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Les bons, la brute, le truand... et les pirates

La charmante île du sable n'avait rien du désert aride que son nom laissait présager. En approchant du rivage avec le navire de plaisance dans lequel je m'étais embarqué, je vis au loin ce qui ressemblait davantage à une île tropicale ou touristique, qu'à une étendue de dunes de sable. A mes côtés, Gehennos semblait plus qu'impatient de fouler le sol de cet endroit aux allures si plaisantes. De loin, nous pouvions entendre les cris des enfants qui s'amusaient dans les différentes attractions, notamment les toboggans géants que l'on distinguait aisément à des lieux à la ronde. Bien que je sois là-bas en mission de repérage, je sentais tout de même que c'était le genre d'affectation que j'aimerais avoir. Je me voyais déjà, les doigts de pied en éventail, tout en lisant mes rapports, dans un hamac, au soleil avec une vahiné qui danse sur un air d’ukulélé. Le paradis pour tout homme en somme. Pas étonnant que l'île soit réputée pour attirer l'attention des pirates et révolutionnaires. Le cadre de vie plus qu'agréable était l'endroit rêvé pour y établir une base. Bon climat, bonne topologie, bonnes installations. Bref, que du bonheur.

C'est avec cette pensée que je débarquais sur le quai, me sentant tout de même un peu seul, car le fait d'être accompagné par un chien tricéphale avait tendance à mettre une certaine distance entre ma personne et les gens. Certes, j'étais devenu assez connu depuis un certain temps, et j'avais même, à ma grande surprise, une réputation de "type sympa", mais la présence de l'animal suffisait à empêcher les curieux de s'approcher, de même que mon look un poil ninja masqué. Préférant éviter que le Cerbère ne court après le premier lapin venu comme un dératé, je lui demandais de rester à côté de moi, que nous ne soyons pas aussi facilement repérable qu'en étant séparés. Tout en évitant la foule, nous nous dirigeâmes vers le bar de plein air. Il s'agissait d'un comptoir situé sous un toit de paille, le genre d'installation typique dans une station balnéaire. Un petit gros en chemise hawaïenne se chargeait de jouer les barmans, rien à voir avec Tom Cruise, bien qu'au fond, c'était le cadet de mes soucis. Levant l'index et le majeur joints pour signaler ma présence, je lui demande un lait de coco, avec le petit parasol, histoire de faire touriste.

Alors que je fais passer la paille sous mon foulard pour ne pas découvrir la moitié inférieure de mon visage, un homme vient alors se poser à côté de moi pour commander de la bière sans alcool. Soit ce type n'a pas de goût, soit il s'agit d'un militaire en fonction. Je penchais davantage pour la seconde option, car de tous les touristes présents, il était le seul à se mettre à côté de moi sans rechigner ou même montrer le moindre sentiment de crainte. Tout en sirotant son étrange cocktail des plus atypiques, il me fixe un court instant avant de m'adresser la parole. Au ton de sa voix, on pourrait le croire détendu, voire même insouciant, mais son visage retranscrit bien d'autres émotions. Les muscles sont tirés, et pas seulement ceux de son faciès. Sa chemise en partie ouverte laisse transparaître des pectoraux qui témoignent d'un entraînement physique régulier. Sous son manteau, on pourrait presque deviner les formes dessinées par une épée. Sans sourciller, je l'écoute parler, Gehennos se trouvant à ma droite et fixant de ses six yeux celui qui me semblait être un guerrier émérite.


- Z'êtes nouveau dans le coin l'ami ? Vous êtes là pour les vacances ? Le Soleil ? Les jolies filles ?

Prenant une gorgée de plus via ma paille, j'ôte celle-ci de sous mon foulard avant de soupirer. A peine arrivé, déjà calculé. Enfin, ce n'est pas vraiment étonnant, étant donné la manière dont je me trimballe avec des artefacts légendaires, ainsi qu'un chien mythologique. Sans même me tourner vers mon interlocuteur, je réponds à ses propos en croisant mes mains sur le comptoir.

- Laissez-moi deviner... Marine ?

Voilà qui jeta un froid, laissant le visage du jeune homme devenir potentiellement plus sérieux. Sérieux et intéressé. Je pouvais sentir son désir combattif sans même le regarder, même si je pouvais l'observer dans la glace située derrière le comptoir. Indubitablement, la tension venait de monter d'un cran lorsque j'en vins à poser cette question au jeune homme. Me gratifiant d'un "Ooooh" des plus faussement admiratifs, je constatais que tous deux, nous sûmes ce qui allait arriver dans les trois secondes qui suivirent. En un instant, le présumé Marine sortit son épée avec une dextérité et une célérité assez impressionnante, laissant sa lame croiser celle de Kurayami-Hime que j'avais juste levée sur le côté pour faire obstruction à son assaut. Alors que nous nous fixions avec une certaine intensité dans le regard, mon étrange interlocuteur se remit à prendre la parole.

- Comme on pouvait s'y attendre de Damien Reyes, l'un des Leaders Révolutionnaires.
- Comme on pouvait s'y attendre du légendaire Alexander II, aka Iron Fist, répliquais-je sur le même ton.
- Vous vous doutez que maintenant que les présentations sont faites, je ne peux pas vous laisser partir ainsi, me lança le Marine avec un air de défi.
- Et vous vous doutez que je ne vais pas vous laisser m'arrêter sans rien dire, lançais-je avec le même air provocateur.
- Alors nous avons là un sérieux problème.
- Il semblerait, en effet.

Poussant chacun sur la lame de l'autre, faisant trembler les deux épées, nous attendions chacun le moindre mouvement venant de notre opposant afin d'agir en conséquence. Aussitôt, plusieurs soldats firent irruption pour éloigner les civils qui ne se firent pas prier pour nous laisser entre nous. Alors que les soldats me mirent en joue, le responsable de cette brigade leur demanda de ne pas intervenir. Visiblement, il était désireux d'en découdre avec moi. Bien que cela ne se voit pas sous mon foulard, j'affichais un rictus presque aussi carnassier que celui de mon adversaire.

D'un seul coup, il tira sa main gauche de sa poche, et la dirigea vers moi, les doigts crispés, non pas comme pour m'agripper, mais plutôt comme pour m'arracher la chair qui se trouverait sur son chemin. Assez rapidement, je finis par sortir Hiryuushirô pour faire obstacle, laissant la main d'Alexander rencontrer la lame. Mais au lieu de la couper, celle-ci fut simplement bloquée. Pas de doute, l'homme que j'avais en face de moi était bel et bien celui que l'on surnommait Iron Fist, autrement dit, le Marine connu pour sa poigne de fer et la résistance hors du commun de ses mains. Poussant chacun l'un contre l'autre, je fis glisser mes deux lames le long de l'épée et de la main du Marine pour le repousser au loin, dans un mouvement ascendant, le laissant envoler quatre tables d'extérieur ainsi que deux parasols. Se relevant en époussetant son manteau, il me fixa avec toujours ce sourire amusé. Avoir à faire à quelqu'un qui lui oppose résistance semblait lui plaire autant qu'à moi.

Alors que nous nous élancions rapidement l'un vers l'autre, je fus stoppé dans ma course au moment de frapper. Juste derrière l'épaule de mon adversaire, j'eus alors une vision des plus troublantes et horrible. Asuna... La Asuna D. Mistral ! Celle morte voilà plusieurs mois pour me sauver la vie. Je ne l'aperçus que pendant une brève seconde. Son corps était vêtu d'une simple toge blanche, alors que son teint était des plus blafards. Mais pire que cette peau de cadavre, c'était son regard, écarquillé, avec des iris rouges, comme si elle portait en elle une grande colère. C'était le genre de vision à vous donner des cauchemars, même si vous ne connaissez pas la personne aperçu. Plus que tout autre chose, j'avais l'impression de la voir morte, mais néanmoins vivante, me fixant avec ses grands yeux effrayants. A peine l'ai-je aperçu qu'elle disparaît. Mais il est trop tard lorsque je reprends mes esprits. Le poing d'Alexander s'abat droit dans mon ventre sans que je ne puisse réagir, m'envoyant valser à travers le bar dans un nuage de poussière.

