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[Quête] Une nouvelle banque pour les rafler toutes

Rhei fumait tranquillement dans son coin, un bel œil au beurre noir arborant son visage, qui était loin d'être celui d'un ange sur le coup. Fatiguée, les yeux pleins de cernes, elle commençait à se dire que Hat Island, l'île qu'elle voyait comme paradisiaque, n'était en fait qu'un enfer qui ne lui permettait pas d'exprimer son talent. Tout d'abord, les primés étaient bien défendus, et même parfois par d'autres Criminels. C'était comme s'il s'agissait d'un conglomérat des bandits indépendants, mais qui se foutent quand même sur la gueule quand il n'y a pas d'ennemi commun. La chasseuse de primes, qui n'était pas du genre discrète, s'était faite connaître plus par ses paroles que par ses actes, et rapidement, une bande de malfrats un peu trop puissants lui étaient tombé dessus et l'avaient rouée de coups avant qu'elle ne parvienne à s'échapper. Prendre les pirates en groupe n'était pas quelque chose de possible, et l'ouvrir aussi.

« Vous v'lez quoi m'zelle ? »

Le gérant du « Saloon », un vieil ivrogne qui buvait au goulot les bouteilles qu'il servait, avait voulu s'accouder au comptoir, mais il avait glissé, et maintenant, même s'il tenait en diagonale sur le bar, continuait de réaliser son boulot, pendant qu'un combat avait commencé au milieu de la taverne.

« J'vais prendre un Whisky. »

« Oh, lequel de Visky ? Paske j'en ai plein moi m'zelle ! »

Alors qu'un amoureux de la grammaire râlait sur cette approximation sur les prononciations de la part du tavernier, il y eut un bruit de verre cassé, et la bouteille qui avait percuté son crâne l'empêcha d'aller plus loin que l'action d'ouvrir la bouche, et s'effondra au sol. Il y avait un combat, et pourtant Rhei restait sur son siège, à attendre pour boire pendant qu'elle crapottait sans la moindre honte, les coins fumeurs n'existant pas réellement à ce moment, et les scénaristes n'enlevant pas ce fameux cigare qui attirera les foudres des spectateurs, qui mettront ensuite à chaque annonce « Machin peut avoir un power up, mais Bidule ne peut pas avoir de cigare. » Le tavernier glissa le bas de son corps afin qu'il puisse être droit, attendant une réponse de celle qui avait oublié de répondre.

« Bah zalors ? Vot' Visky ? »

Il y eut déclic, le regard dans le vide, Rhei se redressa d'un coup, cligna des yeux, puis se les frotta pour ne pas s'endormir à nouveau...

« Ah ouais merde... Euh... Le moins cher... »

« Vokay ! J'vous sers cha ! »

Il saisit la bouteille où mascérait le liquide, qui semblait avoir mal tourné. Ouais, on ne vérifiait pas trop si le produit était réussi ou non dans ce saloon. Mais le gérant, même si son corps gras semblait montrer une certaine résistance à tout type d'aliments, même empoisonnés, en bu une grande quantité sans se mettre à tomber au sol, ni à convulser, ce qui voulait dire que c'était buvable. Lorsque le liquide se versa dans le verre destiné à la chasseuse de primes, une forte odeur nauséabonde remplit la salle. Ce n'était pas du whisky qu'elle allait boire, mais plutôt quelque chose qui ressemblait et sentait le jus de chaussette. La nausée fut la première chose qui survint en terme de réaction au parfum, et c'était normal parce que comme dit plus tôt, il était nauséabond. Avalant difficilement sa salive, Rhei sentit qu'il lui fallait maintenant de l'argent... Parce que ça ne pouvait pas continuer...

« Bon ben... A la gloire et à la fortune... »

Sauf que les deux croyances n'en avaient rien à faire d'une chasseuse de primes qui semblait à la fin de sa vie. Gloire et Fortune ne venaient pas pour n'importe qui, il fallait aller les chercher, ou tomber dessus par hasard. Elles ne bougeaient pas, et des fois les gens les confondaient avec le surdéveloppement de l'égo. Le whisky englouti, Rhei tira la langue de dégoût, frappa le verre qui semblait mal lavé sur le bar, et partit là où elle logeait : dans une auberge où les lits grançaient, faisaient mal, et où les prostituées semblaient avoir fait leur nid. D'ailleurs, il y avait quelques clients qui s'étaient trompés de chambre pendant la nuit, donc les premières nuits à se faire peloter sans raison, il fallait rester éveiller pour éviter d'être pris pour la femme d'un bordel...

Les jours passaient, et Rhei se disait qu'il lui fallait de l'argent. Cependant, son état n'aidait pas... Alors elle faisait des jeux, gagnait de quoi vivre et de quoi payer l'auberge... Puis elle découvrir que les étables pour les chevaux faisaient de bon lits. Surtout la paille. Alors la journée, pour rattraper son sommeil, elle se trouvait une botte de foin vide et terminait de se reposer, avant de se réveiller naturellement, ou encore de recevoir des coups de sabots de la part d'un animal, pour 90% du temps des chevaux et 10% des autres des vaches et taureaux. Avec un certain mal de crâne et une haleine de ce qui caractérisait 90% des animaux qui squattaient les boxes remplis de foin (d'après les calculs de Rhei), la pistolero s'entraînait dans son coin, et donnait des défis à des personnes non-criminelles et s'amusait bien, sauf que les poches vides, ce n'était pas vraiment quelque chose de génial, et pour le moment, la Chasseuse de primes ruminait dans son coin...

Alors qu'elle se baladait à la recherche d'une tête primée pour augmenter ses fins de mois, se permettre de rire à pleine voix dans un saloon digne de ce nom, et pouvoir fêter ça avec une bonne bataille générale dans la joie. Mais après quelques allers et retours vers Bull City, il n'y avait rien de véritablement affolant. Les primés présents semblaient être beaucoup trop puissants pour le moment, et la petite racaille préférait rester discrète pour le moment. Mais des informations commençaient à entrer dans ses oreilles. Des informations, qui venaient plutôt des habitants, et il s'agissait de la suivante : une banque était en construction, et il s'agissait d'une nouvelle compagnie qui avait engagé un primé pour la construire. Le nom fut donné : Paul Mytic, un porte-monnaie sur patte. Rhei, elle qui était maintenant réveillée avec une marque de sabot sur le short, s'approcha des personnes qui avaient refusé que le narrateur ne diffuse leur dialogue ainsi que leur image, donc ils ne seront pas décrits.

