Luka se tenait prés de la blessée, celle-ci, maintenant assise sur le bord de la table, semblait essayer de comprendre la situation. Les paroles que l’aveugle avait prononcées résonnaient encore de sa tête, « – Bon je sais que là, tout de suite, tu n’es pas au mieux de ta forme Souillon, je vais juste te demander deux choses, ne te pose pas de questions, la réflexion se sera pour plus tard et AVANCE, tu avance quoi qu’il arrive. Si tu fais ce que je te dis, je t’assure qu’on peut s’en sortir. »
Pourquoi ? C’était la question que la gamine se passait en boucle, aider une inconnue ? À quoi ça pouvait bien lui servir ? Pourquoi se sentait-elle comme obligée de le faire ? De la culpabilité ? De la pitié peut-être ? L’enfant n’arrivait pas à mettre de mots logiques sur ça, mais elle prendrait le temps d’y réfléchir plus tard. Pour le moment il fallait s’évader de ce manoir, l’ennemi qui jusqu’ici lui avait donné de fil à retordre était inconscient sur le sol de la pièce et il valait mieux pour les deux jeunes filles qu’elles aient déguerpies avant qu’il ne se relève.
L’aveugle était appuyée sur le rebord de la table, elle offrit sa main à sa nouvelle camarade pour lui permettre de descendre doucement. Celle-ci se laissa faire, elle ressemblait plus à une poupée de chiffon qu’a la fille combative qui lui avait mené la vie dure quelques jours plus tôt. Les pieds de Souillon touchèrent le sol, Luka dut se faire violence pour soutenir le corps et lui éviter une chute, mais après quelques secondes, elle tenait debout ! Le destin se montrait enfin plus lumineux ! Luka avança d’un pas rapide vers la porte, on avait entendu ces prières silencieuses, tout aller pour le mieux et… un soudain vertige la pris violemment, elle s’agrippa au premier meuble qu’elle trouva pour ne pas tomber puis vida ces tripes sur le sol. La gamine toussa plusieurs fois avant de pouvoir reprendre son souffle.
OK, elle retirait tout, le destin était un sale fils de p***, rien n’allait jamais comme il faut quand elle était dans les parages. La petite se redressa, elle n’avait pas le temps pour ça, avec l’autre blessée, les chances de fuites étaient déjà minces. Depuis qu’elle s’était réveillée, son corps avait été sous l’effet de l’adrénaline, mais maintenant que cela s’était estompé, l’aveugle se sentait cotonneuse, son estomac était sans dessus dessous, elle avait mal aux articulations et pour couronner le tout il semblait que sa température soit plus élevée qu’habituellement.
Luka mis de côté son mal-être, il fallait absolument sortir, après elle pourrait se plaindre. Ce n’était pas la première fois qu’elle faisait une fuite, ce n’était pas non plus le pire état qui lui avait était donné pour le faire.
– Bon le boulet. Je t’explique comment ça va se passer, tu me suis et tu ne fais pas de bruit.
La jeune femme était à sa hauteur, elle arrivait à marcher, difficilement, mais elle le faisait. L’aveugle déverrouilla la porte doucement, l’entrouvrit puis une fois sûre qu’il ni avait personne dans le périmètre passa dans le couloir suivit de la blessée. La gamine avait un bon sens de l’orientation et une bonne mémoire, les dédales lui rappelaient le labo, il ne fallut que quelques minutes pour qu’elle ne comprenne où elles se trouvaient et par où elles devaient aller pour retrouver les escaliers. Ces pieds nus ne faisaient aucun bruit sur le sol, son corps longeait naturellement les murs dans un silence parfait, seule la lenteur de sa compagne l’exaspérée, si bien qu’à peine après deux minutes, la fillette lui agrippa la main pour lui imposer son rythme. Ce n’était pas le village vacances, fallait urger un peu si elles voulaient s’en sortir.
