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Somewhere behind the rainbow

Musique:

Un léger brouillard survolait la base ce jour-là. Ce manteau brumeux semblait couvrir de nombreux mystères... Mais se dissipait dès qu'un imposant navire de la Marine pointait le bout de son nez. Mount, comme à son habitude, était dans sa chambre, en train de se reposer quand un envoyé de la commandante d'élite vint le perturber dans ses pensées. Une mission, parmi tant d'autres. Il savait précisément comment se passait cette sorte de tradition. D'abord on envoie un soldat quelconque chercher le destinataire de la mission, entrevue dans le bureau de la cheffe de la Marine d'élite de South Blue, puis le grand départ. A force, il connaissait chaque recoin de l'escalier menant au long couloir, bordé de part et d'autre de bureaux en tous genres ; dont le principal, le plus important : celui de Themis.

C'est en suivant cet itinéraire déjà tout tracé que le sergent d'élite atteignit sa destination. Il entra, non sans frapper à la porte faite en bois de chêne, se mit au garde à vous puis, défiant le regard de sa supérieure, il attendait patiemment ses ordres pendant que cette dernière fouillait dans son bureau désordonné, à la recherche de l'ordre de mission de son subalterne.

- Bon... dit-elle, en sortant enfin un papier du petit monticule formé de lettres, de feuilles et de documents en tout genre, situé sur son bureau. Je l'ai enfin, tenez.

Son interlocuteur s'avança et pris, avec une certaine habitude d'ailleurs, l'enveloppe tendue par la commandante.

- Voici votre ordre de mission. Pour cette fois-ci, je vais vous demander de la jouer fine. Déclencher un incident diplomatique avec Rhétalia serait très fâcheux. Dans ce cas-là, n'attendez pas un soutien de notre part.

- Je ferai de mon mieux.

- Je ne veux pas de promesses futiles. Nombre de mes hommes n'ont su les honorer. J'attends donc les résultats, que j'espère bons.

- Ils le seront.

Après des au revoir très codifiés par les règles de tenue entre subalterne et supérieur, Mountbatten sortit de la pièce, non sans un brin d'excitation. Rhétalia était, à ce qu'on disait, un pays magnifique. Mais très peu de marines ont déjà eu l'occasion de l'approcher, encore moins de la visiter, ceux-ci se comptant sur les doigts d'une seule et unique main. La nation arc-en-ciel, voilà l'endroit où il aurait l'honneur de pratiquer son métier - voire plus, son devoir -. Il déchira méticuleusement la prison de papier renfermant son ordre de mission et en retira le contenu.


Ordre de mission

Exécutant : Alexander Mountbatten
Grade : Sergent d'élite
Affectation : Marine d'élite de South Blue

Objectif de la mission : Récupérer Dorothy Castell, utilisée comme gladiatrice contre son gré à la WWE
Durée de la mission : Variable
Cause de la mission : Cette civile s'est faite capturée par la WWE
Lieu de la mission : Rhétalia

Homme(s) :  Aucun
Autres participants à la mission : Aucun
Commandant de la mission : Aucun
Transport : Un navire de transport

Objet(s) donné(s) :  Aucun

-- Détails --

Ordre des événements

Embarquement sur le bateau
Voyage (environ deux jours)
Débarquement sur Rhétalia
Infiltration de la WWE
Exfiltration de Dorothy Castell
Embarquement sur un bateau de transport
Voyage (environ deux jours)
Débarquement sur la base du G 4



Une fois sorti d'un bâtiment tellement fortifié et cloisonné qu'il en devient presque étouffant, les yeux rivés vers l'horizon, Mount était fin prêt. Il aimait voir de beaux paysages - qu'ils soient naturels ou artificiels - et découvrir un pays réputé sublime d'où peu de personnes étaient revenus à cause des critères pour y pénétrer. Il comptait bien profiter de sa mission ; tout en gardant sa mission en tant que première préoccupation.


Dernière édition par Mountbatten le Ven 31 Mar 2017, 19:38, édité 2 fois
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Un vide spatial se creusait lentement au cœur de la poitrine de Raphaël. Son corps contraint par les ordres du tyran ne répondait plus à sa détresse, ses nerfs et ses muscles engourdis ne lui obéissaient plus et s’agitaient mécaniquement pour répondre aux attentes de leur nouveau propriétaire. Un pas après l’autre, il perdait un peu plus de son libre arbitre et se recroquevillait dans ses émotions meurtries, prisonnier et esclave de sa propre chair.

Lorsqu’il tenta de crier, on le somma de se taire. Lorsqu’il tenta de se débattre, son propre corps le maîtrisa. Lorsqu’il proféra des menaces, une main titanesque vint le saisir au collet et le jeter avec violence derrière des barreaux en riant grassement.


Parl'en italic grey


"Tu feras moins le malin sans tes gants foutu utilisateur de fruit du démon Petototototo ! J’ai d’autres chats à fouetter pour le moment, on aura le temps de faire plus ample connaissance plus tard. Prends le tien pour réfléchir à ce qu’il va t’arriver Petopetopeto ! "

Non content de lui avoir fait avouer ses pouvoirs et leur fonctionnement, le colosse n’avait même pas pris la peine de l’entraver de menottes en granit marin. Le « Pouvoir Débile » de Raphaël, comme il s’était permis de le juger, nécessitait en effet que le vert enfile des gants pour s’activer. Et même s’il était un peu plus fort qu’un homme ordinaire, le croupier devrait bien avouer que ce bête larcin était en mesure de l’incapaciter dans toute tentative de s’échapper.

Ce qu’il n’était pas en état de faire pour le moment. Alors que le maître des lieux, tournait les talons fier de sa nouvelle trouvaille, le froid et l’impuissance accablèrent soudainement cette dernière. Ses vêtements déformés et déchirés par sa récente échauffourée, le contact brut et glaçant de la pierre avec sa peau à vif le fit grelotter. Pathétique moment de faiblesse qui tira un peu plus ses larmes sur la courbe de ses joues enflées.

Une tâche brunâtre encerclait son œil droit et deux de ses doigts avaient triste mine, mais plus que son corps c’était ses sentiments qu’on avait endommagés. Le rire sinistre du colosse résonna une dernière fois dans le couloir alors que de partout vint l’écho furieux d’un orchestre cliquetant de chaînes et d’autres entraves. Raphaël comme d’autres prisonniers tenta vainement d’arracher le collier de gelée verte qui entourait son cou, mais il était déjà trop tard pour eux. Ils n’avaient plus que leur frustration, leur tristesse et leur colère.

C’est comme ça que prospérait Rhétalia, le pays aux milles pyramides et aux millions d’esclaves morts en les construisant : une société reléguant des hommes à un statut inférieur, un monde horrible dans lesquelles ne peuvent cohabiter que l’immense richesse et l’infinie servilité et dans lequel on arrivait même à faire combattre des hommes et des femmes libres. Il avait dit non et le sang avait coulé.

Ce sang qui n’était pas le sien coulait encore dans ses souvenirs et entre ses doigts, ce n’était pas celui de ses compagnons de cellule, c’en était un autre, bien plus proche, bien mieux connu dont il serait probablement capable de décrire des dizaines d’années plus tard toutes les nuances.

Contre sa volonté, cette mort qu’il avait voulu empêcher l'obligeait à reprendre le flambeau. En étant à présent dépourvu, l’arène l’accueillerait bientôt comme l'aurait fait sa propre mère.

Le choc était trop grand, même pour ses nerfs de parieur. La réalité le faisait se recroqueviller sur lui-même, sa cruauté affaissait toute sa volonté. Ses ongles crispés autour de ses genoux laisseraient des cicatrices indélébiles.
Demain il serait gladiateur au nom de cette ordure, de ce meurtrier.

C’était trop.


Dernière édition par Raphaël Andersen le Mar 10 Oct 2017, 19:03, édité 4 fois
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Rhétalia.

Il s'y était rendu par le biais du bateau qu'on lui avait attribué, seul. Le temps ne semblait pas vouloir changer, cette brume persistait toujours, rendant la vue d'une terre plus compliquée que prévue. Mais il avait atteint sa destination, c'était l'essentiel. Le pays aux mille pyramides se trouvaient devant ses yeux. Bien sûr, il n'était pas là en tant que marine. Ce n'était qu'un simple touriste en somme.

Valoonia, une cité portuaire rhodésienne, était l'endroit où débarquait les passagers de l'Argo, un grand navire de transport utilisé par la compagnie maritime de transport rhodésienne la plus importante. Parfois, ce navire accueillait des esclaves emmenés sur Rhétalia en lieu et en place des touristes.

Véritable fourmilière, où les commerces côtoient les ateliers, où on achète aussi bien de la nourriture que des esclaves, Mount était à la fois émerveillé et réaliste. Tout ça n'était possible que grâce au commerce d'esclaves, ce qui le débectait. La vie d'un être humain ne devrait pas pouvoir être estimé à un prix et même être échangée entre diverses crapules moyennant monnaie.

Ainsi, la personne dont il a été chargé de récupérer était une personne qui avait été capturée par un organisme apparemment indépendant du gouvernement de l'île. On lui avait dit que son chef n'écoutait que très peu les directives de celui-ci ; c'est pourquoi il lui incombait de l'exfiltrer, les chefs de la nation arc-en-ciel ne voulant pas faire plus d'efforts.

La mission n'allait pas, a priori, lui prendre beaucoup de temps. Mount avait débarqué directement dans la ville où se trouvait le quartier général de la WWE. Trouver sa cible parmi les différents centres de divertissements de la société serait des plus simples. Enfin ça, c'est ce que pensait le sergent d'élite à ce moment-là.

La première étape, pour lui, serait de trouver le lieu de détention de la femme, puis il devra l'extraire de sa prison. Enfin, ils devront partir de l'île. Si la première partie de sa mission était facile, les deux autres le seraient moins et il en avait conscience. Ça sera un travail ardu pour lui.

- Où se trouve le quartier général de la WWE s'il vous plaît ?

A cette question, de nombreux passants lui indiquèrent le chemin de Doomsdom, la principale arène du pays. Ce n'était pas un quartier général ordinaire, mais bien plus que ça. Un complexe hôtelier se trouvait non loin de l'endroit, en plus de nombreux restaurants et de boutiques, implantés là pour profiter de la clientèle qui était toujours plus nombreuse grâce à la gigantesque arène qui attirait des spectateurs de tout le pays ainsi qu'une grande partie des touristes de l'île. Certains commerces appartenaient même à cette corporation et on comprenait vite la puissance économique de l'entreprise.

Une fois sur les lieux, Mount déambulait dans le petit labyrinthe que formait cet amas de constructions toutes axées autour de l'attraction principale de la zone. L'architecture était plutôt banale, similaire à celle que l'on retrouve sur la plupart des îles des Blues. Les maisons sont faites avec beaucoup de bois comme en témoignent les colombages. Ceci est dû à la grande forêt qui entoure la ville. Mais ce qui impressionnait le plus Mountbatten, c'était le relief de la ville, la couche verte que formait la forêt et les nombreux aménagements construits pour palier à cette difficulté topographique, tels que les ponts ou les passerelles suspendues dans le vide. Le tout formait une ville atypique au niveau de l'organisation de celle-ci.

L'arène était située sur le sommet d'une colline, de telle sorte qu'on la voie depuis chaque coin de Valoonia. Un bel emplacement qui accentuait le nombre de visiteur, car les touristes fraîchement débarqués étaient irrémédiablement attirés par cet énorme bâtiment. Mount était parti en direction du Doomsdom avec la ferme intention d'assister à une des activités proposées au sein de l'arène afin de mieux comprendre où se trouvent les gladiateurs, car oui, Dorothy Catell, la personne qu'il devait exfiltrer, était, apparemment, une femme musclée et qui pourrait combattre en tant que gladiatrice.

Il y arriva et paya sa place. Aujourd'hui, il y aurait un combat de gladiateur, dont certains venaient du dernier lot de personnes capturées. Bien sûr, il n'aimait pas que l'on fasse combattre des personnes qui n'ont rien demandée entre elles. Mais c'était nécessaire d'assister à cela, car c'est pour le travail.
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Cette journée n’avait eu rien d'exceptionnelle. Retourné à son quotidien sur le Gambling Blue, célèbre casino flottant pour lequel il travaillait depuis déjà plusieurs années, Raphaël s’était lentement laissé convaincre de quitter son poste. On lui avait offert un jour de partir pour Grand Line et, même si cela commençait à dater, ses amis les plus proches,  Monsieur Topaze et Madame Vermillon, l’avaient relancé régulièrement sur la question. Plusieurs mois s'étaient écoulés ainsi depuis son retour d'Amerzone.

Seul fait exceptionnel ce jour-là, il avait été convié par son directeur, l’imposant Monsieur Moustache, à venir s’entretenir dans son bureau. Curieuse journée pourtant, il n’avait pas eu le temps d'attendre l'heure de la convocation qu’une figure méconnue venait lui réclamer son aide. Devant l’urgence de la situation, ils étaient partis aussitôt et d’îles en îles, leur piste les avait emmenés jusqu’à Rhétalia.

"Voyons voir ce qu’on a pour aujourd’hui... "

De Rhétalia, il en était arrivé au gradin du Doomsdom et sa visite de l’arène s’était terminée dans les geôles. Cela faisait plusieurs semaines qu’il se réveillait chaque matin dans sa crasse et il commençait à perdre le compte des jours. Le moindre de ses muscles tenait à lui rappeler son existence, tuméfié, sujet à de douloureuses courbatures. C’était un bruit incessant qui se propageait dans tout son corps. Tornade d’inconfort qui l’emmenait visiter  les dessous de la nation Arc-en-ciel.
Et ici les maisons ne tombaient pas du ciel pour écraser vos problèmes.

"Les mêmes pitoyables vermines qu’hier Petopetopeto !... C’est que vous seriez presque en train de m’attendrir avec vos têtes de victime. "

Riguel, maître des lieux et grand monarque de la plus importante société de divertissement Rhétalienne leur faisait l’honneur de sa présence. Se moquant à gorge déployée de toutes les misérables existences qu’il avait rassemblé pour son grand spectacle mensuel. Même avec une puissance comme la sienne, une personne normale ne se serait pas permis de se gausser aussi ouvertement de la trentaine de gladiateurs qui l'entouraient, tout en armes et qui, pour les plus anciens, survivaient depuis plus d'un mois à tout les adversaires qu'on leur imposait. Lui le pouvait. Comptable, mercenaire, fétu de paille, barbare et demoiselle d’honneur étaient logés à la même table, celle du pouvoir du Peto Peto no mi qui les avait tous transformé en créature servile dévouée à le servir et à répondre au moindre de ses ordres.

