NEPHI LIM
• Pseudonyme : L'enfant des Enfers
• Age : 20 ans
• Sexe : Homme
• Race : Bien qu'il soit on ne peut plus humain, il raconte a qui veut l'entendre -ou non- qu'il est un Démon.
• Métier : Navigateur
• Groupe : Pirate
• Age : 20 ans
• Sexe : Homme
• Race : Bien qu'il soit on ne peut plus humain, il raconte a qui veut l'entendre -ou non- qu'il est un Démon.
• Métier : Navigateur
• Groupe : Pirate
• But : Retrouver sa famille, ses origines.
• Équipement : Deux petits poignards, un carnet de voyage, une carte du monde.
• Parrain : /
• Ce compte est-il un DC ou un "reroll" ? Nope
• Si oui, quel @ l'a autorisé ? /
Codes du règlement :
• Équipement : Deux petits poignards, un carnet de voyage, une carte du monde.
• Parrain : /
• Ce compte est-il un DC ou un "reroll" ? Nope
• Si oui, quel @ l'a autorisé ? /
Codes du règlement :
Description Physique
« Mesdames, messieurs, on ne peut plus navré de déranger votre souper, mais j’ai l’honneur de vous annoncer que ce bâtiment est désormais mien. »
De ce jour là, tu t'en souviens comme si c'était hier, n'est-ce pas ? Devant les regards apeurés et déconfits des clients de cette petite auberge, tu ne pouvais retenir un rire malsain. L’air menaçant que tu partageais avec ton équipage derrière toi n’avait pas manqué de jeter plus qu’un froid à l’ambiance si écœurante de bonne humeur qui régnait dans ce lieu quelques minutes auparavant. Tu jubilais intérieurement en voyant la totalité des regards tournés vers toi, attendant le prochain de tes mots de la même manière qu’on attend s’abattre l’épée de Damoclès au-dessus de nos têtes.
Tous ? Peut-être pas. Alerté par des bruits de mastication, tu avais soudainement remarqué une personne non loin de là, au comptoir, qui ne semblait pas te porter une très grande attention. Malgré la capuche d’un sweat-shirt semblant un poil trop large pour sa fine musculature, tu avais pu tout de même constater qu’il s’agissait d’un homme, sûrement pas très âgé. Il était assis sur sa chaise comme un enfant un peu trop dissipé, avec une jambe repliée et prise en sandwich entre l’assise et son postérieur. L’autre, elle, pendait un peu plus dans le vide que celles des autres hommes placés au comptoir, ce qui pouvait indiquer qu’il ne devait pas être très grand. Arrondissant son dos pour mieux se pencher sur son assiette, il mangeait le contenu de celle-ci avec une nonchalance rare.
Plus intrigué que vexé, tu avais décidé de t’approcher, de sorte de le voir d’un peu plus près. Sous cette fameuse capuche se cachait un garçon aux traits juvénile. Il avait l’allure d’un adolescent et tu ne lui donnait pas plus que quinze ou seize ans, pourtant, quelque chose te soufflait qu’il était peut-être plus vieux qu’il en avait l’air. Un tu-ne-savais-quoi, dans sa manière d’être, qui semblait faire grandir en lui une certaine maturité. Ou peut-être n’était-ce que sa mine renfrognée. Par ta barbe, que tu avais rarement vu jeune homme à la tête si déprimante ! Ses yeux noirs, pourtant grands, laissaient refléter une profonde lassitude doublée d’une pointe d'énervement. Il fixait sans sourciller son assiette, comme si celle-ci était la chose la plus intéressante qui se trouvait sur cette terre. Il avait bon nombre de mèches noires sous les yeux, ce qui pouvait laisser à penser que les cheveux devaient foisonner en dessous de cette épaisse couche de tissus. Pourtant, il ne semblait pas le moins du monde en être gêné, ce qui trahissait une habitude certaine à être mal coiffé.
Les gestes qu’il faisait avec sa fourchette étaient secs, saccadés. Presque nerveux. Ajouté à sa posture désinvolte, autant dire que le mélange était étrange. Parce qu’il ouvrait la bouche pour se permettre d’ingurgiter toute cette nourriture, tu eus l’occasion de remarquer dans sa dentition quelque chose qui avait attisé un peu plus ta curiosité : deux canines, aussi pointues et aiguisées qu’un animal sauvage. Était-ce un humain ou un animal à qui une sorcière avait donné forme humaine ? Cette dernière proposition était saugrenue, tu le savais, mais elle avait l'avantage d’expliquer à la fois sa manière d’être et de t’ignorer de la sorte. Après tout, voilà bien une bonne minute que tu étais planté juste devant lui à le fixer du regard sans que cet inconnu n'avait prît la peine de lever le sien sur toi. Et parce que tu n’étais certainement pas le plus patient des hommes, c'est à cet instant que tu avais décidé qu’il était temps, de nouveau, de prendre parole.
