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Mercenaires, pirates et fanatiques

- Cartel Capital, le groupe de contrebandier ? demanda distraitement Angie Gregson.

Présentement dans l'appartement de cette dernière, Roy préparait son armement tandis que la trentenaire lisait un livre, conversant distraitement avec lui en même temps. Professeur et amie de longue date du jeune homme, Angie était une belle femme à la flamboyante chevelure rousse. Habillée d'une robe verte à poix blanc, elle feuilletait son bouquin sur la table de la salle à manger.

 - Oui, acquiesça Roy, ils ont mis la main sur un important convoi de l'IHAS il y a quelques mois. On va aller le récupérer.

 - Hmm, répondit simplement la belle femme en hochant la tête.

Ce manque d'intérêt de la part de son amie surprit le jeune homme. L'IHAS, l'Institut d’Histoire et d’Archéologie des Sables, était l'organisme qui finançait les recherches d'Angie, son patron en quelque sorte, et il s'était fait voler une collection de reliques anciennes. Destinée à être étudiée, cette collection avait été acheminée depuis le désert en vue d'être étudiée par l'institut, avant de se faire intercepter par le cartel et de disparaître de la circulation. L'historienne devait en avoir entendu parler et pourtant elle ne semblait pas se sentir concernée.

Cela dit, il était vrai qu'elle n'avait jamais montré d'intérêts particuliers pour les babioles et reliques de l'ancienne civilisation Danderienne. C'était étrange somme toute. Encore à ce jour, Roy n'avait pas une idée claire de ce que recherchait l'historienne sur cette île désertique.

 - Ça fait des semaines que Krid est sur les dents avec cette histoire, continua le jeune homme. Apparemment ils ont enfin retrouvé la trace du convoi. Je ne connais pas tous les détails après...

Krid Chawki était le chef officieux d'EL Beïda, la tribu du désert, ainsi que le patron et mentor de Roy. Sa faction vivant du tourisme, le leader bédouin ne voyait pas d'un bon œil les agissements du Cartel Capital, qui empiétait sur les recherches archéologiques et donnait une mauvaise image d'Hinu Town à l'étranger. Aussi, allié avec la marine, il aidait cette dernière en pourchassant activement les membres du cartel avec ses hommes.

 - C'est l'opération de l'année en tout cas, conclut le jeune bédouin, hors de question que je rate ça.

 - Je ne comprends toujours pas pourquoi tu tiens tant à faire ce genre de boulot ingrat, lâcha tranquillement Angie en changeant de position sur son siège, surtout quand je suis là pour t'entretenir.

Garde du corps personnel de son amie, Roy recevait un salaire mensuel pour ses services. L'historienne aimait également couvrir sa pupille de cadeaux en tous genres, agrémentant ces derniers par des cours et leçons sur des sujets aussi divers que variés. Techniquement elle avait raison, il n'avait pas besoin d'aller risquer sa vie pour la paye misérable d'un bédouin.

 - Oh mais ce n'est pas pour l'argent que je fais ça, clarifia le jeune homme. Je suis en train de rouiller à passer mes journées ici à étudier et m'amuser avec toi, il me faut un peu d'action.

Car Roy aimait se battre. C'était son péché mignon en quelque sorte, mais il appréciait toujours un beau combat. La perspective de tester ses limites et de constater sa montée en puissance l'enchantait tout particulièrement.

Plus loin, Angie ne réagit pas. Pieds nus, elle était assise n'importe comment et continuait de lire sans se soucier de son élève. Tandis qu'elle changeait une fois de plus de position en frétillant des orteilles, une mèche de cheveux tomba sur son visage et elle ne chercha pas à la replacer.

 - Et puis je ne suis pas un enfant non plus, grogna Roy, ennuyé, je n'ai pas besoin que tu "m'entretiennes".

Relevant enfin ses beaux yeux verts de sa lecture, la femme croisa le regard bougon du jeune homme. Appuyant lascivement sa tête sur l'une de ses mains, l'historienne lui fit un clin d’œil avant de revenir à son ouvrage.

Grinçant des dents, le garde du corps se concentra sur sa tâche en cours. Remontant patiemment son précieux pistolet à silex, qu'il avait précédemment démonté afin d'être nettoyé, Roy travaillait méthodiquement. À intervalles réguliers, un clic métallique retentissait dans la salle, signe qu'une pièce de l'arme avait retrouvé sa place.

 - Tu es obligé de faire autant de bruit Roy ? lâcha finalement Angie, indisposée par le manège du jeune homme.

 - Hé, j'entretiens ton cadeau, rétorqua ce dernier.

Terminant enfin sa besogne, il attrapa sa ceinture, posée sur le plan de travail devant lui, et y accrocha le pistolet. Récupérant son sabre de bédouin juste à côté, il le rangea dans son fourreau et accrocha ce dernier au morceau de cuir, avant de se relever et de boucler l'attirail sur ses hanches. Plaçant ses mains sur les manches de ses deux armes, il appuya dessus et fit jouer l'ensemble, vérifiant que tout tenait bien en place.

Se relevant, il prit une grande inspiration et s'étira un bon coup. Faisant jouer ses muscles, il s'assura que tout fonctionnait parfaitement. Son corps était près, sous tension. Il anticipait déjà l'escarmouche à venir et le beau combat qu'il allait assurément livrer.

Reportant son attention sur son amie, il croisa furtivement son regard tandis que l'historienne revenait à son bouquin. Prêt à partir, Roy tergiversait néanmoins, se demandant s'il avait bien réglé tout ce qu'il avait à faire.

 - C'est l'affaire de quelques jours, tu pourras te débrouiller toute seule ? voulut-il s'assurer.

 - Hmm..., répondit Angie en acquiesçant distraitement.

Haussant les épaules, le mercenaire claqua des talons et s'apprêta à sortir de la pièce.

 - Hé une minute, l'arrêta immédiatement Angie, tu n'as pas oublié quelque chose ? Viens par ici.

Levant les yeux au ciel, Roy s'arrêta et se retourna vers son amie. Voyant que le jeune homme rechignait à obtempérer, la femme lui intima d'approcher d'un geste du doigt. Avec un soupir, il céda et avança vers sa bienfaitrice.

Arrivant à son niveau, elle lui attrapa la nuque et le força à se pencher. Se redressant sur son siège, l'historienne déposa un baiser sur le sommet de son crâne.

 - Fais attention, ordonna-t-elle.

 - Toujours.

Sortant de la maison, Roy débarqua dans les rues familières d'Attalia, la ville portuaire d'Hinu Town.


Dernière édition par Roy D. Aston le Sam 21 Mar 2020 - 16:50, édité 3 fois
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-Qu'est ce qu'on branle sur cette île de merde?

C'était la principale question que l'équipage posait à la capitaine. Après avoir mit Las Camp à feu et à sang voilà que l'Armure avait décidé de remplir un contrat de plus sur Hinu Town. Il fallait dire que sa notoriété venait littéralement d'exploser. Sa tête était mise à prix, et tout West Blue serait bientôt au courant de ses actes. Alors il ne fallait pas s'attarder ici, mais l'appât du gain et les conseils de Red lui avaient montés à la tête. L'Armure voyait ici un moyen de relier Hinu Town à Las Camp, et assurément un moyen plus facile de monter en grade que de taper sur les Triades de Las Camp. Alors elle avait largement cédée à l'appât du gain. Parce que la piraterie venait de lui ouvrir ses portes, parce que comme les jeux d'argents on recommence à jouer tout de suite après avoir gagné ne serait-ce qu'un infime bénéfice.