« Excusez-moi, messieurs ! Où se trouve cette fameuse banque ? Je suis une chasseuse de primes ! »

On lui donna les informations suivantes : la banque en construction était à une centaine de mètres de là. Toujours en construction, Paul Mytic était du genre à travailler tous les jours, et quand il ne travaillait pas, il tentait d'observer les autres banques, pour noter les informations qui amélioreraient ses talents de constructeur. On prévint la Chasseuse de primes qu'elle risquait d'avoir des ennuis.

« Ouais c'est bon je comprends ! Vous inquiétez pas pour moi, j'm'en sortirai. »

Arrivant bien vite sur les lieux, Rhei voulait faire du travail vite fait et bien fait. Regardant ses primes, pour reconnaître physiquement le bâtisseur criminel, elle le trouva bien rapidement. Comme il n'y eut pas vraiment de réflexion, la description de l'action sera assez rapide : Sortant directement son six coups afin d'en finir au plus vite, Rhei commença à ne pas prêter attention aux détails qui l'entouraient. Normalement, tout individu de toute île la laisserait faire, parce qu'il s'agissait de quelqu'un recherché par la Marine. Normalement, elle l'avait regardé, aucun autre primé n'était présent. Normalement, un membre de l'ordre comprendrait tout cela et ne l'arrêterait pas. Mais dès qu'elle sortit son arme et la pointa vers l'homme de ses rêves (surtout pour son argent), Rhei fut plaquée au sol, frappée, menottée et envoyée au tribunal. D'un coup, elle vit les berries sur patte s'éloigner d'elle, pendant qu'elle était traînée, un peu sous le choc et silencieuse, jusqu'au tribunal.
    Le tribunal en question était un grand bâtiment fait de bois, un peu ancien d'après les installations qui paraissaient plutôt instables, mais la pancarte bancale où il était marqué « Nouveau Tribunal » semblait indiquer qu'il s'agissait d'un travail réalisé par des personnes qui étaient pressées par le temps, où qui avaient compris que dans cette ville, faire des bâtiments bien voyants et luxuriants, ça ne servait qu'à attirer les personnes qui cherchaient des objets de valeur, comme des billet de Berries, de l'or ou d'autres choses qui pouvait intéresser tout Criminel. Ou était-ce parce que le tribunal en lui-même n'était pas quelque chose de bien rassurant ?

    Dehors, on entendait quelques personnes crier « La pendaison ! La pendaison ! » si bien que la pauvre se croyait déjà être la victime innocente de l'une des aventures de Luke le Chanceux. La population ici semblait être remplie de crasse, et croire en une Justice de la Marine signifiait sûrement une injure à celle de l'île. Mais le mot réveilla soudainement l'instinct de survie d'une chasseuse de primes, qui au lieu de mettre les Criminels derrière les barreaux pour récupérer leurs primes, c'était elle qui se retrouvait sur le banc des accusés... Pour avoir tenté d'arrêter un Criminel. Maintenant pleine d'hématomes dans le dos, sur le ventre, la pommette et l'arcade ouvertes, les deux yeux entourés d'une couleur noirâtre, elle n'était pas bien en forme pour gueuler quoi que ce soit. C'est donc entre deux toussotements qu'elle prit la parole.

    « Eh... Y s'passe quoi là ? On m'emmène où ? »

    La pistolero savait très bien où elle allait...

    « T'verras ben la f'melle ! 'fin, pas longtemps Djyéhéhé ! »

    Alors que le type devant, un grand baraqué qui semblait faire partie des forces de l'ordre locales, était en train de ricaner dans son coin, le reste affichait un air fier... Cela faisait un moment que personne ne s'était déclaré aussi facilement, et que du coup, les pendaisons se faisaient au jeu de la fléchette parmi les feuilles d'impôts. La règle était simple : une personne était choisie au hasard pour lancer sept fléchettes, une pour chaque jour de la semaine. Le premier touché se faisait pendre le Lundi, le second le Mardi etc... Bien sûr, le lanceur de fléchettes pouvait toucher son propre bulletin, ce qui l'amenait à se faire pendre en premier, histoire qu'il ne cherche pas à s'enfuir. Une méthode pratique qui empêchait les citoyens de s'ennuyer et de vivre dans la peur. Heureusement, il existait des moyens assez simples pour éviter de se faire pendre facilement : dénoncer quelqu'un, ou encore capturer un étranger, une personne armée qui voulait capturer un primé, et ainsi réduire le risque de se faire avoir par ce jeu. Rhei faisait partie de ces gens qui n'avaient pas agi au bon moment. Comme si elle était essoufflée, elle parla faiblement, sans grande conviction dans sa voix.

    « C'pas moi qu'il faut zigouiller... J'faisais mon boulot moi... C't'un criminel c'lui qu'vous avez sauvé... »

    La réponse fut simple et brève : Les Criminels de la Marine n'étaient pas forcément les Criminels de l'île, et ils payaient bien, et voulaient ouvrir une nouvelle banque. Même si les autres institutions n'étaient pas vraiment d'accord avec le fait de partager leurs richesses, le tribunal aimait toujours qu'on le gratifie d'une certaine augmentation afin de réaliser de meilleurs jugements. En gros, la corruption y était grande et normale. La Marine risquait d'avoir beaucoup de travail afin de s'imposer en ces lieux. Même les habitants trouvaient normal d'escroquer, et tous les tours étaient permis. Non menottée, seulement ligotée au niveau des mains et non désarmée, Rhei se laissa penser que c'était pour que ceux qui n'arrivaient pas à contenir leurs émotions craquent complètement et ne menace le juge, avant de se faire attraper de nouveau. Le but était de rendre la pendaison encore plus belle que ce qu'elle ne l'avait été. On la plaça vers l'avant d'une file d'attente, où les plus petits crimes étaient derrière, et les plus grands devant. Personne ne râla, parce que cela voulait dire que leur sentence risquait d'être rallongée de quelques minutes. Rien de bien grave, mais en grappillant minute après minute, on se retrouvait avec des heures, mais jamais des journées entières à pouvoir être sauvé.

    Dans cette file d'attente, il y avait de tout : des hommes d'âge mûr, des plus âgés, des très vieux, des jeunes, des enfants, des jeunes femmes, des commères, des grand-mères, des chiens, des chevaux, des vaches, de jeunes mariés, des chasseurs de primes (dont Rhei), des pirates (que Rhei aurait bien voulu chopper pour leurs primes), des révolutionnaires, des Marines, des croque-morts, des boulangers, des mercenaires, des marchands, des étrangers, des locaux... C'était à se demander comment une file aussi grande pouvait tenir dans un bâtiment aussi misérable. Et surtout comment toutes ces personnes ne se concertaient pas pour s'échapper... La réponse fut des plus simple : il fallait ajouter dans la liste de faux prisonniers, là pour maintenir l'ordre dans les rangs. Ils soutiraient aussi des informations chez certaines personnes, afin de savoir s'ils cachaient des amis qui auraient pu réaliser un crime.