De ce jour là, tu t'en souviens comme si c'était hier, n'est-ce pas ? Devant les regards apeurés et déconfits des clients de cette petite auberge, tu ne pouvais retenir un rire malsain. L’air menaçant que tu partageais avec ton équipage derrière toi n’avait pas manqué de jeter plus qu’un froid à l’ambiance si écœurante de bonne humeur qui régnait dans ce lieu quelques minutes auparavant. Tu jubilais intérieurement en voyant la totalité des regards tournés vers toi, attendant le prochain de tes mots de la même manière qu’on attend s’abattre l’épée de Damoclès au-dessus de nos têtes.
Tous ? Peut-être pas. Alerté par des bruits de mastication, tu avais soudainement remarqué une personne non loin de là, au comptoir, qui ne semblait pas te porter une très grande attention. Malgré la capuche d’un sweat-shirt semblant un poil trop large pour sa fine musculature, tu avais pu tout de même constater qu’il s’agissait d’un homme, sûrement pas très âgé. Il était assis sur sa chaise comme un enfant un peu trop dissipé, avec une jambe repliée et prise en sandwich entre l’assise et son postérieur. L’autre, elle, pendait un peu plus dans le vide que celles des autres hommes placés au comptoir, ce qui pouvait indiquer qu’il ne devait pas être très grand. Arrondissant son dos pour mieux se pencher sur son assiette, il mangeait le contenu de celle-ci avec une nonchalance rare.
Plus intrigué que vexé, tu avais décidé de t’approcher, de sorte de le voir d’un peu plus près. Sous cette fameuse capuche se cachait un garçon aux traits juvénile. Il avait l’allure d’un adolescent et tu ne lui donnait pas plus que quinze ou seize ans, pourtant, quelque chose te soufflait qu’il était peut-être plus vieux qu’il en avait l’air. Un tu-ne-savais-quoi, dans sa manière d’être, qui semblait faire grandir en lui une certaine maturité. Ou peut-être n’était-ce que sa mine renfrognée. Par ta barbe, que tu avais rarement vu jeune homme à la tête si déprimante ! Ses yeux noirs, pourtant grands, laissaient refléter une profonde lassitude doublée d’une pointe d'énervement. Il fixait sans sourciller son assiette, comme si celle-ci était la chose la plus intéressante qui se trouvait sur cette terre. Il avait bon nombre de mèches noires sous les yeux, ce qui pouvait laisser à penser que les cheveux devaient foisonner en dessous de cette épaisse couche de tissus. Pourtant, il ne semblait pas le moins du monde en être gêné, ce qui trahissait une habitude certaine à être mal coiffé.
Les gestes qu’il faisait avec sa fourchette étaient secs, saccadés. Presque nerveux. Ajouté à sa posture désinvolte, autant dire que le mélange était étrange. Parce qu’il ouvrait la bouche pour se permettre d’ingurgiter toute cette nourriture, tu eus l’occasion de remarquer dans sa dentition quelque chose qui avait attisé un peu plus ta curiosité : deux canines, aussi pointues et aiguisées qu’un animal sauvage. Était-ce un humain ou un animal à qui une sorcière avait donné forme humaine ? Cette dernière proposition était saugrenue, tu le savais, mais elle avait l'avantage d’expliquer à la fois sa manière d’être et de t’ignorer de la sorte. Après tout, voilà bien une bonne minute que tu étais planté juste devant lui à le fixer du regard sans que cet inconnu n'avait prît la peine de lever le sien sur toi. Et parce que tu n’étais certainement pas le plus patient des hommes, c'est à cet instant que tu avais décidé qu’il était temps, de nouveau, de prendre parole.
Description Psychologique
« Eh, gamin. Je pourrais savoir pourquoi tu m’écoutes pas ? »
C’était de ton air le plus menaçant que tu avais prononcé ces mots. Torse bombé, bras croisés, ton regard était fixé sur l’encapuchonné qui ne quittait pas sa désinvolture sous les regards apeurés des autres clients de l’auberge. Ce n’était certes pas la première fois qu’un homme que tu menaçais ne te regardait pas. En revanche, d’ordinaire, ce manque de politesse était provoqué par la peur ou la lâcheté, celles qui les pétrifiaient sur place si vite qu’ils n’osaient même plus te lancer le moindre coup d’œil. Pourtant, cette fois, c’était différent. Il était clair que ce gamin ne ressentait aucune peur. C’était même à se demander s’il ressentait le moindre sentiment, en vu de sa tête aussi pleine de vie qu’un cadavre dégarni. Tu étais presque sûr qu’il n’allait même pas te répondre, commençant à te persuader toi-même que ce mioche n’était peut-être qu’un retardé pas très souriant. Pourtant, alors que le garçon ne s’était toujours pas décidé à te regarder, le silence avait tout de même fini par se briser.
