Elijah Croq'Dur

Appartenir à la race des homme-poisson, est-ce une bonne ou une mauvaise chose ? C'est à dire qu'elle comporte de sérieux avantages, autant qu'elle apporte sont lot d'inconvénients. Elijah est de la race des piranhas, soit l'une des plus féroces du milieu si l'on peut dire. Chaque race ayant sa petite particularité physique, celle du Croq'Dur est simpliste, il a hérité de la faible silhouette caractéristique des piranhas. Pas plus haut que le mètre soixante-dix, et pas plus épais qu'une porte en bois, ces soixante-huit kilos ne pesant pas lourd dans la balance. Et si comme ses congénères, il détient une force physique et une vitesse supérieur à un humain lambda, ceci est un maigre lot de consolation à ses yeux. Ses mâchoires en revanchent, en voilà une chose à son avantage. Capables de déchirer la chair comme si c'était du beurre, de broyer les os telle une vulgaire brindille. Si elles ne sont pas aussi longues que celle des requins, ses dents acérées ne sont pas à sous-estimer.

Elijah se démarque par un style vestimentaire aussi singulier que son apparence physiologique. Ses lèvres violacées, sa peau bleutée, au final très peu apparente car dissimulée sous la tenue du pirate, laisse pourtant entrevoir nombre de brûlures. La vérité est que son corps dans son intégralité à subis de lourdes brûlures, au second degrés probablement, le marquant à jamais de la plus douloureuse des manières. La multitude de cloques affublant sa peau est aussi désagréable à l’œil qu'elle l'est au toucher et c'est pour cette raison qu'il l'expose le moins possible à la vue de tous. Ainsi, la partie supérieur de sa tête est cachée sous un casque et une paire de lunettes. Sur ce casque est soigneusement attaché une peluche, un petit ourson, transpercé par des clous pour s'assurer du maintien, ainsi que de deux morceaux de scotch pour plus de sécurité. A son nez est pendu un piercing.

Pour ce qui est du corps, il a opté pour la double couche de veste. Une première avec un col fermé qu'il remonte jusqu'au bout, sur laquelle vient se poser un épais manteau de cuir personnalisé à sa sauce. A comprendre par la qu'il y a accroché différents petits souvenirs ou tout simplement de la camelot qu'il trouvait stylé comme il dirait. Aussi ne cherchait pas une signification à tous les insignes qui trônent sur son épais manteau. Certains en ont, et il ne se cache pas d'en raconter la petite histoire qui va avec quand l'envie lui prend. Un vieux treillis militaire pour couvrir ses jambes et une paire de rangers à enfiler au niveau de ses pieds terminent sa tenue vestimentaire. A savoir qu'il ne se change quasiment jamais, ou très rarement, n'ayant jamais de berrys pour s'acheter autre chose. Petite singularité à noter, il recouvre ses mains de bandages jusqu'à ses poignets, et y plante des morceaux de verres au niveau du dos de ses mains. L'idée ? Plus de douleur pour le guignol qui ramassera une beigne.

Est-ce vraiment possible de décrire un personnage aussi désaxé ? Pouvons-nous vraiment cerner le caractère et en établir un profil fidèle ? La vérité est qu'il ne sait plus qui il est lui-même, perdu entre deux mondes, entre deux folies. Troubles psychotiques brefs. Le mot fait peur, la définition aussi. La mise en application est encore plus horrible. Instable et infréquentable, notre protagoniste a tout pour plaire.

Commençons par les troubles de l'humeur, premier fléau dont est frappé la poiscaille. Vous êtes à une table, vous discutez autour d'un litron de rhum, l'ambiance et bonne et ça déconne bien. Elijah est le genre de gars qui va rire aux éclats, brailler dans tous les recoins, et picoler comme un trou. Problème, en une fraction de secondes, alors que vous lui racontez comment vous avez évité de justesse de vous fracasser le crâne contre la cuvette des chiottes en allant pisser,il va vous claquer sa chope à travers la trogne. Vous insulter, vous ruer de coups, puis regretter son geste, et partir dans une phase de déprime. S'isoler dans un coin de la pièce, recroquevillé sur lui-même, à se maudire de ce qu'il est, ce qu'il a fait, du monde en général. Et avant même que vous puissiez aller le voir pour lui remonter le moral, il bondira dans tous les sens, hurlant qu'il paie sa tournée et combien il aime ce putain de monde !