Alors par l'intermédiaire du parrain local, et de son organisation le Cartel Capital elle avait eu l'occasion de briller une nouvelle fois. Une simple cargaison à escorter pour obtenir la bénédiction du vieil homme de s'installer sur l'île. Avec l'impression qu'on ne la prenait pas réellement au sérieux. Bien sur c'était compréhensible mais elle ne pouvait s'empêcher d'avoir un goût amère en bouche, la sensation que même après avoir éradiqué une organisation criminelle entière ce n'était pas suffisant, pas suffisant pour qu'au moins quelqu'un en contact avec Red ne lui donne une autre mission. Elle excellait dans les combats, pas dans la prise en charge de marchandise. Pirate pas homme de mains, toute la différence était là. Elle devait courber l'échine devant le vieillard et son organisation, c'était son seul contact hors de question de tout faire foirer donc.

Haussant les épaules et jetant un regard à ses hommes elle alluma une cigarette. Posant la clope dans la fente de son casque au niveau de sa bouche, et tirant dessus elle chercha du regard l'itinéraire indiqué par le Cartel Capital. Ils étaient dans le désert et les pirates devaient arriver jusqu'à une ville. Le pire étant la chaleur, Izumi avait l'impression de bouillir dans son Armure. Mais elle ne montrait rien comme à son habitude, hors de question de quitter cette coquille qui la protégeait du monde externe. Elle était dans son propre univers, cachée sous ces plaques de métaux dans une enveloppe forgée par ses soins.

-On va faire simple, je suis la première à ne pas être ravie de protéger des anciennes merdes. Mais c'bien payé, pis un peu de randonné dans un désert ne fait de mal à personne hein?

Sur cette miteuse phrase d'introduction à ce qui allait être un voyage bien long, l'équipage se mit en route. Ils étaient tous au courant du problème majeur de cette expédition. Les fuites, selon les sources de l'Armure des problèmes ils en auraient. Le soleil, la tension ambiante et surtout la certitude d'avoir des ennuies. Certains n'arriveraient pas à bon port, mais chez les pirates une mort d'un camarade n'était pas synonyme de tristesse. Non la mort de chacun signifiait une attribution des gains plus généreuses. Ils ne se battraient pas pour leurs camarades, ils se battraient pour eux même. Pour l'or, parce que l'or dirigeait ce monde.

Et qu'Izumi comptait bien en avoir autant que possible.
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Placé en embuscade dans un quartier vide d'Attalia, Roy patientait en hauteur dans un appartement délabré. En pleine discussion avec le lieutenant en charge de l'opération, le jeune homme se renseignait sur l'avancement de cette dernière.

 - Alors, ça en est où ? demandait-il en ignorant les regards irrités que lui jetaient les autres militaires.

Les bédouins traitaient les étrangers avec arrogance et dédain, se sentant supérieur à tous ceux qui n'étaient pas nés dans l'environnement hostile du désert. Les militaires le leur rendaient bien cependant, considérant les mercenaires comme des sauvages inéduqués incapables de travail d'équipe. Bien que cette rivalité entre les deux camps donnait lieu à des tensions, la longue histoire de collaboration entre le GM et El Beïda leur permettait de coopérer avec une relative efficacité. Aussi Roy ignorait-il leur hostilité, laissant le soin à leur lieutenant de montrer l'exemple en lui répondant civilement.

 - C'est bon, ils ont été repéré dès leur entrée dans la ville, lui répondit ce dernier. On a bloqué certaines entrées et rues pour les guider dans la bonne direction. Ils arriveront bientôt dans ce quartier abandonné, ça limitera les risques pour la population.

Hochant la tête, le jeune homme s'en retourna vers ses compagnons mercenaires qui l'attendaient un peu plus loin, tout en réfléchissant aux paroles de son employeur.

Désert, ce quartier ne l'avait pas toujours été. Roy y avait grandi étant enfant, écumant les rues de la ville avec un petit groupe de garnements. À cette époque, il évoluait encore sous le nom d'Adel, le nom que lui avaient choisi sa lâche de mère et son beau-père alcoolique. Battu régulièrement, il passait ses journées dans la rue avec une bande de voyous qui suivaient ses ordres. L'endroit était alors animé et fréquenté, permettant aux enfants de voler pour survivre. À douze ans cependant, le jeune Adel s'était débrouillé pour se faire recruter par un clan de mercenaires El Beïda. Il avait quitté la ville sans se retourner, abandonnant sa famille et sa bande du jour au lendemain. Depuis, l'endroit avait bien changé...

Il arriva bientôt dans l'appartement abandonné dans lequel se dissimulaient ses compagnons bédouins. Ces derniers étaient en train de discuter en attendant le début des festivités.

 - Y'a un truc étrange avec leur troupe..., racontait l'un d'eux, un éclaireur coiffé d'un turban.

 - Quoi comme truc étrange ?

 - Un type en armure dans leur convoi, précisa-t-il en chargeant son fusil.

Un petit silence flotta parmi les bédouins à cette nouvelle des plus singulières. Ils échangèrent quelques regards perdus, attendant que leur compagnon ne développe un peu.

 - Comment ça un type en armure ? demanda finalement l'un des mercenaires, voyant que son frère d'armes avait besoin qu'on le pousse un peu.

 - Ben comme je te dis, assura le mercenaire, y'a un type en armure de plaques complète, engoncé de la tête aux pieds dans du métal.

Un nouveau silence s'installa dans leur troupe, et se prolongea tandis que les bédouins enregistraient tant bien que mal l'information.

 - C'est complètement con..., lâcha finalement l'un d'eux, les sourcils froncés.

 - Ouais ben pourtant..., fit l'éclaireur en haussant les épaules.

 - Quel genre de pignouf se balade en armure au milieu du sable ? rigola un autre mercenaire

 - Ah parce que ce taré la porte même dans le désert en plus ? s'enquit encore un autre.

 - Ouais, confirma l'enturbanné. Et effectivement c'est complètement con. Impossible de les manquer avec un allumé pareil dans leur groupe. On a pu les repérer à des kilomètres de la ville grâce à cette boîte de conserve ambulante qui les dirige, et on les a pas lâché depuis.

Un peu plus loin, un militaire ayant capté des bribes de leur conversation entreprit prudemment de les approcher, ignorant son supérieur qui l'avait enjoint de rester dans le rang.

 - Hé, hé, les apostropha-t-il en arrivant à leur niveau, vous avez dit quoi à propos d'un type en armure ?

Sans comprendre, les bédouins échangèrent quelques regards avant de satisfaire la curiosité du soldat. Derrière lui, le lieutenant en charge fulminait, hésitant à abandonner momentanément ses hommes pour aller le chercher.

 - La vache..., souffla le soldat une fois qu'ils lui eurent tout raconté, c'est Izumi ça...

Avec un soupir, Roy choisit cet instant pour s'intéresser à leur conversation. D'habitude les racontars le laissaient indifférent, et au fil des années il s'était peu à peu éloigné de son clan d'adoption. Le nom qu'avait lâché le soldat en revanche lui évoquait quelque chose.

