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Notre seconde chance

La fine brise iodée soufflant doucement sur le port de Cocoyahi n'avait pas franchement manqué à Myosotis. À vrai dire, il l’avait toujours abhorré lorsqu'il vivait encore ici. Chaque fois qu'il voulait échapper aux tourments causés par sa famille, il descendait vers la plage et les docks et devait donc profiter de l'air marin qui embaumait les lieux. Ni ses parents ni son frère ne venaient le chercher ici, c'était beaucoup trop populaire et ces snobinards détestaient par dessus tout côtoyer la fange et les cochons qui la peuplent. Au moins Myo' avait la paix...Accoudé contre la balustrade du navire de la Marine sur lequel il naviguait, le jeune homme regardait le port où ils venaient à peine d'arriver il y a quelques minutes déjà. Sur les docks, la plupart des travailleurs entassant des caissons remplies de mandarines de la Corporation Belmer ne portaient pas grande attention aux nouveaux venus sur le navire qui venait d'accoster. Ils avaient l'habitude de voir la Marine dans le coin après tout, plus rien ne les impressionnait ces gaillards.

- Polop ?

Ramsès, le petit poulpe, commençait à s'impatienter. Aux côtés de Myosotis et de Scarlett, l'animal faisait les cent pas en regardant le ciel. Scarlett, amie de Myo' et fidèle partenaire de ce dernier depuis plusieurs mois déjà, tapotait du talon sur le plancher du pont. Ils n'étaient toujours pas descendus à quai car tous les trois attendaient Belladonna, la grande sœur de l'androgyne. Toujours en train de se pomponner dans sa cabine, cette dernière tenait à se faire belle pour son grand retour sur leur île natale. Myo' avait rencontré Belladonna pour la première fois il y a quelques jours lors d'une mission secrète au sein du Sultanat de Pétales. Elle aussi n'avait pas eu une enfance heureuse, victime des mêmes mauvais traitements que ses parents lui avaient infligé également. Le jeune homme l'avait aidé à se défaire de ses anciens employeurs, une bonne de révoltés autochtones qui ne supportaient pas le régime en place. Elle avait eu sa vengeance face à eux, maintenant il était grand temps que les enfants De Ville se paient le luxe d'une petite réunion avec leurs paternels. Mais avant cela, Myosotis devrait aller visiter son frère Milan à l’hôpital de l'île. Il l'avait promis à Belladonna afin qu'elle l'aide à régler sa mission au Sultanat en lui apportant bon nombre d'informations utiles. Sans elle il n'aurait pas pu mener cette mission à bien et  satisfaire le Cipher Pol, et maintenant il était plus ou moins forcé d'honorer sa promesse...

La boule au ventre, l'androgyne continuait de scruter les environs avec son regard d'acier. Balayant le port des yeux, il scrutait chaque passant avec appréhension en pensant qu'il tomberait tôt ou tard sur une tête connue. Mais malgré les travailleurs de la Belmer Corp qui chargeaient leurs caisses sur le navire marchand accosté jusqu'à côté d'eux, il fut agréablement satisfait de ne voir personne de familier. Tournant sa tête vers une allée voisine, il aperçu subrepticement la silhouette d'un clochard qu'il voyait souvent traîner près des docks. Ce type faisait la tournée des tavernes du coin pour quémander des bouteilles de rhum et de whisky bon marché. S'attirant la sympathie des gérants qui avaient pitié de lui, il repartait souvent avec une bouteille. Myo' ne lui avait jamais parlé, et il n'avait jamais vu Myo trop occupé à décuver, à moitié allongé dans le caniveau. Sur le bateau, l'activité n'était pas franchement au rendez-vous non plus. Certains marins s'activaient dans les cordages pour réorganiser les voiles tandis que les mousses commençaient à passer la serpillière sur le pont. Le capitaine les observait d'un œil avisé en se promenant également sur le pont, c'était le genre de type pas franchement contrariant qui ne menait pas franchement la vie dure à son équipage. Il fallait dire qu'il passait le plus clair de son temps dans sa cabine à écrire de grands recueils de poèmes et autres romans de son cru. Autant dire que son équipage avait relativement la paix. Une porte s'ouvrant à la volée, Belladonna émergea enfin, toute pimpante et élégante. Ses cheveux roux légèrement bouclés relâchés dans le dos, elle arborait une splendide robe rouge qui épousait parfaitement ses formes, sans oublier également son collier doré qui étincelait au moindre mouvement.

- Et bah enfin ! On peut dire que tu sais te faire désirer !

- Navrée. Mais pour notre grand retour je tenais absolument à être présentable !

- Parce que tu comptes rester longtemps ici... ?

- Le temps qu'il faudra mon petit.

- Vous êtes prêts ? On peut y aller ?

- Polop ?

- Oui, allons-y. Plus vite on sera descendus, plus vite on pourra repartir. Je refuse de m'attarder ici.

- Tu as parlé au capitaine, Myo, pour lui dire de nous attendre ?

- Oui. Il m'a dit qu'il repartirait dans trois heures environs. Juste le temps de refaire le plein de nourriture et d'eau.

- Ooh, parfait. Ça nous laisse amplement le temps de faire ce que l'on a à faire.