    Rhei fit la connaissance pendant la file d'attente de Oako, un Samuraï qui ne venait pas de Wano, et qui avait voulu réaliser l'un de ses rêves : Partir sur une île corrompue afin d'en être le héros. Malheureusement, il avait tenté de sauver la veuve et l'orphelin en s'attaquant, sans le savoir, à la JUSTICE de la ville. D'ailleurs, la veuve et l'orphelin se trouvaient juste devant lui, leur crime était d'avoir volé une pomme et amené un étranger dangereux qui aurait pu mettre à mal la sécurité des honnêtes citoyens de l'île. Mais leur crime reposait surtout sur l'étranger, la pomme, étrangement, venait après, alors qu'elle avait été kidnappée et dévorée vivante sans la moindre pitié alors qu'elle avait décidé de devenir le logement d'un ver. Derrière, il s'agissait de Joe le borgne, qui avait encore ses deux yeux, et c'est pour ça qu'il était jugé aujourd'hui d'ailleurs.

    Le juge passait rapidement d'un coupable à un autre, et souvent, on entendait un début de tentative de défense, d'insulte, ou autre, avant que l'on entende « COUPABLE ! ». Et des fois, la personne ne parlait pas, et l'audience, déçue, voyait un juge tout aussi déçu souffler dans un élan d'ennui ce même mot, ce qui ravivait la folie de la foule. Dans un coin, et sur une charrette, les cadavres s'empilaient comme les mouches. Le lancer de fléchettes risquait d'être retardé d'un bon bout de temps. Jusqu'à ce que les autorités s'ennuient en fait. Une fois que la veuve et l'orphelin furent finalement pendus avec difficulté, parce que quand le garçon étouffait, la femme respirait tranquillement, donc ils ont fait en sorte que la femme s'étouffe avec la corde, et le garçon s'étouffe dans la poitrine de madame. Etrangement, l'une des personnes était morte heureuse. Oako mourut en silence, ce qui attira l'ennui. Puis vint le tour de Rhei.

    Elle s'était toujours attendue à avoir une mort avec des cris pour elle, qu'on présente son nom haut et fort, qu'elle soit une idôle pour certains, une crainte pour les Criminels. Pourtant, elle ne sentit rien de tout cela lorsque le juge hurla

    « SUIVANT---E ! »

    La Chasseuse de primes s'avança, bien amochée par le temps et les coups passés sur l'île. Son regard hagard croisa celui, ennuyé du juge, qui bailla son « coupable ».

    « Eh ouais, grosse larve... »

    Le juge, qui était maigre, s'emplit de rouge, et se mit à sourire ! La foule acclama en même temps que lui :

    « COUPAAAAAAAAAAAAABLE ! »

    A croire qu'il s'agissait d'un concert et que tout le monde connaissait les paroles de la chanson. Mais quand même... Rhei regarda l'objet de sa future exécution, et eut quelques difficultés pour avaler sa salive. Un peu trop même... Elle cracha par terre, mais son mollard, plutôt mal craché, vint s'accroché avec un filet sur les lèvres de celle qui essayait de secouer la tête afin qu'il tombe par terre. Au final, elle s'essuya discrètement sur celui qui l'approcha de la potence.
      Lorsqu'elle monta sur l'estrade, si l'on pouvait appeler ça comme ça, Rhei remarqua, à part de la foule qui la regardait avec un air plutôt enthousiaste, c'était le fait que le sol grinçait affreusement à chaque pas qu'elle faisait. Elle ne s'était pas rendu compte de ce détail auparavant, mais plus elle se disait qu'elle allait sûrement mourir ici la faisait se rendre compte de détails extérieurs plutôt inutiles. En fait, en ce moment précis, la chasseuse de primes avait peur. C'était plutôt normal, n'est-ce pas ? Pourtant, elle pouvait avoir une poussée d'adrénaline qui lui permette de s'évader, chose qui n'arriva pas. Elle pria juste la chance pour que la corde, usée, lâche à son passage. Parce que là, l'idée de se retourner contre tout un public ne lui disait rien qui vaille, et ce même si son six coups était chargé et prêt à faire feu.

      Le cordage passa autour du cou de celle qui regarda, un air surpris s'affichant petit à petit sur son visage. Elle n'arrivait pas à croire que celui-ci recevait de l'argent pour tous les jugements qu'il était en train de faire. Et que, juste devant une personne qui était sur le point d'être exécutée, il comptait tranquillement les billets qu'on lui avait passé afin de faire pendre certain personnes. Mais surtout, personne ne semblait s'en plaindre. Au contraire, les gardes étaient fiers d'avoir dépensé toute leur fortune mise de côté afin de se permettre un tribunal  rapide et précis. Le juge disait qu'il s'agissait d'un moyen de repayer des constructions dignes de ce nom. Cependant, il dépensait l'argent un peu partout sauf dans l'immobilier. Après tout, son marché fonctionnait et cela ne le dérangeait pas. D'ailleurs, il aurait pu devenir PNJ, malheureusement, son histoire et son scénario ne faisant pas partie de ce scénario, et Rhei n'étant pas une justicière, il ne fut qu'un simple juge comme beaucoup sur cette île : corrompu.

      Les personnes qui s'occupaient de la pendaison lui donnèrent des instructions plutôt claires. Dans leur regard, on pouvait sentir qu'ils aimaient faire leur travail, mais qu'au fond, non pas qu'il y ait une once d'humanité en eux, c'était plutôt qu'ils commençaient un peu à s'ennuyer. Pendant qu'il demandaient à Rhei de se placer juste au-dessus d'une trappe qui ne servait qu'à faire bascule pour que la jeune fille n'ait pas d'appuis lors de sa pendaison. Sinon la cérémonie risquait de durer un peu plus longtemps que prévu. Et pendant ce temps, le duo discutait tranquillement du repas qu'ils allaient avoir, et rien qu'en entendant ça, le ventre de la future exécutée se mit à gargouiller. Pour le duo, cela relevait du fait qu'elle soit devenue logique, car n'importe qui aurait faim en entendant parler de ces petits plats préparés par leur femme. Ils passèrent la corde autour du cou de la demoiselle, et actionnèrent un levier. La trappe s'ouvrit...