« Et moi, je pourrais savoir pourquoi je devrais t’écouter ? »
Un vent d’exclamations silencieuses souffla parmi les autres clients. Tous étaient choqués, presque mortifiés de l’arrogance que ce garçon t’avait porté. Par son rictus goguenard, son reniflement moqueur, on le pensa fou, on le pensa inconscient. Toi, tu n’y avais vu que fougue et assurance. Comme si de rien était, il continuait aussi tranquillement qu'auparavant à piquer la nourriture de sa fourchette puis de la mener à sa bouche. Comme s’il s’était adressé à un vulgaire passant, un vulgaire serveur. Et sans trop que tu ne saches pourquoi, cette attitude t’avais aussitôt amusé. Laissant naître un fin sourire sur ton visage, tu avais supprimé la petite distance qui te séparait encore du jeune homme. Enfin juste à côté de lui, d’un coup d’un seul, tu balayais du bras l’assiette. Celle-ci s’était de suite fracassée contre le mur lorsque le seul regard de ce lieu qui n'était pas posé sur toi te gratifiait finalement de toute sa superbe. C’était un regard noir, insolent. Un regard qui te plaisait. Tu n'avais pus empêcher ton sourire de s’agrandir lorsque tu avais finalement conclu :
« J’aime mieux ça. »
Mais le mioche ne semblait pas vouloir en rester là. De nouveau, son regard s'était dévié de toi. Cette fois, ce fut l’aubergiste, derrière le comptoir, qui attira son attention. Et d’un ton calme, il lui demanda s’il pouvait lui servir une bière. Le pauvre commerçant, dont les yeux vacillaient entre le pirate et son client, n’osait faire un geste, de peur de sembler prendre parti pour l’un ou pour l’autre. Mais tu ne lui avais pas laissé l’occasion de faire un choix. Un coup de sabre plus tard et voilà que les pompes à bière du comptoir étaient hors d’état de marche. Parce que tu avais vu. Même s’il semblait aux yeux de tous comme la patience incarnée, toi, tu avais vu ses poings se serrer sur ses couverts lorsque tu avais envoyé valser sa nourriture. Tu avais vu ses sourcils se froncer un peu plus lorsque tu étais venu lui parler. S’il se voulait d'une provocation calme, il te semblait évident qu’il ne l’était pas tant que cela. Il devait s’agir d’un jeune homme intelligent, car c’était une très bonne idée de jouer de l’indifférence. Après tout, tu lui avais prouvé toi-même, c’était précisément ce qui faisait réagir les egos surdimensionnés. En revanche, ce qu’il l’était beaucoup moins, c’était de vouloir jouer à ce petit jeu alors qu’il était évident qu’il était plutôt de nature impulsif. Ton soupçon n'avait pu que se confirmer en le voyant réprimer une légère moue agacée.
« T’as du cran, gamin. N’as-tu donc pas peur de moi et mes hommes ? »
Pour la première fois, une véritable expression se dessinait sur le visage du garçon. Un sourire arrogant et provocateur étira ses lèvres tandis qu’il leva la tête droit en ta direction. Ses yeux, fiers, assurés, ne se s'étaient pas décollés des tiens lorsqu’il avait pris la parole.
« Depuis quand les punaises font-elles peur ? »
Devant une telle réplique, tu n'avais pus empêcher un rire aussi gras que franc de sortir de ta gorge. Ce petit gars avait du répondant, ça, c’était sûr, mais il savait choisir les mots : il venait de te traiter de punaise ? Pourtant, si on avait comparé vos deux gabarits, ce serait plutôt le sien, qui aurait été comparable à celui d’un misérable insecte. Il ne se prenait pas pour n’importe qui, et avait apparemment décidé lui-même de là où était sa place. Voilà bien une arrogance à tous les niveaux ! Et tandis que ton rire résonnait dans toute l’auberge comme un écho, lui, il perdait peu à peu son sourire. Comme si le simple fait d’avoir pu réussir à te donner cette hilarité le fatiguait, une expression désabusée flottait à cet instant dans ses yeux. Et puis, le plus naturellement du monde, le gamin avait attrapé la boisson de son voisin et recommença à t’ignorer superbement.
« Tu n’as donc pas l’intention de jouer aux héros et de m’empêcher de commettre mes méfaits ? »
Une petite part de toi avait, dans le fond, espéré que le garçon réplique de nouveau. Mais il n’en fit rien. Seul un haussement d’épaule t'avait répondu. Alors, après un dernier reniflement moqueur, tu t'étais retourné vers tes hommes. Tu savais que, du coin de l’œil, il t’observait silencieusement dépouiller les clients avec tes camarades. Certains clients, les mêmes qui, quelques minutes auparavant, s'étaient énervé silencieusement sur sa folie et son répondant, s'énervait à présent de son indifférence. Au fond, eux aussi, auraient espéré le voir se rebiffer, les sauver. Mais cela ne l’intéressait pas. Il était évident que le jeune homme était de ceux qui n’agissait qu’en fonction de leur propre intérêt, de leur propre envie. Non pas par égoïsme ou mauvais fond, mais plutôt par détachement au monde environnant. C’était un jeune homme à l'intelligence froide. Peut-être sa réaction aurait-elle été complètement différente si une personne à laquelle il tenait se trouvait également en ce lieu. Mais ça, ni toi ni les clients de cette auberge ne le sauront jamais. Et puis, juste avant de partir du bâtiment, les poches pleines de nouvelles richesses, tu avais pu de nouveau percevoir le son de sa voix. Mais cette fois-ci, tu n’étais pas celui à qui il s’adressait.
