La charmante île du sable n'avait rien du désert aride que son nom laissait présager. En approchant du rivage avec le navire de plaisance dans lequel je m'étais embarqué, je vis au loin ce qui ressemblait davantage à une île tropicale ou touristique, qu'à une étendue de dunes de sable. A mes côtés, Gehennos semblait plus qu'impatient de fouler le sol de cet endroit aux allures si plaisantes. De loin, nous pouvions entendre les cris des enfants qui s'amusaient dans les différentes attractions, notamment les toboggans géants que l'on distinguait aisément à des lieux à la ronde. Bien que je sois là-bas en mission de repérage, je sentais tout de même que c'était le genre d'affectation que j'aimerais avoir. Je me voyais déjà, les doigts de pied en éventail, tout en lisant mes rapports, dans un hamac, au soleil avec une vahiné qui danse sur un air d’ukulélé. Le paradis pour tout homme en somme. Pas étonnant que l'île soit réputée pour attirer l'attention des pirates et révolutionnaires. Le cadre de vie plus qu'agréable était l'endroit rêvé pour y établir une base. Bon climat, bonne topologie, bonnes installations. Bref, que du bonheur.
C'est avec cette pensée que je débarquais sur le quai, me sentant tout de même un peu seul, car le fait d'être accompagné par un chien tricéphale avait tendance à mettre une certaine distance entre ma personne et les gens. Certes, j'étais devenu assez connu depuis un certain temps, et j'avais même, à ma grande surprise, une réputation de "type sympa", mais la présence de l'animal suffisait à empêcher les curieux de s'approcher, de même que mon look un poil ninja masqué. Préférant éviter que le Cerbère ne court après le premier lapin venu comme un dératé, je lui demandais de rester à côté de moi, que nous ne soyons pas aussi facilement repérable qu'en étant séparés. Tout en évitant la foule, nous nous dirigeâmes vers le bar de plein air. Il s'agissait d'un comptoir situé sous un toit de paille, le genre d'installation typique dans une station balnéaire. Un petit gros en chemise hawaïenne se chargeait de jouer les barmans, rien à voir avec Tom Cruise, bien qu'au fond, c'était le cadet de mes soucis. Levant l'index et le majeur joints pour signaler ma présence, je lui demande un lait de coco, avec le petit parasol, histoire de faire touriste.
Alors que je fais passer la paille sous mon foulard pour ne pas découvrir la moitié inférieure de mon visage, un homme vient alors se poser à côté de moi pour commander de la bière sans alcool. Soit ce type n'a pas de goût, soit il s'agit d'un militaire en fonction. Je penchais davantage pour la seconde option, car de tous les touristes présents, il était le seul à se mettre à côté de moi sans rechigner ou même montrer le moindre sentiment de crainte. Tout en sirotant son étrange cocktail des plus atypiques, il me fixe un court instant avant de m'adresser la parole. Au ton de sa voix, on pourrait le croire détendu, voire même insouciant, mais son visage retranscrit bien d'autres émotions. Les muscles sont tirés, et pas seulement ceux de son faciès. Sa chemise en partie ouverte laisse transparaître des pectoraux qui témoignent d'un entraînement physique régulier. Sous son manteau, on pourrait presque deviner les formes dessinées par une épée. Sans sourciller, je l'écoute parler, Gehennos se trouvant à ma droite et fixant de ses six yeux celui qui me semblait être un guerrier émérite.
- Z'êtes nouveau dans le coin l'ami ? Vous êtes là pour les vacances ? Le Soleil ? Les jolies filles ?
Prenant une gorgée de plus via ma paille, j'ôte celle-ci de sous mon foulard avant de soupirer. A peine arrivé, déjà calculé. Enfin, ce n'est pas vraiment étonnant, étant donné la manière dont je me trimballe avec des artefacts légendaires, ainsi qu'un chien mythologique. Sans même me tourner vers mon interlocuteur, je réponds à ses propos en croisant mes mains sur le comptoir.
- Laissez-moi deviner... Marine ?
