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Que justice soit faite!

Prise de fonctions

Tenko Sozen

Une estrade avait été installée au milieu de la place d'arme, devant le mat au faîte duquel claquait le drapeau de la Marine. Les soldats étaient rangés en rangs identiques et à la géométrie parfaite. Les caporaux se distinguaient en bout de ligne et géraient leurs rangs. Les sergents coordonnaient les colonnes. Sur le plancher de bois surélevé, Tenko se tenait droit et fier au milieu d'autres soldats du rang promus à des postes de sous-officiers. Il était le seul à avoir intégré la sphère des officiers subalternes, après avoir été recommandé comme vice-lieutenant par Décro Foin, le seul lieutenant de la base. Le commandant Big Zoubi avait donc donné son accord et la cérémonie avait été organisée. On avait ressorti les vieilles demandes de promotion pour éviter d'organiser quoi que ce soit pour un seul homme et on avait réuni tout le gratin de l'île. Directement à sa gauche, à quelques mètres de lui, se tenaient Pordric Malsouin et Robert Blop, le premier étant l'un des trois grands exploitants-poissonniers de l'île et le second étant le maire de Poiscaille. Ils semblaient tout deux être venus par politesse plus que par véritable intérêt. Le jeune officier jeta un regard dans leur direction puis se concentra à nouveau sur son supérieur direct, Décro-Foin, qui tenait un discours à l'occasion de la cérémonie.

"Et c'est pour cette raison que nous ne devons jamais perdre de vue la seule lumière capable de guider nos pas dans l'obscurité: l'intégrité! Cette même vertu qui nous différencie de ceux que nous combattons et qui légitime notre action, cette même vertu qui permet à nos concitoyens de dormir sur leurs deux oreilles, cette même vertu qui enfin me pousse à faire confiance en notre institution, pure et honnête, puissante et courageuse, implacable et juste!"

Une nuée d'applaudissements résona alors que le jeune marin réprimait un fou rire. S'il se trouvait sur cette estrade à ce moment précis, c'était justement pour permettre au discours du lieutenant à tête de cheval de devenir une vérité permanente sur Poiscaille. La garnison était remplie de corrompus prêts à fermer les yeux devant les méfaits des puissants industriels en échange de coquettes sommes. Et à la tête du système se trouvaient Big Zoubi et les Trois Videurs, représentés ce jour-là par Malsouin et son homme de paille Blop. Le vieux commandant s'approcha du bord de l'estrade et remercia son subordonné avant de lui aussi tenir un petit discours de remerciement aux soldats dévoués à leur tâches et prêts à donner leurs vies pour les idéaux défendus par leur institution. Il finit même par demander une minute de silence pour tout les hommes tombés dans les guerres qu'ils avaient menés. Cela aurait presque été émouvant si les propos étaient sortis d'une bouche réputée sincère. Le vieil homme invita enfin Tenko à se rapprocher de lui et il retira ses galons de troisième classe pour les remplacer par l'insigne qui officialisait son grade de vice-lieutenant: deux chevrons bleus sur fond blanc. Pour couronner le tout, Décro Foin plaça sur les épaule de la jeune mouette son manteau au dos duquel était indiqué son nom et son grade.

Le jeune officier salua ses supérieurs et se tourna vers la foule. C'était lui qui devait donner le troisième et dernier discours de la cérémonie, au nom de tout les autres promus. Il se racla la gorge et commença. Le stress lui nouait l'estomac. Non pas qu'il était effrayé par la perspective de devoir s'adresser à ceux qui étaient maintenant sous son autorité d'une manière différente, mais surtout parce qu'il devait donner la meilleure impression possible aux pontes de la corruption. C'étaient eux qui décidaient du sort de chaque soldat sur cette île, et il était évident que le plan sagement et prudemment monté avec Décro Foin pour enfermer tout ce beau monde ne serait envisageable que si le jeune officier jouait de la carte du zèle avec parcimonie

"J'aimerais remercier ma hiérarchie pour ma promotion, et bien entendu pour celles de mes camarades. Je crois qu'il est important que vous sachiez que l'escalade de l'échelle n'est pas impossible. Il y a un jour encore, j'étais un soldat comme vous, tout en bas de l'imposante hiérarchie. Mais parce que j'ai montré mes compétences et que j'ai participé à l'entraide essentielle à notre tâche avec ferveur, je me trouve aujourd'hui sur cette estrade, devant vous. C'est un honneur, beaucoup trop grand pour ma personne, que d'intégrer le corps des officiers. Mais c'est aussi une grande responsabilité."

Il s'arrêta, jetant un regard sur l'assemblée qui semblait pendue à ses lèvres. Où peut-être était-ce là seulement une impression? Il fut saisi d'un doute l'espace d'un instant mais continua. S'il n’intéressais pas les troupes, il n’intéresserai pas Malsouin et Zoubi.

"C'est pourquoi je compte sur une coopération optimale entre tout les acteurs de cette île. Nous ne sommes jamais à l'abri d'une tragédie, même sur Poiscaille. Pensez au naufrage de notre patrouilleur, au meurtre d'Ugon par Motière ou simplement à l'assassinat de Colombe par la Reine des Cendres il y a de cela peu. Nous vivons dans une époque instable, dans laquelle le vivre-ensemble est crucial. Poiscaille est une île indépendante mais fidèle au Gouvernement Mondial. Et nous avons la chance de pouvoir travailler main dans la main avec monsieur Blop ou encore monsieur Malsouin. Alors si mon discours doit faire passer un message..."

Un bruit de bottes résonna derrière alors que Décro Foin quittait l'estrade en trombe, ayant compris le message à double sens du jeune officier: promouvoir la corruption et inciter le rang à y participer. En levant les yeux, Tenko put apercevoir le sergent Saaros se désolidariser des troupes et suivre le lieutenant. Des murmures s'élevèrent dans l'assemblée et Tenko se rejouit intérieurement. Tout se déroulait comme ils l'avaient prévu jusqu'ici. Même si ça ne représentait pas grand-chose, cela faisait du bien de commencer l'opération correctement. Mais il faudrait encore déterminer l'impact du discours sur les trois gros poissons.

"Si je dois donc faire passer un message, c'est celui-là: Restons unis et apprenons à tirer parti des opportunités pour ressortir plus fort des épreuves à venir!"

Un tonnerre d'applaudissements s'éleva. Les soldats avaient pu interpréter le discours de deux manières possibles: la manière honnête, qui clamait la puissance de l'union des forces ; la manière intéressée, qui encourageait à profiter plus encore du climat de corruption de l'île. Zoubi lui donna une accolade amicale sur l'épaule et encouragea les hommes d'arme à quitter la place, les sous-officiers ayant été décorés au préalable. Le reste de la journée fut consacrée à une explication exhaustive des tâches que sa fonction lui conférait à présent. La moitié de la paperasse s'accumulant sur le bureau de Décro Foin fut acheminée jusqu'à son propre bureau qui ne se trouvait pas loin du premier. C'était une pièce rectangulaire de taille modeste, au milieu de laquelle trônait un vieux bureau qui avait dû avoir du cachet quelques décennies plus tôt. Il s'installa sur sa chaise et inspecta quelques papiers, avant de voir qu'une note avait été laissée pour lui. Il devait s'occuper d'inspecter la section du sergent Saaros. Une procédure de routine visant à vérifier que les troupes étaient toujours en conditions pour agir selon leurs devoirs. C'était aussi le moment de répertorier leurs éventuelles blessures avec un examen médical. L'inspection était effectuée tout les trois mois pour assurer à la Marine de posséder des troupes irréprochables. Mais beaucoup dérogeaient à la règle et n'effectuaient que des visites annuelles.

Tenko se leva, se saisissant d'un carnet et de quoi noter. Il parcourut les couloirs, rendant leur salut aux hommes qu'il croisait. A plusieurs reprise il dut se retenir de saluer des sous-officiers. Il ne se faisait toujours pas à sa soudaine progression dans la hiérarchie. Il déboucha enfin dans la cour et croisa un des hommes sous le commandement du sergent blond. Il lui demanda de ramener sa section dans la cour d'entraînement et se dirigea vers le terrain en question. Quelques minutes plus tard, le sous-officier sortit avec ses hommes. Six escouades de cinq soldats chacune s'alignèrent en rangs tandis que le vice-lieutenant faisait un appel exhaustif de la troupe. Trois noms attirèrent son attention: Gert Flip, caporal de la 1ère Escouade ; Luk Poms, première classe vétéran de la 4ème Escouade ; et enfin Trys Murt, caporal de la sixième escouade. Le jeune officier laissa traîner son regard sur chacun de ces hommes, essayant de les jauger. Leur choix n'était pas réellement anodin: les enquêtes qu'avaient menées Décro Foin au fil des années passées dans la garnison lui avaient permises d'identifier les principaux maillons de la chaîne des ripoux. Giri Saaros remarqua le regard insistant de son supérieur sur certains de ses hommes et lui demanda la permission de commencer les tests d'aptitudes physiques. Tenko acquiesca sans lâcher un mot.

Il se rapprocha de son subalterne pour observer les soldat qui étaient encadrés et examinés par leurs caporaux respectifs. Saaros s'assura qu'aucune oreille ne traîne dans les parages et s'adressa au jeune officier sur un ton presque informel.

"Il y a quelque chose qui vous gêne chez Flip, Poms et Murt, vice-lieutenant?"

Tenko ne répondit pas immédiatement, attendant qu'un des hommes en question soit à portée d'oreille pour répondre à son interlocuteur. Autant en faire profiter ceux qu'ils visaient. Saaros travaillait de concert avec lui dans cette opération souterraine, et son rôle avait été de prédisposer les pourris à devoir trouver un nouvel associé après que le précédent ait eu un "tragique accident." Le bougre était enfermé dans une maison tranquille où personne n'irait le chercher jusqu'à ce que le plan soit terminé. Tenko haussa sa voix et plongea son regard dans celui du dénommé Poms. Un vieux soldat qui avait presque autant rempli ses poches que Zoubi dans toute cette affaire.

"Il paraît que ce sont d'excellent soldats! Les meilleurs de toutes les mers!"

"Votre source est fiable pour sûr lieut'nant!"

Flip souriait de toutes les dents qui lui restaient en regardant l'officier subalterne qui lui rendit son sourire en essayant de ne pas montrer le dégoût que lui inspirait la bouche du caporal. Il inspecta les relevés des performances des six escouades et constata qu'avec l'absence d'entraînement régulier, un bon tiers des hommes étaient passés en dessous des exigences en agilité, en endurance et en préçision au tir. Il envoya les hommes de rang à l'infirmerie pour l'examen médical obligatoire. Il chargea aussi Murt, le troisième homme qu'il gardait à portée de vue d'apporter les dossiers des blessures dans son bureau. Le caporal s'exécuta, presque trop zélé. Les soldats revinrent par escouades de l'inspection et se placèrent à nouveau en rangs dans la cour. Parmi eux, Tenko sembla déceler une certaine appréhension. L'étape suivante était supposée être l'inspection des chambres par l'officier en personne, tandis que le sergent chargé de coordiner la section devait surveiller ses hommes. Mais quand ils furent tous là, le jeune vice-lieutenant leur donna la permission de rompre les rangs, malgré les protestations du sergent Saaros.

Tenko usa de son autorité sur son associé et mit fin à la conversation. Il allait manger dans la main des hors-la-loi jusqu'à ce qu'ils l'invitent dans leurs cercles. Une fois dans le système, il essaierait de se mettre à une place confortable et de gagner la confiance de Big Zoubi, sa cible principale. Alors que les hommes se dispersaient, le jeune officier se rapprocha de Flip, Poms et Murt, qui discutaient adossés contre un mir. Il attendit que Saaros disparaisse de sa vue pour entamer la conversation avec les trois hommes. C'était maintenant que tout aller se jouer: se fondre dans la meute ou être visible comme un pachiderme au milieux de souris. Il croisa mentalement les doigts et prit enfin la parole, s'adressant à celui qui lui avait répondu plus tôt.

"Flip, il y a quelque chose dont je voudrais vous parler."



Dernière édition par Tenko Sozen le Jeu 9 Mar 2017 - 14:09, édité 1 fois
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Sous couverture

Tenko Sozen

Le caporal à la dentition inégale jeta un regard circonspect en direction de Tenko. Le vice-lieutenant avait été franc: il voulait intégrer les réseaux de corruption et on l'avait redirigé vers eux. L'officier était tenaillé par la peur mais la contenait du mieux qu'il le pouvait. Tout concentré qu'il était à ne pas défaillir, il ne parvint pas à saisir les quelques mots que glissa son interlocuteur à ses comparses. Ils se montraient méfiants et c'était compréhensible: Décro Foin essayait de les faire coffrer depuis des années sans succès. S'il avait changé de méthode, ils se devaient de rester prudents là où ils n'auraient mit aucun frein par le passé. Flip délivra enfin une réponse, ou plutôt une question.

"Vous êtes sûr d'vouloir mett' les mains dans l'camboui? C'et comme le tabac, une fois qu'on y touche on s'arrête plus!"

Comme pour appuyer ses propos, il sortit un cigare de sa poche et l'alluma. Un cigare qui valait beaucoup trop cher pour qu'un simple caporal puisse se l'offrir. Les payes devaient être grasses dans leur système.

"J'ai déjà frôlé la mort sur ce foutu patrouilleur, Flip. Je viendrais pas vous voir si j'avais encore des doutes. Je veux juste profiter de ma vie maintenant, et c'est pas la paye de la Marine qui va satisfaire mes désirs!"

"Bon..."

Il prit un air pensif et se tourna vers ses congénères. À la surprise de tous, Poms gifla le caporal et lui passa un savon. Tenko fixa la scène surréaliste avant de comprendre que la hiérachie officielle ne primait pas sur la hiérarchie au sein d'un système de corruption. En d'autres termes, s'il arrivait à intégrer les rangs des pourris, son grade de vice-lieutenant ne lui garantissait pas d'être dans le haut du panier, et il commencerait certainnement par être un subalterne du vieux seconde classe comme semblait l'être le cpaoral. Flip contint sa honte et serra les poings. Une humiliation pareille ne risquait pas de quitter sa mémoire de sitôt.

"Qu'est-ce qui me garantit que vous n'avez pas de mauvaises intentions envers nos affaires? Vous avez été promu du jour au lendemain, pour des motifs flous et grâce à une recommandation de l'autre allumé à tête de cheval. Pour moi ce sont autant d'éléments qui me poussent à ne pas vous faire confiance..."