 - Ah c'est une femme ? nota distraitement l'un des mercenaires.

 - Qu'est-ce que t'en sais ? demanda un autre.

 - Vous connaissez pas l'Armure ? leur répondit le soldat, qui commençait doucement à s'agiter. C'est une pirate en pleine montée. Elle a démoli tous les gangs de Las Camp à ce qui paraît.

 - Une pirate en armure ? Et ben j'aurais tout entendu..., ricana l'éclaireur au turban, bientôt rejoint par ses frères El Beïda.

Le militaire ne partageait pas leur hilarité cependant. Le visage livide, il regardait de tous les côtés, visiblement en train de se chercher une échappatoire.

 - Hola détends-toi Davin, l'apostropha un bédouin, qu'est-ce que t'as à t'agiter comme ça ? C'est pas ton premier rodéo, si ?

 - Mais aller vous faire foutre à rester calme comme ça là, répondit brutalement le soldat, c'est Izumi la pirate ! Il nous faut des renforts ! Krid est dans le coin ?!

 - Nan il est occupé ailleurs, répondit sèchement l'un des mercenaires, n'appréciant pas le ton du marine. Y'a que nous.

 - Et fait chier..., lâcha le soldat avec une mine dépitée.

Derrière lui, la main de son lieutenant apparut soudainement dans son champ de vision, et l'attrapa brusquement par le col avant de le tirer en arrière.

 - Caporal, maîtrisez-vous ! ordonna-t-il. Vous allez foutre le trac à nos hommes ! Maintenant rentrez dans le rang !

Grommelant dans sa barbe, le militaire suivit son supérieur et retourna dans son escouade.

 - Ah les touristes..., ricana un bédouin quand ils furent repartis.

Contrairement à ses compagnons d'armes, Roy ne se joignit pas aux moqueries des mercenaires. La terreur dans les yeux du soldat semblait authentique... il se demandait de quoi il retournait.

 - Préparez-vous, y'a du mouvement, les avertit soudain un bédouin, épiant la rue depuis une fenêtre.

Dégainant ses armes, Roy se prépara mentalement au combat. Pirate ou pas, il s'assurerait que l'opération se déroule sans accrocs.
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-Tuez les tous. Défoulez-vous, je passerai mes nerfs sur le premier de ces métèques qui osera se dresser devant moi. Ils iront bouffer du sable, je vous le garantie. Et moi je boirai ce soir, je boirai à la victoire. Z'êtes avec moi, bande de débris?

On grogna un peu partout, certains se laissant même emporter par la tirade de la pirate. Donner du morale à des troupes, toujours faire en sorte que ceux qui vous accompagnent sont dans le même état d'esprit que vous. Ils allaient combattre, si il y avait eu des fuites alors logiquement l'on tomberait sur des adversaires. Mais ces gueux n'impressionnaient guère les pirates, pas plus que l'Armure qui malgré la chaleur tenait le rythme. L'avait été éduquée sur une île perdue, par des vieux modèles de pirateries et avec un talent particulier pour faire chier son monde. Ça passait bien sur par une résistance à la chaleur, l'était armurière et vivait dans cette boite de fer depuis un moment.

Son rempart contre le monde extérieur elle en sortait jamais, ça puait pas pour autant le fennec à l'intérieur. Et ce n'était pas ce pays aride qui viendrait à bout de l'Armure. Izumi était partie pour vivre un moment, que son nom entre dans l'Histoire ou non. Ce n'était pas ici qu'elle allait crever. Les plus pathétiques des pirates et des êtres humains se contentaient des blues. La majorité voguait vers Grand Line pour mourir.

La fausse blonde était prudente, légèrement paranoïaque. Et quand le convoi arriva en ville, il sembla dès lors évident que les informations avaient fuitées. La fuite avait conduit les mystérieux opposants à bloquer certains passages. La tension augmenta d'un cran dans les rangs des flibustiers. Izumi arrêta son groupe un instant. Alluma une autre cigarette qu'elle glissa dans la fente au niveau de sa bouche et tira dessus. Il fallait faire un point. Ils étaient déjà en zone dangereuse, et peut-être même depuis le début de cette aventure. Ils étaient fliqués par un autre groupe, ça méritait une prime de risque non? La capitaine pirate n'était pas très loquasse, un défaut qui avait comme inconvénient le plus voyant de transformer cette ambiance en une sorte de début d'orage. La chaleur, un combat en approche il ne manquait qu'une allumette et tout éclaterait. Hors ce n'était pas du tout le moyen d'en ressortir vivant. Si ils devenaient fous, les pirates se feraient sans doute tués par des natifs. Ils n'avaient pas grand chose pour eux, si ce n'était leurs réputations. A eux de prouver qu'ils en étaient à la hauteur. Izumi jeta son mégot et se retourna légèrement vers ses hommes.

-Vous me connaissez, j'aime pas les discours et les monologues. Moins on cause, mieux qu'on combat. Certains d'entre vous sont nouveaux, d'autre étaient avec moi à Las Camp. Ça n'a rien à voir avec cette île corrompue. Ici la marine règne, les bédouins sont pas nos copains et la chaleur nous fait fondre les neurones encore restants. Alors on se concentre, à côté Las Camp c'le niveau au dessus. On va pas perdre contre des éleveurs de chameaux? Alors qu'on a affronté des mafias et la marine? Gardez ça en tête. Personne ira vous sauvez, si vous tentez une action héroïque. Je déteste les héros, ils crèvent les premiers.

C'était dit, ça avait le mérite d'être limpide. Ensemble ils vaincraient, seuls ils étaient voués pour la plupart à mourir avant la tombée de la nuit. Ils avancèrent, le butin en leur centre Izumi à ses côtés. Jamais en avant ni en arrière, mais toujours aux côtés de l'argent. Elle pouvait ramener seule la cargaison si il le fallait. Chaque homme qui disparaîtrait, chaque mort n'était pour l'heure rien de bien significatif. Car Izumi avait en son cœur un sentiment particulier. L'orgueil, et son amie la vanité. Celle qui teintait ses cheveux en blonds se croyait au dessus de tout ça. Las Camp lui avait apportée gloire et fortune, mais également aventures et frissons. Et elle devenait légèrement accroc à ça, à une vie d'action aux combats et aux meurtres. Rien ne lui pesait sur la conscience, car elle ne s'ouvrait pas aux autres. Elle ne donnait sa confiance à personne, seule elle même avait de l'importance pour elle même.

Le premier bédouin qui lui tomba dessus mangea Menteuse de plein fouet. Il s'embrocha sur sa lame, le premier sang avait coulé tout ce qui allait suivre teinterait ces ruelles du liquide carmin. Ils étaient partout, les coups de fusils qui sifflaient et les corps à corps qui commençaient. Et Izumi restant stoïque et droite protégeant le butin. Tapant, éventrant et tirant sur tout ce qui s'en rapprochait et qui n'était pas pirates.

Elle devait trouver le meneur, la tête tomberait et le corps viendrait. Elle beugla des instructions primaires, les rangs se resserrèrent et on s'abrita derrière la caravane. Les mousquets firent feu, les sabres furent tirés des fourreaux.

