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Précédemment dans "Droit devant !"...
Joseph Hamil le timonier, Alan Reintan le calfat et Edward Thatch leur capitaine sont les seuls rescapés de leur équipage, suite à un malheureux indicent en mer. Gouvernail hors service et irréparable, ils filent droit devant jusqu'à avoir la chance de tomber sur une île. Las Camp est l'heureuse élue et l'embarcation s'écrase sur des récifs, loin hors des villes. Ils cheminent tout trois jusqu'à Last End et assistent à un vol en pleine rue. Il en profitent pour tendre une embuscade aux bandits et les laissent pendus dans une ruelle sombre avec l'emblème de Thatch dessiné sur le mur du fond, après les avoir dépouillés de leur butin de la journée.
Thatch décide qu'il est temps de se faire connaître...
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Le trio de pirates vient de s'installer dans une auberge. Leur nombre réduit leur permet sans tellement se soucier de leurs dépenses de se loger dans chacun une chambre, suffisamment confortable pour le coin. Il a été difficile de trouver un endroit où l'hygiène semblait acceptable, et cet établissement semble convenir autant que possible pour Last End.
Last End... Quand ils ont entendu ce nom, ils ont compris à quelle genre de ville ils avaient affaire. Le genre de ville déplorablement malsaine où l'exposition publique de la richesse n'a pas sa place. Où l'affichage du bonheur n'engendre que problème. N'essayez pas d'être différent. Fondez-vous dans la masse, ne vous faites pas remarquer par la pègre, profitez secrètement du peu que vous avez et essayez de ne pas le perdre. Et peut-être, peut-être vous extrairez vous de la déchéance de l'humanité qui règne dans les méandres les plus obscurs de cette cité délabrée.
Alors oui, cette auberge a une hygiène acceptable. En comparaison des alentours. Les rats restent en dehors des chambres à force de leur donner des coups de pieds et les cafards préfèrent les cuisines aux draps des lits. Question de proximité avec la nourriture. Les badauds qui y passent et qui y logent sont communs, rien d'exceptionnel. On y mange, on y chante des chansons paillardes le soir, on y dort bien lorsqu'on parvient à faire abstraction du bruit général des lieux. Même le nom de l'établissement sonne comme une musique glaciale : "Le calme avant la tempête". De quoi vous donner des frissons dans le dos.
La soirée commence tranquillement, avec le soleil qui commence à toucher les toits branlants des maisons et l'horloge en bas de l'auberge qui sonne sept coups. Par la fenêtre de sa chambre, située au dernier étage, Thatch a une vue agréable sur les lueurs rougeoyantes de l'astre descendant inexorablement pour laisser place à la nuit. Ses couleurs de flammes ondulent par delà les édifices, oscillant entre les cheminées et disparaissant peu à peu sous l'horizon. Un coucher de soleil n'est jamais long mais est toujours resplendissant de sérénité et de beauté. Les lumières orangées dansent jusqu'à se dissimuler au-delà du visible.
Comme convenu auparavant, Hamil et Reintan arrivent dans la chambre de Thatch. Réunion.
« Venez, installez-vous. »
Il leur tend des chaises et les trois hommes s'installent autour d'une table basse.
« Bon... Pas d'équipage, pas de navire, pas assez d'argent pour en acheter un. Si on veut naviguer, il va falloir en prendre un par nos propres moyens.
- Sans les hommes pour manœuvrer le navire volé, on ne va pas aller loin...
- Et sans navire, on ne va pas attirer grand monde.
- Hum...
- On peut recruter sans navire, mais pour ça il faut être réputé, que les intéressés aient confiance en leur avenir financier à nos côtés.
- Et dernièrement, je ne peux pas dire avoir particulièrement réussi ce point...
- C'est pas un souci, ici on n'est pas connu.
- Donc ça devient un souci : on n'est pas réputé, on attirera personne. Retour à la case départ.
- Mm...
- Hamil, vous semblez bien pensif.
- Nous n'avons pas nécessairement besoin d'hommes pour manœuvrer un navire. Si on trouve le bon, qu'il est assez petit, à trois ça sera suffisant. Si en plus on se sert de vos affinités avec les cordes Capitaine, je pourrai me focaliser sur la barre. Il faut juste trouver le bâtiment adéquat.
- Ce qui m'inquiète ce sont les attaques à réaliser en mer. A trois, ça risque d'être difficile.
- Pas nécessairement. Il faut simplement se rabattre sur des proies bien plus faibles que ce dont on a l'habitude.
- Plus faibles ? Moins de gains alors, j'sais pas si c'est une bonne idée. Capitaine ?
- J'aime bien votre idée Hamil. De plus, même si les proies sont plus petites, on ne divisera le résultat qu'en trois parts au lieu de les répartir en un équipage complet. Par contre il nous faudra jouer sur l'effet de surprise, et il nous faudra un vrai bâtiment de guerre, une artillerie puissante.
- Sur un petit navire ?
- On trouve de tout quand on cherche bien. Imaginez une embarcation manœuvrable par trois hommes avec la puissance de feu d'un navire de classe supérieure.
- Dit comme ça, ça sonne bien.
- Piraterie à trois alors ? Équipage réduit ?
- Faut tenter comme ça, voir si ça fonctionne.
- On se fait une réputation comme ça, et ensuite on voit. On pourra plus facilement trouver des hommes à l'avenir et s'attaquer à des cibles plus importantes. Est-ce que ce projet vous va à tous les deux ? Monsieur Reintan ?
- Ok pour moi. Ça va nous changer et ça peut nous rapporter gros. J'en suis.
- Monsieur Hamil ?
- J'aime l'idée, j'aime le concept. Validé pour moi. Mais il va falloir que vous assuriez au combat, Capitaine. J'commence à me faire vieux pour ce point.
- Je ferai mon possible. Je compte surtout sur vos compétences de navigation, évitez de crever, on aurait du mal sans vous. Et puis, j'aurai Reintan pour m'aider ! Pas vrai ?
- Toujours là pour vous Capitaine !
- Parfait. Merci pour vos conseils, maintenant on va profiter de cette auberge et aller se remplir la panse. Cette nuit on sera de sortie, il faut explorer cette ville qui empeste la pourriture. »
« Et je préfère profiter de la noirceur de la nuit. »
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