La verbe du soldat était impressionament bonne. Comme quoi les rangs n'étaient pas uniquement composés de paysans ou d'ouvriers lassés de leurs boulots et désirant un peu d'action. Mais le fond des paroles effrayait Tenko au plus haut point. Il s'était figuré qu'infiltrer leur organisation aurait été simple, mais c'était assez naïf de sa part. S'il échouait maintenant, ils pouvaient faire une croix sur leur projet. De plus, ils seraient perpetuellement en danger car coupables d'avoir essayé de renverser l'ordre établi. Et sur Poiscaille, la sanction allait d'une stagnation de carrière jusqu'à un assassinat en tout discrétion. Le vétéran fixait son supérieur d'un regard froid et pénétrant, attendant qu'il se défende. Était-ce une sorte de test pour éprouver sa propension à ne rien révéler face à la contradiction? Impossible pour le jeune officier de le déterminer.

"Aucune réponse ne serait correcte à vos yeux, Poms. Mais regardons les faits: je vous ai évités une fouille qui aurait certainement révélé des secrets que vous préférez tus."

C'est le troisième homme qui prit la parole, se voulant être un juste milieu entre la naïveté de Flip et la paranoïa de Poms. Tenko avait réussi son coup de peu, mais il devait payer le prix fort de son audace. Presque souriant, Murt prit la parole pour poser quelques conditions à l'entrée du vice-lieutenant dans l'engrenage.

"Je ne crois pas qu'il soit raisonnable de vous accepter ou vous refuser sans que vous ne passiez de tests. Vous ne saurez rien de nos activités et on vous chargera d'effectuer les tâches les plus ingrates. Vous vous y plierez si vous voulez nous rejoindre. Mais ne vous avisez pas de faire marche arrière une fois que vous serez trempés. C'est facile pour nous de trouver une bonne poire sur qui se décharger."

Tenko acquiesça silencieusement et laissa celui qui semblait être le plus sage des trois lui expliquer ce qu'il ferait pour eux désormais. Il aurait le rôle de "guetteur." Pour faire court, il devrait être les yeux et les oreilles du réseau pour empêcher que des contrôles ou des saisies aboutissent. Même s'il s'attendait à plus de responsabilités, le jeune officier ne rechigna pas. S'il s'était plaint, cela n'aurait pu que sembler louche. Il fallait prendre son mal en patience, d'autant qu'il avait des alliés sur qui compter dans cette situation. Murt le mit en garde contre Saaros, expliquant que depuis son arrivée une tension s'était installe dans la 2ème section. Le vice-lieutenant s'engagea à le tenir à l’œil auprès de ses nouveaux complices. Ils se séparèrent et Tenko retourna dans son bureau. Là, il s'assit sur son fauteuil et prit une grande bouffée d'air. Une boule lui nouait le ventre. Il s'impliquait tant dans cette histoire qu'il en venait à douter de sa propre honnêteté. Il allait faire échouer des perquisitions qui permettraient d'enfermer les suspects du genre des trois soldats. Mais s'il ne le faisait pas, Zoubi redoublerait de prudence et leur filerait entre les doigts. Il attrapa un bout de papier et écrivit une lettre dessus. Il coucha sa véritable démarche en guise de preuve pour pouvoir s'extirper de là si jamais quoi que ce soit venait à mal tourner. Il l'enfouit au fond de la pile de papier sur son bureau et se remit au travail.

Quelques jours passèrent avant que Décro Foin n'organise une patrouille dans un secteur "sensible." Dès qu'il en fut informé, Tenko s'empressa de prévenir Gert, le plus vieux des trois, qui fit en sorte de déporter leur activité frauduleuse. Le jeune officier ne participait jamais. On lui communiquait seulement les heures et les emplacements, mais on lui avait interdit de se montrer durant ces moment-là. Leur confiance ne se gagnait pas facilement. La mouette jouait aussi à contre-courant du plan établi avec le lieutenant. Les perquisitions devaient avoir lieu pour mettre la pression aux corrompus, mais le vice-lieutenant savait bien qu'il devait les empêcher sinon quoi il serait automatiquement mis à l'écart. Son moral ne s'en porta pas mieux. La culpabilité le rongeait, s'engouffrant en lui profondément. Il avait toujours été intègre, et sa plongée dans un tel système était à deux doigts de le faire craquer. Mais il tenait bon en se raccrochant à l'espoir de voir honnêteté reprendre ses droits sur l'île.

Il signala plusieurs autres passages sans pouvoir communiquer avec son supérieur direct la raison de son comportement. C'est Saaros qui vint le trouver dans son bureau, alors qu'il s'occupait tranquillement de paperasses ennuyante à mourir. Le sergent entra en trombe, visiblement furieux après une inspection qui n'avait, une fois de plus, rien donnée.

"Vous vous foutez de ma gueule vice-lieutenant?!"

Il avait abattu son poing sur le bureau et s'était à peine retenu de hurle. Mais le profond manque de respect à sa hiérarchie n'avait pas manqué de ramener les quelques grouillots qui passaient dans le coin. Il les chassa d'un geste de la main et fixa Tenko droit dans les yeux, comme pour lui signifier son incompréhension sans avoir à la dire.

"Votre ton sergent. Si vous ne voulez pas passer par le trou, je vous conseille de le baisser."

L'expression de fureur sur le visage du soldat blong sembla plus grande encore mais il essaya de se contenir. Il se mordait les lèvres, et la position de ses poings ancrés sur le bureau indiquait que la seule chose qui l'empêchait de sauter sur son supérieur, c'était le renvoi qui allait suivre.

"Maintenant, Y-a-t-il un quelconque problème, Saaros?"

"Vous les couvrez, pour je ne sais quelle raison. C'était ça que vous disiez dans votre discours, hein? Vous préférez vous faire du fric plutôt que de respecter notre foutue armée?"

Tenko observa furtivement derrière l'épaule du soldat, apercevant Murt qui passait par là, sûrement pas hasard. Il regarda son subordonné, qui était aussi son ami, et tenta de lui répondre par une formulation à double sens, une fois de plus.

"Je ne comprends pas vos allégations. Si je fais quelque chose, c'est toujours au nom de l'entraide, pour une cause commune. Je n'ai aucun intérêt personnel dans la Marine."


Le sergent sembla soudain comprendre et se redressa. Il s'excusa brièvement et partit sans demander son reste. Le jeune officier se rassit et invita à entrer Murt, qui restait dans l'encadrure de la porte. Le caporal referma le battant derrière lui et vint s'asseoir sans qu'on l'autorise sur la chaise qui faisait face à celle de Tenko. Il prit une cigarette qui traînait sur le bureau du vice-lieutenant et l'alluma nonchalamment. Puis après avoir fait durer le suspens, il prit enfin la parole tandis que la jeune mouette restait silencieuse.

"Je crois qu'on peut vous faire confiance."

Le regard de Tenko s'illumina. Avait-il réussi à se montrer digne de porter plus de responsabilités dans le réseau? Il attendit la suite non sans impatience. Chaque pas en avant était une victoire pour lui.

"Vous nous avez permis de garder pas mal d'argent vous savez. Avant les perquisitions de Décro Foin étaient rares mais avec les événements récents et surtout avec l'arrivée de l'archer, elle se sont multipliées. Ça aurait miné notre petite affaire."

Il s'arrêta et tira longuement sur la clope. Puis il se leva et se rapprocha de la fenêtre qui donnait sur la cour d'entraînement. Il gratta une tâche qui était là et reprit enfin la discussion. Soit il était lent à détente, soit il aimait la tension dans ce bureau.

"Mais on ne peut pas non plus vous faire totalement confiance, pas pour l'instant. Vous ne vous êtes qu'à moitié impliqué. C'est comme si vous aviez dit à des chasseurs de prime que le pirate est parti vers la droite alors qu'en fait il est allé à gauche. Ça ne fait pas de vous un vrai complice."

Il retourna s'asseoir et écrasa le mégot dans le cendrier, fixant droit dans les yeux le vice-lieutenant.

"J'ai une tâche à vous confier. Un pauvre type s'est fait tabasser par les sapeurs pompiers cette nuit. Le problème? Ils y sont allés fort et ils ont laissé le clampin dans un coin où personne ne passe le matin. Vous allez récupérer son corps et l'enterrer dans la forêt."

Il se leva, n'attendant aucune réponse de la part de son interlocuteur. Puis quand il se saisit de la poignée, il tourna sa tête et regarda Tenko, un sourire carnassier aux lèvres.

"Au fait, si vous vous le demandez, c'était votre prédécesseur. On l'a retrouvé attaché dans une cabane. Un agent compromis c'est plus dangereux encore qu'un espion. En guise d'avertissement..."

Il claqua la porte en sortant et le jeune officier put entendre d'autres bruits de pas se joindre aux siens. Il souffla un grand coup et attrapa la poubelle qui résidait à ses pieds, la portant à niveau pour y rendre son déjeuner. Il n'avait plus envie de célébrer son avancée à présent: un innocent était presque mort.



Dernière édition par Tenko Sozen le Jeu 16 Mar 2017 - 21:14, édité 4 fois
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Cadavres

Tenko Sozen

Les habitations qui bordaient l'ancienne halle de vidage de poisson s'élançaient selon des angles bizarres. Tenko progressait au milieu des cahutes, à la recherche du fameux corps dont il devait se débarrasser. Il n'était jamais venu patrouiller dans ces quartiers auparavant, pour la simple et bonne raison qu'aucun Marine n'y avait mis les pieds depuis une bonne dizaine d'année. Les gens qui vivaient là étaient à la merci des sapeurs pompiers de Malsouin, qui contrôlait cette zone-là de la ville. Soudain, il crut entendre un bruit et tendit l'oreille. Il revint sur ses pas et s'engagea dans la ruelle sombre qu'il venait juste de dépasser. Là, à quelques mètres devant lui, gisait un homme encore habillé de son uniforme de soldat. Le sang recouvrait son visage tuméfié, méconnaissable. Le jeune officier s'approcha de lui et essaya de déterminer s'il était vivant ou mort. Le blessé avait jeté une pierre en le voyant passer mais rien ne disait qu'il n'avait pas expiré avec ce dernier effort. Ne trouvant pas le pouls, le vice-lieutenant essaya de le réveiller, sans succès. Résigné, des hauts-le-cœur incessants, il hissa le corps sur ses épaules et se glissa rapidement vers la forêt. Après avoir marché une bonne quinzaine de minutes au travers des arbres, il laissa le corps tomber au sol en lâchant un soupir incroyable.

Il se saisit alors de la pelle qu'il avait emmené au préalable et commença à creuser. Il se fit la réflexion que cela aurait été plus malin de préparer le trou en avance, mais son esprit était confus depuis la visite du caporal Murt aux aurores. Il ne réalisait pas vraiment dans quoi il s'était fourré et avait du mal à rester lucide. La pelle s'enfonçait dans la terre meuble, ne rencontrant que peu de résistances. A chaque coup dans le sol, Tenko avait l'impression d'enterrer un peu plus sa dignité. Tu fais ça pour une bonne raison! Il continuait à se répéter ce mantra dans sa tête,inlassablement, essayant de se convaincre. Puis d'un seul coup, il envoya la pelle contre un arbre et s'agenouilla au sol, le frappant de ses mains jusqu'à ce que la terre durcisse et lui ouvre la peau. Pleurant, dans une position de faiblesse au milieu de ce trou en devenir, il laissa ses nerfs craquer. Puis il respira profondément, reprenant le contrôle sur son corps petit à petit. Ses muscles se détendirent et il alla se reposer contre un arbre pour reprendre ses esprits. Il fallait que ça sorte, sinon quoi il aurait pu craquer à un moment crucial. Il n'était qu'un humain comme un autre. Son empathie avait pris un sacré coup et son implication, contre sa nature, avait chamboulé ses émotions. Mais il s'était repris en main. Il finit le travail et plongea le corps dans le trou.

Il allait commencer à le reboucher quand il eut une idée soudaine. Il se saisit d'une fleur bleue et la jeta sur la dépouille. Puis il jeta la terre par dessus en entonnant doucement une chanson de marin qu'il avait apprise durant ses années à bord des navires de commerce.

"Et viendra le jour où les courants,
T'amèneront vers le soleil couchant.
Là-bas tout t'y attendra,
De ta mère jusqu'au plus gros des rats.
Mais ce qui est le plus perturbant,
C'est qu'tu pourras pas dire de qui t'es l'enfant!"


Tenko se jura de préciser sur son testament de ne jamais se faire enterrer pendant que des gens chantent cette musique. Puis il jeta la dernière volée de terre et reprit la route de la garnison, en partie soulagé de toutes les angoisses vécues jusque là. Il croisa Flip sur son chemin, qui patrouillait avec son escouade dans le port. Ce dernier lui fit un signe de la tête gratifié d'un sourire que lui rendit à moitié l'officier. Ce dernier prit la direction de la base quand soudain deux sapeurs pompiers s'approchèrent de lui. Leur compagnie était réputée être sous le contrôle de Malsouin, et à en juger par l'air des deux hommes qui l'abordaient, ils ne dérogeaient pas à la règle. Le premier d'entre eux avait le physique d'un pompier de rêve, mais son visage aurait même repoussé un prisonnier en manque depuis des décennies. Le deuxième était petit et frêle, loin de l'idée qu'on pouvait se faire d'un soldat du feu. Ils le regardaient tout deux sévèrement sans que le vice-lieutenant ne puisse savoir pourquoi. Soudain le nabot prit la parole tandis que son congénère le colosse invitait Tenko à reculer dans la rue derrière lui.

"J'espère que t'as creusé profond crétin, parce si un abruti retrouve le macchabée et que l'affaire ressort, c'est toi qu'on balance!"

Sortis de la bouche d'un si petit personnages, les menaces prenaient un ton beaucoup moins sérieux. Le jeune officier ne se serait pas retenu de rire si la montagne de muscle à côté avait semblé pacifique. Il n'avait jamais compris comment les petits gabarits arrivaient à prendre l'ascendant sur les poids lourds. Il allait répondre quand soudain monsieur culturiste ouvrit sa bouche. A la surprise de Tenko avec une phrase plus qu’intelligible.

"Il est de notre côté, Cratz, ne le menace pas."

Puis de se tourner vers le vice-lieutenant qui révisait sa vision des rapports sociaux.

"Je voulais vous remercier au nom de monsieur Malsouin. Ce cadavre nous aurait couvert d'ennuis, disons-le, inutiles..."

Il s'arrêta et sembla chercher quelque chose dans sa poche. Il trouva enfin et sortit une bourse conséquente de sa poche, qu'il tendit au jeune homme. Tenko l'ouvrit et compta à vue d'oeil la somme qu'elle pouvait contenir. 250.000.000 berries au bas mot.