      Et les souhaits de Rhei se réalisèrent. La corde céda immédiatement. Elle bascula dans e trou mais son corps, lui, partit vers l'arrière, la forçant à atterrir sur le bas du dos. Ses mains heurtèrent rapidement le sol, et par manque de possibilités de se rattraper, bascula vers l'arrière en même temps que son arme commençait à quitter son ceinturon, mais aussi que ce qui lui faisait office de cape s'accrochait à la gâchette de ce même revolver. L'effet fut plutôt automatique, mais ce fut plutôt Rhei qui comprit ce qu'il fallait faire maintenant, et c'était réagir. Bougeant ses jambes pendant la chute pour éviter toute balle dans sa propre tête, la chasseuse de primes changea la direction du canon de son arme, qui glissa complètement en dehors de son étui, pointé en direction... Du juge, qui s'écria, en même temps que le coup de feu retentit lorsque la tête de la condamnée heurta le sol :

      « COUPABLE DE GROSSESSE !! »

      Alors qu'il voulait dire « surpoids » et que le duo de bourreaux étaient en train de se dire qu'une nouvelle corde de basse qualité avait été cassée, sûrement fragilisée par le passage de la veuve et de l'orphelin et qu'il s'agissait quand même de la troisième de la semaine alors qu'ils n'en étaient qu'au début, le coup de feu fit se taire toute l'assemblée, sauf le juge, qui après avoir déclaré ces mots, reporta son regard vers la liasse de billets qui était... déchirée en plusieurs petits morceaux. Plein de Berries qui venaient de s'envoler sur un coup de feu des pus surprenant de l'histoire. L'homme, maigrichon avec une perruque qui lui donnait l'impression d'avoir un volume capillaire au-delà de toute limite, regarda un moment les petits morceaux de papiers au sol. Laissant toute la salle dans un silence pesant, laissant le temps à Rhei de se remettre d'aplomb et surtout debout.

      « Aïe ! Ça fait mal c'te merde là ! »

      Elle aussi s'aperçut du silence, et comprenait que son revirement de coup de feu avait eu l'effet estompé. Le juge appela l'un des gardes qui avaient amené l'argent, et commença à discuter avec lui en chuchotement. Mais la discrétion n'étant pas à leur comble, ils expliquaient que c'était pour cela que les paiements étaient préférés en or directement plutôt qu'en Berries. Puis Monsieur le porteur de perruques frappa devant lui avec son marteau. Ceci brisa son bureau, montrant ainsi à tout le monde sa position assise. Mais ça, tout le monde s'en foutait.

      « INNOCENTE ! Pour mensonge et tentative de corruption ! Ce garde et son ami ! Dont on se fout complètement des noms ! Seront Pendus avant tout le monde ! »

      Là, c'était moins la joie chez ceux qui avaient attrapé Rhei, qui se faisait détacher par ses bourreaux, qui râlaient par rapport à qui allait chercher les nouvelles cordes. Parce que l'endroit était infesté d'araignée, et que l'un avait peur de ces bestioles, et l'autre du noir. Et bien sûr, c'était une cave sans la moindre lumière.

      « Ouais... J'peux savoir où j'suis par contre ? Parc'que là j'suis un poil paumée quand même. »

      On lui expliqua un peu toute la ville en détail. Un monologue long et ennuyeux qui endormit la moitié de l'assemblée venue voir les pendaisons, dont le juge et quelques gardes. Certains en profitèrent pour s'eclipser en toute discrétion, et Rhei finit avec la tête pleine d'informations à retenir... Beaucoup trop d'ailleurs, car son cerveau commençait à fumer, et son corps entier à devenir rouge. Elle décida donc d'arrêter d'y penser, et de voir comment arrêter son Criminel pour essayer de chopper sa prime. Elle sortit donc, seule et non accompagnée, des lieux de folie pour s'allumer un petit cigare tout en grimaçant de désarroi par rapport à son attitude face à la mort...

      « Cette île est une pure folie... C'plein de Criminels, p'tête pas forcément l'Paradis imaginé... Mais va falloir revoir le côté poule mouillée... J'ai pas été capable d'faire quoi qu'ce soit pour m'en sortir, 'part invoquer la chance. »

      A côté, une personne pensait avoir rencontré une folle qui parlait toute seule, alors qu'elle ne faisait que donner des informations à un public imaginaire, et ce sans même s'en rendre compte.


      Dernière édition par Rhei D. Heimfire le Dim 26 Mar 2017 - 20:00, édité 1 fois (Raison : Codage)
        Rhei, qui n'avait plus de lien cordés, était en train de fumer tranquillement son cigare en avançant à pas tranquilles dans les rues. Ses bourses étaient vides et il n'y avait pas de taverne qui allait l'accepter. Heureusement pour elle, une sorte d'aura semblait indiquer à n'importe quel brigand ou autre personne qui pourrait tenter de la détrousser qu'elle était fauchée. A y regarder plus près, ce n'était pas un pas tranquille qui était présent, mais des pieds qui se traînaient, et le regard qui regardait vers le bas sans même le regarder. La jeune fille percuta plusieurs personnes sans même s'en apercevoir, et une aura noire semblait sortir de son âme elle-même. Ce n'était pas du haki, non non, il s'agissait juste du désespoir qu'elle avait après avoir regardé sa bourse, vide. Elle qui était certaine d'avoir gardé un peu d'argent de côté s'était faite détrousser par les « gardes » et son propre argent avait été utilisé pour payer une petite partie du juge... Ce qui voulait dire qu'elle avait tiré et détruit sa propre monnaie à tout jamais, et qu'il allait lui être impossible à récupérer, et il allait falloir faire en sorte de capturer un Criminel le plus rapidement possible. Hésitant entre la volonté de mettre le feu à ce tribunal en carton et trouver un moyen de récupérer rapidement, Rhei reprit un peu du poil de la bête. Il y avait toujours ce type, qui construisait la nouvelle banque ! Mais il n'était pas trop approchable pour le moment... Il fallait l'éloigner de son lieu de prédilection afin de permettre une quelconque arrestation dans les règles de l'art. Au moins, la Marine risquait de ne pas être corrompue, elle. Le problème était aussi une question de temps : l'estomac encore plein, il allait lui falloir faire vite afin de faire en sorte de faire un travail vite-fait et bien fait maintenant.

