Poison Ivy

Les oreilles pointues de Castiel l'avaient toujours complexé. Fines et pointues comme celles des personnages de contes, il avait souvent été la cible des moqueries et quolibets des moins ouverts d'esprits. Les autres avaient beau le trouver mignon avec ses oreilles pointues, lui avait longtemps détesté les montrer en public et les avait caché durant toute son enfance pour éviter de potentielles railleries. Aujourd'hui, Castiel a réussi à outrepasser ce complexe, mais à chaque fois qu'il découvrait ses oreilles il ne pouvait s'empêcher de zyeuter aux alentours au cas où quelqu'un viendrait à pouffer...

Hormis ses grandes oreilles, l'apparence de Castiel s'avèrait moins singulière. Mince et élancé, le jeune homme possédait des cheveux blonds mi-longs et éclatants comme le blé qu'il laissait généralement en bataille. Il ne les coiffait que très rarement, seulement pour les très grandes occasions et encore quand il n'oubliait pas de le faire...De toute façon, il rabattait sa capuche la plupart du temps sur sa chevelure dorée, ça lui règlait le problème. Même plus besoin de se coiffer ! Son visage angélique aux traits fins affichait constamment un regard doux. Toujours souriant avec ses petites fossettes, ses yeux saphirs au dessus de son petit nez scintillaient à chaque fois qu'ils croisaient la lumière. Ils étaient si beaux qu'on pouvait presque se perdre rien qu'en les admirant, profonds et envoûtants comme la mer. Prenant soin de son apparence, Castiel mettait un point d'honneur à toujours avoir une peau saine et sans imperfection si bien qu'aujourd'hui ce dernier possédait un teint peut être un peu palot mais aussi doux qu'une pêche.

Le vert étant sa couleur emblème, ses vêtements étaient principalement de cette couleur. Le blondin portait constamment une veste à capuche de sa couleur fétiche, mais aussi une écharpe de cachemire bleue, souvenir qu'il gardait pour se rappeler de son chez lui. Cette écharpe était un cadeau d'anniversaire de sa sœur, et il aimait la parfumer de lavande et revoyait ses jeux dans le jardin. Ces deux habits étaient sans doutes les vêtements qu'il arborait toujours, le reste ne lui était finalement que très superflu. Parfois il mettait des gantelets de cuir brun afin de pouvoir travailler certaines plantes, les plus urticantes surtout. Et il se contentait de chemises de lin et de pantalons bistrés afin de parfaire sa simple tenue.

Castiel était une belle plante, et il aimait se prendre pour un arbre en se regardant fagoté de vert et de brun chaque fois qu'il se baladait en forêt.

Le vert, la couleur de la nature. Elle représentait la flore, le monde végétal et toutes les plantes. C'est une couleur apaisante, qui symbolisait la vie, la chance mais surtout l'espoir. Et c'était sûrement ce qui représentait également le mieux Castiel.

Castiel était une force tranquille. Très sûr de lui, il a toujours été très déterminé à chaque fois qu'il voulait accomplir quelque chose. Et, bien qu'il ne réussissait pas à chaque fois, était du genre à jouer sur le long terme et à prendre en compte ses échecs pour redoubler d'efforts plutôt que de baisser les bras. À l'image d'une plante, il était du genre à laisser germer une idée pour ensuite l'entretenir sans relâche pour qu'elle puisse pousser bourgeonner pour enfin s'épanouir. Ça prenait du temps, beaucoup de temps, mais Castiel a toujours été quelqu'un de très patient. Et de ce fait a ainsi pu travailler sa détermination, faisant de lui quelqu'un de relativement apaisé et calme.

Peut être un peu trop calme, car par moments il pouvait passer pour quelqu'un de relativement coincé et de peu réceptif à l'humour avec son attitude détachée et presque impassible. C'était sûrement dû à ses recherches qui l'ont peu à peu forcé à se renfermer et à se focaliser sur son travail, faisant de Castiel une personne plutôt déconnectée de la réalité et vivant dans sa petite tour d'ivoire. Négligeant totalement les personnes pouvant se trouver autour de lui, quand il travaillait et planchait sur ses breuvages et élixirs, le bellâtre est sur son petit nuage et très peu de choses pouvaient l'en détacher.