"En guise de récompense. Vous travaillez pour nous maintenant et votre nom pourrait effleurer les oreilles de nos dirigeants après ce que vous avez fait. Cependant..."

"Je suis toute ouïe?"

Un sourire malicieux s'empara du visage du pompier hors normes. Il tourna sa tête vers la rue où Flip patrouillait avec ses hommes avant de fixer à nouveau la jeune mouette.

"Cependant si vous voulez prendre de nouvelles responsabilités auprès du chef, il va falloir m'accorder une faveur."

"Enterrer un homme n'est pas suffisant?"

"Vous ne l'aviez pas tué à ce que je sache. C'est la peau de Flip que je veux. Ce sale rat grignote dans nos économies en trichant au jeu. Mais plus loin que ça, il ouvre trop sa grande gueule. Clouons lui le bec."

Tenko passa le reste de la journée dans une angoisse qu'il était difficile d'imaginer. S'il tuait pour les pourris, il vendait son âme au diable. S'il ne le faisait pas, on l'agenouillerait auprès de Flip et il irait nourrir les poissons avec lui. Il avait essayé de contacter Décro Foin, sans succès. Le jeune vice-lieutenant se sentait épié en permanence et n'osait pas s'approcher de ses vrais complices. Mais alors que l'après-midi tirait vers sa fin, il reçut la visite du sergent Saaros, qui glissa discrètement un papier sur son bureau tout en discutant d'autre chose. L'officier ne fit pas l'erreur de se ruer sur la note et empoigna une feuille de dimension classique pour dissimuler le papier de moindre taille. Quelques mots seulement étaient inscrits sur la feuille, et l'écriture de l'archer n'aida en rien Tenko pour déchiffrer le message. C'était une espèce de poésie qui n'avait aucun sens, jusqu'à ce que la mouette ne comprenne comment le déchiffrer.

"Voire les étoiles n'amènera
Ici rien d'autre que l'amer
Sel des vagues destructrices.
Et les hommes prendront les armes,
Raseront les villages et tueront la vie elle-même.

Et la vie ne s'éteindra pas, car
Protégée de son écrin de cuir,
Aux aurores de la cacophonie;
Unie dans sa diachronie,
Logée dans la nature qui
Existe pour elle seule.

Dérogeront à la règle les mauvais,
Retors personnages aux ambitions
Originales et qui vont,
Infectant l'intégrité de tous.
Tu ne seras pas des leurs
Et tu seras des nôtres."

Il s'attarda sur la première lettre de chaque vers et comprit enfin le message: Viser Épaule Droite. Rien d'autre ne semblait cohérent en dehors de cette signification-là. Il rangea soigneusement la papier dans sa poche et réfléchît à la manière dont Saaros avait pu apprendre la nouvelle. S'était-il dissimulé pour écouter les sapeurs et amasser des preuves? Probable. Il était très discret, à défaut d'être un excellent combattant. Un meneur et un soldat préparé à des opérations discrètes. C'était presque à se demander pourquoi il avait choisi la Marine. L'heure fatidique finît par arriver et Murt vint chercher son supérieur pour l’emmener à l'endroit choisi pour l’exécution. Chacun des pas du jeune homme lui pesait, et le stress le prenait jusqu'à la gorge. La main sur son sabre, il cramponnait la poignée pour éviter que ses nerfs ne lâchent. Ils arrivèrent dans la même zone qui avait été celle où Tenko avait dû récupérer le corps ce matin-là. Personne ne se manifestait aux fenêtres. Près du quai, un sac sur la tête, Flip était agenouillé et se débattait avec vigueur. Autour de lui, le jeune officier put reconnaître les deux pompiers rencontré plus tôt, ainsi que Poms le vétéran qui accompagnait toujours son caporal.

"Le fond de l'air est frais ce soir, Jegg!"

Un sourire émergea sur le visage du colosse qui tenait un pistolet à silex entre ses mains. Tout en le tendant au vice-lieutenant, il répondit à Murt.

"Le fond de l'eau aussi, Murt!"

La scène était presque surréaliste. Empoignant l'arme qu'on lui avait tendue, Tenko regarda le sous-officier agenouillé devant lui. Il déglutit et tendit le canon en direction du condamné. La tension était à son comble. Les pensées de Tenko s'entrechoquaient, exigeant à la fois de lui qu'il tire mais aussi qu'il se rétracte. Soudain, la voix du vieux soldat résonna derrière lui.

"Il n'a pas les tripes pour le faire. Pas vrai gamin? Je parie que tu vas baisser ce flingue et que..."

La détonation retentit avec fracas, résonnant entre les murs de pierres qui en renvoyaient l'écho. Une gerbe de sang s'envola de l'épaule droite du caporal qui hurla alors même que son bâillon l'en empêchait. Il ne bascula pas en arrière mais Tenko le repoussa d'un simple coup de pied, le projetant à la mer. Puis il lâcha l'arme, tout tremblant, et tomba sur ses genoux. Il avait pourtant tiré là où Saaros l'avait demandé. Plusieurs hauts-le-cœur le saisirent, et il finit par éjecter sa bile dans l'eau, là où le corps de l'homme s'était enfoncé, tiré vers le fond par les poids attaché à ses jambes. Les poissons se chargeraient du reste. Il se releva et plaqua son arme contre le torse de Poms, le regardant furieusement.

"Vous ne devriez pas parier vieux fou. Pas avec moi!"

LA colère exultait hors du vice-lieutenant qui ne pouvait plus se contenir face à ses hommes. Poms l'attrapa par le col mais Tenko le repoussa violemment. Personne ne daigna intervenir autour d'eux. Un crochet du soldat atteignit la mâchoire de l'officier qui le saisissant par les épaules, envoya son genoux au creux du ventre du vieil homme. Puis il dégaina son sabre. Avant qu'une autre voix ne se fasse entendre au milieu du fracas.

"Sont-ce là les manières d'un officier, vice-lieutenant Sozen?"

Pordric Malsouin en personne se tenait là, devant la diligence qui lui servait de transport. Dans son agitation, le jeune homme n'avait même pas remarqué la voiture qui s'approchait. Il rengaina son arme et salua son interlocuteur. Jetant un regard par dessus l'épaule du malfrat, il aperçut Big Zoubi qui l'observait depuis l'intérieur de l'habitacle.

"Joignez-vous à nous, nous allons prendre le dîner dans ma modeste demeure. J'ai entendu parler de vos exploits."

"Ce serait un honneur, monsieur Malsouin."

Le jeune officier laissa les subalternes des deux figures face à lui sur le quai et prit la route avec Malsouin et Zoubi. Tout se déroulait selon le plan. Du moins voulait-il le croire...



Dernière édition par Tenko Sozen le Sam 11 Mar 2017 - 22:01, édité 1 fois
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Dîner aux flambeaux

Tenko Sozen

Le jeune vice-lieutenant resta silencieux pendant une bonne partie du court chemin qui séparait la diligence de la demeure de Pordric Malsouin. Zoubi faisait la conversation à ce dernier, sur des sujets plutôt banals. Tenko regardait par la mince fenêtre la mer qui apparaissait à intervalles régulières au bout des rues qu'ils dépassaient. Il venait de tuer quelqu'un. Ce n'était pas quelque chose d'anodin, de normal pour un soldat de la Marine. Car il n'avait pas commis le crime dans une bataille, ou contre un adversaire avec un rapport de force équilibré. Non, il avait exécuté un homme attaché, cerné, en position de faiblesse extrême. C'était un acte brutal, amoral, criminel. Le mot résonna dans son esprit, son sens s'amplifiant à chaque nouvel écho. Rien ne le différenciait plus des gens qu'il combattait. C'était le risque des opérations en immersion. Basculer trop loin pour se rendre crédible. Soudain, une main se posa sur son épaule et le secoua légèrement. Se redressant, il put apercevoir Malsouin, à moitié sorti du véhicule et qui l'invitait à descendre.

"Et ben mon vieux, on dirait que vous avez vu un spectre!"

Tenko souria et lui emboîta le pas sans prendre la peine de répondre. Autour de lui s'étendait le jardin du videur, sur quelques centaines de mètres carrés. Au centre de l'allée bordées de fleurs bien entretenues se dressait une maison de trois étages, sans compter les combles visiblement aménagés pour les domestiques. Deux ailes s'avançaient aux extrémités du bâtiment. La façade était composée de briques encadrées par des rangées d'une pierre noire extrêmement lisse. Ils s'approchèrent du porche, où les attendait le maire de la ville, Robert Blop. Vêtu d'un costume trop petit pour lui, le notable se tenait près de la porte, visiblement en pleine discussion avec un majordome. Le videur s'approcha de l'élu et l'apostropha amicalement, tandis que Zoubi restait quelque peu en retrait. Le jeune officier ne tiqua pas, complètement déconnecté des événements.

"Vice-lieutenant Sozen! C'est un plaisir de vous revoir! Votre discours m'a marqué vous savez, il était agréable de voir que tout les officiers de cette île ne sont pas aussi obtus que Décro Foin."

Le maire s'était directement adressé à lui, lui tendant une main amicale en guise de salut. Le jeune homme l'empoigna et s'empressa de répondre, alors qu'il se donnait un coup de fouet mental. Il ne devait pas passer à côté de la chance de mettre à profit cette soirée. Tout sourire, il essaya de se montrer le plus avenant possible envers ses hôtes du soir. Tant qu'il pouvait oublier les évènement ayant précédé tout lui convenait.

"C'est un honneur monsieur le maire! Comment se porte la gestion de Poiscaille?"

"Une horreur administrative! Il faut composer avec les désirs de chacun et faire en sorte que tout le monde en sorte gagnant..."

"Cela ne sonne pas comme une mince affaire!"

Et Blop de rire aux éclats en tapotant le dos du soldat. Ils pénétrèrent dans le manoir, guidé par le propriétaire fier d'exhiber son mobilier de luxe, ses plus belles soies ou encore ses trophées de chasse. Tenko ne put s'empêcher de remarquer le bon goût de Malsouin en terme de décoration intérieure. Ils passèrent quelques salles annexes, salons et bibliothèques privées, avant d'arriver dans ce qui ressemblait à un boudoir. C'était la première fois que le jeune homme mettait un pied dans un endroit comme celui-là. La pièce était coincée entre la salle à manger et une chambre annexe, sûrement prévue pour les invités. Le couloir permettait également d'y accéder de façon assez directe, donnant l'impression à la jeune mouette que l'homme d'affaires avait l'habitude d'emmener ses amis directement dans cette pièce avant les repas et autres activités.

Le magnat du poisson l'invita à s'asseoir à sa gauche sur un large canapé de soie aux motifs sobres. Devant s'étalait une longue table basse, tandis que de l'autre côté se trouvait un piano à queue d'une taille assez impressionnante. Le jeune homme caressa le bois verni de l'instrument avant de venir s'asseoir. Zoubi et Blop avaient quand à eux pris place sur deux fauteuils et s'entretenaient de détails assommants sur la géographie de Poiscaille.

"C'est un bien beau piano que vous avez là, monsieur Malsouin."

"Une belle pièce effectivement... J'ai toujours rêvé d'en jouer, mais mes doigts ne sont, semblerait-il, pas assez agiles pour me le permettre. Mais si vous entendiez mon fils, Huitain, vous en auriez des frissons pour un mois."

"N'est-il pas présent? La maison m'a semblée bien vide..."

L'entrepreneur marqua un temps d'arrêt avant de donner une réponse. Le jeune marin crut même discerner dans le regard du bonhomme une lueur de tristesse. Mais c'est avec vigueur et entrain qu'il annonça tout fier que son héritier était parti conclure une affaire avec une petite île de North Blue en son nom. La fierté exultait du visage du malfrat, qui ne pouvait tarir d'éloge envers sa progéniture, qui devait avoir hérité des défauts de son père. Les conversations varièrent et durèrent, jusqu'à ce qu'enfin le majordome qu'avais aperçu le jeune officier ne vienne leur annoncer la tenue du dîner. Ils quittèrent la petite pièce et s’engouffrèrent dans la salle à manger. C'était une vaste pièce rectangulaire, au sein de laquelle trônait un grand portrait de Pordric, mais son physique avait été revu à la hausse par le peintre en charge de la commande.

L'argenterie présente sur la table impressionna le jeune officier qui aurait presque parié que sa solde ne lui permettait même pas de s'offrir un ensemble pour une personne. Il s'attarda sur les verres, taillés dans un cristal fin, ne présentant presque aucune irrégularité ou aspérité naturelle. Ils prirent place autour de la table et Zoubi occupa la chaise la plus proche de celle de son subordonné, espérant certainement lui glisser quelques mots pendant le repas. Les entrées furent servies, des salades élaborées mais en quantités épicurienne contrairement à ce qu'aurait pu prévoir Tenko. On l'interrogea à propos de son adaptation à sa nouvelle fonction, et il répondit franchement aux questions qui lui étaient posées. Le commandant l'écouta avec attention avant de prendre la parole.

"J'ai entendu dire que vous faisiez du bon travail et ça me rassure. Je me vois mal prendre ma retraite en laissant cet incapable de Foin prendre la relève..."

"Cet incapable ne voit pas que notre collaboration est bénéfique pour l'île entière. Heureusement que ses fichus rapports ne sont jamais arrivés entre les bonnes mains!"

"Disons qu'il ne s'adapte pas à la situation qui est la notre aujourd'hui. Il rêve d'une époque depuis bien longtemps révolue..."

"Comme ces idiots de Keudver et Pordragon! Ils ne voient pas que mes idées sont novatrices et apporteront encore plus de richesses et de bonheur sur l'île, contrairement aux leurs!"

Robert Blop toussa alors bruyamment, interrompant le monologue dans lequel allait s'engager le chef d'entreprise. Les deux hommes se défièrent du regard pendant quelques instants mais le maire finit par baisser les yeux. La hiérarchie était bien établie et les Videurs étaient au sommet de la pyramide. Après un court silence, le notable prit la parole non sans courage.

"J'ai eu une discussion avec madame Keudver et monsieur Pordragon. Nous avons tous convenu de quelque chose qui ne devrait pas vous plaire, monsieur Malsouin."

Il prit une rapide pause avant de continuer, fixant Pordric Malsouin droit dans les yeux.

"Vos ambitions... Nous avons estimé qu'elles sont bien trop... audacieuses? "
Il se tourna vers les deux représentants de la Marine et fit avancer son propos, cherchant peut être en eux des alliés.

"De plus, vos projets ne pourront pas être cautionnés par la Marine. Nous parlons quand même de..."

"Monsieur Blop."