« J’suis pas un enfant de coeur. Et c’est pas mes affaires. »
On le traita de lâche. On le traita de couard. Mais toi, tu savais qu’il n’en était rien.
Biographie
Il ne t'avais pas fallu attendre très longtemps avant de voir le jeune homme sortir, à son tour, de l’auberge. Ses mains vissées au fond de ses poches, son air boudeur, renfrogné ainsi que ce magnifique vase jeté depuis l’établissement qu’il reçut en plein crâne t'avaient fait sourire. Apparemment, les villageois n’avaient pas tellement apprécié son indifférence face au vol. Le garçon semblait très énervé, et ça, tu pouvais bien le comprendre : n’était-ce pas, après tout, hypocrite de leur part de reprocher à un adolescent de ne pas les avoir sauvés d’une bande de pirates quand eux même n'avaient strictement rien fait pour se défendre ? Mais, avouons-le, cela arrangeait bien tes affaires. Faisant tout d’abord signe à tes hommes de t’attendre à ton bateau, tu t’es approché du morveux de ta démarche bourrue, le même sourire collé aux lèvres. Il ne fallut pas longtemps au garçon pour remarquer ta présence et, sitôt te vit-il, qu’un soupir à s’en fendre l’âme lui était venu.
« C’est pas vrai… t’es tombé amoureux de moi, ou quoi ? »
De nouveau, le rire gras que sa remarque t’avait provoquée semblait le lasser au plus haut point. Comme si de pouvoir être considéré drôle était pour lui la plus grande des tortures : une réaction qui t’amusait beaucoup. Ce gamin te plaisait. Il était jeune, mais tu lui avais tout de suite vu un grand potentiel. Alors tu t’es approché un peu plus. Et, une fois pile devant lui, tu lui as demandé, de but en blanc.
« Dis-moi, gamin. Qu’est-ce que tu dirais d’une vie de piraterie ? »
Cette fois-ci, ce fut la surprise que tu pus facilement lire sur son visage. Tournant la tête en ta direction si vite qu’il dut se faire mal à la nuque, il te fixait à présent d’un air éberlué, comme si tu n’avais plus toute ta tête. Une chose était sûre, il ne s’attendait certainement pas à une telle question ! Il t'a scruté un petit instant, comme pour tenter de déterminer si tu étais sérieux ou non. Comme s’il voulait croire à une plaisanterie. Mais ce n’en était pas une.
« T’es sérieusement en train de demander de devenir pirate à un gamin de quinze piges ? »
Quinze ans ! Tu avais donc vu juste dans ton estimation. Quelque part, voilà bien quelque chose qui pût te satisfaire, tout bêtement, comme si tu avais pu prouver ou gagner quelque chose en parvenant à deviner son âge. Si bien que tu en eusses même oublié la question que t’avait posée le garçon. Celui-ci pouvait apparemment bien le voir, d’ailleurs, au vu du regard peu commode qu’il te lançait. Aucun doute, pour lui, tu étais certainement le dernier des imbéciles. Mais tu ne t'étais pas vexé.
« Je te veux dans mon équipage, gamin ! T’as du cran, et j’aime ça. D’ailleurs, c’est quoi, ton p’tit nom ? »
Le garçon vous jaugeait, ta question et toi. Comme s’il tentait de déterminer si tu valais ou non la peine de connaître son prénom. Comprenant ceci, tu lui fis ton plus beau sourire édenté. Soupirant et levant les yeux au ciel, il abdiqua finalement.
« Nephi. Nephi Lim. »
À l’entente de ces paroles, ton sourire s’estompa peu à peu. Nephi Lim. Tu connaissais ce nom. Tu connaissais ce garçon. Comment avais-tu fait pour ne pas le reconnaître plus tôt ? Certes, il avait grandi, mais ses canines aiguisées, au moins elles, auraient pu te mettre sur la voie ! C’était d’un œil nouveau que tu regardais à présent l'adolescent. A présent, tu comprenais son indifférence, tu comprenais son air bougon. Pour dire vrai, tu fus même agréablement surpris de sa sociabilité actuelle. Nephi Lim. Tu n’en revenais pas. Puisqu’il était âgé de quinze ans aujourd’hui, cela voulait dire que votre véritable première rencontre remontait à sept ans. Et, d’un seul coup, en plus de te prendre un léger coup de vieux, tu t’es senti transporté vers cette époque pas si lointaine que cela.