Rêveur mais aussi passionné dans ce qu'il aimait, Castiel vouait un amour inconditionnel pour sa famille mais surtout pour les plantes. Certains pourraient dire que ce comportement est insensé voir nuisible, mais Castiel poussait le vice au point de considérer la flore comme de véritables personnes à part entière, comme des amies. Il s'est déjà mis dans des colères noires lorsqu'il avait estimé que des collègues scientifiques étaient irrespectueux envers la nature, et passait parfois pour un illuminé de première et pour un écologiste convaincu qui ferait mieux de cultiver des patates dans son potager plutôt que de faire de la science. Mais Castiel s'en fichait, il les aimait ses plantes, leur parlait, leur demandait toujours avant de prélever des échantillons de leur pollen ou de leur nectar, et prennait soin de ne jamais faire tomber un seul pétale d'une fleur qu'il était en train de manipuler.

La rose est d'une beauté à couper le souffle, mais elle a également des épines. Amoureux transi des plantes, Castiel vouait en plus de ça une haine sans borne envers la technologie et la robotique. Il estimait que ce genre d'inventions était terriblement destructeur pour la nature et militait activement au sein des services de la Brigade Scientifique pour limiter au maximum le financement et la recherche dans ce domaine, prônant la supériorité de ses travaux et faisant preuve d'une grande arrogance à ce sujet d'ailleurs. Il n'hésitait pas à cracher sur les travaux des ingénieurs en mécanique et robotique pour vanter les mérites de sa chimie et de ses études sur les plantes. Et pour ses plantes adorées, il ferait n'importe quoi. Absolument n'importe quoi, même si pour cela il devait commettre certains actes funestes.

Le seul être humain pour lequel il éprouvait un amour aussi fort était sa sœur jumelle. On raconte depuis toujours que les jumeaux ont toujours eu un lien spécial, proche du mystique, qui les unissait depuis qu'ils se trouvaient dans le ventre de leur mère. Sa jumelle avait été comme son double, et ils avaient pendant longtemps été inséparables. De vrais amis, sa confidente, son ombre mais aussi son épaule. Il l'estimait bien plus que leurs parents car elle avait toujours été là pour lui, et il avait toujours été là pour elle. Pour sa sœur, pour la protéger, il ferait également n'importe quoi.

Non, Castiel n'était pas vraiment quelqu'un de très moral lorsqu'il s'agissait de protéger ce qui lui était cher, n'hésitant pas à tuer ou à détruire. C'est la raison pour laquelle le jeune homme ne croyait qu'en son propre parti. La piraterie, le gouvernement mondial, la révolution...Toutes ces choses n'avaient pour lui aucune importance, il était du côté de celui qui pouvait lui accorder le plus de bénéfices. Et de toute façon, les ordres qu'on pouvait lui donner il avait toujours tendance à les négliger et à vouloir les régler très rapidement pour s'en retourner vers ses recherches. Castiel était du côté de celui qui pouvait lui permettre de pousser correctement et de s'épanouir comme il le fallait.

Attention aux plantes. La nature gagne toujours.

Petit, Castiel avait toujours apprécié les contes que lui racontait sa grand-mère. Ils l'avaient toujours fasciné et il avait ainsi grandi avec les histoires de héros épiques et de fées magiciennes. Il lui fallait bien ça pour se rassurer et se donner confiance en lui, la vie n'était pas vraiment facile. En effet les parents de Castiel et de sa sœur jumelle, Agatha, travaillaient tous les deux pour la Translinéenne. Cyrus était capitaine d'un navire de la compagnie tandis que Céles n'était à l'époque qu'une simple hôtesse lorsqu'ils se sont rencontré. Travaillant souvent sur les mêmes courriers, ils sont peu à peu tombés amoureux avant de donner naissance à deux beaux jumeaux. À cause du travail de leurs parents, les deux enfants ont été élevés à Shimotsuki par leurs grands-parents et ne voyaient pas souvent papa ou maman. Castiel était un enfant attentif et surtout extrêmement curieux de tout ce qui l'entourait, et il passait beaucoup de temps en compagnie de Rhoam, son grand-père, qu'il aidait à s'occuper des récoltes qu'ils entretenaient à côté de leur maison. Vivant dans la campagne près du village portuaire de Nagaya, ils possédaient plusieurs plans où ils faisaient pousser des radis blancs, des pastèques et même du riz qu'ils descendaient vendre sur le marché une fois par semaine.

