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Un nouveau départ (Nan, j'déconne)

Le soleil au dessus de Boréa était haut dans le ciel, midi avait passé depuis peu et un navire arrivait dans le port de Lavallière. À bord de ce navire, le plus beau héros de tous les temps, le plus fort et le plus respecté. J’ai nommé Abel Maleterre. Enfin moi quoi. Un gars qui en jette, qui a de la gueule, qui attire les gonzesses et fait jalouser les mecs. Bref, un héros quoi. Seulement, en cette occasion, je me devais de passer incognito. Je pressentais que j’étais amené à faire de grandes choses, mais il fallait pour cela se montrer discret. J’avais donc opté pour le bonnet enfoncé dans le crâne jusqu’aux sourcils, la paire de lunettes de soleil bien enfoncée sur les yeux et la doudoune énorme déformant bien entendu mon corps d’athlète. Cet attirail n’étant absolument pas lié au froid terrible qui régnait sur l’île, bien qu’il fut tout à fait adéquat.

À peine j’eus posé un pied sur la terre ferme qu’un gars m’aborda. C’était visiblement un officiel de la ville à en juger par sa tenue et je lui fis signe de se montrer discret. Je ne voulais pas provoquer un mouvement de foule, en tout cas pas avant d’avoir accompli ce que j’étais venu faire.

« Psst, je suis ici incognito, je préfère vous le dire tout de suite, je ne veux pas attirer les gens. Ils pourraient se faire des idées sur ma venue ici et je n’ai pas envie de signer des autographes toute la sainte journée.
-Très bien monsieur, je vais vous accompagner à un hôtel tranquille. Il me faudra tout de même vos noms et prénoms, histoire de vous noter dans le registre.
-Je vous dit que personne ne doit savoir que je suis ici.
-Personne ne le saura, du moins avant votre départ. »

Bon, très bien, puisqu’il le voulait vraiment… J’ôtai mes lunettes et soulevai légèrement mon bonnet pour lui montrer ma frimousse. Décidément, ce gars était quelqu’un de très bien ; il avait retenu son exclamation de surprise en me reconnaissant et alla même jusqu’à me demander mes papiers. Tout ça pour ne pas paraître suspect. Quel professionnalisme. Il me conduisit donc jusqu’à un petit hôtel miteux. Je n’aurais pas rêvé mieux pour me planquer. Qui croirait qu’un gars comme moi s’abaisserait à vivre dans ce genre de lieu ? Ce séjour sur Boréa s’avérait des plus excitants.

Je pris une bonne demi-heure à m’installer dans la petite chambre qu’on me confia, puis redescendis demander où je pouvais trouver un restaurant. La faim menaçait mon ventre et je ne pouvais certainement pas utiliser mon cerveau avec un tel handicap. Je pris donc la direction d’un petit bouge inoffensif, toujours à l’abri derrière mes couches de vêtements, en suivant convenablement le plan donné par la petite dame à l’accueil de l’hôtel.

Le restaurant dans lequel j’atterris était tout à fait agréable. Je faisais bien attention de ne pas montrer mon visage aux serveurs et commandais comme si j’étais quelqu’un de normal. Chose extrêmement difficile lorsqu’on n’a pas l’habitude. La large entrecôte qu’on vint m’apporter me mit l’eau à la bouche. Quel délice, je crevais de faim. Je ne pus m’empêcher de jeter un œil autour de moi avant d’entamer ma première bouchée. Personne ne m’avait remarqué, je pouvais manger à mon aise. J’aurais bien le temps de me soucier des diverses actions héroïques que j’allais accomplir après avoir bien mangé.
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Allez ! Un bon coup de pied et cette chiure de porte sort de ses gonds pour aller s'écraser cinq bon mètres plus loin. J'ai manqué d'écraser un couple de petits vieux qui tremblent comme des feuilles mortes. C'est l'âge ça. Ou alors c'est la trouille de voir un gaillard de mon encablure défoncer une porte. Au choix.

- Service d'Hygiène ! Personne ne bouge !

Personne bougeait pour commencer, ça va pas trop les chambouler. Quoi que y'en a quand même beaucoup qui me regardent d'un drôle d'air. C'est à cause de la porte c'est ça ? Un détail de mise en scène, et ces cons se focalisent là-dessus pendant des plombes. Faut un peu aller de l'avant.
Ce qui m'intéresse c'est surtout la réaction du petit personnel. Les serveurs restent debout à chercher le regard de la patronne et la patronne reste debout à chercher le regard des serveurs. Je les sens un peu perdus.

- Vous n'êtes pas notre contrôleur habituel, et je doute très honnêtement que vous travailliez pour le service d'hygiène.

Elle a a le nez fin la rouquine, elle m'a percé à jour en un instant. Bas les masques.

- Nan mais évid'mment que j'suis pas une loque du service d'hygiène. En fait, ç'une ruse pour voir si l'restaurant est propre ou non. Si jamais l'personnel panique c'est qu'y z'ont quelque chose à se r'procher donc j'mange pas là l'cas échant.

Sont estomaqués par le côté brillant de mon plan. Si brillant qui z'en sont presque aveuglés.

- Donc vous défoncez des portes de restaurants jusqu'à ce que vous trouviez un gérant qui ne panique pas ?

- C'est ça.


Que je lui réponds en allant m'installer à une table. M'a l'air tout à fait convenable ce petit restau après tout. La serviette est prête sur la table, que demande le peuple ? Je la mets dans l'encolure de mon Marcel pis je pose mes grosses paluches sur la table en croisant mes doigts. Là je suis sage comme tout, j'attends qu'on vienne prendre ma commande.

- Bon j'appelle la marine....

Non non non non non non non non ! Là je bondis presque de ma chaise, toujours la serviette accrochée, pis je m'avance jusqu'au comptoir derrière lequel elle vient de sortir un escargophone. Faut croire que je dois avoir l'air menaçant parce qu'elle fait quelques pas en arrière en affichant une trogne qui se décompose un peu plus chaque fois que je m'approche. Pis quand je me mets à fouiller ma poche droite, elle s'attend au pire. Forcément. L'a pas tort remarque, mais là c'est pas pour lui jouer un mauvais tour.

- R'gardez ma carte.

Une authentification tout ce qui a de plus officielle pour attester du fait que je bosse pour le Cipher Pol. Normalement c'est juste à fournir à des membres de ma hiérarchie parce que vous comprenez c'est secret tout ça. Cette tartuferie je vous jure. Comme si les agents se privaient de l'utiliser pour avoir droit à quelques avantages.

- Qu'est-ce que c'est que ça ?

Qu'elle demande l'autre en faisant une drôle de gueule en voyant l'insigne du G.M. Aaaah, elle devient plus raisonnable la grosse (je stigmatise pas, je qualifie), et y'a sa main avec l'escargophone qui glisse doucement vers le bas pour reposer la bête sous son comptoir. L'a l'air d'abandonner son idée à la con. Déranger des marines de la régulière à une heure pareille enfin, c'est pas raisonnable. Tout le monde sait qu'à cette heure-ci de toute façon ils boivent l'apéro, y pourront pas être mobilisés avant cinq ou six heures. Après la sieste bien entendu.
Ouais, je suis un peu malveillant quand il est question de causer de la régulière, mais faut admettre que c'est un sacré ramassis de Jean-foutres.