L’escalier de la liberté ne se trouvait plus très loin, mais Luka prenait toutes les précautions pour ne pas qu’elles se fassent repérer, une course poursuite n’était pas l’idéal. Après une dizaine de minutes, elles atteignirent enfin le dernier tournant avant l’escalier. Elles allaient s’engager quand l’enfant perçut des bruits de pas en amont. Elle stoppa tout mouvement immédiatement se collant contre le mur. Les sons se rapprochèrent et Luka put percevoir un petit groupe de personne qui se dirigeait par ici. La fillette ouvrit la première porte qu’elle trouva, et les deux fugitives s’y engouffrèrent, les bruits étaient plus forts et il ne faisait nul doute que maintenant Souillon aussi pouvait les entendre. La gamine se baissa pour ce tapir dans l’ombre et fit signe à la jeune fille de faire de même, celle-ci essaya, mais à peine s’était-elle baissée de quelques centimètres qu’elle manquât de lâcher un cri et leur position par la même occasion. Merci à l’aveugle, et ses réflexes légendaires, qui lui colla la main sur la bouche, l’entraînant au sol avec elle.
– OK, mort moi le bras s’il faut, mais ne fait pas-un-seul-bruit.
La fillette venait de lui susurrer à l’oreille, laissant sa main sur la bouche de sa compagne. Elle sentait la jeune fille se tendre sous la douleur, mais pas un seul son ne sortait de sa bouche. Le moment resta terriblement tendu, le temps semblait tourner au ralenti, les esclaves qui passaient dans le couloir adjacent étaient d’une lenteur inimaginable et le cœur de la jeune aveugle se serrait dans sa poitrine. Elle laissa s’éloigner le bruit, puis quand elle ne perçut plus de présence, la gamine s’autorisa un long soupir puis releva Souillon. Sans perdre de temps, les jeunes filles empruntèrent le couloir puis bifurquèrent sur les escaliers. Luka se félicita d’avoir retrouvé l’endroit sans encombre, c’était de ce qu’elle avait vu les seuls escaliers qui montaient et comme aucune pièce ne semblait avoir de fenêtres, en tout cas, l’aveugle n’avait pas vu les formes significatives de fenêtres sur les murs, elle partait du principe que l’endroit était un sous-sol.
Quand la petite fille gravit les premières marches, elle sentit déjà le goût de la liberté. Ce fut sans compter sur le boulet qui, si jusque-là avait réussi à marcher avec sa blessure a la hanche, avait vraiment du mal avec les marches… peut être que si elle la laissait là…
– Fait chier.
Elle se mise à la hauteur de la jeune fille et l’aida en lui servant d’appuis. Luka ne se savait pas aussi sentimentale. C’était vraiment inhabituel et très emmerdant. Les escaliers semblaient interminables, l’aveugle craignait qu’elles se fassent repérer, son ventre se tordait sous le stresse… a moins que ce ne soit le contre coup des derniers jours, a ce stade elle ne savait même plus. Il fallut deux minutes aux jeunes filles pour atteindre le haut de l’escalier. Deux très longues minutes, mais, maintenant qu’elles étaient en haut, la liberté n’était sûrement plus loin.
Luka poussa la porte, un grand hall s’ouvrait devant elle et sur la droite à quelques mètres, une grande porte. L’aveugle entraîna sa compagne avec elle, déjà impatiente de sentir l’air frais, mais la raison la rattrapa bien vite. Elle n’avait aucune idée d’où elles pouvaient se trouver sur l’île et ce n’était qu’une question de minutes avant que quelqu’un découvre leur disparition. Emprunter la grande porte ne semblait pas être une bonne idée, la gamine ne savait même pas s’il y avait des étages au-dessus… elle longea le mur de droite et ouvrit une des portes, c’était ce qui semblait être un petit salon.
– Attend ici, d’accord ?
Elle ressortit de la salle, laissant une Souillon confuse. La fillette se dirigea vers la grande porte, l’entrouvrit assez pour pouvoir se glisser à l’extérieur, l’air frais caressa son visage, elle avait envie de courir tout de suite, loin d’ici, mais d’expérience elle savait que ce n’été vraiment pas une bonne idée. Répriment son envie, la petite sauta dans les buissons qui longeait la demeure, cassant quelques branches, déchira un morceau du chiffon qui lui servait de vêtement pour le laisser dessus puis retourna au plus vite dans le hall. Avec cette fausse piste, elles pourraient gagner quelques minutes en plus. L’aveugle rejoignit sa camarade et referma la porte derrière elle.