Alors que je gis dans les décombres et que mon adversaire s'avance, Gehennos se met en travers de sa route, se dressant devant lui en montrant ses crocs, fouettant l'air de ses trois queues. Le brave animal démontre toute l'estime qu'il a pour son maître. Secouant la tête, j'aperçois alors la scène. Pas le temps de me demander ce qu'était ma vision de tout à l'heure. Quand je vois le Marine lever son sabre vers le chien tricéphale, mon sang ne fait qu'un tour. Sans attendre une seule seconde, je me relève et me précipite pour faire opposition, me plaçant devant mon familier et stoppant l'arme du soldat avec les miennes. Il semblait plutôt content de me voir devenir sérieux, mon visage affichant une expression sévère, du moins grâce à mon regard, seule partie de mon faciès non-voilée.

Au milieu de l'affrontement, nous fûmes soudainement interrompus par un bruit qui m'était plus que familier. Il s'agissait d'un son aigu qui le devenait de plus en plus, généralement avant de faire "boom". Fixant Alexander, je lui hurlais un
"Boulet de canon ! avant de rompre le contact en reculant avec Gehennos, alors que lui faisait de même. L'instant d'après, l'endroit où nous nous tenions explosa, laissant un léger cratère. Le Marine et moi fixions l'horizon, apercevant un immense navire, encore trop loin pour que nous ne distinguions son pavillon. Avec cette fois-ci un visage énervé, l'homme me fixa pour me demander sur un ton des plus discourtois "Des amis à toi ?!" Avec une voix des plus ironiques, ma réponse ne se fit pas attendre.

- Oh oui bien sûr, je laisse toujours mes amis me tirer dessus à coup de canon ! C'est une forme de salutation très répandue chez les Révolutionnaires.

Inutile de dire qu'il se sentit un peu bête après ma remarque. C'est alors qu'une pluie de boulets s'abattirent sur le lieu de plaisance, détruisant pas mal d'attractions. Les Marines se mirent à courir dans tous les sens pour protéger les touristes. Quelques secondes plus tard, nous pouvons enfin apercevoir le pavillon du navire qui s'approche. Une tête de mort devant deux os croisés, pas de doute : nous avons des pirates pas très sympathiques venant jouer les trouble-fêtes. L'épée positionnée derrière le crâne à la verticale laisse à supposer qu'il s'agit des "Pirates Templiers", un fameux équipage ayant écumé Grand Line jusqu'à Shabondy avant de faire demi-tour, n'étant visiblement pas de taille à affronter le Shin Sekaï. Leur capitaine n'est autre que le dénommé Hohenheim Celes, primé à cent millions de Berrys. En voyant cela, la tête d'Alexander se fronce davantage. Nous nous fixons un bref instant et je lis dans son regard une certaine hésitation quant à ce qu'il convient de faire. N'attendant pas de le voir ouvrir la bouche, je prends la parole.

- On se cognera dessus autant que tu veux plus tard. Pour l'instant, je pense qu'il vaudrait mieux protéger les civils.
- Et en quoi est-ce votre problème ?! me demanda-t-il avec un air suspicieux.
- Je suis Révolutionnaire, pas meurtrier. Alors soit on unit nos efforts en mettant de côté nos divergences politiques pour sauver le plus de vie possible, soit on se tape dessus avant de se faire tuer par ces pirates. A toi de voir, la balle est dans ton camp. Mais décide-toi vite !

Je voyais bien dans les yeux du jeune homme une certaine hésitation, mais une nouvelle explosion le poussa à donner des directives à ses hommes, leur indiquant de m'oublier pour l'instant et de s'occuper de mettre les civils à l'abri. Lui faisant un signe de tête, j'enjambais Gehennos pour m'installer sur lui. Pas besoin de mots, nous comprenions qu'il nous fallait agir pendant la durée de l'offensive. A en juger la distance du navire, celle-ci durerait tout au plus dix minutes, avant que les ennemis ne débarquent. Pendant qu'Alexander filait organiser les troupes des deux bases avoisinantes, je me chargeais de venir en aide aux civils bloqués. Une fillette fut ainsi coincée au sommet de l'un des toboggans géant du parc, ses parents désespérés poussant des cris en bas. Bien entendu, un boulet avait atteint le tube de descente en son centre, laissant présager que si la fillette s'élançait, elle allait tomber d'une dizaine de mètres de haut et sans doute mourir.

Descendant de Gehennos, je demandais aux parents de reculer avant de sortir à nouveau mes deux épées. Fermant mes yeux un court instant, je donnais une multitude de coups de lames avant de les ranger dans leur fourreau respectif. Dès que le cliquetis de la garde frappant l'étui se fit entendre, le toboggan tomba littéralement en morceau. Ni une ni deux, je m'élevais dans les airs, sautant sur les débris qui tombaient pour remonter tout l'édifice en chute, et attraper la fillette au passage. Courant en la tenant dans mes bras, je finis par sauter en direction du mat où se trouvait le drapeau qui indiquait le sens du vent. Demandant à la jeune fille de s'accrocher à moi, je restais les deux pieds contre le poteau, ainsi qu'une main autour de celui-ci, avant de me mettre à le descendre en glissant dessus, comme pour une rampe de pompier. Une chance que mes mains soient gantées, car sans doute aurais-je senti une brûlure en agissant ainsi. Une fois en bas, je rendais la petite fille à ses parents en leur indiquant l'abri où rejoindre les autres.

Les boulets continuaient de pleuvoir, et plus le temps passait, plus le navire approchait et me semblait gigantesque. A n'en pas douter, l'équipage de Hohenheim devait dépasser la centaine de membres. Sans doute après l'échec du Shin Sekai avait-il décidé de faire de cet endroit sa base. Si tel était le cas, il risquait grandement d'avoir quelques ennuis imprévus en trouvant de valeureux adversaires sur cette île. Tout en me dirigeant vers le centre du parc qui servirait sans doute de champ de bataille, je croisai à nouveau Alexander qui se dirigeait également vers l'endroit convoité. Il m'expliqua rapidement qu'il avait lancé un appel à toute personne capable de combattre pour venir prêter main forte aux Marines. A côté de lui arriva une jeune femme ravissante que je reconnu sans mal, à savoir celle que l'on surnomme la "Fée Soraya". Elle me jaugea de haut en bas avec un air plutôt aguicheur tout en courant à côté de nous et en se présentant. Cependant, nous convenions tous deux qu'il était plus important de se concentrer sur la situation actuelle que sur nos personnes respectives. Aussi, une fois qu'ils m'assurèrent que tous les civils furent conduits dans les abris, nous prirent place pour nous préparer à l'affrontement. Une vingtaine de soldats d'élites apparurent derrière nous, mais de toute évidence, cela risquait d'être difficile, face à un équipage pirate qui comptait des membres par centaine. Quant aux aides demandés chez les civils, aucun d'entre eux ne s'était montré pour l'instant...


Spoiler:
    Une silhouette se promenait entre les parasols dressés fièrement ; portant lunette de soleil, maillot, tissu à la taille, getas aux pieds. Ses talons de bois claquaient au sol, alors que la belle, se déhanchant, retrouvait sa place, laissée pour récupérer une nouvelle bouteille de saké. Déjà deux de vidées, une grande coupe plate rouge le témoignant, posée sur la chaise longue. Posant le contenant, elle s'étendit, étirant ses membres réchauffés par le soleil. Elle bailla, puis sourit. Elle prenait du bon temps, qu'elle s'était permis après les récents événements. C'était la première fois qu'elle foulait le sol de Suna Land au jour (ayant affronté Zero dans un des manoirs de l'île, une nuit pluvieuse), et pour une de ces rares instants, elle tolérait tous les enfants qui criaient, couraient et se défiguraient en tombant. Les attractions marchaient à leurs summums : la joie régnait. Et Old Crow comptait bien encore un peu profiter de cette belle vie avant de fausser compagnie aux gens, ne payant pas les trois bouteilles qu'elle avait engloutie.
    Fumant sa pipe doucement, sa grande coupe plate entre les cuisses, elle repensait un peu à son fils. C'est vrai, malgré sa mauvaise humeur quotidienne et sa façade de brute, la civile ne masquait guère ses émotions quand une vague soudaine de mélancolie la prenait. Il aurait environ douze ans aujourd'hui ; c'est tout ce qui lui venait à l'esprit, et la femme préférait se retirer pour ne pas avoir à affronter ceux qu'elle côtoyait tous les jours (soit des ivrognes). Le meilleur hommage qu'elle pouvait trouver pour cet enfant mort trop tôt restait qu'elle vienne s'amuser où son fils aurait trouver son bonheur à tout coup ! Et c'est ce qu'elle faisait.
    Sa coupe à demi-pleine, elle la leva au ciel, souriant à son fils la regardant d'en-haut... À moins qu'il n'était en-bas. Elle baissa son bras, souriant vers le bitume. Non, il devait-être en haut ! Non, en bas ! Haut ! Bas !