- Ça, c'est la carte magique qui veut dire "J'ai l'droit". Donc on oublie la porte pis on se magne de prendre ma commande hein ?

Ce manque de professionnalisme je vous jure. On croirait qu'elle a jamais servi à manger à un officier du Cipher Pol. Pourtant elle l'a sûrement fait sans le savoir. Parce que comme dirait l'autre : "Il sont là, ce sont eux nos vrais ennemis, puissants organisés, habiles, déterminés, vous les croisez dans les rues, dans les campagnes, aussi haineux que lâches, vous les connaissez : le parti des agents du désastre, les agents du pire...". J'ai des frissons chaque fois que je me souviens de cette citation.
Où que j'en étais ? Ah oui.

- Pourquoi j'ai pas encore mon entr'côte ? V'la faites cuire au soleil ? C'est quoi l'idée ?

Le service client laisse à désirer. Déjà que la moche elle m'a forcé la main pour payer pour sa porte à la con, faut en plus que j'attende une plombe pour la pitance. J'ai beau être une bonne pâte, y'a des choses avec lesquelles on plaisante pas, attendre la bouffe c'en est une. Surtout que j'ai pas que ça à foutre de mes journées. Faut que j'infiltre Bourgeoys incognito, que j'y sabote les défenses pour laisser entrer tous les crevards qui rôdent autour, je préviens la garnison pour qu'elle soit la première sur le coup à virer toute la charogne putride qui s'est infiltrée, après, c'est aux officiels du G.M de faire valoir l'efficacité de nos gars sur Boréa et renégocier le coût de l'implantation de la garnison sur l'île. De la sournoiserie de pompier pyromane, bref, du Oletto tout craché.

- Monsieur, notre dernière entrecôte a été servie au monsieur là-bas. J'en suis désolée.

Et elle me le montre du doigt. Pas net le gars. L'a même pas enlevé son bonnet ou sa doudoune. Avec ses lunettes de soleil sur le bout du nez, je vois bien qui zyeute à droite à gauche. Ouuuh lui, je sens que c'est un danger pour la collectivité. Et je dis pas ça juste pour lui casser la gueule et lui piquer son entrecôte. Enfin pas que pour ça. Oh eh puis merde j'ai pas à me justifier, c'est carrément pour ça. Mais bon.... c'est Jeudi midi, et l'entrecôte du Jeudi midi ça reste quand même une coutume à respecter. Vu mon application à respecter cette tradition, c'est limite un rituel même. Ouais, un rituel. Mon entrecôte du Jeudi en fait c'est un impératif religieux. Au fond c'est Dieu qui veut que je lui pique son entrecôte à l'autre, je le sens au fond de moi, surtout au niveau de l'estomac en fait.

Je largue les amarres et je vais m'installer à sa table. Pas un mot. Le silence y'a rien de tel pour mettre la pression. Y sait plus où se mettre l'autre. L'a pas l'air terrifié mais plutôt agacé. Agacé ? Mais c'est pas une réaction à avoir ça.

- Putain il m'a reconnu... J'avais pourtant demandé de la discrétion, mais nooon...

Qu'est-ce qu'y raconte encore l'autre zigoto ? Et, mais... Qu'est-ce qu'il fout avec sa serviette. Il écrit dessus ? Je vais peut-être lui piquer son entrecôte finalement, si ce qu'il a c'est contagieux, je préfère pas tenter le diable à choper sa saloperie. Voilà qu'y me file sa serviette maintenant. J'espère qu'il y a pas inscrit une proposition indécente, ça me fâcherait je crois.

- Voilà, vous l'avez votre autographe. Maintenant laissez-moi manger incognito.

Qu'est-ce que c'est que ce cas psychiatrique ?
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Le problème de ce genre de fan, le genre en particulier de l’horrible bonhomme qui venait de se présenter à mes côtés en interrompant mon repas, c’était qu’ils s’avéraient particulièrement collants. Le pauvre abruti était trop timide pour oser ouvrir la bouche en ma présence. Me voir, là, dans le même restaurant que lui l’avait très certainement privé de parole et il restait là, figé, à attendre bêtement un geste de ma part. Seulement, le geste, je l’avais déjà fait. La serviette où j’avais griffonné une signature à son attention se balançait au bout de son bras. Énervant. J’hésitais à appeler les serveurs pour qu’ils me débarrassent de cet énergumène mais ça aurait attiré l’attention sur moi de manière encore plus flagrante qu’en ayant juste un énorme abruti, debout devant moi, attendant que je casse la croûte avec lui.

« Hé bien, cher monsieur, si vous ne voulez pas partir, asseyez-vous, mais ne restez pas planté-là debout, ça me met mal à l’aise.
-L’entr’côte, c’pour moi. »

Hé merde. Encore un de ces fans hardcore qui voulait manger un bout de la sainte nourriture de leur idole. Non, merde, je suis encore un être humain, j’ai le droit à un peu de vie privée, non ? Je pris une longue inspiration avant de regarder le bonhomme droit dans les yeux, tout en faisant glisser mes lunettes sur le bout de mon nez de façon à ce qu’il fut le seul qui puisse les voir. Mon regard était compréhensible, c’était un de ceux que j’adressais souvent à ce genre d’individus un peu trop attachés à moi ; le regard « dégage mon gars, je souhaite être tranquille ».

Mais le message ne passa pas, l’énorme bonhomme ne bougea pas d’un centimètre. MERDE, j’étais censé être ici incognito ! Qui avait bien pu lui faire part de ma présence ? Ou bien m’avait-il suivi ? Était il arrivé sur Boréa en même temps que moi dans l’espoir de suivre le quotidien de son héros préféré ? Mystère et boule de gomme… Je fis ce que toute personne normale aurait fait à ma place ; je fis mine de l’ignorer royalement.

La viande était tendre et j’eus à peine besoin d’en effleurer la surface de mon couteau pour qu’elle se coupe facilement. Ma fourchette se planta dans le petit bout de bidoche que j’avais découpé puis s’engouffra dans ma bouche. Miam, je mâchais avec délice le succulent morceau, le sang de bœuf se répandant dans ma gorge avec une telle…

« NON MAIS BORDEL, VOUS ALLEZ DÉGAGER D’ICI OUI OU MERDE ? JE MANGE ! »

Bon, pour ma couverture, c’était grillé. Désormais, tous les clients du restaurant s’étaient levés, et une expression stupéfaite s’affichait sur leur visage ; ils m’avaient reconnu. Bravo, monsieur gros tas. Vous êtes content de vous ? Je ne pouvais plus faire semblant. J’ôtais mon bonnet et ma parka et lançais un regard de défi à l’énorme machin qui trônait devant moi. Il n’avait toujours pas ouvert la bouche depuis qu’il avait demandé à manger mon entrecôte. Son regard était dur, froid, dénué de tout sentiment. Les hordes de fans recrutaient-elles désormais des zombies obèses ? Je pris quelques secondes pour me calmer un peu, mais désormais c’était trop tard, il allait subir mon courroux.