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Il pouvait être difficile de te considérer comme un rookie à la vue de ton crâne qui commençait déjà à se dégarnir. Néanmoins, tu n’étais, à l’époque, pas le pirate aussi expérimenté qu’aujourd’hui, lorsque tu es arrivé sur cette toute petite île de West Blue. Tu n’étais même pas encore capitaine, pour dire. Fier second et navigateur de ton équipage, cela ne faisait que deux ou trois ans que tu t’étais pris d'affection pour la vie de pirate. Toi et tes camarades viviez bon nombre d’aventures, toujours dans la joie et l’insouciance de la liberté. Mais, à trop faire la fête, vous manquiez très souvent de vivres et vous aviez dû, cette fois encore, vous arrêter sur l’île la plus proche pour refaire le plein de ressources.
Et c’est ainsi que vous êtes arrivés sur Dahinta. Cette île était ridiculement petite, si bien qu’elle ne comprenait qu’un seul petit village au milieu d’une épaisse et dense forêt. Mais pour vous, c’était bien suffisant. Puisque tes camarades et toi étiez fatigués de la mer et vouliez un peu de repos, il avait été décidé qu’aucun vol ne serait fait aux habitants. Que vous vous contenteriez d’agir en voyageur et non en forbans. Ainsi, vous avez tous été bien accueillis et comme vous comptiez rester là quelques jours, on ne tarda pas à vous mettre en garde… Sur un petit garçon.
Cela vous a tous surpris, au départ. Tous les villageois, sans exception, vouaient aussi bien une haine qu’une peur profonde envers un mioche de huit ans à peine. Certains d’entre vous d’ailleurs ne purent retenir un éclat de rire. Pas toi. Toi, tu étais curieux et intrigué. La peur qu’ils lui vouaient était si grande et si sincère qu’il y avait forcément une histoire bien particulière derrière. Et tu avais raison. À ta demande, on vous raconta alors dans les moindres détails cette histoire qui était ancrée dans les cœurs de chacun des habitants du village : celle de la naissance de l’enfant des Enfers.
Il y avait de cela des années, près de vingt ans pour être exact, les pêcheurs de l’île firent une surprenante découverte sur la plage : une adolescente, gravement blessée et inconsciente, gisait sur le rivage. Personne ne savait qui elle était, d’où elle venait ni même comment elle avait pu se retrouver ici. Mais tout le monde s’en fichait bien : ce qui importait, c’était de la soigner avant qu’il ne soit trop tard. Chacun des habitants faisait de son mieux pour aider à la guérison et surtout au réveil de la jeune femme. C’est que, celle-ci était d’une beauté si grande, si incroyable, qu’elle était presque devenue sujet à tous les fantasmes. On l’imagina princesse en fuite, on l’imagina grande révolutionnaire. Tous ne pouvaient lui porter qu’un destin incroyable, à la hauteur de ses attraits. Malheureusement, personne n’eut l’occasion d’avoir réponse à ses questions.
Lorsqu’elle se réveilla, la jeune femme ne se souvenait de rien, hormis son nom : Lilith Lim. Il ne lui fallut pas longtemps pour être parfaitement intégrée à la vie du village. En effet, Lilith se révéla être une jeune fille douce à la gentillesse si grande que la pureté de son âme était considérée comme inégalée, et ce, dans tout West Blue. Elle passait ses journées à aider tous les villageois dans leur travail, du plus simple au plus éprouvant. Elle soignait les malades, s’occupait des animaux, et jouait avec les enfants. Bien vite, tous les hommes du village tombèrent éperdument amoureux d’elle tandis que les femmes, elles, voyaient en elle une mère, une sœur, une fille ou une amie rêvée.
Près de dix ans étaient passés depuis que Lilth avait été retrouvée sur la plage. Elle n’avait toujours pas retrouvé la mémoire, mais cela ne l’affectait pas : elle aimait la vie qu’elle menait et elle avait le sentiment profond que sa place était ici, dans ce village. Elle avait reçu bon nombre de demande de fiançailles ou de mariage, mais elle refusait toujours avec gentillesse. Avec le temps, les villageois avaient fini par comprendre qu’elle aimait déjà un homme. Mais personne ne sut qui était l’heureux élu. Tout ce qu’ils savaient, c’était que si Lilith le voyait ou se remémorer son souvenir, c’était très certainement dans l’épaisse forêt. En effet, c’était au cœur des arbres que la belle jeune femme passait la plupart de son temps libre. Personne ne savait ce qu’elle y faisait. Oh, bien sûr, certains avaient déjà tenté de la suivre, mais sans succès. On raconta néanmoins que quelqu’un l’avait vue, assise sous un grand chêne, chanter une douce berceuse à un loup qui dormait paisiblement sur ses genoux, ou encore, d’autre disaient qu’elle avait été aperçue enlacée par un homme vêtu d’une étrange fourrure de la tête aux pieds. Mais jamais ces on-dit n’avaient trouvé confirmation.