    [...]

    Et puis merde, il était à l'horizon. Pointant de nouveau de son bras tendu paré de sa coupe rouge, elle porta le liquide sucré et divin à ses lèvres, fermant les yeux. Elle était en paix avec elle-même.
    Passant un bras derrière sa tête, elle se coucha sur sa chaise longue, son teint parfait brillant au soleil, et ses paupières se fermèrent derrière les deux verres fumés. Le sourire de son fils illumina sa dernière pensée, et la brute redevint pour l'instant d'un soupir heureux, la mère téméraire à la forte poitrine.


    Fuuuiii, le sifflement du boulet tombant du ciel. Il vint de plein fouet percuter les parasols sur la droite de la belle. L'explosion s'atténua, laissant place aux cris de civils apeurés. Rapidement, la panique prit place, faisant déplacer en masse les maillots aux couleurs multiples. Puis un second s'écrasa à sa gauche, l'explosion soufflant quelques débris, dont un vint percuter l'épaule de Old Crow. Se retournant sur le dos, elle poussa un ronflement, bras sur les yeux... Elle dormait !
    Les chaises longues s'étaient vidées, mais le corps pâle et délicieux de la femme persistait à rester écraser sur le tissu bleu confortable. Et d'autant plus que ça pétait de tout bord tout côté ! Les marines gueulaient des ordres aux subalternes pour leur indiquer les rôles à combler, aux civils pour les rassembler. Mais nul ne s'intéressait à Old Crow, qui roupillait tranquillement sur sa chaise longue, à rêver aux marmots qu'elle mit au monde dans le passé. Deux cratères repoussant les téméraires... Facilement.

    La catastrophe se produisit, alors qu'un boulet vint occulter un chaud rayon. Ce changement soudain de lumière fit ciller la belle, qui bailla en ouvrant un oeil. Paupières encore lourdes, elle releva assez la tête pour regarder des jeux d'eau s'affaisser au loin. Elle sourit. C'était rigolo (en fait, elle voyait son fils qui chassait des mouches, mais ne dîtes rien, pour sa santé mentale). Quand soudain la fragmentation souleva la chaise, son corps balayé comme un vulgaire insecte. Projetée à travers l'espace, la belle tomba tête première dans le toit de paille du petit bar d'à côté. Passant au travers, elle s'écrasa sur les bouteilles délaissées, et acheva de se réveiller. La petite étale ne résista pas et s'affaissa sur elle.
    Au loin, un marine observait, yeux ronds lorsque la brute se releva des décombres sans une égratignure. Comme le dit l'expression, plus de peur que de mal.

    Old Crow s'extirpa facilement, bottant de ses orteils nus le bout de comptoir lui obstruant la voie. Bordel, que se passait-il ? pensa-t-elle aisément. La colère qui bouillonnait en elle était instable et maintenant, réveillée de force de sa quiétude nouvelle, Old Crow exploserait au moindre petit contact. Une vraie bombe à retardement ! Bousculant plusieurs civils pour se tailler un passage, jouant du coude, elle suivit une troupe de marins tout chauds sortis de la caserne. Au trot, elle vit bien vite se qui se tramait : l'étendard pirate flottait au gré du vent. Le grand bâtiment approchait vers l'île, crachant des boulets en continuité. Il canardait une place forte des marins, les empêchant à leur tour de riposter par la bouche de leurs canons. Dangereux et organisés. Tout homme sensé n'irait pas se jeter dans la gueule du loup...
    Mais Crow n'était ni sensée, ni un homme.


    Elle délaissa sa petit troupe en tournant un coin de rue, se retrouvant un moment seule dans une ruelle. Elle en profita pour craquer ses jointures et allumer sa pipe. Il y aurait de la castagne, et elle voulait être au premier rang. Néanmoins, elle ne le serait pas sans une motivation toxique qu'elle inhalerait durant. Pompant un peu, elle recracha deux cercles de fumées, puis coinça à nouveau l'embout entre ses lèvres. Voilà qui serait bon.
    Mais en ressortant sur une artère principale débouchant au port, elle se prit le pied dans un objet non-identifié, plus communément appelé flotteur en forme de canard. Titubant quelques pas, elle se fit percuter par un groupe de trois personne, un chien, et une armada de parfaits petits soldats. Roulant, elle finit sur le cul, grognant.

    « Grnuh... Z'êtes qui bordel !?... Si y avait pas de ces maudits pirates, j'vous jure que... dit-elle pour elle-même, se relevant et repartant à la course. »

    Non mais ! Y se croient tout permis, ces idiots de marins !
      Alors que la tension montait chez les soldats ainsi que leurs dirigeants, un étrange phénomène se produisit. Toutes les appréhensions et craintes s'envolèrent grâce à l'arrivée pour le moins rocambolesque d'une femme d'âge quand même assez avancé. En sourcillant, l'air plutôt hébété, je l'observais émerger des décombres avec un air des plus mécontents. Comment un civil pouvait-il garder son calme dans ce genre de situation ? Elle n'avait pas l'air d'être apeurée par la pluie de boulets de canon, agissant comme si de rien. Voilà qui était plutôt inhabituel. J'avais toujours eu la vision de la civile apeurée qui hurle comme une pucelle que l'on tenterait de violer lorsque ce genre de situation se produisait. J'ignorais qui était cette femme, mais son calme, bien que légèrement voilé par une colère non-dissimulée, me laissait à penser que soit elle était inconsciente, soit elle avait une expérience du combat qui pourrait se montrer utile.

      Alexander se dirigea vers elle avec un air compatissant, sans doute pour aller la convaincre de se mettre à l'abri avec les autres. Levant Hiryuushirô devant lui pour lui barrer le passage tout en restant immobile. Se demandant sans doute quoi, Iron Fist me fixa d'un air assez déconcerté avant que je ne prenne la parole, m'adressant à la nouvelle arrivante avec une voix des plus posées afin de tenter de calmer le jeu. S'il était vrai qu'elle possédait une expérience au combat, elle ne serait pas de trop pour combattre à nos côtés, civile ou non.


      - Toutes nos excuses pour ce désagrément. Une bataille se prépare et nous n'avons pas vraiment le temps de jouer dans la finesse. Cependant, nous risquons de manquer de combattants. Aussi, j'aimerai humblement vous demander votre participation à l'escarmouche qui va se dérou...
      - Oh ! Reyes ! A quoi jouez-vous ?! Les civils n'ont rien à faire sur le champ de bataille ! m'interrompis Alexander avec un air mécontent ouvertement affiché sur son visage.
      - Je doute que nous ayons le luxe de jouer les fines bouches. D'ici quelques minutes, une centaine de pirates va débarquer dans ce parc avec l'intention de piller et tuer tout ce qui se trouvera à leur portée. A vingt-cinq contre cent, je ne vois pas d'autres solutions, répliquais-je avec ferveur, baissant mon sabre pour tourner mon regard vers mon interlocuteur.
      - Notre but est de protéger les civils, pas de les exposer au danger, lança le Marine avec un ton de plus en plus excédé.
      - Si nous ne sommes pas d'accord, laissons alors le choix à Mademoiselle de décider ce qu'elle veut faire avant de...

      Nouvelle interruption, mais cette fois-ci par les armes. Entendant à nouveau la sonorité aiguë typique des boulets de canon en train de chuter, je fis signe à Alexander de faire comme il l'entendait avant de resserrer l'étreinte de ma main droite sur Kurayami-Hime. La positionnant sur mon flanc gauche, cela laissait à présager un mouvement vertical assez ample. Fermant les yeux malgré l'arrivée imminente de trois boulets dans notre direction, j'essayais de me concentrer afin d'éviter de finir en steak haché. Levant alors la lame dans un mouvement horizontal, légèrement oblique, en direction des projectiles, je libérais une vague d'énergie qui partit du Kitetsu. Le Kurayami Tenshô parti à grande vitesse. Sa forme de croissant de lune rencontra les sphères métalliques avant d'exploser à leur contact dans une grande lumière noire aux reflets bordeaux, annihilant l'offensive pirate avant qu'elle n'arrive à destination.