« Monsieur ! Vous avez l’honneur d’être attendu dans la rue principale dans deux heures pour un duel des plus épiques et des plus spectaculaires avec moi-même. Je ne pense pas que j’aie besoin de me présenter. Et vous, qui êtes vous ?
-V’savez m’sieur, si vous v’présentez pas, j’ferai d’même, et j’acc’pte l’duel. M’d’abord, j’veux c’tte entr’cote, j’faim !
-Oui, eh bien, moi aussi j’ai faim et j’ai commandé cette entrecôte, et j’aime pas partager, et BON SANG MAIS VOUS ME FAITES CHIER A LA FIN ! »

J’attrapai d’une main mon entrecôte dont je n’avais avalé qu’un tout petit morceau et la fourrai entièrement dans ma bouche d’un air de défi. J’ouvris de grands yeux et l’énorme tas de graisse qui se tenait toujours devant moi me regardait d’un air qui me sembla blasé. Puis je me tordis en deux pour essayer de recracher la viande qui s’était coincée dans mon œsophage.

« T...u e..s u..n m..ons...tre !
-C’pas moi qu’ai mis ‘n m’rceau ‘tier d’bidoche d’ns m’bouche s’ns m’soucier d’si ç’rentrait ou p’s…
-Haha, très drôle, avais-je fait en retrouvant mon souffle. On se retrouve tout à l’heure et je te bougnave la face. Remarque, vu c’que t’es laid, ça ne pourra que t’arranger le portrait ! »

Le gars m’avait tellement énervé que j’étais passé au tutoiement sans demander sa permission. En même temps, quand on est un héros, on peut se permettre des choses que la politesse ne permet pas au commun des mortels. Dans quelques heures, ce gars-là allait être éclaté par ma prodigieuse puissance extraordinaire et il regretterait de s’être attaqué à moi. Je me relevais dignement et pris la direction de la sortie. Il me fallait me préparer. Rien de tel qu’une petite sieste et un bon échauffement avant d’aller combattre.
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Putain je crois que je vais tuer une vedette. Ça va faire tâche sur le C.V je sais bien, surtout si j'essuie les restes avec, mais je crois bien que je vais buter une vedette. Déjà que ça se sait que les couvertures et moi c'est pas le grand amour, si on vient à savoir en plus que je bute des chanteurs de charme ou je ne sais quoi dans les rues, là ça va me freiner des perspectives de carrière.

Ce fumier quand même. Y m'a salopé l'entrecôte, il l'a même pas bouffée entièrement, et l'est parti comme un prince en croyant que j'allais attendre deux heures avant de parfaire son éducation à coups de mornifles. Un peu que je lui emboîte le pas à cet empaffé. S'il est connu pour travailler dans la mode, va pas tarder à se reconvertir en mannequin.... de crash test. L'esclandre dans le restaurant... bon, je lui pardonne. Qui n'a pas attiré l'attention dans un lieu public, en hurlant, ou en dévissant des portes de manière subite. Ça arrive.
Mais le coup de l'entrecôte, ça, ça m'est resté en travers de la gorge. Enfin de la sienne aussi. Pour ça que je peux même plus grailler les restes. Chienne de vie, pute d'artiste ; ça va barder !

Voilà t'y pas que je le rattrape. Y se retourne, y'a même pas vingt centimètres qui nous séparent. Et là, alors que je croyais qu'il allait un peu s'écraser en voyant qu'y faisait littéralement pas le poids, y me fout un direct dans la panse. Mais d'où y sort celui-là ? Un fou pareil faut le mettre sous verre, pour la postérité. Là, je me tâte pas mal pour l'emplâtrer dans le sol en fait.
Pis j'ai rien senti. Après tout, tout le monde sait bien que le milieu des artistes hein.... sont tous un peu... alors la baston chez les.... hein ! Voilà quoi.

Et tout fier de lui, le gars y me pince la joue et y me regarde sûr de lui.

- Et que ça te serve de leçon va.

Des fois, un gars peut faire preuve de tellement de culot qu'on sait pu comment réagir. J'en ai désamorcée des situations épineuses, du genre bien complexe, je suis un gars capable de sang-froid en toute situation. Mais la vedette de soixante kilos tout mouillé qui croit qu'y m'a battu, alors là, y'a mes circuits qu'on grillé d'un coup. Au C.P 2 on n'est pas préparé à ce genre de situation.
Je crois qu'y faut que je reprenne le travail, ça me détendra. Faisons comme si y ne s'était rien passé. Ce sera mieux pour mes nerfs. Où que j'en étais avant de rencontrer cette tanche ?...

Ah oui ! L'infiltration de Bourgeoys et le tutti quanti. Comment je vais rentrer là-dedans avec ma dégaine ? Ça m'emmerderait d'avoir recours aux passeurs. Les gars sont organisés en réseau, si l'un d'eux m'identifie, on pourra deviner à terme que toute l'opération était chapeautée par le G.M pour accentuer son emprise sur l'île. Et un réseau, c'est chiant à assassiner jusqu'au dernier. Surtout un truc clandestin.
Non, faut que j'innove. Ça va pas être de la tarte, là-bas, c'est un monde à part. Très sélectif sur la population. Si ce n'est les élites richissimes, nantis de tous bords et artistes surestimés : on n'entre pas.

- Artist' s'réstimé....? Oh p'tain !

Là-dessus, je fais volte face, je cours jusqu'à l'autre ablette qui se dirigeait vers son hôtel, y se retourne, et toujours aussi confiant y me sort :

- ArHmmmfgLLl !

Ouais, parce que mon premier réflexe quand je suis arrivé à lui, c'est de serrer ma pogne autour de sa grande gueule. Je le tiens mon ticket d'entrée pour Bourgeoys. Du genre à usage unique, je m'en sers pour entrer et je le jette ni vu ni connu. Suffira de me faire passer pour son imprésario pour rentrer à côté de lui. C'est fou ce que je réfléchis bien même le ventre vide.

- Si tu veux pas qu'ta carrière s'arrêt' là, t'as intérêt à m'écouter.

- C'est pas tes menaces qui me font peur ! Les plus grandes célébrités sont mortes jeunes ! Vas-y ! À moi la postérité ! Vas-y !

Putain y s'arrête jamais.

- Et y'en a combien qu'ont continué leur carrière après êt' émasculé ?

Dans son regard, je vois bien qu'il est pas tenté de finir castra dans une chorale. Un peu de bon sens, ENFIN !
Pour pas qu'y me glisse entre les doigts, je le chope par l'arrière du col et direction les remparts de Bourgeoys. Je vais lui donner l'occasion de se faire pardonner pour l'entrecôte. Pis après je le tuerai. Voilà, ça c'est un plan comme je les aime : inventifs, fonctionnels et avec la cerise sur le gâteau à la fin.
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Raaaah, s’il était bien une chose désagréable, c’était l’empêcheur de tourner en rond par excellence. Être un héros m’avait souvent mis dans ce genre de situations et il fallait parfois savoir fermer sa gueule. À ce stade-là de l’aventure, je n’avais toujours pas compris ce que l’obèse voulait de moi. Il me tenait fermement par le col et j’avais eu beau protester qu’il me faisait mal, il ne me lâcha pas avant d’être arrivé non loin d’épais murs fortifiés qui avaient l’air d’être sévèrement gardés. Bourgeoys, indiquait le panneau fléché qui ne pouvait désigner que le mur de fortifications très peu accueillants.