        Le premier travail à réaliser était maintenant d'aller voir les autres banques. Pour chacune d'entre elles, où il n'y avait personne, le discours était à peu près le même : elles n'étaient pas forcément heureuses de remarquer que de nouveaux concurrents venaient leur mener la vie dure. Pour d'autres, ils craignaient de perdre des clients, et surtout se faire détrousser à n'importe quel moment. Les braquages étant des événements banals dans la ville, la banque était habituée et formait des coffres exprès afin de permettre aux Criminels de croire qu'ils avaient volé quelque chose d'immense, alors que la majeure partie se trouvait en sécurité, dans une pièce plus secrète que les premières. Normalement, une banque reprenait tranquillement ses activités, ou bien apprenait tranquillement à se défendre d'eux-mêmes, et maintenant, quiconque voulait braquer une banque prenait le risque de se faire plomber avant même d'avoir crié quoi que ce soit. Pour chaque banque, Rhei montra au guichet l'affiche de primes de Paul Mytic, le fameux maçon qui était criminel.

        « V'pouvez m'donner un mot sur c'type là ? »

        Les réponses furent un peu les mêmes. Il s'agissait de quelqu'un de plutôt gentil, poli, qui aimait son travail. Les banques le trouvaient un peu trop intrusif dans les bâtiments. Même s'il donnait l'impression de s'intéresser vraiment aux lieux, il touchait beaucoup, cherchait à trouver le moindre détails, et quelques banques pensaient qu'il avait remarqué les cachettes de l'argent à force d'étudier les lieux. Alors elles avaient du mal à lui apporter une confiance pour le moment. Cependant ils ne pouvaient pas réellement refuser, au risque de se trouver dans une fausse campagne de publicité contre elles, et une perte de clients au profit des autres banques. Pour la plupart des lieux stockant les berries, il y avait là l'intelligence des marchés, celle de faire bonne image, de ne pas chercher un quelconque conflit avec les autres. Ils étaient d'accord pour faire en sorte que Rhei arrête le constructeur de la nouvelle banque, qui, elle l'apprit, n'avait que des Criminels dans ses rangs. Il fallait donc retarder au début cette construction, et peut-être éviter un vol de leur part sur tout le marché et sur toute une partie en reconstruction. A chaque fois, Rhei les remerciait de la même manière :

        « J'vous r'mercie ben ! J'vais m'occuper d'son cas ! Vous inquiétez pas ! »

        Puis la chasseuse de primes repartait avec un papier indiquant que les intérêts étaient exclusivement un peu moins cher que la normale pour tout nouveau client. Ceci ne durait que pour un mois, puis ils remettaient les taux à la normale. Jetant ces choses à la première poubelle venue, Rhei soupira et regarda le ciel qui commençait à s'obscurcir. Il n'y avait pas de nuages, mais le Soleil, qui avait bien bougé depuis le temps, commençait à se coucher pendant que Rhei fumait son avant dernier cigare, plus tranquille qu'avant et avec un certain plan en tête. Sa cible risquait d'arrêter son travail pour se rendre dans l'une des banques... Il fallait alors juste attendre qu'il s'éloigne... Sur les lieux, elle put remarquer que l'homme avait terminé pour la journée, et discutait tranquillement avec ce qui s'apparentait à un homme de main. Il y avait encore d'autres personnes qui semblaient jouer les gardes du corps de Paul, et il allait falloir l'en éloigner, ou encore les mettre hors d'état de nuire. Cependant, la chasseuse de primes, sortant un anneau de fumée pendant qu'elle reposait son dos contre un mur, n'avait pas établi de plan pour cela. Son cerveau avait déjà fait en sorte de se dire qu'il valait mieux ne pas trop lui en demander quand même ! Merde ! Comme si elle était surentraînée à réaliser des plans complexes ! Attendre, c'était d'ailleurs déjà chiant et frustrant ! Il fallait donc se contenter du basique : foncer dans le tas et voir ce que ça donne après. Mais pour le moment, l'attente risquait d'être longue, et Rhei commençait à sentir son estomac lui demander à être rempli... Il fallait faire vite... Très vite...

        Après une bonne heure d'attente, et une Rhei qui était en position assise, son chapeau à moitié décoiffé, et soufflant tranquillement, pour éviter de prendre son dernier cigare, qui allait être consommé après sa victoire, histoire que le goût aille avec, la pistolero avait vérifié le nombre de balles qu'elle avait... Mais il semblerait qu'aujourd'hui n'était pas le jour où elle tomberait à court de munitions, en cas d'un quelconque duel en tout cas, elle pouvait faire la différence dans ce domaine. Paul le bricoleur, qui était sur son lieu de travail, le quitta en sifflotant, accompagné de trois gardes du corps. La chasseuse de primes, qui assistait à la scène depuis un bon moment du coin de l'oeil se releva. Après un moment d'étirement, la jeune fille laissa passer le quatuor, puis leur emboîta le pas, marchant assez rapidement pour les rattraper, et attendit qu'ils se retrouvent dans un lieu où il y avait un minimum de témoins afin de réaliser son coup. Le premier fut happé et sa bouche rencontra une écharpe qui ne lui laissa pas le temps de crier avant de se recevoir un coup de crosse sur l'arrière du crâne lorsque le reste de la bande était un peu plus éloigné, le crâne légèrement ouvert, l'homme n'était pas assommé, mais avait énormément mal. Énervée, Rhei donna un second coup, lui ouvrant une nouvelle fois le cuir chevelu, mais l'assommant pour de bon, glissant le corps sur le côté pendant que les autres avançaient toujours, en parlant de temps en temps, mais ne s'adressant pas à la personne derrière, on dirait. La chasseuse de primes les vit bifurquer vers une ruelle, elle accéléra le pas, entendant que les voix semblaient s'être un peu arrêtées, ne réfléchissant évidemment pas pourquoi cela se produisit, et se retrouva nez à nez avec les deux gardes du corps, qui s'étaient arrêtés lors de ce virage, remarquant qu'il manquait une personne à l'appel. Par pur réflexe, la fan de combats de saloons frappa le premier avec son poing de métal. Le choc parut être violent puisque la tête de l'homme partit en arrière, pendant que le second, plus rapide, engageait un coup que la jeune fille esquiva en déplaçant seulement le haut de son corps, jouant des épaules afin de permettre une mobilité plus rapide, et elle contra par un coup de pied qui le força à gémir de douleur pendant que son corps percutait lourdement le mur.

        « Qui est là ? »

        La voix, grave et raisonnante du dernier homme, et cible de Rhei s'était retournée, pendant que celle-ci enchaînait des coups de poings au torse de celui contre le mur, qui s'écroula dans un dernier souffle de conscience, avant de commencer à rêver d'un champ de fleur partout autour de lui, avec la femme qu'il aimait mais qui l'avait rejeté pour un type plus riche, main dans la main. Le second homme de main, ou troisième si on prenait en compte celui à qui il avait fallu deux coups de pistolets avant qu'il ne tombe dans les bras de Morphée, se tenait le visage, rouge de douleur. Un crochet vint le cueillir à la mâchoire, et un nouveau coup au visage eut raison de son éveil, ainsi que de ses dents.