Plus les jours passaient et plus une toute nouvelle maladresse emprisonnait les gestes de Lilith. Une maladresse qui, bien que légère et risible au départ, avait fini par devenir si grande qu’elle ne pouvait plus aider qui que ce soit au village. Lilith fut très inquiète de ce nouvel état surgi de nulle part. Alors elle alla chez le médecin. Et le constat tomba : elle était enceinte. Qui savait si celle-ci était la cause de sa maladresse. Pour dire vrai, ce n’était pas elle, la question brûlant les lèvres de tous les villageois, mais plutôt : qui donc était le père ? Jamais Lilith ne voulut répondre. La jeune femme était remplie de mystères qui ne firent que grandir de plus en plus avec la grossesse. En effet, plus les mois passaient, plus sa santé semblait se détériorer. Mais pas seulement sa santé physique. La folie semblait peu à peu gagner son coeur. La douce et gentille jeune femme avait laissé place à une femme dure qui semblait prendre de plus en plus plaisir à faire du mal aussi bien aux autres qu’à elle-même. Tous étaient on ne peut plus inquiet pour elle. Ni le médecin du village, ni tous ceux qu’ils avaient réussi à faire venir ne savait quel mal la rongeait. Un mal qui ne faisait que grandir dangereusement de jour en jour. Si bien qu’aux derniers mois de grossesse, les villageois avaient pris la dure décision de l’enfermer chez elle sous bonne garde afin de s’assurer de sa protection, de celle du bébé, ainsi que de celle des villageois.
Et puis, vint le long moment de l’accouchement. Celui-ci se fit dans la douleur, une douleur beaucoup plus grande et vive qu’elle n’aurait dû l’être. Il fallut près de quatorze heures de travail pour Lilith avant d’enfin mettre son petit garçon au monde. Malgré le danger que représentait encore la jeune femme, tout le village avait tenu à être présent pour lui donner, malgré tout, toute la force et le courage nécessaire. Et c’est ainsi que tout le monde assista a une chose bien étonnante. Lorsqu’il était né, le petit bébé n’avait pas crié. N’avait pas ouvert les yeux. Au départ, tout le monde pensa avec tristesse que le pauvre n’avait pas survécu à la folie de sa mère qui faisait encore rage, criant à en perdre haleine sur les habitants. Et puis, d’un seul coup, il ouvrit les yeux. Et sitôt montra-t-il signe de vie… Que la colère de Lilith s’apaisa instantanément. Elle semblait être redevenue la douce jeune femme qu’elle était. Mais elle était fragile. Bien trop fragile. Épuisée par cette grossesse et surtout par cet accouchement, la jeune femme, après de dernières douces paroles, ferma les yeux pour ne plus jamais les ouvrir.
Dès lors, tous les villageois en étaient persuadés : c’était cet enfant qui avait fait perdre à la fois raison et vie à la douce Lilith. La douce Lilith dont l’amour secret était très certainement cette bête avec qui on l’avait vue. Cette douce Lilith qui avait très certainement été ensorcelée par le Malin. Beaucoup voulurent prendre la vie de l’enfant ici et maintenant. Après tout, son visage lui-même était celui de l’Enfer : alors que Lilith avait de beaux cheveux blonds et de doux yeux verts, lui, était d’un brun aussi profond que le crépuscule et ses yeux noirs étaient aussi dur que la roche. Mais la majorité du village, elle, pensait qu’enfant du Diable ou non, il était tout de même de leur devoir de l’élever, pour faire honneur à la mémoire de Lilith. Alors l’enfant fut baptisé Néphi. Néphi Lim, l’enfant des Enfers. Ce fut le maire qui prit la responsabilité de le prendre sous son aile. Bien qu’il eût été l’un des premiers à vouloir mettre fin aux jours du garçon, étrangement, personne ne trouva à redire lorsqu’il se porta volontaire à l’adoption, tous le voyant comme le meilleur parti pour grandir dans les plus belles conditions possibles. N’était-il, après tout, pas l’homme le plus riche du village ?
Le seul problème, était que sa richesse d’âme, elle, n’était pas aussi élevée que son compte en banque.
Le Maire n’avait certainement pas tiré un trait sur la première opinion qu’il s’était fait de Nephi. Ce petit n’était que la progéniture malsaine du diable qui avait pris le cœur de celle qu’il aimait en secret. Malgré le doux caractère du bébé, il commença à lui vouer une haine incommensurable. Oh, ça, bien sûr ; les villageois ne vous en avaient pas clairement parlé. Tu avais tout simplement eu par mille fois l’occasion de le voir de tes yeux, en l’écoutant cracher sur l’enfant comme sur un monstre de perfidie. Sans trop que tu ne comprennes comment, le Maire avait réussi au fil des ans à convaincre les autres habitants du village de la sournoiserie perverse du garçonnet. Alors, évidemment, dans un village où tout le monde s’était mis à le traiter de monstre, en paria, son doux caractère s’était changé en acerbité sans précédent. Le petit garçon était, disons-le, devenu un sale gosse, répondant au comportement des villageois que par les cris et la colère. Tout le village y voyait la preuve de son rattachement aux Enfers. Toi, tu n’y vis que de la logique pure et simple : ce pauvre gamin de huit ans à peine avait grandi traité comme un démon. Il était évident que le petit prenne ce pli, et agisse exactement de la manière qu’on attendait de lui, comme s’il avait inconsciemment besoin de se ranger dans une case pour avoir une identité reconnue.