      Les bons, la brute, le truand... et les pirates Getsugatensh02

      Le souffle fut assez important, laissant s'envoler les parasols et autres chaises longues situées non loin de là. Les Marines situées derrière moi furent tout de même assez surpris de l'attaque que je venais de lancer. Après tout, les bretteurs capables de manier l'énergie pour la projeter n'étaient pas légion. Cependant, cela eut pour effet de dissuader les forbans de continuer les assauts au canon. Sans doute s'étaient-ils dit que cela n'avait plus de sens si quelqu'un pouvait intercepter leurs attaques et les rendre nulles. Une chance pour moi, car je doutais de pouvoir tenir une cadence de tir aussi soutenue que celle d'un galion qui tire sans cesse.

      Ah... mauvaise estimation de ma part. A peine eussè-je pensé cela que les détonations reprirent. Saleté de bandits qui passent leur temps à me faire mentir. Alexander donna rapidement un ordre de dispersion, laissant la vingtaine de soldats s'éloigner les uns des autres. J'ignorais si la jeune femme rencontrée un instant plus tôt voulait se battre à nos côtés, mais si elle restait là, il y avait des chances qu'elle se fasse souffler par une explosion... ou éparpiller. Gehennos m'aboya alors dessus afin de me prévenir de l'imminence d'un assaut dans ma direction. Pas le temps de tergiverser sur qui allait faire quoi. Pour l'instant, le plus important était de sauver sa peau.

      Alors que j'allais me mettre à courir, je fus interrompu dans mon élan. Le temps sembla brusquement se figer autour de moi sans que je ne comprenne quoi que ce soit. Regardant dans toutes les directions, tout le monde restait immobile, même les boulets en suspension dans les airs. Affolé, je tournais la tête dans toutes les directions. Qu'est-ce qui se passait bon sang ! C'est alors qu'elle apparut de nouveau. Asuna était face à moi, à seulement quelques mètres. Mon corps se mit à trembler. Qu'est-ce que ça voulait dire ?! Toujours avec son teint blanc trop pâle pour être celui d'un vivant, elle me fixait de son regard écarlate. Effrayante... voilà le seul mot qui me venait à l'esprit. J'avais vu beaucoup de choses par le passé, mais pour la première fois, je me retrouvais tétanisé par la peur.

      Avant que je ne puisse réagir, elle se mit à avancer vers moi, lentement, avec peine, dans une démarche des plus... cadavériques. Je ne comprenais rien à ce qui se passait, mais cela n'était pas bon. A en voir ses yeux exorbités, elle n'avait pas l'air de me vouloir du bien. Partagé entre l'incompréhension et la peur, je n'arrivais à faire rien d'autre que trembler. Je sourcillais nerveusement, ne comprenant pas comment elle pouvait être ici, encore moins ce qu'elle avait l'intention de faire.

      Brusquement, sans que je ne m'en rende compte, les choses reprirent leur cours. Trop effrayé, je ne l'avais même pas remarqué. C'est Gehennos qui s'élança vers moi, me tirant par le manteau avec violence en m'agrippant par l'une de ses trois gueules. L'instant d'après, l'endroit où je me trouvais fut réduit à néant par un boulet qui s'écrasa juste là. Soufflés par l'explosion, le chien tricéphale et moi-même furent envoyé valdinguer à plusieurs mètres de là. J'entendis alors la voix d'Alexander, légèrement alarmé.


      - Qu'est-ce que vous faites bon sang ! Ce n'est ni le lieu ni l'endroit pour se mettre à rêver éveillé !
      - Oui je... non, ce n'est rien... répondis-je, toujours décontenancé.

      Ce n'était pas le moment de me focaliser sur des hallucinations douteuses ! Je devais reprendre mes esprits pour sauver ma vie et celle des civils restés en retrait. Cela serait grandement facilité par la cessation des attaques d'artillerie de la part des pirates. En effet, le navire qui les transportait était arrivé devant le port. D'ici peu, une nuée de forbans se déverserait dans le parc d'attraction avec pour seul objectif de tuer tout ce qui porte un uniforme, ou une arme leur opposant résistance. Bien que ce fait soit plutôt important, je n'arrivais pas à m'ôter de l'esprit ce qui s'était passé un peu plus tôt. J'aurai payé cher pour comprendre ce phénomène.

      Mais alors que je pensais toujours à cette étrange vision, nous vîmes tous plusieurs planches partant du pont du navire, s'abattre sur le sol, formant des passerelles en un nombre assez important. Sans me tourner vers Alexander et Soraya, je leur adressais quelques conseils qui, d'après ma propre évaluation de leurs capacités, ne seraient rien d'autre qu'un simple rappel. Mais dans le doute, mieux valait prévenir que guérir. Avec une voix assez forte pour que la vingtaine de soldats nous entendent également, je pris alors la parole rapidement, avant que le véritable combat ne commence.


      - Peu importe ce qui va sortir de ce navire, et en quelle quantité... si nous voulons nous en sortir, nous allons devoir rester groupés.

      Les deux Marines froncèrent les sourcils, bien conscients de l'enjeu de la bataille et de la difficulté à venir de celle-ci. Quant aux autres soldats, ils se dépêchèrent de se rassembler en un corps assez large. Je n'avais pas jeté un oeil derrière moi après avoir prononcé ma tirade, ignorant le choix qu'avait bien pu faire la jeune femme rencontré un instant plus tôt. Si elle pouvait se battre, tant mieux, sinon, le combat n'en serait que plus dur. Resserrant l'étreinte de mes mains sur la poignée de mes deux sabres, je sentais la tension monter. Mon souffle se faisait plus rapide, ainsi que les battements de mon coeur. J'ignorais totalement si j'appréhendais ou si j'avais hâte. Dans tous les cas, cela importait peu, car dans quelques instants, je serai submergé par l'instinct combattif.
        Travailler en équipe n'était pas son fort, tout simplement car elle ne combattait que pour elle-même. Jamais elle ne compatissait, jamais elle n'aidait : usant de sa force pour son plaisir et pour punir ceux qu'elle estimait comme fautifs. Malheureusement, par on ne sait quel hasard, elle se retrouvait souvent en situation ou sa mauvaise intention égocentrique finissait par porter l'aide aux gens que la brute n'appréciait point. Comme se fut le cas ici, alors qu'elle fuyait déjà le groupe lui ayant tombé dessus, lorsque le gamin encapuchonné lui demanda de se joindre à eux. S'arrêtant en ralentissant aux premiers mots du dénommé Reyes, Crow serra le poing. Elle ne voulait pas d'aide, mais surtout, ne voulait pas qu'il se mette dans son chemin, évitant ainsi les ennuis ! Elle n'avait aucun compte à régler avec les pirates arrivants, sauf qu'elle les voulait pour elle seule. Pas question d'en laisser un seul à ces marins !

        Ils allaient repartir lorsqu'un boulet fendit les cieux pour tomber droit sur eux. La belle leva son faciès vers l'explosion en boule, et serra le poing. Inconsciente comme elle est, son idée toute simple consisterait à sauter pour frapper la masse et ainsi se prendre la détonation en pleine gueule. Mais le type à l'allure de ninja fut plus rapide, envoyant une sorte de vague tranchante rouge-noire fendre le boulet... C'tait quoi, ça, encore ? Bordel, depuis quelques temps, Old Crow croisait vraiment de drôles de types... L'un qui contrôlait son ombre, lui qui tirait des lames d'airs à fendre les boulets, un autre qui se déplaçait instantanément... Il n'y a pas à dire, plus elle s'ouvrait au monde, et plus il lui tirait des trucs louches à la figure...
        Enfin, ce petit interlude permit à la civile de reprendre son rythme de charge, et tandis que ces idiots de marins restaient surpris, la belle passa sous le nuage dû à l'explosion et progressa encore un peu, laissant les autres se démerder. Le vaisseau était tout proche, et pour quelques noeuds encore, il viendrait accoster, laissant une vague (espérait-elle) puissante de bandits bondir sur Suna Land. Mais avant, la belle devait encore se prémunir des boulets, qui pleuvaient toujours sur la place. Bondissant sur le côté, elle en évita un. Retouchant à peine le sol, Crow dut plonger. Puis rouler. Le sol revolait, explosait, et le béton qui le formait percutait en petit morceau le corps à moitié nu de la belle. Ses getas claquant le sol sans arrêt, elle dansait bien grossièrement pour ne pas se faire happer par un souffle quasi-mortel. Si bien qu'elle avait arrêtée de progresser tout d'un coup, comme si les pirates pointaient la place centrale pour ainsi bien nettoyer avec l'accostage.

