La fine brise iodée soufflant doucement sur le port de Cocoyahi n'avait pas franchement manqué à Myosotis. À vrai dire, il l’avait toujours abhorré lorsqu'il vivait encore ici. Chaque fois qu'il voulait échapper aux tourments causés par sa famille, il descendait vers la plage et les docks et devait donc profiter de l'air marin qui embaumait les lieux. Ni ses parents ni son frère ne venaient le chercher ici, c'était beaucoup trop populaire et ces snobinards détestaient par dessus tout côtoyer la fange et les cochons qui la peuplent. Au moins Myo' avait la paix...Accoudé contre la balustrade du navire de la Marine sur lequel il naviguait, le jeune homme regardait le port où ils venaient à peine d'arriver il y a quelques minutes déjà. Sur les docks, la plupart des travailleurs entassant des caissons remplies de mandarines de la Corporation Belmer ne portaient pas grande attention aux nouveaux venus sur le navire qui venait d'accoster. Ils avaient l'habitude de voir la Marine dans le coin après tout, plus rien ne les impressionnait ces gaillards.
- Polop ?
Ramsès, le petit poulpe, commençait à s'impatienter. Aux côtés de Myosotis et de Scarlett, l'animal faisait les cent pas en regardant le ciel. Scarlett, amie de Myo' et fidèle partenaire de ce dernier depuis plusieurs mois déjà, tapotait du talon sur le plancher du pont. Ils n'étaient toujours pas descendus à quai car tous les trois attendaient Belladonna, la grande sœur de l'androgyne. Toujours en train de se pomponner dans sa cabine, cette dernière tenait à se faire belle pour son grand retour sur leur île natale. Myo' avait rencontré Belladonna pour la première fois il y a quelques jours lors d'une mission secrète au sein du Sultanat de Pétales. Elle aussi n'avait pas eu une enfance heureuse, victime des mêmes mauvais traitements que ses parents lui avaient infligé également. Le jeune homme l'avait aidé à se défaire de ses anciens employeurs, une bonne de révoltés autochtones qui ne supportaient pas le régime en place. Elle avait eu sa vengeance face à eux, maintenant il était grand temps que les enfants De Ville se paient le luxe d'une petite réunion avec leurs paternels. Mais avant cela, Myosotis devrait aller visiter son frère Milan à l’hôpital de l'île. Il l'avait promis à Belladonna afin qu'elle l'aide à régler sa mission au Sultanat en lui apportant bon nombre d'informations utiles. Sans elle il n'aurait pas pu mener cette mission à bien et satisfaire le Cipher Pol, et maintenant il était plus ou moins forcé d'honorer sa promesse...
La boule au ventre, l'androgyne continuait de scruter les environs avec son regard d'acier. Balayant le port des yeux, il scrutait chaque passant avec appréhension en pensant qu'il tomberait tôt ou tard sur une tête connue. Mais malgré les travailleurs de la Belmer Corp qui chargeaient leurs caisses sur le navire marchand accosté jusqu'à côté d'eux, il fut agréablement satisfait de ne voir personne de familier. Tournant sa tête vers une allée voisine, il aperçu subrepticement la silhouette d'un clochard qu'il voyait souvent traîner près des docks. Ce type faisait la tournée des tavernes du coin pour quémander des bouteilles de rhum et de whisky bon marché. S'attirant la sympathie des gérants qui avaient pitié de lui, il repartait souvent avec une bouteille. Myo' ne lui avait jamais parlé, et il n'avait jamais vu Myo trop occupé à décuver, à moitié allongé dans le caniveau. Sur le bateau, l'activité n'était pas franchement au rendez-vous non plus. Certains marins s'activaient dans les cordages pour réorganiser les voiles tandis que les mousses commençaient à passer la serpillière sur le pont. Le capitaine les observait d'un œil avisé en se promenant également sur le pont, c'était le genre de type pas franchement contrariant qui ne menait pas franchement la vie dure à son équipage. Il fallait dire qu'il passait le plus clair de son temps dans sa cabine à écrire de grands recueils de poèmes et autres romans de son cru. Autant dire que son équipage avait relativement la paix. Une porte s'ouvrant à la volée, Belladonna émergea enfin, toute pimpante et élégante. Ses cheveux roux légèrement bouclés relâchés dans le dos, elle arborait une splendide robe rouge qui épousait parfaitement ses formes, sans oublier également son collier doré qui étincelait au moindre mouvement.
- Et bah enfin ! On peut dire que tu sais te faire désirer !
- Navrée. Mais pour notre grand retour je tenais absolument à être présentable !
- Parce que tu comptes rester longtemps ici... ?
- Le temps qu'il faudra mon petit.
- Vous êtes prêts ? On peut y aller ?