– Alors le boulet, on n’a pas beaucoup de temps, j’ai envoyé nos futurs poursuivant sur une fausse piste, mais je ne me fais pas d’idée ça va les retenir, quelques minutes tout au plus. On va sortir pas la fenêtre, quand on est toutes les deux au sol je veux que tu me pointes la direction de la ville OK ? Contente-toi de pointer l’endroit le plus rapide pour atteindre les premières maisons, c’est tout ce que je te demande, après ça prépare toi mentalement à courir.
Sans attendre une réponse quelconque, Luka déplaça une commode sous la fenêtre, elle grimpât dessus et ouvrit leur porte de sortie. Elle aida ensuite Souillon à monter et franchir l’ouverture. Quand elle sentit que la jeune femme avait touché la terre ferme, elle commença à faire de même. Des bruits venaient du grand hall, des gens couraient. L’aveugle sauta dans le vide pour quelques fractions de seconde plus tard retrouver la terre et les alentours. Comme convenu sa camarade pointait une direction, la petite ne réfléchit même pas, elle lui agrippa le bras et fonça vers l’indication.
Au fur et à mesure que les deux jeunes filles s’éloigner de la demeure, l’aveugle percevait des cris, leur fuite avait sûrement été découverte, il était primordial qu’elles ne se fassent pas courser maintenant.
– Est-ce qu’il y a une forêt ? Ou du moins je ne sais pas des arbres ou des champs dans le coin ?
Sa tête lui faisait horriblement mal, elle ne sentait plus ces jambes, mais elles y étaient presque.
Suivant les indications de son accompagnatrice, Luka dévia légèrement et il fallut peu de temps avant que les fugitives pénètrent dans un bois. Malgré, l’immense avantage qu’il leur procurer, la fillette ne décéléra que quand elle perçut le mur d’une maison. Elles avaient couru un long moment, elle sentait la jeune fille derrière elle de moins en moins à l’aise sur ces jambes. La gamine n’était pas mieux, elle ne sentait littéralement plus ses membres.
La maison était un peu reculée, à moitié dans les bois, l’autre sur une petite rue. Le jardin n’était pas entretenu, c’était un bon début. La petite laissa souillon s’adosser contre le mur pendant qu’elle passa par une fenêtre entre ouverte. Avec l’air frais qu’il y avait dehors, on devait être en début de soirée au moins. L’intérieur était calme. La gamine fureta dans les pièces, dague en main. Personne au rez-de-chaussée et la maison ne semblait pas posséder de sous-sol. Elle emprunta un vieil escalier, trois pièces de plus se trouvaient là. La première était ce qui semblait être un bureau, comme le reste de la maison, ça sentait le renfermé et la poussière. Dans la deuxième un vieil homme dormait paisiblement sur un grand lit. La gamine n’hésita pas une demi-seconde, elle s’approcha, s’excusa, et se débarrassa du vieux monsieur. La dernière était une vieille chambre vide et semblait inutilisée depuis un moment.
Luka redescendit et déverrouilla la porte arrière.
– C’est bon la voie est libre.
Une fois Souillon entrée, elle referma la porte et remit les sécurités. Ella avait déjà vu la porte avant et celle si était fermée. La gamine s’autorisa une pause.
– On la fait…
L’aveugle n’y croyait pas, malgré que le sort soit contre elles, elles avaient toutes deux échappées à cet endroit en un seul morceau… elle se sentait soulagée… elle se sentait… mal. Terriblement mal. De violents vertiges la reprirent, comme un peu plus tôt elle ne put s’empêcher de rendre ces tripes sur le sol. Elle toussait violemment, mais la douleur lui semblait familière… un contre coup des produits que l’armoire à glace avait utilisé ? Elle ne savait pas, mais elle était en train de brûler de l’intérieur. Une main vint toucher son épaule, la gamine en avait presque oublié qu’elle n’était pas seule et la rejeta violemment.
– NE ME TOUCHE PAS.
Son mouvement lui fit perdre l’équilibre et l’aveugle s’écrasa violemment contre le mur pour se laisser glisser au sol. Une douleur aiguë lui lancinait la poitrine. Sa respiration était haletante, elle avait passé les dernières heures à occulter sa souffrance pour avancer, mais à ce moment précis Luka le regrettait. Des larmes de douleur coulaient le long de ces joues, malgré sa volonté de ne pas montrer sa souffrance a sa compagne, la petite ne pouvait retenir les gémissements de torture. Elle ne contrôlait plus rien, son corps ne lui obéissait plus, elle était recroquevillée sur elle même. Une nouvelle quinte de toux la secoua avant qu’elle ne tombe dans l’inconscience, totalement épuisée et surmenée.