        Paul  Mytic s'était retourné, et semblait énervé. Etrange, parce qu'il était la cible principale de celle qui venait facilement de disposer de ses « gardes du corps », qui n'était en fait que du menu fretin, une sorte de petite troupe qui était là pour prévenir de tout danger, sauf que là, il fallait avouer qu'à part se faire assommer et battre à plat de couture. Mais ça, Paul semblait ne pas y prêter attention. Rangeant tranquillement un carnet sur lequel le maçon semblait avoir écrit quelques notes, il sortit une scie à métaux en première arme, avec un air un peu ennuyé, parlant avec un ton plutôt soutenu, même si l'on remarquait qu'il n'était pas encore habitué à employé ce dialecte compliqué.

        « Je vais devoir arriver en retard, il me semble bien. Je vais devoir te détruire, si je puis dire. »

        Le commerce et la langue de bois, il commençait à connaître la manière de procéder dans le métier. Pour une fois, Rhei était silencieuse. La faim qui commençait à la ronger et son stress prenaient le dessus. Devant elle, il y avait une prime, et une bonne. Ce n'était pas le moment de se foirer dans sa capture, ni de se le faire voler. Alors il fallait se concentrer pour le combat qui allait commencer (au prochain épisode).
          Les deux adversaires se faisaient face. Pirate banquier d'un côté, Chasseuse de Prime fauchée de l'autre. Dans chaque cas, l'un était l'ennemi de l'autre, ce qui voulait dire qu'ils n'étaient pas simplement de simples adversaires, mais des doubles ennemis, des personnes qui étaient faites pour s'affronter. Se regardant les yeux dans les yeux, les deux continuaient de se jauger sans même réaliser le moindre mouvement. Pourtant, les deux raisons n'étaient pas du tout les mêmes. Alors que Paul s'attendait à une attaque surprise, à ce qu'elle fasse quelque chose, parce qu'elle semblait le regarder avec un regard profond, sérieux, Rhei, elle, l'avait en contre-jour et essayait de dévisageait son adversaire. Cependant elle n'y parvenait pas, surtout que la lumière du Soleil, ce qu'il en restait et malgré la présence de son chapeau sur sa tête, lui rentrait entièrement dans les yeux et lui explosait légèrement les yeux.

          « Je vois, tu n'es pas du genre à foncer bêtement dans le tas. Ou bien hésites-tu à m'affronter, ce qui est normal après tout... Tu es plutôt intelligente. »

          L'homme avait parlé, et semblait sur-estimer les capacités de son adversaire. Sa scie attendant patiemment de découper quelque chose, elle qui aurait préféré naître tronçonneuse et être dans les mains d'un serial killer, elle devait se contenter d'être dans celles d'un simple pirate qui utilisait aussi d'autres armes pour se défendre, une vie injuste pour un objet  qui allait se faire remplacer par la nouvelle technologie de toute manière. Bien entretenue malgré son âge, d'une souplesse sans précédent et d'un tranchant à en fer (faire) trembler ses compagnes qui se brisent plus facilement, cette scie à métal était bien plus qu'un simple outil aux yeux de Paul, il lui avait donné un surnom : Roberta, parce que pour lui, cela ressemblait à « Grosse Bertha » un nom qui lui était connu, car c'est comme cela qu'il appelait sa voisine, qui râlait à propos des enfants qui montaient sur son cerisier. Alors un jour, elle l'a coupé, avec les enfants dessus, et l'arbre l'avait écrasée. Toutes ces pensées traversèrent l'homme lorsqu'il caressa tendrement les dentelures de Roberta, un air rêveur qui laissait à penser que son esprit était enfermé dans un doux souvenir, puis il se mit à parler en chuchotant, assez fort pour que Rhei entende les mots suivants :

          « Allez ma Roberta... On va s'occuper de cette gêneuse. »

          Ouais... Plutôt glauque comme type ! Même s'il bossait dans le bâtiment ! Rhei, elle, commençait clairement à perdre patience, et sortit son armes afin de tirer dans la jambe de ce cinglé... Mais l'idée de donner un nom à son arme n'était pas une si mauvaise idée en soi, et la faim commençait réellement à la prendre et à  empêcher toute prise au sérieux de la part de la pistolero, qui plutôt que de tirer à l'endroit visé au préalable, leva le canon et dernier moment, et aurait pu transpercer la tête du maçon de part en part, peut-être la faire éclater, si il n'y avait pas eu ce casque qui, plutôt que de se faire trouer, avait fait ricocher la balle dans les airs, tuant un pauvre oiseau qui passait par là. Rhei, l'air complètement déçu par ce problème de concentration, vit que Paul n'avait pas trop aimé ce qu'il venait de se passer.

          « 'tain... Ça passe pas à tous les coups... J'ai trop faim pour quoi que ce soit... »

          Ne pas penser à la nourriture, penser à l'argent, penser à la récompense, quelque chose qui pouvait la mettre sur le chemin de la victoire et de la précision ! Tombant dans le piège de la déconcentration, la chasseuse de primes n'eut pas le temps de voir, ni même d'esquiver l'un des manches de la scie qui lui percuta le visage à toute vitesse, lui écrasant violemment le nez avant de descendre, dû à un bon coup de poignet de Paul, au niveau des vêtements de la chasseuse de primes. Le bois froid s'accrocha à la cape usée de celle qui se fit tirer au corps à corps pendant que l'homme abaissait son arme tout en poussant afin d'augmenter les chances de découpe du torse de son adversaire. Rhei, elle, bloqua l'avancée de cette attaque, qui allait déchirer son vêtement le plus précieux, en saisissant le manche et en forçant vers le haut. Pendant un moment, les deux combattant, rouges et immobiles par leur position, réalisèrent leur bras de fer impressionnant afin de savoir où la scie allait se retrouver, à un moment, Rhei tint seulement avec un bras, l'autre profitant d'un vague moment de moins-bien de chaque côté pour aller ranger le six-coups dans son étui.

          « Gnnnnnn... »

          « Greuuuuuuaaaaah ! »

          Aucun des deux ne voulait lâcher prise, et malgré la faim de Rhei et les ampoules aux doigts de Paul, une égalité parfait s'était créée. Mais au bout d'un moment, la scène commença réellement à devenir un problème, la scie pliait énormément, mais ne rompait pas et les deux aux muscles épuisés par l'effort, et émettant quelques soubresauts, s'accordèrent une pause dans ce duel d'un simple regard de pitié. Alors qu'il ne s'était strictement rien passé lors de cet échange, jamais le combat n'avait été aussi intense, et surtout jamais les deux adversaires ne s'étaient sentis aussi épuisés, vidés de leur énergie. Rouges et reprenant leur souffle, ils repartirent à l'assaut pour reprendre le combat. Mais il fallait faire en sorte de le reprendre de là où il s'était terminé.

