- Ça commence à faire long. Les hommes s’impatientent, se lassent de leur vie au sein de cette île et n’ont qu’une hâte de partir à l’aventure. Pourtant, l’aventure c’est tous les jours ici… Les animaux acceptent de moins en moins notre présence, nous essuyons d’avantage d’attaques ces derniers jours, me faisant penser qu’on devrait effectivement s’en aller.
Le docteur de l’équipage, Robert, est volontairement placé sous protection afin qu'il soigne les blessés. Sans lui, clairement, je ne donne pas chère de nos vies. Maria et Suelto se démènent pour tenter de protéger les autres. Pas tant par leur puissance, mais plutôt par leurs instincts de survie développés et expériences.
Mais de manière généralement, après réflexion, je comprends la frustration de mes hommes et leur envie de partir d’ici. En effet, par mesure de sécurité, je cloisonne leurs déplacements dans un petit périmètre dans lequel je peux utiliser le haki. Mes deux éléments les plus fidèles prennent avec eux une équipe réduite avec laquelle ils se déplacent chercher de quoi manger.
Je regarde les types brièvement.
« Bon, allons-nous baigner cette après-midi… La chaleur risque de nous rendre fous. » Dis-je en détournant le regard des leurs.
Sans me tourner vers ces derniers, j’aperçois très leurs mines heureuses grâce aux hakis. J’ai comme la nette impression de ressentir des émotions qui ne sont pas les miennes… d’où est-ce que cela peut-il bien provenir ? Je ne saisis pas vraiment. Serait-ce mes hommes ? Faisons un test.
« En fait non, retournez à vos occupations. »
Au début, rien. Mais au fil des secondes, j’ai commencé à ressentir des ondes assez cyniques… du genre qui vous transcendent. Je sens de la haine, des envies de meurtres, des sentiments qu’il m’arrive parfois moi-même de ressentir… Les types ne bougent pas. Ils sont figés face à moi, le regard sombre et des pulsions nauséabondes qui commencent à me devenir insupportables.
« C’est bon, je blague. » Dis-je d'un totalement désintéressé, le regard détourné au loin.
Des soulagements, des sourires, encore un peu d’hésitation, mais en voyant que je suis réellement disposé à les laisser partir, la pression que j’avais sur mes épaules s’adoucie ne laissant que de la joie. Les voilà partis à toute vitesse en direction de la piscine naturelle, aux pied d’une énorme cascade. Il ne reste plus que le vieux avec moi.
« Ahah. Tu te sens mieux, mon p’tit Ragnar ? Je ne te pensais pas à ce point blagueur, mais pas pas besoin de haki pour ressentir la haine de ces hommes. La jeunesse, je vous jures. » Dit-il en se moquant ouvertement de moi.
Il ne manque pas de culot ce vieux Robert. En même temps, il en a vu passer des monstres à côté de lui. Je ne suis qu’un jeunot qu’il a rencontré sur Kanokuni, très peu connu de la révolution, donc bon. D’ailleurs, nous profitons du chemin pour discuter de certains grands hommes actuels de l’organisation, ceux avec qui il a eu le chance de collaborer. Discussion très intéressante.
La discussion est si passionnante que je n’ai même pas remarqué notre arrivée, jusqu’au moment où cette eau bleue turquoise m’illumine les yeux et que ce son apaisant de la cascade qui s’entrechoque avec l’eau m’interrompt.