Avec Paya, sa grand-mère, petit Castiel aimait cuisiner. Et dieu savait qu'elle était un fin cordon bleu, elle avait appris à ses petits enfants à préparer tous les plats traditionnels de l'île si bien qu'ils s'amusaient parfois à s'occuper du repas eux-mêmes. Et même quelques spécialités étrangères comme les falafels alabastiens, des raviolis kanokuniens ou même des soupes froides luvneeliennes. La matriarche avait grandit à Shishoku, l'archipel de la nourriture et paradis des cuistot ! Elle avait également étudié à l'Académie de Cuistard et brièvement travaillé dans les Halles avant de partir pour East Blue en compagnie de Rhoam, jadis lieutenant au service de la Marine. Femme au foyer aimante, elle donna naissance à Céles tout en soutenant son mari dans son dur labeur, et à présent s'occupait de ses petits enfants en leur donnant autant d'amour que possible.

Mais la personne avec qui Castiel passait le plus clair de son temps, c'était Agatha. Avec sa jumelle, il partait souvent en expédition dans les campagnes et forêts de Shimotsuki et pouvaient passer des après-midi entiers à explorer leurs terrains de jeux dans les moindres recoins. Agatha était une amatrice des animaux et des insectes tandis que Castiel s'était forgé une passion dévorante pour les plantes. Leur affection pour la nature était venue lorsque leurs parents de passage à la maison leur avait offert une imagerie  en guise de présent, comme ils le faisaient à chaque fois. Lorsqu'ils étaient de sortie, les deux enfants s'étaient donné pour mission de ramasser toutes les ordures qu'ils trouvaient. Sur Shimotsuki, beaucoup d'habitants déposaient de vieux meubles cassés, outils rouillés et sabres émoussés dans des fossés sur le bas-côté de la route ou même dans la forêt en pensant que personne ne le remarquerait. Castiel et Agatha les ramassaient et les avaient recyclé en s'étant construit une cabane de fortune dans le jardin de leur maison, amusant leur grands-parents en leur ramenant toujours du nouveau bazar.



En grandissant, les jumeaux continuaient de se passionner pour la nature et perfectionnaient dans leurs domaines de prédilection sous les yeux fiers et ravis de leurs grands-parents. Agatha se prédisposait à être une vétérinaire émérite, prenant soin des animaux de l'île. Castiel, de son côté, avait décidé de continuer à respecter les plantes et avait suivi une formation autodidacte de botaniste, apprenant par cœur les types et les vertus des plantes de Shimotsuki. Cyrus et Céles, toujours loin, passaient régulièrement quand même pour admirer leurs progrès et avaient décidé de financer leurs études. Agatha pouvait rester à la maison, mais c'est avec le cœur lourd que Castiel fut contraint de quitter la maison le lendemain de ses dix-sept ans afin d'aller étudier dans une prestigieuse école de sciences de Logue Town.

Arrivant en pension là-bas, Castiel était bien moins jouasse dans cette gigantesque ville où il ne connaissait rien. Il n'appréciait pas ces paysages, là où la nature n'avait aucune place, aucun pouvoir. Il ne pouvait pas se balader dans les forêts et apprécier la beauté de la flore, il ne pouvait pas découvrir autant de nouvelles espèces et les rares espaces verts qui se trouvaient à Logue Town étaient de pauvres parcs où l'herbe était tondue, où les arbustes étaient parfaitement taillés et où les fleurs faisaient bien pâle figure. Progressant dans ses études avec un certain brio, Castiel faisait partie du peloton de tête de sa promotion et décida de s'orienter tout naturellement vers la chimie. Le jeune homme était désireux de mettre ses talents au service de la flore afin que cette dernière puisse devenir plus résistante et être protégée contre les affres de la technologie. Les progrès de la robotique et de la technologie inquiétaient d'ailleurs énormément Castiel et se dernier s'était donné pour mission d'arrêter ce genre d'inventions dégradantes pour l'environnement.