Pour l'avarice et l'égoïsme ils triompheraient.

Chacun capitaine de son propre rafiot.
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Bon au moins ils n'avaient pas affaire à des flèches. Tombés dans une embuscade, les pirates avaient fait le choix douteux de camper sur leur position, au lieu de chercher une échappatoire. Pris dans le coupe-gorge qu'était cette rue, encerclés de tous les côtés, ils ne feraient pas long feu, et Roy se déchaînait pour leur faire mordre la poussière.

La mêlée était chaotique, mais en défaveur des forbans, qui essuyaient un feu nourri de la part des fusiliers marines, en embuscade dans les battisses abandonnées. À part la cargaison, les convoyeurs n'avaient rien pour se mettre à l'abri et étaient donc forcés d'encaisser la charge des attaquants, alors même qu'ils se faisaient canarder par une rafale de tirs ininterrompus. C'était un massacre, auquel se joignirent allègrement Roy et ses frères El Beïda. Expédiant les pirates sur leur chemin de quelques coups de sabre bien placé, ils progressaient vers Izumi, la mine sombre, le regard empli de haine.

Les bédouins étaient des soldats d'élite, des mercenaires arpentant le désert depuis leur plus tendre enfance, rompus au combat. Ils étaient aussi réputés que la garde royale des Al-Jawhara, si ce n'était plus, et en voir un mordre la poussière était un spectacle aussi rare que dérangeant à Hinu Town. Imed, l'éclaireur au turban qui s'était moqué d'Izumi quelques minutes plus tôt, avait toujours eu cette fâcheuse manie de se lancer au-devant du danger sans attendre personne. Roy n'avait pas réalisé immédiatement ce qui s'était passé en le voyant tomber, une fraction de seconde après qu'il ait commencé à croiser le fer avec la meneuse des contrebandiers. Continuant de progresser avec ses compagnons, le jeune homme s'était approché des deux combattants. Pensant d'abord qu'Imed avait trébuché, ou que la pirate l'avait momentanément envoyé au sol, il avait fini par réaliser ce qui était vraiment arrivé, heurté de plein fouet par la réalité. Transpercé de part en part, son compagnon de longue date ne se relèverait plus jamais.

Le chef d'escouade bédouin avait hurlé de rage à la mort de son frère d'armes, bientôt rejoint par ses hommes. Jurant de venger la mort de leur camarade, les mercenaires avançaient à la manière d'un rouleau compresseur, découpant tous les pirates qui leur barraient la route. Les marines autour d'eux, tout aussi choqués d'avoir assisté à la mort d'un bédouin, prenaient bien garde à ne pas rester sur leur chemin. Le peuple du désert était parti dans une croisade vengeresse qui ne laisserait rien ni personne entraver leur route. Roy suivait le mouvement, aussi pressé de punir l'assassin d'Imed que d'en découdre avec Izumi.

Un cercle de militaires s'était formé autour de cette dernière. Comme elle découpait brutalement tous ceux qui osaient l'attaquer, ils n'osaient pas monter à son contact, échangeant entre eux des regards prudents, attendant de voir lequel serait assez téméraire pour partir à l'assaut. Mais les mercenaires El Beïda s'étaient implicitement réservé le droit de tuer Izumi et ne comptaient pas attendre patiemment leur tour. Arrivant au niveau de l'attroupement, ils écartèrent les soldats sur leur passage, ayant oublié toutes idées de coopération avec la Marine. Bientôt, une douzaine de guerriers encerclaient la meurtrière, avides de sang

Droite comme un pique, la pirate gardait ses bras ballants, la pointe de son épée touchant le sol, affreusement sûre d'elle en foudroyant ses assaillants du regard, au travers de son casque. De ce dernier s'échappait une longue crinière de cheveux, voletant au vent tandis qu'elle ignorait les tirs des fusiliers marines rebondissant purement et simplement sur son armure. De temps en temps, quand une balle faisait mine de se diriger vers une faille de son blindage, elle se contentait se déplacer subrepticement pour mettre une plaque de métal sur sa trajectoire.

Elle est faite en quoi cette armure...? se demanda Roy en soupesant son sabre et son pistolet.

Ouvrant le bal, il se jeta sur la pirate, bientôt suivi par ses frères bédouins.

Ni une ni deux, l'épée droite de la pirate manqua de l'embrocher d'un cheveu. Heureusement pour lui, c'était la même attaque qui avait transpercé Imed un peu plus tôt. Non seulement Roy l'avait déjà vu, mais en plus il était bien meilleur combattant que son ami défunt, ce qui lui donnait un avantage. Déviant la lame d'Izumi vers le haut, il voulut s'engouffrer dans sa garde et enfoncer son sabre dans l'une des rares failles de l'armure. C'était sans compter l'Armure cependant, qui profita d'avoir son épée au-dessus de la tête de son assaillant pour l'abattre brutalement sur ce dernier, plus vite qu'il ne l'avait anticipé, ou cru possible. Surpris, il para la frappe in extremis, mais la force du coup le fit ployer. Le souffle coupé par le choc, ses jambes cédèrent et il fut brutalement projeté au sol, à plat ventre aux pieds de la pirate. Il serait mort sans le concours de ses frères d'armes, qui atteignirent la chef des contrebandiers avant qu'elle n'ait l'occasion de l'achever.

Se croyant momentanément tiré d'affaire, le jeune homme se mangea un coup de genou engoncé de métal en pleine face, qui l'envoya bouler en arrière. Quelques secondes plus tard, il secouait la tête pour remettre ses idées en place, avant de découvrir un spectacle aussi terrifiant qu'impressionnant en se redressant. Izumi encaissait l'assaut des bédouins avec brio, se mouvant avec une telle fluidité qu'on en oubliait presque qu'elle portait une armure de plaque complète. Elle le rappelait à ses ennemis cependant en parant leurs coups de sabres avec ses gantelets, ripostant ensuite en les découpant avec son épée. Profitant au maximum de son attirail, elle acceptait parfois d'encaisser une frappe, plaçant expertement son blindage pour recevoir le moins de dégâts possible, et s'engouffrait dans les ouvertures provoquées par les-dites frappes. En véritable tank, elle encaissait les assauts des guerriers comme si de rien était et en profitait pour attaquer par-dessus, tranchant et repoussant ses adversaires qui ne parvenaient pas à la déborder.

Projetant son poing métallique dans le torse d'un bédouin, l'envoyant voltiger plusieurs mètres plus loin, la pirate aperçut le jeune homme qui observait le combat à quelques mètres d'elle. Leurs regards se croisèrent et Roy comprit qu'elle allait se mettre en tête de le finir. Il était le seul mercenaire à avoir survécu à un assaut d'Izumi et elle comptait y remédier.

Le jeune homme se releva prestement au moment où la pirate se jetait dans sa direction, se mettant en garde en vue d'encaisser sa charge. La vision encore brouillée par le coup de genou de son assaillante, il s'aidait des cliquetis provoqués par son armure à mesure qu'elle se rapprochait pour la situer. Ses pas étaient lourds, bruyants, et Roy l'aurait juré, le sol tremblait légèrement à chacune de ses foulées.

Ça nous apprendra à nous foutre de sa gueule, commenta intérieurement le mercenaire. Combien cette armure doit-elle peser pour qu'elle ait une telle démarche ? Et comment arrive-t-elle à se déplacer avec autant de poids sur le dos ?