Voilà qui jeta un froid, laissant le visage du jeune homme devenir potentiellement plus sérieux. Sérieux et intéressé. Je pouvais sentir son désir combattif sans même le regarder, même si je pouvais l'observer dans la glace située derrière le comptoir. Indubitablement, la tension venait de monter d'un cran lorsque j'en vins à poser cette question au jeune homme. Me gratifiant d'un "Ooooh" des plus faussement admiratifs, je constatais que tous deux, nous sûmes ce qui allait arriver dans les trois secondes qui suivirent. En un instant, le présumé Marine sortit son épée avec une dextérité et une célérité assez impressionnante, laissant sa lame croiser celle de Kurayami-Hime que j'avais juste levée sur le côté pour faire obstruction à son assaut. Alors que nous nous fixions avec une certaine intensité dans le regard, mon étrange interlocuteur se remit à prendre la parole.
- Comme on pouvait s'y attendre de Damien Reyes, l'un des Leaders Révolutionnaires.
- Comme on pouvait s'y attendre du légendaire Alexander II, aka Iron Fist, répliquais-je sur le même ton.
- Vous vous doutez que maintenant que les présentations sont faites, je ne peux pas vous laisser partir ainsi, me lança le Marine avec un air de défi.
- Et vous vous doutez que je ne vais pas vous laisser m'arrêter sans rien dire, lançais-je avec le même air provocateur.
- Alors nous avons là un sérieux problème.
- Il semblerait, en effet.
Poussant chacun sur la lame de l'autre, faisant trembler les deux épées, nous attendions chacun le moindre mouvement venant de notre opposant afin d'agir en conséquence. Aussitôt, plusieurs soldats firent irruption pour éloigner les civils qui ne se firent pas prier pour nous laisser entre nous. Alors que les soldats me mirent en joue, le responsable de cette brigade leur demanda de ne pas intervenir. Visiblement, il était désireux d'en découdre avec moi. Bien que cela ne se voit pas sous mon foulard, j'affichais un rictus presque aussi carnassier que celui de mon adversaire.
D'un seul coup, il tira sa main gauche de sa poche, et la dirigea vers moi, les doigts crispés, non pas comme pour m'agripper, mais plutôt comme pour m'arracher la chair qui se trouverait sur son chemin. Assez rapidement, je finis par sortir Hiryuushirô pour faire obstacle, laissant la main d'Alexander rencontrer la lame. Mais au lieu de la couper, celle-ci fut simplement bloquée. Pas de doute, l'homme que j'avais en face de moi était bel et bien celui que l'on surnommait Iron Fist, autrement dit, le Marine connu pour sa poigne de fer et la résistance hors du commun de ses mains. Poussant chacun l'un contre l'autre, je fis glisser mes deux lames le long de l'épée et de la main du Marine pour le repousser au loin, dans un mouvement ascendant, le laissant envoler quatre tables d'extérieur ainsi que deux parasols. Se relevant en époussetant son manteau, il me fixa avec toujours ce sourire amusé. Avoir à faire à quelqu'un qui lui oppose résistance semblait lui plaire autant qu'à moi.
Alors que nous nous élancions rapidement l'un vers l'autre, je fus stoppé dans ma course au moment de frapper. Juste derrière l'épaule de mon adversaire, j'eus alors une vision des plus troublantes et horrible. Asuna... La Asuna D. Mistral ! Celle morte voilà plusieurs mois pour me sauver la vie. Je ne l'aperçus que pendant une brève seconde. Son corps était vêtu d'une simple toge blanche, alors que son teint était des plus blafards. Mais pire que cette peau de cadavre, c'était son regard, écarquillé, avec des iris rouges, comme si elle portait en elle une grande colère. C'était le genre de vision à vous donner des cauchemars, même si vous ne connaissez pas la personne aperçu. Plus que tout autre chose, j'avais l'impression de la voir morte, mais néanmoins vivante, me fixant avec ses grands yeux effrayants. A peine l'ai-je aperçu qu'elle disparaît. Mais il est trop tard lorsque je reprends mes esprits. Le poing d'Alexander s'abat droit dans mon ventre sans que je ne puisse réagir, m'envoyant valser à travers le bar dans un nuage de poussière.