- Seulement trois heures, et pourtant j'ai l'impression que ça va passer très lentement...

- T'en fais pas mon cher, on est avec toi ! Bon, aller, on y va.

- Poloooop !

Tournant la tête, Scarlett indiqua au capitaine qu'ils s'en allaient en ville. Ce dernier acquiesça d'un signe de tête avant de leur souhaiter un bon après-midi. Il était déjà deux heures de l'après-midi, mais ce type semblait déjà étonnamment guilleret. Myosotis, Belladonna, Scarlett et Ramsès descendirent à quai et marchèrent pour quitter le port afin de retourner vers la ville. En continuant leur marche vers les quartiers populaires, Myosotis remarqua l'enseigne de la taverne « Au bout du quai » dans laquelle il avait siroté un jus de mandarine en compagnie d'un certain Lawrence Gargalen. Ce nom...Myo' ne se l'était pas remémoré depuis un bon bout de temps déjà. Il y pensait souvent lorsqu'il n'était qu'un voyant arnaqueur itinérant mais depuis qu'il avait rencontré Scarlett, il fallait avouer que le nom de Lawrence n'était plus qu'un lointain souvenir. Lawrence était un détective privé à qui il avait menti afin de pouvoir quitter Cocoyashi au plus vite, peu après l'agression qu'il avait commise à l'encontre de Milan. Si ce détective n'avait pas été là, le jeune homme aurait sans doute été attrapé par les mercenaires embauchés par son père. Il l'avait ceci dit délaissé quelques temps après, prenant rapidement la poudre d'escampette dès qu'il eut le dos tourné. De lui, aujourd'hui il n'avait que l'escargophone qu'il lui avait donné et dont il se servait régulièrement pour communiquer avec le Cipher Pol. Mais Lawrence lui avait offert la liberté, peut être devrait-il un jour songer à lui passer un coup de fil le remercier.

- Des têtes te sont familières ?

- Certaines oui. C'est pas une grande ville. Ce type là-bas qui vend du poisson, je le voyais souvent. Il dresse toujours son étal les jours de marché.

- Qu'est ce qu'il a vieilli... Fit Belladonna, mélancolique.

- Tu le connais ?

- Il était là quand je vivais encore ici. Il était déjà poissonnier. Je descendais avec une domestique pour visiter le marché. Mère n'aimait pas vraiment ça d'ailleurs mais au moins elle admettait que ça me faisait prendre l'air. Il était moins bouffi, n'avait pas sa barbe non plus.

- Polop ?

- Par curiosité, c'était qui cette domestique ?

- Adélaïde. Tu la connais ?

- Non, jamais entendu parler. Ils ont dû la renvoyer depuis...

Continuant de remonter la rue, ils étaient effectivement tombé sur un jour de marché. En début d'après-midi, la plupart des maraîchers avaient déjà rangé leurs étalages mais les marchands habitués aimaient rester dehors pendant la journée entière. Surtout sous ce beau soleil, les petites mamies de Cocoyashi aimaient bien sortir pour aller leur faire la discussion puis se réunir autour de la fontaine de la grande place pour papoter entre elles, amenant toujours leurs magazines ou des jeux. Et le pire dans tout ça, c'était qu'elles étaient encore plus énergiques que des midinettes ! Passant prêt du groupe de grand-mères regroupées sur un banc, l'une d'entre elles eut un haut-le-cœur en reconnaissant Myosotis et sa sœur passant à leurs côtés, lâchant son sachet de fruits qu'elle venait à peine d'acheter avant que ses copines ne viennent pour l'aider à ne pas défaillir. Leur retour avait été remarqué, et la petite vieille n'était pas la seule à les avoir reconnu. En effet du haut d'un échafaudage, un apprenti charpentier brun qui devait avoir à peu près le même âge que Myo' failli lâcher son marteau en voyant le garçon passer. Myo' n'y porta pas grande attention mais se rappelait effectivement de ce garçon bien qu'il ne lui ait jamais parlé. Myo' était le cadet de la famille De Ville,  l'affaire concernant Milan avait fait grand bruit sur l'île lorsque son père avait dépêché plusieurs mercenaires pour écumer entièrement Cocoyashi afin de le retrouver. Tous le monde devait être courant de ce qu'il avait fait ici, mais aussi de sa fuite...Maximilien et Madeline De Ville, leurs parents, seraient sans doute mis au courant avant même qu'ils arrivent au manoir...

- On fait sensation visiblement.

- Pff...Imbéciles. Ils devraient s'occuper de ce qui les concerne.

- Et nous voilà arrivés à l'hôpital.

- Tu peux y aller Myo, on t'attendra ici.

- Polooop !

- Merci. Je...je serai pas long. Enfin, j'essaierai.


