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Petite histoire de vengeance


Mochi ne s'était pas absenté bien longtemps de Las Camp et pourtant, la ville avait été métamorphosé. Une guerre de gang avait littéralement explosé et partout dans la ville des escarmouches improvisées venaient perturber le quotidien des habitants. Le toubib, pas franchement intéressé par l'affaire, ne s'était pas posé la question de savoir qui faisait la guerre à qui. Ce qu'il constatait en revanche c'était les tentatives désespérées de la Marine de faire régner l'ordre. Mais quelque chose de gros semblait se préparer ici et même s'il refusait de se l'avouer à lui- même, ça avait piqué sa curiosité. Ce jour-là, le binoclard avait rendez-vous avec son ami Lionel Lumard, il voulait lui dire au revoir, car il comptait une bonne fois pour toute quitter la ville. Et par la même occasion il pourrait profiter de cet entretien pour en apprendre plus sur toute cette agitation.

C'est dans la même auberge où il séjournait depuis son arrivée sur l'île qu'ils devaient se rencontrer, celle là même où quelques mois plus tôt, le Marine avait essayé d'arrêter Mochi en se basant sur de simples présomptions. Lumard, comme à son habitude arriva en retard et il était encore vêtu de son uniforme. Depuis la dernière affaire contre les Hommes-Poissons, il avait récupéré son poste et avait même pris du galon. Il s'excusa de son retard, prétextant une rixe de taverne qui était partie en sucette.

"Où est James ?" demanda t-il en premier lieu.

Bonne question. Mochi l'avait perdu de vue depuis la fin de leur dernier périple et ils ne s'étaient pas revus depuis. Quand à savoir ce qui lui était arrivé, le toubib n'en avait fichtrement aucune idée. Mais il n'était pas vraiment inquiet pour son partenaire, il était amplement capable de se défendre par lui même, aussi ne se préoccupait-il pas plus de cette affaire. Il était de toute façon à peu près certain qu'il le reverrait, ou en tout cas, qu'il entendrait parler de lui. Comme il lui répondit, ils changèrent de sujet. Le lieutenant resta néanmoins assez vague sur la cause de tout ce bordel, laissant le toubib dans l'ignorance. Peut-être, Lumard lui même n'était pas au courant de toute l'affaire. Il lui parla néanmoins d'un certain Roy D. Aston et de ses acolytes, Moria Brittania et encore un dénommé "Las gambas", qui étaient peut être à l'origine du trouble.

"Et les Hommes-poissons ? Ils ont jeté l'éponge ? Je n'ai eu aucun problème avec eux depuis mon retour" demanda le toubib, perplexe.

"Les Hommes-poissons ? Un autre problème, il semblerait qu'il y ait eu des changements en leur sein, on n'en connaît pas encore la nature exact, ni les conséquences que cela pourrait avoir, mais il semble que notre petite escapade chez eux n'ait pas eu de répercussion"
dit-il.

C'était une bonne nouvelle, ils en avaient bavé contre eux, et l'idée d'avoir à les affronter maintenant n'était pas vraiment engageante. Il se rappelait encore, quand quelques semaines plus tôt, ils avaient tenté, lui et James de refourguer une poignée de diamants qu'ils avaient chapardé à un pirate. Une fois sur Las camp, ils avaient cherché à les revendre mais étaient tombés sur une bande d'homme-poisson mal famé qui avaient voulu les arnaquer. Aidé par son ami Lucien Lumard, Mochi et James, bien que bredouille, avaient réussi à s'enfuir.

"En revanche Bartolomeo Rina a survécu"

"Qui ?"

"Tu sais, ce gars qui travaillait pour les Hommes-poissons"

"Ahh ce type là ?" dit instinctivement le toubib, se remémorant la scène où ce malade mental, dans un moment de pure folie, s'amusait à découper, à grand renfort de cisaille, ceux qui avaient été ses alliés. A cette vision, il fut parcouru d'un frisson qui alla jusqu'à traverser son boulon.