Alors que je gis dans les décombres et que mon adversaire s'avance, Gehennos se met en travers de sa route, se dressant devant lui en montrant ses crocs, fouettant l'air de ses trois queues. Le brave animal démontre toute l'estime qu'il a pour son maître. Secouant la tête, j'aperçois alors la scène. Pas le temps de me demander ce qu'était ma vision de tout à l'heure. Quand je vois le Marine lever son sabre vers le chien tricéphale, mon sang ne fait qu'un tour. Sans attendre une seule seconde, je me relève et me précipite pour faire opposition, me plaçant devant mon familier et stoppant l'arme du soldat avec les miennes. Il semblait plutôt content de me voir devenir sérieux, mon visage affichant une expression sévère, du moins grâce à mon regard, seule partie de mon faciès non-voilée.
Au milieu de l'affrontement, nous fûmes soudainement interrompus par un bruit qui m'était plus que familier. Il s'agissait d'un son aigu qui le devenait de plus en plus, généralement avant de faire "boom". Fixant Alexander, je lui hurlais un "Boulet de canon ! avant de rompre le contact en reculant avec Gehennos, alors que lui faisait de même. L'instant d'après, l'endroit où nous nous tenions explosa, laissant un léger cratère. Le Marine et moi fixions l'horizon, apercevant un immense navire, encore trop loin pour que nous ne distinguions son pavillon. Avec cette fois-ci un visage énervé, l'homme me fixa pour me demander sur un ton des plus discourtois "Des amis à toi ?!" Avec une voix des plus ironiques, ma réponse ne se fit pas attendre.
- Oh oui bien sûr, je laisse toujours mes amis me tirer dessus à coup de canon ! C'est une forme de salutation très répandue chez les Révolutionnaires.
Inutile de dire qu'il se sentit un peu bête après ma remarque. C'est alors qu'une pluie de boulets s'abattirent sur le lieu de plaisance, détruisant pas mal d'attractions. Les Marines se mirent à courir dans tous les sens pour protéger les touristes. Quelques secondes plus tard, nous pouvons enfin apercevoir le pavillon du navire qui s'approche. Une tête de mort devant deux os croisés, pas de doute : nous avons des pirates pas très sympathiques venant jouer les trouble-fêtes. L'épée positionnée derrière le crâne à la verticale laisse à supposer qu'il s'agit des "Pirates Templiers", un fameux équipage ayant écumé Grand Line jusqu'à Shabondy avant de faire demi-tour, n'étant visiblement pas de taille à affronter le Shin Sekaï. Leur capitaine n'est autre que le dénommé Hohenheim Celes, primé à cent millions de Berrys. En voyant cela, la tête d'Alexander se fronce davantage. Nous nous fixons un bref instant et je lis dans son regard une certaine hésitation quant à ce qu'il convient de faire. N'attendant pas de le voir ouvrir la bouche, je prends la parole.
- On se cognera dessus autant que tu veux plus tard. Pour l'instant, je pense qu'il vaudrait mieux protéger les civils.
- Et en quoi est-ce votre problème ?! me demanda-t-il avec un air suspicieux.
- Je suis Révolutionnaire, pas meurtrier. Alors soit on unit nos efforts en mettant de côté nos divergences politiques pour sauver le plus de vie possible, soit on se tape dessus avant de se faire tuer par ces pirates. A toi de voir, la balle est dans ton camp. Mais décide-toi vite !
Je voyais bien dans les yeux du jeune homme une certaine hésitation, mais une nouvelle explosion le poussa à donner des directives à ses hommes, leur indiquant de m'oublier pour l'instant et de s'occuper de mettre les civils à l'abri. Lui faisant un signe de tête, j'enjambais Gehennos pour m'installer sur lui. Pas besoin de mots, nous comprenions qu'il nous fallait agir pendant la durée de l'offensive. A en juger la distance du navire, celle-ci durerait tout au plus dix minutes, avant que les ennemis ne débarquent. Pendant qu'Alexander filait organiser les troupes des deux bases avoisinantes, je me chargeais de venir en aide aux civils bloqués. Une fillette fut ainsi coincée au sommet de l'un des toboggans géant du parc, ses parents désespérés poussant des cris en bas. Bien entendu, un boulet avait atteint le tube de descente en son centre, laissant présager que si la fillette s'élançait, elle allait tomber d'une dizaine de mètres de haut et sans doute mourir.