Dernière édition par Myosotis De Ville le Mer 7 Mar 2018 - 19:37, édité 1 fois
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L'hôpital de Cocoyashi n'était pas franchement très grand. C'était une infrastructure composée de deux bâtiments plutôt vétustes avec une mandarine en guise d'emblème peinte en rouge sur l'enseigne. Le premier bâtiment était dédié aux affaires courantes. Rempli de médecins traitants, il servait pour les petits tracas et bobos quotidiens ou les maladies bénignes et c'était là que les habitants de Cocoyashi possédait leurs médecin responsable. Le second bâtiment, situé derrière le premier, était réservé aux opérations sérieuses et au séjour des patients. Là-bas, il y avait plusieurs chambres dans lesquelles les malades devant rester en convalescence pouvaient séjourner. Il y avait aussi un bloc opératoire mais il ne servait qu'aux opérations chirurgicales simples. L'hôpital n'était certes pas si ancien que ça, les médecins travaillant en son sein n'étaient pas des virtuoses du bistouri pour autant.

En arrivant dans le hall de l’hôpital, Myosotis marchait la boule au ventre vers le comptoir servant d’accueil. Il n’y avait pas foule, un enfant était assis en compagnie d’une vieille femme qu’il serrait par le bras. Affairé à dessiner, l’enfant avait l’air serein tandis que la dame s’assurait qu’il ne lève pas le nez de son cahier. A l’occasion, un médecin en blouse passait sans s’arrêter et déposait parfois une note à l’infirmière assise derrière le comptoir. Cette dernière ne semblait pas non plus en grande activité. C’était une femme brune dodue avec de petites lunettes rondes posées sur son nez pointu, elle leva le nez lorsque le jeune homme entra dans la pièce et parut elle aussi relativement étonnée.

- Myosotis, c’est toi ?! Ton père te cherche depuis des mois !

- Et je suis revenu. Je suis déjà passé le voir, je suis là pour mon frère.

- Milan est dans la chambre 101, monte l’escalier par là.

- Merci.

Myo’ voulait éviter qu’elle n’appelle ses parents en catastrophe, bien que des cancaniers aient pu déjà colporter l’information. Si c’était le cas, ils seraient sûrement bien trop occupés dehors à confronter Belladonna d’abord. Myosotis laissa la nurse pour monter l’escalier qu’elle lui avait indiqué. Il avait l’impression que le noeud dans son ventre se resserrait davantage à chaque fois qu’il faisait un nouveau pas, chaque fois qu’il montait une nouvelle marche. Il savait que la chambre de son frère était plus proche, que Milan était plus proche également. Une fois l’escalier gravi, Myo’ se trouva dans un long couloir vide. Le carrelage blanc luisait à cause des rayons du soleil passant au travers des vitre.

* 95...96....97… *

Myosotis marchait de plus en plus doucement, plus que quatre portes et il serait arrivé. La chambre 98 était ouverte, occupée par un vieil homme assis face à la baie vitrée et regardant la mer, un chien à ses pieds. Normalement les animaux étaient interdits dans l’enceinte de l’établissement, mais Myo’ se douta que le personnel fermait les yeux pour cette incartade, ce chien étant sans doute la seule compagnie de ce veillard. Après tout, l’hôpital n’était pas bien grand et n’avait pas beaucoup de patients en séjour, ils pouvaient bien lui accorder cette dernière compagnie. Chambre 100, déjà...Le coeur de Myosotis battait la chamade, il trouva un léger répit en la présence d’une infirmière qui passa à ses côtés, le distrayant quelques secondes de sa marche difficile. Malheureusement, cette pause fugace fut de courte durée. Il y était, la chambre 101.

Il attrapa et tourna le bouton de porte, et tout son corps lui semblait plus lourd et pesant. Un éclair traversa son esprit lorsqu’il poussait la porte, il se revoyait dans le grand jardin du manoir De Ville, assaillit par les deux gros molosses de son frère. Étaient-ils si effrayants que ça ? Aujourd’hui, Myo’ n’aurait certainement plus peur et ne tressaillirait pas d’un cil en les voyant. Il lâcha la poignée et un autre éclair lui vint pour faire suite au premier. Cette fois, il revoyait Milan le frapper et l’enfermer à double tour dans un placard ou un débarras. Ses pensées se brisèrent d’un seul coup lorsqu’il se retrouva face à Milan, pour de vrai cette fois-ci. Il était là, étendu sous une couverture de velours vert, les yeux clos. Myosotis ne l’avait pas vu depuis si longtemps, pour lui Milan avait bien changé...Ses cheveux blonds cendrés avaient poussés et étaient à présent mi-longs, son visage paraissait plus osseux, ses bras plus fins également que dans ses souvenirs.

- Milan. Souffla Myo’ le souffle à demi coupé.
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La chambre de Milan n’était pas vraiment spacieuse. Le lit occupait une grande partie de la pièce, à ses côtés se trouvait une table de chevet avec un vase de porcelaine posé dessus. Le vase était vide et poussiéreux, aucun bouquet n’avait dû être déposé dedans depuis longtemps. Il ne restait sur la table de bois qu’un pétale brun. Peut être une rose, ou un cosmos. Il attendait de s’effriter pour enfin tomber en poussière, posé là à côté de Milan. L’astrance était la fleur préférée de Milan, mais ce pétale n’en avait pas la forme. Myosotis l’ignorait, mais cette fleur était la dernière déposée par Madeline, leur mère, avant qu’elle ne détourne son attention de son fils blessé. Au beau milieu de cette chambre vide, Myosotis tremblait déjà. Ses jambes étaient prêtes à chanceler, comme si le sol s’apprêtait à se dérober. Il s’avança néanmoins, posa sa canne contre la table de chevet puis se tourna vers son frère étendu devant lui.