Castiel s'était lié d'amitié avec deux autres étudiants de l'école, Dean et Marina. Le premier s'était également spécialisé en chimie afin de perfectionner le système de santé et médicaments. Marina, de son côté, avait décidé de devenir zoologue ainsi que de se spécialiser en ichtyologie, malacologie et carcinologie afin d'être une experte des animaux aquatiques. Ils s'étaient très vite bien entendu et passaient beaucoup de temps à étudier ensembles. Castiel s'amusaient bien avec eux, ils le faisaient rire et oublier le fait qu'il était loin de chez lui. Marina lui avait offert plusieurs encyclopédies sur les plantes marines tandis qu'il lui discutait très longuement avec Dean sur l'utilisation de plantes en milieu pharmaceutique. Si bien que Castiel avait appris à son ami plusieurs petites astuces et remèdes uniquement à base de plantes et produits de la terre afin de soigner plusieurs maladies ou maux bénins. Ils avaient la belle vie tous les trois, majeurs de leur promo', ils avaient même déjà parlé de travailler dans le même laboratoire de recherches et de concilier leurs travaux. Pour le trio, l'avenir était tout tracé ! Ils rejoindraient la Marine au sein de leur Brigade Scientifique afin de bénéficier des meilleures conditions de travail qu'un scientifique puisse rêver. Le Gouvernement Mondial chouchoutait ses scientifiques et autres ingénieurs, c'était l'endroit rêvé pour démarrer leur belle entreprise. Malheureusement pour Castiel, ce beau portrait n'allait pas tarder à quelque peu s'effriter.



Terminant ses études, Castiel ressortit diplômé de l'institut de sciences dans lequel il était entré. Dean et Marina avaient également décroché leurs diplômes haut la main et tous les trois étaient déjà impatient de planifier leurs projets. Malheureusement pour Castiel, il n'eut pas le temps de fêter ses résultats qu'il fut assaillit par une triste nouvelle. En effet, ce dernier reçu un coup d'escargophone de la part de ses grands-parents lui apprenant qu'Agatha était tombée gravement malade. Abattu,  Castiel décida de rentrer immédiatement sur Shimotsuki afin de s'enquérir de l'état de sa sœur. Cependant le jeune homme ne rentra pas seul, Dean et Marina n'eurent pas le cœur à laisser leur ami en détresse et voulurent l'accompagner pour le soutenir.

Débarquant à Shimotsuki, Castiel eut à peine le temps d'être accueilli par ses grands-parents qu'il demande immédiatement à aller voir Agatha. Son grand-père lui apprit qu'elle été transportée jusqu'à la ville d'Honnoji et internée à l'hôpital local. Leurs parents étaient rentrés en catastrophe, prenant un bref congé pour veiller temporairement sur leur fille. Castiel, Dean et Marina se rendirent sans plus tarder à Honnoji pour aller voir Agatha. Les infirmiers leur apprirent que la jumelle de Castiel était léthargique depuis qu'elle était arrivée. Les jeunes gens purent la visiter et constatèrent que la belle était effectivement dans le coma. L'hôpital d'Honnoji n'était pas des plus développés et performant, Castiel permit à Dean d’ausculter sa sœur. Ce dernier lui apprit, faisant état des analyses effectuées par les docteurs, qu'Agatha souffrait d'un cas assez rare de « fièvre serpentine ». Marina compléta l'analyse de son ami en disant qu'il était fort probable que du venin de créature aquatique ait pu lui inoculer cette maladie.

La fièvre serpentine semblait être une ancienne affliction plutôt rare qui affaiblissait la personne qui l'attrapait, la plongeant dans un état léthargique et l'empêchant de se réveiller. On l'appelait comme ça car elle pouvait être attrapée suite à une morsure de serpent de mer ou de rivière mais aussi parce qu'elle ne se déclenchait pas tout de suite. En effet, il fallait attendre plusieurs heures avant que les premiers signes d'engourdissement ne se manifeste, voir plusieurs jours avant que la personne ne tombe dans le coma suite à des vomissements et intenses montées de températures. Environ une cinquantaine de cas furent constatés au cours des cent dernières années, et aucun véritable remède n'avait été trouvé. Agatha, grande amoureuse des animaux, avait sûrement dû se faire mordre par un reptile au cours de ses pérégrinations sur l'île.