Viennent ensuite les hallucinations. Le problème avec les hallucinations, c'est qu'elles ont tendance à être sacrément chiennes quand même. Surtout avec Elijah, du moins. La plus grosse dont il souffre régulièrement affecte à la fois sa vue, son ouïe et son odorat. Il s'imagine que sa sœur, Cécilia, est à ses côtés, le conseillant, l'encourageant, le réprimandent, vivant ses aventures. L'ours en peluche accroché à son casque appartient à sa sœur, elle le tenait avant d'être enlevée par des Tenryubittos il y a 5 ans de cela. Il l'a positionné ici pour se souvenirs le sort qu'elle a réellement subis et ne pas perdre son objectif de vue, qui est de la ramener à la maison. Similaire aux hallucinations, les délires. Avoir face à vous un type qui part en vrille parce qu'il croit que le monde entier lui en veut subitement, qu'ils veulent tous sa peau, l'amener sur un bûcher pour l'y faire brûler comme les sorcières. Effet inverse, il lui est déjà arrivé de débouler chez des gens en pensant qu'il en était le maître des lieux...

Autrement, il est difficile de tenir un discours avec lui, tant il est capable de le rendre incohérent en une fraction de secondes et ce, sans même s'en rendre compte. Aussi, il a du mal à garder sa concentration plus de quelques minutes, le moindre détail pouvant le faire décrocher immédiatement et sans prévention. D'après ce que l'on sait, cela fait partie des symptômes de désorganisations dont il souffre. Il s'accompagne généralement par un comportement improbable, totalement imprévisible et qu'il ne contrôle pas. Une désorganisation des plus totale régnant au sein de son esprit. Est-il nécessaire qu'il ne respecte aucune règle sociale ? Il serait plutôt du genre à frapper dedans à grands coups de pompes.

Citadelle. Année 1602. Deux événements eurent lieu simultanément cette année là. Dans un premier temps, la mort du Tyran régnant sur la ville, aussitôt remplacé par un tyran plus tyrannique encore, l'Archityran Franklin, qui n'est autre que le fils du défunt. La terreur et l'autorité absolue n'ont pas fini de gouverner sur ce gigantesque bastion dont personne ne semble pouvoir s'approcher, tout autant qu'on ne sait comment s'en libérer. Dans les bas fonds de la ville, au sein des quartiers les plus touchés par la terreur et la pauvreté, à l'intérieur d'une vieille bâtisse à l'abandon, mal isolée et semblant tomber en ruines, des cris de douleurs retentissent. Féminin, saccadés, de plus en plus puissants, puis plus rien. Une femme, non une humaine, mais une homme-poisson, vient d'offrir la vie. Un petit bébé homme-poisson à la peau bleutée et déjà, aux dents acérées. Le petit Elijah faisait son entrée dans un monde aussi merveilleux qu'il pouvait être brutal, sans pitié.

Maman... j'ai encore faim...