"Et j'ai entendu dire qu'il voulait se venger"

"Merde"

"Il en a principalement après Blackburn, mais mieux vaut l'éviter si tu veux mon avis"


Mochi était on ne peut plus d'accord. Ce mec lui foutait les jetons et s'il pouvait s'esquiver, il ne s'en priverait pas. Une fois l'entretien terminé, les deux amis se dirent au revoir. C'était peut-être un adieu, mais Lionel, paranoïaque, persista en rappelant au médecin qu'il serait celui qui viendrait l'arrêter le jour où il aurait une prime sur la tête. Puis ils se quittèrent et Mochi eut l'étrange sentiment que cette séparation serait bien plus courte qu'escompté et qu'ils se retrouveraient bientôt. Ne sachant expliquer se sentiment, il se décida à ne plus y penser et monta dans sa chambre pour faire, une dernière fois son paquetage et quitter définitivement cette île de fou.


Dernière édition par Mochi le Lun 24 Avr 2017, 17:34, édité 2 fois
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A peine entra t-il dans sa piaule qu'un gars lui tomba dessus. Littéralement. Alors qu'il s'était, par une technique tout à fait inconnu et très mal maîtrisé, cramponné là haut, à la moindre secousse, occasionnée par le claquement de porte, il lâcha prise et s'étala sur le pauvre docteur. Toujours au sol, le toubib sentait le poids de son agresseur sur son dos et pourtant, quand il rouvrit les yeux, il aperçut une paire de pied juste devant sa tête, chaussé de bottes montantes. Soulevant son regard, Mochi découvrit un jeune homme de grande stature, dont la longue chevelure bleu retombait sur de larges épaules.

"On le tient ! On le tient ! Relève toi abruti, qu'on le ligote !" beugla t-il faisant remuer les traits sévère de son visage.

"Roger !" dit celui qui avait fait office de piège.

Aussitôt dit, aussitôt fait, l'homme-avalanche qui lui était tombé dessus se releva d'une traite et la seconde suivante, le binoclard était ligoté. Aussi découvrit-il le second de ses ravisseurs. Plus petit que son compagnon, il avait une chevelure blonde toute ébouriffée, prolongée en une grosse barbe tout aussi peu soignée, lui donnant d'ailleurs, des allures de Lion. Mais son air pataud qui décrédibilisait le tout, venait totalement ruiner le tableau. En tout cas ils semblaient fiers d'avoir mis Mochi aux arrêts, Mochi qui ne comprenait pas franchement ce qui lui arrivait et dont une seule question taraudait l'esprit.

"Mais vous êtes qui ?"

Les deux jeunes gens devinrent les plus sérieux du monde en prenant des poses tout à fait absurde, qui était pourtant censé leur donner un certain style. Quand ils eurent finit leur petit numéro et constatant qu'ils n'avaient pas gagné en crédibilité malgré leur enchaînement, le grand bleu prit la parole.

"Tu n'as pas besoin de le savoir, on va juste te ramener à notre patron, t'as des comptes à lui rendre !"


"Qui ça ?"

"Tu verras bien"


"Ca va tu peux me le dire, déjà que je me suis fait avoir en beauté par deux gars aussi doué que vous" dit-il sans grande conviction, dans le but avoué de flatter les deux bonhommes.

"Rina Bartolomeo" dit-il avec intensité, ravi de pouvoir jouer la comédie encore un peu avant de reprendre "Tu l'avais pas vu venir hein ?" Ruinant ainsi tous les efforts de coolitude qu'il avait tenté de rassembler jusque là.

Mochi fut assez déconcerté par la facilité qu'il avait eu à le faire parler. Mais plus encore par la vitesse de réaction de Bartolomeo. Il avait à peine passé une journée en ville qu'il lui mettait déjà le grappin dessus. Et Las Camp n'était pas n'importe quelle ville, avec toutes ses rues et ses endroits secrets, c'était la ville idéale pour se cacher. Mais Bartolomeo avait grandi sur l'île et y était plus à l'aise que le bigleux. Heureusement, il ne savait pas choisir ses sbires. Les deux idiots qu'il avait en face de lui n'était même pas foutu de faire un noeud correct et Mochi sans grands efforts était déjà à deux doigts de se délivrer.

"Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?" demanda le lion qui visiblement ne semblait pas être le plus futé des deux. Et il y avait dans cette constatation de quoi avoir sacrément peur.

"Comment ça qu'est ce qu'on fait ? On le ramène au patron bien sûr !"

Mais quand ils s'apprêtèrent à attraper le toubib, ce dernier était déjà libre. Remarquant l'affaire, les deux compères reculèrent en un mouvement rapide et en un cri d'effroi. Se frottant les mains, le médecin, ravi de son petit tour, fondit en un instant sur ses adversaires et les mis hors combat avec une facilité déconcertante avant même qu'ils n'aient pu voir quoi que ce soit, leur assénant à chacun un petit coup bien placé dans la nuque. Après quoi, inversant les rôles, il ligota les deux énergumènes. Et comme, lui, savait faire de vrais noeuds, il était certain qu'ils ne seraient pas à même de s'en dépêtrer.
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Alors que le toubib pensait laisser là les deux gus et déguerpir, il ne put s'empêcher de rester. Son adversaire avait mis tant d'effort pour le retrouver, il s'en voulait quelque peu de l'abandonner sans mots dire. Et puis s'il foutait le camp comme ça et en l'absence de James, c'est sur Lionel que Bartolomeo finirait par tomber et le marine ne ferait pas le poids face au cisailleur. En outre, depuis son dernier séjour sur l'île, le binoclard avait largement amélioré ses compétences et il se demandait désormais s'il était en mesure d'affronter Bartolomeo à arme égale. Et cette question torturait son esprit et comme il ne voulait avoir aucun regret, il se décida à le rencontrer une nouvelle fois, curieux de voir où il en était aujourd'hui.

Après être allé chiner un sceau rempli d'eau froide à l'arrière de la taverne, le docteur revint dans sa chambre où il vida l'intégralité du récipient sur la tête de ses prisonniers qui, se mirent à hurler comme des dingues, devant le toubib  qui les lorgnaient d'un air légèrement condescendant. Finalement, ils cessèrent de brailler et se tournèrent vers le toubib.

"Non mais ça va pas ? Ca se fait pas sérieux ..."
dit le grand bleu, les larmes aux yeux.

"Où est-ce que se cache Bartolomeo ?"

"Tu crois qu'on va te le dire"
hurla le Lion qui, jusque là ne s'était jamais adressé directement au toubib.

"Pourquoi pas ? Vous comptiez me mener à lui de toute façon ?"


"Ouais mais là c'est pas pareil !"


"Pourquoi ?"


"On t'aurait mené à lui, mais là on est attaché ! Ca veut dire que tu veux nous faire parler ! Et dans la bande, on poucave pas"


De la paume de la main, Mochi tapa son front. A cause de son raisonnement à la mord-moi-le-noeud, il ne pourrait pas retrouver Bartolomeo qui pourtant le recherchait ... Absurde.

"Et si je vous libère ? Comme ça on est bon ?"

"Non ! Ca marche pas comme ça !!!"

Cette argumentation proche du néant avait au moins eu le mérite de mettre le bigleux hors de lui. Contrarié, son visage se mit à convulser et à se déformer devant le regard horrifié des prisonniers.

"Ton visage bordel ! C'est flippant !" crièrent-ils d'une seule voix.

Le toubib n'avait plus le choix, il n'avait pas envie de s'en prendre physiquement à ces deux incapables, mais il allait devoir s'y mettre, espérant sincèrement qu'un l'un d'entre eux parlerait avant qu'il n'ait fait trop de dégâts. Attrapant le grand au cheveux bleu, il le détacha, le choppa par le col et approcha son visage du siens, d'un air menaçant. Au vu de sa réaction, il avait bon espoir que le plan fonctionne.