Dernière édition par Tenko Sozen le Sam 11 Mar 2017 - 19:51, édité 2 fois
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Négociations

Tenko Sozen

Les bruits de couverts s'étaient arrêtés et l'ambiance déjà tendue s'était encore alourdie. Big Zoubi paraissait plus effrayant que jamais aux yeux du jeune officier, alors qu'il s'était levé, les deux mains posées sur la table devant, ses yeux rivés sur le notable qui s'efforçait visiblement de ne pas se recroqueviller sur sa chaise. Prenant une grande inspiration, le commandant alla au delà de son interjection.

"Je représente la Marine, et au delà de ça le Gouvernement. Ce même gouvernement qui laisse à Poiscaille sa liberté en échange de sa fidélité. Si je décide que les actions de monsieur Malsouin sont légitimes, personne ne s'y opposera. Bien sûr mes hommes ne participeraient à aucun acte dit "criminel", mais ils ne se retrouvaient pas impliqués pour autant. Mais si je décide qu'une enquête doit remonter jusqu'à vous, elle remontera comme je l'aurais décidé."

Blop tourna son regard vers le vice-lieutenant qui s'empressa d'affirmer son soutien envers son supérieur. Résigné, l'élu se leva et se dirigea vers la porte avant de revenir sur ses pas et de s'adresser, étonnamment, à Tenko. Tout dans son regard semblait indiquer un profond regret, et son attitude trahissait aussi cette impression qu'avait le jeune officier. Il prit alors la parole, sur un ton assuré qui frisait presque l'insolence.

"Ils vont brûler les quartiers pauvres. Si vous voulez vous associer avec eux, voilà ce qu'ils comptent faire. Et vous deviez être leur alibi en cas de problème. Mais j'imagine que maintenant ils vont devoir vous en...."

"DEHORS!"

Malsouin, fulminant, avait hurlé pour chasser le maire de sa demeure. Ce dernier n'hésita plus et prit ses jambes à son cou. Le malfrat se rassit sur sa chaise et appela de la main son majordome, à qui il glissa quelques mots au creux de l'oreille. Toute cette affaire puait les embrouilles. Brûler les quartiers pauvres. S'il s'était préparé aux actes qui pourraient parvenir à ses oreilles, une action criminelle de cette envergure n'aurait jamais pu lui effleurer l'esprit. Il devait prévenir Décro Foin aussi vite que possible. Et s'inclure dans la préparation pour connaître tout les rouages du méfait. Zoubi tenait sa tête entre ses mains, agacé par l'audace de Blop qui les forçaient maintenant à inclure le jeune officier dans la manœuvre. Le Videur prit la parole le premier, semblant vouloir clarifier les choses.

"Sachez que vous n'êtes pas qu'une bonne..."

"Abrégez-ça, Malsouin. Sozen est loin d'être bête, il avait peut-être même déjà compris son rôle avant d'arriver ici."

Le commandant parlait à son collaborateur d'égal à égal. C'était une facette inconnue du vieil homme que découvrait Tenko ce soir là. Peut-être avait-il des aptitudes au commandement après tout? L'entrepreneur jeta un regard interrogatif au jeune homme, attendant visiblement une réponse de sa part. L'alcool consommé durant le repas donnait au vice-lieutenant l'audace de lui aussi se mettre à leur niveau.

"Le commandant Zoubi a raison. Ne jouons pas avec les apparences, je n'ai pas froid au ventre, vous le savez bien. On s'est rencontré le jour où ce maudit navire pirate tournait autour de l'île. Je vous ai tenu tête alors et je n'ai pas peur de recommencer. Je veux ma part du gâteau."

"Vous n'avez donc pas d'objection concernant mon projet?"

Tenko afficha une expression impassible. Tu le sauras quand tu auras une paire de menottes autour des mains. Il fallait se durcir, et pour cela rien de mieux que la boisson. Il répondit sur un ton assuré, incisif.

"Non. Ces maisons sont déjà à moitié effondrées, autant finir le travail. D'autant que vous relogerez certainement la population."

"Les habitants seront envoyés dans la forêt qui pourra être exploitée par Malsouin en position de monopole. Keudver et Portdragon devront s'incliner."

"Et qu'est-ce que vous y gagnez, commandant?"

Malsouin sortit alors une mallette de derrière un buffet et la posa sur la table. Il l'ouvrit, dévoilant des lasses de billets indénombrables. Tenko n'avait jamais vu autant d'argent de sa vie au même endroit. Il y avait là des dizaines de millions de berries au bas mot. Il tendit sa main vers le liquide et saisit une liasse. Il était presque fasciné par ce que représentait une telle fortune. Il s'imagina en train d'acheter diverses choses utiles, avant de réaliser à quel point l'emprise pouvait devenir forte sur lui s'il ne se contenait pas. Le poissonnier eut un large sourire en voyant le soldat s’émerveiller. Il était corruptible, pensait-il. Le vice-lieutenant se rassit et regarda l’entrepreneur.

"50 millions de berries."

"100 millions ou je ne marche pas."

"Vous n'êtes pas en position de discuter, Sozen. Prenez simplement ce qu'on vous donne et faites ce qu'on vous dit!"

Le jeune officier porta la main à sa ceinture et visa juste au dessus de la tête de l'exploitant de morue. Il tenait entre ses mains de pistolet à silex qu'il avait ramassé juste avant de monter dans la diligence. Tout le monde s'arrêta de bouger dans la salle, à l'excepetion de Zoubi qui s'était redressé, ne comprenant rien à la situation. Tenko rabattit le chien et fixa le malfrat droit dans les yeux.

"Votre femme vaut-elle 100 millions de berries, monsieur Malsouin?"

"Qu'est-ce que vous..."

"Taisez-vous Zoubi, vous ne comprenez pas ce qui est en jeu!"

Tenko réajusta sa visée, plaçant la bouche de son canon devant le petit vase qui ornait la cheminée derrière le siège de Malsouin. Puis il fixa à nouveau son interlocuteur principal qui était complétement sous son empruse. Le contenu de ce récipient était, selon les déductions du jeune homme, plus précieux que l'argent de l'exploitant. Il se montra insistant, bougeant son canon verticalement comme pour signifier qu'il était prêt à tirer sur l'urne. Il n'aimait pas la position qu'il se devait s'adopter mais s'accomodait pour jouer son rôle du mieux qu'il le pouvait. Le commandant n'osait pas agir, sachant que son subalterne prendrait facilement le dessus sur lui en cas d'affrontement.

"Votre vice-lieutenant sait comment négocier Zoubi. Je précise que la somme sera prélevée de votre propre paye."

"Mais enfin pourquoi ce foutu vase vous importe tant?"

Visiblement les connexions se faisaient à une vitesse plutôt lente chez le vieil officier qui présentait un comportement contradictoire. Il ne supportait pas vraiment la pression, qui l'empêchait de réfléchir correctement. Soudain ses yeux s'écarquillèrent et il se renfrogna, ayant apparement de quoi retournait la situation. Le contenu de la malette fut partagée en deux et Tenko baissa enfin son arme, la rangeant à sa ceinture avant de se rasseoir. Personne n'était intervenu, ce qui signifiait que les hommes de main du poissonnier se trouvaient ailleurs. En prenant place à nouveau à la table, le jeune officier s'adressa à Malsouin.

"Je m'excuse de mon comportement, mais je devais m´assurer d'avoir une part conséquente au vu de la participation que je vais fournir. Donnez moi la date et j'organiserai des manoeuvres en forêt pour distraire les hommes."

Il venait de mettre une cible sur son dos. Dès qu'il le pourrait, le malfrat enverrait ses hommes après le jeune offficier, tandis que Zoubi ne leverait le petit pouce pour l'aider. Insulter un maffieux était une chose, insulter la mémoire de sa femme en était une autre. Mais de cette manière, Tenko avait prouvé sa "volonté" d'être impliqué dans l'affaire. Un espion ne prenait jamais de risques de peur d'être découvert, mais le jeune homme voulait jouer cette carte autrement, à sa manière.



Dernière édition par Tenko Sozen le Mer 15 Mar 2017 - 11:42, édité 1 fois
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Planification

Tenko Sozen

Décro Foin fixait son subalterne, décontenancé par ses propos. Des trois grands viseurs, Malsouin avait toujours été le plus ambitieux, le plus dénué de morale et le seul prêt à tout pour voir ses projets menés à leur terme. Et ce quelqu'en soit le prix à payer, monétaire ou humain. L'entendre projeter de raser par les flammes toute une partie de la ville étonnait tout de même le Lieutenant. Plus loin que le simple étonnement, il était profondement inquiété par la violence de l'acte. Et Zoubi allait fermer les yeux pour une somme d'argent dérisoire à la clé. Tenko suivait son supérieur à travers le bois qui s'étendait au delà du mur de fortification nord. Il avait indiqué à Zoubi qu'il emmènerait l'officier dans ce coin-là pour lui expliquer les manoeuvres que les troupes opèreraient durant la fameuse soirée. Le commandant, marqué par l'audace de Tenko qui avait menacé Malsouin indirectement en s'en prenant à sa définte épouse, n'emettait plus de doutes quand à la sincérité du jeune homme dans leur entreprise. Cela lui laissait enfin l'occasion de parler avec ses associés. Après une ronde dans les environs, le sergent Saaros se rapprocha à nouveau d'eux, leur indiquant que personne ne les suivait.

"Mobiliser des troupes loyales et fidèles d'ici demain soir? Ce sera compliqué de le faire discrètement Sozen..."

"Il faut que vous reussissiez, Lieutenant... Sinon notre opération tombera à l'eau, et plus grave encore ces gens perdront leur foyer..."

"La garnison compte 300 soldats, nous inclus. D'après-vous, vive-lieutenant, combien sont embourbés dans l'affaire?"

Tenko réfléchît longuement à la réponse. De ce qu'il avait pu en comprendre, le réseau était assez restreint, mais les mouettes pouvaient au moins compter un soldat sur six comme étant corrompu. Ce qui donnait environ une cinquantaine d'ennemis potentiels. Il communiqua cette information et ses compagnons réfléchirent à un plan pour empêcher l'incendie d'arriver. Ils avaient déja convenus que les troupes qui "manoeuvreraient" sous le commandement de Décro Foin prendrait un itinéraire les rapprochant des quartiers délabrés, leur permettant d'arrêter les sapeurs impliqués dans le système, et au passage de passer les menottes aux gras poignets de Pordric Malsouin.

"60 hommes suffiront selon moi. Nous prendrons les sapeurs et interrogerons Malsouin de façon à lui faire cracher le morceau. Dès que ce sera fait, nous attendrons Zoubi de pied ferme et le cueillerons à son arrivé avec les autres hommes."

"Et vous, comment nous rejoindrez-vous? Vous serez à la tête de trois sections au moins, sous l'oeil attentif de Zoubi. Et si nous retirons un sixième des effectifs composés d'hommes loyaux, les votres ne le seront pas."

Le jeune officier n'avait pas pensé à ce détail-là du plan. Il lui fallait un motif pour rejoindre ses véritables alliés une fois l'opération lancée au grand jour sinon quoi il serait traîné sur le banc des accusés sans aucune possibilité de se défendre de façon crédible.

"Vous auriez un escargophone Lieutenant?"

"Toujours sur moi, pourquoi Sozen?"

Le jeune homme tendit sa main en guise de réponse. Son supérieur obtempéra, assez confus, et donna l'objet à son subalterne. Ce dernier pianota quelque peu avant d'attendre que la communication ne s'établisse. Une voix grésillante se fit entendre.

*QG de West Blue. Déclinez votre identité, votre grade, votre affectation et l'objet de votre demande.*

"Vice-Lieutenant Sozen, 388ème de Poiscaille. J'aimerais m'entretenir avec le commandant Grag Leke, de la 8ème du QG."

*Le commandant est absent pour la journée. Je vous transmet le sergent-chef Frobb!*

La gorge du jeune officier se noua. Même s'il s'était douté de l'interlocuteur auquel il s'adresserait en voulant contacter Leke, son ancien commandant, réaliser qu'il allait entendre le fléau des hommes du rang lui donna quelaues angoisses. L'entrée en matière permit à Tenko d'être sûr que la conversation n'avait pas été detournée.

"Je glande pas ici Sozen alors grouillez-vous avec votre appel avant que je me déplace pour vous botter le cul en personne!"

"Vous êtes au courant que je suis hiérarchiquement au-dessus..."

"Je m'en cogne, le barbu! je vous respecterai quand vous m'aurez traîné la gueule par terre pour insubordination, triple buse!"

Les deux compagnons de Tenko restèrent muets devant les invectives du sous-officier. Saaros ne se serait jamais permis un tel écart de conduite, et toute l'excentricité de Décro Foin ne valait pas l'explosion de haine permanante qui exultait de Frobb.

"J'ai une information à vous communiquer. J'opère actuellement en collaboration avec le lieutenant Décro Foin et le sergent Saaros sur Poiscaille pour mettre fin aux actes de corruption et autres méfaits associés. Je vous appelle pour m'assurer un témoin antérieurs aux évènements qui vont prendre place ici. Dans deux soirs, Pordric Malsouin va mettre le feu aux quartiers pauvres de la ville à l'aide des sapeurs sous son contrôle. Nous l'interpellerons et lui feront cracher le nom de son associé, que nous connaissons déjà, mais qui ne tombera pas faute de preuves. Big Zoubi. Nous ne savons pas si la sitiation sera sous notre contrôle, et les corrompus acculés pourrait engager le combat avec nos troupes. Nous avons donc besoin que vous preniez la mer au plus vite pour venir nous apporter votre aide au matin du troisième jour."

"Peut-être, mais je vous promet rien. Fiez-vous à votre capacité à gérer la situation, on avisera de notre côté. Maintenant je vous laisse."

Un silence presque oppressant s'installa, seulement interrompu par les bruits qu'émettaient l'animal-communicateur pour signifier la fin de l'appel. Ils rentrèrent vers la base, mais Tenko décida d'aller se dégourdir les jambes quelque peu avant de rejoindre son bureau et les papiers qui l'attendaient là-bas. Rien de mieux que la paperasse, qu'ils disaient! Il marcha à travers le village, saluant au passage quelques habitants qu'il avait appris à connaître depuis son arrivée sur l'île. La population semblait calme ce jour-là, plutôt apaisée par la paix imperturbable qui régnait sur l'île, en apparence du moins. Certains ouvriers faisaient des voyages entre les docks et les industries, tandis que d'autres approvisionnaient les poissonneries du coin. Chacune avait sa spécialité, puisque que de nombreuses espèces de poissons venaient s'arrêter au large de Poiscaille pour être pêchées.