Une fois passé le collier de gelée verte à ses cibles, celles-ci ne pouvaient plus rien contre lui. D’un mot il les tenait.

"Certain d’entre vous sont là depuis plus d'un mois et, avouons-le, les combats que vous avez mené jusque-là étaient plutôt... ennuyeux. " ne pût-il s’empêcher de marquer d’un sourire tandis que Raphaël, et probablement d’autres de ses compagnons, rangeait les derniers bras tranchés et les dernières poitrines transpercées dans le tiroir des souvenirs ennuyeux " Mais réjouissez-vous, l’occasion est enfin venue pour vous de briller et d’entrer dans la cour des grands ! Le temps de la grande purge mensuelle est arrivée, des trente d’entre vous qui ont survécu, il n’en restera que deux à la fin, vous entrerez dans la légende du Doomsdom et vos quartiers s’en trouveront légèrement améliorés… Les combats qui vous attendront après en seront aussi légèrement plus violents, mais nous avons encore le temps d’y venir PETO PETO PETO !!
-  Et on peut savoir à quels jeux tordus tu vas encore nous faire jouer ?"


[size=36]Parl'en #045FB4[/size]


Stupeur dans l’assemblée, l’une des gladiatrices venait d’interrompre celui qui les maîtrisait tous. Raphaël releva péniblement la tête vers elle, il était l’un des rares à être resté assis et n’avait pas pris la peine d’écouter les moqueries de Riguel, trop occupé à faire nonchalamment tourner son épée pointe contre sol. Ce n’était pas la première fois que quelqu’un tentait de se rebeller et il n’avait que trop peu de considération pour ses congénères pour s’émouvoir,  trop peu d’espoir pour tenter quoique ce soit. La grise morosité de son silence lui convenait.

Il avait été las de pleurer et de se recroqueviller, son cœur n’en était pas moins exsangue.

"Au pied. " trancha Riguel sans la moindre émotion alors qu’emportée par son corps la jeune femme s’écroulait au niveau de ses bottes "Très bonne question, en tant qu’attraction principale de cette grande journée, vous êtes en droit d’en savoir un peu plus. Les festivités commenceront très simplement par une mêlée à laquelle vous serez tous conviés suivi d’un lâcher de bêtes sauvages et d’une dernière surprise qui consacrera nos deux vainqueurs du jour. Pas d’armures, juste des armes et des boucliers... si ce n'est pour toi Tin Man" rajouta-t-il goguenard en se moquant d'un bûcheron, jugé tellement laid par son service marketing qu'ils avaient décidé de l'enfermer dans une armure de fer blanc. L'idée était devenue assez populaire aux yeux du public, un peu moins aux siens.
Une tuerie en somme, on va tous devoir se massac- AARGH !
- Laisse les termes journalistiques à ton ancienne vie ma mignonne et cire moi plutôt les bottes ma jolie, c’est là qu’est ta place à présent." commenta -t-il le coup de pied asséné à l’entêtée reporter "C’est une bonne chienne quand elle veut, tu ne trouves pas Raphaël ? PETO PETO PETO ! Tu AIMES ça la voir ramper hein ! Cette chienne de meurtrière qui fait que t’es coincé ici…. "

Le vert dévisagea les deux bourreaux d’un visage impassible, il savait pertinemment qu’on cherchait à le faire sortir de ses gonds. Un écart ne servirait à rien, si ce n’est à se prendre une nouvelle mandale. Pas besoin de crier plus que ce qu’il avait déjà fait. Le sang coulerait suffisamment d’ici quelques instants.

"Un bon chien toi aussi, m’enfin vous réglerez vos problèmes dans l’arène je suppose…si les autres vous en laissent le temps PETOTOTOTOTOTO !!! "


***

"Problème ?
- Aucun.
- Ecoute gamin, tu peux penser tout ce que tu veux de moi ça ne va pas m’empêcher de dormir la nuit. Il a donné l’ordre, mon corps a répondu à son pouvoir. Point. Maintenant je suis là, je fais ce que je peux pour survivre et je te conseille de faire pareil.
- "

Equipés et ayant gagné le sable de l’arène, les trente gladiateurs saluaient la foule venue les voir mourir. Comme des pantins, ils paradaient sous les applaudissements et les cris déchaînés, dans une macabre chorégraphie qu’on leur imposait avant chaque entrée en matière. Ces longues minutes d’appréhension, enfermés dans un corps qui ne répondait plus, certains les passaient à pleurer, d’autres à prier et d’autres encore à tenter de justifier leurs actes.

Raphaël aurait en temps normal été plutôt du genre à espérer trouver un moyen de s’échapper, mais son moral était tel qu’il ne s’attendait alors à pas grand-chose si ce n’est à devoir trancher des membres.

"Mesdames et messieurs, que les meilleurs l’emportent et que les vermines périssent ! Je vous rappelle que ceux qui s’illustreront dans cette bataille rejoindront l’élite de nos gladiateurs, soutenez vos favoris, prenez les paris ! QUE LES JEUX COMMENCENT ! "

Armes , filets et boucliers se levèrent, à l’unisson. Une cloche sonna le début du sordide spectacle.


Dernière édition par Raphaël Andersen le Ven 27 Mar 2020, 12:24, édité 9 fois
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Le glas venait tout juste de sonner pour les gladiateurs. Seuls les meilleurs - ou les plus aptes à survivre - resteront pour combattre encore et encore pour le bon plaisir des spectateurs qui n'avaient pas l'air de comprendre que des vies étaient sacrifiées pour une poignée de Berrys. La foule était déchaînée à la vue des premiers morts, scandant des encouragements à destination de leurs favoris ou des insultes qui, elles, étaient adressées aux mécréants se trouvant sur la route de leurs préférés.

La mêlée avait débuté rapidement et chacun voulait tout donner, non pas pour le spectacle, mais pour rester en vie. Mais pour combien de temps encore ? Certains pleuraient tout en combattant. C'était chamboulant pour certain, mais la majorité aimait cela et en redemandait. Mount, dans son for intérieur, se dit que ces personnes étaient autant des monstres que les esclavagistes qui coordonnaient ce macabre spectacle.

Le sergent d'élite était posté au premier rang, au plus près des gladiateurs. Il pouvait alors entendre ce que disait les combattants entre eux. C'était tantôt des insultes, tantôt des râles d'agonies et des supplications qui, bien sûr, n'étaient jamais écoutées. Des larmes coulaient sur le sol, se mêlant au sang déjà présent. Ces pauvres types n'avaient pas demandés ça.

Mountbatten était cependant impassible. Il se fichait pas mal des innocents qui mouraient sous ses yeux, seul importait sa mission. Il n'avait pas quitté des yeux la personne qui correspondait à Dorothy Castell. Elle était forte ; mais il n'y avait aucune technique dans ses gestes. Son style se rapprochait d'un mec bourré qui se bagarre avec d'autres types aussi éméchés que lui dans une taverne. Malgré ce manque évident de technicité, ses coups faisaient presque toujours mouche grâce à sa force physique incroyable. Sa grande hache fendait les casques de ses opposants et sa volonté de vaincre se répercutait fortement sur ses ennemis.

Au bout de quelques minutes seulement, il n'en restait qu'une dizaine. Des trente, vingts étaient soit morts, soit aux portes du Paradis, ou de l'Enfer. Un lourd brouillard planait haut dans le ciel, ce qui ne gênait pas la vue à l'intérieur de l'arène ; en revanche, la ville située en contre-bas n'était pas visible. À ce temps maussade rajoutons une fine pluie qui commença à ce moment-là, voulant gêner les derniers survivants. Ils étaient dix, se regardèrent mutuellement, choisissant à vue la personne qu'ils voulaient tuer en premier, avec succès ou non.

Dans la tribune d'honneur, un homme musclé avec des cheveux blancs observait la scène, en surplombant ses employés forcés et non payés. Ses yeux blancs scrutaient les cadavres avec un rictus maléfique, puis ils se posèrent sur les survivants.

- Aller, on y va PETOPETOPETO ! beugla-t-il.

Sa voix était en partie camouflée par les cris de la foule, mais les gladiateurs, eux, l'avait bien entendue. Ils foncèrent alors sur leurs cibles respectives, armes dans une main, boucliers ou filets dans l'autre. Un premier combattant fonça sur une femme, mais se fit trancher la nuque par derrière. L'honneur n'existait pas dans cette arène. Il n'y avait pas de duels ; que de l'opportunisme. Les coups bas s'enchaînent et le nombre de vivants diminuaient petit à petit, mais moins vite qu'avant.

Pendant ce temps, Mount avait quitté sa place, se déplaçant discrètement dans les couloirs du Doomsdom. Il savait d'où provenaient les mirmillons et s'y rendait, en invisible bien sûr. Les gardes étaient peu nombreux, mais disposés en toute intelligence. Deux par portes, un de chaque côté, ce qui rendait la tâche ardue au sergent d'élite. Il fallait qu'il rejoigne les cellules avant la fin des festivités. Ayant bien observé sa cible, il savait qu'elle survivrait. En tout cas, il l'espérait, car si elle mourait, sa mission échouerait. Et ça, il ne pouvait l'accepter.

Si les couloirs étaient ouverts à tous, il commençait à arriver aux endroits gardés, réservés au personnel. Une première porte se dressait face à lui. Grande, large et sûrement la plus empruntée, elle était gardée par deux grandes brutes armées d'armes d'hast qui aurait fait fuir la majorité des curieux. Mais le soldat n'était pas là pour vivre des sensations fortes ou pour se cacher pendant une nuit dans l'arène pour réaliser un défi ou faire une « expérience sociale ».

Il avait deux choix : les neutraliser purement et simplement ou les laisser en vie en essayant de passer malgré tout. C'était la première porte, la plus visible. La deuxième option lui paraissait la plus adaptée. Si on retrouvait des gardes morts ou assommés, cela ne servirait à rien qu'il arrive jusqu'à l'endroit où les gladiateurs étaient détenus.

Ainsi, il lança un caillou trouvé sur le sol et ce dernier atterrit dans un couloir adjacent à la porte. Le bruit fut amplifié par la pierre et le garde le plus proche s'approcha de la source du bruit, en étant sur ses gardes, lance en main, pointée vers l'avant. Le second se tint derrière lui, avançant au même pas que son collègue. L'attention des deux hommes captée ailleurs que sur la porte, Mountbatten la traversa sans problème, malgré quelques rapides coups d'œil lancés par le garde le plus proche de la porte qui s'avéraient inefficace face au fruit du démon de l'invisibilité.

Le premier pas est souvent le plus difficile, mais dans ce cas-là, plus le marine avançait, plus il rencontrait des difficultés. La deuxième porte avait la même configuration : deux gardes armés de lances. Seulement, un problème de taille empêchait Mount de faire la même technique : il n'y avait pas de couloirs adjacents. À la place, un couloir étroit menait à cette porte bien gardée. Il décida d'utiliser la première technique, à ses risques et périls.
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"Hihahaha ! Tu ne m’échapperas pas ! "


Parl’en #B18904


Fendant l’air à intervalle régulier, une grande faux crantée, teintée de sang, menaçait toute personne à sa portée de se faire trancher. Scarecrow, son propriétaire était comme fou, l’arène était son élément, chacune de ses victimes une façon de se rapprocher de sa consécration. Ses muscles cousus de cicatrices étaient presque aussi dérangeant que l’éternel sourire, étiré par son sadisme, qu’il offrait à ses proies. Lui qui n’avait été qu’un simple paysan dans un autre vie serait le dernier survivant, à n’en pas douter.

Raphaël tentait tant bien que mal d’esquiver les attaques de cet adversaire impitoyable tout en prêtant attention au reste de la mêlée. Le peu de pitié qui avait un jour habité les combattants s’était envolé dès que, pour la première fois, ils avaient dû exécuter une sentence de mort. Les fourbes tentaient de sortir leur épingle du jeu, les brutes tentaient d’écraser le plus de monde possible, les faibles se cachaient derrière les forts, les fous n’avaient plus rien à perdre.

"Tu ne peux pas m’échapper, t’en as pas marre de courir gamin ?
- Et toi de me faire chier ?
- Oups, tu disais ? ~ "

L’arme de l’épouvantail lui lécha le mollet et il eut tout juste le temps bondir à l’opposée pour ne pas perdre sa jambe. Chaque blessure pouvait être fatale. Ce ne serait pas le colosse qu’il avait embroché qui dirait le contraire. Aucun organe vital touché, endurant comme il était, le mec aurait normalement pu se relever. Mais une seconde plus tard il était piétiné par un autre affrontement, la suivante il se vidait de son sang dans la plus grande indifférence.

Déséquilibré par la douleur, Raphaël laissa tomber un genou à terre, son arme ne lui était plus d’aucun secours. Vif, il para l’assaut suivant avec son bouclier. Il n’allait pas pouvoir continuer longtemps à ce rythme. L’instinct lui intima de saisir la moindre ouverture pour attaquer mais une grosse bonne femme, qui venait tout juste d’aplatir un autre gladiateur sous son gourdin, se décida à se mêler de leurs affaires. D’une frappe colossale, elle les expédia tout deux loin l’un de l’autre, faisant au passage oublier à Raphaël la douleur de sa jambe pour un nouvel hématome sur son flanc.

"- Urk… Connasse, tu vas me le payer !
- ’Chier…
- C’est qu’ils sont plus coriaces que je ne pensais ! "

Court moment de répit pour le croupier, la guerrière était surprise de ne pas avoir fait mouche, son équipement toujours en main il se réceptionna sur ses quatre appuis, prêt à repartir comme un coureur de marathon. L’épouvantail ayant réussi à amortir sa projection avec sa longue arme passa aussitôt à la riposte, comme entre les mains d’un jongleur le manche de la terrible faux s’adonna à une furieuse danse. D’un premier coup, il retourna la force de l’ogresse contre elle et d’un autre il la désarma. Beaucoup étaient ceux qui avait appris à se battre sur le tas, un mois d’expérience même avec une force démentielle ça ne suffisait pas pour se mettre à niveau. Hilare, la faucheuse s’empressa de faire sauter la tête de celle qui avait perturbé sa chasse.

