En cette année 1625, Benjamin Landstorm avait été engagé par un groupe de contrebandiers pour manœuvrer un navire jusqu’à l’île de Shimotsuki. La cargaison était terriblement hétéroclite car chaque passager avait pour ainsi dire embarqué avec sa propre marchandise. Le gros de la cale était tout de même constitué de différents métaux volés et qui devaient servir à confectionner de nombreux sabres. Landstorm avait donc prit le poste de navigateur et agissait en qualité de second sur le navire. C’était un voilier de belle dimension qui pouvait accueillir une cinquantaine de personnes. Il y avait ce jour environ quarante individus de tous bords qui payaient le passage soit en or soit en apportant une aide nécessaire au pilotage du navire.
Le voyage qui devait se dérouler sans encombre rencontra finalement une grande difficulté. Une tempête furieuse vint cueillir le voilier et, sans l’experte adresse de Landstorm, l’aurait probablement coulé sans grande cérémonie. Au sortir de la tempête, le voilier se trouva être dans un état pitoyable. La traversée allait prendre une toute autre physionomie car les avaries étaient telles que le voilier allait probablement prendre triple de sa durée initiale pour rallier l’île de Shimotsuki. Impossible de faire mieux, cette île était malheureusement la plus proche.
La difficulté résidait dans le fait qu’un navire contrebandier à besoin de place et par conséquent n’emporte que rarement des vivres supplémentaires. Il y avait donc là quarante individus qui allaient devoir être rationnés dans les grandes largeurs. Fort heureusement, William, le maitre cambusier, semblait déjà sur le coup. Ce quarantenaire solide s’adressa à l’équipage quelque peu décontenancé par les informations qui s’abattait sur lui.
- Il sera difficile de manger à notre faim. On va manquer d’eau principalement mais nous avons quelques fûts de rhum destinés à la vente qui nous permettront de joindre les deux bouts. Il va falloir se serrer la ceinture les gars.
Le Landstorm, qui s’était affairé dans les voiles une bonne partie de la matinée, redescendit tout juste pour entendre les dires de William.
- CAP DE DIOU ! Nous sommes tous frères de la côte ici, par ma foi, nous nous serrerons la ceinture. Pour ma part je m’y engage, nous rallierons l’île dans quinze jours ! Pas une minute de plus ! Alors contenez-vous.
Et sans attendre quelconque assentiment de la foule, le solide marin repartit vers la cabine du capitaine pour s’affairer sur la construction de l’itinéraire le plus propice. Mais on entendait bien quelques murmures sur le pont principal. Il faut dire que le doute était permis, Benjamin et William pouvaient très bien s’être entendus auparavant pour délivrer un discours rassurant.
C’est ainsi que la principale discussion qui s’ensuivit fut de savoir si les deux hommes disaient bel et bien vrai… La peur de la mort restait donc sur toutes les lèvres. Et quelle mort que celle d’un homme qui ne peut manger ni boire…
Dernière édition par Benjamin Landstorm le Mer 8 Mar 2017 - 16:00, édité 1 fois