- Sérieusement ? Tu veux me faire payer la discute ?! Et moi qui croyais que tu éprouvais un minimum d'affection pour moi !
Ça, c'est quand même un sacré foutage de gueule ! Je viens au moins une fois par semaine, j'aide à faire tourner le commerce, en tant que client, je souris, je m'habille convenablement pour l'occasion, j'apporte même les quelques fleurs rescapées de ma terrasse pour lui faire plaisir et cette foutue catin ose me demander de sortir la bourse pour avoir bien voulu prendre la peine de parloter ?! Julia Carmin...
- Je suis profondément blessé. C'est pas comme ça que je t'imaginais, vilaine.
- Tu me dis vilaine et tu te prétends fidèle à ton "abonnement hebdomadaire" ?
- Tu es... aussi énervante que désirable.
- Les flatteries ne t'empêcheront pas de me payer.
- Ton décolleté ne me fera pas non plus changer d'avis. Négocier à la limite.
- Qu'as-tu à négocier ?
- Un paiement en nature.
- Je te pensais plus spirituel que ça !
- Oh allons ! Je suis certain d'être meilleur amant que la majorité de tes clients. Ne dit-on pas "dans l'effort le réconfort" ?
- Pas tout à fait... Et n'oublie pas que nourrir la confiance du client est la base du professionnalisme.
- Et c'est censé vouloir dire quoi ça ?
- Que tu me dois vingt-cinq mille berrys.
Ce que j'aime chez Julia ? Elle est aussi perverse et sadique que moi. Mais ce qui me fascine, c'est surtout sa capacité à faire passer une menace pour une remarque taquine. Un jeu entre deux amants prêts à s'arracher la gorge pour montrer sa domination sur l'autre : voilà ce qui animait nos rencontres, au milieu de quelques étreintes fiévreuses et sauvages. Je crois d'ailleurs être le seul de ses habitués à ne pas faire partie des hautes personnalités rokadiennes. Sûrement dû à mon franc-parler, charmeur à souhait pour quiconque apprécie la défiance et l'estime de soi.
La belle rousse est une perle rare que je regrette presque de savoir besognée par d'autres. Je suis ravi de l'avoir rencontrée, elle comme les autres. En particulier Mary Sunlight, la plus jeune et la plus... innocente d'entre elles. Ses talents sont réels ! Et c'est avec ce ravissement en tête que je me motive à faire de la Rainbow House, le lieu dans lequel je me trouve, la première de mes acquisitions.
Maison colorée au milieu d'un quartier gris de Rokade, ce bordel est, à la manière d'une auberge, munie d'un accueil au rez-de-chaussée, ainsi que des bureaux du gardien, du propriétaire et de la salle à manger, tandis que l'étage est constitué d'une petite dizaine de chambres à lit double, personnalisées par chacune des employées, tamisées et emplies d'odeurs enivrantes, tels l'encens et le gingembre. Mais ne nous leurrons pas : les draps n'ont pas le temps d'être lavés entre chaque client.
Seul bémol, le tenancier. Vairs Atyl, dit "le Gantelé". Une histoire de cœur arraché à mains pas tout à faits nues, enfin ça... Les rumeurs vous savez. Non pas que ce type me déplaise particulièrement, au contraire ! Si ça ne tenait qu'à moi j'en ferai un allié. Mais cet abruti de proxénète est trop fier et trop accroché à son affaire pour bien vouloir jouer les partenaires ! Alors bon, j'ai beau être patient, conciliant de temps en temps, tout ça, mais si j'ai décidé que la Rainbow House m'appartiendra, alors il en sera ainsi. Un point c'est tout. Et pour cela, rien de mieux qu'une attaque de l'intérieur : le fait est que le personnel ne porte pas Vairs dans son cœur.
- Ecoute Julia, que dirais-tu si j'avais un moyen de satisfaire ta demande... autrement que de la manière dont tu t'y attends ?
- Quoi ?! Tu nous joues quoi là ? N'essaie pas de m'entourlouper, Dorian.
- Mais non, mais non ! Tu m'prends pour une de tes crapules d'un soir ? Ce que j'veux dire c'est que... Admettons que ton patron décide, à tout hasard, de laisser tomber l'affaire...