"Tellement de graisse, c’est IM-MOOOOONDE ~ "

Flatulence de l’humanité, le corps de l’ogresse s’étala sur les dalles de pierre tandis que sa masse adipeuse tressautait, mue par l'effet de ses dernières contractions musculaires. Sa mort n’eut pas de meilleur spectateur que son meurtrier et ne profita à personne mieux qu’à Raphaël. Saisissant l’ouverture qu’il attendait, le croupier mit à profit tous ses talents de lanceur et projeta, comme un disque, son bouclier à la figure de l’épouvantail.

Ce dernier réceptionna l’attaque olympique en pleine mâchoire, il n’avait probablement jamais connu choc aussi violent et sa magnifique dentition en prit un sérieux coup. Tombé à la renverse, sonné, il n’était pas mort mais serait déstabilisé suffisamment longtemps pour que le vert en profite pour se débarrasser de lui et récupérer sa protection.

Seulement, une nouvelle hache vint s’interposer entre lui et la fin du psychopathe.


Parl’en #424242


"Sympa de t’être débarrassé de ce taré d’épouvantail, il me faisait flipper… Mais il va être plus facile à achever comme ça. Je vais juste avoir à me débarrasser de toi !
- N’allez surtout pas m’oublier bande de machos débiles ! "

D’une frappe ascendante Dorothy Castel, journaliste d’investigation et favorite de leur promotion depuis qu’elle s’était faite capturer, fit violemment reculer le bûcheron, étonnement agile dans son armure de fer blanc. Il ne restait plus grand monde encore en vie dans l’arène, les six derniers combattants, épouvantail compris, étaient tous des monstres de puissance.

Alors que le vert lui  jetait un regard mauvais, la journaliste lui renvoya d’un coup de pied argenté son bouclier qu'il rattrapa au vol. S’il avait toujours apprécié qu’on vienne à son secours, il ne voulait aucune aide de sa part à elle.

" Jt’ai rien demandé.
- Tu veux être en colère contre moi ? Soit le pour de vrai et arrête de faire ta fiotte, bats toi ! J’ai connu ta mère avant de… elle avait d’avantage de hargne !
- J’aimerais surtout pas vous interrompre les amoureux, mais je suis là vous savez.
- Ta gueule Tin Man.
- Et maintenant on passe au non verbal, de mieux en mieux, bel effort de mémoire  pour retenir les prénoms en revanche. "

Les trois gladiateurs chargèrent les uns contre les autres. Métal contre métal, tranchant contre tranchant, l’attraction puis la répulsion tout aussi violente de trois formidables combattants. Le croupier saignait abondement de l’arcade, un méchant coup de manche qu’il avait remercié d’un formidable coup de pied ne manqua pas d’enfoncer l’armure obsolète du bûcheron. Qui a besoin d’arme franchement ?

Leur troisième compère se serait probablement réjouie de répliquer à son tour, mais les cliquetis métalliques annonciateurs d’un changement de configuration de l’arène attirèrent son attention en même temps que celle de toutes les parties présentes. Maladroitement Scarecrow, laissé à l'écart parmi les cadavres, tenta de redresser et de retrouver son équilibre alors que son crâne résonnait encore comme un gong.

Les grands pontons de briques jaunes, servant de passerelle entre l’arène et ses coulisses, s’élevèrent hors de l’eau pour se mettre en place. Les derniers survivants comprirent aussitôt ce qu’il était en train de se passer et arrêtèrent de se concentrer sur leur combat respectif pour se préparer à ce qu’il allait arriver.

"Ne sont-ils pas magnifiques ? De toutes les nouvelles recrues de ce mois, seuls ces six combattants ont survécu à tout leur combat, ils ne sont pourtant pas au bout de leur peine car à la fin de cette affrontement il ne doit en rester que deux PETO PETO PETO ! Pimentons tout de suite nos festivités par l’intervention des stars du Doomsdom, mesdames et messieurs veuillez accueillir COWARD et TOTO avec un tonnerre d’applaudissement !"

Somewhere behind the rainbow Toto_e10

Deux grilles s’élevèrent dans les coulisses, laissant apparaître aux yeux des spectateurs déchaînés les deux immenses bêtes, mascottes vénérées de l’arène Rhétalienne : Coward le lion et Toto le loup, facilement deux fois plus gros que leurs congénères et capables d'arracher la tête d'un être humain d'un coup de patte. Le même collier vert que celui des gladiateurs ceignait leur cou. Ils rugirent de concert avant de se jeter dans l’arène, tenant visiblement à prouver que celui qui les avait nommé avait un drôle de sens de l’humour.

La seconde partie du spectacle commençait.


Dernière édition par Raphaël Andersen le Ven 20 Avr 2018, 16:42, édité 7 fois
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- Arg...

C'était le dernier.

Il y était enfin. Après avoir tranché les gardes qui se dressaient sur son chemin, il a fini en beauté avec ceux qui gardaient l'une des entrées qui part des coulisses et qui arrive dans l'arène. C'était sous cette grande arche faite de pierre qu'une de deux bêtes était arrivée au centre du Doomsdom, là où les
gladiateurs se trouvaient. Seulement, ces animaux sont terriblement mortels ;à peine arrivés ils s'étaient déjà jetés sur leur première proie, dont le nombre avait du reculer depuis la dernière fois où Mount les avait vus, c'était une certitude.

Les potentiels gêneurs étant écartés du champ d'action du marine, il avait la voix libre pour exfiltrer Dorothy de cet enfer fait de fer et de sang. Confiant malgré l'incertitude qui planait sur ce qui allait se passer, il s'engouffra dans l'arène en passant sous la grande porte qui, tout comme le pont qui la reliait au centre du gigantesque amphithéâtre qu'était le Doomsdom, était ouverte, ce qui permettait un passage devenu libre depuis la mort de ceux qui en sécurisaient les allées et venues. Bien sûr, avant tout cela, il avait bloqué le système qui permet de fermer la porte et d'enlever le pont grâce à un sabotage sommaire mais efficace.

Devant lui, il ne restait plus que quatre gladiateurs. Un épouvantail, une armure vivante, un homme aux cheveux verts et une femme forte, alias Dorothy Castel. Face à eux, deux bêtes. Un lion et un loup bien plus gros que la normale. Ils se trouvaient dos à lui, et les combattants face à lui, mais plus loin. Invisible, personne ne le détecta, ni même les animaux qui étaient réputés pour posséder de meilleurs sens, plus perfectionnés, plus sensibles. Ils étaient perturbés à cause du sang et de l'odeur des cadavres qui montait au nez. Ajoutez à cela le nombre incalculable de spectateur qui hurlait et scandaient au fil des actions. Cela forma un tout qui rendit inutile ces sens si pointus appartenant aux lions et aux loups.

Ainsi, Mountbatten analysa rapidement la situation. Devant lui, deux bêtes, dos à lui, qui menaçait Castel et dont il estimait que leur force était élevée. Ni une ni deux, il se faufila discrètement, traversant le pont puis enjambant les cadavres et plaça ses deux sabres au-dessus de sa tête, de manière croisée.

- Saihyō-sen !

Le lion fut tué sur le coup, la technique étant puissante et très efficace dans le dos. Son invisibilité le quitta et tout le monde découvrit un homme en chemise blanche avec un pantalon noir. Rester invisible lui a puisé pas mal de forces et il voulait en garder pour la suite. Son appartenance à la Marine ne pouvait pas être détectée car il avait fait attention à changer ses vêtements, de sorte d'en avoir de plus appropriés au vu de l'endroit où il se trouvait. Ces deux vêtements furent éclaboussés par quelques gouttes de sang venant du bestiau et une d'entre elle arriva sur ses lunettes. Il les dégagea de son nez et les essuya avec un petit mouchoir situé dans sa poche, puis les remit. Le stade s'étant arrêté un instant, Rigel tapa avec son poings sur un mur, en marmonnant quelque chose que personne n'entendit, mais que tout le monde remarqua. Ce n'était pas prévu.

Mais vite, la panique l'emporta sur la joie de voir un nouveau combattant dans le colisée. L'assistance voyant que ce n'était pas prévu et que les choses risquaient de devenir hors de contrôle, quelques personnes partirent, suivis d'autres, puis d'autres et un grand nombre de spectateur tenta de fuir grâce à l'effet de masse. Chacun bousculait son voisin pour partir le plus vite possible, parfois même ne sachant pas vraiment pourquoi, mais pensant qu'il était dangereux de rester là. Ce mouvement de foule surpris Mount, qui pensait que les gens étaient des inconscients, voulant encore voir des gens s'entre-tuer.

Le loup ne se laissa pas intimider, loin de là. Il fonça sur le marin, qui venait de tuer un de ses compère. Il ne se laissa pas démonter pour autant, gardant son sang-froid, mais savait qu'il aurait du mal à contenir le choc qui approchait à grands pas. Heureusement, les autres humains présents dans l'arène s'unirent et chargèrent sur l'animal. Le chargeur chargé.

Leurs espoirs et leurs efforts furent payant. La bête fut propulsée à quelques mètres de son endroit initial. Mais dans cet endroit, quelques mètres peuvent être fatals. Elle tomba dans l'eau qui entourait le centre de l'amphithéâtre. Ce lui serait probablement fatal, la pauvre bête ne sachant pas nager.

Débarrassés d'un adversaire dangereux, les quatre gladiateurs remirent de la distance entre eux en incluant un nouveau challenger. La mêlée reprit de plus belle, chacun donnant tout ce qui lui restait de force pour en finir, une bonne fois pour toute. Il n'en restera que deux.

Mountbatten se mit en retrait, ne se sentant pas le moins du monde concerné. Cependant, il gardait un œil sur Dorothy. Il devait la protéger à tout prix et n'hésitait pas à lui venir en aide lorsqu'elle était en difficulté, notamment contre l'armure qui s'entêtait contre elle. Ainsi, pendant un moment il fut assez proche d'elle et assez loin des autres et il prit contact directement avec elle.

- Dorothy Castel, on m'a envoyé pour vous récupérer. Je suis votre allié.

- Me récupérer ? Et qui t'as envoyé ? répliqua la reporter méfiante, ne pouvant s'empécher de détourner un instant le regard vers ses pieds.

- La Marine.

- Sur Rhétalia ? T'en as des bien bonnes toi.

- Écoutez, je n'ai pas le temps de bavarder. Vous voulez sortir d'ici ? Alors faites moi confiance, allions nous, gagnons et partons.

- Si tu crois que tu vas gagner ma confiance aussi facilement ! Des stratégies aussi tordues pour vaincre ses adversaires, j'en ai déjà vue pendant ma carrière de journaliste !

C'était une tâche difficile qu'attendait Mount à cause du caractère très prudent de la femme qu'il devait protéger et exfiltrer.
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Riguel observait ses combattants se donner mutuellement la mort. Il trouvait ces combats particulièrement plaisant, dans la mesure où il en était le seul instigateur. C'était tellement plus amusant de pouvoir concrètement contraindre la volonté d'une personne plutôt que de l'acheter dressée comme un chien. Il se rappelait de cette époque où son père, pourtant un grand homme à ses yeux, utilisait des Fauves, ces esclaves encore résistants aux Dresseurs, pour pimenter ses combats. Ils avaient toujours été inintéressant passée la première fois où le jeune enfant avait vu le sang couler dans cette arène. En grandissant, il s'était fait la promesse de donner un spectacle qui valait vraiment le détour à ses compatriotes, les faisant affluer par milliers pour voir les différentes... représentations? Ce qui était magnifique dans ce métier, c'était le renouvellement perpétuel des visages. Et quand un gladiateur arrivait à durer dans le temps, on pouvait faire monter le prix des billets à chacun de ses spectacles. L'autre moyen qu'il avait trouvé de s'enrichir bien au delà de ce qu'avaient pu gagner ses aïeux, c'était son pouvoir qui lui en avait donné l'opportunité. On lui avait "offert" le fruit du dresseur lors d'un voyage et il n'avait pas tardé à user de ce pouvoir magique pour ramener toutes sortes de candidats dans son arène. Et c'était là qu'il avait versé dans le trafic de citoyens du Gouvernement mondial.

Bien sûr c'était illégal, et ça avait même déclenché des guerres sanglantes par le passé, mais les habitants de la Nation Arc-en-ciel avaient besoin de ce renouveau. Il était l'artiste qui permettait au peuple riche de s'émanciper des conventions et de remplir ses poches. Il émit son rire particulier en voyant la tête de celle qu'on appelait l'Ogresse dans le coin être détachée du reste de son corps. L'écart se resserrait et les derniers candidats en lice étaient à vrai dire ses favoris. L'homme aux cheveux vert et la catin du quotidien mondial, il les chérissait de la plus profonde haine qui pouvait venir de son cœur. Ils aspiraient trop à des émotions futiles comme la liberté, la morale ou encore la vengeance pour qu'il puisse les tolérer. Il leur avait mis la main plutôt par hasard, la première ayant fureté trop près de ses plates bandes et le deuxième s'étant jeté dans la gueule du loup quand il avait fait exécuter sa mère... Un moment assez délicieux en somme, un moment dont il était fier. Dorothy avait tenu le couteau bien haut pendant que le public scandait un seul mot, dans l'attente de la réponse du maître des lieux: "Mort! Mort! Mort!" Il n'avait pas vraiment besoin de raconter la suite. Le pauvre bougre s'était lancé dans l'arène, trop tard, et il avait dû intervenir pour calmer le jeu. Plus bas, dans les coulisses de l'immense arène, les petites mains avaient lâché les fauves avant de rencontrer plusieurs incidents qui les avaient mis dans un sale état de panique. Le pont n'était tout d'abord pas remonté, permettant à des gladiateurs de prendre la fuite par cet accès-là. Ils avaient essayé de contacter le machiniste mais rien n'y avait fait. Grus et Pux se regardaient comme deux chiens de faïence menacé de destruction par une botte invisible, celle de Riguel en l’occurrence. Ils cherchaient désespérément une solution mais tout geôliers qu'ils étaient, ils n'avaient aucune idée de comment procéder pour rétablir la situation.

"Mais qu'est-ce qu'on va faire?! Riguel va nous tuer si on remonte pas ce pont!"