Il finît par apercevoir un quai particulièrement familier à ses yeux. Il se rapprocha du rebord de béton et pencha sa tête en avant, essayant de distinguer quoi que ce soit au fond de l'eau. Flip, le caporal corrompu, s'était tenu là la veille, avant que l'officier ne l'exécute, malgré la directive du sergent Saaros de tirer dans l'épaule droite. L'eau était trop épaisse pour lui permettre de distinguer quoi que ce soit, et les algues n'arrangeaient rien à la situation. Il baissa la tête alors qu'il était accroupi et regarda par inadvertance entre ses jambes...pour apercevoir un homme de taille presque ridicule qui courrait droit dans sa direction. Se relevant brusquement, il aperçut le pistolet que portait Cratz, l'un des sapeurs de Malsouin, à temps pour lui attraper la main et dévier le tir qui le visait. Il projeta l'individu dans l'eau, ne prenant pas la peine de lui arracher son arme. Le gringalet émergea et appuya sur la gâchette, sans que rien ne se passe. Déconcerté, il martelas le mécanisme qui finit par s'enrayer dans un léger grincement.

"La poudre mouillé ne peut pas détoner, Cratz. C'est la base que de savoir ça! Maintenant où est..."

"Là."

Un coup violent heurta le sommet du crâne du jeune officier qui tomba genoux à terre devant l'eau. Tenko nota dans un coin de son esprit de ne plus jamais offrir à un adversaire potentielle une opportunité pareille de le prendre par surprise. Il entendit le cliquetis d'un mousquet et s'écarta brusquement, juste assez vite pour économiser à la Marine les frais d'obsèques d'un officier subalterne. Il se redressa et dégaina son sabre en dévisageant le colosse qui l'observait d'un œil curieux. Il avait sous-estimé les capacités de sa cible. Il allait engager le combat mais le vice-lieutenant l'interpella.

"En plein jour, avec des dizaines de témoins? Malsouin m'en veut vraiment alors. Par contre il ne tient visiblement pas à vous..."

La montagne de muscles tiqua. Jamais Jegg n'avait réfléchi à l'éventualité d'être pris pour le meurtre de Sozen. Il avait juste pris ses ordres et s'était empressé d'aller remplir les consignes. Tenko l'avait surestimé. Un peu plus loin, des manutentionnaires qui avaient entendu le coup de feu et aperçut la scène commencèrent à se rapprocher. D'autant que la balle du colosse avait touché son collègue qui s'efforçait de remonter vers le bord au moment où le vice-lieutenant avait anticipé le tir et l'avait esquivé plus par chance que par véritable compétence. Le sapeur évalua rapidement la situation. Son partenaire pissait le sang mais serait récupéré. Il n'avait plus qu'à fuir, en essayant d'attirer le soldat dans un endroit plus propice au combat. Il commença à courir mais très vite une douleur incendia son mollet droit. Il s'effondra, incapable de faire un pas de plus. Le jeune officier avait récupéré le pistolet à sa ceinture et en avait fait bon usage. Il pouvait rentrer l'esprit serein avec deux belles prises qui ne sortiraient pas de prison de sitôt.

HS:
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Négociations

Tenko Sozen

Le caporal Murt était adossé contre la porte du vice-lieutenant, observant les différentes personnes qui pouvaient passer dans le couloir. Son regard se portait en direction de la source du moindre bruit. Il jeta un regard à l'intérieur de la pièce, où Poms s'affairait au milieu des papiers, à la recherche du moindre signe qui pourrait trahir la couverture de Sozen. Le vétéran avait commencé à remettre en question les "bonnes" intentions de l'officier dès qu'il s'était tourné vers eux sans qu'aucun de leurs subalternes du réseau ne puisse leur dire qui l'avait renseigné. Puis il avait commencé à se montrer bien trop efficace en tant que guetteur pour ne pas être en coopération avec Décro Foin. Le zèle qu'il appliquait à se faire accepter avait perturbé le vieil homme qui avait réussi à convaincre son partenaire suite à l'exécution de la veille. On leur avait rapporté plus tard les événements qui avaient eu lieu chez Malsouin, ce qui les avaient décidés à faire un petit tour dans son bureau dès qu'il l’avait quitté pour inspecter les bois en vue des manœuvres qui prendraient place le lendemain.

Ils s'étaient arrangés avec Jegg et Cratz pour qu'ils lui passent une correction exemplaire le temps qu'il trouvent de quoi légitimer une exécution clandestine. Un bruit de pas se fit entendre au bout du long corridor, mais à cause de la forme de ce dernier, le caporal ne put distinguer qui se dirigeait dans sa direction. Il tendit la direction et put déterminer qu'un groupe plutôt qu'un individu isolé se dirigeait dans leur direction. Il passa l'encadrure de la porte et pressa son collègue qui tendit soudain un papier, avant d'afficher une expression décomposée. Tenko se tenait là, accompagné des deux sapeurs menottés et de plusieurs soldats. Big Zoubi fit lui aussi une apparition. Le commandant n'avait aucune idée de ce que ses hommes faisaient là. Dans le doute et pour ne pas perdre face à ses troupes, il ordonna qu'on les enferme tout les deux pendant une nuit au moins, pour les réintégrer le lendemain au moment des manœuvres. On reporterait leur sentence à plus tard. Quand ils furent seuls, le commandant se confia à son subordonné.

"Vous avez une idée de ce que ces deux-là pouvaient chercher dans votre bureau?"

Le manque du discernement du commandant fascinait le jeune officier. La passion pour l'alcool de son supérieur avait dû liquéfier son cerveau depuis des lustres, expliquant ces lenteurs incroyables. Il faisait plus confiance à Tenko qu'à des partenaires fidèles depuis des années, tout ça parce que le jeune homme avait fait preuve d'audace et s'était montré plus coriace que tout ses prédécesseurs jusque là. A quelques heures seulement du dénouement, la jeune mouette dégustait la victoire qu'il avait patiemment acquise.

"De quoi nous faire tomber tout les deux? Ça ne m'étonnerait pas qu'ils travaillent pour Décro Foin depuis le début..."

"Heureusement que cet abruti ne s'associe qu'à des gens de son espèce: des deumeurés!"

Tenko ne put s'empêcher de rire franchement, mais Zoubi le prit comme un signe de son humour particulièrement fin. Il invita le jeune officier à prendre son dîner avec lui, pour arranger les derniers détails possibles sur les manœuvres, voulant s'assurer de les emmener le plus loin possible de l'incendie. Le vice-lieutenant proposa alors à son supérieur de surveiller personnellement, arguant que la tentative désespérée des deux soldats requérait une telle mesure de sécurité.

"Je préférerais vous avoir sous mon commandement, Sozen. Qui sait ce qui peut arriver demain? Si vous veniez à être capturé, j'aurais du mal à vous extraire du danger."

La jeune mouette préféra ne pas plus insister. Il ne fallait pas tenter le diable et donner des soupçons au vieux commandant. Ils burent une bouteille d'un champagne de très bon cru et peaufinèrent les dernier détails. Le matin suivant, Malsouin prit contact avec son homologue pour confirmer le lancement de leur plan. Il s'enquerit également de l'état de santé de Sozen, n'ayant plus de nouvelles de ses deux hommes. Zoubi l'informa qu'il aurait maintenant à composer avec le vice-lieutenant qui semblait plus coriace et surtout plus fidèle que ce qu'ils avaient pu connaître jusque là. Mécontent mais néanmoins forcé par l'autorité suprême du réseau qu'incarnait Zoubi, le malfrat raccrocha enfin.

Les soldats s'organisèrent à leur sortie nocturne en forêt durant toute la journée, semectionnant avec précaution leur équipement et s'engageant sur quelques kilomètres avant de revenir en attendant le début de soirée. Prêtes à partir, les troupes s'avancèrent dans le bois vers les dix-huits heures, alors que le soleil terminait sa descente vers l'horizon. Les trois-cents hommes se séparèrent en cinq groupes de soixante hommes chacun. Décro Foin prit la direction de l'est après avoir perdu de vue les autres groupes. Le groupe de Tenko continua sa route auprès de celui du commandant qui avançait à une vitesse plutôt lente. Le bois avait pris une teinte particulièrement effrayante quand le soleil avait complètement disparu du ciel. Les hommes avançaient à pas de loup, effrayés par le moindre bruit. Tenko regardait le ciel avec angoisse, se demandant bien où pouvait en être le Lieutenant. Avait-il atteint sa destination à temps pour empêcher l'incendie?

Soudain, sortant tout à coup des buissons sur sa droite, un sapeur s'écroula aux pieds du sous-officier. Il l'attrapa par la jambe et Tenko s'accroupit pour écouter ce qu'il avait à dire. Décro Foin leur était tombé dessus et avait capturé la plupart d'entre eux. Il avait réussi à leur échapper et avait couru comme un dératé à travers la forêt pour trouver Zoubi. Mais en voyant le jeune officier il s'était arrêté. Terrible erreur. La mouette demanda à ses hommes de prévenir le commandant de son départ immédiat et de le rallier pour les manœuvres. Il se rua à travers la jungle, leur laissant le soin de s’occuper du pompier.

Se planquer dans les buissons, il n'y avait rien de mieux pour salir son uniforme. L'officier fixait les faubourgs autour desquels s'agitaient déjà une trentaine d'homme sous l'influence de Malsouin. Le principal intéressé n'était évidement pas sur place, mais ils iraient le cueillir plus tard. Les hommes sous son commandement s'étaient groupés en escouades, dissimulés dans les buissons de la lisière. Ils formeraient un arc de cercle coupant toute retraite au moment d'appréhender les malfrats. Mais encore fallait-il qu'ils commencent leurs méfaits. Soudain un cri se fit entendre et une épaisse fumée émergea d'une des rues du quartier pauvre. Remettant en place son masque de cheval, l'officier leva la main et siffla bruyamment alors que les sapeurs, trop affairés à mettre le feu à la moindre structure de bois, n'avaient pas vu arriver les forces de Décro Foin. Les dix escouades émergèrent du bois, mousquets dressés en direction des criminels pris sur le fait. Les réactions furent diverses au sein de la troupe ennemie. Certains s'agenouillèrent, trop impressionnés et surpris pour délivrer un combat ; D'autres essayèrent d'éteindre les flammes qu'ils avaient allumées, comme si la disparition du feu faisait disparaître les charges contre eux ; Une minorité enfin hésita entre combattre ou fuir. Seul trois de ceux là décidèrent de prendre la poudre d'escampette, et les mousquets firent leur travail en en immobilisant deux. Le troisième fila et s'engouffra dans la forêt avant que Décro Foin n'eut le temps de dire "ouf."

Les mouettes, au summum de leur efficacité, passèrent des cordes aux mains des individus pour les lier entre eux afin de les surveille plus facilement. Sans attendre, le lieutenant amateur d'équitation réquisitionna le sergent Saaros et deux escouades et prit la direction du manoir de Pordric Malsouin. Certains pompiers, plus effrayés par leur possible sentence que par leur employeur, n'avaient pas hésité à balancer son nom. Nul doute que l’intéressé était déjà informé de l'échec de sa stratégie et était en train de barricader sa maison en postant des vigies aux fenêtres. Les soldats s'approchèrent à pas de loup, restant au plus près des murs pour éviter d'être aperçus par d'éventuels yeux indiscrets. L'immense maison se dévoila enfin alors que le soleil se couchait et laissait sa place à la Lune de l'autre côté de la voûte céleste. De l'extérieur, aucun signe de présence humain ne pouvait être observé. Mais l'officier préférait jouer la carte de la prudence et faire une entrée discrète plutôt qu'un assaut frontal. Ils passèrent le muret qui entourait la propriétés et débouchèrent dans le jardin, près de l’aile gauche du bâtiment. A peine avait-ils posé le pied à terre que les balles plurent sur leur position. Quelques palmiers à la croissance hésitante leur offrirent un refuge suffisant pour échapper à une boucherie autrement plus sanglante. Une douleur lancinante naquit néanmoins dans la hanche de l'officier à tête d'équidé. Il jeta un regard à la blessure et grimaça. Dans la précipitation, il n'avait même pas senti la balle pénétrer sa chair. Le déluge s'arrêta soudain et les marins exploitèrent l'occasion pour charger la maison. Ils étaient peut-être en sous-nombre mais ils étaient mieux entraînés que les hommes à l’intérieur.

"Restez groupés et attrapez moi tout ces enfants de  chien!"

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Intervention

Tenko Sozen

Tenko posa ses mains sur ses hanches en s'appuyant contre un arbre. Il avait mal estimé la distance qui le séparait des quartiers pauvres et il avait gaspillé son énergie en courant comme un dératé dans la forêt. Il reprit la route en marchant rapidement, essayant de ne pas se prendre les pieds dans les ronces. L'avantage de cette forêt résidait dans la forme de ses arbres au travers desquels il était facile de distinguer l'extérieur du bois. Le regard focalisé sur sa destination, le jeune officier ne pouvait s'empêcher d'appréhender le pire. Si Big Zoubi avait l'intelligence de revenir sur ses pas, un conflit pourrait bien s'amorcer. Le vice-lieutenant ne se faisait plus de doutes quand à sa couverture: il s'était grillé en courant rejoindre Décro Foin quand le sapeur l'avait rejoint. La logique aurait voulu qu'il prenne la direction de la ville avec les soixante hommes qui manœuvraient sous son commandement. Ou qui du moins marchaient le plus loin possible de la ville pour laisser à Malsouin l'opportunité de mettre ses plans à exécution. Des bruits de discussions se firent entendre alors que la jeune mouette approchait de l'orée du bois. Il s'arrêta, prudent, avant de reconnaître l'uniforme blanc et bleu de la Marine. Il émergea d'entre les arbres et les soldats le braquèrent de leurs mousquets.$

"Doucement soldats, je suis de votre côté!"

Les regards se durcirent et l'un des hommes, un sergent à en juger par les galons sur ses épaules, s'adressa à lui sur un ton dubitatif. Le lieutenant au masque de cheval avait dû prendre toutes ses précautions avant de lancer l'opération. Tout soldat en dehors de leur groupe était susceptible, plus ou moins, d'être un des corrompus. Et sa qualité d'agent double lui avait apporté une réputation qui ne pouvait que lui jouer des tours en cet instant.

"Vice-lieutenant Sozen, nous suspectons le commandant Zoubi d'avoir monté un réseau de corruption auquel vous pourriez bien appartenir. J'aimerais donc que vous posiez vos armes et que vous veniez jusqu'à moi, que je vous passe les menottes jusqu'à ce que le lieutenant Foin revienne."