Elle le sait bien, qu'il est affamé. Elle aussi, son ventre n'a de cesse de se débattre et crier famine. Le problème étant qu'elle fait ce qu'elle peut pour trouver de la nourriture dehors. Cinq années ont passées depuis la naissance de son petit protégé, Elijah, et depuis c'est une lutte constante, une survie interminable dont elle ne semble voir aucune échappatoire. Elle ne travaille pas. Pas ici, les gens de leur espèce n'ont pas leur place dans la société autrement qu'en servant d'esclaves. Servir les humains, et ce gratuitement, se plier aux ordres, se soumettre. Jamais. Elle refuse d'offrir une vie pareille à son fils. Ni à elle-même, la fierté est bien trop grande. Ils vivent dans l'ombre, se cachant du reste du monde, de ceux qui ne comprendraient pas ce qu'ils sont et les droits qu'ils ont au même titre que les autres. Elle descend fréquemment dans les ruelles, pour y arracher la bourse des malheureux qui ne font pas attention à elle. Fréquente les marchés, les commerces, pour subtiliser un morceau de pain, de viande séchée ou des fruits et légumes.

De quoi tenir jusqu'au lendemain...

Maman, je veux t'aider, apprends-moi !

Le petit Elijah a onze an, et déjà, comprend la dureté de la chose. Si lui ne mange que trop rarement à sa faim, sa mère ce n'est jamais le cas. Se privant pour qu'il puisse en profiter d'avantage. Le monde est sans pitié et ils ne seraient pas trop de deux pour l'affronter. Il n'aura pas eu le droit de découvrir les plaisirs simples de la vie, de goûter à l'insouciance et l’innocence de l'enfance, mais cela ne fait rien, tant qu'ils voient le jour suivant ensemble. Sa mère ne le sait que trop bien, au début réticente à l'idée de le plonger dans ce milieu, elle fini par céder devant l'insistance de son enfant. Il veut bien faire, lui venir en aide, elle l'aime tellement... Elle tente tant bien que mal de lui montrer les ficelles, lui enseigner ce qu'un honnête citoyen ne devrait pas faire. Tromper, voler, menacer, mentir. Il n'aura pas l'éducation qu'elle aurait tant souhaitée lui inculquer, mais au moins il vivra. Elijah se révèle plus doué dans toutes ces petites choses que son maître, plus débrouillard, plus téméraire, audacieux.

M'man, reste ici et repose-toi. J'prends l'relais, merci pour tout...

Tout juste quinze ans et déjà, il s'impose comme l'homme de la maison. Plus mature que ne pourrait l'être un adolescent de son âge, il porte le poids de leur deux vies sur ses épaules et compte bien être à la hauteur de la tâche. C'est désormais seul qu'il descend travailler dans les rues, et très rapidement il se détourne de la voie emprunté au départ part sa mère. Voler les gens c'est bien, mais ça rapporte peu de nourriture. Il faut revendre, et pas de la nourriture ou de l'argent, non des produits dont les gens ont besoin et qui se vendent bien. La situation actuelle de l'île aide pas mal en ce sens. Le trafique illégal prolifère dans les bas fonds et même si l'Archityran fait en sorte de contrecarrer cela, ses hommes ne peuvent pas être partout. Les armes, la drogue, l'alcool, les femmes, les matières rares et les objets de grande valeur, sont désormais ces nouvelles proies. En se rapprochant des bonnes personnes, il trouve rapidement comment s'insérer dans les combines et peu à peu, parvient à gagner la confiance de trafiquants influents.

Occupe-toi d'ton cul m'man, j'ramène d'quoi grailler, c'est 'c'qui compte !

Mais à quel prix était-ce ? Sa mère aurait bien voulu le savoir. Elle avait bien senti les changements tant physiques que psychologique opérés chez sa progéniture qui avait grandi trop vite, évolué vers un style agressif, vulgaire, sauvage. Aucun doute quant au fait qu'il se battait régulièrement, il n'avait pas acheté ces étranges massues pour la décoration ou se donner un style. Il frappait avec, imposer sa volonté et le respect avec, la question qu'elle n'osait réellement se poser et qui la terrifiait était de savoir s'il avait déjà dû commettre l'irréparable ? Tuer, ôter la vie. La survie avait un prix, devoir prendre la vie d'autrui pour préserver la sienne était de trop à ses yeux. Aussi, même si elle le sentait au fond d'elle, préférait-elle se convaincre qu'il n'avait encore jamais eu à s'abaisser à une telle atrocité. Il se droguait et buvait de trop, cela affectait déjà sa façon d'être, et elle n'avait de cesse de lui reprocher mais lui s'en fichait. Les substances illicites le détruisaient et lui semblait adorer cela...