- Polop ?
- Oui, allons-y. Plus vite on sera descendus, plus vite on pourra repartir. Je refuse de m'attarder ici.
- Tu as parlé au capitaine, Myo, pour lui dire de nous attendre ?
- Oui. Il m'a dit qu'il repartirait dans trois heures environs. Juste le temps de refaire le plein de nourriture et d'eau.
- Ooh, parfait. Ça nous laisse amplement le temps de faire ce que l'on a à faire.
- Seulement trois heures, et pourtant j'ai l'impression que ça va passer très lentement...
- T'en fais pas mon cher, on est avec toi ! Bon, aller, on y va.
- Poloooop !
Tournant la tête, Scarlett indiqua au capitaine qu'ils s'en allaient en ville. Ce dernier acquiesça d'un signe de tête avant de leur souhaiter un bon après-midi. Il était déjà deux heures de l'après-midi, mais ce type semblait déjà étonnamment guilleret. Myosotis, Belladonna, Scarlett et Ramsès descendirent à quai et marchèrent pour quitter le port afin de retourner vers la ville. En continuant leur marche vers les quartiers populaires, Myosotis remarqua l'enseigne de la taverne « Au bout du quai » dans laquelle il avait siroté un jus de mandarine en compagnie d'un certain Lawrence Gargalen. Ce nom...Myo' ne se l'était pas remémoré depuis un bon bout de temps déjà. Il y pensait souvent lorsqu'il n'était qu'un voyant arnaqueur itinérant mais depuis qu'il avait rencontré Scarlett, il fallait avouer que le nom de Lawrence n'était plus qu'un lointain souvenir. Lawrence était un détective privé à qui il avait menti afin de pouvoir quitter Cocoyashi au plus vite, peu après l'agression qu'il avait commise à l'encontre de Milan. Si ce détective n'avait pas été là, le jeune homme aurait sans doute été attrapé par les mercenaires embauchés par son père. Il l'avait ceci dit délaissé quelques temps après, prenant rapidement la poudre d'escampette dès qu'il eut le dos tourné. De lui, aujourd'hui il n'avait que l'escargophone qu'il lui avait donné et dont il se servait régulièrement pour communiquer avec le Cipher Pol. Mais Lawrence lui avait offert la liberté, peut être devrait-il un jour songer à lui passer un coup de fil le remercier.
- Des têtes te sont familières ?
- Certaines oui. C'est pas une grande ville. Ce type là-bas qui vend du poisson, je le voyais souvent. Il dresse toujours son étal les jours de marché.
- Qu'est ce qu'il a vieilli... Fit Belladonna, mélancolique.
- Tu le connais ?
- Il était là quand je vivais encore ici. Il était déjà poissonnier. Je descendais avec une domestique pour visiter le marché. Mère n'aimait pas vraiment ça d'ailleurs mais au moins elle admettait que ça me faisait prendre l'air. Il était moins bouffi, n'avait pas sa barbe non plus.
- Polop ?
- Par curiosité, c'était qui cette domestique ?
- Adélaïde. Tu la connais ?
- Non, jamais entendu parler. Ils ont dû la renvoyer depuis...
Continuant de remonter la rue, ils étaient effectivement tombé sur un jour de marché. En début d'après-midi, la plupart des maraîchers avaient déjà rangé leurs étalages mais les marchands habitués aimaient rester dehors pendant la journée entière. Surtout sous ce beau soleil, les petites mamies de Cocoyashi aimaient bien sortir pour aller leur faire la discussion puis se réunir autour de la fontaine de la grande place pour papoter entre elles, amenant toujours leurs magazines ou des jeux. Et le pire dans tout ça, c'était qu'elles étaient encore plus énergiques que des midinettes ! Passant prêt du groupe de grand-mères regroupées sur un banc, l'une d'entre elles eut un haut-le-cœur en reconnaissant Myosotis et sa sœur passant à leurs côtés, lâchant son sachet de fruits qu'elle venait à peine d'acheter avant que ses copines ne viennent pour l'aider à ne pas défaillir. Leur retour avait été remarqué, et la petite vieille n'était pas la seule à les avoir reconnu. En effet du haut d'un échafaudage, un apprenti charpentier brun qui devait avoir à peu près le même âge que Myo' failli lâcher son marteau en voyant le garçon passer. Myo' n'y porta pas grande attention mais se rappelait effectivement de ce garçon bien qu'il ne lui ait jamais parlé. Myo' était le cadet de la famille De Ville, l'affaire concernant Milan avait fait grand bruit sur l'île lorsque son père avait dépêché plusieurs mercenaires pour écumer entièrement Cocoyashi afin de le retrouver. Tous le monde devait être courant de ce qu'il avait fait ici, mais aussi de sa fuite...Maximilien et Madeline De Ville, leurs parents, seraient sans doute mis au courant avant même qu'ils arrivent au manoir...