        Puis ça se stoppa net, et la belle put voir la silhouette gigantesque du galion occulter le soleil, des rampes tombant dans un fracas qui ne présageait rien de bon. Le sol tout crevassé, des débris ornaient le lieu. Un champ de bataille comme il était rare d'en voir. Savent pas s'battre, pensa Crow.
        Le silence régna un cours instant, tandis que la poussière tombait lentement. Crow se campa sur ses deux jambes, croisant les bras, montant sa poitrine fièrement. Air de boeuf, voilà la combattante ! Jambes fermes, bras forts, grande et puissante, c'était Old Crow ! Mâchouillant son bout de pipe, elle pensait déjà aux premières claques qu'elle donnerait aux mioches armés. Tu vois, Maman et la correction, ça fait qu'un !

        Puis les cris résonnèrent, parvenant du pont. Les pas s'entendirent, et le bateau trembla sous la marche des messieurs ayant soifs de sang et d'or. Débarquant à la volée, ils sautèrent des rampes. Ce fut le chaos dans leurs troupes, car ils s'accrochèrent les uns aux autres. Plusieurs s'écrasèrent, et ce fut un peu long avant qu'ils ne viennent à Old Crow. Mais ils parvinrent tout de même à se redresser, et filèrent vers la belle. Mais pas tous, car ils se séparèrent en deux groupes distincts, le plus gros allant vers les marins rattrapant la belle... Déjà... Merde, elle aurait les plus faibles. Car c'était bien connu, tous pensaient qu'une femme était faible !
        La première tronche de cake à se présenter portait une longue cicatrice au dessus de la lèvre supérieure. Ça lui faisait une drôle de moustache, et ça lui donnait une air rigolo plutôt que le visage d'un affreux. Mais dans son regard régnait la folie, et c'était tout dire qu'il ne faisait pas attention à sa garde, tellement il ne craignait pas celle qui se dressait devant. Alors son sabre tomba, et une paume ferme vint lui arracher une gerbe de sang nasal. Il recula en titubant, se prenant le nez, les larmes déjà aux yeux. La belle en profita pour envoyer ses orteils cueillir son menton, et le pirate revola vers l'arrière.
        À cette provocation, plusieurs mordirent, et d'un corps, tombèrent sur la belle ! Pistolet furent dégainer, sabre traçant des arcs étincelants. Cependant, Old Crow ne voulant pas se faire avoir par le nombre, glissa vers eux, et de deux doigts, appliqua le Simple Flick, nothing less, en dégommant deux de nouveaux.
        On l'entoura, prenant ses distances.

        La belle reprit une position stable, se calmant un peu. Trois étaient bien peu, et bien qu'elle savait se battre, son instinct lui indiquait de se calmer, si elle ne voulait pas finir en shish taouk pour dîner. Levant une paume devant elle, l'autre vers l'arrière, elle tenta de regarder le monde en son ensemble. Elle inspira, puis relâcha, de la boucane accompagnant. Puis, provocatrice, elle sourit. Ce fut assez pour en détacher un nouveau, qui comme le premier, vint sabre brandit. Glissant un pied vers l'arrière, elle évita son coup. Sa paume arrière fusa, venant lui asséner un coup dur dans l'estomac. Il le sentit passer ! Néanmoins, il ne décolla pas, s'agrippant à l'avant-bras de la belle. Un de ses acolytes, voyant se geste, se jeta à son tour. Sa lame mordit le dos de son compagnon. Elle envoya ensuite paître ces deux idiots.

        Un coup de fusil, deux lames mortelles, des paumes puissantes ; une rage de vaincre. Mêlant à la fois tête, épaules, genoux, orteils (yeux, nez, bouche, oreilles), la belle se dégagea du groupe. Le bras déjà éraflé, elle ne pourrait vaincre ainsi. Bien que ça ne lui tentait guère, elle agirait avec prudence. Ce serait idiot de tomber ici, contre ces pas-beaux-et-pas-rigolos. Empoignant les débris qui lui vinrent sous la main lorsqu'elle se pencha, elle se mit à les projeter. « Baka ! Baka ! Baka ! » s'enclenchant, elle projeta aussi vite que ses bras puissent le permettre. Les morceaux revolaient, plusieurs passant trois bons pieds au dessus des têtes visées. Quelques-uns réussirent à toucher, et des pirates furent sonnés. Mais malgré la défaillance incroyable de la technique, la hargne d'y mit la belle impressionna assez pour les arrêter légèrement. Elle put souffler.


        Tandis que Old Crow était occupée à lancer béton, bois, parasols, chat sur l'ennemi, un pirate plus malin que ses congénères se faufila dans le dos de la brute, et tira son pistolet. Lentement, en ricanant, il visa la nuque de la femme. Il posa doucement un doigt sur la gâchette, mouillant de sa langue ses lèvres. Il ferma un oeil, histoire de mieux voir. Il contracta sa main. Il appuya.
        Le coup vint ricocher au sol, tandis que le pirate tombait à genoux. Derrière, le surnommé Iron Fist décontractait ses doigts mortellement durs. Sourcils froncés, il n'aimait qu'on s'en prenne aux civils. Puis il leva un regard vers celle qui venait de stopper sa technique, ayant attendu la détonation. Retournée, Crow fixait d'au air mauvais celui qui l'avait aidé. De quel droit ?
        Délaissant ceux avec qui elle faisait joujou, elle s'avança lentement vers Alexander, tirant un peu sur les dernières bouffés de son si bon tabac. Un rictus malsain peignant son faciès. Elle leva une paume, qu'elle abattit contre le doigts crispés d'Alexander Iron Fist II.

        « C'quoi ton problème, à toi, Baka ? »
        « Une civile ne doit pas traîner sur les champs de bataille ! dit-il d'un ton négligent. »

        La colère monta aux joues de la femme. Quel culot !


        Sur le pont du navire des Pirates Templiers, Hohenheim Celes et Howard Alandro s'avancèrent, ayant vu sur la bagarre plus bas. Le second un peu plus en retrait, voilà qui était bon. La proue, représentant une gigantesque épée en forme de croix, pointant vers l'avant, fendant l'horizon, comme le ferait bientôt Celes avec le corps de ceux qui se distinguaient. Une femme teigneuse, se disputant présentement avec le renommé Iron Fist ; ainsi que Damien Reyes, un révolutionnaire assisté de la fée Soyara. Pour la gloire de la croix, voilà qui était bon.

          La mélodie des boulets de canon venait de cesser, et déjà à mes oreilles je pouvais entendre retentir un tout autre rythme. Alors que les pontons étaient déployés pour permettre le passage des troupes, le silence régnait. Mais intérieurement, je percevais cette musique si particulière qui se profilait dans un avenir proche. Dans quelques instants, les bruits de sabres s'entrechoquant et de coups de feu retentissant viendraient jouer une musique des plus familières pour moi. Mon pied droit tapait le rythme alors que je sentais un sentiment d'excitation me gagner. La peur ressentie par les quelques visions étranges d'il y a quelques instants s'était pratiquement envolée. Un léger bruit se fit entendre. Celui du cuir de mes gants qui se resserrait sur la poignée de mes deux sabres, n'attendant qu'une chose : que le combat commence.

          Je n'étais pas effrayé par "ces temps rapides" qu'étaient ceux d'une bataille. Bien que je sois un individu agissant généralement par raison, je savais qu'il y avait en moi cette prédisposition au combat, cet instinct combattif, cette volonté de toujours avancer et de combattre face à des ennemis de plus en plus puissants. Je pouvais presque voir l'enchevêtrement des combats passés et futurs qui traçaient ma destinée, et ce à chaque début de bataille. Cette simple idée faisait s'accélérer mon rythme cardiaque, les quelques secondes avant l'affrontement me paraissant toujours être une éternité. A la manière d'un gosse impatient devant un bon jeu qu'il vient juste de mettre dans sa console, je fixais le galion comme ce dernier regarderait l'écran. Si le gosse attend le logo de la marque de fabrique, j'attendais pour ma part l'apparition de mes adversaires.

