité le fameux Mahach. J’aurai dû. Sans hésiter. Sans me délecter de ses moments de souffrances comme le ferait un gros sadique. Affligeant. Il y a des jours où je m’étonnais moi-même. Ce constant m’extirpa un long soupir avant que je ne me mette à siroter doucement mon café.

- « C’est pas grave, va ! Tu auras l’occasion de le capturer une autre fois, non ? »

- « Mouais… Mais je devrais me farcir ce Joe Biutag là… »


Si je me savais fort, j’avais aussi appris récemment à ne plus sous-estimer mes ennemis. Le gars dont je parlais avait quand même une prime de plus de deux-cent millions sur la tête. Il devait être fort. Fort et fourbe. Réussir à se jouer de mon mantra grâce à une ruse vieille comme le monde, buter mes gars et se tirer de là sans trop de dommages avec ses hommes de main… Franchement, il fallait le faire. Du 2 contre 1, pour ne pas dire 3. J’ai presque failli oublier ce zoan qui avait été plutôt con de m’attaquer de front comme ça, sans aucune réflexion au préalable. Constatation qui montrait à quel point Joe Biuatag était plutôt intelligent. Et donc très dangereux. Mahach avait bien pioché niveau copains…

- « Sinon, Yamamoto est parti à Marijoa pour je ne sais quoi avec une partie de la flotte. Ketsuno, Toshinori et Ethan sont avec lui… »

- « Oooh ? Une raison à ça ? »

- « Tu me demandes vraiment ? »


Koko eut un soupir. Qui pouvait vraiment savoir ce qui se passait dans la tête de Yamamoto, parfois ? Je finis par hausser les épaules, avant d’avoir un petit rire. Peu importe ce qu’il allait faire… Il avait toute ma confiance de toute façon. Je pouvais bien l’appeler, mais j’avais la flemme. A notre prochaine rencontre, il me raconterait probablement ce qui l’avait poussé à s’en aller aussi vite. Je finis par vider ma tasse en me léchant les babines. Il était rudement bon le café. Pas étonnant vu qu’il avait été fait par Koko elle-même. Un vrai petit cordon bleu qui avait tout d’une chef cinq étoiles ! Mais alors que je comptais lui demander un autre verre, celle-ci prit la parole avant moi et ce très rapidement.

- « Ah au fait… Shane et quelques-uns de ses hommes ont disparu. »

- « Disparu ? »

- « On les a pas revu depuis l’affaire des révolutionnaires… »

- « Ah ? A peine deux trois jours quoi… Mais c’est rien… Ils doivent être en train de faire la fête, quelque chose comme ça… C’est mérité après notre taff ici ! »

- « Si tu le dis… »


Koko me regarda d’un œil à la fois triste et inquiet, ce qui au final m’arracha un sourire tendre et me poussa à l’ébouriffer gentiment.

- « Arrête de flipper ! Ce sont de grands gaillards ! Tu les connais aussi bien que moi ! Sur ce, j’vais me coucher. J’ai pas eu le temps de bien reposer depuis les révolutionnaires et ce putain de Mahach sur Dead End… »

Je baillai avant de prendre nonchalamment la direction de ma cabine pour une bonne nuit de sommeil. Koko, elle m’accompagna du regard, l’air pensif. Elle eut un pincement au cœur. Son intuition lui dictait que l’affaire n’était pas du tout aussi simple… D’autant plus que c’était sa relation spéciale avec Shane qui la poussa à me prévenir. Elle se mordit la lèvre, prit la tasse de café que j’avais vidé et partit la laver comme il se doit. Une larme finit par rouler le long de sa joue droite, mais elle se refusa de pleurer davantage et opta elle aussi pour une bonne nuit de sommeil. Tout ce qu’elle pouvait faire, c’était de croire en mes paroles et au retour de Shane tout en priant le ciel qu’il ne lui arrive rien.
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Deux jours plus tard.

Toc toc toc.


- « Ouvrez, c’est pas fermé. »

La porte de ma cabine s’ouvrit doucement alors que j’étais toujours plongé dans la lecture d’un livre érotique assez palpitant. Ce n’est que lorsque les personnes furent à l’intérieur et qu’elles refermèrent derrière elles que je levai mes yeux vers mes visiteurs. Koko, Hermest et Taizo se tenaient devant moi et vu leur mine, ça avait l’air de ne pas aller très fort. Je fermai alors mon bouquin avant prendre le temps de bien regarder chacun d’entre eux, puis je leur fis signe de déballer ce qui n’allait pas. Car je devinais bien à leurs gueules qu’il y avait un problème plus ou moins sérieux. Ils se consultèrent du regard, puis Koko s’avança de quelques pas, non sans le salut militaire de rigueur. En public, elle était différente.