À l’entente de cette histoire, tous tes camarades s’étaient sentis tristes pour ce garçon, qui, démon ou non, avait sans nul doute grandi dans un enfer sans précédent. Toi, tout particulièrement. Alors, un jour, tu es allé au cœur de la forêt. Cette forêt, personne n’y mettait plus les pieds. Après tout, après avoir été le nid d’amour de Lilith et du Démon, voilà qu’elle était devenue le repère malsain de leur enfant. Foutaise. Toi, tu avais compris qu’il ne devait s’agir que d’un refuge pour ce pauvre mioche, le seul endroit où personne n’allait se fourrer dans ses pattes. De toute façon, même s’ils le voulaient, ils n’en seraient pas capables, face à la densité de cette forêt. Toi-même, tu avais mis trois bonnes heures avant d’enfin trouver le petit garçon. Assis contre un tronc d’arbre, recroquevillé, il semblait pris de passion, plongé pour un livre presque aussi gros que lui. Néanmoins, cela n’empêcha pas à ses sens d’être à l'affût. Sitôt t’étais-tu un peu trop rapproché qu’il avait déjà sursauté, qu’il s’était déjà caché parmi les feuillages. Cette réaction, elle t’avait de suite marquée. Elle était la preuve que le pauvre mioche devait constamment vivre dans la peur. Comme tu t’y attendais, Nephi était évidemment des plus méfiants à ton égard. Tu as dû jouer plus que des pieds et des mains pour que le petit garçon m'accorde sa confiance. Mais au bout de quelques jours, tu y étais finalement parvenu. Après tout, méfiant ou non, il restait qu’un gamin en manque d’attention.
Tu avais enfin l’occasion de parler avec lui. Et cette occasion, qu’est-ce que tu l’attendais ! Sans surprise, le mioche avait fini par assimiler être le Fils du Diable, si bien qu’il fût à présent persuadé de la véracité des inepties des villageois. Tu avais tenté de lui faire comprendre que non, mais rien n’y faisait. Et puis, tu avais de toute façon fini par voir qu’il en avait besoin, de p’tit, de ces mensonges. Parce qu’au moins, le pauvre orphelin qu’il était pouvait rattacher une identité, un nom, un visage à ses origines. Aussi peu seyantes qu’elles soient. Alors tu décidas de changer de tactique. Et tu lui appris de quelle manière se comporter auprès des villageois. Tu lui avais montré à quel point l'indifférence et l’insolence tranquille étaient les meilleures des réponses face à l'imbécillité des gens. Sa colère, aussi justifiée soit-elle, ne pouvait qu'envenimer les choses, comme un cercle vicieux. Voilà bien une leçon difficile à lui faire appliquer, sa nature reprenant naturellement le dessus. Mais lorsque tu dus finalement reprendre le large avec tes camarades, tu étais sûr que la leçon était apprise.
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Et aujourd’hui, tu en avais la preuve : Nephi Lim était devenu la définition même de la nonchalance. Même si son caractère colérique transparaissait encore dans ses gestes, et très certainement parfois dans ses actions, il avait vraisemblablement écouté tes conseils. En te remémorant tout cela, le sourire que tu avais perdu se redessina sur ton visage, si grand, que tu t’étais presque fait mal aux zygomatiques. Et puis, d’un geste si vif qu’il surprit le garçon, tu lui as enlevé cette capuche. Et c’est là qu’ils apparurent : deux épis en forme de cornes. En les voyants, tu n’avais pu retenir un rire. Et avant même que Nephi put prendre la parole, tu t’es exclamé avec bonne humeur.
« Eh bah alors, Fils du Malin, pourquoi donc te caches-tu ? Toi qui étais pourtant si bêtement fier de tes origines ! »
Dire que le p’tit Nephi était surpris n’aurait encore été qu’un bel euphémisme. Il lui avait fallu quelque seconde pour reprendre pleinement ses esprits, et encore d’autres pour doucement assimiler ce qui était en train de se tramer autour de lui. Tu ne t’attendais pas à ce qu’il te reconnaisse. Il n’était qu’un gamin, après tout. Pourtant, son regard si morne avait fini par s’illuminer. Il t’avait reconnu. Et, à ta plus grande surprise, il t’avait même avoué ne jamais t’avoir oublié. D'après lui, tu avais même été celui grâce auquel il avait pu se renforcer face à la stupidité des villageois. Il n'avait jamais pu stopper leur haine, mais il avait pu s'en accommoder. Oui, cela te surpris. Mais, en y repensant, ce n’était pas si étonnant que cela. Tu avais, après tout, très certainement été la première personne a véritablement lui tendre la main, même si tu n’avais été qu’un voyageur de passage. Finalement, c’est lorsque tu lui as demandé ce qu’il faisait hors de son caillou, qu’il parvint le plus à t’épater.