"Qu'est ce que tu fou" cria t-il apeuré.

Amusé par sa réaction, le toubib changea de plan, décidant de les effrayer encore plus. Car sous la terreur et la peur de mourir, peut-être seraient-ils plus loquace.

"Je vais te tuer"

"Mais pourquoi ?!"

"Comme ça, ton pote parlera !"


"Non non, tues-le en premier"

Abasourdi, Mochi lâcha sa proie qui s'étala par terre. Il le regarda incrédule. Ils avaient pourtant l'air d'être bons amis et si le boulonné n'avait pas énormément d'estime pour ses prisonniers, il les pensait suffisamment fidèle pour ne pas arriver à ce genre de bassesse.

"Hein ?"

"Il est plus courageux que moi ! Il ne parlera pas, même si tu me tues, alors que si tu le tues lui, moi je parlerais ! Je suis moins courageux que lui tu comprends."

"Quoi ! Tu veux me sacrifier pour TE faire parler ?!" Cria l'autre.

S'il était vrai, le raisonnement se tenait, mais Mochi était surtout épuisé d'avoir à faire à ces deux subalterne. Ils en étaient arrivé à le démotiver. Comme il ne voulait tuer personne, il était à deux doigts d'abandonner son projet. Et comme ils constatèrent le désarroi du médecin, ses assaillants se mirent à rigoler.

"C'est bon on va t-y conduire ! De toute façon le boss veut t'affronter à la loyale"


Il n'en revenait pas, depuis le début, ils le faisaient marcher et cet andouille de Mochi était tombé pile dans le panneau, jouant leur jeu. Alors qu'il pensait mener la danse, c'est eux qui s'amusait de lui depuis le début. En tout cas depuis qu'ils étaient attachés. Car le toubib n'en doutait pas une seule seconde, l'échec initial de leur plan n'avait pas été prévu et ils étaient vraiment à fond lors de leur tentative d'enlèvement. Mais ils s'étaient joués des évènements et rigolaient des situations les plus dangereuses. A moins qu'ils ne soient juste purement idiot. Hypothèse qui restait à envisager, mais le toubib, semblait opter pour la première. Aussi Mochi changea d'opinion sur eux. S'ils étaient probablement deux débiles finis, ils en avaient sûrement plus dans le ventre que ce que le toubib avait initialement cru.

Mais tout cela ne changeait pas grand-chose à l'affaire et cette fois, comme ils promirent de le mener à Bartolomeo, le binoclard les détacha. Comme convenu, ils ne tentèrent rien et le guidèrent jusqu'à la "demeure" du cisailleur. Et pour cela, il devait retourner dans le quartier de Last End. Après une trentaine de minute de marche, ils arrivèrent ensemble devant un bâtiment désaffecté, probablement un entrepôt qui avait jadis servi à stocker tout un tas de contrebande. Mais ça devait faire un bon bout de temps que personne n'y avait foutu les pieds. Et aujourd'hui l'endroit servait de repaire à Bartolomeo et sa clique.


Dernière édition par Mochi le Lun 24 Avr 2017, 17:26, édité 1 fois
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Ensemble, comme pour prouver qu'il n'y avait là aucun piège ou subterfuge du genre, ils pénétrèrent dans le bâtiment. L'intérieur était totalement vide de tout meuble, seul quelques décombres du bâtiment lui même se trouvaient éparpillés dans la salle, accentuant le côté désolé du lieu. A la grande surprise du toubib, Bartolomeo était seul, assis dans un halo de lumière, trônant sur un énorme tas de débris qui était probablement un morceau écroulé du toit. Alors que Mochi pensait avoir à faire à toute une bande, son adversaire était seul, en omettant bien sûr ses deux prisonniers. Quand il les aperçut, Bartolomeo, toujours accompagné de sa cisaille se leva et bondit en direction du médecin.