"T'as qu'à aller le redescendre toi même  le pont, comme ça on sera sauvés!"

"Et tomber sur le truc qui a fait ça?! Plutôt crever!"

"Monsieur Riguel m'envoie vous dire que ça peut s'arranger si vous ne rétablissez pas la situation."

Dominant les déjà imposants geôliers d'au moins deux têtes, Morue n'était pas le genre de personnage qui se déplaçait sans raison. Au simple son de sa voix, les deux imbéciles partirent au galop en direction de la machinerie pour rétablir la situation. Il s'avança sur le pont et foula le sable de l'arène alors que la foule qui avait tentée de fuir revenait s'installer progressivement dans les gradins, sous l'invitation des gardes. Le demi-géant se plaça en face de ses adversaires, ses bras ballants le long de ses bras. Tout le monde connaissait Morue. Il avait le premier homme jamais asservi par le pouvoir de Riguel. On disait que c'était un ancien soldat de la Marine qui avait été complètement endoctriné par son maître, ce dernier ayant même accepté de lui laisser sa volonté devant tant de loyauté. Morue n'avait jamais essayé de s'échapper et était devenu la force armée de son gourou, le bras qui s'abattait quand la colère de Riguel était attisée.

"Mesdames et Messieurs, je vous prie de vous asseoir, le spectacle n'est pas terminé! Et je vous rappelle l'adage: plus on est de fou, plus on rit, petopetopetopeto!"

Des rires forcés émergèrent de tout côté dans l'arène, tandis que les multiples gardes observaient de près ceux qui ne se prêtaient pas au jeu. Ceux-là ne tarderaient probablement pas à fouler le sable chaud et ensanglanté sous la contrainte du Maître. Ce dernier observait d'ailleurs celui qui était l'un de ses meilleurs pions s'avancer calmement au milieu des gladiateurs. La répression s'annonçait joyeuse. Il annonça d'une voix forte et pleine de sadisme.

"Puisqu'un invité semble s'être glissé dans la partie, je me permet de glisser moi aussi un concurrent dans ce jeu. Que le meilleur survive, petototopetototo!"

Une puissante hache entre les mains, Morue s'élança d'un bond vers l'homme qui avait fait son apparition, prêt à faire sauter sa tête d'un seul mouvement. Le véritable spectacle pouvait commencer alors que le pont ne s'abaissait toujours pas. Riguel préparait déjà son prochain coup en glissant ses consignes aux hommes en charge de la "sécurité" du public, et surtout de leur enthousiasme.

HS:
    "Putain mais c’est le festival de la hache aujourd’hui… "

    Se sentant bien seul avec son épée et son bouclier au milieu des autres gladiateurs, Raphaël était en train de se dire qu’il aurait probablement lui aussi dû s’armer d’une arme à moyenne portée. Cadencées comme les automates d’une horloge parlante, les lames arrondies s’abattaient en rythme, les unes contre les autres. Etincelles, cris de guerre, dalles fendues, éclats de poussière. Le lâcher des bêtes, acte pourtant si cher aux mœurs rhétaliennes, s’était vu expédier par l’arrivée de nouveaux visages mais les affrontements ne s'en étaient que davantage intensifiés.

    "Hé Morue, ce mec chelou est avec eux, nous on est de ton côté !
    - On va leur faire la peau, j’vais me les faire, j’vais me les faire ! "

    Il n’avait pas fallu plus que la distraction accordée par l’arrivée d’un nouveau belligérant pour que deux anciens ennemis ne s’unissent, d’abord pour se débarrasser du loup géant ensuite pour se charger de leurs concurrents. Et comme le hasard faisait mal les choses, le vert était forcé de constater qu’on lui avait imposé le mauvais camp. Repoussant d’un coup de bouclier l’assaut furieux du bûcheron et de l’épouvantail, il faucha la jambe du premier pour aussitôt engager le combat avec le second. D’un commun accord, les deux terreurs avaient jugé qu’il était la proie facile, celle à abattre en priorité pour pouvoir être finalistes. Il ne resterait alors plus que Dorothy et cet homme invisible venu à son secours.

    Si de prime abord elle avait très mal réagi à son arrivée, l’opinion de la journaliste avait très vite changé à l’arrivée de Morue. Elle connaissait le gladiateur le plus fidèle de Riguel et savait qu’il se déplaçait seulement quand son maître n’avait pas cœur à régler de lui-même une situation. Le secouriste était une variable imprévue et elle avait tout intérêt à compter sur elle pour s’en sortir. D’autant plus que le demi-géant ne lui avait pas laissé de temps pour y réfléchir : un coup de hache circulaire, évité au dernier instant manqua de faire sauter leur tête. Face contre terre, les deux alliés de circonstance se mirent d’accord d’un simple hochement de tête et chargèrent contre les jambes de Morue. Déséquilibrée, la bête pourrait être achevée.

    Seulement, l’autre n’était pas aussi benêt que sa singulière apparence l’aurait laisser penser. D’un coup de genou ascendant il heurta Dorothy en plein menton, l’envoyant valser loin derrière ce qui lui laissa l’ouverture suffisante pour donner un coup de hache dans le sens opposé du premier. L’homme en chemise s’était trop approché pour que la lame ne fasse autre chose que lui érafler l’arrière du crâne, mais le manche en revanche le frappa avec une force  qui aurait suffi à faire voler en miettes l’occiput d’un individu normal.

    Le marine ne tint pas le coup mais eu le temps de planter rageusement une de ses lames dans le mollet de Morue avant de se retrouver projeter au niveau de Raphaël et de l’épouvantail, lames écrasées l’une contre l’autre dans un duel de force brute. Ce dernier, distrait par l’arrivée du marine dans son champ de vision, se laissa surprendre par la garde de l’épée du croupier qu’il prit en pleine tête. Lancé dans son mouvement Raphaël l’envoya paître d’un coup de pied retourné pour mettre aussitôt en joug le marine qui n’aurait pas attendu une seconde de plus pour dégainer.

    Du peu qu’il en savait, la mouette n’était pas encore son alliée.

    "Raphaël NON ! " cria Dorothy de tout ses poumons, en sueur et en prise avec le bûcheron en armure qui se faisait de plus en plus vicieux dans ses assauts "On va avoir besoin de lui !
    - Comment ça on ?
    - Ferme-la pauvre tâche, prends ça comme des excuses et point barre. Ce mec c’est notre sortie de secours, on réglera nos histoires dehors ! " continuait de crier Dorothy à présent dos à eux et dangereusement proche d’un Morue boiteux, passablement énervé.
    "Je ne suis là que pour une personne.
    - Ta gueule toi aussi, tu veux que je te fasse confiance et que je te suive ? Alors on prend le gamin avec nous. "

    Le marine accepta d’un signe de tête, il ne lui avait pas fallu beaucoup de temps pour calculer qu’il n’avait rien à perdre à conclure une alliance temporaire. Au pire le vert mourrait en leur laissant une ouverture. Le raisonnement fit le même chemin dans la tête de ce dernier, l’idée ne l’enchantait pas mais c’était soit ça, soit être seul contre tous.

    "File moi tes chaussettes ! " somma abruptement Raphaël alors qu’une idée venait de traverser son esprit.
    " Hein ?!... GARE À DROITE ! "

    N’ayant pas le temps de peser le pour, le contre et le bienfondé de cette question l’homme en chemise, dont les superbes chaussettes émeraudes étaient en effet bien mise en valeur par son absence de chaussures -probablement une façon de faire moins de bruit une fois invisible- roula sur le côté pour éviter une nouvelle attaque fracassante de l’ultime gladiateur.

    " Cette fois t’es cuit Hihahaha ! "

    Tout se passa alors très vite. Désarmé, meurtri mais toujours prêt à en découdre, l’épouvantail avait rampé jusqu’à Raphaël pour le saisir par les jambes et l’empêcher de fuir. Ce dernier surpris n’eut pas le temps de se débattre que l’immense lame de Morue s’abattait sur lui. Qu’une seule chance de s’en sortir : se laisser tomber vers l’arrière. Frôlant son torse la lame vint se planter à quelques centimètres à peine de l’oreille droite de l’épouvantail, déchiquetant le sol et faisant… trembler tout le stade.

    L’explosion sismique arrêta net le petit monde des gladiateurs, les combats se mirent en pause un instant et Raphaël qui de son postérieur avait écrasé l’épouvantail trouva moyen de se dégager rapidement. Il fut le premier à comprendre ce qu’il se passait. Ce n’était pas un tremblement de terre mais une reconfiguration de l’arène. Si le pont ne voulait plus descendre, il ne restait plus qu’à faire descendre tout le stade.

    Tous les mécanismes du Doomsdom était en branle et bientôt, la surface de marbre affleura la surface de l’eau, laissant les trois rebelles impuissants, à plusieurs mètres en dessous de leur seul voie d’échappatoire.

    "Ces idiots ont donc encore quelques neurones, bon à savoir. " susurra Morue en souriant, ravi de voir sa proie faite comme un rat.

    De l’autre côté du stade, une patte noire, velue et trempée se planta dans le rebord de marbre. Bien qu’épuisé par sa lutte contre son pire prédateur, Toto n’avait pas encore dit son dernier mot.

    ***

    "T’es un génie mec, respect.
    - C’était pourtant simple comme bonjour ! Si on ne veut pas qu’ils s’échappent alors qu’ils ont saboté le pont, il ne nous reste plus qu’à les mettre hors d’atteinte du pont !
    - Non franchement, je n’y aurais jamais pensé ! Tu viens de nous éviter de ces ennuis-là, j’étais déjà en train de m’imaginer dans les cachots avec nos prisonniers… Ils sont peut être rancuniers les bougres.
    - Tu parles, on les traite bien ici, c’tous des suceurs privilégiés. Du temps où je bossais pour Riguel père, ça filait plus doux. Là c’est tous des cabots à qui on donne l’impression  d’avoir encore le droit à un libre arbitre, ça forge des petites personnalités de merde.
    - Tu parles de Morue là ?
    - Ouep.
    - T’es gonflé quand même héhé.
    - Bah quoi ?
    - Il y a cinq minutes tu filais la queue entre les jambes au simple son de sa voix, avoue que t’es quand même pas crédible.
    - KWOAAAAA ! *BAM*
    - Fais pas ton offusqué, t’aurais dû voir ta tête c’était tordant.
    - KWOAAAAA !
    - Allez, soit pas vexé laisse-moi finir mes derniers réglages sur le… OH PUTAIN C’EST QUOI CE CAN- *BAM*"



    Retournant sous son aile le poireau de combat qui lui avait servi à assommer les deux geôliers, le canard doré que Raphaël avait déjà été amené à croiser inspecta rapidement les environs, prêt à faire son rapport. Ils avaient longtemps attendu que l’occasion ne vienne de pénétrer cette forteresse. Aujourd’hui ils ne perdraient pas une miette de la chance que leur avait donné, sans le vouloir, le mangeur du Suke Suke no Mi en se débarassant de la plupart des gardes sur son chemin. Leur patience allait porter ses fruits.

    Accueillant un homme encapuchonné dont la dague teintée de sang attestait qu’il n’était pas arrivé jusque-là sans faire de victime, le volatile ninja désigna le fruit de son infiltration avec la plus grande des fiertés. Ils avaient la main à présent.

    "Merci Choco, maintenant voyons comment tout cela marche... "


    Dernière édition par Raphaël Andersen le Mar 10 Oct 2017, 19:05, édité 3 fois
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    - Oh bordel...

    Ce juron s'échappa de la bouche du sergent d'élite. La situation se compliquait au fur et à mesure que le temps passait. Non seulement ses alliés et lui affrontaient trois ennemis de taille, mais en plus il avait remarqué qu'une bête venait de revenir sur le ring. De plus, ses alliés avaient toujours leurs satanés colliers, produits issus du fruit de Rigel, le Peto Peto no mi, fruit du démon cruel et sadique qui consiste à réduire à l'esclavage les porteurs du cercle fait d'un liquide solidifié de couleur verte.

    De son côté se trouvait Dorothy Castel, la civile qu'il se devait de protéger ainsi qu'un dénommé Raphaël. De l'autre, Morue, toutou serviable à la botte du maître des lieux, ainsi que deux lèches bottes qui pensaient avoir choisi le bon côté et espérant peut-être obtenir leurs libérations, peut-être des privilèges, ou peut-être tout simplement la vie sauve.

    Pour rajouter une couche sur les événements qui n'avaient rien de joyeux pour Mount, le stade tremblait et s'affaissait dans le sol, afin de priver la fine équipe d'une issue de sortie. Il en avait déjà vu des situations de crise ; mais celle-là le laissait un petit peu paniquer. Il regardait sans arrêt les différents agents de la situation et tentait de calculer le meilleur moyen pour s'en sortir, tout en évitant les coups, mais sans en plaçant, comme pour privilégier son mental.

    Raphaël avait demandé ses chaussettes pour une raison précise : exercer son pouvoir. Le Mahou Mahou no mi nécessitait en effet le port de gants. Grâce à son expérience, le mangeur du fruit savait que les chaussettes marchaient aussi, d'où la demande extravagante qu'il avait fait auparavant. Il commençait alors à faire apparaître des mains. Des mains à l'image de ce qui revêtait ses mains de base, à savoir des chaussettes d'un vert affreusement moche. Si on pouvait respecter Mountbatten pour son sang-froid, ses qualités de stratège et de combattant, on pouvait aisément se moquer de ses choix ridicules en matières de chaussettes. C'était une manière d'extérioriser son extravagance, sans qu'elle soit très visible non plus.

    Ces petites mains ainsi créées, le vert commença à harceler ses adversaires avec un nombre conséquent de mains. Pincement, pichenette, petits coups, il ennuyait plus qu'il ne frappait. Si chaque clone était facilement détruit, le problème le plus évident était le nombre. Malheureusement, les trois ennemis de l'équipe détruisirent assez rapidement la totalité des mains. Raphaël comptait plus sur la surprise engendrée que par la réelle efficacité de cette technique.