Myo' eut un haut-le-cœur en constatant le changement drastique de physique de Milan. Il ne s'attendait pas à se retrouver nez à nez avec une métamorphose aussi effroyable. Les affres du temps n'ont pas épargné son frère, et le pauvre ressemblait à présent à un vampire des contes et histoires qu'il adorait tant. La frayeur de Myosotis et toute l'angoisse qu'il avait ressenti jusqu'à présent lui pesaient de plus en plus. Il avait sous le nez la plus grosse erreur de toute sa vie. Il n'avait pas réussi à voir que les vrais responsables de ses malheurs avaient été ses parents, c'était eux qu'il aurait dû poignarder, et pas son frère. La boule dans son ventre lui semblait posséder tout le poids du monde, un nœud impossible à dénouer autrement qu'en se livrant complètement. Il s'assit à côté de son frère, attrapant la chaise posée près de la table de chevet.

Milan avait tellement changé...Il avait maigri et n’avait plus sa carrure imposante, mais son petit frère reconnaissait néanmoins ses traits. Dans ses souvenirs, il était loin d’être si frêle. Avant que Myo’ ne quitte la maison en catastrophe, le blondin possédait des muscles bien dessinés et des épaules carrés, des cheveux courts avec quelques mèches qui rebiquaient et un sourire vantard. Aujourd’hui, Milan ne possédait plus rien de tout ça. L’armoire à glace qu’il était s’était atrophiée, ses cheveux étaient devenus plus longs et filasses. Ils avaient perdu leur éclat doré pour arborer une teinte plus grisâtre.  Myo’ ne savait pas ce qu’il avait espéré...que le temps s’arrêterait sur Cocoyashi depuis son départ et que plus rien ne changerait ? Non, Milan aurait dû mourir, ses parents n’auraient jamais dû le laisser dans cet état. Et il en était responsable.

- Milan...sans toi je ne serais jamais devenu celui que je suis aujourd’hui. Je...je sais pas ce qui m’a pris. Ce jour là, je t’ai poignardé je...je sais pas ce qui m’a traversé l’esprit. J’en pouvais plus de tout ça. Je savais que je devais le faire, je voulais me libérer, fuir loin de la maison. Pendant tout ce temps j’ai cru que tu étais responsable, que vous étiez responsable.

Ses mains tremblaient, Myo’ se mit à agripper la manche de son frère. Milan ne bougeait pas, peut être même qu’il ne l’entendait même pas...Mais Myosotis n’en avait cure, il avait commencé à parler. Repartir à présent ne servait à rien, il était venu pour se livrer à coeur ouvert. Et il ne pouvait plus s’arrêter à présent.

- J’étais tellement stupide. À cause de moi tu es dans cet état. Père et mère t’ont abandonné aussi, tout comme ils m’ont abandonné et ont abandonné notre soeur. Et pendant tout ce temps j’ai voyagé sans savoir ce qui t’était arrivé. J’ai cru que j’étais libre, que rien n’aurait de conséquences. J’ai arnaqué des gens, je me suis battu j’ai ruiné des vies, j’ai même fini par jouer les avocats alors que je me refusais ce destin. Et maintenant...et maintenant regarde moi…

Les yeux de Myo’ embués de larmes se mire à lâcher toute cette marée qu’ils retenaient et un flot incessant de perles coula sur ses joues blanches. Hoquetant entre ses sanglots, Myosotis continuait d'agripper le bras de son frère.

- Je suis désolé Milan. Je regrette, je regrette de t'avoir poignardé, de t’avoir laissé comme ça. C’est de ma faute, tout est de ma faute...Je t’ai emprisonné dans ton propre corps, à cause de moi père et mère t’ont laissé. Je t’ai blâmé toi pour leurs fautes et t’ai blessé dans la foulée. Je suis désolé, tellement désolé… !

Myosotis avait envie de l’étreindre mais n’osait plus le toucher, il voulait le tirer de sa léthargie mais n’en avait pas le pouvoir. Ses pleurs continuaient, impossibles à arrêter. Toute la peine qu’il avait accumulé, tous les ressentis qu’il avait emmagasiné depuis son arrivée à Cocoyashi faisaient irruption. Il était parti depuis trois années, et pendant tout ce temps Milan avait été cloîtré dans cette chambre. Durant ces trois années, il avait haï son frère. Mais en voyant son corps inanimé et comprenant ce qu’il avait fait, le jeune homme ne pouvait s’empêcher de vouloir tout rembobiner. Il voulait tout remettre à zéro et convaincre son frère, s’y prendre autrement, partir avec lui loin de ses parents. C’étaient eux leurs véritables adversaires, les vraies gangrènes qui avaient pourri son existence et Milan en avait fait les frais.