Comme il s'approchait, le toubib découvrit un visage ternit par la fatigue. Il était maussade, le teint pâle, livide et ses joues avaient été creusés par les affres de la fatigue. Son visage qui autrefois symbolisait à lui seule toute la violence de Las Camp ne pouvait plus aujourd'hui effrayer qui que ce soit, à part peut-être un psy qui en voyant cet air lugubre se dirait qu'il allait avoir du pain sur la planche. Ses vêtements, bien trop ample, retombaient lourdement sur son corps, donnant l'impression étrange et dérangeante qu'il n'y avait pas de chair au-dessous. Et pourtant il semblait à Mochi que ces vêtements étaient les mêmes qu'ils portaient la fois d'avant. Les vêtements n'étaient donc pas le problème. Le problème, c'était le corps -que l'on devinait aisément malingre- de Bartolomeo. Il n'était plus que l'ombre de lui-même et Mochi regrettait même d'être venu. Lui qui voulait l'affronter dans le seul but de s'éprouver, se retrouvait en présence d'un adversaire chétif qu'il pouvait terrasser d'un souffle.

"Où est ton acolyte ?"

"Tu devras te contenter de moi aujourd'hui"


Comme il semblait ne pas être satisfait de l'absence de James, le binoclard n'ajouta rien et il n'avait rien à ajouter, tant le spectacle lui semblait pitoyable. Mais en honneur à l'homme fort qu'avait été celui qui se trouvait en face de lui, il ne pipa mot. Seulement, Bartolomeo qui paraissait deviner les sentiments du toubib ne l'entendait pas de cette oreille. Humilié par la suffisance de celui qui lui faisait face, il prit les devant.

"J'ai failli mourir la dernière fois, j'ai failli, mais j'ai survécu, sortant vainqueur de ce combat contre les Hommes-poissons. Mais j'ai tout perdu. Mon supérieur, le seul Homme-poisson, que dis-je le seul être vivant à jamais m'avoir estimé est mort, les autres poissons m'ont totalement renié. J'avais passé ma vie à me construire un avenir et vous ... vous ..."

Il ne parvint pas à terminer sa phrase, mais Mochi pouvait la deviner et il discernait surtout la rancoeur qu'il pouvait avoir. Il en était venu à prendre son adversaire en pitié, alors qu'il l'avait détesté. Il n'avait même plus envie de l'affronter tant ce combat lui semblait inutile, insensé. Mais encore une fois, Rina Bartolomeo ne semblait pas voir les choses sous le même angle.

"J'aurais préféré que ce soit l'autre, mais je me contenterai de toi ... Je n'ai plus de haine contre vous, Oh j'ai rêvé votre mort, j'ai rêvé de vous attraper, de vous torturer, de vous détruire ! Si tu savais combien de nuit j'ai passé, loin dans mes délires fiévreux, car c'est la folie qui ma rongé pour faire de moi celui que tu vois sous tes yeux... Mais c'est terminé. Aujourd'hui, je veux un ultime combat, aujourd'hui, je mourrais de tes mains. Et si je te tues, alors je chercherais les autres et je meurs aujourd'hui, alors qu'il en soit ainsi."


"Quoi ?!" crièrent d'une seule voix ses deux acolytes.

Prenant le médecin de court, il fonça vers lui, cisaille en main donnant un coup circulaire, comme s'il venait couper le visage du boulonné en deux. Bien qu'il fut surpris par la vigueur dont jouissait encore Bartolomeo, il lui était largement supérieur en terme de vitesse et il esquiva le coup, basculant son corps vers l'arrière. La lame de la cisaille néanmoins, frôla le visage du toubib et allant jusqu'à trancher l'une de ses mèches blanches. Alors que Barteolomeo semblait déjà essoufflé, Mochi roula en arrière afin de s'éloigner du brigand et de son infernal outil.

Il ne savait pas vraiment quoi faire, il avait envie de lui crier de cesser ce combat stérile dont l'issus semblait pour tous, évidente. Néanmoins, il savait que Bartolomeo ne l'écouterait pas une seule seconde. Et puis, c'était son honneur de guerrier qui avait été mis en jeu. Non, il ne parviendrait pas à le raisonner et, de toute manière, il s'y refuserait probablement.