Tenko n'était pas en position de négocier mais il tenta tout de même le tout pour le tout. Zoubi allait certainement prendre la même direction que lui avait pris, si ce n'était pas déjà le cas. Il dégaina son sabre et le jeta au sol et fit de même avec le pistolet à sa ceinture. Deux soldats vinrent le fouiller en touchant ses poches et hochèrent de la tête alors que le jeune officier s'avançait vers le sergent qui avait sorti une paire de menottes.

"Sergent, je comprends votre méfiance, mais un corrompu n'aurait pas foncé seul droit vers ses ennemis. Je travaille avec Foin dans cette affaire pour mettre à jour les méfaits de Zoubi. Si vous êtes là et que vous avez pu coffre ces sapeurs, c'est uniquement parce que j'ai pu informer le lieutenant..."

"J'aimerais pouvoir vous faire confiance, monsieur. Mais notre sécurité, et celle des habitants passe d'abord. Si le commandant est coupable, il viendra ici pour essayer d’étouffer ce qu'il appellera une "insurrection" dans l’œuf. En l'absence de supérieur, je dois m'occuper d'assurer notre défense. Je suis désolé."


Les liens d'acier furent refermés autour de ses poignets et on l'assit sous la surveillance de deux hommes qui ne le lâchèrent pas des yeux. Pendant ce temps, les autres soldats faisaient évacuer les habitants et semblaient les diriger vers une autre zone de la ville. Tenko fronça les sourcils en voyant les soldats vider les habitations. Qu'avaient-ils derrière la tête? Comptaient-ils prendre refuge dans les bâtisses pour combattre les troupes ennemies depuis un abri relativement sûr? C'était peut-être la meilleure chose à faire. Il jeta un regard aux prisonniers. Où allaient-ils être mis? Une vingtaine de minute passa et toujours aucune nouvelle de Décro Foin. Le vice-lieutenant ne put s'empêcher de s'adresser au sergent pour lui faire part de ses inquiétudes. Les deux escouades étaient parties appréhender Malsouin, ce qui n'aurait pas dû leur prendre autant de temps.

"Sergent Garin? Pourquoi est-ce que les escouades envoyées chez Malsouin ne sont-elles pas revenues? Vous avez pensé à envoyer quelqu'un?"

Le sous-officier s'arrêta et jeta un regard pensif dans la direction où le manoir se trouvait. Il se tourna vers son prisonnier, haussa les épaules et rétorqua que l'interrogatoire devait prendre plus de temps que prévu. Il allait retourner à ses affaires quand un tir de mousquet se fit entendre et qu'un des soldats tomba au sol dans un cri lancinant. Les autres mouettes s'empressèrent de rentrer dans les bâtiments alors que Tenko courait lui aussi aux trousses du sergent, soucieux de sauver sa peau. Les tirs s’amplifièrent et les balles rondes crevaient le bois de certaines maisons, projetant des éclats dans les salons occupés par les troupes loyalistes. Les salves s'arrêtèrent et le jeune officier put compter les cadavres laissés au dehors. Sept hommes n'avaient pas eu le temps de rentrer. Et c'était sans compter les sapeurs ligotés entre eux mais qui avaient eu l’intelligence de se coucher.

"Vous êtes cernés, traîtres! Votre insurrection sera punie, que ce soit devant un tribunal ou dans le sang. Sortez de vos abris et vous vivrez encore pour voir le soleil se lever demain!"


"Comme s'il allait nous laisser la moindre chance de survivre..."

Le sergent jeta un regard furieux vers l'officier qui avait s'était abrité dans la même maison que lui. Il lança un regard aux hommes qui étaient rentrés et leur indiqua l'étage d'un mouvement de tête. Les soldats montèrent sans attendre, en s'assurant que leurs mousquets étaient bien chargés. Le sous-officier comptait se battre, ce qui était une bonne chose. Mais leurs adversaires étaient deux fois plus nombreux qu'eux, et sans l'appui des forces non corrompues, la bataille tournerait vite en leur défaveur. Le jeune vice-lieutenant eut alors une idée.

"Sergent, laissez moi aller rejoindre Décro Foin, je pourrais ramener les deux groupes manquants pour nous aider contre les forces de Zoubi..."

Garin sembla hésiter avant de lui tendre un mousquet. Tenko allait partir en direction d'une porte arrière qu'il avait remarqué dans la cuisine mais le sergent le rattrapa par l'arrière du col et lui montra l'orée du bois où se tapissaient les soldats en uniformes. Il saisit lui même une arme et se posta, prêt à tirer sur ses collègues. Aucune distinction ne pouvait encore être faite entre les bons et les mauvais. Personne ne méritait de mourir, mais Zoubi ne l'entendait pas de cette oreille. Le meilleur moyen pour lui d'étouffer l'affaire était d'abattre tout les soldats du lieutenant Foin.

Quelques rangées d'hommes s'avancèrent hors du bois, et un crépitement assourdissant se fit entendre alors que depuis les habitations placées face à la lisière des dizaines de balles de mousquets avaient été tirées. La plupart des soldats au premier rang s'écroulèrent, blessés. Les loyalistes rechargèrent leurs armes en observant leurs adversaires charger leurs positions. Tenko tenait son mousquet au niveau de la gâchette, l'ayant appuyé contre le rebord d'une fenêtre pour maintenir le canon au moment du tir. Les soldats s'approchaient très rapidement des habitations, et le jeune officier attendit qu'ils soient assez près pour enfin tirer sa balle.

Presque par réflexe, l'ensemble des soldats ralentirent et cherchèrent des yeux un abri. Si l'un de leur adversaire avait tiré, cela ne pouvait que dire que les autres auraient bientôt fini de recharger. Le vice-lieutenant venait de permettre aux soldats de gagner un temps précieux. Les maisons furent rapidement encerclées et les mouettes luttaient entre elle pour bloquer ou forcer les accès, selon le camp dans lequel l'on se trouvait. Le sergent saisit un trousseau de clés et retira ses liens au jeune officier. Il lui montra la porte arrière d'un hochement de tête avant de se ruer vers les escaliers. Tenko jeta un regard autour de lui et aperçu un sabre laissé là par l'un des soldats. Il l'attrapa, poussa la porte et courut en direction du manoir. Quelque chose devait clocher là-bas.

La progression des escouades dans le manoir était plus difficile que ne l'avais imaginé Saaros. Il avait du mal à utiliser son arc, plus approprié aux grands espaces qu'aux demeures luxueuses. Ils avaient réussi à briser les défenses au niveau de la cuisine et ainsi à s'introduire au sein du manoir. Puis ils avaient avancé de pièce en pièce avant se séparer pour fouiller les ailes plus efficacement. Les hommes de Malsouin jouaient à cache-cache avec eux. Ils savaient que leurs compétences au tir ne leur permettaient pas de rivaliser avec l'entraînement des mouettes, aussi ils tiraient profit de la moindre occasion pour leur tendre un piège.

"Jumi et Froy, vous allez traverser ce couloir et entrer dans la pièce en face. Je viens avec vous. Krop, tu restes derrière et tu couvres le couloir, compris?"

Des douze hommes partis chercher le malfrat, quatre étaient déjà tombés au combat. Le sergent jeta un coup d'oeil à travers le long corridor et fit signe à ses subordonnés d’exécuter la tâche qu'il venait de leur confier. Bandant son arc, il commença à leur emboîter le pas lentement, le regard braqué sur le hall qui s'étendait au delà du couloir. Il allait passer la porte qu'il avait indiqué à ses hommes quand il entendit le troisième d'entre eux crier, visiblement surpris par quelque chose. Giri fit le chemin inverse au pas de course, pour tomber nez à nez avec un visage familier.

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Révélations

Tenko Sozen

Le jeune officier avait instinctivement dégainé son sabre en voyant le soldat qu'avait laissé le sergent Saaros derrière lui, n'étant pas sûr de l'allégeance de la mouette en l'absence des autres membres de l'escouade. Il l'aida à se relever en voyant le sous-officier franchir le seuil. Les deux hommes se donnèrent une accolade, heureux de se savoir en vie. Tenko avait pu observer les traces de violence laissées par les combats qui avaient eu lieu jusque là. Il n'avait eu qu'à suivre les impacts de balles et les traces de sang. Des tirs résonnèrent, provenant de la seconde aile du manoir. Le jeune officier s’enquit de la situation et son subordonné lui clarifia.

"On est rentré en passant par dessus un muret. On s'attendait à une embuscade, mais pas aussi violente. J'ai compté combien on a eu de sapeurs avec ma seule escouade. Cinq personnes sont tombées sous nos balles. Malsouin s'est barricadé dans les étages supérieurs et ses chiens de garde utilise leur connaissance de l'endroit pour nous piéger. Mais ça fait dix bonnes minutes qu'on a croisé personne"

La mouette tenta de réfléchir à un plan pour ressortir du bâtiment avec le moins de victimes possibles. Si les tirs s'étaient concentrés de l'autre côté du manoir, cela voulait probablement dire que c'était là-bas que se cachait le rat. Tenko observa la salle au bout du couloir et reconnut un escalier qu'il avait pu admirer lors de sa dernière visite. Il s'avança prestement vers le seul moyen de monter qui lui venait à l'esprit.

"On va les prendre à revers. Il n'y a plus personne de ce côté-ci de la maison."

"On devrait jouer la prudence Tenko!"

Le jeune officier ne tiqua pas, contrairement aux soldats qui ne s'attendaient pas à voir le sergent tutoyer son supérieur. Le respect de la hiérarchie passait fondamentalement par ça. Mais les deux hommes se connaissaient suffisamment pour pouvoir se tutoyer dans des situations comme celle-là. Le vice-lieutenant se retourna et expliqua rapidement son point de vue.

"Giri, tes hommes se font canarder dans les quartiers pauvres! Si on récupère Malsouin, Zoubi perdra la plupart de ses effectifs!"

Le sous-officier soupira et leva une main vers le ciel en guise de signe d’approbation. Ils gravirent les marches quatre à quatre et sortirent leur lames. S'ils voulaient s'assurer une victoire rapide, il faudrait le faire au fil du sabre de marine. Leurs ennemis, au même nombre qu'eux, étaient concentré de l'autre côté de l'énième couloir qui leur faisait face à empêcher les hommes avec Décro Foin de monter l'escalier qui les séparaient de Malsouin. Tenko s'arrêta devant la plus grande des portes, intimant à ses hommes d'attaquer discrètement les derniers sapeurs de la demeure. Une fois qu'ils eurent dépassé la porte, il entra doucement et s'approcha du malfrat qui écarquilla les yeux en le voyant entrer dans sa propre chambre.

"Vous êtes venu me sortir de ce bourbier j'espère!"

Tenko hocha de la tête en posant son index sur sa bouche, essayant de faire comprendre au malfrat qu'il fallait qu'il se taise. Il s'approcha de lui et chercha quelque chose dans sa poche. Intrigué, le poissonnier se rapprocha de lui. Le jeune officier en profita pour enfoncer son genou dans les parties intimes. Alors que l'homme suffoquait contre le sol, la mouette lui passa les menottes qu'elle avait finalement trouvé dans sa poche. Les bruits de mousquet se turent et des bruits de pas se rapprochèrent de la chambre du puissant videur. Qui venait de descendre l'échelle sociale jusqu'au rang de prisonnier du gouvernement. Décro Foin entra, son masque de cheval sous son épaule, le teint livide. C'était la première fois que Tenko apercevait le véritable visage du sergent. Mais le vice-lieutenant se concentra surtout sur la blessure de son supérieur qui saignait abondamment. Il lança un regard en direction de l'archer qui grimaça en retour.

"Ca fait du bien de vous voir Sozen... Saaros m'a dit pour ce qui se passe dans les quartiers pauvres. Prenez Malsouin et cessez le massacre. Le vieil homme devra bien se rendre quand ses troupes passeront de notre côté. Sinon, je vous confie le commandement des troupes."

"Ça ira pour vous?"

Le lieutenant adressa un petit sourire à son subordonné avant de lui répondre.

"Ne vous inquiétez pas, j'ai connu pire..."

Tenko chargea la moitié des hommes restants à la surveillance des prisonniers faits ici et leur demander de surveiller l'état de santé de l'officier blessé. Puis, accompagné de Saaros et des trois autres hommes il sortit au dehors. Là, il chargea les trois soldats restants d'aller communiquer l'affaire aux deux groupes encore en forêt et de les amener jusque dans les quartiers pauvres. Le temps jouait contre le jeune officier mais il était obligé de composer avec. Il se dépêcha de rejoindre le port en emportant avec lui l'entrepreneur bâillonné, accompagné de Saaros qui se préparait à mener bataille, à juste titre.

La situation ne s'était pas vraiment améliorée, mais les loyalistes avaient visiblement tenu bon puisque leurs adversaires s'étaient pour la plupart regroupés pour essayer d'enfoncer des portes barricadées. Les combats qui avaient lieu devaient se jouer au sabre car on n'entendait plus de mousquet détonner sur le champ de bataille. Zoubi s'était avancé au milieu des sapeurs qu'il n'avait pas pris le peine de faire détacher. Malgré le bâillon qui couvrait la bouche du poissonnier, les deux hommes qui l'avaient fait prisonnier pure comprendre son indignation. Saaros banda son arc et décocha une flèche qui parcourut une courbe magnifique avant de se planter aux pieds du commandant, qui se recula vivement en lâchant un cri. Son arrière garde, composé de quatre-vingt pour cent des soldats avec lui au moins, braqua les deux mouettes mais Zoubi les arrêta d'un geste de la main en voyant son collaborateur fait prisonnier.

"Sozen! Vous êtes une vermine de la pire espèce! Vous m'avez trahi quand vous avez senti que le vent tournait!"

Une bonne partie des soldats qui entouraient leur supérieur se lancèrent des regards confus et des murmures parcoururent leurs rangs. De quoi Zoubi pouvait bien parler? Ils commençaient à comprendre le bizarre de la situation dans laquelle ils se trouvaient. Leur commandant les avaient briefés sur un soulèvement d'une partie de leurs effectifs, mais dans ce cas-là pourquoi avaient-ils pris la peine d'arrêter les sapeurs? Et pourquoi les sapeurs étaient-ils aussi nombreux en cet endroit? Le vice-lieutenant retira le bout de tissu qui empêchait Malsouin de parler et le laissa parler. Il savait que cent-vingts hommes rejoindraient bientôt le jeune officier et lui apporterait la victoire. Il était fait, alors il préférais emporter le vieux commandant avec lui.

"Je ne sais pas ce que ma parole vaut en cet instant, mais je vais vous dire la vérité. Big Zoubi traite avec moi depuis des dizaines d'années, au détriment de la Marine. Les négligences volontaires de cet homme lui ont permis d'empocher une fortune, sur votre dos. Il a fermé les yeux chaque fois qu'il pouvait toucher une part du gâteau. Et ce soir, cela devait être notre plus beau coup."