Clignant plusieurs fois des yeux, sa vision se rétablit au moment où la pirate empoignait son épée droite à deux mains et armait sa frappe. Plaçant son arme en arrière, au niveau de sa hanche, la trajectoire qu'allait prendre le coup en devenait évidente, si évidente que Roy n'aurait aucun mal à l'anticiper. C'était un choix étrange de la part de la combattante, pensait-elle vraiment le toucher avec cette attaque ? Manifestement elle le sous-estimait, pensant surement que sa survie à ses assauts précédents était due à un coup de chance.

L'épée droite de l'Armure partit dans un grand arc de cercle, fendant l'air à toute vitesse dans une diagonale de bas en haut, trop rapide pour le soldat moyen. Mais Roy n'était pas le soldat moyen et cette fois-ci, il était prêt. Interposant son sabre, il para l'attaque et encaissa péniblement la force monstrueuse de la pirate à deux mains. Heureusement pour lui, son sabre de bédouin était de qualité et ne céda pas sous cet assaut.

Il ne fut pas coupé en deux, mais la puissance du coup le souleva du sol et lui fit faire un long vol plané. Voltigeant plusieurs mètres en arrière, il percuta brutalement le sol et fit plusieurs roulades pour amortir sa chute avant de se rétablir sur ses pieds. Plus loin, la pirate avait stoppé son mouvement, visiblement interloquée que le jeune homme ait survécu. Profitant de ce laps de temps, Roy étudia la situation.
L'embuscade en elle-même avançait bien, les pirates en déroute mourant les uns après les autres sous l'assaut des marines. À ce train-là, ils pourraient bientôt réclamer la cargaison des contrebandiers, but final de cette opération. Le problème était cette capitaine pirate qui semblait en charge de l'opération, dont les pauvres capacités tactiques étaient compensées par sa férocité au combat. Elle gardait le convoi, pour atteindre ce dernier il allait falloir la tuer, mais un bédouin déjà était mort dans cette entreprise et de nombreux autres avaient été blessé. Quant à Roy, pour le coup il avait bien peur d'être surclassé, ce qui n'arrivait pas souvent. Décidément les pirates étaient impressionnants.

Alors qu'il réfléchissait à une tactique pour faire tomber l'Armure, il capta un mouvement du coin de l’œil. Tournant la tête sur sa gauche, il remarqua avec perplexité que, de ce côté de la rue, les fusiliers censés être positionnés dans les bâtiments avaient disparu. Plissant les yeux à la recherche de mouvements - ils étaient bien là au début de la confrontation pourtant, il n'avait pas rêvé -, Roy distingua des traînées de couleur rouge, goûtant du balcon surplombant la rue, qui ressemblant bien trop à du sang pour sa tranquillité.

Le temps qu'il réalise ce qui était vraiment arrivé aux fusiliers, une demi-douzaine d'hommes jaillissaient de derrière les balustrades en hauteur, là où les marines auraient normalement dû se trouver. Ces nouveaux individus étaient tous habillés de noir, tous enturbannés et tous munis chacun d'un bazooka. Jurant dans sa barbe, Roy ne perdit pas de temps et fonça à toute vitesse vers Izumi, remarquant également du mouvement sur sa droite. Là aussi les fusiliers avaient été pris par surprise et exécutés, remplacés par un deuxième groupe d'assaillants en noir. Ce dernier pour le coup étaient munis de bombes et les avaient déjà allumé en émergeant de leur cachette.

La vache ! Voilà pourquoi elle n'a pas cherché à bouger, comprit le jeune homme, elle avait placé ses hommes ici depuis le début !

Tentant le tout pour le tout, Roy savait que tous les combattants présents dans la rue étaient condamnés, étant donné l'armement de ces nouveaux arrivants. Sa seule chance était d'atteindre la position de l'Armure avant qu'ils ne déchaînent l'enfer sur le champ de bataille. Ils n'oseraient pas tirer sur leur chef.

Au moment où les bazookas faisaient feu, les grenadiers lancèrent leurs bombes aux mèches allumées dans la mêlée, sans faire de discriminations entre pirates et marines constata étrangement Roy. Des cris déchirants fusèrent et des morceaux de corps se mirent à voler de tous les côtés. Perdu dans la poussière soulevée par les explosions, Roy zigzaguait bientôt entre ces dernières, ignorant tant bien que mal l'horrible massacre qui se déroulait sous ses yeux.

Elle est prête à sacrifier ses propres hommes pour sauver la cargaison ? constata Roy incrédule. Non mais quelle sale...

Il arrivait bientôt au niveau l'Amure, qui s'était retournée pour revenir à sa cargaison. Quelques mètres de plus et il était à l'abri. Courant et sautant par-dessus les pirates effarés et les marines perdus, il ne trouvait plus trace des bédouins et n'avait de toute manière pas le temps de se soucier d'autre chose que sa survie.

Au milieu d'une longue glissade, il atteignit enfin la position de la pirate et s'abrita derrière elle après s'être relevé. Enfin à moitié hors de danger, il se demanda comment diable allait-il pouvoir rester à ses côtés sans qu'elle ne remarque sa présence durant toute la durée de l'attaque. Si elle se rendait compte qu'elle le suivait, elle allait l'attaquer et le tuer. Peut-être ferait-il mieux de profiter de ce qu'elle soit distraite et l'embrocher pendant qu'elle regardait ailleurs. Oui mais non, s'il faisait ça, les amateurs d'explosifs n'auraient plus de raison de ne pas le faire sauter. Comment allait-il se débrouiller ce coup-ci ?

Tout semblant de réflexion sur ce sujet s'envola cependant, quand l'un des tirs de bazooka atterrit aux pieds de la pirate.

Ok, j'ai peut-être fait une erreur quelque part..., eut le temps de comprendre le jeune homme.

Une puissante explosion détona devant Izumi. Roy fut protégé du souffle brûlant par l'armure du capitaine pirate, mais, projeté par la déflagration, ce dernier le percuta de plein fouet et l'assomma au passage.


Dernière édition par Roy D. Aston le Sam 21 Mar 2020 - 16:54, édité 2 fois
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Une erreur, elle avait fait erreur. Elle avait sous-estimé les locaux, ces pouilleux et leur misérable alliance. Ses hommes tombaient, comme des mouches et elle semblait être la seule à pouvoir tenir tête à la horde barbare qui attaquait les flibustiers. L'armure sentait ses nerfs se tendre, au fur et à mesure que l'assaut et l'escarmouche tournait en brouhaha insupportable. Le premier péquenot qui l'attaqua mangea son poing clouté en plein visage. Elle sentit que l'impact de son poing cassait progressivement la mâchoire de son adversaire.

Izumi était ensorcelée, le combat l'aspirait progressivement. Son attention se détournait des biens qu'elle devait protéger pour se concentrer sur les affrontements. Et derrière son masque de fer elle souriait, et l'on entendait un léger rire en provenance de l'armure. Menteuse fouettait les airs et s'abattait sur quiconque se mettait à portée. Elle chargea un grand gaillard, le projetant au sol. Le bougre se défendit, tapant sa cuisse. Grimaçant elle plongea son Meitou dans son torse, tournant la lame pour voir la souffrance du misérable.