- On fait sensation visiblement.
- Pff...Imbéciles. Ils devraient s'occuper de ce qui les concerne.
- Et nous voilà arrivés à l'hôpital.
- Tu peux y aller Myo, on t'attendra ici.
- Polooop !
- Merci. Je...je serai pas long. Enfin, j'essaierai.
- Polop ?
Ramsès, le petit poulpe, commençait à s'impatienter. Aux côtés de Myosotis et de Scarlett, l'animal faisait les cent pas en regardant le ciel. Scarlett, amie de Myo' et fidèle partenaire de ce dernier depuis plusieurs mois déjà, tapotait du talon sur le plancher du pont. Ils n'étaient toujours pas descendus à quai car tous les trois attendaient Belladonna, la grande sœur de l'androgyne. Toujours en train de se pomponner dans sa cabine, cette dernière tenait à se faire belle pour son grand retour sur leur île natale. Myo' avait rencontré Belladonna pour la première fois il y a quelques jours lors d'une mission secrète au sein du Sultanat de Pétales. Elle aussi n'avait pas eu une enfance heureuse, victime des mêmes mauvais traitements que ses parents lui avaient infligé également. Le jeune homme l'avait aidé à se défaire de ses anciens employeurs, une bonne de révoltés autochtones qui ne supportaient pas le régime en place. Elle avait eu sa vengeance face à eux, maintenant il était grand temps que les enfants De Ville se paient le luxe d'une petite réunion avec leurs paternels. Mais avant cela, Myosotis devrait aller visiter son frère Milan à l’hôpital de l'île. Il l'avait promis à Belladonna afin qu'elle l'aide à régler sa mission au Sultanat en lui apportant bon nombre d'informations utiles. Sans elle il n'aurait pas pu mener cette mission à bien et satisfaire le Cipher Pol, et maintenant il était plus ou moins forcé d'honorer sa promesse...
La boule au ventre, l'androgyne continuait de scruter les environs avec son regard d'acier. Balayant le port des yeux, il scrutait chaque passant avec appréhension en pensant qu'il tomberait tôt ou tard sur une tête connue. Mais malgré les travailleurs de la Belmer Corp qui chargeaient leurs caisses sur le navire marchand accosté jusqu'à côté d'eux, il fut agréablement satisfait de ne voir personne de familier. Tournant sa tête vers une allée voisine, il aperçu subrepticement la silhouette d'un clochard qu'il voyait souvent traîner près des docks. Ce type faisait la tournée des tavernes du coin pour quémander des bouteilles de rhum et de whisky bon marché. S'attirant la sympathie des gérants qui avaient pitié de lui, il repartait souvent avec une bouteille. Myo' ne lui avait jamais parlé, et il n'avait jamais vu Myo trop occupé à décuver, à moitié allongé dans le caniveau. Sur le bateau, l'activité n'était pas franchement au rendez-vous non plus. Certains marins s'activaient dans les cordages pour réorganiser les voiles tandis que les mousses commençaient à passer la serpillière sur le pont. Le capitaine les observait d'un œil avisé en se promenant également sur le pont, c'était le genre de type pas franchement contrariant qui ne menait pas franchement la vie dure à son équipage. Il fallait dire qu'il passait le plus clair de son temps dans sa cabine à écrire de grands recueils de poèmes et autres romans de son cru. Autant dire que son équipage avait relativement la paix. Une porte s'ouvrant à la volée, Belladonna émergea enfin, toute pimpante et élégante. Ses cheveux roux légèrement bouclés relâchés dans le dos, elle arborait une splendide robe rouge qui épousait parfaitement ses formes, sans oublier également son collier doré qui étincelait au moindre mouvement.
- Et bah enfin ! On peut dire que tu sais te faire désirer !
- Navrée. Mais pour notre grand retour je tenais absolument à être présentable !
- Parce que tu comptes rester longtemps ici... ?
- Le temps qu'il faudra mon petit.
- Vous êtes prêts ? On peut y aller ?
- Polop ?
- Oui, allons-y. Plus vite on sera descendus, plus vite on pourra repartir. Je refuse de m'attarder ici.
- Tu as parlé au capitaine, Myo, pour lui dire de nous attendre ?
- Oui. Il m'a dit qu'il repartirait dans trois heures environs. Juste le temps de refaire le plein de nourriture et d'eau.
- Ooh, parfait. Ça nous laisse amplement le temps de faire ce que l'on a à faire.
- Seulement trois heures, et pourtant j'ai l'impression que ça va passer très lentement...