- « Mon amiral. Aucune nouvelle de Shane et de ses hommes depuis maintenant cinq jours. »

- « Encore cette histoire… ? On en avait parlé avant-hier, à mon arrivée de Dead-end, non ? »

- « Mais… »

Koko était presque larmoyante. Au même titre que cette dernière, Shane était l’un de mes plus anciens éléments. Ça remontait carrément à Shell-Town, tout ça, d’où le fait qu’elle stressait à mort là où moi je m’en foutais un peu. Mes plus vieux frères d’armes avaient carte blanche pour faire ce qu’ils voulaient en période d’accalmie. Là, on glandait pépère sur Shabondy. C’était un peu mérité surtout pour moi qui avais dû me rendre d’urgence sur Dead-end pour essayer de mettre la main sur cet enculé de Mahach qui avait buté l’un de mes proches. Ceci dit, la réaction de ma cuisinière personnelle était tout de même notable. Ce n’était pas tous les jours qu’elle pleurnichait pour quelqu’un comme ça…

- « Ce n’est pas dans ces habitudes. Et j’avoue m’inquiéter moi aussi » Renchérit Taizo qui était pourtant un taiseux d’habitude.

Hermest, quant à lui, approuva de la tête en silence pour couronner le tout. J’eus un soupir et je passai une main dans ma chevelure. J’avais beau ne pas vouloir leur donner raison parce que j’avais confiance en Shane et que je connaissais sa puissance et son expérience ; mais force est de constater qu’ils avaient plus ou moins raison. Pour autant, je restais campé sur mes positions. Ego oblige. « Bon, ratissez toute la ville. Vous avez les galons pour mobiliser certains hommes, non ? » Je haussai mes épaules, réajustai la paire de lunettes que j’avais porté, avant de me remettre à la lecture de mon bouquin comme si de rien était. Mais c’était sans compter Koko qui n’en démordait pas.

- « On l’a déjà fait… Enfin, avec quelques hommes… »

- « Eh bien, refaites le avec un effectif plus conséquent. J’vous donne feu vert ! »


La jeune femme gonfla ses joues, là où les deux hommes soupirèrent. S’ils me respectaient plus que n’importe quelle autre personne, ils déploraient aussi mon laxisme et ma flemmardise. Il faut dire que tout ce dont j’avais envie ces derniers temps, c’est glander, glander et… Glander. J’avais trop bossé ces derniers mois. Un peu de repos ne me ferait pas de mal. Koko me tira la langue et se hâta à l’extérieur suivie des deux autres. Au seuil de la porte, Hermest s’immobilisa, voulut ouvrir la bouche, mais finit par la refermer avant de s’en aller en fermant derrière lui. Lorsqu’ils furent loin, je posai mon livre sur mes cuisses et je me mis à cogiter. Et si ? Et s’il s’était passé quelque chose ?

Le doute commençait à envahir mon esprit.

A leur retour, j’y verrais certainement plus clair.
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Le soir même, dans une salle de réunion du navire amiral.

- « Alors ? »

- « Rien. Alors qu’on a tout ratissé ! »


Cette fois-ci, pas de soupir de lassitude. L’affaire prenait une tournure assez inquiétante. Pas question de faire mon flemmard pour le coup. L’opération de recherche avait été réalisée par 1000 soldats. La commandante d’élite et chef de la base de l’archipel avait même pris part aux recherches. C’était vous dire. Quelques gars de mon équipage procédèrent à quelques arrestations et à des interrogations mais quedal. Personne ne savait où étaient passés Shane et ses hommes. Devant le rapport que me faisait Hermest, j’avais une mine réfléchie, presque sombre. J’avais été trop laxiste, trop confiant et je le payais d’une certaine manière. Enfin, avant moi-même de sombrer dans l’inquiétude la plus totale, il fallait que je me rende compte de deux trois trucs qui pourraient peut-être changer la donne.