    Pendant ce temps, Castel et Mount s'étaient rapprochés de leurs adversaires et fonçaient tout droit vers eux alors qu'ils venaient tout juste de supprimer l'essaim de mains qui les ennuyaient. Dorothy commence alors à préparer un mouvement tandis que son protecteur se plaçait en arrière. Une fois à bonne distance, sa hache s'abattit de manière horizontale sur les jambes des trois ennemis. Ces derniers n'étant pas nés de la dernière pluie, ils sautèrent en l'air, chose la plus aisée au vu du temps qu'il leur restait. Mount leur fonça dessus et, aidé d'un bon gros bond, il exécuta un coup horizontal à hauteur de la tête des trois compères, qui la reculèrent en même temps.

    Le résultat fut sans appel : leurs visages saignaient. La plaie était peu profonde, mais pour Tin Man et Scrarecrow, elle s'ajoutait à d'autres, plus ou moins importantes. Leurs visages sanguinolent laissaient tomber sur le sol de l'arène des gouttes de sang, ce qui redonnait du courage à leurs opposants.

    Dorothy n'attendit pas qu'ils se remettent de leurs émotions : elle se précipita vers le loup qui venait tout juste de poser les quatre pattes sur les pierres de la plateforme. L'eau avait enlevé son collier : c'était une occasion en or. Elle avait toujours eu un don avec les animaux ; un don développé dès sa naissance et elle en était parfaitement consciente. S'il pouvait lui servir à rester en vie, elle ne voyait aucun inconvénient à l'utiliser, même dans un cas pareil.

    - Hé, tout doux mon brave. Ça va ?

    La femme si virile et forte qu'était Castel semblait s'être dissipée. C'était une autre Dorothy. Une plus sensible, plus gentille, plus douce... Le contraste était d'autant plus élevé qu'elle s'adressait à une bête qui était tout sauf sensible, gentille et douce. Étrangement, en s'approchant, en lui parlant et en gesticulant selon un ordre bien précis, elle arriva à se trouver assez proche d'elle qu'elle put la caresser, encore une fois, doucement.

    - Qu'est-ce que tu fous ?

    - T'occupes ! Je vais avoir besoin d'une ou deux minutes, couvrez-moi !

    L'agacement du croupier s'expliquait facilement. Pendant que Castel amadouait le loup, les deux autres devaient la défendre des autres, ce qui était, pour ainsi dire, une tâche plus qu'ardue.

    - Déjà qu'à trois on galérait...

    Les assauts incessants faisaient reculer progressivement les deux défenseurs de l'amie des animaux, qui peinait à apprivoiser un animal dressé pour obéir à une seule et unique personne, Rigel.

    Mais ses efforts furent payants, malgré des risques considérables pris, comme s'approcher à quelques centimètres de sa gueule ou encore caresser sa tête malgré la sauvagerie dont est capable la bestiole. Nonobstant cela, les deux hommes de l'équipe se tinrent à une distance de sécurité raisonnable, par crainte que la bête leur saute dessus.

    Mais l'arrivée de ce nouvel allié était plus qu'inespéré. C'était un avantage de taille, qui changeait radicalement la donne. Le deuxième round pouvait commencer.
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    Dans le genre pire idée du siècle, sortir la serviette et aller faire mumuse avec le toutou trempé et assoiffé de sang, il y avait bien moyen que ça atteigne le top. C’était tout du moins la pensée qui traversa l’esprit de Raphaël juste avant que Dorothy ne parvint à s’approcher suffisamment du prédateur pour lui susurrer quelque mots à l’oreille. Un instant plus tard, elle enfourchait la bête et hâche brandit à la manière d’une princesse guerrière, la laissait démarrer comme un boulet de canon, hurlant à la mort de ses ennemis.

    Le croupier savait de source sûre que les idées stupides amenaient souvent à d’étranges situations. De celles qui l’avaient amené jusqu’ici, La première avait été d’écouter un vieil homme et de lui faire confiance. Le souvenir d’une photo de famille usée par le temps, une chevalière entraperçue à Cocoyashi, un compagnon de voyage croisé au cours d’une drôle d’aventure, et cet étranger qui pour la première fois se présentait à visage découvert l’avait convaincu : Séville était en danger.

    Trop tard pour la sauver à présent, cette vérité avait beau déchirer son cœur il ne pouvait plus rien faire pour elle. Ses semaines de geôle lui avaient permis de pleurer l’archéologue et le moindre des souvenirs qui lui été attaché. « D’où viens-tu ? Qui es-tu ? ». Cela faisait des années qu’il n’avait pas rêvé de cette nuit, de la morsure de l’eau glacée, des rires et des cris. Cela faisait des années qu’il ne s’était plus réveillé avec cette douce voix l’enserrant dans ses bras chaleureux, pourtant à travers son visage couvert de sable et d’algues, il revoyait toujours le sourire et les boucles noires de cet ange venu l’accueillir. Il se revoyait encore s’inventer un patronyme, menteur et fugitif, et pourtant se voir offrir un toit, une éducation, une nouvelle famille et une nouvelle vie. Il se revoyait encore cracher sur tout ça, enfant gâté dont on ne voulait pas passer le caprice, trop curieux, trop insouciant, trop étranger à sa nouvelle île pour en accepter les règles. Chaque fois qu’il s’était lové contre la pierre rêche de Rhétalia, il avait repensé à la dernière fois qu’il l’avait vu, claquant la porte pour ne jamais revenir : « Très bien, je me débrouillerais seul. ». Chaque fois qu’il avait fermé les yeux, recroquevillé sur lui-même dans l’insipide prison il frissonnait en la revoyant lui sourire une dernière fois, agenouillée, vaincue, sueur et sang mêlant les boucles de ses cheveux de cendre.

    Et si à chacune des personnes qu’il avait abattues depuis, l’impact de ces souvenirs s’était peu à peu refroidi pour le faire lentement glisser vers l’indifférence, une nouvelle idée stupide venait de germer dans son esprit. Un parasite. Un nuisible. Une rébellion :  Aujourd’hui il s’échappait, pour lui, pour celle qui avait été sa mère d’une vie.

    "Bordel il faut qu’on s’active si on veut trouver un moyen de s’en sortir, prends à droite, je les prends par la gauche ! Je pense avoir une idée pour qu’on puisse atteindre le pont. "

    Emporté dans son élan pour s’écarter du chemin de Toto, mais surtout par celui de son nouvel objectif, Raphaël dut probablement surprendre l’homme à lunettes qui lui servait de coéquipier en prouvant qu’il était capable de formuler des phrases complètes. Ce-dernier acquiesça sans broncher et s’éloigna de son côté pour laisser une allée royale, direction Morue, à Dorothy et son destrier. Las d’être sur la défensive, le vert qui avait abandonné son bouclier s’empara d’une seconde épée en enjambant un cadavre pendant sa course.

    Contre le cri de son mollet blessé, il se jeta de toutes ses forces sur l’épouvantail dont le visage couvert de sang trouvait encore moyen de sourire. L’attaque du marine l’avait privé d’un œil. De son côté Mountbatten se retrouvait face au visage difforme de Tin Man, dont le heaume de fer blanc s’était retrouvé fendu par la même attaque. Contre les ordres du maître des lieux, il avait préféré l’enlever et dévoiler au monde sa réelle apparence. Une oreille et le nez rentrés dans le crâne, des zébrures de peau brunâtre gargouillant en pustules et rides indiscernables, des petites touffes de cheveux maculées de sueur et de sang, et la seconde oreille soigneusement découpée en même temps que le casque qui la protégeait. Les spectateurs les plus proches, habitués à voir se battre une légion de guerriers charismatiques laissèrent parler leur surprise et leur dégoût, les plus secoués étant bien sûr ceux qui depuis ses débuts avaient supporté le bûcheron de fer blanc.

    Mais contre toute attente  l’engouement du public explosa. Les lames des gladiateurs vinrent une fois de plus éclater les unes contre les autres. Aussi surprenant que cela pouvait paraître les spectateurs manifestèrent un déchaînement d’émotions à la découverte de l’hideuse identité du guerrier.

    Ce dernier, percevant l’agitation de la foule se laissa troubler un instant. Ses deux oreilles mutilées ne lui permettaient plus d’entendre qu’un vertigineux brouhaha qui pesait sur sa concentration, mais sa vue toujours très bonne lui permettait d’anticiper les attaques de Mountbatten.

    Pas celle de la gueule de Toto en revanche.

    "Idiot ! "

    Cri d’effroi dans la foule.

    Complètement fou, le loup avait d’abord chargé Morue sans la moindre considération pour son environnement, balayant et déchiquetant les cadavres sous ses pattes. Sa cavalière avait bien tenté de garder un semblant de contrôle, mais après avoir jeté le colosse à terre et avoir barré son visage d’une sanglante estafilade, la bête s’était aussitôt retourné pour trouver les proies qui l’intéressaient le plus : Tin Man et Scarecrow, les gladiateurs qui l’avaient fait tomber à l’eau.  D’un coup de mâchoire puissante, Toto brisa l’armure de l’homme de fer au niveau de son torse, plantant profondément ses crocs dans sa chair. Il le secoua avec hargne avant de le laisser violemment retomber au sol.

    Réagissant très rapidement, Mountbatten se rendit invisible et roula sur le côté pour se dégager du passage destructeur de la bête. Raphaël, lui profita de la petite diversion pour faire apparaître et plaquer une main chaussettée contre la garde de Scarecrow, se ménageant au passage une ouverture. Ses épées roulèrent entre ses mains et d’un mouvement puissant, il vint les planter toutes deux dans l’abdomen de son opposant.

    "Cette fois je suis un peu près sûr que tu vas arrêter de m’emmerder. "

    Laissant les épées en place pour s’épargner une nouvelle douche de sang, le croupier laissa l’épouvantail, estomaqué, tomber à genoux. Ils y étaient presque.

    "Plus qu’un ! Les gars, il faut qu’on tienne bon la liberté nous tend les bras, la vérité va éclater et je compte bien faire fermer cet enfer.
    - On attend toujours la brillante idée, censée nous faire sortir ! " répondit Mountbatten en se rendant de nouveau visible un court instant.
    " Ça arrive, ça arrive !
    - On peut toujours essayer d’utiliser Toto si il faut ! Crève Morue !" hurla Dorothy en réussissant à reprendre le contrôle sur sa monture qui s’approchait dangereusement de la tête de Raphaël.

    Si durant ses jours en cellule, Raphaël n’avait jamais vraiment cherché à discuter avec les autres détenus, il avait toujours tendu l’oreille et entendu beaucoup d’histoire. L’une d’elle était celle de Dorothy Gale Castel,  épouse, mère, et surtout l’une des journalistes d’investigation les plus réputées de sa génération. Engagée, populaire et porteuse d’idéalismes, ses témoignages avaient pour beaucoup valeur de vérité absolue, y compris parmi les officiels. Ce qui expliquait probablement la présence de son secouriste. Et si elle avait toujours éviter de se montrer en public pour préserver sa vie privée, son seul nom avait de quoi faire trembler les compagnies et les empires corrompus. Mais même en n’étant pas Madame tout-le-monde, on ne se frottait pas si facilement aux affaires Rhétalienne, et Riguel lui-même s’était délecté à l’asservir, à lui trouver une nouvelle identité et une nouvelle sorte de popularité.

    Contre son gré, Raphaël avait commencé à l’admirer.  Sentiment contradictoire qui l’avait encore un peu plus poussé à se renfermer sur lui-même.

    "Vous n’allez pas vous en sortir si facilement ! "

    Se relevant d’un bond, l’immense gladiateur saisit le loup par la nuque et lui fracassa la tête contre le sol de l’arène. Dorothy, écrasée, eut un haut le cœur. Incapable de saisir son arme elle était prisonnière de sa propre mort. Toto tenta de se débattre , crocs et griffes dehors, ses muscles puissants étaient taillés pour broyer des os humains. Seulement Morue, lui, semblait être taillé pour broyer n’importe quoi et d’une simple pression s’apprêta à briser la nuque de l’animal.

    "Allez… Bats-toi ! Tu peux le faire… Uurghh… " encouragea la journaliste d’une voix tremblante et étouffée par le poids de la bête en train de se débattre.
    - Crève sale clebard ! "

    Mais un coup de poing dans son œil vint l’empêcher un court instant de passer à l’acte. Les légionnaires du croupier étaient de retour. D’un mouvement de bras, il balaya les chaussettes volantes qui esquivèrent pour mieux l’entourer. Peu importe. Elles n’étaient que des pucerons pour lui, à peine porteuse de la force du croupier. Chaque chose en son temps, d’abord il devait s’occuper du loup. Ce qu’on ne lui laissa pas faire, un trou sanglant venant s’ouvrir dans son pied. L’invisible ! Se cambrant sous l’effet de la douleur, il chercha par réflexe à attraper son agresseur et relâcha du même coup la pression sur Toto et Dorothy. Le loup lui croqua aussitôt l’avant-bras. Hâche à la main il voulut frapper mais, un peu en retrait, il vit le vert occupé à récolter des sabres et des épées sur le champs de bataille. D’autres de ses mains artificielles l’accompagnaient et quand relevant les bras dans une drôle de position il croisa son regard, Morue sentit l’ombre de l’inquiétude le gagner.

    "Qu’est-ce que-
    - Sword Box ! "

    Disparaissant à l’unisson, la dizaine d’armes blanches qui flottaient dans les mains de Raphaël réapparurent dans un bruit étouffé tout autour de lui. Une chaussette empoignant chacune des lames en direction de ses organes vitaux. Incapable d’analyser cette attaque invraisemblable, un pied cloué au sol et un bras entravé par une puissante mâchoire, Morue se laissa déborder par la situation qui le cernait. Cinglantes, les dix lames s’abattirent froidement, transperçant la chair du gladiateur comme dans un célèbre tour de magie. Seulement ici pas de boîte, pas de trucage.

    "Bordel, on se tire ! "

    Hurlement de douleur. Déluge de sang. Dorothy et sa bête eurent tout juste le temps de se dégager que le corps du colosse commença à s’agiter. Vif Mountbatten, lui donna le coup de grâce de sa fameuse attaque en croix sous les applaudissements, les sifflements et les huées des spectateurs tandis que Raphaël plantant sa propre épée dans le pont de brique jaune préparait leur sortie.

    Ses assistantes s’agitèrent aussitôt pour ramasser de nouvelles lames, avec suffisamment de prises les trois compères pourraient escalader.