          « J'tais  placée comment d'jà ? »

          Paul, qui était un pro des bâtiments, et qui avait une bonne mémoire des placements des objets dans n'importe quel lieu, aida son adversaire à se mettre en position, constatèrent que la Grosse Bertha était tordue, et de nouveau, ils forcèrent sur les bras et épaules pour bouger cette scie. La partie de Paul se plia de plus belle, montrant la superbe flexibilité de cette arme. Pourtant, ce ne fut pas l'acier qui lâcha, ni même le pirate, ni même Rhei d'ailleurs. Mais les manches, qui, d'un coup, se cassèrent pour l'un comme pour l'autre sous la pression. Surprise par ce revirement de situation, les deux se firent mal, l'une en se donnant un violent uppercut à deux mains, l'autre en s'écroulant sol. Paul , aux pieds de son adversaire, reçut immédiatement un coup de pied qui fit voler son casque et roula sur le côté pour esquiver ceux qui arrivaient, pour se prendre une bonne droite lorsqu'il se redressa. Il répondit par une même, que son adversaire ne chercha même pas à esquiver. Et les échanges de coups se plurent sur le champs de bataille. Coups à la taille, coups au visage, coups de poings, coup bas et autres mots synonymes se firent connaître en ces lieux. Personne n'essayait d'esquiver, mais d'encaisser, parce que c'était pour les lopettes ça ! Les deux ennemis, qui ressemblaient maintenant à deux compagnons bourrés se battant dans un coin de rue, avaient le sourire au visage, et étrangement, personne n'avait perdu de dents jusque là. Les attaques de chacun étaient puissantes et avaient pour but de mettre son adversaire hors-combat. Mais chacun tenait bon. Le visage tuméfié et en sang, l'arcade sourcilière ouverte, tout comme ses pommettes et ses lèvres, Rhei regarda son visage en riant avant de frapper. Ayant du mal à articuler, ce qui sortit ne pouvait pas forcément être compris de tous.

          « Hahaha ! T'f'une shale gueufl ! »

          Mais Paul comprit immédiatement, et après s'être reçu un coup de poing qui fit une nouvelle fois craquer son nez, respirait avec un sifflement à chaque fois qu'il le faisait, indice que quelques côtes devaient être touchées suite aux différents chocs subis.

          « T'dfref t'frrrr ! »

          Les deux arrêtèrent et se mirent à rire d'un coup, avant de se frapper en même temps au visage, et de recommencer. Vacillant de temps en temps, Rhei se sentit comme sur un ring, où il fallait rester debout... Et se reçut un énorme coup de marteau, qui fit émettre un immense craquement au niveau de sa poitrine. Par pur réflexe, la jeune fille eut une grande inspiration sifflante et s'envola sur quelques mètres avant de terminer en rouler-bouler contre un mur de la ruelle où elle avait assommé le premier garde du corps. Crachant un glaviot de sang, marteau en main, Paul le Pirate et Maçon afficha un sourire rouge à celle qui essayait de se relever, mais n'y parvint pas, le souffle coupé, et les jambes maintenant trop lourdes pour relever le corps endolori et fatigué de celle qui voyait sa fin arriver. Sentant que sa victoire était maintenant acquise, l'homme relâcha sa tension, et malgré la douleur, continuait de sourire, et prit son temps pour articuler.

          « Ben... voilà... C'est... la... fin...adieu... »

          Il leva son marteau pour faire en sorte d'en terminer pour de bon... Mais Rhei roula sur le côté ! Se bloquant de nouveau sur la fin de son mouvement. Sa poitrine blessée, venait de la brûler de l'intérieur, comme si on venait de lui jeter de l'eau bouillante sur le torse, la brune commençait à vouloir rester sur place et se reposer. Mais si elle ne faisait rien, elle allait mourir ! Le crâne éparpillé un peu partout autour ! La Cowgirl tenta d'utiliser le mur pour se relever et tourna le dos à celui qui n'attendait que cela, et se mit à cracher le sang qu'elle avait en bouche tout en tournant la tête, et celui-ci continua de couler comme si de rien n'était.  Sa vision était trouble, mais elle put remarquer la position de Paul, qui s'approchait plus lentement qu'une tortue lorsque cette dernière prenait son temps. Arrivé à portée, un nouveau coup partit pour éclater la tête de la gamine, mais elle esquiva de nouveau en longeant le mur, et réussit finit à se relever, complètement arc-boutée pour éviter une plus grande douleur si elle se tenait droite. Elle souriait, mal en point... D'un coup, elle se dit que chercher des personnes aussi fortes, c'était quand même dangereux pour le moment... Et que Hat Island pouvait quand même attendre... Si elle s'en sortait... Il fallait qu'elle ramène ce type auprès de la Marine, et qu'elle se fasse soigner le plus rapidement possible... Mais pour le moment, une pause se fit entre les deux, et la faim semblait avoir été oubliée pour un mal de ventre pour causes de coups de poings un peu trop répétés. Paul était sûr d'avoir gagné, et jouait maintenant avec sa proie, même si son corps titubait lui aussi. Faisait-il bien de se croire vainqueur ? Où la magie du script allait-elle lui retomber dessus ? (Vous le saurez au prochain épisode !)
            La situation était terrible pour Rhei, qui pouvait sentit que beaucoup de ses côtes n'étaient plus là pour l'aider à  protéger son thorax, ce qui indiquait qu'au moindre coup sur le haut du corps de la part de Paul, c'était les os brisés qui rentraient où ils voulaient et quand ils voulaient, ainsi qu'une mort certaine. S'aidant du mur pour bouger plus facilement, et sans tomber, la chasseuse de prime essayait tant bien que mal à s'en sortir, cherchant son arme dans son étui afin de donner le dernier coup de feu. Ses jambes lui semblaient si lourde qu'elle avait du mal à les ressentir si son effort était minimal, et la tiraient dès qu'elle émettait un effort pour se déplacer. Mais il ne fallait pas qu'elle tombe la tête la première. Le choc risquait de la paralyser, et la suite était facile à comprendre.