L'esprit tourmenté et déprimé, Castiel désespérait de trouver un remède, mais malheureusement il ne connaissait aucune plante capable de soigner sa sœur. Même les médecins de l'hôpital ignoraient comment soigner une telle maladie et jusqu'à présent Dean pensait que son existence n'était qu'une vaste plaisanterie du monde médical...Mais la maladie était bien réelle et le botaniste était déterminé à sauver sa sœur. Malheureusement pour lui, il manquait de moyen afin de financer ses recherches...La solution fut très rapidement trouvée, le plan des trois ex-étudiants de rejoindre la Brigade Scientifique de la Marine pouvait lui retirer cette épine du pied. En rejoignant les rangs de la Marine en tant que scientifique, Castiel pourrait se servir des salaires et financements de la Marine afin de trouver un remède afin de sauver Agatha. Il n'avait de toute façon pas le choix, il n'avait aucune autre solution ou alternative...



Aujourd'hui engagé dans la Brigade Scientifique de la Marine, Castiel était devenu un ingénieur aux côtés de Dean et Marina. Travaillant comme ils l'avaient toujours voulu, en trio, ils se suivaient les uns les autres tout en s'adonnant à leurs recherches personnelles. Le botaniste abhorrait cependant plus que tout l'engouement de la Marine pour toutes les inventions technologiques qui étaient en projets ou même sorties au cours des dernières années. Le pauvre maudissait déjà l'ingénieur chef Zéro d'avoir découvert un nouvel alliage de métal. Qui sait quels genres d'atrocités polluantes on allait bien pouvoir inventer avec ça, le nombre de raffineries qu'il allait falloir investir pour récolter les minerais aussi...Le chimiste commençait déjà à se tailler une petite réputation. Tantôt d'emmerdeur, tantôt psychorigide, il n'hésitait pas à s'interposer dans les travaux des autres lorsqu'ils s'avéraient être dangereux pour la nature.

Dean et Marina, ses seuls amis, l'aidaient activement afin de trouver un remède contre la fièvre serpentine. Leur pacte effectué à l'institut de Logue Town tenait toujours, ils auraient leur laboratoire, ils deviendraient des sommités pour le monde de la science et pour le monde en général. Castiel n'était là que pour profiter des fonds de la Marine, c'était certes opportuniste mais c'était la meilleur option qu'il avait pour secourir Agatha. Il trouvera un moyen afin de soigner sa sœur,  lorsqu'il aura acquis suffisamment de bagage et d'influence au sein de la brigade scientifique, il s'occupera de changer le monde et de sa vision de la technologie. Il fera refleurir le monde, défraîchi par les guerres et le progrès.

Castiel, Dean & Marina sont perdus au beau milieu d'une dense forêt. Ils ont rendez-vous d'ici quelques heures à Luvneelroom pour rencontrer un homme-poisson herboriste mais n'ont aucune idée de comment s'y rendre. Ces derniers doivent donc sortir de la forêt pour reprendre la route vers la ville côtière....Rencontrerons-t-ils du monde dans la forêt ? Ou des animaux sauvages...?

- Hm on est bien paumés là...

- La faute à qui ?

- Arrête un peu avec ça Marina ! Reprenait Dean de plus belle. Ça fait trois heures qu'on tourne dans cette forêt, j'arrive même pas à me repérer je sais pas comment vous faites...

- C'est facile, je regarde les oiseaux et Castiel regarde les plantes.

- Et alors... ?

- Et alors je vois et entends plusieurs goélands, donc ça veut dire qu'on est prêts de la côté. Et Castiel effectue le même raisonnement en regardant les plantes qui nous entourent. Certaines ne poussent que près de la mer.

- Ah...pas bête. Si t'es si forte pourquoi tu nous sors pas de là hein ?

- Parce que c'est toi qui as la carte depuis tout à l'heure ! Et que maintenant qu'on est paumés je serais pas capable de savoir où on est !

- Ah bah tu vois ! T'es pas mieux lotie que moi si tu sais même pas où on est !

- C'EST LE PRINCIPE D'ÊTRE PAUMÉ DE PAS SAVOIR OÙ ON EST !