- Oh là ! Ne parle pas de ça ! Encore moins ici !
- Tu m'laisses finir ?! Si ton patron se retrouve "contraint" de laisser son affaire. Pour n'importe quelle raison. Je pourrais, vraisemblablement, prendre en charge la chose, n'est-ce pas ?
- Ouais... Je vois où tu veux en venir et ça ne me plaît pas.
- Quoi ?! C'est qu'une supposition ! C'est pas forcément sérieux. Pour l'instant... Et puis tu vas pas me dire que vous l'aimez bien, ce Vairs, si ?!
- Ce n'est pas ce que je veux dire... Juste : tu veux te mettre à dos le Gantelé. Il rapporte aux Cinq, il a des hommes de main, dont Neville son second, il a parmi les clients des amis à lui. Un cercle de malfrats capables de tout ! Tu risques de te mettre sur le dos un sacré paquet d'ennuis !
- Tséhéhé... Tu me connais si mal que ça ? D'après toi, ça n'fait pas partie de mon travail, ce genre d'embrouilles ?
- Tu parles d'un travail !
- Rha tais-toi donc ! Je suis grand Julia, je sais me défendre. Et défendre mon image : qui dit que je vais m'impliquer moi-même ? Il existe des tas de façons différentes de nuire à autrui sans avoir à lever le petit doigt, ou sans avoir à y apposer sa signature. S'il n'y a pas de preuve de mon implication, tout va bien ! Ça m'aiderait même à récupérer le commerce ! Il existe des tas d'imbéciles en mal d'argent qui rêveraient de faire le sale boulot dans l'espoir d'une poignée de berrys. Tu pourrais me faire confiance, depuis le temps qu'on se connaît !
Ses cheveux rouges couvrant à moitié son visage, que je devine sombre, elle prend le temps de réfléchir avant de répondre :
- Je n'aime pas ça.
- Personne n'aime le changement. Mais celui qui le propose doit savoir l'imposer convenablement.
- C'est ce que je dirais à Mary pour le jour où un client lui demandera son accord pour une s...
- N'implique pas Mary là-dedans ! Bordel de...
Trop ingénue à mes yeux. Pourtant pas mon genre de faire dans la dentelle, mais la jeunette parait si sage qu'on en perd l'envie de lui nuire de quelque façon que ce soit.
Nouveau temps de réflexion :
- Bon... Admettons que je sois d'accord avec ton idée. Qu'est-ce que ça change ? Pourquoi me le dire ?
- Tout simplement parce que tu travailles ici et que tu seras mon employée.
- Et à part ça ? Je me doute bien que tu as une idée derrière la tête...
- Ah ! Eh bien oui : je veux que tu me fournisses des informations. Parce que si tu veux être correctement entretenue...
- Charmant.
- ... Il faut commencer par m'y aider. Donc ne tournons pas autour du pot et dis-moi : y a-t-il des choses qui pourraient m'être utiles ? Des anecdotes ? Des plats favoris ? Des tocs ? Des secrets honteux peut-être ?
- Tu sais déjà tout ce qui a besoin d'être su. Vairs est violent, très protecteur concernant son commerce, fier, imbu de lui-même et surtout : il n'a peur de rien.
- Un bon point pour moi ça. Faut toujours se méfier des gens qu'on fréquente, même de loin. Autre chose ? Un événement par exemple ?
- Un événement... Oui ! Il se rend demain à un rendez-vous auprès de certains de ses amis. Des gens de ma connaissance. Tu veux que je te donne les noms ou...
- Non merci. Ce qui m'intéresse, c'est le fait qu'il soit absent. Pas qu'il soit entouré.
- Et bien... En parlant de ça : au même moment, son second sera aux quais, dans la zone B.
- Neville ? Pourquoi faire ?
- Une arrivée.
- Un bateau ? De la marchandise ?
- De la main d'oeuvre. Enfin...
- Pas besoin d'un dessin. C'est plutôt bon ça...
En effet c'est très bon ! Et rapidement j'imagine le plan qui me permettra de mettre à mal l'affaire de ce cher monsieur Atyl. Les idées se mélangent aux révélations de la jolie rousse et je souris de plus en plus.