« Bon, vous allez me lâcher, triple andouille ? Devrais-je plutôt dire quintuple ? Ou même septuple?
-C’t’ici not’ d’stination.
-Qu’est ce que c’est que ça encore, j’ai absolument pas envie d’entrer là-dedans, je suis ici IN-CO-GNI-TO, il me semble vous l’avoir déjà fait comprendre. Ça m’a pas l’air du tout d’être l’endroit où trouver ma prochaine cible.
-T’cible ?
-Bon, je te le dis à toi, parce que tu m’as l’air sympathique, et aussi parce que tu menaces de m’égorger et que je ne veux pas mourir aussi piteusement, je suis ici pour sauver cette île de quelque chose de terrible qui va sans doute arriver prochainement.
-Hein ?
-Oui, mon instinct de héros m’a mené jusqu’à Boréa et je me suis rarement trompé. J’ai senti une vibration au niveau du foie puis les lettres sont apparues par signes très clairs dans mon cerveau. Seulement, au moment où je m’apprêtais à savoir contre quoi j’allais devoir me battre, je me suis réveillé et la vision d’un énorme porc, mais non, pas vous, un vrai cochon m’a empêché d’en savoir plus.
-R’en c’pris.
-Pour faire court, je dois protéger Boréa, mais je ne sais pas encore exactement de quoi. »

Le gros bonhomme m’avait lâché par terre et me regardait droit dans les yeux avec un air ahuri. Je me doutais qu’il ne s’attendait pas à tant d’héroïsme en face de lui. C’est toujours un cap de rencontrer une vedette. Je finis par rompre le silence qui s’était créé depuis qu’il m’avait redéposé au sol pour lui expliquer que ce n’était certainement pas dans cette partie de l’île que mon monstre allait apparaître. Je me doutais qu’il faudrait que je combatte à mains nues une sorte d’Hydre à 9 têtes qui viendrait m’affronter au milieu de ces pauvres habitants morts de froid.

« M’gars ? J’crois qu’j’connais quelqu’un qu’pourrait t’rens’gner sûr t’monstre.
-Ah ? Mais c’est une super nouvelle. Je ne m’attendais pas à ce que vous m’aidiez. Quoiqu’il faut bien que le Héros ait des alliés, sinon, il ne réussirait pas un quart des merveilles qu’il fait. Bien sûr que c’est lui qui termine et donne le coup de grâce, parce qu’il est plus fort, plus malin, plus beau et extraordinairement plus classe que ses potes mais bien entendu, un petit coup de main n’est pas de refus. Alors dites moi cher… ? »

Je me rendis compte avec étonnement que je ne connaissais pas le moins du monde le nom de mon interlocuteur. Et quand celui-ci prononça quelque chose qui devait s’y apparenter, je ne compris pas un traître mot. Comme vous l’avez sûrement remarqué, ce gars-là avait un sérieux problème avec les voyelles et bien sûr, si le moment avait été plus propice à la chose, je l’aurais orienté vers un excellent praticien-orthophoniste qui avait rééduqué plus d’un cas grave en matière de prononciation bizarre. Moi-même, à l’âge de sept ans, j’y étais passé pour un léger zozotement qui aurait certainement empêché une aussi grande carrière.

« Bon, revenons à nos moutons, où est-il, cet homme qui pourrait me renseigner sur ma prochaine tâche ?
-Là-d’dans, et il me désigna les remparts de Bourgeoys de son gros doigt boudiné.
-Super, ça devrait pas être trop compliqué. Au fait, tu as gagné ma confiance, mon nom est Maleterre, Abel Maleterre. Je pourrais peut-être te laisser travailler à mes côtés à l’avenir. Pas trop longtemps car autour de moi, le danger est omniprésent, mais tu as l’air robuste. »

Depuis quelques temps, l’obèse ne répondait quasiment plus à ce que je disais. Sans doute bien trop impressionné. Rah, je n’aimais pas que les gens deviennent timides à mon contact, ça rendait nos relations bien trop superficielles.

Nous arrivâmes au devant des remparts de Bourgeoys. Un homme gardait la porte et vint opposer une hallebarde d’une taille gigantesque à nos deux corps qui essayaient d’avancer. Je souris. Bien entendu, emmitouflé comme je l’étais, il ne m’avait pas reconnu. Sitôt que j’aurais retiré mes couches de vêtements, le gars se prosternerait à mes pieds et me laisserait passer. C’était dégueulasse mais la popularité dont je jouissais me donnait une certaine quantité de passe-droits.

« Je suis attendu, ne perdons pas trop de temps.
-Et vous êtes ? Fit le hallebardier en sortant une liste pleine de noms de sa poche.
-Abel Maleterre.
-Vous n’êtes pas sur la liste.
-Je suis sur toutes les listes.
-Et bien, vous n’êtes pas sûr celle-ci.
-VOUS ÊTES SOURD, JE VOUS AI DIT QUE J’ÉTAIS ABEL MALETERRE !
-J’ai entendu.
-Ahhhh. »

Je fis un pas pour avancer avant même qu’il ait retiré son arme de mon chemin. En fait il ne retira pas son arme de mon chemin. Il ne voulait pas me laisser passer. Il allait voir ce qu’il allait voir.
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Sacré Bébél. Oui, je l'appelle Bébél, y'a pas de mal à ça. Que je sache y'a bien des cul-terreux qui donnent des petits noms affectueux à leurs lapins avant de leur briser la nuque quand y seront bien gras. C'est un peu le genre de relation qui nous lie présentement avec Bébél ; dès qu'y me sera plus utile, hop ! En civet.
Cette manie qu'il a de citer tout le dictionnaire pour me dire ce que je peux résumer en deux mots, on jurerait qu'y cherche le trépas. Mais un trépas violent, y veut mériter sa mort, ça se sent.
Y se présente - inconnu au bataillon - je me présente, après ça je le traîne jusqu'à Bourgeoys. Si je peux pas rentrer grâce à lui, je m'en sers comme masse pour taper sur tout ce qui bouge. Bon peut-être pas. Faut un minimum de discrétion, Cipher Pol oblige. Mais putain c'est tentant.

Là Bébél, il est en état catatonique. Je sais pas ce que ça veut dire, mais il a l'air vachement dans cet état là quand même. L'est pas juste choqué d'avoir été refoulé, il est outré, scandalisé. Là y fait semblant de manquer d'air pour bien montrer qu'il est offusqué comme une diva. Vu son talent de comédien, j'en déduis qu'y doit pas être acteur, et s'il est bien acteur, j'en déduis qu'y doit avoir de bonnes relations.
Bon, sa petite gueule nous aura pas été utile pour rentrer, on va tenter le charme Oletto. Ça vaut ce que ça vaut, mais si j'échoue, je me reconvertirai dans l'assassinat. Pas que je suis méchant, je tue le moins possible. Mais mon steack qui me passe sous le nez et cet imbécile heureux dans les pattes, ça rend un peu aigri, donc faudra que quelqu'un casque tôt ou tard.

Je regarde à droite à gauche, pour faire mine qu'on n'est pas surveillés. Ça intrigue un peu le garde.

- Dorrick Oletti, agent de....

D'un signe du menton je montre l'autre loque qui est à même le sol en position fœtale à gémir "Impossible" ou encore "Malotru", j'ai même cru entendre un "Enculé" glissé au milieu du tout, bref je montre mon poulain.

- App'lons-le "Abel Mal'terre", C'la proc'dure.