Va chier, j't'emmerde ! T'as qu'à aller vendre tes miches si t'es pas contente, pouffiasse ! Pi-rah-rah-nah !

Le dialogue était rompu, le lien brisé, l'amour détruit. Elle avait l'impression d'avoir face à lui un vulgaire étranger. Un de ces voyous comme elle en avait croisé des dizaines dans les rues lorsqu'elle les arpentait pour trouver de quoi manger. Elle n'était pas si loin de la vérité. Depuis un moment maintenant, Elijah touchait à tout ce qui était substances illicites, drogues dures ou douces, pas seulement pour la revente mais également pour sa consommation personnelle. En grande quantité. Le business marchait bien, les moments de défonce aussi. Et il perdait peu à peu pied avec la réalité, à trop consommer. Les ravages physiques étaient aussi visibles et inquiétants que ceux psychologiques. Devenu agressif, lunatique, récemment il avait entamé une phase de discours incohérents et comportement imprévisible. Si bien que cela avait fini par lui attirer des ennuis. Il était devenu difficile de bosser avec un tel énergumène, capable de vous péter un plomb à la tronche en une fraction de secondes.

Peuh ! J'ai b'soin d'personne bande d'cons ! Z'allez voir, d'ici quelques années j'aurais le contrôle sur le marché d'la drogue, des putes et d'l'alcool, vous m'mangerez tous dans la main !

Ses intentions étaient balancées à la face de Citadelle et il comptait bien réussir. Et probablement que déterminé comme il l'était, il y serait parvenu. Si seulement il n'y avait pas eu d'intervention extérieure qui chamboula tout le cours de l'histoire de l'immense forteresse. Dans les bas fonds, un tas de rumeurs circulaient. Nombreuses étaient celles parlant d'un petit groupe de rebelle voulant renverser le pouvoir en place. Impossible selon Elijah, qui n'y avait jamais cru. Pour autant, ces derniers temps, l'évocation de ces révolutionnaires se faisaient plus régulières. Un moyen pour la population de garder espoir qu'un jour, ils s'échapperaient de cet enfer ? Qui aurait cru que l'année 1627 confirmerait les rumeurs. Le mouvement rebelle de la Tortue était parvenu à rassembler les troupes et provoquer un soulèvement massif contre l'Archityran. Une telle occasion de s'amuser, le Croq'Dur ne la rata pas.

Équipe de ses propres armes, il se joignit à la confusion de la bataille et s'en donna à cœur joie. Le seul soucis étant qu'il cognait sur tout et n'importe quoi sans réelle distinction de camp. Il était là seulement pour se défouler et tuer à tour de bras. Forcément que vint le moment où cela se retourna contre sa poire. Absorbé dans sa folie meurtrière, il ne prêta pas attention au déroulement des affrontements ayant lieu autour de lui. Les flammes causées par les déflagrations vinrent lui lacérer la chair avant de totalement l'engloutir, comme un raz de marée incendiaire dont il ne pu s'échapper. C'était pour lui la fin de la partie. Et s'il parvint à survivre, c'est uniquement grâce aux bons soins opéré après que le feu eu été éteint, et également dû à sa solide constitution. La ou un humain lambda aurait du périr de pareilles blessures, il en réchappa avec de sévères brûlures au second degrés sur l'intégralité du corps.

Quant au fait qu'il délirait totalement durant sa convalescence, ne cessant de répéter qu'il devait vite partir d'ici pour aller chercher sa sœur Élisabeth et fuir les pirates squelettes de l'équipage de la perle noire, on ne saurait dire ce qui en était vraiment la cause. L'incendie ou la drogue ? Toujours est-il que depuis, il déambule dans tout Citadelle à la recherche d'un navire et d'un équipage pour se lancer sur les mers à la recherche de sa sœur, qu'il croit avoir été enlevée...