A peine le toubib fut-il relevé que la cisaille vînt une fois de plus le forcer à esquiver. Devant tant de détermination, Mochi se décida à honorer son adversaire. Gonflant le torse, il passa pour la première fois à l'attaque, fonçant sur l'ennemi et visant son plexus solaire. Ce dernier qui voyait le coup venir, dans élan ultime tenta de trancher le poing du binoclard. Mais il était bien trop affaibli et il ne pouvait rivaliser en vitesse avec son adversaire, aussi fut-il touché en premier et sous la puissance du coup fut propulsé à quelques mètres de là.

Mochi avait frappé comme s'il avait eu un adversaire au top de sa forme. Et pourtant Bartolomeo se releva. Ce n'était probablement pas sa constitution affaiblit qui lui permettait un tel exploit, mais c'était sa volonté seule qui le poussait à réaliser l'impossible.

"Alors c'est ça einh ? La supériorité de l'esprit sur la matière" chuchota le médecin.

Comme Mochi fit un premier pas vers Bartolomeo, le grand bleu et la tête de Lion s'interposèrent, se jetant devant lui, les yeux en larmes. Surpris, le médecin s'immobilisa, prêt à riposter en cas d'attaque. Mais ce n'était pas de ça qu'il s'agissait, les deux Hommes s'inclinèrent, front au sol devant le binoclard.

"Je vous en supplie" implora le premier.

"Ne le tuez pas !!!" gémit le second.

Décidemment, avec ces deux là, le boulonné allait de surprises en surprises et plus il les côtoyait, plus il les trouvait intéressant. Bien entendu, il était prêt à se soumettre à cette réclamation, mais l'ennemi, lui ne voulait toujours rien entendre.

"Vous ... Espèces de minable !!! Foutez moi le camps !!!" et comme il criait il se mit à cracher du sang en quantité.

"Vous ne comprenez pas ! Tous les trois ... On a grandi ensemble ! On était toujours ensemble ... Avant qu'il ne rejoigne les Hommes-poissons ! Il était différent, il souriait plus souvent, il avait des rêves ! La seule chose que l'on veut c'est retrouver notre ami." dit l'homme à la tête de lion ignorant les cris du moribond.

"S'il vous plaît !"

Touché par l'histoire, Mochi mit les mains dans ses poches comme pour signaler qu'il abandonnait le combat. Ce qui déplut fortement à son ennemi qui, ignorant les suppliques de ses amis, se mit à marcher, résolu, vers le docteur. Mais il se déplaçait difficilement, le dernier coups avait été trop fort pour lui. Aussi il s'écroula avant d'arriver jusqu'à lui. Et derrière, ses amis, hébétés ne savaient pas non plus quoi faire.

Alors qu'il tentait, une fois de plus de se relever, Mochi vînt frapper l'homme à la nuque. Et il s'évanouit, mais il n'était pas mort, le toubib avait ajusté son coup afin d'occasionner le moins de dégâts possible. C'était la seule option qui s'offrait à lui, du moins s'il ne voulait pas faire de mort. Une décision qu'il prit d'instinct. Mais son cerveau lui, émettait quelques doutes. Etait-il vraiment judicieux de laisser un Homme aussi dangereux en vie ? Qu'importe, il ne pouvait de toute manière se résoudre à abattre un homme ainsi affaiblit. Le grand bleu et la tête de lion qui avaient tous compris se jetèrent aux pieds du doc'.

"Merci ! Merci !" criaient-ils en pleurant.

"Ca va, ca va ... Arrêtez ..."
répondit le médecin à la fois gêné et touché de voir ces gens là se battre becs et ongles pour sauver leur ami.

Et se retournant, il disparut, sans se soucier de savoir si cet acte de clémence se retournerait un jour contre lui ou contre l'un de ses compagnons.
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