La procédure. Qu'est-ce qui faut pas dire comme conneries. En tout cas, ça un côté mystérieux, alors forcément le garde y se montre un peu curieux. Y croit pas un mot à ce que je viens de dire, mais y'a un doute dans sa brèche de certitudes. Et si ce gars qu'y venait de refouler était un autre de ces connards snobs et prétentieux qui pourrait lui mener une vie de misère s'y venait à témoigner de comment il avait été accueilli ?

- On pr'fère pas trop ébruiter son nom, p'rcque l'dernière fois, v'savez bien c'qui s'est passé....

Y sait pas, moi non plus, pour cause, s'est jamais rien passé. Et pourtant, y prend un air pensif le gars et y finit par hocher la tête d'un air vachement sûr de lui du genre "Ah ouiiiii, je vois tout à fait de quoi vous parlez". L'histoire est bâtie sur un mythe originel, et faut que j'improvise la mythologie de l'autre tête de mythe qui commence à se rouler par terre et faire une crise.

- Mais bon, j'vois qu'vous z'êtes du genre prudent, j'aime autant r'marque. Donc à vous j'peux vous l'dire, mais promettez d'pas l'répéter.

Quand quelqu'un sait qu'y va être mis dans la confidence, y se sent spécial, détenteur d'un savoir unique, d'une exclusivité, plus intelligent quelque part. Quel con.

- C'est lui.

Y me regarde drôlement. On dirait qu'y me croit pas. Abel s'arrête de gesticuler, là y s'est relevé pour ramasser des cailloux. Si ça l'occupe tant mieux. Eh mais... y nous les balance maintenant ?! Ce con vise tellement bien que je m'en prends la moitié dans la gueule. Toi ma parole quand la mission sera finie...
En attendant on va essayer de faire passer ça pour un caprice de star. Putain de saboteur.

- Comment ça "lui" ?

Qui dit le garde en ignorant complètement mon Bébél. On dirait qu'il est habitué à ce que des pisseux qui pètent plus haut que leur cul lui balancent des trucs. Merde j'ai presque de la compassion pour lui maintenant.

- Faites pas c'mme si v'saviez pas... "Lui".

Alors y fronce les sourcils, y doit croire que je me fous de sa gueule, et là sa gueule se décompose peu à peu.

- Vous voulez dire.... "Lui" ?!

L'air grave j'acquiesce.

- Z'vez l'air étonné, z'êtes nouveau j'présume ?

- Ça fait trois ans que je bosse comme garde ici.

Merde, la boulette. À trop vouloir le rouler ça risque de se retourner contre moi. Faut que je retombe sur mes pattes. Heureusement que je sais baratiner mon monde. En fin de compte, on fait tout un foin du boulot au C.P, mais franchement c'est pas grand chose. Suffit d'avoir un peu de tchatche et de péter des gueules. En gros, un pilier de bistrot en dessous de trois grammes, c'est le candidat idéal. On devrait mettre des affiches de recrutement dans les bars. Faudra que je soumette l'idée au patron quand je repasserai au bureau.

- Bien c'que j'dis, z'êtes un p'tit n'veau.

Un bon rire bien gras pour me donner un air de "je suis pas n'importe qui je peux me permettre de te mépriser" et pouf, dissipé le malentendu. Pis je profite que Bébél ait plus de cailloux - il m'en a foutu un dans l'oreille ce connard - pour essayer de lui tirer un rire complice, que ça ait l'air crédible.

- Pas vrai ?

- Ne me cause pas, ne me cause surtout pas. Je suis dans une phase là. Tu sais ce que ça veut dire ? Tu sais ce que ça veut dire ?!
Excuse-moi je me suis emporté. Non ! Ne m'excuse pas, c'est de ta faute tout ça. En fait excuse-toi !


Dire que tout ce que j'ai à faire c'est mettre mon pouce et mon index autour de son petit cou, je force un peu et.... et là ça serait une délivrance de chez délivrance. Pour l'instant je résiste à l'envie, mais ça va pas durer Bébél, ça va pas durer.

- P'rdonnez-le, v'savez c'mment il est quand l'est contrarié....

Et l'autre, bonne poire, y me dit que oui. Non mon gars, tu sais pas comment il est. Ce type... y jette pas juste des cailloux en se prenant pour la princesse de mon cul, non, y s'arrête pas là, y... y gâche la bouffe putain. C'est pas un artiste ça, c'est un vandale, un renégat, un nuisible du genre qu'on laisse pas vivre pour le bien de l'écosystème. Enfin, je vais m'efforcer de prendre sur moi.

- On peut entrer maint'nant ? J'sais qu'c'est pas réglo, y prend pas rendez-vous, y prend j'mais rendez-vous, c'est son côté diva ça. Mais bon... v'savez c'qui va s'passer, ce s'ra comme l'dernière fois y'a cinq ans, y va s'plaindre, vos z'employeurs vont s'mettr' à g'noux, c'est encore le garde qui va manger pour qu'y ait un coupab'... Procédure cl'ssique j'envie d'dire.

Y doit pas trop aimer ça "la procédure classique" l'autre con de garde avec sa.... sa grande fourchette là, parce qu'y devient tout blanc et pis y fait "oui" nerveusement de la tête en s'écartant bien docile. Pis là, comme si c'était naturel, Bébél entre d'une démarche débonnaire, se croyant dans son bon droit. Avec la prestation que je viens de donner pour garantir nos accès, c'est moi l'artiste dans l'affaire, c'est lui qui devrait applaudir.
On est bons. Je lui emboîte le pas, et pour pas trop que le garde tire la gueule je lui dis que je me démerderai pour lui avoir un autographe. Ça suffit à la réjouir. Y'en a qui vivent de bien peu de choses.

Une fois qu'on est bien engouffrés dans cet asile de cons qu'y z'appellent Bourgeoys, je chope Bébél par le bras.

- Toi tu m'quittes pas d'une s'melle ou j'te jure que t's'ras enterré ici.

Sans même me calculer, l'autre chiffe molle se débat mollement et y se met à gueuler :

- À moi ! Gardes ! Ce rustre est inconvenant ! Il m'inconvient ! À moi !

Et la garde locale rapplique. Elle rapplique fissa et j'ai vite une dizaine de connards surarmés autour de moi. Tout ce que je peux faire c'est lever les bras et jeter un regard qui en dit long à Bébél. T'as  osé Bébél... Non seulement tu manques de faire foirer mon infiltration tout à l'heure, mais en plus tu fous ma mission en l'air dès qu'on entre. Je crois que je vais te tuer jusqu'à ce que tu crèves, même si ça doit être la dernière chose que je fais en ce bas monde.
Si tu dissipes pas le malentendu je te jure....
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« Je pense que c’est un dragon céleste.
-Ou un pirate extrêmement balèze qu’il vaut mieux pas contrarier.
-Pas un pirate, il est du côté du gouvernement mondial.
-Une seule chose est sûre, c’est un gros bras, le genre de type qu’il faut écouter.
-T’es sûr ? J’trouve pas qu’il ait une tête…
-Chuuut, s’il t’entend ça va nous retomber dessus.
-Je préfère faire ce qu’il dit et garder mon poste et ma tête.
-À votre avis, il est là dans quel but ?
-Je sais pas, apparemment c’est pas la première fois qu’il vient.
-Qu’est-ce qu’on fait du gros ?
-Tu l’as entendu ? Il veut s’en débarrasser, le type le gêne.
 »

Ça débattait sec en sourdine parmi les gardes qui étaient arrivés à mon cri d’alarme. Non mais oh, ils fallait qu’ils se bougent le cul. Le gugusse m’emmerdait depuis mon repas, c’était bien la moindre des choses que la milice s’en charge. Bien sûr, j’aurais pu le déboulonner d’un coup dans la gueule, mais ses torts n’étaient pas assez importants pour qu’un héros de ma trempe s’en charge. Il suffisait qu’on l’éloigne de ma vue et ce serait bien.