            « Shpfffff... »

            Elle avait essayé de parlé, mais ce même effort faisait en sorte d'appuyer sur ses poumons et sa bouches l'empêchèrent de dire ce qu'elle voulait, et son souffle s'arrêta bien rapidement, pour reprendre rapidement mais faiblement. Le cœur de la demoiselle s'emballa par le stress, pendant qu'elle continuait de tourner le dos et à avancer le long de la ruelle, suivie par un Paul qui en avait oublié de partir tranquillement et rester en sécurité, parce que pour lui, l'issue de ce combat était la suivante : il avait gagné. Mais lorsque, d'un dernier effort, sa victime poussa des deux bras le mur contre lequel elle s'appuyait et fit alors volte-face en direction de sa personne, le maçon hésita. Rhei, elle, non. Alors que son corps basculait vers l'arrière et qu'il allait sûrement tomber une nouvelle fois au sol, elle avait récupérer son arme à feu, et la leva rapidement en direction de son adversaire, qui semblait plus surpris et commençait à se moquer de ce mouvement. Puis vint le temps de regrets de ce qu'il n'avait pas fait durant ce combat. Il savait que de là où il se trouvait, juste en face de la cowgirl, celle-ci n'allait pas avoir de difficultés à lui tirer dans le cœur.

            Il aurait pu utiliser ses vis, ses clous, des parpaings et autres outils de son métier pour se sortir de là, terminer le combat beaucoup plus facilement. Cependant, il n'avait pas honte de son combat, qu'il avait estimé puissant et intéressant. Alors... il allait mourir ici et maintenant, capturé par un chasseur de primes qui l'avait vraiment pris pour cible. D'un côté, il ne comprenait pas réellement quelles étaient les motivations de cette jeune fille, car il y avait sur cette île bien plus de pirates indiscrets que lui. Elle s'était bien compliqué le tâche. Ne pouvant pas parler, car cela lui demanderai de le faire trop lentement, il entendit le coup de de feu partit, et se détendit... Mais rien ne le toucha. Un deuxième suivit très rapidement, et une douleur immense lui traversa la gorge. Un râle sortit de sa bouche, et alors qu'il aurait voulu féliciter ce vaillant adversaire pour ce combat de très grande intensité, il s'écroula dans un gargouillis sanglant, son marteau, lui, vola au loin, et ainsi s'acheva la vie de Paul Mytic, un homme plein d'entrain mais aussi de vilenies. Un petit carnet sortit de sa poche, carnet sur lequel il avait marqué tous ses plans et toutes ses notes sur les autres banques de la ville. Un papier important qui risquait de porter préjudice à Rhei si elle restait, et après avoir ramassé le livre dont les pages étaient plutôt grandes, la jeune fille traîna le corps de sa victime le plus rapidement possible en ville, afin d'aller rejoindre le QG de la Marine et recevoir sa récompense. Elle partagea tout de même avec eux le carnet de Paul, histoire qu'ils puissent se faire une idée de ce qu'il se passait pendant qu'elle allait se faire soigner.

            Rhei était déçue... Elle avait tué cet adversaire parce qu'elle avait manqué de précision, manqué de sang-froid et de force. La chasseuse de primes n'avait pas réussi à maîtriser la situation, et ce malgré son expérience dans le combat de taverne. Sa précision l'avait laissée plutôt confuse et faible par rapport à ce qu'elle pouvait faire en temps normal. Mais pour le moment, il y avait d'autres choses plus importantes, comme le fait de quitter cette île, pour le moment. Si ce pirate avait d'autres amis, alors ceux-ci risquaient d'être rapidement au courant du fait qu'un de leurs alliés avait été descendu, et risquaient de faire une descente des moins amicales chez la chasseuse de primes... Alors il fallait faire vite, avec les moyens du bord.

            Le voyage jusqu'au QG de la Marine fut long et dans la douleur. Personne ne semblait essayer d'aider la chasseuse de primes, et personne non plus ne semblait s'intéresser à l'arrêter pour meurtre. Ce ne fut que lorsqu'elle passa aux alentours du bâtiment qu'un homme de la Justice Navale la repéra et l'aida à avancer, afin qu'elle aille récupérer son argent, et qu'elle puisse se reposer quelques instants. Certains diront qu'il s'agissait là d'un simple pervers, mais il s'agissait là d'une preuve de gentillesse aux yeux de la cowgirl, qui n'hésita pas à le remercier des yeux, parce que le reste était beaucoup trop abîmé pour indiquer quoi que ce soit... Elle profita des lieux pour se reposer un peu, et repartir une fois son argent obtenu. Son souffle était faible, rapide, et indiquait qu'elle commençait à avoir des difficultés à respirer. Ce ne fut que lorsqu'elle passa chez le médecin que celui-ci avoua qu'elle avait de la chance d'avoir survécu, mais surtout d'être venue à temps. Après un prix au-delà d'un prix normal chez un médecin et être repassée par le QG de la Marine récupérer le carnet qu'elle avait récupéré de son combat, Rhei partit tranquillement prendre un navire. Elle avait pour consigne de se reposer, et d'éviter de prendre de coups à la poitrine, de faire des gestes trop brusques et autres problèmes tant que ses côtes ne se remettaient pas du combat. Son visage, parsemé de bleus, de pansements et d'autres lieux gonflés n'attirait pas les hommes, elle put passer un moment tranquille jusqu'à se retrouver sur l'île de la prochaine destination. Le temps du voyage, lui, allait permettre à la jeune femme de se remettre de ses blessures, et elle allait en profiter pour lire ce fameux carnet de notes de Paul Mytic, car quelque chose n'allait pas... Il y avait bien plus que des plans de prisons, il y avait surtout des points faibles... Si le reste du groupe pirate était au courant de cela, et avaient d'autres plans des bâtiments, cela voulait dire que les banques en construction et tentatives de reconstruction de la ville pouvaient se retrouver en danger. Et maintenant, la Marine était au courant. Mais ça, pour le moment, la jeune fille s'en moquait, parce qu'elle avait son argent avec elle, et qu'étrangement, une personne à l'air misérable avec un sac de taille normale, ça n'attirait pas vraiment les voleurs, qui cherchaient des sommes bien plus impressionnantes que cela. Ainsi se finit le premier chapitre des aventures de Rhei sur Hat Island, qui s'éloignait maintenant pour s'entraîner, et pouvoir terminer ce qu'elle avait commencé.

            Alors, montant sur le pont du navire, elle profita d'une chaise libre pour s'y installer et allumer son cigare, le dernier qu'elle avait gardé pour profiter de cet instant, profiter de cette victoire. Ses poumons la brûlèrent, et elle se mit à tousser. Après cela, elle garda l'objet au bec, et se mit à avoir un air blasé.

            « Putain... »

            Fin.