Sale race ! On va vous faire la peau poiscailles de mes deux !
Nooon ! Foutez-moi la paix ! Je veux pas mourir !
La ferme Darwin, et cours !

Le racisme. Pratique ô combien répandue dans le monde et tellement apprécié des êtres pourris jusqu'à la moelle s'imaginant qu'une race est supérieure à toute les autres. Ainsi, membre de la race supérieure, vous êtes libre de droit de traiter celles jugées inférieures comme de la merde. Ou une espèce de sous-branche de sous-excréments, puisqu'un homme-poisson n'est même pas considéré comme un déchet dans ce bas monde. Elijah, homme-poisson de la race des piranhas vient d'en faire les frais. Il déambulait dans les ruelles sombres et malfamées de Citadelle, comme à son habitude aux heures les plus tardives et les moins conseillers si l'on souhaite éviter les ennuis. Seulement cette nuit-là, il n'était pas seul. Elijah, c'est le genre de zigue qui se fait facilement des amis. La drogue, ça aide pas mal à se sociabiliser. Les deux combinées, ça a débouché sur la rencontre avec son tout récent pote de défonce, Darwin.

Darwin, un homme-poisson tout comme le Croq'Dur. Un consommateur tout comme le Croq'Dur, sous l'emprise de stupéfiants ils se sont croisés, rapidement sympathisé ils ont. Seulement il vous faut savoir que le Darwin a une petite particularité dû à l'espèce à laquelle il appartient qui le rend assez unique en son genre. Le poisson chauve-souris à lèvres rouges, ça vous parle ? Vous l'avez devant les yeux de notre dealer aux dents acérées. Un être exceptionnel. Exceptionnellement moche et ridicule, clairement. Comment décrire la chose ? Un corps aux proportions disproportionnées, petites et fines jambes, large ventre circulaire et quasiment plat. Petits et fins bras. Bouche aux lèvres rouges et épaisses, très épaisses, à en croire qu'elles ont été piquées et infectées par un frelon géant. Des globes oculaires vissés sur le côté de la tête, et non pas au milieu. Des yeux globuleux et entièrement noirs, plus sombre encore que l'était Vol de Maure, le célèbre sorcier malfaisant originaire de la région de Salaime.

Et petite cerise sur le gâteau, ou plus précisément dans son cas, petite excroissance étrange sur le front, qui aura amené Elijah à croire qu'il s'agissait d'une licorne des mers dans un premier temps. Cette chose, étant en réalité l'épine de sa nageoire dorsale lui donne également des faux airs d'un célèbre chanteur dont la coiffure extravagante consistait en une banane de cheveux qui dépassait de son front et tenant par on ne sait quel miracle. Melvisse la Presse, de son nom. Forcément, quand on se paie la tronche de Darwin, on a tendance à s'attirer plus d'ennuis que les autres. Aussi, quand les deux compères croisèrent un groupe d'humains alcoolisés, bruyants et armés jusqu'aux dents, notre protagoniste ne s'attendait pas à ce qu'on leur propose de jouer aux dominos. Son camarade, dont le trouillomètre avait grimpé en flèche à la vue de la bande visiblement hostile, s'était mis à le mirer avec sa tronche répugnante déchirée par la peur.