Elle oubliait sa mission, le sang et le bruit avaient achevés de la convaincre de ce qu'elle allait entreprendre était la bonne solution. Les massacrer un par un, et récupérer sur leurs cadavres l'or et les pièces. Elle était tellement concentrée qu'elle ne remarqua pas qu'un troisième camp avait rejoint la bataille. Les explosions projetaient des morceaux de corps, et les cris des blessés furent bientôt masqués par les tirs des petits nouveaux.

Sans réellement comprendre comment elle se retrouva projetée sur quelque chose. Ou quelqu'un qui visiblement respirait encore, elle se releva, lentement et les sens engourdis. Elle saignait légèrement sous son armure. L'Armure saignait, elle n'était pas invincible, cette pensée l'énerva au plus haut point. Elle regarda l'abrutis qu'elle avait écrasée, elle ne reconnaissait pas son visage. Un de ses hommes? Qu'importe, visiblement les derniers à être entré dans les combats étaient indépendants. Ils étaient plus nombreux et dans un meilleur état que les pirates et l'alliance entre marine et berbères, une simple déduction logique et elle trouva une solution de dernier instant.

Elle souleva par le col l'inconscient, le mettant sur son épaule. Il ne faisait pas parti de son équipage, il était donc un adversaire. Et pourtant elle soulevait le jeune freluquet et le déposa à couvert, enfin elle le jeta le plus doucement par une fenêtre d'une habitation de la ruelle.

Il vivrait, et il aurait une dette. Une dette qu'elle ne manquerait pas de lui rappeler. Elle retourna au cœur des combats, attrapant par le bras le premier des pirates qui s'enfuyait. Le pauvre bougre cessa son allure pressante et son corps s'arrêta de trembler. On ne fuyait pas les combats, être un pleutre était une chose un lâche était une étiquette pour la vie.

La primée ramassa comme ça quelques hommes, tapa sur le crane d'autre et forma un cercle défensif autour de la cargaison. Les fanatiques déboulèrent l'instant d'après, une fois les munitions vidées. Ils venaient achever le travail, et tuer les survivants.

L'armure alluma une cigarette, esquissa un léger sourire sous son casque et empoigna à deux mains Menteuse. Ils passeraient sur son corps, ou plutôt ils essayeraient. On ne tuait pas la libératrice de Las Camp, on ne venait pas à bout une compagnon de Red. Sa vie, aucun de ces bédouins n'y attenteraient. Car ils étaient trop faibles, et c'était contre cette faiblesse que se battait Izumi. Pour obtenir une force supérieur qu'elle risquait sa vie à chaque instant, car il n'y avait rien de pire que d'être faible. Faible et savoir qu'on ne deviendra pas plus fort. Atteindre ses limites, Izumi en était très loin.

Elle espérait que le jeunot qu'elle avait sauvée, lui aussi n'avait pas atteint ses limites.

Elle se jeta tête baissée dans la mêlée, au devant de ses hommes. Dès qu'un adversaire dépassait une ligne imaginaire, et s'approchait trop près de la cargaison elle revenait sur ses pas pour l'achever. Aucun des pirates n'avait rejoint l'armure. C'était son combat, sa folie passagère et son ambition. Son ambition de venir à bout de tous ces misérables. Plus il en venait, plus elle fatiguait, et plus elle souriait.

-Une journée parfaite.

Un soleil de plomb et la mort au bout de la ruelle.
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Assommé par le choc, Roy luttait à demi-conscient pour reprendre ses esprits. Par intermittence il revenait à lui pour l'affaire de quelques secondes, avant de lentement sombrer à nouveau. Péniblement, il était parvenu à s'adosser à un mur de la ruelle et, inconscient de l'issue de la désastreuse de la confrontation, il patientait le temps de récupérer.

Dans les brumes de son instable lucidité, il nota soudain deux hommes lui passer devant, avançant en direction du champ de bataille. Sans comprendre ce qui se passait ni repérer le danger, Roy ne bougea ni ne remua, sa conscience refluant doucement à mesure que les inconnus continuaient leur chemin sans le remarquer. Sa tête basculant en avant à mesure que ses yeux se refermaient, il s'évanouit de nouveau, non sans remarquer un détail étrange dans un coin de son esprit.

Cinq minutes plus tard, il revenait enfin à lui.



Déambulant sur le champ de bataille déserté, le jeune homme examinait le carnage d'un œil vide. La mission était officiellement un désastre. Marines, bédouins ou pirates, tout le monde était mort. Izumi avait disparu, la cargaison s'était envolée, et qui qu'ait été le troisième groupe intervenu au milieu du combat, il n'avait pas fait de prisonnier. Vu son objectif, un tas de reliques de l'ancienne civilisation Dandérienne, ainsi que ses méthodes brutales, Roy y reconnut la marque de fabrique du groupe de fanatiques le plus virulent d'Hinu Town.

 - L'OTS..., lâcha-t-il doucement, dégoûté à la vue de la boucherie résultante de leur assaut aux explosifs.

L'Ordre du Temple des Sables, une secte mystérieuse menée par Abu Massa, l'homme le plus recherché de l'île. En se remémorant ce qu'il savait de cette organisation criminelle ultra-violente, le jeune bédouin eut soudain un déclic. Dans un flash de mémoire brutal qui le força à poser un genou à terre, il se remémora les visages des deux hommes qui lui étaient passés devant un peu plus tôt. L'un d'eux avait son avis de recherche placardé sur tous les murs de la ville... Rosen Franck, un criminel notoire primé à hauteur de vingt millions de berrys et un lieutenant du gourou de la secte. L'autre homme, Roy ne le connaissait pas, bien qu'il n'ait pas manqué de remarquer les cheveux rouges de l'individu qui passaient difficilement inaperçus.

Des cheveux rouges... j'ai déjà vu ça quelque part, réalisa le jeune homme, sans parvenir à se rappeler à quelle occasion.

Réalisant néanmoins qu'au moins un gros poisson était passé par ici alors qu'il faisait la sieste, il comprit comment les criminels étaient parvenus à passer outre Izumi. D'ailleurs où était-elle passé celle-ci ? Elle était morte ? Dans les vapes, il se rappelait qu'elle l'avait soulevé et mis à l'abri au lieu de profiter de sa vulnérabilité pour le trucider. À présent, tous ses alliés morts et l'objectif de la mission perdu, Roy était aussi avide de représailles qu'il était prêt à en découdre. Mais pour cela il avait besoin d'alliés.

Au milieu de son errance, il retrouva enfin l'endroit où une bombe avait projeté l'Armure sur lui. Scrutant le terrain dévasté, il repéra son sabre au sol, qu'il avait lâché au moment de l'impact. Soulagé, il s'en alla le récupérer et le glissa à sa ceinture. Ceci fait, il releva les yeux et découvrit l'endroit où Izumi avait prétentieusement cru pouvoir tenir sa position face à tous les guerriers d'Hinu Town. Au sol, il pouvait voir les traces de roues qu'avait laissé la secte d'Abu Massa en récupérant le convoi. Observant la scène d'un oeil circonspect, un éclat de lumière capta soudain son attention. Tournant la tête, il repéra l'Armure à plus d'une trentaine de mètres, les rayons du soleil se reflétant sur son attirail. Dégainant sa lame, il s'approcha avec prudence de la pirate.