Les sapeurs baissaient la tête, honteux, alors que les soldats innocents autour du commandant commençaient à s'écarter de lui. La moitié des hommes qu'il avait emmené ici se désolidarisèrent et formèrent une troupe à part, les armes de certains braqués vers Zoubi et ses fidèles, les armes des autres braquées sur Tenko et Saaros. Le jeune officier reprit alors l'explication qu'avait commencé à donner le pêcheur.

"J'ai intégré la pègre dans le but de la détruire de l'intérieur. Je crois que j'ai en partie réussi mon coup. Ce soir, les hommes de Décro Foin ont pu intervenir à cause de la négligence du commandant qui a cru trouver en moi la plus fidèle des recrues. J'ai sali mes mains, mais je l'ai fait pour notre institution. Ce soir, nous avons empêché les sapeurs d'incendier les quartiers pauvres et nous avons appréhendé leur chef. Libre à vous de choisir votre camp et votre interprétation de la vérité. Mais nous combattrons ces hommes jusqu'à ce que les prisons du gouvernement ne les accueilles tous."
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Ravitaillement

Tenko Sozen

La tension était à son comble entre les trois groupes coincés entre les habitations et les arbres. Le discours de Tenko semblait avoir son effet, mais les hommes restaient hésitants, incapables de faire un choix entre les deux camps. Lequel des deux pouvait-être le plus honnête? Le premier avait toujours été plus ou moins soupçonné de tirer avantage de sa position mais on n'avait jamais imaginé des actions de cette ampleur chapeautées par Zoubi ; le vice-lieutenant Sozen, en revanche, était issu du rang et avait la confiance de tous, mais son "infiltration" au sein des corrompus laissait planer un doute sur son honnêteté. Leur choix était pratiquement impossible et reposait sur un pari risqué. La seule certitude était qu'ils donneraient la victoire à ceux qu'ils rejoindraient. Beaucoup d'entre eux se tournèrent vers les habitations où les troupes de Décro Foin s'étaient réfugiée pour combattre les corrompus. Alors qu'ils s'approchaient pour rejoindre leur collègues, une salve s’abattit sur eux. Le commandant avait pris les devant en sentant le vent tourner.

Très vite, le champ de bataille devint un chaos assourdissant. Dégainant son sabre, Tenko lança une charge malgré la boule qui lui nouait le ventre plus fort que jamais. Une seconde salve arriva sur leur assaut. Les balles sifflèrent autour du jeune officier et des soldats s'effondrèrent, blessés ou tués. Ils ne s'arrêtèrent pas et s'enfoncèrent dans la troupe du commandant qui s'était abrité derrière ses hommes. Le choc entre les deux sections fut terrible. Très rapidement, la situation se stabilisa alors que le combat consistait essentiellement à du un contre un en mêlée. A presque en oublier que la poudre existait. Si le jeune officier avait entrepris cette manœuvre-là, c'est parce qu'il savait que c'était le meilleur moyen de leur faire gagner le temps nécessaire pour que les renforts arrivent. Alors qu'il plongeait sa lame dans la cuisse d'un soldat adverse, assortissant le tout d'un coup de la crosse de son pistolet, il jeta un regard autour de lui. Impossible de distinguer les bons des mauvais étant donné qu'ils portaient tous leurs uniformes. Il attendit, son sabre dans sa main droite et son arme à feu dans l'autre, qu'un adversaire ne choisisse de l'agresser.

"Sale espion! Tu vas voir ce que j'en fais des chiens de ton espèce!"

C'était un soldat à la musculature saillante, son uniforme entièrement recouvert de sang, et tenant un sabre dont la lame était difficilement perceptible au vu de la quantité d'hémoglobine qu'elle avait rencontrée en chemin. Il lança son arme d'une main à l'autre et fit quelques moulinets en guise de provocation. Ne voulant prendre aucun risque, l'officier leva rapidement son arme et abattit le colosse d'une balle dans le coffre. Il recula un peu et prit tout le souffle dont il avait besoin. Puis il hurla un ordre à ses soldats en ayant pris la précaution de tourner le dos aux ennemis, pour masquer le son de sa voix par le tumulte des combats

"Reculez tous et arrachez votre uniforme! On pourra les reconnaître comme ça!"

Les soldats commencèrent à reculer de façon assez chaotique, repoussant les assaut des ennemis qui voulaient continuer à les harceler jusqu'au bout, pensant tenir leur victoire. Ce qui était assez naïf au vu des dizaines de soldats qui étaient sortis des habitations et avaient pris la peine d'encercler les hommes de Zoubi. Voyant la manœuvre qu'orchestrait Saaros, le commandant prit peur et sonna la retraite. La troupe se désolidarisa et une trentaine de soldats seulement parvinrent à s'échapper alors que Tenko décidait de ne pas immédiatement se lancer à leur poursuite. Se tournant vers ses propres subordonnés, il donna quelques ordres de manière à s'assurer la victoire. Il les avait repoussé loin du port mais Zoubi pouvait toujours choisir de rejoindre l'embarcadère de la Marine pour prendre la mer. Il dépêcha une petite troupe et réquisitionna les chevaux de traits du port, lançant ses hommes en avant pour qu'ils éloignent le patrouilleur de la garnison au large.

"Je veux un compte des pertes et des blessés, pour notre camp et le leur. Empilez les cadavres en deux tas distincts si vous y parvenez!"

Cent-quatre vingts hommes avaient lutés en cet endroit. Trois troupes de soixante hommes. Les soldats commandés par Garin et abrités dans les habitations comptaient une douzaine de morts et moitié moins de blessés. Pour ce qui était des soldats corrompus, quinze étaient tombés sous leurs coups et à peu près autant avaient été blessés durant l'assaut. La section de Tenko avait rudement souffert, perdant quarante hommes, tués ou blessés dans l'affrontement. Les survivants s'affairaient à collecter les corps et leurs plaques, les recensant pour les rapports que le vice-lieutenant devrait ensuite remplir. L’adrénaline les portaient tous encore. Les renforts finirent par arriver, ramenés par les hommes qu'avait dépêché le jeune officier plus tôt. Deux sections, en pleine forme et averties des événements. La jeune mouette se tourna vers le sergent Saaros alors qu'un des hommes envoyés à cheval revenait pour leur indiquer que Zoubi avait pris refuge dans le fort. Il devait déjà en train de sécuriser sa position. Il avait pris la meilleure décision possible en agissant de la sorte.

"Giri, on ne prendra pas les bâtiments sans artillerie. Je veux que tu ailles dans le port et que tu réquisitionne les pièces les plus puissantes que tu peux trouver. Tapes dans les navires de protection de Malsouin, il n'y verra aucune objection."

Le malfrat qui avait pu observer l'affrontement, secoua sans la tête sans ouvrir sa bouche. Il savait que tout était perdu pour lui et s'était résigné à collaborer autant qu'il le pouvait pour améliorer sa situation. Le sergent donna sa réponse en même temps qu'une accolade à son supérieur.

"Fais attention Tenko, ce vieux fou est prêt à tout pour sauver sa peau..."
"Ne t'inquiète pas! Je prends les devants avec les troupes fraîches. Essaye de réquisitionner les hommes qui ont encore de l'énergie."

Le jeune officier s'avança vers les troupes ordonnées qui lui offriraient enfin la victoire. En passant, il regarda les piles de cadavres qui diffusaient déjà une odeur moribonde dans la zone. Il s'arrêta et observa les visages qui lui semblaient tous si familier. Il était à l'origine de cette bataille et il lui semblait l'avoir fait pour une bonne raison. Et pourtant, ces hommes avaient donné la seule chose qui comptait pour sa querelle. Il détourna le regard et prit le commandement des soldats qui le suivirent dans une marche bien ordonnée en direction de la forteresse. Il écarta les pensées qui avaient commencées à envahir son esprit quelques instants plutôt et se concentra sur sa tâche. Il fallait aller jusqu'au bout pour donner un sens à ces sacrifices. Sur le chemin, il fit opérer aux troupes un détour pour venir se placer au nord du fort, du côté de la forêt, là où les défenses des murs ne pourraient pas les viser efficacement.

Ils s'arrêtèrent enfin et Tenko essaya d'analyser l'ampleur du dispositif qu'avait mis en place son adversaire. Il s'était approché aussi discrètement que possible du pied des murs, laissant ces troupes à deux centaines de mètres de là. Il fallait rester prudent tant que l'artillerie n'aurait commencé son travail. Il entendit des voix, nombreuses, au dessus de sa tête. Comme il s'y attendait, Zoubi avait anticipé son action et avait renforcé le mur faisant face à la forêt. Il ne verrait donc pas arriver l'artillerie par le sud, ce qui sèmerait un vent de panique. Toujours s'assurer la victoire avant que la bataille ne commence était vital pour un officier.

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Stratégie

Tenko Sozen

Zoubi faisait les cents pas au milieu de la cour, lançant des regards inquiets vers les différentes vigies placées sur les quatre murs. Il avait pris la peine de sécuriser le mur bordé par la forêt plus que les autres, persuadé que le vice-lieutenant arriverait par là. Les effectifs réduits de sa troupe ne lui permettait pas non plus d'assurer une défense parfaite, aussi avait-il planifié comme solution de repli de préparer des barricades dans les couloirs. Poms, le vieux vétéran, se rapprocha rapidement de lui alors que le commandant entamait probablement son deuxième millier de pas. Il hésita avant d'interrompre son supérieur dans ses pensées, aussi l'officier prit les devants.

"Me faites pas attendre Poms ou je vous fait balancer du haut des murs!"

Le vieil homme n'en menait pas large devant la fureur de son supérieur, mais prenant son courage à deux mains il commença à parler.

"On croit que les soldats de Sozen sont bien cachés au nord, comme vous l'aviez prévu. Mais il y a un hic..."

"C'est des certitudes que je veux! On vois bien où mes présomptions m'ont menées jusqu'ici Poms! Vous n'ouvrez pas le feu avant d'être sûrs, compris?"

Comme pour lui donner tord, un coup de canon retentît soudain, ouvrant sur un concert de détonations. Zoubi monta l'escalier de bois et hurla de toutes ses forces pour faire cesser le vacarme. Quand il y parvint enfin, les soldats le fixèrent presque avec dédain. L'un d'entre eux s'approcha, le visage dur et plein d'une résolution qui aurait presque fait pâlir le commandant. Murt continua d'avancer et se planta devant son supérieur, le regard haut et les mains dans son dos. Zoubi commença avant d'être coupé.

"Qu'est-ce que c'est..."

Une détonation retentît à nouveau et une tâche sombre s'élargît au niveau de la jambe du vieil homme. Personne ne broncha, le caporal décrocha presque un sourire mais garda son expression inchangée alors que le gradé s'écroulait au sol dans un hurlement de douleur. Son agresseur se pencha au dessus de lui et lui confirma sa déchéance.

"Une objection de plus à formuler Zoubi?"

Dans un dernier élan de fierté, l'officier cracha au visage du soldat qui plein de haine le poussa dans les escaliers avant de demander aux soldats de l'emmener dans son bureau. Il comptait se servir de l'homme comme monnaie d'échange pour discuter avec Sozen. Il ordonna aux hommes de nourrir un feu continu en direction de la forêt, s'assurant ainsi que les troupes du vice-lieutenant n'avanceraient pas. Il prenait les choses en main à partir de maintenant, question d'honneur.

Tenko avait juste eu le temps de rejoindre ses hommes que le déluge de boulet avait pris place à près de cinquante mètres de leurs rangs. Les soldats tremblaient comme des feuilles en envisageant de passer au travers du déluge. Chacun d'entre eux se préparait à avancer vers le fort malgré la peur qui leur tenait le ventre. Le vice-lieutenant s'approcha des mouettes et divisa sa troupe en deux groupes, le premier composé d'une centaine d'homme et le deuxième de seulement vingts. Il expliqua alors sa démarche aux soldats.

"D'ici quelques minutes, le sergent Saaros arrivera par le sud avec de l'artillerie et pourra engager nos ennemis  et les distraire. Nous en profiterons pour attaquer par deux autre côtés. À l'ouest pour la troupe la plus grosse et à l'est pour le groupe de vingt. Je prendrais la tête de cette escadre pour pénétrer le bâtiment et faire tomber les défenses le plus efficacement possible."

Les soldats opinèrent du chef, silencieux, concentrés sur leur tâche. Le stress demeurait à son comble malgré les consignes du jeune officier. Combien d'entre eux allaient trouver la mort en essayant d'abattre les défenses? Faire oublier ce risque est le travail le plus dur chez un meneur d'homme, mais Tenko s'y essaya néanmoins. Le bruit des impacts s'interrompit. Il se mit alors à chanter une vieille chanson militaire tout en commençant à indiquer la direction à prendre. Des détonations au loin leur indiquèrent que le sergent avait bien rempli son rôle. C'était à eux d'en finir avec ce siège.

Le premier groupe se dirigea vers la position que lui avait indiqué la jeune mouette en portant ce chant de leurs puissantes voix. Ils sortirent de la forêt et se placèrent à distance de mousquet au pied des remparts à l'ouest. De là où il était, le vice-lieutenant put entendre la violence du combat qui avait pris place au pied des murs. Il se mit en marche avec les hommes qui lui restaient, en essayant d'avancer discrètement en direction du fort. Le passage de la lisière se révéla complexe, puisque quelques gardes étaient restés de ce côté-là du mur. Ils s'immobilisèrent et patientèrent.

Au bout de quelques minutes, aucun d'entre eux n'avait bougé. C'était le garde fou qui mettait à mal le plan du jeune officier. Plus loin, au sud, il pouvait apercevoir les batteries qui malmenaient les défenses de la garnison. Le sous-officier avait efficacement disposé les pièces d'artillerie en les isolant les unes des autres pour éviter les dégâts groupés, mais aussi pour pouvoir viser efficacement plusieurs endroits. Le mur trembla alors qu'un boulet venait de s'encastrer à son extrémité. Par chance, le projectile avait démarré un incendie sur le chemin de ronde en percutant des barils de poudre qu'utilisaient les artilleurs ennemis.

Les soldats déguerpirent au pas de course pour éteindre le feu qui débutait et les mouettes saisirent leur chance. Ils avaient récupérés des grappins de marine qui allaient leur permettre de gravir les murs lisses de la forteresse. Le lancer était complexe mais au bout de quelques rapides essais, ils commencèrent leur ascension, Tenko en tête. À mi-hauteur, il rencontrèrent une fenêtre bloquée par des barres. Le jeune officier essaya de tirer les barreaux vers lui mais rien n'y fit. Ils continuèrent donc à monter, les créneaux demeurant leur seule porte d'entrée.