- ...et...et je te vois aujourd’hui...J’ai appris que tu étais en vie…! J’y croyais pas, je voulais pas revenir. Je savais pas pourquoi même si aujourd’hui je le comprends. J’avais peur, peur de tout ça, peur de moi même. Et j’avais surtout peur de me rendre compte qu’en dépit de tout ce qui a pu nous arriver, j’arrivais plus à te détester...J’ai fui à travers toutes les Blues, j’ai vogué sur la route de tous les périls...Le plus grand défi auquel j’ai dû faire face c’est me trouver moi-même. Et savoir que tu es en vie Milan, tu peux pas savoir ce que ça m’a fait. Quand je te vois aujourd’hui, je revois le pauvre garçon faible que j’étais avant, je revois les années passées à la maison. C’est moi que je revois à travers toi. Aujourd’hui je réalise que ça n’était pas ta faute…

Les pleurs de Myosotis se calmaient quelque peu, sa voix n’était plus voilée par ses sanglots. Il passa quelques doigts dans les cheveux de son frère et ferma les yeux quelques secondes avant de mettre ses mains sur son visage.

- Te voir près de moi, te savoir en vie...C’est à la fois une joie, et une souffrance. Milan...j’ai trop fui. J’ai cru que je devenais plus fort, que je devenais libre c’était faux. Je serai libre le jour où j’aurai réussi à me faire pardonner, à me racheter pour ce que je t’ai fait.

Myosotis sursauta légèrement et se redressa. Il lâcha le bras de Milan, continuant de regarder son visage aux joues creusées. Le destin ne lui rendrait pas ces moments perdus, et revenir en arrière était impossible. Mais le garçon savait qu'il pouvait se racheter, ne serait-ce que pour être en paix avec lui même. Milan ne l'entendait peut être même pas, mais au moins s'il se réveillait un jour il pourrait vivre de meilleurs jours. Il ramassa sa canne et, se redressant, fit marche arrière pour sortir de la pièce. Il allait pouvoir retrouver Belladonna et Scarlett, confus et perdu dans ses pensées.

Derrière lui, son frère avait à demi ouvert ses yeux, ses doigts bougeant fébrilement.

- My..o… Articula-t-il en un soupir.

Trop tard...Myosotis avait déjà fermé la porte, ne l'entendant même pas.


Dernière édition par Myosotis De Ville le Lun 7 Mai 2018 - 21:56, édité 1 fois
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C’est l’air grave que Myosotis descendait dans le hall de l’hôpital. Sa rencontre avec Milan avait surement été la plus difficile de toute sa vie, et la plus déchirante. Il savait cependant que Belladonna et Scarlett l’attendaient dehors, elles le soutiendraient. Et il avait à présent une bonne idée de ce qu’il voulait faire pour racheter sa faute passée. Dans le hall, la grand-mère et le petit enfant qui patientaient semblaient déjà partis. Voyant Myosotis, l’infirmière à l’accueil qui l’avait aiguillé se redressa brusquement. Réajustant sa paire de lunettes, elle posa le formulaire de patient qu’elle était en train de remplir ainsi que son stylo nacré. Elle voyait bien que le jeune homme n’était pas en grande forme et pris le ton le plus réconfortant possible :

- Tout s’est bien passé, Myosotis ?

- Oui. Je suppose que les médecins ne peuvent pas faire mieux ?

- Malheureusement non...tout ce qu’on peut faire c’est le garder en vie. Tu comptes rester en ville ?

- Je verrai. Le restaurant de la place de la fontaine, il est toujours ouvert ?

- Oui oui, toujours. Pas prêt de fermer boutique celui là ! Fit-elle en esquissant un sourire pour lui remonter le moral.

- Merci Michèle, au revoir.

Elle lui rendit son salut et il sortit enfin de l’hôpital. C’est Ramsès qui le vit en premier. Le petit poulpe tout excité se précipita vers lui, très vite rejoint par sa grande soeur et Scarlett qui s’étaient adossées contre le mur du bâtiment d’en face pour avoir un peu d’ombre. Elles remarquèrent très vite que Myo’ était préoccupé, si bien que Scarlett lança un morceau de chocolat au mollusque sautillant par terre pour qu’il lui donne un peu de répit. Le calme de Cocoyashi, Myo l’avait oublié. Ses voyages l’avaient habitué aux villes bondées et au bruit constant, mais là...personne ne criait dans la rue, il n’y avait pas foule non plus. Un groupe d’enfants s’amusait avec une balle à l’ombre d’un arbre un peu plus loin, seuls leurs éclats et le bruit des cigales se faisait entendre. Une atmosphère assez estivale qui aurait été fort appréciable si Myosotis n’était pas si maussade.

Belladonna s’avança vers son petit frère, lui demandant s’il avait envie d’en parler. L’intéressé secoua la tête pour lui répondre par la négative, et qu’ils devraient plutôt s’en aller manger un morceau pour se changer les idées. Les deux femmes acceptaient sans rechigner, Scarlett avouant même qu’elle commençait à avoir un petit creux. En remontant la rue, les têtes surprises et les regards éberlués se multipliaient, tout le monde paraissait reconnaître Myosotis et Belladonna. Les cancans risquaient d’aller bon train pendant au moins deux semaines durant les réunions hebdomadaires des seniors du coin, le genre à commenter absolument tout autour d’une partie de bridge ou des tasses de thé citron.

