Etrangement, le pirate tirait une certaine satisfaction de la tournure du combat. Il semblait avoir réussi ce qu’il voulait ; forcer la fin de la confrontation le plus vite possible afin de prendre la fuite. Mais c’était la manière qui lui avait plu, même si il était vrai qu’il avait eu la chance de profiter de l’improbable situation où son opposant devait faire face aux malus immédiats et récents de l’ingurgitation d’un fruit du démon. Parce qu’il y avait pas photo, le combat aurait été tout à fait différent s’il était tombé sur ce gars-là en totale maitrise de ses pouvoirs .. Un pouvoir qui semblait l’immuniser contre les lames, pas très encourageant pour un bretteur comme Jack. Une fois le dernier coup exécuté, Jack recula sans attendre, analysant rapidement la réaction de son adversaire. C’est là que la situation prit encore une toute autre dimension. Il voyait le bras du Lieutenant-Colonel tranquillement posé au sol, sans aucune trace de sang ou de blessures quelconques, comme si le rouquin venait de découper un mannequin en plastique. Pire, après un court instant de déconvenue le bras retourna comme magie, en flottant dans l’air, se re-accrocher sur le corps à sa place. * Mais qu’est-ce que .. * Il avait tout simplement récupérer son bras et ses moyens comme si il ne s’était tout simplement rien passé. Pourtant la lame brisée au sol confirmait bien que le puissant coup du pirate était parti et bien. Alors qu’il avait déjà rangé ses deux sabres, Jack ne se sentait plus aussi a l’aise et prêt à partir. Mais il n’eut le temps de se mettre en position que quelque chose d’aussi génial qu’improbable se passa. Alors que le gradé de la Marine semblât avoir pris trop confiance après le simple geste de retaper son bras, le fruit du démon de son côté avait visiblement encore quelques surprises pour son possesseur. Le corps du dernier s’était littéralement scindé en cinq parties, laissant flotter en l’air ses deux bras, ainsi que ses deux jambes, détachés du tronc. L’expression sur la tête de ce malheureux valait de l’or, mais celle de Jack devait aussi valoir le détour quand il réalisa qu’il semblait enfin avoir une petite fenêtre de chance pour se tailler de la scène surréaliste qui se déroulait devant ses yeux. Il ne prit même plus la peine d’échanger quelques formules de politesse avec son adversaire et décida de directement tourner le dos à l’affrontement, l’objectif était maintenant de l’autre côté et à quelques kilomètres.
Le timing était parfait, Jack dû envoyer valser quelques soldats de la Marine qui arrivaient justement sur le toit de l’immeuble. Le bâtiment était d’ailleurs encerclés, les cris des troupes de tout la Marine cassaient les oreilles du pirate et cela depuis un petit temps. Ainsi, Jack décida de plutôt se faire la malle via les toits, profitant des petits espacements entre chaque habitations. Evidemment, ces bougres d’ânes, enfin de mouettes plutôt, de la Marine n’avait même pas envisageait cette possibilité. Mais ils répondaient assez facilement avec leurs armes, c’est ainsi qu’une salve de coups de feu s’abattit sur le rouquin. Il pouvait pas vraiment esquiver, il essaya de s’éloigner le plus possible du bord et d’accélérer pour espérer les semer. * Ils chipotent pas ces cons * Puis d’un coup, Jack vit une petite fille qui le scrutait à la fenêtre de l’autre côté de la rue. Avec son combat, il avait complètement oublié qu’ils étaient en pleine journée que le centre-ville regorgeait de civils qui en plus avaient la fâcheuse tendance d’être curieux. * Vaut mieux que je reste sur les toits, ces cons seraient capable de tirer n’importe où même en pleine rue. * Malheureusement, pour le côté fuite discrète sans s’afficher histoire de rester anonyme c’était foutu, la moitié de la ville avait surement observé ses cheveux roux sans compter toute la garnison de la Marine. Deux bonnes minutes plus tard le pirate reconnu sa localisation et il savait que son quai 26 n’était plus très loin. La bonne nouvelle aussi c’était qu’il commençait de plus en plus à creuser un écart avec ses poursuivants.