Pas de conneries, dis ? Hein, tu fais pas de conneries Eli' ?
Elijah, du con. Et j'peux rien t'promettre ! Pi-rah-rah-rah-nah !
…

S'il en avait été capable, le poisson chauve-souris serait allé se planquer au fond d'un lac en attendant que les problèmes s'éloignent. Pas de bol, il n'y avait pas de lac à proximité. Il était obligé de rester, et d'assister à un étalage de haine et de racisme d'une part, se heurtant à la démence et l'arrogance de l'autre part. L'humain en bande est le genre d'espèce à brailler fort, se sentant puissant voir intouchable entouré d'amis. Alors il cri, insulte, provoque et intimide tout ce qu'il croise et dont le nombre d'individus est inférieur à celui de sa troupe de dur à cuir. Elijah lui, sait faire tout cela en solitaire, et même plus. Se sentant piégé depuis le départ, il n'hésita pas à planter ses crocs dans l'oreille du premier abruti s'approchant trop près de lui dans l'espoir de le bousculer. Et d'en arracher un large morceau avec une aisance déconcertante, sourire carnassier sur ses lèvres ensanglantés du fluide vitale de l'ennemi.

L'enfoiré ! Il lui a bouffé l'oreille !
Connard de sous-merde ! On va te défoncer !
Sale race, tu vas le payer cher !

La flopée d'insultes qui fusaient dans toutes les directions ne furent pas suffisantes pour couvrir le cri douloureux et vrillant les tympans que sa victime  poussé, à genou face à lui, se tenant sa moitié d'oreille encore en place. Ses pupilles dilatées par la drogue se posèrent sur chacun des gaillards face à lui, tous débordaient de haine et de mépris à son égard. Et alors qu'il s'apprêtait à sortir ses armes pour en découdre avec eux, une main vint l'agripper par un bout du casque et l'entraîna dans la direction opposée. Si lui favorisait le rapport de force, Darwin avait opté pour la fuite en bonne lopette qu'il était.

Tu m'expliques pourquoi on décarre devant des troufions pareils ?!
Ils sont une dizaine !
Et alors ?
Et t'as charcuté l'oreille de leur pote !
Pi-rah-rah-nah ! J'avais la mâchoire qui commençait à vriller ! Pi-rah-rah-rah-nah !
TU LUI AS BOUFFE L'OREILLE NOM D'UN ELEPHANT DE MER ! T'ES UN VRAI CINGLE !
PI-RAH-RAH-NAH ! C'tait fendard !
Ca le sera moins quand ils vont nous trouer la peau pour ce que t'as fait !
BORDE DE. LICORNE !
Hein ?!
UNE LICORNE ! LA ! SUR TA DROITE !
Quoi ? Arrête tes conneries, t'es défoncé ! ET T'ARRETES SURTOUT PAS DE COURIR ! TU VEUX QU'ILS NOUS RATTRAPENT OU QUOI ?!
T'es azimuté ou quoi ? Tu sais l'prix que coûte cette légende ? Y'en a pour plusieurs millions de millions de berrys !
COURS ELIJAH MERDE !
Oh... Pi-rah-rah-nah ! C'con, pendant un instant j'ai cru que t'allais me sortir le fameux '' Cours Elijah, c

CLANG. SCHTONG. FLONK.

Désolé copain, mais c'était vraiment plus possible là...






Pas la peine de vous planquer, on va vous retrouver ! Ce soir, c'est la soirée de la Purge les gars ! On débarrasse le monde de la sale race, et vous êtes nos invités d'honneurs mes petits poissons ! YAHAHAHAHAH !
Grmpf... moins de gaze la...
Elijah ! Le dieu saumon soit loué, j'ai cru que je t'avais tué ! Tu voulais plus te réveiller, même après toutes les baffes que je t'ai collé ! Tu m'as foutu la trouille ! Je voulais pas te frapper avec cette barre de fer, mais tu voulais pas
Mais ferme-la putain ! J'ai mal au crâne là, en rajoute pas crétin ! Ce que tu m'as fait, ça va se payer, t'inquiètes pas pour ça. On est où là ?
Je nous ai amené dans une vielle baraque abandonnée, mais ils nous ont suivi je sais pas comment et la ils sont dans les parages. Heureusement pour nous, ils savent pas exactement où on se cache.
PEUH ! On aurait jamais du se planquer, on avait l'avantage de la surprise !
Oui, et ils avaient tous les autres avantages...
Détail...
On est coincé Eli'...
Où est ma licorne ?
Quoi ta licorne ? Quelle licorne ?
La licorne !
Quoi ? Celle de tout à l'heure ? Recommence pas Eli', y'en avait pas...
TE FOUS PAS DE MOI ! ROSE ET DOREE. ROSE. ET. DOREE. DES FOUTUS MILLIONS BORDEL DE.
Eli', je t'ass
MOI C'EST ELIJAH TROU D'CUL !
Elijah... excuse-moi mais c'est pas le mo
ET JE SAIS CE QUE JE DIS ! ELLE ETAIT
Youuuuhouuuu, mes petits surgelés préférés, je peux entendre votre querelle, c'est pas très malin vous savez ! Yahahahahahah !
TOI JE T'
Chuut ! On va se faire griller si tu continues de gueuler !
Je t'emmerde sale pédale à la noix. Je vais t'arracher l'bras pour mieux te les carrer dans les naseaux dès que j'en aurais l'occasion. 'Foiré... Content ?
Oui, merci.
Peuh.