Le Croc-yashi était un petit bistrot sans grande prétention pourtant bien célèbre sur l’île, c’était l’endroit parfait pour manger sur le pouce dans un cadre bucolique et rustique. La terrasse donnait sur la place de la fontaine, un carrefour généralement très animé en période de marché mais le reste du temps étonnamment calme. C’était sur cette place que venaient s’asseoir les petites vieilles pour tricoter, bouquiner ou faire la tournée des potins. Un peu plus loin leurs époux pouvaient s’adonner à la pétanque, le sport local du coin le plus prisé des retraités. En voyant Myosotis et Belladonna arriver sur la terrasse de son restaurant le tenancier, Mario, sortit en trombe pour les accueillir et les installer à l’ombre sous une glycine fleurie.

- Tu sais où tu vas te diriger à présent Myo ? Fit Belladonna après que Mario leur servit les boissons qu’ils avaient commandé.

- Veiller sur Milan. Je peux pas me résoudre à le quitter tout de suite.

- On nous a accordé un congé relativement correct grâce à notre mission sur Pétales. On peut se permettre de rester sur Cocoyashi quelque temps. Ponctua Scarlett en buvant une gorgée de porto.

- C’est décidé alors. On reste ici, tu peux rester avec nous si tu veux Belladonna. Mais si tu veux repartir je te retiens pas, j’ai rempli la promesse que je t’ai fais. On est quittes maintenant.

Sa grande soeur esquissa un petit sourire, le genre de sourire qu’il connaissait bien. Il avait le même, à la fois narquois et sincère, une combinaison fatale qui pouvait dérouter n’importe qui le regardait. Elle passa une main dans ses cheveux pour rabattre une mèche bouclée derrière son oreille. A leurs côtés, Ramsès avait été installé dans une chaise haute, par pur snobisme et toisait les passants d’un regard impérieux.

- Que fais tu de père et mère ? Toute la ville doit déjà être au courant de notre présence…

- Je le sais bien, coupa Myo subitement en reposant sa coupe sur la table d’un geste brusque. Père et mère ne ferons rien. Je suis revenu pour Milan ... mais je n’ai pas encore fini de confronter mes vieux démons

- Tu veux dire que…

- Oui, il est grand temps de retourner à la maison.

- Tu veux y aller de nouveau seul ?

- Pas cette fois, on y va ensemble et on va faire ce qu’on sait faire de mieux : en mettre plein la vue. Belladonna, tu viens aussi ?

- Je ne raterai cette réunion de famille pour rien au monde.

Myosotis conservait son ton sérieux, son regard dériva dans le vide en direction de la fontaine. Il fut tiré de sa réflexion par le serveur qui apportait les plats du jour qu’ils avaient commandé. Le repas leur aura fait office de moment d’accalmie au beau milieu de cette journée tumultueuse, et la tempête n’était pas prête de se terminer. Myosotis voulait retourner au manoir De Ville et il savait que la rencontre avec ses parents serait électrique. Mais cette fois, il était certain d’une chose : c’est lui qui aurait le dernier mot.
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Depuis le départ de Myosotis et l’admission de Milan à l’hôpital, la vie de Maximilien et Madeline De Ville prit un tournant relativement singulier. Fou de rage, le patriarche avait bien essayé d’engager des mercenaires pour ramener Myosotis de force au domicile familial mais ces derniers avaient lamentablement échoué et le garçon avait réussi à s’échapper. Ils avaient bien tenté de poursuivre la traque hors des eaux territoriales de Cocoyashi et même débarquer sur d’autres îles proches, mais ils revinrent encore une fois bredouilles. Ils ignoraient que Myo’ était maître dans l’art de nettoyer ses traces. Et c’est avec un nouvel échec cuisant qu’ils durent affronter l’ire de Maximilien De Ville. Les deux parents avaient peu à peu arrêté de vouloir retrouver leur fils fugueur, devant penser qu’il avait dû finir égorgé dans une ruelle ou dans le ventre d’un monstre marin.

Madeline passa un mois au chevet de Milan avant de s’en lasser...Les médecins leur assurait jour après jour qu’il y avait de l’espoir, qu’il vivait toujours. Mais ils ne voulaient rien entendre. Pour eux, il n’y avait plus rien à tirer de Milan, ils estimaient qu’il perdrait toute la force qu’il avait acquis jusqu’à maintenant, qu’il n’était plus qu’un poid mort, un boulet. Ils eurent le coeur lourd au début, certainement, Milan était après tout leur préféré. Mais ils quittèrent l’hôpital trois mois après son internement sans un regard en arrière après des visites de plus en plus espacées. Le personnel n’osait pas se présenter à eux, trop craintifs de leur jugement. Maximilien était un avocat réputé, plaidant souvent à la cour d’Enies Lobby, c’était un homme de poigne et de pouvoir qu’il ne valait mieux pas contrarier. Madeline, quant à elle, savait être on ne pouvait plus vicieuse également. C’était le genre de femme dont les moindre désirs étaient exaucés, qui n’hésitait pas à se débarrasser de ceux qui lui faisaient de l’ombre avec un poison bien versé. Ils s’étaient ainsi complu dans une routine vicieuse dans laquelle leurs enfants étaient considérés comme des erreurs de parcours.