- « Appelez Yamamoto et demandez-lui si Shane et ses hommes sont avec eux. On sait jamais. »


Koko écarquilla ses yeux. C’était comme si elle avait zappé cette éventualité. C’est donc avec hâte qu’elle alla chercher un den-den-mushi histoire de composer le numéro de Yamamoto. Mais dix minutes plus tard, celui-ci après revue minutieuse du détachement qui l’accompagnait, nous assura et confirma que Shane n’était pas avec eux. Il y avait bel et bien une couille quelque part. Ça sentait carrément pas bon. Koko était au bord de la crise de nerfs. Elle s’efforçait de ne pas exploser devant moi, vu que nous étions tout de même dans un cadre professionnel. Pour ma part, je finis par m’allumer une cigarette. La nicotine avait pour effet de m’apaiser. Un peu comme un joint quoi. Sauf qu’avec ça, j’avais la tête froide, presque reposée. Je pouvais mieux réfléchir et apprécier la situation dans laquelle nous étions.

Et puis, une idée me vint à l’esprit.

- « Je vais essayer de les localiser avec mon haki. »

A force de repos, tous mes sens s’étaient plus ou moins ramollis. Or, j’avais un pouvoir infaillible qui aurait pu faire le job. Je me levai alors sans rien dire, profitant des taffes de ma cigarette, avant d’aller ouvrir le hublot de la pièce. Le vent glacial qui vint s’engouffrer de force dans l’ouverture m’ébouriffa plus que je ne l’étais déjà. Ma chevelure était dorénavant un vrai champ de bataille mais là n’était pas le plus important. Le plus important, c’est que je fis usage de mon mantra qui recouvrit aisément tout l’archipel. J’entendis toutes sortes de voix. Mais au bout de cinq minutes, je stoppai le processus de recherche propre aux utilisateurs de Haki comme moi. Je n’avais pas entendu la voix de Shane ni senti sa présence. Pareil pour ses hommes. Il n’était donc pas dans le coin. Ça devenait vraiment mauvais…

- « C’est définitif. Il n’est pas sur l’archipel. »


La conclusion fut nette. Koko finit par fondre en larmes. Elle fut immédiatement réconfortée par une officière qui se trouvait également dans la salle. Cette dernière finit par l’emmener autre part. Ma cuisinière attitrée et lieutenante n’avait plus la force de continuer. Elle s’était bien trop investie dans cette affaire et son intuition avait été parfaite. Ce devait être elle qui avait interpellé Hermest et Taïzo à propos de l’absence de Shane. Une brave fille. Alors que je balançai mon mégot à travers l’ouverture du hublot, Hermest prit la parole : « S’agit-il d’une désertion ? » La question m’arracha un air étonné. Pour autant, j’admirais la franchise de l’homme qui ne tournait pas du tout autour du pot. Être direct, c’est une qualité louable, ma foi. Mais la question, au final, m’arracha un petit sourire. On parlait de Shane, là.

- « Impossible. Il crèverait plutôt que de me trahir. Je le connais bien. Même si je t’avoue que je ne m’explique pas sa disparition. »

- « Alors, se pourrait-il qu’il ait été enlevé ? »

- « Avec la totalité de ses éléments ? Encore une fois impossible. S’il s’agissait d’un combat, l’un d’eux auraient surement envoyé un SOS, quelque chose du genre. Leur tapage aurait rameuté du monde, dont quelques marines. Je ne pense pas qu’il s’agisse d’un combat qui a mal tourné ou d’un enlèvement d’un si grand nombre de marines sous votre nez… »


Et puis, on parle d’un p’tit vieux qui sait taper comme personne. Un lieutenant de la même veine que ceux qui étaient réunis avec moi, dans la pièce. Mais du coup, nous étions dans une impasse. Hermest essaya par la suite de le contacter par den-den sans succès, et Taïzo était muré dans son mutisme comme d’habitude. C’était bien beau de savoir qu’ils n’étaient plus dans les environs, mais il nous fallait un indice pour avancer. N’importe lequel. De ce fait, nous nous mîmes à cogiter. Pendant près de dix minutes, le silence régna. Un silence lourd et incommodant. Jusqu’à ce que je pense au plus évident… "Leurs cabines..." J’eus un murmure et je me tapai le front. C’était clairement l’endroit où il fallait commencer à enquêter. Si des gens avaient dû vérifier leurs cabines et dortoirs, personne n’avait pensé à les fouiller avec minutie.