Le vice-lieutenant mit le pied à terre et attrapa immédiatement son mousquet en braquant les soldats qui s'occupaient d'éteindre le feu. Leur tâche les préoccupaient suffisamment pour qu'ils ne pensent pas à jeter un oeil en arrière. Bientôt l'ensemble des hommes émergea du vide et ils descendirent précautionneusement les escaliers qui couraient le long des murs pour rejoindre les bâtiments principaux. Ils s'abritèrent dans un atelier avant de pénétrer à l'intérieur pour que leur supérieur leur donne leurs dernières instructions.

"Le plus dur peut sembler être derrière nous messieurs, mais ceux qui nous attendent à l'intérieur sont déterminés à nous voir mort. Moi je les veux tous vivants, visant les membres en priorité, mais n'hésitez pas à éliminer les cibles vraiment dangereuses. On va faire des équipes de quatre pour couvrir l'ensemble du bâtiment.

Cinq escouades se formèrent alors et tous semblaient déterminés à mener leur mission à bien. Cette journée sanglante devait trouver une fin, quelle qu'elle fusse. Il leur demanda d'ôter la partie haute de leur uniforme, révélant leurs torses, afin de mieux se reconnaître entre alliés. Combien de soldats du même camp avaient dû se combattre près des quartiers pauvres à cause de leur uniforme similaire? Il fallait pallier à cet inconvénient et c'était là la seule solution que Tenko avait trouvé.



Dernière édition par Tenko Sozen le Dim 19 Mar 2017 - 12:42, édité 2 fois
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Fin de la partie

Tenko Sozen

Les canons tonnaient autour de Saaros, envoyant leurs lourds boulets s'écraser contre les murs qu'avaient maintenant fui les hommes de Zoubi. L'un des projectiles avait démarré un feu en percutant les réserves de poudre qu'utilisaient les artilleurs ennemis. Selon les autres du sous-officier, les tirs s'étaient concentrés sur une partie du mur qui menaçait à présent de s'effondrer. Non loin de là, les hommes de Tenko arrosaient de balles les maintenant rares défenseurs qui s'étaient perchés sur les créneaux du fort. L'archer envoya un de ses hommes les prévenir qu'ils pourraient bientôt entrer par une brèche.

"Une prime à celui qui m'abat le mur!"

Les soldats rirent franchement, certainement pour évacuer le stress qu'ils avaient endurés jusqu'à ce que les défenses ennemies soient anéanties par l'incendie involontaire. Les boulets adverses s'étaient écrasés autour d'eux par dizaines et deux d'entre eux avaient emportés un pièce d'artillerie et le soldats qui la maniaient à ce moment là. Les voir quitter leur poste avait été un véritable soulagement, même s'ils ne doutaient pas que la bataille était loin d'être finie. Les soldats du vice-lieutenant contournèrent le coin du mur et se rapprochèrent de la zone par laquelle ils allaient pénétrer dans la forteresse. Plus personne ne tirait sur eux. Tout leurs ennemis avaient dû se réfugier dans les bâtiments pour encore gagner du temps.

Le sergent se rapprocha de la troupe, cherchant du regard son supérieur qui demeurait introuvable. Un caporal se rapprocha de lui et lui expliqua alors le plan formulé plus tôt dans la forêt par le vice-lieutenant, qui se trouvait maintenant au sein de la bâtisse avec seulement vingts hommes. Il allait répondre quand un craquement sourd se fit entendre et que dans un fracas monstre un partie entière de la paroi s'effondra, délivrant un passage aux soldats qui ne tardèrent pas avant de s'engouffrer dans le boulevard qui leur avait été offert. Giri appela de la mains les artilleurs qui se rapprochèrent. Il commença par les féiciter de leur travail, avant de leur donner une seconde mission. Il voulait éviter que quiconque décide de fuir par le nord, et cela allait être leur travail de s'en assurer. Quand à lui, il irait porter main forte à son ami.

"Rendez-vous, vous êtes cuits quoi qu'il arrive!"

Une détonation répondit par la négative à la place de celui qui l'avait déclenchée. Ils étaient entrés depuis une dizaine de minutes et s'étaient déjà heurtés à une dizaine de barricades qu'ils avaient dû franchir à leur péril. Dans le groupe de l'officier, un homme était déjà tombé. Il avait choisi le chemin le plus rapide vers le bureau de Zoubi où le bougre devait se cacher, mais par conséquent le plus dangereux... Il regarda dans sa poche à munitions le nombre de balles qu'il lui restait. Seulement quatre. Il jura et indiqua à ses hommes de rester à l'abri pendant que lui cherchait un moyen de contourner les positions adverses. Il passa une porte sur sa droite tout en rechargeant son mousquet.

Il commençait à être épuisé malgré l’adrénaline qui lui permettait encore de tenir sur ses jambes. Il avait combattu toute la soirée et à cette heure avancée de la nuit il risquait de s'effondrer de fatigue une fois ce bazar nettoyé. S'il en voyait le bout. Braquant son arme devant lui, il s'avança prudemment, traversant les salles parallèles au couloir dans lequel ils s'étaient heurtés aux barricades. Il s'arrêta en entendant enfin la voix de ses ennemis. Il dégaina son sabre et le posa contre le cadre de la porte avant de sortir en faisant détoner son arme. L'un des hommes s'effondra net tandis que les deux autres se retournaient pour voir le vice-lieutenant les charger avec son sabre.

Des trois hommes présents, un seul garda la vie sauve, simplement assommé d'un coup de pommeau. Les soldats rejoignirent Tenko qui essayait de repérer sa position dans le bâtiment. Dans la pénombre, fatigué et désorienté par les coups reçus, c'était loin d'être une mince affaire. Le couloir tournait doucement dans une forme plutôt arrondie. Il comprit alors qu'il se trouvait près de son bureau. Le petit groupe progressa et franchit la porte du lieu qui demeurait saccagé depuis la veille. Personne ne s'y trouvait. Ils allaient repartir quand l'officier entendit un bruit au niveau de la fenêtre. Braquant son arme, il interpella la personne qui essayait d'entrer par là.

"Monte et sans me brusquer!"

"Vous avez une mine affreuse, vice-lieutenant..."

La jeune mouette n'avait jamais été aussi heureuse de voir son équipier. L'archer s'approcha de Tenko et lui donna une tape sur l'épaule avant de lui donner la situation au dehors. La moitié des individus corrompus, soit une quinzaine environ, avaient été appréhendés ou tués dans les combats. Pour ce qui était des bâtiments, les troupes avaient commencé à les investir pour finir le travail plus vite. Le vice-lieutenant envoya donc ses hommes à la rencontre des autres soldats pour les prévenir qu'il était parti se charger du gratin enfermé dans le bureau de Zoubi. Une fois les mouettes parties, les deux gradés s'avancèrent en direction de leur but.

"Il risque d'être accompagné de sa "garde rapprochée" donc il faudra être prudent"

"Laisse moi passer par l'extérieur. Je pourrais atteindre son balcon et les prendre à revers pendant que tu attaques de front"

"Fais gaffe à toi alors..."

Le soldat à la tignasse blonde disparut dans une pièce adjacente et le jeune officier arrêta d'avancer pour lui laisser le temps de trouver son chemin par l'extérieur du bâtiment. Au bout de cinq minutes, il reprit son chemin, rechargeant son arme à feu pour se préparer à faire irruption au milieu de la pièce. Il se cala contre la porte, essayant de deviner le nombre de personnes qui se trouvaient à l'intérieur. Il n'entendait pas le commandant, mais deux autres voix familières parvenaient à ses oreilles. Murt et Poms à n'en pas douter.

"Faut qu'on se tire de là Murt! Tu vois bien qu'on a perdu quand même!"

"Et pour aller où, connard? Il y a pas un rafiot sur ce caillou qui nous permettra de nous sortir de ce merdier!"

"Si vous m'aviez écouté au lieu de faire confiance à Sozen aussi, on en serait pas là!"

"Oh ça va deux secondes ta chanson! Tu fais confiance à personne de toute manière, t'était trop con pour comprendre qu'on avait besoin d'un officier à nos côtés pour contrecarrer l'autre abruti de Foin!"

"Quelle réussite, caporal!"

Un bruit étouffé se fit entendre au travers de la porte, suivi d'une injure de la part du vieillard. Poussés par le stress, les deux hommes en venaient au main alors que le commandant se manifestait efin pour essayer de tempérer les ardeurs de ses subalternes. Tenko n'avait pas pu rêver meilleur occasion d'intervenir. Ouvrant la porte d'un coup d'épaule, il braqua le vieil homme qui prit de panique porta la main à son mousquet, signant son arrêt de mort. Du plomb dans le torse, il s'effondra alors que le deuxième chargeait le vice-lieutenant. Une flèche traversa son épaule et il s'effondra. Saaros pénétra dans la pièce et vint se placer derrière son supérieur qui faisait maintenant face à un commandant affalé sur un fauteuil, un garrot de fortune enserrant sa jambe.

"Big Zoubi, je vous arrête pour corruption, détournement de fond, entrave à la justice, homicide commandité et pour insubordination. Un cahier des charges qui vous vaudra Impel Down pour sûr mon ami."

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Nuages à l'horizon?

Tenko Sozen

Le calme était revenu sur l'île. Des trois cents hommes que comptait la base, cent-vingt-neuf d'entre eux avaient perdu la vie dans la bataille qui avait pris place. Des hommes de Zoubi, seuls douze avaient gardé la vie sauve tout en gagnant un aller simple au bagne de Whipéria. Mais pour ce qui était de leur chef, c'était Enies Lobby qui déciderait de son sort. Tenko regardait les soldats qui œuvraient pour reconstruire la base détruire pendant l'assaut. On avait dû enchaîner les sapeurs pris sur le fait et leur patron, Pordric Malsouin, dans un entrepôt prêt de la baie où la huitième division avait finalement montré le bout de son nez, près de trente-six heures après la fin des hostilités. Tout revenait à la normale ou du moins presque. Le jeune officier n'avait pu fermer l’œil depuis l’arrestation du commandant. Il repassait dans sa tête tout ce qu'il avait fait pour en arriver là t ça le rendait malade.

Il se trouvait devant les quais, au sein de la ville, quand le sergent Saaros le rejoignit. C'était lui qui  lui avait dit de viser l'épaule droite de Flip, l'homme qu'il avait donc abattu. L'archer resta silencieux, fixant lui aussi l'endroit où le malfrat avait coulé, emporté vers le fond par les poids fixé à ses jambes, une balle dans l'épaule. Tenko pleurait sans bruit, les larmes coulant sans sanglots. Il avait dépassé ses limites comme jamais, mais ce qui était le plus dur à encaisser, c'était qu'il ne regrettait rien. Il avait compris dans son aventure que les sacrifices sont nécessaires pour mener à bien les grands projets. Il avait tué un homme et enterré un autre. Ces gens là n'étaient pas innocents, mais ils étaient humains. C'était cette pensée là qui l'affectait profondément.

"Pourquoi me demander de viser l'épaule droite?"

"Pour te donner le cran de le faire. Nous nous connaissons depuis peu mais je commence à te connaître. Tu n'étais pas prêt à tuer un homme de sang froid. Maintenant je pense que tu as compris que tu en avais la capacité."

"C'est dur Giri, vraiment dur."

"De quoi parles-tu?"

"D'être un officier. Je n'avais jamais imaginé ce que cela demandait individuellement de commander des hommes, de les pousser à leur perte tout en espérant qu'ils survivent. Et d'apprendre le nombre de victimes."

"Bienvenue dans la cour des grands, Sozen."

Décro Foin se tenait là, appuyé sur une canne, son masque exceptionnellement absent. Son visage présentait des traits plutôt fins, surmontés par des cheveux poivres et sels. Le lieutenant avait l'air serein, délivré d'un mal être qui l'avait tenaillé pendant toutes ces années. Giri donna une tape sur l'épaule de son ami et s'en retourna vers la base. L'officier invita son second à marcher le long du rivage avec lui. Ils s'arrêtèrent en atteignant la plage et s'assirent tout deux sur le sable. Personne n'avait besoin d'eux là-bas, Frobb, le sergent tyrannique de la huitième, dirigeait les travaux d'une main de maître et d'une voix impérieusement effrayante. Un soleil doux coulait sur leur tête, les nimbant d'une chaleur modérée qui mettait du baume au coeur de la mouette.

"En vous prenant à mes côtés, je ne m'imaginais pas une telle réussite. Mais j'ai compris avec le temps que vous étiez différent des autres soldats."

Tenko soulevait le sable avec ses pieds, écoutant son collègue avec attention. Choisissant ses mots, il reprit sans plus attendre.

"Vous êtes plein d'une merveilleuse empathie, Tenko. Pour vous, chaque personne à sa place dans ce monde. Mais vous n'êtes pas naïf et vous savez mettre les choses en perspective. La justice est importante pour vous et nécessaire, quelque soit le prix à payer. C'est ce qui fait l'étoffe des meilleurs officier. J'aimerais vous raconter une histoire."

Le jeune homme fixait son aîné, qui les yeux fixés vers l'horizon, commença son réçit.

"Il y a un certain temps, un jeune officier prometteur s'est retrouvé coincé sur cette île. Son tort avait été les mêmes qualités qui font de vous un héros en ce jour. Mais lui n'avait pas eu l'occasion que vous avez saisi. Arrivé ici, il fut sous les ordres d'un commandant cupide, prêt à vendre son âme contre quelques berrys. Le jeune officier vouait une haine farouche à son supérieur mais aussi une incompréhension. Petit à petit il se glissa dans les rouages de la machine mais il y succombat."

"Big Zoubi..."

"Exactement. Ne perdez jamais de vue la raison qui vous pousse à vous battre pour la Marine. Mais surtout n'oubliez pas que vous êtes humain avant tout, et que votre conscience est le seul juge que vous aurez jamais à véritablement affronter."

Il se leva et reprit sa marche seul. Tenko attendit qu'il s'éloigne avant de se lever à son tour pour rejoindre la base. Les nuages se dissipaient autour de son coeur. Il aurait encore du temps devant avant que la blessure ne s'efface mais ce répit lui suffisait. Arrivé au niveau du chantier, il alla saluer son ami Yvel qu'il avait fréquenté durant son voyage avec la division du QG de West Blue. Il salua le sergent occuper à détruire l'audition de ses soldats et également le mystérieux commandant Leke, qui restait silencieux en toutes circonstances. Le vice-lieutenant retroussa ses manches et s'affaira lui aussi à réparer le fort, comme il l'aurait fait par le passé.

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