Descendant de Gehennos, je demandais aux parents de reculer avant de sortir à nouveau mes deux épées. Fermant mes yeux un court instant, je donnais une multitude de coups de lames avant de les ranger dans leur fourreau respectif. Dès que le cliquetis de la garde frappant l'étui se fit entendre, le toboggan tomba littéralement en morceau. Ni une ni deux, je m'élevais dans les airs, sautant sur les débris qui tombaient pour remonter tout l'édifice en chute, et attraper la fillette au passage. Courant en la tenant dans mes bras, je finis par sauter en direction du mat où se trouvait le drapeau qui indiquait le sens du vent. Demandant à la jeune fille de s'accrocher à moi, je restais les deux pieds contre le poteau, ainsi qu'une main autour de celui-ci, avant de me mettre à le descendre en glissant dessus, comme pour une rampe de pompier. Une chance que mes mains soient gantées, car sans doute aurais-je senti une brûlure en agissant ainsi. Une fois en bas, je rendais la petite fille à ses parents en leur indiquant l'abri où rejoindre les autres.
Les boulets continuaient de pleuvoir, et plus le temps passait, plus le navire approchait et me semblait gigantesque. A n'en pas douter, l'équipage de Hohenheim devait dépasser la centaine de membres. Sans doute après l'échec du Shin Sekai avait-il décidé de faire de cet endroit sa base. Si tel était le cas, il risquait grandement d'avoir quelques ennuis imprévus en trouvant de valeureux adversaires sur cette île. Tout en me dirigeant vers le centre du parc qui servirait sans doute de champ de bataille, je croisai à nouveau Alexander qui se dirigeait également vers l'endroit convoité. Il m'expliqua rapidement qu'il avait lancé un appel à toute personne capable de combattre pour venir prêter main forte aux Marines. A côté de lui arriva une jeune femme ravissante que je reconnu sans mal, à savoir celle que l'on surnomme la "Fée Soraya". Elle me jaugea de haut en bas avec un air plutôt aguicheur tout en courant à côté de nous et en se présentant. Cependant, nous convenions tous deux qu'il était plus important de se concentrer sur la situation actuelle que sur nos personnes respectives. Aussi, une fois qu'ils m'assurèrent que tous les civils furent conduits dans les abris, nous prirent place pour nous préparer à l'affrontement. Une vingtaine de soldats d'élites apparurent derrière nous, mais de toute évidence, cela risquait d'être difficile, face à un équipage pirate qui comptait des membres par centaine. Quant aux aides demandés chez les civils, aucun d'entre eux ne s'était montré pour l'instant...
C'est avec cette pensée que je débarquais sur le quai, me sentant tout de même un peu seul, car le fait d'être accompagné par un chien tricéphale avait tendance à mettre une certaine distance entre ma personne et les gens. Certes, j'étais devenu assez connu depuis un certain temps, et j'avais même, à ma grande surprise, une réputation de "type sympa", mais la présence de l'animal suffisait à empêcher les curieux de s'approcher, de même que mon look un poil ninja masqué. Préférant éviter que le Cerbère ne court après le premier lapin venu comme un dératé, je lui demandais de rester à côté de moi, que nous ne soyons pas aussi facilement repérable qu'en étant séparés. Tout en évitant la foule, nous nous dirigeâmes vers le bar de plein air. Il s'agissait d'un comptoir situé sous un toit de paille, le genre d'installation typique dans une station balnéaire. Un petit gros en chemise hawaïenne se chargeait de jouer les barmans, rien à voir avec Tom Cruise, bien qu'au fond, c'était le cadet de mes soucis. Levant l'index et le majeur joints pour signaler ma présence, je lui demande un lait de coco, avec le petit parasol, histoire de faire touriste.