Arrivé à un mètre de cette dernière, le jeune homme eut tout le loisir de l'étudier plus en détail avant de se risquer à l'approcher un peu plus. Perplexe, il constata que tout un côté de son armure était cabossé et noir de suie. Il y reconnut le travail de Rosen Franck. L'homme était un amateur notoire d'explosif, et de ce que Roy pouvait en voir, il était parvenu à faire sauter une bombe sur Izumi à bout portant. Vu la distance entre cette ruelle et la position initiale du convoi, elle avait dû faire un joli vol plané.

De la pointe de sa botte, il titilla légèrement la pirate qui, il y avait une vingtaine de minutes à peine, entrait en mode berserk contre ses alliés marines et bédouins. Cela n'allait pas être facile, mais pour contrecarrer Rosen Franck et son mystérieux partenaire, ainsi que le reste des sous-fifres de l'OTS, il allait avoir besoin de cette tueuse. Et puis elle ne l'avait pas tué alors qu'elle en avait eu l'occasion, peut-être n'était-elle pas totalement irrécupérable après tout. Était-elle seulement en vie en revanche ? Il n'obtint aucune réaction.

Prenant son courage à deux mains, Roy s'approcha de la pirate et entreprit de lui retirer son casque.


Dernière édition par Roy D. Aston le Sam 21 Mar 2020 - 16:47, édité 2 fois
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-Même pas en rêve gamin.

Elle se releva, le défiant et jetant son protège bras droit qu'était tout cabossé. Derrière son masque elle fulminait. Depuis longtemps elle avait pas perdue la face comme ça, et depuis longtemps elle était persuadée qu'elle était plus forte que la majorité des gueux de ces terres. Et voilà qu'elle perdait face à des inconnus?

-Putain de merde.

Elle mâchait pas ses mots, en même temps la situation était critique. Ce qui l'énervait encore plus, c'était le contexte. Quelqu'un avait attendu que les deux groupes s'affrontent pour ensuite venir cueillir la cargaison, une technique de lâche mais qui marchait relativement bien à en juger par ce qui venait de se dérouler. Elle avait perdue, il fallait l'admettre. En sous-estimant les locaux, en ne se renseignant pas sur els forces en présence elle avait causée elle même la perte de la cargaison. Mais ce n'était que partie remise, elle ne partirait pas de l'île avant d'avoir récupérer au moins de quoi rentabiliser son déplacement. Au diable le commanditaire, au diable les usuriers. Le monde entier pouvait disparaître, car seul comptait la réussite de la poursuite. Car c'est ce qu'ils allaient faire, poursuivre ces gens et leur donner une petite leçon. Visiblement le métis connaissait le coin comme sa poche, autant reprendre sur des bonnes bases une relation saine.

-Je suis Izumi, pirate à temps plein et éventuellement capitaine quand mes hommes ne meurent pas tous. J'ai visiblement sous-estimé tes camarades locaux, mais tu dois connaître ton île comme ta poche alors on fait un deal.

Putain la voilà qui négociait avec un adolescent qui avait tenté de la tuer elle et ses compagnons il y a même pas une heure. Mais ainsi était faite la vie, parfois votre ennemi devenait votre allié quand vous vous trouvez subitement des intérêts communs. Et c'était le cas, les deux gus voulaient la part de la cargaison et Izumi était prête à négocier. C'était mieux d'avoir une part même moindre que rien du tout après tout n'est ce pas?

-Tu prends la moitié et moi l'autre? Ca me semble correct, je suis même prêt à te laisser plus que prévu. Je veux simplement qu'on se mette d'accord sur un point.

Elle dégaina Menteuse, le Meitou dont la lame était couverte de sang séché. Il lui fallait du sang neuf, du sang frais et ces misérables feraient l'affaire. Il n'y aurait aucun survivant, parce que dans ce genre de situation laisser en vie un adversaire c'était une chance de crever dans les années à venir. Le gamin vivrait lui, parce qu'elle avait besoin de ses compétences. Et que si elle l'avait sauvée, c'était pas pour ensuite revenir subitement sur sa décision.

-Je tuerai n'importe qui, et probablement tous ces chiens. Donc si ça te pose problème, t'as juste à me guider et je t'apporterai ta récompense. Sinon mettons nous en route, le temps nous fait défaut je te suis. Au fait c'quoi ton blaze le métis?

Parce que les remarques racistes, foncièrement c'était pas sa mentalité, mais elle allait pas l'appeler gamin ou métis toute la sainte journée n'est ce pas?

Non décidément, cette île n'était pas bien accueillante.
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- Roy D. Aston, lâcha le mercenaire en observant prudemment Izumi.

La pirate hocha la tête et se mit soudainement à agiter son épée, provoquant un sursaut chez le jeune homme aux abois. Face à sa réaction l'Armure suspendit un instant son geste, plissant les yeux au travers de son casque. Reprenant avec des mouvements plus lents, pour ne pas l'inquiéter, elle entreprit de nettoyer son épée. La collaboration allait s'annoncer difficile.

Déglutissant malgré lui, Roy prit le pas de lui accorder un peu de confiance et se retourna vers le dernier emplacement connu du convoi, tendant l'oreille au cas où la tueuse déciderait de le charger. À son grand soulagement elle n'en fit rien et il fut bientôt suivi des cliquetis réguliers de l'armure. Arrivés à hauteur des sillons qu'avait formé le chariot, ils entreprirent de suivre les traces et partirent à la poursuite des voleurs. Le jeune homme aurait préféré attendre d'éventuels renforts de la Marine, mais chaque seconde qui passait Rosen Franck s'éloignait un peu plus. S'il espérait le coincer, il ne pouvait se permettre de perdre beaucoup plus de temps.

Le silence régnait dans cette partie de la ville à présent. Il n'y avait plus âme qui vive, les rares vagabonds et quelques animaux féraux qui vivaient là en temps normal ayant déjà quitté le secteur bien avant le début des combats. Bien au loin, ils entendaient le léger bruit de fond provoqué par la ville d'Attalia, seule distraction au milieu de cette traque simplissime. La piste du convoi les mena loin dans les tréfonds du quartier abandonné, les agresseurs de l'OTS ne tenant manifestement pas à se séparer trop vite du container. Prudent, le duo improbable restait alerte dans l'optique d'une nouvelle embuscade, les tactiques de guérillas de la secte ayant faites leurs preuves. Heureusement ils n'eurent à déplorer aucune agression, les voleurs n'ayant manifestement pas envisagé que des gens aient survécu à leur attaque.

Après un quart d'heure au pas de coure, ils tombèrent finalement sur le chariot du convoi, abandonné près d'une ruelle et vidé de son contenu. Il n'y avait pas un membre de la secte aux alentours.

 - Génial, grogna l'Armure, et on fait quoi maintenant bordel ?!

Toujours prudent quant à ses interactions avec cette femme - il y a peu encore elle essayait de le tuer - Roy mesura sa réponse, ne voulant surtout pas l'énerver. D'un geste lent et précautionneux, il lui désigna la ruelle  

 - Y'a des entrecroisements à chaque coin de ce dédale et y pourraient tous conduire à une planque, protesta la tueuse.