Les douces voix mélodieuses qui beuglaient à tout rompre et qui faisait fuir tous les oiseaux perchés sur les arbres étaient celles de Dean et Marine, les deux amis et équipiers de Castiel. Tous les trois  tentaient de retrouver leur chemin vers Luvneelroom. Les trois scientifiques étaient de passage au royaume de Luvneel car ils devaient rendre visite à un vieil apothicaire homme-poisson vivant là-bas. Et ça faisait déjà trois heures qu'ils tournaient et retournaient à travers les sentiers d'une épaisse forêt, ne semblaint pas en voir le bout ! De toutes parts, ils étaient enserrés par les troncs, les arbres et les racines. Tout se ressemblait et rien ne leur servait de point de repère...Ils avaient une carte de la zone, mais Dean s'était quelque peu emmêlé les pinceaux et refusait de l'admettre. Ils étaient à chaque fois tourné au mauvais endroit et étaient désormais complètement perdus au milieu de ce labyrinthe végétal. Quelques écureuils curieux de voir ce qui causait tout ce vacarme sortaient parfois de leur terrier ou de leurs tanières cachées dans des troncs d'arbres et admiraient ce spectacle peu commun. La zoologue tentait d'arracher la carte des mains de son équipier mais celui-ci refusait de la lui donner, se tournant et gesticulant à chaque fois qu'elle lui attrapait le bras.

- Castiel !!

- Hm ? Qu'est-ce qu'il y a ? Fit l'intéressé en baissant son livre et s'arrêtant, remarquant à peine que Marina et Dean étaient à deux doigts du crêpage de chignon.

- Dis à Dean de me filer la carte. Il refuse de me la donner !

- Non, tu vas d'abord dire à Marina d'arrêter ! Elle arrête pas de vouloir me voler la carte !

- Vous vous comportez comme des enfants. Arrêtez un peu de vous chamailler et continuer la route, on s'en fiche de qui tient la carte.

- Castiel, on aimerait bien continuer la route mais on est perdus.

- …

- ….

- ….Hein ?

- Paumés, Castiel. On est perdus.

- Que...QUOI ?! PAUMÉS ?!

Castiel en avait lâché l'ouvrage qu'il lisait en même temps qu'il marchait, une encyclopédie sur plusieurs plantes et algues situées sur le royaume qu'il avait acheté à l'office de tourisme en débarquant. Le pauvre avait perdu sa superbe en découvrant qu'ils étaient complètement perdus dans une épaisse forêt de chênes. Lui qui avait été extrêmement calme depuis leur entrée dans la forêt, il regardait à présent dans toutes les directions afin de discerner où ils étaient. La présence de quelques bruyères brunâtres lui indiquaient qu'ils devaient être à proximité de la mer, comme avait pu le deviner Marina avec les goélands, mais ça ne l'avançait pas franchement sur leur exacte position...

- Non, c'est pas possible...commençait-il à paniquer, comment on a pu se retrouver perdus comme ça ?

- C'est Dean qui est pas capable de lire une foutue carte...

- Hé ! J'ai rien fait. Juste...euh...confondu tout à l'heure. Quand on est passés devant la cascade là...

- On s'en fiche t'es un mauvais !

- Fais moi voir la carte Dean. Fit Castiel arrivant enfin à lui prendre la carte des mains, profitant de l'inattention de son partenaire.

Attrapant la carte et la dépliant face à lui, le blondin se retrouva avec un plan parfaitement singulier.  Si bien qu'en regardant l'inscription en légende au coin droit de la feuille le jeune homme ne put s'empêcher de réprimer un râle d'agacement.

- Dean, on est supposés se trouver où ?

- Luvneel pourquoi ?

- Parce que c'est une carte du Royaume de la Veine que tu as pris...

- Que...QUOI ?! COMMENT EST-CE QUE T'AS FAIS POUR TOMBER SUR LA MAUVAISE CARTE ?!

- Mais...euh...

- Bah ouais. Bravo Dean.

Tombant tout les trois à genoux sur l'herbe de la forêt, ils étaient à présent épuisés à cause de leur désespoir et leur infortune. Peut être de leur bêtise également...Marina maudissait Dean qui devait certainement être en train de maudire son sac d'être aussi mal rangé. Castiel de son côté s'était mis à mâchouiller nerveusement le col de sa tunique pour tenter de se rassurer. Et quand Castiel commençait à mastiquer ou à se mordre la lèvre quelque chose, ça signifiait que la situation était critique.

- C'est dans ces moments là que je rêve d'une boussole...Je le savais que j'aurais dû en prendre une.

- Parce qu'on est une bande de perdants...