    "Arrêtez. " résonna solennellement la voix de Riguel dans tout le stade, figeant Raphaël et Dorothy en même temps qu’elle imposait le silence dans les gradins.
    "Je crois que nous avons nos deux gagnants. "

    Bras tendus vers la foule, radieux et triomphant, Riguel s’avançait en grand maître sur le balcon d’où il présidait tous les combats. Il commença à applaudir et tout le monde suivit.  Sourire aux lèvres, la perte de Morue ne semblait même pas avoir fait frémir son cœur, il se délectait du pouvoir qu’il exerçait sur ses pions. Aucun d’eux n’étaient irremplaçables.

    Tétanisés, les corps des gladiateurs ne répondaient plus. Les invocations de Raphaël s’évanouirent, laissant retomber dans une cacophonie métallique les sabres qu’elles portaient à plusieurs mètres de hauteur. Toto, calmé par la voix écrasante de son ancien maître gémissait nerveusement en attente d’une réponse de Dorothy.  Le marine qui arrivait aux limites de son endurance redevint visible et ne put cacher la cerne d’inquiétude qui palpitait sur son front. À trop se focaliser sur sa sortie, il n’avait pas pensé aux problèmes que lui poseraient le Peto Peto no Mi. Du coin de l’œil il aperçut Scarecrow et la boîte de conserve usagée qu’était devenue Tin Man. L’un était en train d’agoniser en silence, contraint par l’ordre de Riguel tandis que l’autre s’agitait lamentablement, tentant de ramper et d’appeler au secours de sa voix presque éteinte.  

    Le collier de gelée verte entourait les quatre cous humains, mais pourtant un se débattait encore.  Et tandis que la cavité ensanglantée qui marquait un peu plus le visage du bûcheron donnait à Mountbatten de premiers éléments de réponse,  le maître des lieux fit d’un mouvement de bras taire les spectateurs.

    "Seulement, avec nos deux vaillants gladiateurs beaucoup trop de nuisibles subsistent Peto Peto Peto... C’est pourquoi j’en appelle à vous ! Pour les faibles, les mourants  sera-ce donc la vie… " déclara-t-il bras tendu et pouce levé vers le haut avant de violemment le faire pivoter vers le bas "OU LA MORT ?! "

    L’agitation reprit le public. Les cadavres étaient si nombreux qu’ils discernaient à peine le bûcheron et l’épouvantail. Tous les autres étaient morts, y compris Morue et Coward le lion gigantesque. Son binôme, désorienté, commença à s’énerver et à se cabrer pour faire chuter sa cavalière qui venait de l’enserrer au cou. Raphaël lui s’était jeté par surprise sur le marine et le maintenait au sol, une lame sous la carotide.

    À mort ! À mort ! À mort !

    Le message de l’assemblée était clair. Il fallait encore faire couler davantage de sang. Le rire de Riguel se mêlait aux hurlements des spectateurs, son bras encore tendu dans une position indécise, il jouait avec l’impatience et l’humeur de ses concitoyens. Le lieutenant Mountbatten, désarmé, se débattait du mieux qu’il pouvait contre son ancien allié. D’une main il repoussait sa guillotine, de l’autre il essayait de saisir le visage de son agresseur ou un bout de tissu qu’il pourrait déchirer.

    "Bouchez-vous les oreilles ! Si vous ne l’entendez pas son fruit ne marche pas ! Bouchez-vous les oreilles bon sang ! "

    Il avait trouvé une solution, mais n’arrivait-elle pas trop tard ?

    " Alors ce sera LA MORT ! "

    Théâtral, le pouce de Riguel s’affaissa enfin dans un hurlement euphorique. La lame iridescente de Dorothy marqua une jolie courbure dans les airs avant de fendre le crâne de son ami d’un jour. Les larmes perlèrent à ses yeux. Elle ne contrôlait rien d’autre. Au même signal, le corps de Raphaël voulut enfoncer le fil de son épée dans la chair de sa victime. Mais Mountbatten réagit plus vite et d’un coup de poing échappa au sort qu’on lui avait désigné. D’un autre il déclencha un nouveau tremblement de terre en se relevant et d’un dernier il envoya valser Raphaël dans la pataugeoire qui commençait à se former entre les cadavres.

    À l’impact, de grandes éclaboussures s’envolèrent aux quatre vents et en sentant ses pieds mouillées, le secouriste dut bien reconnaître qu’il n’était pas encore capable de déclencher des tremblements de terre.

    L’arène se reconfigurait. Le niveau de l’eau montait.

    ***

    "Kwoa Kwoa Kwooooooa"
    Spoiler:


    Dernière édition par Raphaël Andersen le Ven 20 Avr 2018, 16:40, édité 2 fois
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    - Bordel...

    Mountbatten savait pertinemment que la situation était difficilement résoluble pour lui, pour ne pas dire impossible. Mais il y avait une petite chance de s'en sortir. Le lieutenant savait qu'impossible n'était pas marine. Alors il allait tenter de la saisir, coûte que coûte. Jamais il n'abandonnera, jamais. Tel était son credo.

    L'eau montait petit à petit. Il rassembla en vitesse plusieurs cadavres pour former un gros tas et les lia entre eux, à l'aide de bouts de vêtements. Il faut dire qu'on n'en manquait pas. Maintenant qu'il était plus ou moins hors de danger par rapport à l'eau, il pouvait réfléchir à un plan pour s'enfuir avec Dorothy et Raphaël. Si de base il devait se concentrer sur la journaliste, l'autre l'avait bien aidé. Et puis un homme de plus à ses côtés ne serait pas de refus au vu de l'immense tâche qui les attendait.

    Castell tourna la tête vers l'homme. Elle pleurait, mais son corps tout entier montrait une agressivité envers ce dernier. Elle marcha tout doucement, puis accéléra vers sa direction, chargeant avec sa hache. L'eau avait beau la ralentir un peu, le choc était inévitable. Il se mit en position défensive et attendit Dorothy qui venait, hache bien empoignée. Ce spectacle faisait vite oublier l'homme aux cheveux verts qui se noyait silencieusement. Mountbatten le savait très bien. Et s'il voulait survivre et réussir sa mission, il fallait aller le chercher.

    La femme arriva bientôt à sa hauteur, mit son arme en arrière et l'abattit avec toute la force qui lui restait. Son ennemi malgré lui para sans problème son attaque avec ses deux sabres. Il faut dire que les personnes contrôlées par Rigel directement n'étaient pas des adversaires très difficiles à battre ; ils étaient prévisibles, car indirectement contrôlés. Et puis elle ne voulait pas attaquer, ce qui rendait son action des plus inefficaces.

    Le marine, au lieu de la trancher, rangea avec hâte ses épées et assena un violent coup de pied à Dorothy. Il perdit l'équilibre quelques instants, mais se redressa sous le flot d'insultes et de huées. Le public était totalement contre lui. Mais il n'en avait que faire. Il n'avait en tête que trois mots : réussir sa mission. Le reste n'avait aucun intérêt pour lui. Surtout que pensez à autre chose n'était pas approprié dans ce moment-là.

    Son ennemie se releva. Elle avait une expression bizarre au visage : ses sourcils, sa bouche, tous ses traits montraient de l'agressivité. Mais ses yeux montrait une détresse cruelle. Elle se remit en chasse. Mount sauta sur une autre petite île formée par un amas de cadavre remontant à la surface, puis alla encore sur une autre. L’élévation de l'eau avait eu pour effet bénéfique d'avoir crée quelques points d'appui en plus pour le Fantôme.

    Il attendit que la journaliste lui fonce dessus, puis esquiva sa hache. Son arme la désavantageait encore plus ; mais s'il se faisait toucher, ce lui serait fatal. Autant par la chute dans l'eau que par le coup en lui-même. Il saisit sa tête et la plongea de force sous les quelques dizaines de centimètres d'eau. Il savait que si elle était hors de portée de la voix de Rigel, l'effet de son fruit s'estomperait. En la maintenant suffisamment longtemps, elle serait à nouveau libre.

    Le soldat déchira avec son autre main un bout de tissu sur un corps, et un deuxième. Ensuite, il lança le plus loin possible l’incontrôlable citoyenne du Gouvernement Mondial qu'il était venu chercher. Il se dépêcha de faire des deux bouts de tissu des sortes de boules quiès. Quand elle revint, elles étaient prêtes juste à temps. Rigel grimaça devant sa stratégie ; mais laissait couler. C'était du spectacle en plus. Plus l'homme à lunette résisterait, plus sa chute serait délicieuse, autant pour lui que pour l'assemblée.

    Il esquiva à nouveau une attaque tout aussi prévisible que les autres ; mais cette fois-ci, elle l'érafla à l'épaule gauche. Il ne s'était pas assez préparé. Elle avait beau ne représenter qu'une menace minime, elle n'en restait pas moins une menace. Cette légère blessure lui apprendra de ne jamais relâcher ses efforts. Avec la fatigue, il avait été bien plus enclin à le faire. Ensuite, il la saisit à la tête comme la dernière fois, et enfonça une première boule dans son oreille gauche, puis lui fit une balayette. Elle tomba net sur le sol mouvant de cadavre, puis il enfonça la deuxième.

    C'était bon. Le collier vert disparut, à la grande joie de Mountbatten et de Castell dont le premier réflexe fut de porter sa main à ses souliers argentés, s'assurant de leur présence. Mais il restait encore le croupier. Le marine mima qu'il fallait aller le sauver. De longues secondes de solitude passèrent, la journaliste ne comprit pas. Mais au bout d'un moment, elle eut le déclic, et fonça, sous les encouragements du lieutenant d'élite. Un moment passa, qui parut une éternité pour ce dernier. Il était seul. Tout autour de lui, une foule hostile lui lançait des jurons, et même de petits objets qui ne l'atteignaient pas, la distance étant trop grande pour eux.

    Enfin, il aperçut une ombre remonter à la surface sous l'action des bras de la femme. C'était ce qu'il attendait. De grandes éclaboussures camouflèrent la personne remontée quelques instants, puis sa chevelure verte apparut, puis tout son visage, puis le reste de son corps. Les huées se firent plus intenses. Sa porteuse effectua une montée de genoux jusqu'à la petite plateforme où s'était positionné le marin. Elle l'étendit, là, puis entama une réanimation, tandis que Mount plaça d'autres petits bouts de tissus dans ses oreilles mouillées.

    Elle ne se fit pas attendre. Sa bouche se transforma en une petite fontaine d'eau. Brusquement, il se releva, les yeux presque sortis de leurs orbites. Il était à la fois heureux et étonné d'être toujours en vie. Les deux autres étaient surtout heureux. Mais aussi préoccupés. Comment sortir de cette arène infernale? La question planait toujours.
    • https://www.onepiece-requiem.net/t17682-a-mountbatten
    Diplômé et reconnu par de multiples académies de linguistique, acteur de la recherche sur les langues anciennes, parlant couramment une dizaine de dialectes, professeur, conférencier et même archéologue et ethnologue à ses heures perdues, Owen en connaissait un rayon dans son domaine. Toutefois la langue des machines lui était étrangère, et c’était bien là le problème.

    "Et merde ! Je n’arrive pas à évacuer toute cette putain d’eau, je t’avais bien dit que c’était pas le bon levier pour remonter la plate-forme !  
    - KwOkwOOAh  KwoA?!
    - De mauvaise foi ? Tu n’es pas plus expert que moi dans le domaine ! J’enseigne et j’étudie les mots, pas les engrenages ! Et toi tu n’es qu’un canard toqué." s’offusqua le vieillard avec trop de virulence pour que sa crédibilité en ressorte indemne.  
    " Kwo.
    - Ose répéter ce que tu viens de dire, volaille, et je te fais plumer à la première occasion… "

    Leviers, moniteurs et interrupteurs habitaient en abondance la salle des machines du Doomsdom. Perdus entre machines à vapeur, pompes hydrauliques et les deux employés qu’ils venaient d’assommer, l’académicien et son compère à plumes ne savaient plus où donner de la tête. Leurs premières tentatives pour faire revenir l’arène de combat au niveau du ponton s’étaient soldées par un échec et les trop nombreux mécanismes leur donnaient le vertige. Que faire…

    "Dans quoi est-ce que j’ai embarqué ce pauvre gamin… "

    Pris en tenaille entre son impuissance et ses regrets, toutes les pensées d’Owen étaient tournées vers Raphaël qu’il apercevait, tout juste sauvé des eaux, à travers une petite lucarne. C’était d’abord la curiosité qui l’avait poussé à croiser sa route, l’envie de se faire sa propre idée de ce jeune homme dont on lui avait tant parlé. Puis cela avait été la nécessité. Impossible de se fier aux autorités en connaissant les agissements de Séville. Troublé, pensif, Owen avait vu des dizaines d’émotions s’enchaîner dans son esprit et celui du vert jusqu’à ce moment terrible, le plus déchirant de leur vie.

    Vissé à un banc de pierre, il avait vu sa propre fille, la chaire de sa chaire, apparaître en tenue de combat. Epée contre hâche, bouclier contre crâne, il avait vu gicler la sueur, le sang et la poussière sans pouvoir desserrer les mâchoires, sans pouvoir bouger un doigt. Prisonnier de son propre corps, il avait assisté à l’exécution, avait été spectateur de l’intervention de Raphaël et était resté passif quand on s’était emparé de lui. Des semaines durant il avait attendu la « bonne » occasion pour passer à l’action. Elle était apparue en la personne d'Alexander Mountbatten. Même en civil, il avait reconnu le marine d'élite qui avait fait parler de lui sur Boréa, demandant maladroitement son chemin jusqu'au quartier général de la WWE. Il avait cru saisir sa chance. Et jusque-là, ça avait semblé bien fonctionner. Jusque-là seulement…

    Maudite passivité…

    "!!! "

    Par la lucarne pointée par Choco, il vit alors que la situation changeait. Une pulsion d’énergie parcourut soudainement ses vieux muscles, ravivée par un regain d’espoir. Tout n’était pas perdu.

    "Foutre dieu ! Il va falloir qu’on s’active, une idée pour causer rapidement un bon gros bordel ? "

    Un éclat de malice perça les yeux vairons du canard, comme à chaque fois qu’on sollicitait son plus grand talent.

    ***

    Putain. Si ce petit merdeux avait bien deviné un des points faibles de son fruit du démon, il n’en avait gratté que la surface et pourtant il s’en tirait comme un cocu. Ne pas entendre les ordres annulait l’emprise, mais un bain dans l’eau de mer dissolvait le pouvoir.