- « Ordonnez aux hommes de fouiller leurs dortoirs et cabines. Tout doit être passé au peigne fin. Le moindre indice peut nous être utile. Allez-y ! »

Mes éléments se bousculèrent pour se mettre rapidement au boulot. Pas la peine de le dire deux fois de suite.
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Dix minutes plus tard…

- « Boss ! L’un de mes éléments a trouvé quelque chose. »

Alors que je patientais dans la même pièce, clope au bec, Taïzo avait fini par se pointer avec une lettre en main qu’il me tendit aussitôt. Dessus, on pouvait lire sur le dos de la lettre "Pour l’amiral Fenyang". Avant que je ne l’ouvre, Taïzo me fit comprendre que cette missive avait été trouvée dans le placard de Shane, sous une tonne de vêtements. Je pouffai de rire. C’était bien son genre de faire des trucs pareils. Et aucun doute sur l’écriture. C’était assurément la sienne. Par la suite, j’observai la lettre en réfléchissant. S’il l’a planqué là, c’est qu’il voulait très certainement gagner du temps. Le contenu de la lettre allait donc me dévoiler un bon nombre de choses. De ce fait, je l’ouvris sans plus tarder, avant de commencer à la parcourir. La lettre était brève, sans formalités inutiles et elle allait à l’essentiel.


Mon amiral.

Je tiens d’abord à m’excuser pour mon absence et les torts que cela va engendrer. Je sais qu’une simple lettre comme celle-ci ne pourra pas me faire pardonner, mais en votre absence, je n’ai d’autres choix que de procéder de la sorte. D’ailleurs, je suis sûr que vous tomberez dessus rapidement. Je ne mentionnerais pas les raisons de ce départ, mais sachez que ce n’est pas une désertion. J’aime la marine plus que tout et je considère notre flotte comme une seconde famille. Ceci étant dit, parce que je ne souhaite pas la déranger avec mes problèmes personnels, je prendrai la mer ce soir.

J’aurai bien voulu partir seul, mais tous les hommes sous mes ordres ont décidé de m’accompagner de gré ou de force, alors je n’ai pas d’autres choix que de les embarquer avec moi. Un retour aux sources s’impose et je suis sûr que vous me comprendrez plus que n’importe qui d’autre dans la flotte. Il y a des moments où nous n’avons pas le choix. Et ce moment pour moi est arrivé. Je ne peux pas faire autrement.

Merci pour tout ce que vous avez fait pour moi. Pour nous.

Je vous promets de revenir une fois mes problèmes réglés et j’accepterai avec joie la sanction qui me sera infligée.

Ah, et dites a Koko de ne pas s’inquiéter. Je reviens très vite.

A bientôt.

Shane.


Après l’avoir lu à voix haute pour les autres officiers qui étaient rentrés dans la pièce, je posai la lettre sur la table pour m’allumer une nouvelle clope, encore. La lettre provoqua diverses réactions. Tristesse, colère, mais surtout de l’incompréhension pour le plus grand nombre d’entre nous. Pour ma part, je n’osais pas imaginer ce qui se passait, mais une chose était sûre : Il était dans la merde. Laquelle ? Va savoir. Des questions se mirent alors à fuser un peu partout : De quoi parlait-il ? Pourquoi ses hommes l’avaient-ils suivi ? Où est-ce qu’il était parti ? La liste n’en finissait pas… Si la première question n’avait pas de réponses, les deux dernières, si. La deuxième était toute trouvée : Il avait tout simplement des hommes de confiance, de vrais amis. C’était aussi cette sensation que j’avais avec toute ma flotte.

Quant à la dernière…

- « Il se dirige vers Myriapolis. C’est son île natale. Et c’est certainement de ce coin dont il fait mention en parlant de retourner aux sources. Mais quelque chose de grave a dû se passer. C’est évident, en même temps… »


Stupeur. Tout le monde se retourna vers moi. A croire que personne ne savait d’où il venait. En même temps, Shane n’était pas un homme qui se lâchait sur sa vie privée ou ses origines. Il en avait même un peu honte vu les relations quelques peu houleuses entre son pays et le Gouvernement Mondial. D’ailleurs, nous n’en avions parlé qu’une seule fois, mais je me rappelais encore de l’amertume et de la gêne qu’il avait lorsqu’il me causait de ses origines. Il ne serait d’ailleurs pas risqué de dire qu’il détestait Myriapolis, carrément. Traumatisme sans aucun doute. Lorsque je finis de raconter tout cela aux autres officiers, je fis craquer les jointures de mes mains. J’allais devoir faire du tourisme avec quelques-uns de mes éléments ; parce que dans mon esprit, c’était déjà tout décidé : J’allais me diriger vers Myriapolis à mon tour.