A l’approche des quais, Jack se voyait dans l’obligation de descendre pour se faufiler à travers les quais à pied, les toits n’étant plus une option. Même si c’était au loin, le bruit des soldats de la Marine le talonnait toujours. Le pirate avança sur les quais de manière la plus discrète possible, cherchant vite un repère indiquant où se trouvait le Quai 26. Le rouquin avait bien évidemment cacher ses armes et sa bouille sous son espèce de cape, il n’avait malheureusement plus le luxe de pouvoir se balader librement, et encore moins maintenant et ici. Fort heureusement, ils étaient bien organisés sur cette île et le bretteur trouva un panneau d’information géant en bois représentant la carte des nombreux quais. * 26 ! Allez on y est bientôt, bien cool, faut pas paniquer maintenant * Alors que Jack se retourna pour prendre la direction du quai désigné, il tomba nez à nez avec un groupe de soldats de la Marine. Après une légère hésitation, le regard du gradé croisa celui du pirate. C’est à ce moment-là que Jack expérimenta une des minutes les plus inconfortable de sa vie. Les deux individus se fixèrent sans bouger pendant un petit instant, Jack espérant que le mec était juste partant pour une bataille de regards avec n’importe qui, que c’était son petit passe-temps. Mais non, c’était sur qu’il l’avait reconnu. “ VOUS, LÀ ! ” Ces deux-mots suffirent à faire sortir le rouquin de son état d’immobilité et après avoir jeté un dernier regard au panneau derrière lui, Jack traça sa route vers son objectif.
Le bretteur courait le plus vite possible, essayant de voir plus loin que le bout de son nez pour préparer quelconque obstacle à éviter qui pourrait le ralentir. Derrière lui, le groupe d’une dizaine de soldat de la Marine le suivait de près, criant et poussant tout le monde sur leur passage. Il était clair qu’il ne pourrait pas entrer dans son navire avec ceux-là à son cul, il allait devoir s’en débarrasser. Malheureusement, les numéros des quais défilaient plus vite qu’il ne le voudrait ne lui laissant plus énormément de temps pour trouver un moyen de disparaitre. * Bordel on est déjà au quai n°17, j’ai plus le temps là ! Réfléchis bon sang, réfléchis.. * C’est là que le bretteur vit sa possible unique sortie de secours. En face du quai numéro 19 se trouvait un grand réservoir, enfin plutôt une citerne, qui tenait sur ses deux pieds en hauteur. Essayant de voir au loin ou aux alentours, le pirate ne trouva pas mieux comme alternative pour essayer de semer ses poursuivants qui en plus grandissaient en ombre. Malheureusement la citerne était bien protégée par une structure tout autour, un sorte de barbelé. La bretteur n’avait pas le temps de chipoter, il devait agir dans l’immédiat pour espérer sauver sa peau et prendre ce maudit bateau. Il se rappela de son coup de tantôt et de la sensation qu’il avait eu de ‘dégager’ une énergie de Sandai Kitetsu. Il fit le lien avec ce que son maître lui avait déjà expliqué à quelques reprises il y a fort fort longtemps. Que certains bretteur, passer dans l’art du combat mais qui aussi possédant les lames uniques, pouvait provoquer ce qu’il avait appeler une lame d’air. Il n’y avait jamais vraiment cru, pensant que c’était l’exagération des myths entourant les bretteurs légendaires couplé à la nostalgie de son maitre de ne plus en être un. Mais Jack avait vraiment senti une sensation similaire à ce qu’avait décris son mentor et il n’avait toute façon plus le choix que d’essayer. Alors que Jack dégaina son meitou, le groupe de Marins resta en arrière et en garde, pensant que le pirate allait peut-être attaquer. D’un pas, Jack se mit face-à-face à la citerne d’eau et fit mine de se concentrer avant littéralement trancher dans le vide. Rien du tout. Le rouquin réitéra une fois, deux fois, trois fois .. Il ne se passait rien du tout. La seule réaction était les fous rires des soldats de la Marine couplés à quelques civils qui s’attroupèrent autour du pirate. Ils s’attendaient surement à un combat à mort entre les deux camps opposés, mais ils avaient eus droit qu’à un spectacle médiocre d’un pirate tranchant le vent.