Le gibier tendait l'oreille, le palpitant tambourinant à un rythme effréné empêchait d'entendre correctement ce qui se tramait en dehors, mais une chose était sûre, ils se rapprochaient. Ce n'était qu'une question de temps avant qu'il ne fouille cet endroit. Il n'y avait pas réellement d'échappatoire et pourtant, la voix efféminé du leader de la troupe s'éleva encore une fois.

Mes petits poissons, vous êtes toujours là ?
S'il continue de nous appe
Chuuut.
J'ai un petit marché à vous proposer, un petit jeu pour se divertir en cette belle nuit de Purge ! J'espère que vous êtes joueurs ?! Yahaha !
J'aime bien jouer au poker moi, et aux échecs ! Mais les échecs je suis naze, j'pige pas vraiment les déplacements tout ça, c'trop tactique pour moi... Oh, et le rhum-ecstasyballe ! Ça j'suis doué...
Le principe est simple mes petits choux, si l'un de vous deux me livre son petit copain, je le laisserai partir tranquillement. Je me contenterai de jouer avec l'autre ! Alors, ça vous tente ? Yahahah !
… mais quand ça a été à sont tour, il a pas voulu l'faire ce salopard ! Tu le crois toi ? C'était son putain de jeu, sa putain d'idée, mais dès qu'il a commencé à perdre, monsieur voulait pas se plier aux règles ! Alors moi j'ai vrillé direct et...
Vous avez jusqu'à ce que l'on vous trouve pour vous décider, ensuite ce sera trop tard et vous serez tous les deux mes petits jouets des mers ! YAHAHAHAHA !
… mais j'avais mal calculé la profondeur du trou par rapport à la largeur du zigoto, c'était trop petit et quand j'ai rebouché bah...
C'est un grand malade ce type... on peut pas accepter son deal, Eli'.
… alors après avoir planté les graines, il me restait plus que cette option, y foutre le feu...
Oh, Eli' ? Tu m'écoutes, dis ?
… moi j'avais pas fait gaffe qu'il avait un chat ! Il m'en avait jamais parlé...
Oh, Eli' ?! T'es avec moi ?!
… ça m'est tombé sur le coin d'la bibine comme un
ELI ?!
ELISABETH ?!
T'as saisi ce qu'il a dit ?
Sur la couleur de son pantalon ? Vrai qu'elle est dégueulasse...
…

***



Vous aurez eu de la chance jusqu'au bout mes petits poissons, mais maintenant c'est terminé ! Il ne reste plus que cette vieille baraque à vérifier et je suis prêt à parier que vous êtes à l'intérieur, apeurés ! Yahah.
Mais je t'attends trou d'balle, ramène ton derche !
T'es fou ! On va se faire massacrer !
Oh pas moi...
Eli'...
Oui... ? Pi-rah-rah-nah...
Tu vas quand même pas... ?
Désolé broza, la survie du plus fort avant tout. Pi-rah-rah-rah-nah !
Sale