Pourquoi ? C’était la question que la gamine se passait en boucle, aider une inconnue ? À quoi ça pouvait bien lui servir ? Pourquoi se sentait-elle comme obligée de le faire ? De la culpabilité ? De la pitié peut-être ? L’enfant n’arrivait pas à mettre de mots logiques sur ça, mais elle prendrait le temps d’y réfléchir plus tard. Pour le moment il fallait s’évader de ce manoir, l’ennemi qui jusqu’ici lui avait donné de fil à retordre était inconscient sur le sol de la pièce et il valait mieux pour les deux jeunes filles qu’elles aient déguerpies avant qu’il ne se relève.
L’aveugle était appuyée sur le rebord de la table, elle offrit sa main à sa nouvelle camarade pour lui permettre de descendre doucement. Celle-ci se laissa faire, elle ressemblait plus à une poupée de chiffon qu’a la fille combative qui lui avait mené la vie dure quelques jours plus tôt. Les pieds de Souillon touchèrent le sol, Luka dut se faire violence pour soutenir le corps et lui éviter une chute, mais après quelques secondes, elle tenait debout ! Le destin se montrait enfin plus lumineux ! Luka avança d’un pas rapide vers la porte, on avait entendu ces prières silencieuses, tout aller pour le mieux et… un soudain vertige la pris violemment, elle s’agrippa au premier meuble qu’elle trouva pour ne pas tomber puis vida ces tripes sur le sol. La gamine toussa plusieurs fois avant de pouvoir reprendre son souffle.
OK, elle retirait tout, le destin était un sale fils de p***, rien n’allait jamais comme il faut quand elle était dans les parages. La petite se redressa, elle n’avait pas le temps pour ça, avec l’autre blessée, les chances de fuites étaient déjà minces. Depuis qu’elle s’était réveillée, son corps avait été sous l’effet de l’adrénaline, mais maintenant que cela s’était estompé, l’aveugle se sentait cotonneuse, son estomac était sans dessus dessous, elle avait mal aux articulations et pour couronner le tout il semblait que sa température soit plus élevée qu’habituellement.
Luka mis de côté son mal-être, il fallait absolument sortir, après elle pourrait se plaindre. Ce n’était pas la première fois qu’elle faisait une fuite, ce n’était pas non plus le pire état qui lui avait était donné pour le faire.
– Bon le boulet. Je t’explique comment ça va se passer, tu me suis et tu ne fais pas de bruit.
La jeune femme était à sa hauteur, elle arrivait à marcher, difficilement, mais elle le faisait. L’aveugle déverrouilla la porte doucement, l’entrouvrit puis une fois sûre qu’il ni avait personne dans le périmètre passa dans le couloir suivit de la blessée. La gamine avait un bon sens de l’orientation et une bonne mémoire, les dédales lui rappelaient le labo, il ne fallut que quelques minutes pour qu’elle ne comprenne où elles se trouvaient et par où elles devaient aller pour retrouver les escaliers. Ces pieds nus ne faisaient aucun bruit sur le sol, son corps longeait naturellement les murs dans un silence parfait, seule la lenteur de sa compagne l’exaspérée, si bien qu’à peine après deux minutes, la fillette lui agrippa la main pour lui imposer son rythme. Ce n’était pas le village vacances, fallait urger un peu si elles voulaient s’en sortir.
L’escalier de la liberté ne se trouvait plus très loin, mais Luka prenait toutes les précautions pour ne pas qu’elles se fassent repérer, une course poursuite n’était pas l’idéal. Après une dizaine de minutes, elles atteignirent enfin le dernier tournant avant l’escalier. Elles allaient s’engager quand l’enfant perçut des bruits de pas en amont. Elle stoppa tout mouvement immédiatement se collant contre le mur. Les sons se rapprochèrent et Luka put percevoir un petit groupe de personne qui se dirigeait par ici. La fillette ouvrit la première porte qu’elle trouva, et les deux fugitives s’y engouffrèrent, les bruits étaient plus forts et il ne faisait nul doute que maintenant Souillon aussi pouvait les entendre. La gamine se baissa pour ce tapir dans l’ombre et fit signe à la jeune fille de faire de même, celle-ci essaya, mais à peine s’était-elle baissée de quelques centimètres qu’elle manquât de lâcher un cri et leur position par la même occasion. Merci à l’aveugle, et ses réflexes légendaires, qui lui colla la main sur la bouche, l’entraînant au sol avec elle.