Alors que je fais passer la paille sous mon foulard pour ne pas découvrir la moitié inférieure de mon visage, un homme vient alors se poser à côté de moi pour commander de la bière sans alcool. Soit ce type n'a pas de goût, soit il s'agit d'un militaire en fonction. Je penchais davantage pour la seconde option, car de tous les touristes présents, il était le seul à se mettre à côté de moi sans rechigner ou même montrer le moindre sentiment de crainte. Tout en sirotant son étrange cocktail des plus atypiques, il me fixe un court instant avant de m'adresser la parole. Au ton de sa voix, on pourrait le croire détendu, voire même insouciant, mais son visage retranscrit bien d'autres émotions. Les muscles sont tirés, et pas seulement ceux de son faciès. Sa chemise en partie ouverte laisse transparaître des pectoraux qui témoignent d'un entraînement physique régulier. Sous son manteau, on pourrait presque deviner les formes dessinées par une épée. Sans sourciller, je l'écoute parler, Gehennos se trouvant à ma droite et fixant de ses six yeux celui qui me semblait être un guerrier émérite.
- Z'êtes nouveau dans le coin l'ami ? Vous êtes là pour les vacances ? Le Soleil ? Les jolies filles ?
Prenant une gorgée de plus via ma paille, j'ôte celle-ci de sous mon foulard avant de soupirer. A peine arrivé, déjà calculé. Enfin, ce n'est pas vraiment étonnant, étant donné la manière dont je me trimballe avec des artefacts légendaires, ainsi qu'un chien mythologique. Sans même me tourner vers mon interlocuteur, je réponds à ses propos en croisant mes mains sur le comptoir.
- Laissez-moi deviner... Marine ?
Voilà qui jeta un froid, laissant le visage du jeune homme devenir potentiellement plus sérieux. Sérieux et intéressé. Je pouvais sentir son désir combattif sans même le regarder, même si je pouvais l'observer dans la glace située derrière le comptoir. Indubitablement, la tension venait de monter d'un cran lorsque j'en vins à poser cette question au jeune homme. Me gratifiant d'un "Ooooh" des plus faussement admiratifs, je constatais que tous deux, nous sûmes ce qui allait arriver dans les trois secondes qui suivirent. En un instant, le présumé Marine sortit son épée avec une dextérité et une célérité assez impressionnante, laissant sa lame croiser celle de Kurayami-Hime que j'avais juste levée sur le côté pour faire obstruction à son assaut. Alors que nous nous fixions avec une certaine intensité dans le regard, mon étrange interlocuteur se remit à prendre la parole.
- Comme on pouvait s'y attendre de Damien Reyes, l'un des Leaders Révolutionnaires.
- Comme on pouvait s'y attendre du légendaire Alexander II, aka Iron Fist, répliquais-je sur le même ton.
- Vous vous doutez que maintenant que les présentations sont faites, je ne peux pas vous laisser partir ainsi, me lança le Marine avec un air de défi.
- Et vous vous doutez que je ne vais pas vous laisser m'arrêter sans rien dire, lançais-je avec le même air provocateur.
- Alors nous avons là un sérieux problème.
- Il semblerait, en effet.
Poussant chacun sur la lame de l'autre, faisant trembler les deux épées, nous attendions chacun le moindre mouvement venant de notre opposant afin d'agir en conséquence. Aussitôt, plusieurs soldats firent irruption pour éloigner les civils qui ne se firent pas prier pour nous laisser entre nous. Alors que les soldats me mirent en joue, le responsable de cette brigade leur demanda de ne pas intervenir. Visiblement, il était désireux d'en découdre avec moi. Bien que cela ne se voit pas sous mon foulard, j'affichais un rictus presque aussi carnassier que celui de mon adversaire.
D'un seul coup, il tira sa main gauche de sa poche, et la dirigea vers moi, les doigts crispés, non pas comme pour m'agripper, mais plutôt comme pour m'arracher la chair qui se trouverait sur son chemin. Assez rapidement, je finis par sortir Hiryuushirô pour faire obstacle, laissant la main d'Alexander rencontrer la lame. Mais au lieu de la couper, celle-ci fut simplement bloquée. Pas de doute, l'homme que j'avais en face de moi était bel et bien celui que l'on surnommait Iron Fist, autrement dit, le Marine connu pour sa poigne de fer et la résistance hors du commun de ses mains. Poussant chacun l'un contre l'autre, je fis glisser mes deux lames le long de l'épée et de la main du Marine pour le repousser au loin, dans un mouvement ascendant, le laissant envoler quatre tables d'extérieur ainsi que deux parasols. Se relevant en époussetant son manteau, il me fixa avec toujours ce sourire amusé. Avoir à faire à quelqu'un qui lui oppose résistance semblait lui plaire autant qu'à moi.