Premier point : trouver un alibi. Humain de préférence.
Ça, c'est quand même un sacré foutage de gueule ! Je viens au moins une fois par semaine, j'aide à faire tourner le commerce, en tant que client, je souris, je m'habille convenablement pour l'occasion, j'apporte même les quelques fleurs rescapées de ma terrasse pour lui faire plaisir et cette foutue catin ose me demander de sortir la bourse pour avoir bien voulu prendre la peine de parloter ?! Julia Carmin...
- Je suis profondément blessé. C'est pas comme ça que je t'imaginais, vilaine.
- Tu me dis vilaine et tu te prétends fidèle à ton "abonnement hebdomadaire" ?
- Tu es... aussi énervante que désirable.
- Les flatteries ne t'empêcheront pas de me payer.
- Ton décolleté ne me fera pas non plus changer d'avis. Négocier à la limite.
- Qu'as-tu à négocier ?
- Un paiement en nature.
- Je te pensais plus spirituel que ça !
- Oh allons ! Je suis certain d'être meilleur amant que la majorité de tes clients. Ne dit-on pas "dans l'effort le réconfort" ?
- Pas tout à fait... Et n'oublie pas que nourrir la confiance du client est la base du professionnalisme.
- Et c'est censé vouloir dire quoi ça ?
- Que tu me dois vingt-cinq mille berrys.
Ce que j'aime chez Julia ? Elle est aussi perverse et sadique que moi. Mais ce qui me fascine, c'est surtout sa capacité à faire passer une menace pour une remarque taquine. Un jeu entre deux amants prêts à s'arracher la gorge pour montrer sa domination sur l'autre : voilà ce qui animait nos rencontres, au milieu de quelques étreintes fiévreuses et sauvages. Je crois d'ailleurs être le seul de ses habitués à ne pas faire partie des hautes personnalités rokadiennes. Sûrement dû à mon franc-parler, charmeur à souhait pour quiconque apprécie la défiance et l'estime de soi.
La belle rousse est une perle rare que je regrette presque de savoir besognée par d'autres. Je suis ravi de l'avoir rencontrée, elle comme les autres. En particulier Mary Sunlight, la plus jeune et la plus... innocente d'entre elles. Ses talents sont réels ! Et c'est avec ce ravissement en tête que je me motive à faire de la Rainbow House, le lieu dans lequel je me trouve, la première de mes acquisitions.
Maison colorée au milieu d'un quartier gris de Rokade, ce bordel est, à la manière d'une auberge, munie d'un accueil au rez-de-chaussée, ainsi que des bureaux du gardien, du propriétaire et de la salle à manger, tandis que l'étage est constitué d'une petite dizaine de chambres à lit double, personnalisées par chacune des employées, tamisées et emplies d'odeurs enivrantes, tels l'encens et le gingembre. Mais ne nous leurrons pas : les draps n'ont pas le temps d'être lavés entre chaque client.
Seul bémol, le tenancier. Vairs Atyl, dit "le Gantelé". Une histoire de cœur arraché à mains pas tout à faits nues, enfin ça... Les rumeurs vous savez. Non pas que ce type me déplaise particulièrement, au contraire ! Si ça ne tenait qu'à moi j'en ferai un allié. Mais cet abruti de proxénète est trop fier et trop accroché à son affaire pour bien vouloir jouer les partenaires ! Alors bon, j'ai beau être patient, conciliant de temps en temps, tout ça, mais si j'ai décidé que la Rainbow House m'appartiendra, alors il en sera ainsi. Un point c'est tout. Et pour cela, rien de mieux qu'une attaque de l'intérieur : le fait est que le personnel ne porte pas Vairs dans son cœur.
- Ecoute Julia, que dirais-tu si j'avais un moyen de satisfaire ta demande... autrement que de la manière dont tu t'y attends ?
- Quoi ?! Tu nous joues quoi là ? N'essaie pas de m'entourlouper, Dorian.
- Mais non, mais non ! Tu m'prends pour une de tes crapules d'un soir ? Ce que j'veux dire c'est que... Admettons que ton patron décide, à tout hasard, de laisser tomber l'affaire...
- Oh là ! Ne parle pas de ça ! Encore moins ici !