– OK, mort moi le bras s’il faut, mais ne fait pas-un-seul-bruit.
La fillette venait de lui susurrer à l’oreille, laissant sa main sur la bouche de sa compagne. Elle sentait la jeune fille se tendre sous la douleur, mais pas un seul son ne sortait de sa bouche. Le moment resta terriblement tendu, le temps semblait tourner au ralenti, les esclaves qui passaient dans le couloir adjacent étaient d’une lenteur inimaginable et le cœur de la jeune aveugle se serrait dans sa poitrine. Elle laissa s’éloigner le bruit, puis quand elle ne perçut plus de présence, la gamine s’autorisa un long soupir puis releva Souillon. Sans perdre de temps, les jeunes filles empruntèrent le couloir puis bifurquèrent sur les escaliers. Luka se félicita d’avoir retrouvé l’endroit sans encombre, c’était de ce qu’elle avait vu les seuls escaliers qui montaient et comme aucune pièce ne semblait avoir de fenêtres, en tout cas, l’aveugle n’avait pas vu les formes significatives de fenêtres sur les murs, elle partait du principe que l’endroit était un sous-sol.
Quand la petite fille gravit les premières marches, elle sentit déjà le goût de la liberté. Ce fut sans compter sur le boulet qui, si jusque-là avait réussi à marcher avec sa blessure a la hanche, avait vraiment du mal avec les marches… peut être que si elle la laissait là…
– Fait chier.
Elle se mise à la hauteur de la jeune fille et l’aida en lui servant d’appuis. Luka ne se savait pas aussi sentimentale. C’était vraiment inhabituel et très emmerdant. Les escaliers semblaient interminables, l’aveugle craignait qu’elles se fassent repérer, son ventre se tordait sous le stresse… a moins que ce ne soit le contre coup des derniers jours, a ce stade elle ne savait même plus. Il fallut deux minutes aux jeunes filles pour atteindre le haut de l’escalier. Deux très longues minutes, mais, maintenant qu’elles étaient en haut, la liberté n’était sûrement plus loin.
Luka poussa la porte, un grand hall s’ouvrait devant elle et sur la droite à quelques mètres, une grande porte. L’aveugle entraîna sa compagne avec elle, déjà impatiente de sentir l’air frais, mais la raison la rattrapa bien vite. Elle n’avait aucune idée d’où elles pouvaient se trouver sur l’île et ce n’était qu’une question de minutes avant que quelqu’un découvre leur disparition. Emprunter la grande porte ne semblait pas être une bonne idée, la gamine ne savait même pas s’il y avait des étages au-dessus… elle longea le mur de droite et ouvrit une des portes, c’était ce qui semblait être un petit salon.
– Attend ici, d’accord ?
Elle ressortit de la salle, laissant une Souillon confuse. La fillette se dirigea vers la grande porte, l’entrouvrit assez pour pouvoir se glisser à l’extérieur, l’air frais caressa son visage, elle avait envie de courir tout de suite, loin d’ici, mais d’expérience elle savait que ce n’été vraiment pas une bonne idée. Répriment son envie, la petite sauta dans les buissons qui longeait la demeure, cassant quelques branches, déchira un morceau du chiffon qui lui servait de vêtement pour le laisser dessus puis retourna au plus vite dans le hall. Avec cette fausse piste, elles pourraient gagner quelques minutes en plus. L’aveugle rejoignit sa camarade et referma la porte derrière elle.
– Alors le boulet, on n’a pas beaucoup de temps, j’ai envoyé nos futurs poursuivant sur une fausse piste, mais je ne me fais pas d’idée ça va les retenir, quelques minutes tout au plus. On va sortir pas la fenêtre, quand on est toutes les deux au sol je veux que tu me pointes la direction de la ville OK ? Contente-toi de pointer l’endroit le plus rapide pour atteindre les premières maisons, c’est tout ce que je te demande, après ça prépare toi mentalement à courir.