Alors que nous nous élancions rapidement l'un vers l'autre, je fus stoppé dans ma course au moment de frapper. Juste derrière l'épaule de mon adversaire, j'eus alors une vision des plus troublantes et horrible. Asuna... La Asuna D. Mistral ! Celle morte voilà plusieurs mois pour me sauver la vie. Je ne l'aperçus que pendant une brève seconde. Son corps était vêtu d'une simple toge blanche, alors que son teint était des plus blafards. Mais pire que cette peau de cadavre, c'était son regard, écarquillé, avec des iris rouges, comme si elle portait en elle une grande colère. C'était le genre de vision à vous donner des cauchemars, même si vous ne connaissez pas la personne aperçu. Plus que tout autre chose, j'avais l'impression de la voir morte, mais néanmoins vivante, me fixant avec ses grands yeux effrayants. A peine l'ai-je aperçu qu'elle disparaît. Mais il est trop tard lorsque je reprends mes esprits. Le poing d'Alexander s'abat droit dans mon ventre sans que je ne puisse réagir, m'envoyant valser à travers le bar dans un nuage de poussière.
Alors que je gis dans les décombres et que mon adversaire s'avance, Gehennos se met en travers de sa route, se dressant devant lui en montrant ses crocs, fouettant l'air de ses trois queues. Le brave animal démontre toute l'estime qu'il a pour son maître. Secouant la tête, j'aperçois alors la scène. Pas le temps de me demander ce qu'était ma vision de tout à l'heure. Quand je vois le Marine lever son sabre vers le chien tricéphale, mon sang ne fait qu'un tour. Sans attendre une seule seconde, je me relève et me précipite pour faire opposition, me plaçant devant mon familier et stoppant l'arme du soldat avec les miennes. Il semblait plutôt content de me voir devenir sérieux, mon visage affichant une expression sévère, du moins grâce à mon regard, seule partie de mon faciès non-voilée.
Au milieu de l'affrontement, nous fûmes soudainement interrompus par un bruit qui m'était plus que familier. Il s'agissait d'un son aigu qui le devenait de plus en plus, généralement avant de faire "boom". Fixant Alexander, je lui hurlais un "Boulet de canon ! avant de rompre le contact en reculant avec Gehennos, alors que lui faisait de même. L'instant d'après, l'endroit où nous nous tenions explosa, laissant un léger cratère. Le Marine et moi fixions l'horizon, apercevant un immense navire, encore trop loin pour que nous ne distinguions son pavillon. Avec cette fois-ci un visage énervé, l'homme me fixa pour me demander sur un ton des plus discourtois "Des amis à toi ?!" Avec une voix des plus ironiques, ma réponse ne se fit pas attendre.
- Oh oui bien sûr, je laisse toujours mes amis me tirer dessus à coup de canon ! C'est une forme de salutation très répandue chez les Révolutionnaires.
Inutile de dire qu'il se sentit un peu bête après ma remarque. C'est alors qu'une pluie de boulets s'abattirent sur le lieu de plaisance, détruisant pas mal d'attractions. Les Marines se mirent à courir dans tous les sens pour protéger les touristes. Quelques secondes plus tard, nous pouvons enfin apercevoir le pavillon du navire qui s'approche. Une tête de mort devant deux os croisés, pas de doute : nous avons des pirates pas très sympathiques venant jouer les trouble-fêtes. L'épée positionnée derrière le crâne à la verticale laisse à supposer qu'il s'agit des "Pirates Templiers", un fameux équipage ayant écumé Grand Line jusqu'à Shabondy avant de faire demi-tour, n'étant visiblement pas de taille à affronter le Shin Sekaï. Leur capitaine n'est autre que le dénommé Hohenheim Celes, primé à cent millions de Berrys. En voyant cela, la tête d'Alexander se fronce davantage. Nous nous fixons un bref instant et je lis dans son regard une certaine hésitation quant à ce qu'il convient de faire. N'attendant pas de le voir ouvrir la bouche, je prends la parole.
