Prémices
Tenko Sozen
"Tout a commencé il y a une semaine. Comme chaque année à cette même période, Kage Berg accueille sa fameuse Foire de la Vache. Très rapidement, certains locaux et plus rarement les cisiteurs ont commencé à développer des maux de ventres qui se sont rapidement mués en symptômes plus graves: vomissements, fièvres, convulsions. Ce qui nous a frappé, c'est la rapidité avec laquel le mal s'est répandu dans la population. À l'heure actuelle, on estime que quatre-vingt-dix pour cent de la population a été atteinte. La garnison locale, manquant d'entraînement, ou manquant simplement d'informations au sujet du risque bactériologique, a été incapable de donner une réponse appropriée aux évènements.C'est pourquoi nous avons déployé autant de moyens autour de l'île. Cette épidémie ne doit pas devenir une pandemie aux répercutions mondiales. Il aura seulement fallu une semaine au premier passant pour mourir. Imaginez si cette maladie dépasse les bornes de l'île: dans un mois, quatre-vingt-dix pour cent de ce qui vit sur ces océans pourrait avoir disparu. C'est notre tâche de nous assurer que personne ne sort de cette île avant qu'une solution n'ait été trouvée."
La voix s'interrompit, le sous-amiral prenant visiblement une pause. Aucun soldat ne broncha, les bruits maritimes deumerant seules sources sonores aux alentours. Tenko, comme ses camarades, affichait une mine grave et sombre propice aux circonstances. De toutes les missions auxquelles il avait participé, celle-là était véritablement à part. Cette fois-ci, l'ennemi à combattre n'avait aucune faiblesse aux armes dont disposait la marine. La seule chose qu'ils pouvaient faire, c'était endiguer sa progression. Et pour parvenir à ça, il fallait empêcher toute diffusion de ce qui pouvait se trouver sur l'île hors de cette dernière. Le soldat jeta un regard autour de la caravelle de la 338ème, dans laquelle il venait d'arriver de Poiscaille. La garnison avait choisi ses meilleurs hommes et les avaient déployés au plus vite selon les ordres de Niromoto, le sous-amiral qui chapotait toute la région. Petit à petit, leur navire de modeste taille s'était inséré au milieu de tout les autres, formant un large cercle autour de l'île. On avait visiblement réquisitionné toute la flotte disponible et le jeune soldat ne doutait d'ailleurs pas que certains navires avaient voyagé d'un autre océan vers celui-là. Des pontons de bois furent lancés pour qu'un ensemble uniforme permettent aux officiers de circuler selon les besoins de navires en navires. Alors que cette formalité avait été appliquée, la voie de leur supérieur à tous se fit de nouveau entendre à travers l'escargophone.
"Aujourd'hui je demande de chacun de vous un sang froid exemplaire et une abnégation presque surhumaine. Aujourd'hui plus que jamais vous êtes ces héros qui protègent le monde des malheurs qui pourraient lui tomber dessus. Alors ne perdez pas de vue notre priorité: nous assurons protection et bien-être au plus grand nombre, sans faire cas des intérêts personnels. À ceux d'entre vous qui se sentent prêt à s'engager dans plus de risques pour endiguer le problème à sa source, je vous laisse le soin de vous adressez à vos supérieurs les plus hauts-placés. Ceux-là me rejoindront dans une heure sur le Vaillant avec les hommes volontaires pour aller sur l'île. Vous pouvez disposer soldats."
Et les ordres et conversations de reprendre comme avant. Sans attendre, Tenko se dirigea vers Décro Foin comme deux de ses camarades. Le lieutenant au masque de cheval se tenait devant le bastingage, les yeux rivés sur la petite île, si tranquille en apparence. Les hommes s'approchèrent de lui silencieusement, respectant le mutisme de l'officier. Sans vraiment s'avérer loquace, il les jaugea et leur indiqua de préparer leurs affaires avant de revenir à lui. Ils chargèrent leurs sacs de tout ce dont ils pouvaient avoir besoin, se saisirent de leurs armes et rejoignirent une fois de plus vers leur supérieur. Ils se mirent en marche, usant des pontons pour traverser la mer au dessus des navires successifs pour atteindre leur destination. Ils marchèrent pendant une bonne dizaine de minutes avant d'aperçevoir enfin l'imposant cuirassé du quartier général, qui baignait juste en face du port principal de la bourgade. Près de sa coque, un voilier léger semblait affrêté pour rejoindre la terre ferme. De larges causses étaient en train d'être chargées à son bord, sous le regard attentif d'une jeune femme aux cheveux atypiquement bleus. Tenko ne s'attarda pas sur ce spectacle, tout concentré qu'il était sur le regroupement formidable d'officiers sur le navire aux dimensions démesurées. La plupart des hommes regroupés-là portaient des capes allant des simples lieutenant jusqu'aux colonels et commodores. Bien incapable de tous les connaître, le jeune homme avait pu revoir parmi eux certains des supérieurs qui chapotaient ses anciens lieux d'affectation.
Au milieu d'eux se trouvait le sous-amiral Niromoto qui observait une pile de paperasse assez conséquent posée sur un bureau qui avait été tiré sur le pont. Les soldats de Poiscaille se rangèrent parmi les autres et attendirent que le chef de guerre ne se lance de nouveau dans des explications. Pour tout dure, il attendait que tout le monde soit présent pour se lancer. Les discussions allaient bon court entre certains officier qui débattaient de ka meilleur stratégie à appliquer. Laissant traîner ses oreilles indiscrètes, Tenko ne put s'empêcher de payer attention à ces échanges qui prenaient parfois une dimension cruelle. Certains soldats commencaient à avoir l'idée de bombarder l'île à l'aide de la flotte à leur disposition afin d'éliminer automatiquement toute menace. Ils n'osaient cependant pas utiliser le terme qui désignait une telle attaque sur un lieu donné, un Buster Call. Cette mer en avait connu un, un siècle plus tôt, sur l'île d'Ohara suspectée d'allégeance à la révolution et de connaissances trop aigues en matière de ponéglyphes. On avait donc rasé l'île sans aucune forme de sommation. La rancune était forte depuis cet évènement qui fait partie de ceux qui ne s'oublient pas. Ainsi, recourir à une telle méthode relevait d'un non-sens absurde. D'autres proposaient des approches évidement plus douces, mais pas forcément brillantes pour autant. Aux yeux de Tenko, la seule manière de combattre la maladie, c'était d'emvoyer les seuls soldats capable de lutter, les médecins. Soudain, et alors que le jeune homme réfléchissait à l'éventualité d'envoyer des soignants sur l'île, le membre de l'amitauté se redressa et jeta un regard alentour sur aes subalternes.
"Bien, tout le monde est là. Nous pouvons maintenant commencer."