          C'est alors qu'un grand cri s'éleva dans les airs. Il s'agissait d'un hurlement de guerre qui ne pouvait avoir cette force que si au moins une centaine de personnes le faisait simultanément. C'était un signal... celui du début de la bataille... celui du début de ce concert. Intérieurement, je me rappelais les mots que mon mentor prononçait à chaque bataille à laquelle il prenait part : Nous nous battons pour vivre, nous vivons pour nous battre. S'il savait ce que son élève était devenu, s'il pouvait voir le chemin sur lequel j'étais désormais, et la force que j'avais acquise... j'aurais aimé savoir s'il aurait put être fier de moi.

          En voyant une horde de personnes sortir en dévalant la dizaine de ponton, affluant comme des fourmis qui sortaient de leur tanière, je ne pus me retenir. Bien que j'eus donné l'ordre de rester groupé, mon corps et mon esprit demeuraient épris de combats et de sensations fortes. Je m'élançais sans prévenir qui que ce soit, m'élançant au-devant des pirates, rapidement suivi par Alexander qui ordonna aux Marines de faire de même. Ils étaient une centaine en face, nous étions un peu plus d'une vingtaine ici. Le combat serait rude, mais ô combien prometteur en adrénaline.

          Premier contact ! Je ne m'arrête pas une fois face à l'ennemi, faisant glisser ma lame d'un coup net sur le premier pirate face à moi pour continuer à courir, ne faisant pas attention à son corps qui tombe à terre. Rapidement, tout en me dépêchant de filer à vive allure, je donne un coup sec à l'horizontale à chaque fois, pour m'engouffrer de plus en plus dans les lignes adverses. J'aperçois alors la civile précédemment avertie qui est déjà bien plus loin qu'aucun d'entre nous. Cette folle se serait-elle faufilée dans l'espoir d'en abattre le plus possible ? Si tel était le cas, elle était cinglée... mais ce n'était pas pour me déplaire.

          Alors qu'elle commençait à envoyer valser pas mal d'objets dans la trogne des pirates, je vis, au milieu du tumulte, un autre forban arriver derrière elle, prêt à l'abattre. Me retournant à moitié, je lançais un
          "ALEXANDER !" qui retentit sur toute l'aire de combat dévastée par les tirs au canon. Le Marine arriva au trot, comprenant la situation une fois que je lui indiquais dans quelle direction regarder d'un simple mouvement de tête. Sans plus attendre, il s'élança dans ma direction. Le temps qu'il court jusqu'à la jeune femme, celle-ci serait morte avec une balle entre les omoplates. Une seule solution donc.

          Sautant après avoir pris un appui excessivement profond, il se dirigeait vers moi. D'un ample mouvement, je positionnais mes lames à plat sur mon flanc gauche. Le Marine atterrit sur les épées, alors que je commençais un mouvement de rotation en poussant de toutes mes forces. Un tour complet plus tard, je propulsais le soldat à toute vitesse. Celui-ci balaya tous les pirates sur son chemin en ligne droite, l'attaque combinée envoyant valser une vingtaine de bandits dans tous les sens. L'effort produit pour faire gagner quelques précieuses secondes à Iron Fist commençait déjà à me lancer dans les muscles. La chaleur atténuait la douleur de la contraction musculaire, même si cela n'aidait pas franchement.

          Constatant qu'il arriva finalement à temps, j'aperçus une ombre derrière moi. A peine le temps de me retourner, je vis un mastodonte avec un marteau de guerre plutôt imposant qui tentait de l'abattre vers moi. Croisant mes deux épées devant moi, je fis opposition au choc assez violent qui m'enfonça dans le sol, assez pour former un léger cratère de deux bons mètres de diamètres. L'onde fut assez forte pour provoquer une bourrasque. Malgré cela, je sentais que c'était maintenant au tour de mes jambes de fournir un important effort pour soutenir le poids de l'offensive qui pesait sur moi. C'est alors que Gehennos débarqua, arrachant à tout va des bras et des jambes de pirates passant à sa portée. Son pelage, solide comme l'acier, empêchait les balles de le pénétrer, alors qu'il parcourait le champ de bataille pour sauver le plus de Marines présents, conformément à l'objectif que nous nous étions fixés au début du combat.

          Le géant n'eut que le temps de tourner sa tête pour voir le chien tricéphale lui bondir dessus et le faucher au passage, la tête centrale agrippant le faciès de l'individu pour l'arracher d'un geste net avant que l'animal et sa proie ne retombent au sol. Agréablement surpris par cette intervention, je fis un signe de tête au canidé dont la tête droite se tourna vers moi pour me rendre la pareille en m'aboyant joyeusement dessus.

          Pas de temps à perdre en politesse cependant ! Je devais me mettre également à balayer le plus de pirates possibles, afin d'éviter le maximum de pertes au niveau des soldats. Ces derniers avaient suivi mon conseil, restant en groupe, se protégeant mutuellement. Leur puissance était assez grande pour soutenir l'assaut dans ces conditions, même si plusieurs d'entre eux étaient déjà tombés. Néanmoins, je ne parvenais pas à trouver leurs supérieurs. Alexander s'occupait de la civile, mais où était passé la fée Soraya ?

          En état d'alerte, je regardais le champ de bataille, tentant de faire fi de l'agitation qui régnait autour de moi. Arrivèrent alors une dizaine de pirates qui me fonçaient dessus. Pas évident de chercher quelqu'un quand on est assailli ainsi. Croisant mes bras pour positionner mes deux lames à l'horizontale, de chaque côté de ma personne, je les décroisais brusquement, en effectuant un habile mouvement de rotation des deux épées au moment crucial de l'attaque pour générer un troisième coup. Un triple pont d'énergie fila en direction des pirates, les balayant de manière nette en les envoyant valser de tous les côtés. Au final, l'attaque dut bien mettre hors course une vingtaine de forbans, avant de s'écraser contre le navire d'où ils venaient, laissant une marque on ne peut plus reconnaissable.

          Ceux d'Alexander en moins, plus ceux que je venais d'envoyer dans les bras de Morphée, ainsi que ceux déjà vaincus par le reste du groupe de Marine et de la jeune civile inconnue... les effectifs ennemis avaient bien diminué. De la centaine du début, il n'en restait dès lors qu'une quarantaine. Quant à miss Soraya, je la vis s'approcher de plus en plus de la position d'Iron Fist, ainsi que de l'endroit où apparurent le leader pirate et son second. Sans perdre un instant, je courais vers la jeune Marine, arrivant à son niveau avant de lui adresser la parole.


          - Alors, on veut garder le plat principal pour soi ? Ce n'est pas bien d'être égoïste, lançais-je sur un ton des plus amusés.
          - Tu es mignon mon garçon. Si tu n'étais pas un criminel recherché, tu aurais pu faire un très bon Marine, répliqua alors l'Officier Supérieur avec un sourire provocateur.

          Tout en frappant chacun de notre côté les quelques pirates qui nous barraient la route, nous finîmes par arriver non loin de l'endroit où se tenaient Alexander et l'inconnue qu'il protégeait. En levant les yeux vers le galion, nous vîmes arriver le capitaine pirate, son second se tenant à sa droite. Plissant les yeux pour mieux l'observer, je sentais derrière ses traits fins et son air nonchalant comme une force ravageuse. Mon instinct me soufflait clairement de rester éloigné de cet homme. Sa puissance qu'il inspirait par sa simple apparition mettait tous mes sens en alerte. Pour peu que j'ai des plumes de sorti, j'aurais sans doute eu la chair de poule.

          La quinzaine de Marines restés en retrait continuait le combat contre le tiers des effectifs pirates restant, alors que de notre côté, le champ de bataille était dégagé. La question était "jusqu'à quand", car d'ici peu, il se pouvait qu'un combat encore plus féroce ne se joue ici. Tant Hohenheim que Howard semblaient assez redoutables. Et si l'on en jugeait leur prime respective, il valait mieux ne pas les prendre à la légère. Je sentais un frisson me parcourir l'échine, et à l'heure actuelle, je n'aurais su dire s'il s'agissait de peur... ou d'excitation.
            Hohenheim apparut sur le pont, suivi de son second, Alandro. Les Templiers se retournèrent vers leurs leaders. Ils avaient eu raison de les suivre car après tout, ils étaient tous les deux très forts bien qu'incontestablement, le Capitaine possédait des muscles sans égal. Personne ne l'avait jamais battu d'ailleurs, c'était pour dire ! Enfin, tout cela c'était de mémoire d'homme car si un jour Celes avait mangé la poussière, il avait bien dû se venger depuis et son pauvre adversaire devait maintenant se ronger les doigts, six pieds sous terre. A moins que ce soit les vers de terre, au choix.