- On se cognera dessus autant que tu veux plus tard. Pour l'instant, je pense qu'il vaudrait mieux protéger les civils.
- Et en quoi est-ce votre problème ?! me demanda-t-il avec un air suspicieux.
- Je suis Révolutionnaire, pas meurtrier. Alors soit on unit nos efforts en mettant de côté nos divergences politiques pour sauver le plus de vie possible, soit on se tape dessus avant de se faire tuer par ces pirates. A toi de voir, la balle est dans ton camp. Mais décide-toi vite !
Je voyais bien dans les yeux du jeune homme une certaine hésitation, mais une nouvelle explosion le poussa à donner des directives à ses hommes, leur indiquant de m'oublier pour l'instant et de s'occuper de mettre les civils à l'abri. Lui faisant un signe de tête, j'enjambais Gehennos pour m'installer sur lui. Pas besoin de mots, nous comprenions qu'il nous fallait agir pendant la durée de l'offensive. A en juger la distance du navire, celle-ci durerait tout au plus dix minutes, avant que les ennemis ne débarquent. Pendant qu'Alexander filait organiser les troupes des deux bases avoisinantes, je me chargeais de venir en aide aux civils bloqués. Une fillette fut ainsi coincée au sommet de l'un des toboggans géant du parc, ses parents désespérés poussant des cris en bas. Bien entendu, un boulet avait atteint le tube de descente en son centre, laissant présager que si la fillette s'élançait, elle allait tomber d'une dizaine de mètres de haut et sans doute mourir.
Descendant de Gehennos, je demandais aux parents de reculer avant de sortir à nouveau mes deux épées. Fermant mes yeux un court instant, je donnais une multitude de coups de lames avant de les ranger dans leur fourreau respectif. Dès que le cliquetis de la garde frappant l'étui se fit entendre, le toboggan tomba littéralement en morceau. Ni une ni deux, je m'élevais dans les airs, sautant sur les débris qui tombaient pour remonter tout l'édifice en chute, et attraper la fillette au passage. Courant en la tenant dans mes bras, je finis par sauter en direction du mat où se trouvait le drapeau qui indiquait le sens du vent. Demandant à la jeune fille de s'accrocher à moi, je restais les deux pieds contre le poteau, ainsi qu'une main autour de celui-ci, avant de me mettre à le descendre en glissant dessus, comme pour une rampe de pompier. Une chance que mes mains soient gantées, car sans doute aurais-je senti une brûlure en agissant ainsi. Une fois en bas, je rendais la petite fille à ses parents en leur indiquant l'abri où rejoindre les autres.
Les boulets continuaient de pleuvoir, et plus le temps passait, plus le navire approchait et me semblait gigantesque. A n'en pas douter, l'équipage de Hohenheim devait dépasser la centaine de membres. Sans doute après l'échec du Shin Sekai avait-il décidé de faire de cet endroit sa base. Si tel était le cas, il risquait grandement d'avoir quelques ennuis imprévus en trouvant de valeureux adversaires sur cette île. Tout en me dirigeant vers le centre du parc qui servirait sans doute de champ de bataille, je croisai à nouveau Alexander qui se dirigeait également vers l'endroit convoité. Il m'expliqua rapidement qu'il avait lancé un appel à toute personne capable de combattre pour venir prêter main forte aux Marines. A côté de lui arriva une jeune femme ravissante que je reconnu sans mal, à savoir celle que l'on surnomme la "Fée Soraya". Elle me jaugea de haut en bas avec un air plutôt aguicheur tout en courant à côté de nous et en se présentant. Cependant, nous convenions tous deux qu'il était plus important de se concentrer sur la situation actuelle que sur nos personnes respectives. Aussi, une fois qu'ils m'assurèrent que tous les civils furent conduits dans les abris, nous prirent place pour nous préparer à l'affrontement. Une vingtaine de soldats d'élites apparurent derrière nous, mais de toute évidence, cela risquait d'être difficile, face à un équipage pirate qui comptait des membres par centaine. Quant aux aides demandés chez les civils, aucun d'entre eux ne s'était montré pour l'instant...
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