Sale quoi ? Difficile de s'exprimer quand un bâillon vous muselle la bouche. Elijah, une ordure ? Uniquement quand il est question de survie. Avant que la cavalerie ne rentre de force dans sa cachette de fortune et ne le massacre, il prit soin d’assommer Darwin pour qu'il se tienne plus tranquille. Et puis il lui avait bien dit que cela se paierait. Par l'encadrement d'une fenêtre apparu le corps endormi par la force de l'homme-poisson chauve-souris à lèvres rouges. Les salauds allèrent tous de leur moquerie quant à l'aspect physique du malheureux. Corps qui fut expulsé à terre à quelques mètres d'un des humains.

Je vois qu'il y en a un qui a fini par faire un choix, yahahah !
Ouais. Et maintenant je me casse et sans que tes toutous me collent aux fesses comme convenu, pigé ?
Je n'ai qu'une parole, un seul d'entre vous suffira amplement pour le cérémonial de la Purge ! Bye mon chou ! Yahahaha ! Récupérez-moi ce bouseux et attachez-le à l'un de ses poteaux en acier, on va faire ça ici, c'est l'endroit parfait.
Ok boss !

Le patron ordonne, le larbin s'exécute, c'est une affaire qui roule. Alors on suspend solidement le captif avec des cordes et on en profite pour se défouler un peu sur lui. Le faire saigner, attendrir la viande avant les festivités. Avant le discours tant attendu du grand patron des illuminés. Pile au moment, le hasard faisant bien les choses, ou le captif commence à immerger de son inconscience.

MES FRÈRES ! Quelle joie de vous retrouver pour cette délicieuse nuit de PURGE ! MES PETITS CHOUX A LA CRÈME FOUETTÉE ! Ce soir, nous avons traqué la vermine, la raclure, la sale race polluant nos rues et infectant notre si belle terre ! NOUS EN AVONS EU UN ! Certes, il est affreusement laid et j'aurai préféré avoir l'autre MAIS, nous nous contenterons de l'abomination ici présente et CECI SERA BIEN SUFFISANT ! YAHAHAH ! SANS PLUS ATTENDRE, MES FRÈRES, JE VOUS INVITE
Oy ! J'ai failli oublier les gars, z'auriez pas vu sista Élisabeth par hasard ?
TOI ?!
Eli... ELI ?! T'ES REVENU ?!
Mon petit poiscaille préféré est revenu, faboulossse ! YAHAHAH !
MAIS T'ES COMPLÈTEMENT DÉBILE OU QUOI ?! LE BUT DE ME LIVRER A EUX ÉTAIT PAS DE TE SAUVER TOI ?!
Que dalle ! Toi, t'étais juste la mini-diversion avant LA BIG BANG DIVERSION !
La quoi ?!
La Big Bang... il est cinglé... On va mourir tous les deux...
Patience, ça devrait plus tarder maintenant, pi-rah-rah-nah.
Mes petits choux à la crème, choppez-moi cet
Trop tard ! PI-RAH-RAH-RAH-NAH !

La détonation et le déluge de feux d'artifices qui suivirent couvrirent le rire du déséquilibré, tout autant que le son des détonations et les éclats de lumières désorientèrent le groupuscule de fanatiques. Et tandis que chacun tentait de ne pas céder à la panique, Elijah s'acharna à libérer son homologue de ses entraves. Particulièrement fier de son coup, il n'avait jamais été question de laisser un frère entre les mains de débiles écervelés. D'autant plus lorsque ces guignols avaient fait la connerie de s'en prendre à lui dans un premier temps, ils avaient dès lors perdu toute chance de passer un accord. Il aurait bien pris du plaisir à tous leur écraser le crâne de ses massues, massues, mais le nombre ne jouait toujours pas en sa faveur. Il fila, oui. Un Darwin en larmes derrière-lui, tentant encore de se remettre de ses émotions...