La patrouille encadrait le gros bonhomme dont je n’avais toujours pas saisi le nom et qui levait les pattes en l’air. Quel faible. Je lui jetai un regard de morgue avant de remonter mes lunettes de soleil qui avaient glissé du bout de mon nez.

« Ab’l…
-Je ne te permet pas d’user de mon prénom, rustre. Tu ferais mieux de t’agenouiller et de demander grâce. Je veux et j’exige d’exquises excuses !
-C’est sûr, c’est un noble, vous avez entendu comment il parle, glissa un garde à ses collègues.
-D’z’xcuses ??? T’fous d’ma gueule ?
-C’est la moindre des choses l’ami, tu perturbes mon repas, tu me fais venir ici où je n’avais pas l’intention d’aller immédiatement, même si bien entendu, c’était mon objectif final -et c’est pour ça que je t’ai laissé faire, sinon… Ensuite, tu me bouscules encore ? Mais pour qui te prends tu ? Tu sais très bien qui je suis et ce que je suis capable de faire. Heureusement, ces charmantes personnes sont venus me seconder avant que je ne te laisse dans un état pitoyable. Je pense que je mérite des excuses. Puis, je te laisserai repartir.
-Vous avez entendu, il a dit qu’on était charmants, peut-être qu’on va avoir une promotion les gars! »

L’obèse resta sans voix. Il me regardait fixement sans savoir quoi répondre. Il y avait comme un soupçon de colère dans son regard, mais je pris ça surtout comme une sorte de soumission ; il avait compris à qui il avait affaire. À la bonne heure ! Avec une grande mansuétude, je lui dit que ce genre d’excuses silencieuses me suffisait, puis je détournais le pas et pris la direction que me dictait le destin ; droit devant moi. J’allais bientôt trouver le monstre horrible qu’il me fallait détruire pour sauver cette île, c’était certain. Mon destin m’amenait toujours en ces tragiques circonstances et je finissais toujours par réussir ma tâche. C’est une vie difficile que celle d’un héros.

« Hé Mal’terre ! R’viens ‘ci ! T’as b’soin d’moi !
-Comment ? Moi, besoin d’un individu obscène comme toi ? Mmmhh… Non. Par contre, ces gens ont besoin de moi et je n’ai pas le temps pour des altercations ridicules avec des sangsues comme toi qui m’empêchent de faire mon travail !
-T’travail ?
-Je dois sauver le monde.
-Et c’pour ça qu’j’peux t’der ! »

C’était une évidence, pourquoi ne s’en rendait-il pas compte ? Était-ce vraiment un abruti ? À quoi me servirait un gars gros comme ça pour sauver les pauvres gens qui se trouvaient là ? Puis l’éclair de génie se fit dans mon esprit. Le destin me l’envoyait. Je ne savais pas encore pourquoi, mais c’était sûr, ce n’était pas le genre de ce bon vieux copain le destin de me mettre des bâtons dans les roues, si ce gars-là m’avait été envoyé, c’était pour quelque chose de grand. Je ne savais pas encore pourquoi, mais il me servirait.

« D’accord, j’ai changé d’avis, je te laisse me suivre dans ma tâche, mais tu feras ce que je t’ordonnerai de faire ! Et pour être bien sûr que tu ne m’emmerdes pas, notre petite patrouille va venir avec nous. »

Les gardes s’échangeaient des regards interloqués. Mais au bout d’un rapide conciliabule, ils décidèrent de nous suivre et de surveiller le gras bonhomme pour moi. Je pris la tête du groupe et avançais droit devant moi. L’aventure, c’est l’aventure. Mais une fois de plus j’eus une nouvelle révélation. Si ces gardes étaient arrivés à moi, c’était pour me guider jusqu’à ma tâche.

« Mes amis, fis-je sur un ton empli d’éloquence, je vais commencer par vous attribuer des pseudonymes à chacun pour que nous puissions nous y retrouver. Tu seras donc Alpha, toi Bravo, toi Charlie, Delta, Echo, Foxtrot, Golf, Hotel, India et Juliet ! Tenez vous prêts et emmenez moi !
-C’est moi Echo ?
-C’est moi Echo ?
-Non, c’est pas vous, c’est moi.
-Non, toi t’es India.
-Ta gueule Foxtrot.
-J’aurais préféré Charlie, mais bon…
-Au fait les gars, fit Bravo, il a dit de l’emmener, mais où ?
-Sais pas, mais comment se fait-il que j’écope d’un nom de fille ? Ca t’irait mieux à toi de porter le nom de Juliet, Golf !
-Ah non, Golf, j’aime bien, et puis, je suis pas la seule nana ici !
-Ouais, mais t’es la seule qu’est un minimum jolie…
-Ah mais je ne te permets pas, lança Alpha en lui retournant une claque dans la gueule.
-Bon, arrêtons de nous battre et menons-le !
-La question est toujours la même, où ?
-C’est simple, il a pas donné de destination, alors on lui fait faire une promenade dans toute la ville, ça vous va ?
-Ouais !
-C’est parti!

-N’n, j’cr’s qu’j’suis t’bé sur ‘ne b’nde d’brutis... »
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On étouffe. J'étouffe. Ce con de Bébél je vous jure...
Le voilà qui fait son marché, chaque fois qu'y voit un garde, y le recrute en lui disant de m'avoir à l'œil. Là, j'ai compté - pu que ça à faire vu que je peux plus agir avec tout ce monde aux basques - y sont cinquante-et-un autour de moi. Mais si c'était que ça...
Cinquante-et-un gardes autour d'un même point, bah ça attire le regard, ça attire les curieux. Et qui est-ce qui rapplique ? Tout Bourgeoys qui vient s'agglutiner. Au début y z'ont pensé que c'était moi la vedette vu comme j'étais entouré, mais c'était sans compter sur le besoin d'attention de Bebel.

Au début y serrait des paluches, et puis après il a commencé à dire qu'ils avaient les mains trop moites pour être dignes de lui serrer la pogne. Vu son influence - une bulle créée de toute pièce - tout le monde, comme par réflexe s'est mis à lui lécher le cul.
Ses histoires de dragon ou je sais pas quoi, y trouvaient ça pittoresque. Y z'y voyaient là l'excentricité de l'artiste alors que c'était juste la lubie d'un gros con.

Et comme chez les imbéciles le con est roi, tout le gratin de Bourgeoys s'est mis en quatre pour lui confectionner une maquette grandeur nature de dragon. Généralement un truc qu'on utilise pour garnir les décors de scènes de théâtre. Et moi qui devait faire mon sabotage de la défense incognito, avec tout ce beau monde qui me serre de près, c'est foutu. Ma mission est un échec : j'ai été vaincu par un attardé mental. Ça fout un coup à mon estime, mais faut bien que je le reconnaisse, il a été plus con que je l'aurais cru. Et pourtant... j'avais mis la barre vachement haute.