Adieu les congés. Mais ça en valait clairement la peine.
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Quelques heures plus tard près d'une caravelle, aux environs de minuit…

- « SALEM ! »

- « C’est vice-amiral ou amiral, à ta guise… »

- « Emmenez-moi avec vous. S’il vous plait amiral ! »

- « C’est non… »


Le visage de Koko se décomposa. C’était comme si je lui crachais à la figure devant les cinq éléments qui étaient derrière moi. Ces derniers ressentaient de la peine pour la jeune femme qui était certainement la plus proche de Shane. Alors, c’est toute larmoyante qu’elle se mit à serrer la mâchoire et les poings, presque prête à me défier pour monter dans la petite caravelle que m’avaient dégoté des civils de l’île. Car j’étais prêt à mettre le cap sur l’île natale de Shane avec uniquement cinq personnes et un bateau sans aucun symbole ou inscription qui trahirait une quelconque appartenance. J’avais presque procédé de la même manière pour gagner Dead End quelques jours auparavant, à ceci près que j’allais faire profil bas pour pouvoir ramener Shane et sa clique sains et saufs. Le plan parfait quoi…

- « Pourquoi… Pourquoi tu me fais ça à moi, Salem… ? Qu’est-ce que j’ai fait de mal pour ne pas pouvoir faire partie du voyage… ? »

- « … »

- « POURQUOI TU ME RÉPONDS PAS ?!! »


J’aurai pu lui dire qu’elle n’était pas assez forte pour nous suivre, mais c’était faux. Du moins physiquement. Sinon niveau mental, c’était pas ça, mais clairement. Koko allait faire office de boulet que j’allais trainer et je ne voulais pas ça. Je misais certes sur la force, mais aussi sur les nerfs d’acier qui allaient avec. Ceux que j’avais choisis soigneusement étaient bien taillés pour cette mission officieuse. Je m’approchai tranquillement de la jeune femme et voulut lui caresser la tête, mais elle dégagea ma main d’un geste rageur. Je restai un moment interdit face à sa réaction, avant de soupirer et de me gratter la nuque, l’air gêné. Cette action venait conforter ce que je pensais d’elle. Si je l’emmenais avec moi et que le pire s’était produit, elle risquait de péter un câble et de faire une connerie. Une grosse même…

- « Je reviendrai avec eux. Je te le promets. Ne me force pas à te faire mal ou te faire enfermer… C’est la dernière chose dont on a besoin actuellement… »

La cuisinière finit par s’éloigner au pas de course, les larmes aux yeux. Elle fut suivie par quelques personnes de la flotte qui compatissaient également. J’avais de toute façon prévenu les plus gradés qui restaient sur place que j’allais partir sur Myriapolis pour sauver les fesses de Shane avec cinq personnes : Hermest, Taizo, Lizzie, une toubib très compétente et deux autres gars assez solides pour tenir la route. Je la regardai disparaitre dans la pénombre du groove sur lequel on était, avant de me tourner vers la caravelle et d’y grimper en deux temps trois mouvements. Une fois dedans, nous levâmes l’ancre dans le plus grand des silences et l’embarcation s’éloigna doucement mais surement de l’archipel. La doctoresse du navire finit par soupirer et me regarda d’un air carrément désapprobateur. J’étais le grand méchant de l’histoire quoi…

- « Tu vas pas t’y mettre toi aussi ? »

- « Qu’est-ce que vous croyez ? Que j’allais vous sourire comme une pauvre conne ? Solidarité féminine oblige, monsieur le vice-amiral ! »


Et sur ce, Lizzie rentra dans sa cabine et claqua la porte derrière elle. Coi devant la réaction de la brune -Très pulpeuse-, j’avais fini par hausser mes épaules avant de m’allumer encore une cigarette. Si les deux autres sous-officiers s’occupaient de l’avancée du navire, Taizo était assis en tailleur dans un coin entrain de méditer, tandis qu’Hermest, bras croisés, regardait l’horizon d’un air vague : « J’espère qu’on ne fait pas mauvaise route… Et qu’ils ne sont pas morts. » Sa déclaration me fit lever un sourcil. Je n’aurai jamais cru qu’il se souciait des autres, lui. Première surprise. Je pouvais d’ailleurs sentir à travers mon haki de l’observation qu’il ne mentait pas du tout. C’était tout à son honneur. Alors que je profitai de la première taffe de ma cigarette, je levai les yeux vers le ciel étoilé qui était à la fois beau et triste…

- « J’espère aussi… On le saura bien assez vite de toute façon… »

Et sur cette déclaration, je décidai de rentrer dans ma cabine.

L’air devenait froid et cette nuit illuminée promettait d’être longue.
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