    QUI AVAIT INONDÉ CETTE PUTAIN D’ARÈNE ?!

    Vert de rage, les poings crispés, Riguel grand maître de cérémonie n’avait pour garder son calme que la douce promesse d’étrangler de sa main les techniciens, incompétents, responsables de ce désastre. Toutes les personnes dotées des pouvoirs magiques d’un fruit du démon le savait bien, leur puissance illimitée venait avec une mortelle ennemie et malgré l’envie débordante de régler lui-même la situation, l’esclavagiste ne se serait pour rien au monde jeté à l’eau. Il en aurait fondu.

    Heureusement pour ses nerfs, le niveau de l’eau devait bientôt se stabiliser, n’excédant pas la moitié de la hauteur à laquelle était campé le ponton. Sur leurs îlots de cadavres prêtes à couler, ses gladiateurs, et plus spécifiquement la journaliste, étaient faits comme des rats. Elle ne pouvait... non, elle ne devait pas s’échapper.

    "Patron ? " demanda timidement un de ses employés, presque en train de s’excuser, avant de poursuivre en se rendant compte qu’il n’obtiendrait pas de réponse " Plus personne ne répond dans la salle des machines… L’aile ouest, où elle est située, non plus, qu’est-ce que je dois faire ? Envoyer quelqu’un là-bas ? "

    Les yeux de la bête devinrent noir de colère, s’étrécirent et le pauvre et indécis employé crut un instant que d’un revers de la main il allait se faire arracher la tête.

    Seulement autre chose dans le stade détourna la fureur de Riguel de sa stupide personne.

    "Stairway to Heaven ! "

    Remis sur pied après sa tentative de noyade, le gladiateur à cheveux verts avait retrouvé tout usage de ses chaussettes de combat.  Les invocations se collèrent au ponton, se répartissant sur toute sa hauteur comme autant d’appui pour la fuite des gladiateurs, une poignée d’autres les accompagnèrent depuis leur plate-forme de fortune.

    "PUUTAIN  ! "

    Jurant loin de son micro mais se faisant tout de même remarquer en détruisant de son poing une partie de la balustrade ornant son balcon, Riguel effraya son entourage à tel point qu’ils crurent mourir sur place. Le porteur de mauvaises nouvelles en première ligne, bégayant et essayant de choisir la plus douce transition possible. Il crut la trouver en voyant le bûcheron et l’épouvantail, à bout de forces, en train d’essayer de se hisser piteusement sur un îlot de cadavres.

    "Oh tiens ! Des survivants ! "

    Un rugissement étouffé lui intima de se la fermer. Les veines palpitantes sur ses tempes, les traits tirés en un masque bestial, le visage de Riguel n'avait plus rien d´humain. Il ne pouvait pas laisser la journaliste s'échapper et mettre à mal son business. Pas plus que l'autre venu l'aider pour récupérer les informations collectées contre lui. Un agent du Cipher Pol, un marine peut-être. Et le dernier... Probablement un révolutionnaire, comme sa putain de mère, venu dans le coin pour abolir les travers de la nation arc-en-ciel. Putain d'idéalistes, toutes ces trainées, tout ces incapables qui grouillaient dans ses affaires lui donnaient des envies meurtrières et l'empêchaient de garder son calme.

    Il tourna les talons et tout le monde s'écarta sur son passage. Sauf un, penaud et incapable d'initiative qui se lança dans une dernière, mais non moins malavisée, tentative.

    "Vous partez ? Qu'est-ce qu'on fait pour les fugitifs ?
    - ...Te sortir les DOIGTS DU DERSH pour commencer. Arrêter d'être une LOPETTE et PENSER avec le pudding QUI TE SERT DE CRÂNE. FAITES FERMER TOUTES CES PUTAINS D'ISSUE.
    - Et pour les spectateurs ?
    - Utilise ton crache-merde."

    ***

    Un... Deux... Encore un effort et la liberté s'ouvrait à eux. En quelques bonds mal assuré, du fait de leur état de fatigue, les trois gladiateurs venaient de renverser leur situation et de regagner le chemin de briques jaunes. Beau doigt d'honneur à ceux qui se réjouissaient de leur mort imminente.

    Toutefois la tempête approchait.

    Foule désharçonnée, organisateurs en panique et tyran au bord de l'explosion, l'occasion était parfaite. Il s'agissait de ne pas la gâcher.

    "Allez, on se bouge ! La voie ne sera pas libre très longtemps !"

    Entre sentiment de reconnaissance et indifférence, un conflit intérieur déchirait le croupier vis-à-vis de son secouriste. Ce qu'il éprouvait envers Dorothy en était d'autant plus violent. Contre toute envie, il ferma sa grande gueule et se contenta de foncer. Les vaines élucubrations du nouveau présentateur, tentant de convaincre son auditoire que tout était sous contrôle, ne convainquaient personne et un rictus apparut sur les lèvres de Raphaël en voyant le mécanisme du pont précedemment saboté par Mountbatten.

    Il les conduisait en leader de troupe. Le chemin était bien préparé et il savait quelle direction prendre à chaque intersection pour croiser le moins de monde possible. Agent du gouvernement probablement, il avait bien fait son boulot. Seulement tôt ou tard, les chiens de Riguel allaient finir par se réorganiser.

    "Merde, ils vont nous rattraper à ce rythme là !
    - On fait ce qu'on peut."

    Chacun traînait la patte du fait d'une blessure plus ou moins importante. Ils n'allaient pas à leur vitesse habituelle ou, en tout cas, pas à celle qu'avait prévue le soldat dans ses calculs. Jetant un regard en arrière vers Dorothy, pour qui il avait également parlé, Raphaël vit qu'elle regardait avec soucis ses petits souliers argentés, depuis longtemps déjà maculés et flétris par le sang et la crasse. Il aurait pu jurer qu'un problème autre que ses blessures la ralentissait.

    "Qu'est-ce que tu...
    - Ils sont là ! Emparez vous d'eux !"

    Il n'eut pas le temps de poser sa question que deux groupes de gardes repérèrent Mountbattent à une intersection. Le maudit se rendit instantanément invisible, mais il était déjà trop tard et des tirs fusèrent. Arêtant brutalement sa course en se laissant tomber dans une roulade, le vert échappa aux balles et se mit à l'abri derrière l'autre angle du couloir. Son premier instinct fut d'invoquer une de ses alliées pour déstabiliser les tireurs, mais cela échoua. À force de serrer les poings et de combattre avec, ses gants d'infortune commençaient à s'éfilocher et à ne plus ressembler à rien. Qualité abyssale sur l'échelle du pas terrible. Foutue radinerie des fonctionnaires...

    MERDE.


    Dernière édition par Raphaël Andersen le Mar 10 Oct 2017, 19:08, édité 1 fois
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    Bloqués dans un couloir, le groupe était mal en point. Blessés, diminués et à bouts de souffle, ils allaient devoir affronter des gardes gonflés à bloc, stimulés par la crainte qu'ils avaient envers leur employeur. Fusils en main, ils bloquaient le passage. L'invisibilité du marin d'élite ne servait à rien dans ces situations-là, il le savait et en rageait. Dorothy s'était mise derrière le soldat, qui lui-même était derrière l'angle du couloir, à la manière de Raphaël. Les trois survivants se lançaient des regards hagards. Même le professionnel montrait dans ses yeux un léger état de détresse.

    Les deux gardes étaient, en soit, assez faible. Mais la combinaison des facteurs géographiques et humains rendaient impossible une action dans laquelle les trois compères en sortiraient entièrement gagnant. Le croupier était embêté par ses gants-chaussettes, qui étaient trop usés pour en tirer quelque chose. Le marine réfléchissait par tous les moyens à une alternative autre qu'une capture, ou une mort. La journaliste zieutait dans tous les recoins afin d'avertir les autres d'une hypothétique nouvelle fournée de Rhétaliens armés jusqu'aux dents.

    Dans l'arène, la confusion régnait. Les spectateurs se précipitaient vers les quelques sorties encore accessibles. Leur nombre avait été revu à la baisse, afin de pouvoir mieux les contrôler. Riguel, lui, avait disparu. Une nouvelle qui ne présageait rien de bon pour la fine équipe.

    Des bottes claquaient abruptement sur les dalles des couloirs. Les renforts arrivaient.

    - Monsieur le sauveteur, on fait quoi ? Ils seront là d'ici une minute à l'autre !

    - Tu crois que je ne le sais pas ? Pour sortir du Doomsdom, il faut impérativement prendre ce chemin. Sauf que, si tu ne l'as pas...

    - Abrège.

    - Y'a ces deux troufions qui nous bloquent la route.

    - Donc on n'a pas le choix...

    Les hommes de main de l'esclavagiste arrivaient de tous les côtés. Le bruit résonnant dans les entrailles du colisé, ils eurent une sensation aussi surprenante que désagréable. Le bruit répétitif et pénible commençait à leur donner un mal de tête. De plus, la panique grandissait. Mount avait été l'homme providentiel dont ses deux alliés avaient eu besoin. Mais lorsque l'homme providentiel se trouve en difficulté, qui pourrait devenir son propre homme providentiel ?

    Un bodybuildeur venu porter justice pour toutes ces personnes enlevées dont ses valeurs sont contradictoires avec la législation rhétalienne ? Non. Un autre envoyé du gouvernement venu assurer les arrières du sergent d'élite ? Non plus. Peut-être serait-ce les gardes eux-mêmes qui seraient les plus aptes à remplir ce rôle, en les aidant à l'aide de belles paroles démontrant l'horreur de l'esclavagisme ainsi qu'en diffamant leur patron ? Ils allaient le savoir bientôt. Au final, ils ne pouvaient qu'attendre l'inévitable, la fin, la chute. L'aventure s'arrêterait-elle ici pour eux ? Dans un pays étranger à eux trois, dans une arène où se jouent un spectacle meurtrier sous les yeux amusés d'une classe bourgeoise avide de divertissements exotiques ? Aucun d'eux ne le voulait. Pourtant, ils devaient faire face à leur destin. Pour le meilleur et pour le pire.

    BOOM

    Une explosion retentit derrière les soldats, qui se retournèrent immédiatement. Une occasion en or pour ceux qui se commençaient à peine à se lamenter sur leurs sorts. Le Marijoan se rendit invisible et fendit sur les deux ennemis, dont la gorge ne tarda pas à être tranchée.

    - Le vieux...

    - Qu'est-ce que t'as dit ?

    - Non rien, laisse tomber.

    - Aller en avant !

    Le groupe poursuivit son chemin, plus prudemment, moins rapidement. Très vite ils virent des sous-fifres de Riguel dans un couloir. Ils se cachèrent dans un angle mort. Mais les couloirs allaient très vite être impraticables à cause de tous ces hommes. Encore une fois bloqués, c'était terriblement frustrant. D'autant plus que la sortie n'était pas loin ; ils ne devaient plus qu'emprunter que trois couloirs. Le plus gros du trajet avait été effectué. Le problème, c'est qu'ils n'avaient pas d'armes à feu. Sans ça, impossible d'avancer face à des mercenaires armés qui pourraient les tuer à distance, sans même une égratignure.

    ----


    - C'est par ici que j'ai entendu les derniers bruits de pas !

    - KWoKoakoW !

    -Ah oui, t'as raison, c'est plutôt vers ce couloir en fin de compte.

    - KoAHkoKWa !

    - Oh ça va hein ! Je suis âgé tu devrais me respecter !

    - KwoA.

    - Insolent !

    Choco et Owen cherchaient activement Raphaël et ses amis. Malgré tout, leurs disputes les retardaient... Chuchotant tout bas, ils avaient néanmoins gardé à la tête que leurs disputes pourraient les trahir. Dans ce dédale de chemin, tous aussi ressemblants les uns que les autres, retrouver trois pauvres compères, qui devaient être planqué n'était pas une chose aisée. Le canard arrivait cependant à discerner l'odeur du vert. Bien que les canards ne soient pas forcément réputé pour leur odorat, celui-là était particulièrement doué. Un don qu'il avait reçu à la naissance et avait développé au fil des années. Encore une fois, il allait lui servir.

    Au bout d'un bon moment, ils localisèrent le groupe. Les ayant vu à couvert, l'académicien en avait conclu qu'ils se heurtaient à un obstacle qu'ils ne pouvaient plus surmonter. Ils avaient fait tant de chose dans cette folle journée. A nouveau, l'animal et le linguiste allaient devoir sauver ces trois personnes. Ils n'en connaissaient réellement qu'une, mais avaient l'impression qu'ils formaient deux équipes soudées, qui s'aidaient pour mieux avancer.

    L'explosion avait donc été produite grâce à une petite grenade qu'avait un garde précédemment tué dans la salle des machines. L'intellect d'Owen l'avait poussé à la prendre. Une bonne décision qui les sauva. A présent, il fallait aller de l'avant, et s'enfuir de cet enfer.
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    Raphaël se plaqua brutalement contre un nouvel angle de mur. Il était à bout de souffle, ses jambes lui répondaient à peine et c’était le seul moyen qu’il avait trouvé de s’arrêter. Un hématome de plus, toujours mieux que de se faire repérer et trouer par une balle. Même avec l’effet de surprise, il fallait se douter que leur fuite ne serait pas si rapide : les patrouilles étaient de plus en plus nombreuses, leurs effectifs également et fort heureusement le dédale du Doomsdom leur offrait une cachette à chaque intersection.

    La sécurité s’était organisée et le temps commençait à jouer en leur défaveur.

    Ding.

    Le vert arracha les lambeaux de tissus qui pendaient de ses avant-bras. D’un hochement de tête il se mit d’accord avec le militaire. D’une pirouette, celui-ci se mit à découvert pour attirer l’attention des gardes avant de se fondre dans les ténèbres une fraction de seconde plus tard. Les chiens de Riguel s’échauffèrent dans une première salve de balles. Prévisible.

    À eux de ne pas l’être.

    Dong.

    Du mouvement.

    Un coup d’oeil en arrière et le croupier se rendit compte qu’il ne s’agissait que d’Owen et de Choco. Il avait renoncé à l’idée qu’ils aient pu venir à son secours, mais voir qu’ils étaient arrivés jusque-là l’impressionna. Leur intervention providentielle les avait sauvés d’un mauvais pas, et il se doutait qu’ils n’étaient pas étrangers aux nombreux dysfonctionnements du Doomsdom. Il n’avait juste pas le temps de fêter les retrouvailles. Pas l’envie non plus.