- Mais dites moâ mon cher Abêêêêl, est-ce bien prudent de mobiliser tous ces gardes ?

Concours de mépris. C'est toujours de mise quand deux snobs qui ne se prennent pas pour n'importe qui conversent. C'est un peu leur concours de bite à eux de se regarder de haut pour discuter. Là Abel y toise le gars qui vient de lui poser une question. On sent qu'y se force à exprimer du dédain, plus qu'y n'en véhicule habituellement en tout cas.

- Pourquoi ça ? Vous sous entendez que ma vie ne vaut pas la peine de mobiliser tant de monde ? Que je devrais laisser les renégats, les chauves, les obèses et même les renégats chauves et obèses me serrer de près pour attenter à ma vie ? Au fond... vous êtes complice !

Hodie mihi cras tibi, ce type pourrit la vie de tous ceux qu'y croise. C'est une sorte de maladie à laquelle on aurait donné une paire de lunettes de soleil. Attends une minute.... L'autre bourgeoyons là, l'a soulevé un truc intéressant. Ma mission est peut-être pas foutue.

- Garder ses z'amis proches d'soi et ses z'enn'mis plus proch' encore. Ça a beau êt' malin, c'est pas juste une cinquantaine d'gardes qui suffiront pour m'empêcher d'te décalquer.

Y prend la mouche.

- Ah oui ? AH OUIIIIIIIIIII ?! Eh bien dans ce cas ! J'en appelle à toute la garde de Bourgeoys, venez donc faire un cordon de sécurité pour ce gros tas ! Le grand Abel l'exige !

Si c'est le grand Abel qui l'exige... Personne sait qui c'est mais dans le doute, tout le monde lui cire les pompes. C'est vrai qu'un gars aussi prétentieux, ça peut être que quelqu'un de foutrement important ou alors un gars foncièrement débile. Vu qu'y z'aient l'air de douter que quelqu'un puisse être aussi con, tout le monde obéit.
Et je me retrouve entouré d'une pléiade de petits gardiens qui s'engueulent les uns les autres à savoir qui a quel nom, pis qui a pété, j'en ai même entendu un qu'a commencer à parler de revendications syndicales et là toute mon escorte s'engueule dans un brouhaha d'enfer. Abel m'aura été plus utile que je l'aurais cru.

Déjà, au milieu de tout ce beau linge, je commence à voir les résultats de la politique de sécurité selon saint Bébél. Y'a des gars qui font tâche dans le paysage. Mal habillés, enfin mieux que moi, mais moins que le gratin de Bourgeoys, avec des drôles de gueule. Et peu à peu, y sont de plus en plus nombreux, si bien que même les habitants s'en rendent compte.

- Mais.... si.... si tous les gardes sont autour du gros... qui garde l'entrée de la ville ?

Bonne question, mais personne a trop le temps d'y répondre puisque y'a déjà des sauvages de l'extérieur qui commencent à piquer des trucs. Faut dire que tout brille ici, ça les change de l'extérieur de la cité. Finalement, y m'aura été plus utile que je ne l'aurais cru le Bébél. Non seulement je l'ai mon insécurité venue de la plèbe, mais en plus, c'est lui qui en sera tenu responsable.

- Je n'ai que faire des hordes prolétaires ! Elles ne sont que les alliées objectives du dragon ! Tout le monde sait ça ! Lorsque j'aurai occis la bête, ils s'en iront comme par magie. La magie Abel !

Ce type est quand même le chaos incarné. Me demande pourquoi les révos s'emmerdent à faire des guerres contre le G.M, y leur suffirait d'envoyer cet empaffé à Marie-Joie pour foutre le système en l'air.
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La foule s’amassait autour de moi et un sentiment d’euphorie me gagna. Que c’était bon de se sentir aimé, de se sentir désiré, d’être le centre de toutes les attentions. Contrairement aux inquiétudes de certains des gardes, la présence de gens de plus petite fortune ne me dérangeait pas. J’avais glissé quelques mots à l’attention des bourgeois de Bourgeoys, pour les rassurer, mais en vérité, j’étais ravi de la présence de ceux que j’avais qualifiés d’ « alliés du dragon ». C’était mon heure de gloire et je sentais que j’allais tous les mener vers une plus grande liberté. Certains d’entre eux m’avaient fabriqué une maquette de dragon, je savais que c’était juste un symbole, juste une image à pourfendre avant d’aller vaincre la véritable créature, mais j’y prenais un plaisir particulier. On me donna un énorme bâton ; le bâton de la justice, devant sans aucun doute représenter la paix, et le rempart contre le mal ; et je l’utilisais pour frapper à plusieurs reprises la maquette qu’on m’avait apporté.

« Ooooooooooooooh !
-Désormais, habitants de Bourgeoys et d’ailleurs, puisque vous semblez être venus en masse aujourd’hui, menez-moi directement au monstre. Tel Don Quichotte et son fidèle Sancho Panza, moi et mon acolyte -le gros là, que vous voyez- nous allons vous débarrasser du démon. Plus jamais vous ne vivrez l’oppression de la bête et vous pourrez raconter ça à vos enfants, à vos petits-enfants et même à vos arrière-petits-enfants si vous vivez suffisamment longtemps. Ils comprendront alors qu’en ce jour, vous avez côtoyé  une légende, un grand nom de l’histoire, un nom que personne n’oubliera plus jamais, celui d’Abel Maleterre !
-AB-EL MALE-TERRE ! Scandait la foule en délire. »

Tous me portaient en triomphe, c’était magnifique, je pleurais de joie derrière mes lunettes de soleil. Une gloire nouvelle m’attendait, non loin d’ici, et ces gens, ces gens qui m’aimaient de toute leur âme m’y emmenaient. Les enfants chantaient et criaient, se prenaient subitement pour moi et cela prenait des proportions Dantesques. Je cherchais un instant des yeux mon énorme barrique qui devait m’accompagner au combat. Perdu de vue. Je glissais à l’oreille de la personne la plus proche cette information et je vis ce dernier passer l’information à son voisin. De proche en proche, la rumeur avançait, si bien qu’au bout de cinq petites minutes, l’intégralité de la foule semblait au courant de la disparition de mon bonhomme.

« LE GROS RE-VIENT ! LE GROS RE-VIENT ! »

Les exclamations se faisaient de plus en plus fortes et chacun cherchait un peu partout où il pouvait être passé. J’exhortais tout le monde à le rechercher avant de pouvoir partir à l’aventure, au devant du danger. Je demandais à ce qu’on me ramène mon gros. Si bien qu’au bout de quelques temps, la masse de mes admirateurs m’avaient ramené tous les gros qu’ils pouvaient trouver. Je lançai un rapide regard à la dizaine d’obèses qu’on me présentait avant de leur dire que ce n’était pas lui, ni lui, ni encore lui, et encore moins lui.