- T'en fais pas mon cher, on est avec toi ! Bon, aller, on y va.
- Poloooop !
Tournant la tête, Scarlett indiqua au capitaine qu'ils s'en allaient en ville. Ce dernier acquiesça d'un signe de tête avant de leur souhaiter un bon après-midi. Il était déjà deux heures de l'après-midi, mais ce type semblait déjà étonnamment guilleret. Myosotis, Belladonna, Scarlett et Ramsès descendirent à quai et marchèrent pour quitter le port afin de retourner vers la ville. En continuant leur marche vers les quartiers populaires, Myosotis remarqua l'enseigne de la taverne « Au bout du quai » dans laquelle il avait siroté un jus de mandarine en compagnie d'un certain Lawrence Gargalen. Ce nom...Myo' ne se l'était pas remémoré depuis un bon bout de temps déjà. Il y pensait souvent lorsqu'il n'était qu'un voyant arnaqueur itinérant mais depuis qu'il avait rencontré Scarlett, il fallait avouer que le nom de Lawrence n'était plus qu'un lointain souvenir. Lawrence était un détective privé à qui il avait menti afin de pouvoir quitter Cocoyashi au plus vite, peu après l'agression qu'il avait commise à l'encontre de Milan. Si ce détective n'avait pas été là, le jeune homme aurait sans doute été attrapé par les mercenaires embauchés par son père. Il l'avait ceci dit délaissé quelques temps après, prenant rapidement la poudre d'escampette dès qu'il eut le dos tourné. De lui, aujourd'hui il n'avait que l'escargophone qu'il lui avait donné et dont il se servait régulièrement pour communiquer avec le Cipher Pol. Mais Lawrence lui avait offert la liberté, peut être devrait-il un jour songer à lui passer un coup de fil le remercier.
- Des têtes te sont familières ?
- Certaines oui. C'est pas une grande ville. Ce type là-bas qui vend du poisson, je le voyais souvent. Il dresse toujours son étal les jours de marché.
- Qu'est ce qu'il a vieilli... Fit Belladonna, mélancolique.
- Tu le connais ?
- Il était là quand je vivais encore ici. Il était déjà poissonnier. Je descendais avec une domestique pour visiter le marché. Mère n'aimait pas vraiment ça d'ailleurs mais au moins elle admettait que ça me faisait prendre l'air. Il était moins bouffi, n'avait pas sa barbe non plus.
- Polop ?
- Par curiosité, c'était qui cette domestique ?
- Adélaïde. Tu la connais ?
- Non, jamais entendu parler. Ils ont dû la renvoyer depuis...
Continuant de remonter la rue, ils étaient effectivement tombé sur un jour de marché. En début d'après-midi, la plupart des maraîchers avaient déjà rangé leurs étalages mais les marchands habitués aimaient rester dehors pendant la journée entière. Surtout sous ce beau soleil, les petites mamies de Cocoyashi aimaient bien sortir pour aller leur faire la discussion puis se réunir autour de la fontaine de la grande place pour papoter entre elles, amenant toujours leurs magazines ou des jeux. Et le pire dans tout ça, c'était qu'elles étaient encore plus énergiques que des midinettes ! Passant prêt du groupe de grand-mères regroupées sur un banc, l'une d'entre elles eut un haut-le-cœur en reconnaissant Myosotis et sa sœur passant à leurs côtés, lâchant son sachet de fruits qu'elle venait à peine d'acheter avant que ses copines ne viennent pour l'aider à ne pas défaillir. Leur retour avait été remarqué, et la petite vieille n'était pas la seule à les avoir reconnu. En effet du haut d'un échafaudage, un apprenti charpentier brun qui devait avoir à peu près le même âge que Myo' failli lâcher son marteau en voyant le garçon passer. Myo' n'y porta pas grande attention mais se rappelait effectivement de ce garçon bien qu'il ne lui ait jamais parlé. Myo' était le cadet de la famille De Ville, l'affaire concernant Milan avait fait grand bruit sur l'île lorsque son père avait dépêché plusieurs mercenaires pour écumer entièrement Cocoyashi afin de le retrouver. Tous le monde devait être courant de ce qu'il avait fait ici, mais aussi de sa fuite...Maximilien et Madeline De Ville, leurs parents, seraient sans doute mis au courant avant même qu'ils arrivent au manoir...
- On fait sensation visiblement.
- Pff...Imbéciles. Ils devraient s'occuper de ce qui les concerne.
- Et nous voilà arrivés à l'hôpital.
- Tu peux y aller Myo, on t'attendra ici.
- Polooop !
- Merci. Je...je serai pas long. Enfin, j'essaierai.
Dernière édition par Myosotis De Ville le Mer 7 Mar 2018 - 19:37, édité 1 fois