Sans attendre une réponse quelconque, Luka déplaça une commode sous la fenêtre, elle grimpât dessus et ouvrit leur porte de sortie. Elle aida ensuite Souillon à monter et franchir l’ouverture. Quand elle sentit que la jeune femme avait touché la terre ferme, elle commença à faire de même. Des bruits venaient du grand hall, des gens couraient. L’aveugle sauta dans le vide pour quelques fractions de seconde plus tard retrouver la terre et les alentours. Comme convenu sa camarade pointait une direction, la petite ne réfléchit même pas, elle lui agrippa le bras et fonça vers l’indication.
Au fur et à mesure que les deux jeunes filles s’éloigner de la demeure, l’aveugle percevait des cris, leur fuite avait sûrement été découverte, il était primordial qu’elles ne se fassent pas courser maintenant.
– Est-ce qu’il y a une forêt ? Ou du moins je ne sais pas des arbres ou des champs dans le coin ?
Sa tête lui faisait horriblement mal, elle ne sentait plus ces jambes, mais elles y étaient presque.
Suivant les indications de son accompagnatrice, Luka dévia légèrement et il fallut peu de temps avant que les fugitives pénètrent dans un bois. Malgré, l’immense avantage qu’il leur procurer, la fillette ne décéléra que quand elle perçut le mur d’une maison. Elles avaient couru un long moment, elle sentait la jeune fille derrière elle de moins en moins à l’aise sur ces jambes. La gamine n’était pas mieux, elle ne sentait littéralement plus ses membres.
La maison était un peu reculée, à moitié dans les bois, l’autre sur une petite rue. Le jardin n’était pas entretenu, c’était un bon début. La petite laissa souillon s’adosser contre le mur pendant qu’elle passa par une fenêtre entre ouverte. Avec l’air frais qu’il y avait dehors, on devait être en début de soirée au moins. L’intérieur était calme. La gamine fureta dans les pièces, dague en main. Personne au rez-de-chaussée et la maison ne semblait pas posséder de sous-sol. Elle emprunta un vieil escalier, trois pièces de plus se trouvaient là. La première était ce qui semblait être un bureau, comme le reste de la maison, ça sentait le renfermé et la poussière. Dans la deuxième un vieil homme dormait paisiblement sur un grand lit. La gamine n’hésita pas une demi-seconde, elle s’approcha, s’excusa, et se débarrassa du vieux monsieur. La dernière était une vieille chambre vide et semblait inutilisée depuis un moment.
Luka redescendit et déverrouilla la porte arrière.
– C’est bon la voie est libre.
Une fois Souillon entrée, elle referma la porte et remit les sécurités. Ella avait déjà vu la porte avant et celle si était fermée. La gamine s’autorisa une pause.
– On la fait…
L’aveugle n’y croyait pas, malgré que le sort soit contre elles, elles avaient toutes deux échappées à cet endroit en un seul morceau… elle se sentait soulagée… elle se sentait… mal. Terriblement mal. De violents vertiges la reprirent, comme un peu plus tôt elle ne put s’empêcher de rendre ces tripes sur le sol. Elle toussait violemment, mais la douleur lui semblait familière… un contre coup des produits que l’armoire à glace avait utilisé ? Elle ne savait pas, mais elle était en train de brûler de l’intérieur. Une main vint toucher son épaule, la gamine en avait presque oublié qu’elle n’était pas seule et la rejeta violemment.
– NE ME TOUCHE PAS.
Son mouvement lui fit perdre l’équilibre et l’aveugle s’écrasa violemment contre le mur pour se laisser glisser au sol. Une douleur aiguë lui lancinait la poitrine. Sa respiration était haletante, elle avait passé les dernières heures à occulter sa souffrance pour avancer, mais à ce moment précis Luka le regrettait. Des larmes de douleur coulaient le long de ces joues, malgré sa volonté de ne pas montrer sa souffrance a sa compagne, la petite ne pouvait retenir les gémissements de torture. Elle ne contrôlait plus rien, son corps ne lui obéissait plus, elle était recroquevillée sur elle même. Une nouvelle quinte de toux la secoua avant qu’elle ne tombe dans l’inconscience, totalement épuisée et surmenée.