- Parle pour toi Dean, on te faisait confiance nous...

- Tu...tu sais frapper là où ça fait mal...

- …

- …..

- ….

- A L'AAAAAIDE !!! Se mirent-ils à crier tout les trois en chœur.

Du bruit dans les fourrés derrière eux stoppa net leur complainte qui, il fallait l'avouer, tenait plus du hurlement que de l'appel à l'aide. Rassemblant leur courage, les trois scientifiques se relevèrent d'un bon afin de se tenir sur leurs gardes. Sans grande défense, ils n'avaient pris qu'une dague qu'ils avaient accroché à leur ceinture. Certes faisant partie de la Brigade Scientifique ils avaient reçu une certaine formation au combat au corps à corps, mais fatigués comme ils étaient ils ne pourraient sûrement pas se battre bien longtemps. Des buissons ils virent émerger un groupe d'environ cinq hommes tous habillés de soutanes grisâtres qui devaient être originellement blanches, trouées par endroits. Ils avaient tous l'air d'avoir des planches de bois enchaînées sur le dos ainsi que des figures plus ou moins cassées....le genre de tête qui a reçu plusieurs gnons sans avoir pu se défendre, plusieurs coquards et entailles sur le visage. L'un d'eux avait droit à plus d'attirail que les autres avec un turban sur la tête et plus de chaînes que les autres nouées autour de son torse. Dans sa main, il tenait un bourdon qui l'aidait à marcher et les trois jeunes gens déduisirent qu'il devait en être le chef.

- Qui êtes vous ?

- Aah...De...De l'eau ? Auriez vous un peu d'eau ?

Maintenant qu'il demandait, c'est vrai que cette petite troupe semblait en nage. Certains transpiraient abondamment tandis que les autres avaient la langue pendante comme des petits toutous. Les toisant comme s'ils étaient des cobayes de laboratoire, Castiel les dévisageait de la tête au pied. Exténués et débraillés comme ils étaient, on aurait dit qu'ils avaient été poursuivis par une bête sauvage ou un étrange monstre...et à en juger par l'état de leur visage blessé, ils avaient passés un sacré mauvais quart d'heure. Sortant sa gourde de son sac, Dean la lança au chef des nouveaux venus qui s'empressa d'en prendre une bonne rasade avant de la passer aux autres.

- Mille mercis !! Nous...nous sommes les Marcheurs du Long Chemin Semé d'Embûches. Enfin du moins ce qu'il en reste...

- Les quoi ?

- Nous sommes des fidèles d'un ordre religieux inarien ancestral ! Notre religion est basée sur la remise en question personnelle à travers la souffrance et la communication avec notre dieu par la méditation lorsque nous marchons puis...

- Ok donc vous êtes une secte.

- Enfin mademoiselle ! N'insultez pas notre ordre !

Les autres étaient cependant trop faibles pour répliquer quoi que ce soit. Fatigués, ils se contentèrent de marmonner avant de s'affaler sur le sol. Le gourou, toujours debout, se tenait à son bâton pour ne pas s'écrouler d'épuisement à son tour. Castiel, quant à lui, trouvait étonnamment curieux de voir des adorateurs de secte loin d'Inari. Inari était une île sur laquelle vivait plusieurs groupuscules religieux et sectes diverses. En dehors de leur petit royaume, ces types là semblaient plus à même d'être agressés en passant pour des illuminés...

- Qu'est ce que vous faites exactement dans cette forêt ?

- Figurez vous qu'il y a environ un an, nous avons attrapé un diseur de bonne aventure sur Inari ! Nous allions le passer à tabac parce qu'il insultait notre Dieu, mais ce type nous a roulé et nous a fait croire qu'il n'était pas le médium que nous cherchions et il nous a filé entre les doigts !

- Vous n'avez pas l'air bien malins...

- Nous avons tenté de le retrouver mais il était déjà parti...Alors nous nous sommes mis en quête de retrouver cet impudent pour lui faire payer son blasphème ! Nous avons écumé sur North Blue mais après deux mois nous avions décidé de rentrer à la maison...

- Après deux mois seulement ? Mais...et les dix mois qui restent ?

- Sur le chemin du retour nous avons été pris par des pirates...La moitié de nos camarades ont été emportés par ces forbans ! Ils nous ont laissé sur l'Archipel Vert et sa terrible jungle...