La journée de Maximilien avait si bien commencé. Il avait obtenu une nouvelle affaire juteuse qui l’amènerait à travailler avec un groupe d’entrepreneurs marijoans, de gros berries en perspective. Il était rentré l’avant-veille de Logue Town où il avait rencontré les industriels pour discuter des modalités de cette médiation. Il avait passé toute la journée dans son bureau, à l’étage du Manoir De ville, à classer les différents papiers relatifs à l’affaire tandis que Madeline s’était évertuée à donner des ordres aux jardiniers pour tailler les haies. Elle voulait un nouveau style, quelque chose de plus fier et imposant. Elle avait décidé que plusieurs buissons devaient prendre la forme de dragons, d’autres de krakens. C’était une nouvelle mode qu’elle voulait copier, par pur snobisme. En plein après-midi, il décida de s’accorder une pause et de descendre pour qu’on lui serve de quoi manger. Arrivant dans le grand salon, Maximilien fut surpris de constater que personne ne répondait à ses appels et que les portes de la cuisine étaient fermées de l’intérieur. Il ne comprenait pas, les domestiques n’avaient pas été envoyés en congé, et on ne leur avait pas intimé de sortir. Ils devaient être quelque part dans la maison ! Tambourinant contre la porte de la cuisine, Maximilien ne s’attendait cependant pas à être appelé par une voix familière venant de derrière lui…

- Bonjour, darling.

Maximilien se retourne brusquement pour faire face à l’inconcevable. Myosotis se tenait devant lui, un rictus aux lèvres, le dardant de ses yeux perçants et jouant avec le pommeau de sa canne. Le jeune homme fixait son père avec une joie malsaine non dissimulée. Maximilien écarquillait ses yeux et fit deux pas en arrière, ne voulant pas croire que c’était bel et bien son fils qui se tenait devant lui. Instinctivement, il porte sa main à sa ceinture, à laquelle il portait une dague dans un fourreau de cuir. Son gesta amusa Myosotis, qui ne put s’empêcher d’émettre un petit rire méprisant.

- Oh je ne ferais pas ça si j’étais toi.

- Tu...tu es en vie.

Son père s’apprêtait à enchaîner avec autre chose mais son esprit fut soudain traversé par une nouvelle pensée.

- M..Madeline ?!

- Oh maman va bien ne t’inquiète pas pour elle. Elle est entre de bonnes mains. N’est-ce pas ma chère ?

- Tout à fait.

Scarlett émergea par la porte d’entrée du salon, la même par laquelle était entré Maximilien. Elle tenait fermement une Madeline terrifiée sur laquelle elle braquait un de ses pistolets pour la dissuader de gesticuler. Ramsès, toujours aussi heureux de cette escapade insolite, glissait nonchalamment derrière Scarlett. Le poulpe avait même craché un peu d’encre sur la robe de la bourgeoise pour attester de sa participation. En reconnaissant son fils, la frayeur sur la figure de Madeline se mêla à de la rage. Serrant les dents, on avait presque l’impression que sa chair se décollait de son visage tellement elle semblait en furie.

- Sale chien...Tu reviens finir ce que tu as commencé il y a trois ans ? Siffla son père.

Balayant l’air de sa main, Myosotis fit apparaître quelques bulles qui voletèrent tout autour de lui. Interloqué, Maximilien et Madeline échangèrent un regard d’effroi. Ils comprirent que leur fils avait acquis certains pouvoirs dont ils ne percevaient pas l’étendue. Madeline ayant une arme à feu sur la tempe, tenter le diable n’était pas vraiment conseillé. Myosotis jubilait intérieurement en voyant ses deux parents trembloter comme des feuilles, eux qui lui avaient causé tant de cauchemars, eux qui l’avaient tourmenté durant toute son enfance. Ils avaient été les figures les plus perfides et les plus abjectes qu’il avait connu, ils l’avaient rendu misérable, faible et esseulé. Ils l’avaient torturé physiquement et psychologiquement, et aujourd’hui il les tenait dans la paume de sa main, prêt à la refermer pour les jeter au loin comme les ordures qu’ils étaient.

- Shhh...Les retrouvailles ne sont pas encore terminées.

Au même moment, un cliquetis de serrure se fit entendre en direct des portes de la cuisine. Elles venaient d’être déverrouillées, et ce fut Belladonna qui cette fois apparu. L’aînée De Ville arborait le même sourire que Myosotis et la même joie de revoir ceux qui avaient pourri sa vie. Maximilien était pétrifié, son visage affichant une expression de terreur tandis que Madeline manqua de tomber sur le sol si Scarlett n’avait pas été là pour la rattraper et l’asseoir sur un fauteuil. Deux fantômes de leur passé s’invitaient chez eux la même journée, de quoi provoquer une crise cardiaque.

- B...Belladonna...Ce...C’est impossible…

- En chair et en os.

Derrière elle, les domestiques endormis gisaient sur le carrelage de la cuisine. La grande femme avait utilisé une poudre soporifique dont elle avait le secret pour les mettre dans les vapes. Elle poussa son père en lui assénant une claque violente qui lui laissa une marque rouge avant de jubiler à son tour.

- Pour répondre à ta question, non je ne suis pas là pour vous achever. Bien que cette perspective me fasse rêver.

- Je te ferai massacrer. Je te jure que...