“ Dragger Jack, posez vos armes et rendez-vous maintenant, fini de faire la mariole ! “ s’exclama le gradé de la Marine. A côté, on pouvait entendre des chuchotements d’habitants se demandant qu’est-ce que le pirate était occupé à foutre.
“ Il est bourré ou quoi ? ”
“ Encore un qui a chaud a assumer les bières spéciales de Portgentil, je t’avais dis Marcel que la Chouffe c’était dangereux pour la santé !”
De son côté, Jack essaya de faire le maximum pour rester concentrer, mais ce n’était pas tâche facile. * Putain c’est vrai que je dois avoir aucune allure .. * Mais la détermination restait la même, il se sentait capable de le faire ! Les soldats de la Marine en tout cas ne partageaient pas cette conviction et semblaient un peu impatient, dès lors leur chef d’un geste envoya ses troupes charger sur le pirate. * BON SANG CONCENTRE TOI PETIT MERDEUX ! * Jack se surprit a re entendre ce que son mentor Darp lui disait sans cesse. Le rouquin se rappela une des premières leçons ‘techniques’ avec Darp. Ce dernier lui avait appris à patiemment “écouter” et comprendre sa lame. Il n’avait plus mis en execution cette pratique depuis un petit temps, mais il était temps de retourner à la source de l’enseignement. Ainsi, Jack posa sa main sur la garde de Sandai Kitetsu et ferma les yeux. Il se concentra pour ne faire qu’un avec la lame qu’il pouvait sentir à travers la garde et pour définir sa cible. Il ne prêtait même plus attention aux cris et à l’assaut approchant de ses adversaire. Après une dizaine de secondes, Jack ouvrit les yeux et dégaina rapidement sa lame prononçant le nom du geste que Darp lui avait enseigné. “ SENRI SHINAI ”. La lame sembla continuer plus loin que sa portée habituelle, créant une force dans la continuité qui trancha les barbelés avant de s’occuper des pieds de la citerne d’eau en un clin d’oeil. Après un court instant où tout le beau monde qui était autour de Jack était resté figé devant le geste du bretteur, le choc de la citerne s’abattant sur le sol provoqua un mouvement de panique sur les quais. Une quantité importante d’eau envahit la digue et la force du courant qui se déversa servit comme mur d’eau entre Jack et la Marine. “ Je me sens un peu comme Moïse, mais à l’inverse là ”
C’était l’occasion rêvée. Jack rengaina son Sandai Kitetsu et accourra en direction du quai numéro 26 qu’il rejoignit rapidement. L’embarquement était terminé, le navire semblait d’ailleurs prêt à mettre les voiles. Heureusement, il restait un gars avec une veste arborant le logo unique de la Translinéenne qui trainait devant l’entrée du navire. “ L’embarquement est terminé mon garçon “ dit-il quand il vit approché Jack rouge du visage et essoufflé. Il porta en plus un oeil sur les deux sabres du pirate avant de jeter un regard au loin où on pouvait encore entendre le boucan crée par les prouesses du rouquin. “ S’il vous-plaît je dois vraiment, vraiment monter à bord de ce navire !”. Après un court instant d’hésitation, le gaillard semblait enclin à négocier. “ Écoute, je sais pas ce qu’il se passe mais tu as pas l’air d’être un vendeur de hot-dog non plus. Tu vas rentrer et directement descendre sur l’escalier à ta droite, je m’occuperai de ton cas plus tard.” Jack affichait déjà un sourire énorme. “ Mais tu payeras le double du prix du billet, j’imagine que tu comprends.” Jack acquiesça sans plus attendre et grimpa sur le navire suivant le court itinéraire demandé par le mec. Il avait effectivement entendu que la particularité de La Translinéenne était qu’elle était indépendante et flirtait des fois avec des activités à tendance criminelle. Jack avait vite compris que le gaillard était pas né de la dernière pluie et se doutait que le bretteur n’était pas un citoyen lambda. Payer plus n’était pas un soucis pour Jack, le plus important était qu’il avait réussi à s’enfuir. Malheureusement, le bordel crée sur Portgentil allait surement lui causer quelques soucis supplémentaires à partir de maintenant, mais qu’est-ce que quelques problèmes en plus pouvaient bien faire quand on est sur le point d’emprunter la Route de tous les Périls.