    Un garde fût envoyé au casse-pipe. Juste histoire de vérifier. Un crochet du droit le réceptionna, un uppercut et un coup de coude l’envoyèrent embrasser la tempe de son camarade. Mauvais accueil. D’un bond Raphaël avala la distance qui le séparait du deuxième garde, le désarma d’une clé de bras et le sonna d’un nouvel uppercut. Le temps que les autres pussent réagir et il se retrouvait protéger d’une avalanche de plombs par les deux cadavres en devenir. Ses voleuses de mains arrachèrent l’arme de son bouclier humain et il pointa la première cible qu’il trouva à travers une ouverture.

    Ding.

    Couvre-moi.

    Mountbatten reparut en même temps que Raphaël abattait un homme. Sensation désagréable, choc nerveux et crispation incandescente, l’effet de recul était une flagellation pour ceux qui tuaient autrui en appuyant sur un déclencheur. Comme toute douleur, on finissait par s’y habituer.

    Son talent de sniper ne valait pas celui des gardes, mais si nombreux ils offraient des proies faciles. La réplique les surprit et ils reculèrent. L’un hésita à se saisir d’une grenade pour repousser ces adversaires inarrêtables, mais aussitôt la lame de l’officier vint se planter dans son thorax. Un cri de douleur et un protagoniste de moins les séparait de la sortie.

    Un souffle.

    Ding.Dong.

    Les petits souliers d’argent cognèrent sur la pierre. Dorothy était toujours là, mais tenant à peine debout s’était laissée glisser le long du mur pour s’en séparer. L’empêchaient-ils de marcher ? Ses pieds étaient gonflés, elle perlait de sang, la piste serait facile à suivre et la journaliste commençait à s’en rendre compte. Raphaël aussi et cette vision le frappa. D’un oeil, il prit la vie d’un autre garde et de l’autre il chercha quoi faire pour aider la blessée. Elle le coupa d’un regard dur et ses lèvres articulèrent “t’occupe, laisse moi juste une minute pour récupérer”.

    Pas le temps d’en discuter.

    Aaarh !...

    Fatalement, une balle venait de finir par atteindre Mountbatten. L’homme ne se laissa pourtant pas abattre et riposta aussitôt, mais la situation était tendue et le vert savait qu’il n’allait pas pouvoir gérer tous les fronts en même temps. Par chance, ils n’étaient plus seuls.

    Je m’en charge, Choco !
    -Kwo.

    Le canard n’avait pas attendu, rivalisant d’agilité par des prouesses aériennes, il fondit aussitôt sur sa cible. Un coup de poireau bien placé et l’arme de son adversaire se trouvait tordue. Owen, lui, tenta d’assister la jeune femme. Malgré ses vieilles années, il devait avoir le dos encore suffisamment solide pour l’aider à se relever et à marcher.

    Les gamins, Il ne faut pas qu’on traîne…

    Pas le temps d'acquiescer.

    Ding.

    Raphaël voulut bousculer ses boucliers humains et se joindre à la mêlée, la sortie n’était plus très loin et déjà ils entendaient les spectateurs agitées qui tentaient de se frayer un chemin vers la sortie, monopolisant une partie de la sécurité du Doomsdom. Le spectacle du jour était inattendu, et plus d’un s’attendaient à ce que les choses empirent. Mountbatten et Choco en première ligne continuaient de valser avec leurs ennemis. Owen voulut galamment passer le bras sous l’épaule de Dorothy pour la soutenir. Elle le repoussa, lui demandant à mi-mot de ramasser ses chaussures en priorité. Raphaël n’entendit pas l’explication qu’elle lui donna.

    Étrange obsession, mais il n’eut que le temps d’y répondre. D’un coup le ciel se craquela. Le plafond, la voûte de pierre qui leur servait d’univers se fissura en une fraction de secondes avant d’exploser dans une apocalypse de poussière et de gravats. Une bête hideuse s’échappa du trou béant, toute droit échappée de l’enfer. Riguel, ivre de colère, la peau devenue verte et les muscles décuplées de façon démesurée par les pouvoirs de son fruit du démon, venait d’entrer dans la danse et comptait bien punir ceux qui l’avaient fâché.

    PETO PETO PETO, vous voilà bande de larves.

    Les combats se figèrent, les protagonistes tétanisés par cette apparition de cauchemar n’osèrent plus bouger un muscle. Le rire gras et cruel venait d’imposer un silence de mort. L’ombre de cette vieille amie vint de nouveau se dessiner sur les traits des gladiateurs, étranglant l’espoir fugace venu les visiter.

    Tout le temps de paniquer.

    Dong.

    Râclure de merde.

    Du revers de sa main verdâtre, il asséna une terrible claque au vieil homme. À peine plus de force et sa tête se serait décrochée. Il fut projeté avec violence sur Raphaël et tous deux s’effondrèrent. Une plaie béante marquerait à jamais la tempe d’Owen.

    Chiure de marine.

    D’un pas, le colosse écrasa le crâne d’un de ses subordonnées qui gémissait au sol. Son énorme poing se serra et le fleuve qui palpitait sur ses tempes vira au rouge. Ses hommes prirent à revers Mountbatten et Choco et les immobilisèrent.

    Garce.

    Les pupilles tellement dilatées que ses yeux en étaient devenus noirs, il saisit violemment Dorothy par la nuque, la soulevant de terre comme s’il ne pesait pas plus qu’une plume. la colère ardente du démiurge venait de trouver le brasier qui l’avait embrasé. La jeune femme poussa un cri de panique, portant ses mains à son cou pour désespérément tenter de se défaire de cette étreinte, désespérément retrouver de l’oxygène.  

    Elle n’y arriva pas.

    VOUS PENSIEZ SERIEUSEMENT QUE J’ALLAIS VOUS LAISSER FOUTRE LE BORDEL DANS MON SPECTACLE SANS INTERVENIR ?!.

    Un sourire sadique se révéla pour magnifier ses traits monstrueux.

    Bande de fous.

    Raphaël voulut se relever et sauter sur la bête, frapper de tout son être la pourriture qui l’avait réduit en esclavage. Mais la main d’Owen le retint. Celui-ci détournait le regard, se mordant la lèvre qui saignait abondamment, il avait passé les deux souliers d’argent dans sa veste.

    Ils se relevèrent difficilement.

    Lâche-m.-
    - Peto Peto peto, tu ferais mieux d’écouter le vieil homme. Ce sera plus vite terminé si vous ne vous débattez plus. Aucune chance que je ne vous laisse partir...” il passa ses énormes doigts dans la chevelure de la gladiatrice qui n’arrivait pas même à faire faiblir sa prise, on aurait presque pu croire à de la tendresse “Surtout pas elle. Cette traînée en croisade contre les injustices qui pensait pouvoir me faire tomber… Mais le monde EST injuste. Des merdes comme vous doivent être remises à leur place.
    - P… Partez… vite.
    - N’est-elle pas hilarante Peto Peto Peto ! Si pathétique maintenant alors qu’elle attisait un instant plus tôt les flammes de votre rébellion. Tu feras un parfait exemple pour décourager les autres PETO PETO ! UN SPECTACLE GRANDIOSE !

    Le cri dément résonna dans tout le couloir.

    Raphaël…

    La main de son grand-père le tira en arrière, lui faisant comprendre qu’ils devaient s’enfuir. La grenade qu’il avait trouvé sur le technicien qu’il avait assommé n’était pas la seule charge explosive sur laquelle ils avaient mis la main. Son compte à rebours mental arrivait à sa fin.

    Mais pour Raphaël il n’y avait qu’un seul spectacle.

    Un silence de mort  et un flash aveuglant. L’étau d’une main gigantesque, découpé en ombre chinoise, qui se crispe autour d’une nuque. Un air désespéré et un bruit de craquement sourd, si distinct qu’il s’écrivit dans les airs. La magie s’estompa.

    Les muscles se détendirent. Plus aucune résistance. Elle était morte.

    Ding Dong,the witch is dead.

    BOOOOOOOOOOOOOOOM !!

    Une grotesque explosion embrasa soudainement le coeur du bâtiment, les briques en tremblèrent, les murs implosèrent et le ravage se propagea comme un nuage de pestes. Le sabotage orchestré par Owen et Choco dans la salle des machines venait d'atteindre son climax, le compteur était à zéro. Et si un instant plus tôt les spectateurs du dôme étaient perturbés, voir une partie du bâtiment voler en éclat et se faire inonder par les eaux de l’arène acheva de semer un vent de panique. La détonation et le panache de fumée alertèrent toute la ville. Le chaos était en marche et rien de ce que le commentateur ou les gardes ne pourraient dire  n’y changerait.

    VITE !

    Entre deux murs, juste au dessus de l’arche qu’il avait lui-même fragilisé, et ne s’attendant pas à tel désastre Riguel s’était fait prendre par l’explosion. Choco et Mountbatten avait réagi avant les gardes. Owen et Raphaël, écorchés et couverts de poussière, leur avait emboîté le pas sans réaliser ce qu’il venait de se passer. Leur fuite était automatique, l’instinct de survie avait pris le dessus, il fuyait pour leur vie, il fuyait l’horreur, il fuyait leurs sentiments.

    Ils dévalèrent des escaliers,tournèrent à l’angle d’un couloir et la lumière se découvrit au bout d’une grande arche Il ne restait plus personne pour les empêcher de passer. Plus personne, ou du moins trop de monde pour qu’on arrive à leur mettre la main dessus. Plus rien n’était sous contrôle. La voie était libre.

    Ils se mêlèrent à la foule. Ils se dispersèrent. Ils disparurent.

    Ils étaient libres. Mission accomplie.

    Non. Dorothy était morte.
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    La chaire crépita sous sa propre force, compressée par une violente émotion. Les ongles, amas de frustration organique, la pénétrèrent jusqu’au sang quand dans un mouvement plein de rage le poing termina sa course dans la jugulaire ennemie. Un mot de trop, un pas de travers, le danger n’était plus là mais la colère n’avait plus nulle part où se réfugier, elle se devait d’éclater. Quelque chose craqua, les liaisons osseuses étaient mises à mal mais dans ce geste pur c’est la douleur et non les mots qui parlaient. Un embrun s’échappa. Fut-ce un mauvais sentiment s’évaporant avant que le prochain uppercut n’en asséna un autre, dans un seul coup de poing c’était tout un univers qu’on communiquait, tout un langage qui venait de passer, codé en caractères de douleurs et de métacarpes brisés.

    En comparaison de ses combats de gladiateur, cela n’était pas grand-chose pour Raphaël. Mais de la même façon qu’un même gris semble plus clair aux abords d’une case noire, l’illusion de ses sens mis en pièce donnait à cette déchirure une teinte bien plus sombre.

    "Raphaël…
    - LA FERME ! LA FERME, LA FERME ! JE NE VEUX PAS T’ENTENDRE… JE NE VEUX PAS TE… "

    Un autre coup de poing hésita à partir. Owen, la main portée à sa pommette douloureuse et sa mâchoire enflée baissa instinctivement la tête pour se protéger  de ce qui aurait pu arriver. Il ne s’attendait pas à cette réaction. Et en même temps il la comprenait mieux que quiconque. Le deuil, la violence, la mort.

    Choco posa amicalement son aile sur le mollet du vert, espérant trouver un moyen d’apaiser la colère et la frustration qui bouillait en lui avec un peu de compassion. Ils s’en étaient sortis, mais pas indemnes. Ils étaient hors de danger mais celle qu’ils étaient venus sauver était morte. Sa mère adoptive. Sa fille. Deux cœurs brisés qui ne communiquaient pas de la même façon, qui n’arrivaient pas à s’entendre et à se comprendre. Celle qui les avait sauvés était également morte. Une étrangère exceptionnelle. Une force de la nature. Rien de plus qu’une tombe anonyme à présent. Et des larmes.

    Ils étaient saufs. Loin de l’arène, prêts à quitter Rhétalia et à ne plus jamais y revenir. Mais sans même un corps sur lequel se recueillir. Juste des sentiments à crier, juste des souvenirs à pleurer.

    Raphaël ne trouva pas un mot de plus. Il était complètement perdu, sa course haletante, son instinct de survie l’avait fait tenir jusque-là. Maintenant il craquait, ses émotions n’avaient plus aucun sens, elles s’échappaient pêle-mêle dans un horrible chaos que son grand-père adoptif n’arrivait pas à gérer. Lui-même était perdu. Même le recul de ses années d’expérience n’aidait pas.

    Sans comprendre ce qu’il faisait, attentif au moindre signe de violence latente, il se rapprocha du croupier jusqu’à pouvoir le prendre dans ses bras. Maladroitement. Ses gestes comme ses pensées. Le vert déglutit avant d’éclater en larmes une nouvelle fois. Il leur faudrait du temps pour cicatriser.

    Pour l’heure, il n’y avait rien à dire.

    "Rentrons à la maison. "

    ***

    Quelques jours plus tard au Quartier Général de South Blue, une paire de souliers d’argent était parvenue jusqu’à la commandante Thémis. Elles contenaient, astucieusement dissimulés dans une doublure, des micro-rouleaux de parchemin sur lesquels Dorothy avait pu consigner toutes ses observations, tout son travail d’investigation, tout ce qu’elle avait pu récolter de ses premières enquêtes sur la WWE jusqu’à son exécution.

    Rhétalia avait toujours été dans le collimateur du Gouvernement Mondial, et malgré les accords qui les liaient, la paix avait toujours été fragile. Les informations rapportées par le sergent d’élite Mountbatten pouvaient avoir l’effet d’une bombe. C’était un motif de guerre.

    Sa mission d’extraction n’avait pas été accomplie, mais à la lecture de ce témoignage, sa supérieure était en train de se demander si cela n’était pas justement pour le mieux.

    "Vous pouvez disposer sergent, je vous remercie. "

    Laissant son subordonné partir, Thémis resta soucieuse, incapable de se décider ce qu’elle devait faire de ces informations. Si certains pourraient laisser passer, elle était persuadée que si de pareilles informations fuitaient certains royaumes se fâcheraient aussitôt. C’était probablement la réaction du Royaume de Bliss et le temps qui lui donneraient raison.
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