            [Le narrateur suit les faits et gestes de Hohenheim]


            Il était beau, il avait la classe, il était puissant mais surtout, il été renommé. Oui vraiment, depuis toujours le protagoniste possédait ces qualités. Depuis le berceau déjà, il avait été célèbre dans tout le village pour avoir été le bambin le plus mignon qui ait jamais vu le monde sur cette planète. Quelques combats et cicatrices plus tard, il était devenu un vrai homme et il gardait des airs de gentleman où qu'il aille. Bah oui écoutez, quand on est célèbre, il faut se donner les moyens d'être bien vu. Ouais bon aujourd'hui sa popularité allait sans doute prendre un coup étant donné qu'il allait prendre le contrôle du parc tout entier. Ensutie ce serait le tour de l'île. Cela servirait d'ailleurs sans doute à alimenter son prestige. Peut être aussi à augmenter sa prime, qui sait ?

            Sur le deck il y avait quelques personnes, dont certains en uniforme. Et une femme aussi. Wah ! C'était génial ça ! Il allait pouvoir lui faire du charme une fois qu'il aurait éliminé tous les hommes qu'il y avait à ses côtés. Mhhh... Hohenheim allait prendre pour cible ce drôle de gars aux cheveux bleus. Il émanait de lui une sorte de force non négligeable. A côté y'avait ce qui devait être une femme vu qu'elle avait une poitrine assez remarquable mais ses allures garçonnes faisaient que le Capitaine n'en avait rien à foutre d'elle. Après tout, un garçon manqué, ça n'avait aucun intérêt.

            Alandro, occupe toi de cette drôle de fille aux seins énormes.


            Celes sauta du bastingage en dégainant son sabre avant de se placer face à son adversaire.

            Tu vas jouer au jeu de la mort avec moi.


            [Le narrateur suit les faits et gestes de Alandro]


            Le second regarda son supérieur aller faire son chaud en soupirant. Vraiment, il ne changeait pas en vieillissant. C'était même encore pire qu'avant. Howard descendit tranquillement du bateau des Templiers et observa la combattante qu'avait désigné son boss. Apparemment, elle avait une force brute impressionnante, mais contre un sniper, cela était-il vraiment utile ? Alandro leva son arme fétiche, une carabine de très bonne facture, et tira en visant la tête de sa cible.


            [Hrp : Si ça convient pas, hésitez pas à le signaler ! =D]
              [Je pensais que tu posterais entre temps, pour me donner un peu d'inspi >< Désolé donc !]


              Front contre front, voilà où c'était rendu entre le beau gosse Alexander et la plantureuse Crow. Poing contre sa paume ; paume contre son poing, ils grinçaient tous deux des dents, se jetant éclairs, couteaux, cochon de lait par le regard. L'atmosphère électrisante les entourant faisait d'eux un parfait petit duo isolé, car nul pirate ne venait se mettre en eux. On les avait même délaissé quelque peu, préférant se joindre à la bagarre contre la Fée Soyara et l'Encapuchonné. Les marines eux-mêmes évitaient leur chef, voué à une colère intense pour contrer la force de Crow... Le tout avait début ainsi :

              [...]

              Une les propos d'Alexander mis bien en place, concernant la place de Crow dans cette petite escarmouche, la belle avait envoyée valsé un pirate la chargeant, histoire de se défouler un peu et de ne pas déverser son trop plein de colère contre Iron Fist. Si il y avait bien une chose que la belle détestait, c'était de se faire dire où aller et comment aller. Rapidement, elle s'était enragée, criant avec mécontentement ce qu'elle pensait de toute cette vilaine affaire.

              « C'pas un môme qui va m'dire quoi faire ! »
              « C'est soit que vous vous calmez, soit que j'vous calme ! »
              « Tu penses ?! »
              « Ouep ! »
              « Tu veux t'battre ?! »
              « Pas d'problème ! »
              « Viens alors ! »
              « OK ! »
              « OK ! »

              Il eut d'abord quelques coups et parades, mais bien vite, le couple s'était muté en cet espèce de duo comique, se fusillant à la Once upon a time in the North. Si bien qu'à rendu le front contre celui de l'autre, Crow oublia tout ce qui se passait. Il fallut un Che ! de Alexander II et sa main puissante lui baissant rapidement la tête pour qu'elle reprenne conscience !
              Se relevant, au zénith de sa colère, elle posa un regard glaciale sur le Marine. Ses traits changèrent pourtant, en voyant la blessure à l'épaule de la légende, saignant abondamment. Se retournant, elle fit face à l'ombre (et le con !) qui avait osé faire cela. Elle ne remarqua pas sur le coup que Iron Fist lui avait sauvé la peau... Et la tête !
              Elle se dégagea du Marine, plongeant contre Howard. Sautant d'abord, elle atterrit, frappant d'une paume puissante l'espace qu'avait laissé le pirate. Il était plutôt agile, le bougre. Se dirigeant vers la nouvelle position de son assaillant, elle émit une rotation sur son pied gauche, assénant un puissant coup de son pied droit. Il était bon tireur, mais était de même pour le combat du corps ?


              [c'est mauvais, je sais... T.T]
                Évidemment. Comme s'il avait pu en être autrement. Sous mon masque, j'affichais un léger rictus, constatant cette inéluctabilité : le gros poisson était encore pour ma paume. Est-ce que cela m'énervait ou me laissait un vague sentiment de lassitude ? Loin de là. A dire vrai, mon instinct combattif me faisait secrètement espérer cette issue. Il était clair que, même s'il était assez doué, Alandro ne me paraissait pas aussi dangereux qu'Hohenheim en combat singulier. Le capitaine, bien qu'ayant un léger air nonchalant, dégageait une soif de sang beaucoup plus palpable que son second. Le champ de bataille et les combats qui s'étaient alors présentés sur celui-ci m'avaient permis d'évaluer le potentiel de chacun, si ce n'était du capitaine pirate et de son bras droit, ces derniers ne s'étant pas encore battus. Il résultait de mon analyse que, bien que de nombreux éléments valeureux soient à compter dans le rang de mes "alliés de fortune", je semblais être celui disposant du potentiel combattif le plus élevé. A moins, bien entendu, que plusieurs d'entre eux ne dissimulent quelques facultés dont j'ignorerais l'existence.

                Célès s'avança sur la terre ferme pour me faire face, alors que son second se dirigeait vers la jeune civile quelque peu... énervée si j'en jugeais sa manière de combattre pour le moins brutale. De sa simple déclaration donnée avec une expression des plus amorphes et détendues, Hohenheim avait laissé l'atmosphère du champ de bataille changer du tout au tout. Nous passions de la tension et de l'activité intense aux prémices d'une tempête sans commune mesure. Le calme régnait, le bruit des combats était assez éloigné, et on sentait dans l'air que d'ici peu, ce dernier recoin de calme serait troublé par une bataille des plus intenses qui soient. A côté de moi, je voyais la jeune Marine Soraya qui, de son expérience non-négligeable, jugeait le danger un peu trop grand pour elle. Prenant les devants avant qu'elle ne commette un acte stupide, je levais mon arme sur le côté, devant elle pour faire barrière.


                - Allez soutenir les civils miss Soraya. Si un simple révolutionnaire meurt, cela vous avantagera. Mais si des innocents perdent la vie parce que vous perdez votre temps ici, votre réputation sera entachée à jamais.

                Je ne portais pas un seul regard vers la jeune femme, ne quittant pas des yeux mon adversaire. Lui comme moi savions que la jeune femme se ferait balayer en un rien de temps si jamais elle prenait part au combat. Qui plus est, je ne pouvais me risquer à la protéger et affronter Célès en même temps. A courir deux lièvres à la fois, on finit par n'en attraper aucun. Je sentais cependant que la Marine n'allait pas apprécier cet ordre indirect. Au fond d'elle-même, elle devait ravaler sa fierté afin de ne pas faire quoi que ce soit de stupide... quelque chose de difficile pour un guerrier lorsqu'il est fier. La raison semblait tout de même plus forte, car après avoir serré le poing et détourné les yeux, la jeune femme tourna les talons avec une légère exclamation de rage. Non par envers moi ou le pirate, mais envers elle-même. Je connaissais bien ce sentiment d'impuissance. Cette idée que quoi que l'on fasse, on reste un fardeau pour les autres. J'avais combattu et mis ma vie en jeu afin d'obtenir une puissance qui empêcherait cette situation de se répéter. Il était temps de voir si ces sacrifices n'avaient pas été vains. Alors que Soraya fila en direction du champ de bataille pour venir en aide à la civile combattive et son camarade Iron Fist, je m'adressais à Hohenheim sur un ton des plus sérieux, toujours dissimulé derrière mon foulard.