Il ne put achever sa phrase. Belladonna lui asséna un nouveau coup, dans le dos cette fois, qui le fit ployer et tomber sur ses genoux. Myosotis s’assit sur le canapé, croisant ses jambes tout en continuant de fixer son père.

- Oh mais tu viens de menacer un émissaire émérite du Gouvernement Mondial. C’est très vilain ça, papa. Je ferais peut être mieux de rapporter ça en hautes instances…

- Tu...non…

- Si, tu pensais sincèrement que je resterai à me morfondre sous un pont ? Que je mourrais détroussé du peu qui me restait ? Je suis devenu plus puissant que tu ne pourras jamais l’imaginer, j’ai acquis des pouvoirs surprenants qui me rendent intouchable. Et la cerise sur le gâteau ? Un poste on ne peut plus avantageux au sein du Gouvernement Mondial. Alors écoute moi bien, et regarde moi.

Belladonna fit le tour pour s’asseoir aux côtés de son frère, à l’autre extrémité du canapé. Elle était également ravie de voir ses parents ramper comme des insectes, ils étaient pris dans une toile de laquelle ils ne pouvaient s’échapper.

- Tu vas continuer ta petite vie pathétique, travailler au barreau d’Enies Lobby si ça te chante. Nous, on va continuer nos chemins. Je vais rester veiller un peu sur Milan. Crois moi que si un jour j’apprend que tu as fais du mal à mon frère, ou que tu as essayé de nous faire du tort...Toutes les cellules du Kapharnaüm pourront profiter de vos cris.

Maximilien baissa les yeux, frappant du poing sur le sol d’un geste rageur. Myosotis avait gagné. Enfin, après trois ans, il avait obtenu sa vengeance contre ses parents. Au début, il voulait les torturer et les tuer de la pire façon possible. Mais aujourd’hui, il savait qu’il leur avait infligé un châtiment pire que la mort, une souffrance qu’ils ne pouvaient supporter. Il venait de laisser une blessure béante en plein dans leur orgueil, humiliés et mis à terre. Ils étaient à présent victimes de ses moindres désirs. Les rôles avaient été inversés, c’était lui l’ombre qui planait au dessus de leur tête, c’était lui qui menait la danse. Et il allait les laisser pourrir au beau milieu de leur infortune.

- Au fait, maître Amaryllis Von Stadt, ça te dit quelque chose ? Normal, c’était moi.

Myosotis lui envoya un petit clin d’oeil narquois, dernier coup de marteau pour heurter sa vanité. Oui, Myosotis avait plaidé au barreau d’Enies Lobby pour le compte du Cipher Pol, sa petite affaire avait fait grand bruit dans les couloirs du tribunal...Un avocat prodige triomphant, juste avant le remplacement du Juge Suprême. Maximilien frissonna en réalisant ce que cela impliquait. Il se leva, le visage déformé par la rancoeur. Il avait envie de se jeter sur ses enfants, de les réduire en charpie, de les insulter et les rouer de coup. Il s’apprêtait à les invectiver mais…

- Myo ?

Tous se retournèrent en direction de la porte. Madeline laissa s’échapper un petit cri à peine audible tandis que son époux retomba au sol. Myosotis et Belladonna se levèrent immédiatement du canapé, éberlués. Milan se tenait dans là, debout devant eux, les yeux plongés droits dans ceux de son petit frère. Leur mère voulait prendre la parole mais Scarlet l’en empêcha en repointant son arme vers elle, elle ne méritait même pas de lui adresser la parole. Myo’ voulu s’avancer mais il fut devancé par son frère qui marcha vers lui pour lui attraper les épaules et le serrer contre lui.

- C’est moi qui suis désolé, Myo.

Milan desserra son étreinte. Myosotis sentait que les larmes pouvaient poindre à nouveau, mais il refusait d’éclater en sanglot face à ses parents, plus jamais ça. Il se contenta de lui rendre un sourire sincère et de lui rendre son accolade. Son frère était debout, et ses parents à terre. Il avait réussi à accomplir ce qu’il voulait, et cette victoire était sans doute la plus délicieuse de toute sa vie.

- Je peux venir avec toi ?

- Bien sûr, où tu veux. A partir de maintenant, on marche ensemble. Ça sera notre seconde chance.

- Alors j’ai juste quelques affaires à prendre et je serai prêt.

- Aucun problème, ensuite nous mettons les voiles.

Milan ne daigna même pas jeter un regard à ses parents, il n’avait pas envie de les voir, ni de leur parler. Personne ne l’aura jamais su, mais durant son coma le pauvre était parfaitement à même d’entendre tout ce qui se disait autour de lui. Il s’est retrouvé abandonné dans un lit qu’il ne pouvait plus quitter...Il invita Myosotis à venir faire son sac avec lui pendant que Belladonna, Scarlett et Ramsès attendaient dehors. Ça n’avait l’air de rien, mais ce premier moment en compagnie de son grand frère valait plus aux yeux de Myo’ que tous les coffres d’or du monde. Il le vit même attraper une carte au trésor, leur prochaine grande aventure sur les mers. Les deux frères descendirent ensuite, constatant que leurs parents n’avaient toujours pas bougé du salon. Et c’est sans aucun regrets qu’ils sortirent du Manoir De Ville, pour ne plus jamais y retourner.
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