« J’offre un autographe à la personne qui me trouvera mon gros ! En attendant, donnez moi un endroit où me retirer, j’ai faim et je voudrais faire une bonne sieste !
-À vos ordres Abel, je peux vous appeler Abel ? J’ai toujours rêvé de rencontrer quelqu’un comme vous.
-Il n’y a que moi qui soit comme moi, vous avez donc toujours rêvé de me rencontrer, et vous aviez raison... »

Ma suprématie semblait sans limites et bientôt j’allais retrouver mon gros et nous pourrions partir ensemble affronter le monstre. La destinée l’avait voulu comme ça, il fallait que je le fasse avec lui. Mais où était-il ?
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Bizarrement entre le gros bonhomme et les hordes de salopards venus de l'extérieur, les gardes ont fait leur choix. Aussitôt entouré, aussitôt abandonné. Tu parles d'un merdier. Tous les passeurs et les magouilleurs autour de Bourgeoys ont pas tardé à partager la nouvelle comme quoi l'entrée c'était "Open bar". Quelque chose me dit que leurs connaissances c'est surtout du renégat bien méchant qui veut piller et violer, je le devine à leur gueule. Y'en a qui ont des bonheurs simples.
Moi aussi j'ai des plaisirs simples. Je tends le bras et je chope une de ces vermines à la gorge. L'a pas le temps de dire "UurgH" que je lui ai pété la nuque entre les doigts. Ça détend. Je tue pas gratuitement, je laisse ça aux boulets du CP 9. Non, si je l'ai zoqué celui-ci, c'était parce qu'il avait un beau fusil en mains.

On pourrait penser qu'après avoir contribué à foutre le chaos à Bourgeoys pour que le G.M vienne renforcer un peu sa présence sur Boréa, ma mission serait terminée. Mais non, noooooon.

- Le gros bonhomme ! Le gros bonhomme !

Le gros bonhomme y grimpe la plus haute tour de cette putain de ville. La vue est splendide y paraît, je parie qu'elle l'est d'autant plus quand y'a pas des margoulins qui viennent foutre le feu, mais c'est pas pour ça que je suis monté.
Moi qui m'attendais à voir une colonie de fourmi de là où j'étais, je sais pas trop qu'est-ce qui se profile en bas. Entre les types qui se tirent avec les richesses, ceux qui se font poignarder, celles qui apprennent malgré elle à faire connaissance en profondeur avec les envahisseurs, on retrouve quelques dizaines d'hystériques qui gueulent "Le gros bonhomme" à tue-tête.
Si mes calculs sont bons, Bébél devrait pas être loin. Y'a très fort à parier que ce soit lui l'épicentre de ce séisme de connerie. Ah le voilà !

Qu'est-ce qui fout donc encore cet allumé ? Y voit pas que c'est le chaos autour de lui ? Non, faut qu'y se mette sur la gueule avec un gros dragon en papier mâché. Il est grave ce type, profondément atteint même. Pour ça que je vais mettre fin à ses souffrances, parce que je suis un chic type et aussi un peu parce qu'il m'a bien emmerdé aujourd'hui.

La crosse du fusil bien calée au creux de mon aisselle, je vise comme on m'avait appris à l'entraînement : on retient sa respiration et on ne pense plus à rien. On ne pense plus à rien. On ne pense plus.




BANG !




Ton compte est bon mon salaud ! Non. Non. Non ! NON !

- Y'a d'la chance qu'pour la racaille.

Ce type est tellement haïssable qu'un des miteux venu de dehors a essayé de le poignarder. Il a choisi son moment le fumier. Bien dans ma ligne de mire. Et bam ! Je lui ai fait un joli trou dans sa petite tête de pine. Tu parles que Bébél m'a repéré après ça. Y me pointe du doigt et y crie :

- Le gros bonhomme ! Il est venu combattre à mes côtés comme cela était écrit dans la prophétie. Merci gros bonhomme !

Et toute la foule reprend avec lui "Merci gros bonhomme". Y croit que je lui au sauvé la vie. Remarque, la malentendu est concevable, m'enfin je vais pas faire deux fois la même erreur. On recharge et...

- Et merde...

Une seule balle dans ce putain de fusil. Tu sens que c'est la dèche chez les criminels. Je pourrais aller chercher des billes de plomb, mais en même temps.... j'en ai plein le cul. J'ai jamais été un rancunier viscéral et même si l'autre m'en a fait baver, je vais pas investir chaque seconde de mon temps à essayer de le crever. Non. Je vais lui laisser la victoire. Et puis comme ça, quand les autorités de Boréa feront leur enquête, elles auront leur coupable tout désigné.

Résigné, je jette mon fusil du haut de la tour et je descends les escaliers, las, fatigué. En fin de compte, je vais peut-être enfin pouvoir le bouffer mon steack, je l'ai bien mérité après tout ça.

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Le gros bonhomme m’avait sauvé la vie. Décidément, sous ses dehors d’immonde raclure obèse, le gars avait un cœur gros comme ça. Ma descente de l’estrade se fit sous les acclamations de la foule. J’avais survécu à une tentative d’assassinat alors que je me livrais sans réelle protection aux dangers du public. On m’emmena dans un petit restaurant sympathique où on me servit un nouveau steak, bien saignant que je dégustais avec une certaine jouissance. Bientôt, on allait me ramener mon gros. Désormais, on l’avait repéré et il ne tarderait pas à venir me rejoindre, moi, son nouveau mentor.

« Un dessert !
-Bien monsieur Maleterre.
-Je n’aime pas le monsieur, je préférerais un épithète plus organique, comme destructeur, ou sauveur, bien sûr. Cela dit, quelque chose de divin m’ira aussi, mais ce sera à l’appréciation du public. Je vous autorise cependant à m’appeler maître le temps du repas. Ensuite, j’irai terrasser la bête. On l’a localisée ?
-Non, personne ne l’a vue…
-…
-Personne ne l’a vue, maître.
-Ah ? Et mon gros ? C’en est où ?
-Je file demander aux autres… Maître. »

On m’apporta un tiramisu tout juste préparé et je toussotais légèrement en aspirant trop vite la poudre de chocolat saupoudrée sur le dessus du mets. En deux bouchées et demie, le dessert fut terminé. J’attrapais ma serviette pour m’essuyer un instant la bouche avant de commander un petit digestif. C’était certain, après une petite sieste, j’allais enfin me battre et les sauver.

« Maître ?
-Oui ? Vous m’avez rapporté mon gros ?
-Non, il est introuvable, il a disparu.
-Il a eu peur de mon aura. Tant pis, laissons le partir ! Et la bête ?
-Toujours personne, mais certaines rumeurs courent.
-Ah ?
-L’un dit qu’il a vu quelque chose d’énorme survoler la ville, un autre affirme avoir vu une masse informe s’enfuir dans les montagnes, une troisième personne est persuadée que le monstre s’est abîmé dans la mer.
-Et laquelle est la bonne version ?
-Euh…
-Eh bien, je vais te répondre mon bonhomme. Les trois ! Il y avait trois monstres et ma simple présence les a fait fuir.
-Vous croyez monsieur ? Euh, je veux dire maître…
-Oui, je crois. Et je crois aussi que faire fuir ces horreurs m’a fatigué, j’ai bien besoin d’un bon lit. Et je veux pouvoir embarquer pour une nouvelle destination à sauver dès mon réveil. Alors vous serez gentil de me faire préparer tout ça. Vous aurez un autographe si vous faites ça bien. Pour mes adieux à l’île, quelque chose d’intime, cinquante ou cent danseurs, quelques musiciens, mais pas plus, j’ai mal au crâne quand il y a trop de monde.
-Bien maître Abel. »

Dormir. C’était tout ce qu’il me restait à faire après cette dure journée de travail. Héros, ce n’était pas facile tous les jours.
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