                - Merci de l'avoir laissée partir. Je sens que pour une fois, je suis retombé sur un pirate plutôt intègre. Battons-nous loyalement et voyons qui est le meilleur à ce jeu donc.

                Fin du temps de parole, place au temps de l'action. Me courbant légèrement en avant, je serrais d'un seul coup le pommeau de Kurayami-Hime. En un instant, je projetais un Saki extrêmement violent. Pas une lame. Pas deux ou trois. Ce fut une douzaines d'entre elles qui apparurent, plantant Célès dans le dos violemment. Une illusion de mort comme il n'en aurait plus jamais. La surprise serait-elle suffisante pour créer une ouverture exploitable ? Un seul moyen de le savoir. Hiryuushirô en main, je fis un ample mouvement de l'épée vers le haut. Et là, un croissant de lune lumineux, aveuglant, vrombissant et ouvrant le sol se libéra. Fonçant à toute allure vers Célès, l'attaque brillante était suivie de ma personne, dissimulée derrière cette lumière. Sautant en levant mes deux armes, je fonçais en direction de mon opposant. Qu'il encaisse, qu'il pare, qu'il fasse ce qu'il désire. Suite à l'attaque à distance, ce serait un corps-à-corps qui s'annoncerait à lui par mon arrivée.

                Place au déchaînement de force et de rage...
                  [Hohenheim]
                  L'offensive avait été lancé par l'adversaire du capitaine. C'était rare que ça ne soit pas à lui de débuter mais c'était appréciable, on pouvait mieux évaluer la force de la personne qui nous faisait face lorsque c'était elle qui débutait. D'ailleurs, les premiers coups avaient été assez violent et le protagoniste avait reçut une ou deux lames dans le dos. Qui parlait d'un combat loyal ? Ne jamais attaquer quelqu'un qui ne vous faisait pas face, cela faisait aussi partie des règles n'est-ce-pas ? Après avoir retiré les épines et avoir lécher le sang qui s'était rependu dessus, le réel affrontement allait pouvoir commencer. Une bonne vieille bataille au corps à corps, le domaine de prédilection de notre beau gosse. Après tout, ce type aux cheveux étranges n'était pas le seul à utiliser des lames.

                  Hohenheim sortit son sabre. C'était une très belle arme mais au delà de ça, il la maniait avec aisance et pouvait la manipuler d'une façon assez surprenante. Le bretteur sortit une chaine du pommeau et l'attacha à ton poignet puis fit tournoyer le katana en l'air alors qu'il courait vers sa cible qui n'était en fait qu'à un ou deux mètres de lui. Il pivota ensuite sur lui même et une sorte de toupie démarra, le sabre toujours bien là. Après trois ou quatre tours, le combattant s'immobilisa et lança son arme vers sa cible.

                  [Alandro]

                  Le corps à corps... ce n'était pas sa tasse de thé, le Capitaine avait toujours été plus doué pour ça mais il s'y faisait, de nombreuses heures d'entrainements avaient servies à augmenter son potentiel dans ce domaine et maintenant, le Second se débrouillait. Bien sûr, il était encore loin du niveau qu'il avait au tir ou encore de celui de Celes mais on faisait aller. Alandro reçut de plein fouet le coup de la fille aux gros seins de recula de plusieurs mètres avant qu'un mur stoppe sa course avec une violence rare. Un peu de sang sortit de sa bouche. Ça faisait mal. Elle était puissante, un vrai garçon manqué. Et merde...

                  Howard profita d'être assez loin pour sortir à nouveau ses pistolets et tirer dans la direction de son adversaire une véritable pluie de balles, sans faire attention à ce qui pouvait se passer aux alentours. Le combat se remporterait à qui était le plus doué dans son domaine, c'était l'enjeu. Le Second opta ensuite pour une bille inflammable qu'il lança. Celle ci explosa au contact du sol, faisant se propager un immense brasier. Si elle s'en sortait ce coup-là, cette fille était véritablement douée.
                    Spoiler:

                    Stoppant ma course en voyant Celes éviter mon attaque, je fus assez surpris de sa manière de faire. Ce qui me posa problème ne fut pas la façon atypique qu'il avait de jouer avec son épée en la faisant tournoyer. C'était simplement le fait que j'avais déjà expérimenté cette manière de faire il y a de cela quelques temps. S'il pensait me surprendre avec un assaut que j'avais déjà lancé jadis, il était tombé sur un os. Mais ne serait-ce qu'en tant que guerrier, je ne pouvais pas le blâmer pour cela. Après tout, lorsque vous combattez une personne pour la première fois, son curriculum vitae en matière d'expérience combattive n'est pas inscrit sur son front.

                    Au-delà de la connaissance d'exécution de l'attaque, j'avais également connaissance de la faiblesse de celle-ci. Il fallait avouer qu'elle était assez conséquente et que, qui plus est, elle risquait de coûter cher à son lanceur. C'était la raison pour laquelle je lançais cette même technique uniquement avec des armes de bas étage, et non mes précieux Meitous. En cas de souci, je pouvais toujours laisser l'arme sur place sans la récupérer. Alors que, avouons-le, je l'aurais sacrément mauvaise si je devais abandonner mes lames d'exception.

                    Restant sur place, je ne gardais en main que Kurayami-Hime, laissant Hiryuushiro dans son étui. J'allais effectivement avoir besoin d'une main libre pour ce qui suivait. C'est alors que le coup parti. Rapide, vif, et précis, comme on pouvait s'y attendre d'une supernova. Peut-être même plus rapide que je ne l'avais prévu. J'eus juste le temps de me décaler, laissant l'arme passer à côté de moi en arrachant une partie de mon manteau, causant une très brève plaie sur mon torse. Sans plus attendre, ma main libre saisi la chaîne de l'épée qui m'avait ainsi dépassée. Au-delà du fait d'attraper, il était maintenant question de frapper.

                    Tirant de toutes mes forces sur l'arme pour faire décoller son propriétaire dans les airs en le tirant vers moi, j'abattais mon épée noire devant moi, sur le côté, en tourbillonnant sur place. Le mouvement circulaire d'une rare violence produisit un véritable tourbillon avec un vent ascendant. Certes, l'exécuter avec une seule épée réduisait sa puissance, mais cela ne manquerait pas d'envoyer Hohenheim dans les airs avec une puissance et une violence qui le blesserait sans doute un peu. Après tout, le nom de cet arcane signifiait lui-même "Ascension au Paradis".


                    - Tenjoushô !

                    Prononcé avec une voix ferme et remplie de détermination, je lâchais la chaîne en sentant que celle-ci était entrainée par l'attaque, afin d'éviter d'être moi-même pris dedans. Comment Celes allait-il gérer ce coup ? Serait-il encore en état de combattre après cela ? J'étais certain que oui. Néanmoins, l'anticipation de son attaque par ma personne le surprendrait sûrement un peu. Restait à voir quelle stratégie il allait adopter suite à l'assaut qu'il venait d'encaisser.
                      Projeté dans les airs comme il venait de l'être, Hohenheim pouvait juger de la véritable force de son adversaire, de plus cette attaque avait laissé un moment de flottement non négligeable dans le combat pendant lequel le Capitaine devait se rétablir et l'autre... Ne foutait strictement rien. Chacun son délire après tout. Notre protagoniste réussi néanmoins à reprendre son sabre en main et à créer une onde tranchante avec l'air, orientée vers le ciel. Le secret de cette technique ne résidait pas que dans la rapidité du coup porté, il fallait de la force et de l'agilité mais surtout une bonne lame et suffisamment d'expérience. Au sol, Celes aurait tout à fait pu éviter le mouvement de recul mais ce n'était pas l'intérêt de l'avoir lancé dans le cas présent car les deux ondes de force s'annulèrent ce qui permit au Capitaine d'atterrir sur ses pieds sans dommage.

                      Tu t'y attendais pas hein ? lança Hohenheim.

                      Il avait dévoilé une de ses cartes, comme son adversaire juste avant, le combat n'était plus le même, il allait y avoir plus de violence.