 - J'ai grandi dans ce quartier, je connais ce dédale comme ma poche, la rassura le jeune homme. En plus, ajouta-t-il en précisant son geste du doigt, ils ont été assez gentils pour nous laisser des repaires.

Fronçant les sourcils à travers son casque, Izumi suivit son mouvement et se pencha vers ce qu'il voulait lui montrer. Sur le mur de la ruelle, elle distingua bientôt une traînée de sang.

 - J'ai tué et blessé quelques-uns de ces chiens et j'ai tailladé le bras du type aux explosifs, commenta l'Armure, ça doit venir de là.

 - Ils vont chercher à quitter le quartier le plus rapidement possible, énonça Roy derrière elle, il faut qu'on les arrête avant ou nous perdront définitivement la trace des reliques.

 - Perdons pas de temps alors, lâcha Izumi en s'engageant dans la ruelle. Hé qu'est-ce que tu fais ? s'écria-t-elle cependant en se retournant, attirée par un bruit provoqué par son jeune allié.

Elle découvrit ce dernier en train d'escalader le mur.

 - Je vais prendre de la hauteur, expliqua-t-il à la pirate en choisissant prudemment sa prochaine prise, dont il se servit pour se soulever avec souplesse. Je te couvrirais depuis les hauteurs.

Quelques secondes plus tard, le mercenaire avait disparu sur les toits. Interloquée, Izumi observa un instant le ciel à la recherche du jeune homme, lequel reparut finalement en sautant d'un bâtiment à un autre. Son mouvement fit tomber une brique qui manqua d'atterrir sur le casque de la pirate.

 - Je pars en éclaireur ! l'informa Roy en ignorant le juron qu'elle n'avait pas manqué de lâcher. Suis leur piste et fais attention à l'homme qui t'a vaincu ! Pour l'instant l'OTS ne sait pas qu'on les suit, mais dès que ce sera le cas Rosen Franck commencera à poser des mines sur notre chemin !

Sur ces mots, le bédouin abandonna son alliée et bondit de toits en toits à la recherche des membres de la secte.

 - Pays de taré, commenta simplement l'Armure.
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Une fois de plus, Roy se déplaçait sur les toits de la cité, bondissant de maison en maison sans la moindre pause pour évaluer la route à suivre. Il était dans son élément. Son agilité, son expérience avec cette manière de se mouvoir, lui permettaient de créer instinctivement son itinéraire. Il analysait parfois en une fraction de seconde ce qui se dressait devant lui et prenait ses décisions sans la moindre hésitation, plongeant sous une arche, dérapant sur un étendoir abandonné là depuis des années, bondissant sur un mur pour se propulser sur la façade opposée. Il portait au rang d'art la capacité à évoluer dans l'architecture tortueuse des villes d'Hinu Town.

Sur une autre île, dans une autre Blue, ce manège pouvait ralentir plus qu'autre chose ; mais ici, spécialement dans cet ancien quartier pauvre, délabré et abandonné, c'était le moyen de se déplacer le plus rapide. Les bâtiments étaient très rapprochés les uns des autres, créant un véritable labyrinthe un peu plus bas, pleins de culs-de-sac et de chemins contre-intuitifs. Il était bien plus facile d'avancer en ligne droite depuis les hauteurs, d'autant que les bâtiments qui dépassaient un étage étaient rares. Les prises étaient nombreuses et pour un œil averti, il y avait toujours une voie de secours pour continuer à progresser sans jamais s'arrêter.

Gardant une respiration stable mais effrénée, la sueur perlant sur sa peau basanée, Roy ne faiblissait pas. Ses muscles jouaient sous l'effort, ses tendons coulissaient avec fluidité et son regard était concentré, attentif. En plus de prévoir son plan de route, il devait garder un œil sur les rues en contrebas, y jetant un regard à chaque fois qu'il les entrapercevait au milieu d'un saut, à la recherche des membres de la secte. Il courait depuis cinq minutes maintenant, ayant depuis longtemps distancé la pirate qui, il l'espérait, ne s'était pas encore perdu dans le dédale du quartier. Il irait la récupérer dès qu'il aurait retrouvé la position de leurs ennemis.

Il en avait déjà récupéré quelques-uns, des membres isolés de la secte restés en arrière pour couvrir le gros de la procession des fanatiques. A chaque fois il s'était retenu de les abattre d'un tir de pistolet, désirant éviter d'avertir Rosen Franck plus tôt qu'il n'était nécessaire. A sa ceinture pendaient trois grenades qu'il avait récupérées quelques temps auparavant sur le lieu du carnage. S'il en avait la possibilité, il désirait s'en servir pour prendre ses cibles par surprise, chose qu'il ne pourrait pas faire si les membres de l'OTS étaient avertis qu'on les poursuivait. L'optique de se débarrasser à lui seul de tous les fanatiques était séduisante, il n'était pas pressé de combattre avec la pirate et si c'était possible, allait tout faire pour l'éviter.

Soudain, une forme rouge apparut au coin de son regard, au loin sur les toits du quartier abandonné. Il jura et plongea sous une rambarde pour se mettre hors de vue. Le cœur battant à ses tempes, il releva ensuite prudemment la tête, jetant un coup d’œil vers ce qu'il avait entraperçu, espérant nerveusement ne pas avoir commis de bourde. Cet espoir fut tué dans l’œuf, alors qu'il découvrait l'individu aux cheveux rouges qu'il avait repéré plus tôt au côté de Rosen Franck, à un peu plus de cent mètres en avant. L'homme était trop loin pour que Roy ne puisse vraiment le détailler, mais il n'y avait pas d'erreur possible : le fanatique regardait clairement dans sa direction.

Il m'a repéré ?! s'étonna le bédouin en pensée, sans en être tout à fait sûr.

Plus rien ne bougea pendant quelques secondes. Il s'était mis à l'abri et son opposant, tourné ostensiblement dans sa direction ne semblait pas vouloir bouger. Puis, sans plus de cérémonie, il se retourna et avec une agilité qui n'était pas sans rappeler celle de Roy, bondit sur un autre bâtiment avant de disparaître dans les entrailles du quartier.

 - Et merde.

Il pouvait dire adieu à l'idée d'une attaque surprise. Soupirant alors qu'il se relevait, il se décida à rebrousser chemin et rejoindre Izumi. Il connaissait la position de l'arrière-garde de la procession et le chemin pour les rejoindre à présent, il allait en informer la pirate et s'en tenir au plan qu'ils avaient formulé : une alliance précaire entre une tarée sanguinaire et un jeune coq.

Jurant une deuxième fois dans sa barbe, il se remit à courir dans la direction opposée, se fustigeant silencieusement de ne pas avoir fait plus attention. Il était resté prudent, faisant attention à ne pas être pris en embuscade, mais n'avait pas prévu la présence d'un autre monte-en-l'air dans le camp adverse. Un autre monte-en-l'air qui s'était expertement placé pour pouvoir repérer les nouveaux-venus, sans que l'on puisse l'apercevoir avant qu'il ne soit trop tard. Un autre monte-en-l'air qui semblait bien connaître le quartier, tout comme lui.

Ce type me dit définitivement quelque chose, pensa fugacement le bédouin, sans pouvoir mettre le doigt sur ce qui lui trottait dans la tête.
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