Il tue des gens et ça le rend fier, c'est un genre de fou
Ça c'est ce qui s'est passé plus tôt dans ma vie, mais c'est déjà du passé. Eh oui viens, sautons en marche dans l'implacable train grondant de l'AVENIR
Se battre chaque jour un petit peu, quitte à se coller des mandales à soi-même, permet de garder la forme et de ne pas laisser le corps sombrer dans la douceur décadente qui le rend mou.
Et puis il y a le goût de la souffrance, cette essence taquine qui jaillit par vagues sous la peau. Tu sens tes cellules vibrer de douleur et là, seulement là, tu comprends ce que vivre implique, tu comprends que vivre c'est souffrir, et que souffrir c'est se transcender, toutes tes craintes et tes peurs intestines se fanent tandis que le vent de ta détermination les balaye. Même ta Mort devient une grosse blague qui fait rire les enfants et chanter les oiseaux.
Je pense à mon cadavre et je me gausse en imaginant cette salade de boue décomposée que les asticots devront digérer. Je filerai la chiasse à des asticots et là aura été la plus grande oeuvre de mon existence.
Dead End me connaît sous le nom de "Doppio, le Marécagomancien".
J'ai une réputation de sorcier difforme qui manipule des forces occultes BOUEUSES.
J'achève souvent mes adversaires sauf ceux qui m'ont offert de bonnes lampées de DOULEUR.
Eux je les mets au frigo pour plus tard !
Voilà, il y a pas grand chose d'autre à savoir de ma vie, on en a vite fait le tour. Ah oui, Nadia la patronne s'obstine à me creuser la cervelle pour trouver où j'ai enterré Craig Kamina, mon alter ego décédé. Bah oui il est clamsé, probablement en train d'être rôti à la broche par des diablotins gourmets, ou bien là-haut dans les cieux à jouer avec des chérubins boudinés. Ou alors il a sombré dans le néant et coule une éternité heureuse dans les affres du Rien.
Pour tout dire, je m'en tape. Doppio c'est pas Craig, Doppio c'est moi et personne d'autre.
Je vais construire un empire d'os, de chair et de sang, il aura un coeur qui s'appellera Dead End, j'inviterai l'Humanité dans mon monde merveilleux, puis nous partagerons un festin de désolation bienveillante.
Aujourd'hui, j'ai réuni mes fans. Mes fidèles admirateurs avec qui je partage ma violence. Beaucoup d'entre eux ont touché mes idées et se sont dit "ouah c'est chaud, c'est chaleureux, le reste du monde paraît glacial à côté". Cette chaleur a caressé leurs âmes pétries d'ennui et de solitude, ils m'en ont demandé plus. Et quand je rentrais dans les détails, ils en voulaient toujours plus. Quand j'ai commencé à leur exposer ma conception de la Saine Souffrance, ils ne pouvaient plus s'arrêter.
Alors j'ai fondé un fan club. Un fan club dans lequel on se salue en faisant cracher ses dents au copain. Un fan club dans lequel on ne voit pas les corps, juste les esprits croustillants qui y gambergent, affamés de sévices. Un fan club où on accepte tout le monde, même avoir une âme n'est pas obligatoire.
C'est le Crousti Club (nom provisoire).
Dans le Kill Club (nom provisoire) je ne suis pas le centre de l'attention, ce sont mes préceptes qui la capte. Les gens m'écoutent, parlotent entre eux, se branlent la cervelle, puis se font saigner mutuellement dans une bonne humeur contagieuse, se battent pour explorer leurs propres frontières et souffrent en s'amusant.
Mon Doppio Club (nom provisoire) est la voie royale vers la TRANSCENDANCE par la SOUFFRANCE.
Venez ! Grimpez dans le train en marche !