- Et vous avez passé dix mois là-bas ?

- Huit mois. Nous avons perdu trois camarades, tués par des bêtes sauvages ! Et nous avons été sauvés en alertant par chance un navire courrier de la Marine qui passait par là ! Nous n'avions plus d'argent...plusieurs camarades ont déserté notre ordre et il ne reste plus que nous aujourd'hui.

- Toute cette aventure juste pour attraper un arnaqueur...Et qu'est-ce qui vous a mis dans cet état aujourd'hui ?

- Des hommes-poissons...On est arrivés à Luvneelroom et nous avons essayé de recruter de nouveaux fidèles ! Mais ces êtres ne semblaient pas vraiment prêts à embrasser la grâce du Chemin des Embûches....

- Quelle bande de tocards...Chuchota Marina à l'oreille de Castiel.

Lunveelroom ! Ce type et sa bande d'hurluberlus étaient passés par leur destination et savaient très certainement par où il fallait passer pour s'y rendre ! La chance étaient avec eux. Ils leur avait offert de l'eau, ces religieux masochistes pouvaient bien leur rendre la pareille en leur indiquant le chemin vers la ville côtière des hommes-poissons. Le meneur des marcheurs céda à l'éreintement et finit par rejoindre ses collègues en tombant à son tour sur le sol.

- -Dites, nous désirons nous rendre à Luvneelroom mais nous nous sommes un peu perdus. Vous savez par où on doit passer ?

- Continuez dans cette direction, vous devriez arriver à une grande cascade. Puis vous prenez sur vers l'est à ce moment là. Si vous n'avez pas de boussole, repérez plusieurs souches d'arbres couchées au sol, elles sont tournées vers l'est. Normalement vous serez dans la bonne direction.

La cascade...ils étaient déjà passés de devant...Castiel et Marina jetèrent un regard noir à Dean qui, rougissant, fit mine de regarder en l'air pour ne pas croiser leurs regards désabusés. Depuis tout à l'heure ils n'avaient fait que tourner en rond alors qu'ils auraient dû basiquement prendre à droite et non pas à gauche lorsqu'ils étaient arrivés à la cascade. L'état d'esprit des trois scientifiques était à présent aussi sûrement démotivés que ceux de ces religieux... Dépités et agacés par ce véritable dédale dans lequel ils évoluaient depuis déjà trois heures, ils allaient se remettre en route en traînant des pieds. Avant de partir, Dean attrapa sa gourde à présent vide avant de la remettre dans son sac.

- Dites, par curiosité, il était comment ce diseur de bonne aventure exactement ?

- Maigrichon...J'avais jamais vu un type comme lui ! On aurait dit une nana ! Il était habillé avec plein de froufrous et de rubans...

- Un travesti ?

- Non, ses vêtements n'étaient clairement pas faits pour être des vêtements de femmes mais pas franchement non plus des vêtements d'hommes...Enfin le genre de fringues pas pratiques. Il avait un cache-œil aussi.

- Pas banal votre portrait.

- Et il arrêtait pas de nous hurler dessus et tout...On a eu peur...

Castiel s'était déjà remis sur le chemin, Marina sur ses talons. Dean, plus compatissant, dit au revoir aux religieux d'Inari avant de s'en retourner vers ses amis. Ils allaient enfin pouvoir retourner vers la bonne route et arriver à Luvneelroom. Ils leur tardaient de rencontrer l'apothicaire pour bénéficier de ses connaissances en médecine et herboristerie, et c'était la principale raison pour laquelle ils avaient posé pied sur le royaume luvneelien en premier lieu. Avant de les perdre de vue, Dean se retourna vers les Marcheurs, tout amical.

- Hé ! Il s'appelait comment cet arnaqueur au cas où on le croiserait ?

- Aucune idée ! En tous cas c'était un bien beau connard !

Laissant les croyants se reposer, Dean rattrapa ses deux compères en petites foulées. Castiel reprenait patiemment sa lecture de l'encyclopédie qu'il continuait de feuilleter tranquillement pendant que Marina sifflotait une chanson de chez elle pour faire passer le temps. Peu à peu, la bonne route se retraçait et ils purent souffler un peu dans leur mésaventure.

- Oh vous avez vu là ? Des myosotis.