- Tu m'laisses finir ?! Si ton patron se retrouve "contraint" de laisser son affaire. Pour n'importe quelle raison. Je pourrais, vraisemblablement, prendre en charge la chose, n'est-ce pas ?
- Ouais... Je vois où tu veux en venir et ça ne me plaît pas.
- Quoi ?! C'est qu'une supposition ! C'est pas forcément sérieux. Pour l'instant... Et puis tu vas pas me dire que vous l'aimez bien, ce Vairs, si ?!
- Ce n'est pas ce que je veux dire... Juste : tu veux te mettre à dos le Gantelé. Il rapporte aux Cinq, il a des hommes de main, dont Neville son second, il a parmi les clients des amis à lui. Un cercle de malfrats capables de tout ! Tu risques de te mettre sur le dos un sacré paquet d'ennuis !
- Tséhéhé... Tu me connais si mal que ça ? D'après toi, ça n'fait pas partie de mon travail, ce genre d'embrouilles ?
- Tu parles d'un travail !
- Rha tais-toi donc ! Je suis grand Julia, je sais me défendre. Et défendre mon image : qui dit que je vais m'impliquer moi-même ? Il existe des tas de façons différentes de nuire à autrui sans avoir à lever le petit doigt, ou sans avoir à y apposer sa signature. S'il n'y a pas de preuve de mon implication, tout va bien ! Ça m'aiderait même à récupérer le commerce ! Il existe des tas d'imbéciles en mal d'argent qui rêveraient de faire le sale boulot dans l'espoir d'une poignée de berrys. Tu pourrais me faire confiance, depuis le temps qu'on se connaît !
Ses cheveux rouges couvrant à moitié son visage, que je devine sombre, elle prend le temps de réfléchir avant de répondre :
- Je n'aime pas ça.
- Personne n'aime le changement. Mais celui qui le propose doit savoir l'imposer convenablement.
- C'est ce que je dirais à Mary pour le jour où un client lui demandera son accord pour une s...
- N'implique pas Mary là-dedans ! Bordel de...
Trop ingénue à mes yeux. Pourtant pas mon genre de faire dans la dentelle, mais la jeunette parait si sage qu'on en perd l'envie de lui nuire de quelque façon que ce soit.
Nouveau temps de réflexion :
- Bon... Admettons que je sois d'accord avec ton idée. Qu'est-ce que ça change ? Pourquoi me le dire ?
- Tout simplement parce que tu travailles ici et que tu seras mon employée.
- Et à part ça ? Je me doute bien que tu as une idée derrière la tête...
- Ah ! Eh bien oui : je veux que tu me fournisses des informations. Parce que si tu veux être correctement entretenue...
- Charmant.
- ... Il faut commencer par m'y aider. Donc ne tournons pas autour du pot et dis-moi : y a-t-il des choses qui pourraient m'être utiles ? Des anecdotes ? Des plats favoris ? Des tocs ? Des secrets honteux peut-être ?
- Tu sais déjà tout ce qui a besoin d'être su. Vairs est violent, très protecteur concernant son commerce, fier, imbu de lui-même et surtout : il n'a peur de rien.
- Un bon point pour moi ça. Faut toujours se méfier des gens qu'on fréquente, même de loin. Autre chose ? Un événement par exemple ?
- Un événement... Oui ! Il se rend demain à un rendez-vous auprès de certains de ses amis. Des gens de ma connaissance. Tu veux que je te donne les noms ou...
- Non merci. Ce qui m'intéresse, c'est le fait qu'il soit absent. Pas qu'il soit entouré.
- Et bien... En parlant de ça : au même moment, son second sera aux quais, dans la zone B.
- Neville ? Pourquoi faire ?
- Une arrivée.
- Un bateau ? De la marchandise ?
- De la main d'oeuvre. Enfin...
- Pas besoin d'un dessin. C'est plutôt bon ça...
En effet c'est très bon ! Et rapidement j'imagine le plan qui me permettra de mettre à mal l'affaire de ce cher monsieur Atyl. Les idées se mélangent aux révélations de la jolie rousse et je souris de plus en plus.
Premier point : trouver un alibi. Humain de préférence.