« Je viens tout juste de quitter ces crétins. C'est pathétique, hein ? À mon âge, de n'avoir jamais vu autre chose que mon caillou, comme tu dis. Mais... J’ai vécu ma vie entière en tant qu’enfant des Enfers. En tant que Fils de Satan. Et même si ça ne me dérange pas plus que ça d’être appelé comme ça - question d'habitude… Je pense quand même que le temps de l'abnégation est terminé. Je veux savoir d’où je viens. Savoir qui je suis vraiment. »
La lueur qui brillait à cet instant dans ses yeux, tu t'en souviens encore, n'est ce pas ? Une sorte de rage, mais pas une rage de haine : une rage de vaincre. Comme s'il brûlait de prouver aussi bien au monde entier qu'à lui même qu'il valait mieux que ça, mieux que cette case où on l'avait jeté de force étant petit. Le petit démon était devenu grand. Ainsi donc, Nephi était parti en quête de ses origines ? Avait-il enfin accepté qu'il était un humain et non un monstre ? De nouveau, ton sourire s’était agrandi - si cela était encore possible. Tu ne t’étais pas trompé : ce gamin avait de la gnac. Et ça te plaisait vraiment. Et puis, il fallait le dire, tu étais plus que ravi de revoir le chetif garçon que tu avais rencontré être devenu grand ! Il avait su ravaler ses peurs, il avait su montrer du courage. C’était un homme, à présent. Un homme capable de faire face aux choses devant lui, qui avait arrêter de prendre refuge dans sa forêt. Et toi, tu en étais maintenant plus que certain : tu le voulais dans ton équipage.
« Tu sais, gamin. T’as beau avoir de la jugeote, t’arriveras pas à grand chose tout seul. Si tu viens avec nous, je pourrais pas t'aider à trouver ta famille, mais je pourrai au moins te former au monde. Il est très différent de ce caillou sur lequel t’as vécu toute ta vie. Je pourrais t’enseigner les armes, la navigation, et tout ce que tu veux. Faire de toi un homme, un vrai ! Parce qu’il faudra bien ça pour retrouver d’où tu viens. Ça te sautera pas tout seul dans les bras. Va falloir avoir assez de force et de maîtrise pour pousser toi-même ton destin ! »
Bien sûr, ce marché n’était pas totalement à ton avantage. Lui apprendre la vie pour qu’il soit à même de mener à bien sa p’tite aventure, cela impliquait forcément qu’il devrait, un jour ou l’autre, te quitter. Bah oui : il fallait être honnête, tes hommes et toi n’avaient pas que ça à faire, de mener l’enquête partout sur terre. Et même si toi, personnellement, ça ne t’aurait pas dérangé, tu savais déjà que tes hommes auraient un tout autre avis. Et en tant que bon capitaine, tu ne pouvais pas rejeter l'opinion de tes camarades. C’est sûr, tu n’avais pas tellement envie de le voir quitter ton équipage un jour ou l’autre, mais c’est bien ce qu’il fallait. À ton plus grand bonheur, Nephi avait finalement accepté ton offre. Et tu étais rentré avec lui vers votre bateau.
Comme promis, tu lui as appris à se battre et à naviguer. Tes hommes, eux aussi, s’étaient pris au jeu du petit apprenti, tous plus fier les uns que les autres de lui donner des leçons sur ce qu’ils savaient faire de mieux. Et Nephi, lui, semblait prendre ses leçons avec le plus grand des sérieux. Au fil des années, l’adolescent était, sous leurs yeux, peu à peu devenu un homme. Plus qu’un membre de passage, plus qu’un rookie à former, il était devenu un membre précieux de l’équipage qui l’avait vu grandir. Non, bien plus que ça : il t'était devenu, peu à peu, aussi précieux qu'un fils. Entouré d’une si belle bande de joyeux lurons, ce soit disant démon avait fini par exprimer son humanité. Il s'était un peu plus ouvert aux autres. Il participait aux jeux, aux rigolades. Il jouait des tours, à toi ou à vos camarades. Il avait aussi fait bon nombre de bêtises, et s'était beaucoup de fois attiré ton courroux. Mais cela, en un sens, ne n'avait fait que renforcer l'attachement que tu avais pour ce petit. Bien sûr, il restait le gamin bougon et colérique qu’il était, mais tu avais pu voir de jour en jour la blessure que lui avait provoquée sa constante solitude se refermer. Et c'était pour toi le plus beau des cadeaux.
Et aujourd’hui, te voilà debout, devant l’entrée de sa chambre, vide. Toutes ses affaires disparues. Après un long soupir, tu sors finalement de tes souvenirs. Nephi avait passé cinq ans avec vous. Tu fermes les yeux. Non, tu ne pleureras pas. Tu le savais dès le départ. Il allait partir. Il te l’avait dit dès le premier jour. Mais, quelque part, tu espérais qu’il ait oublié son objectif de connaître sa famille biologique. Tu avais espéré qu’il se rende compte qu’il en avait finalement trouvé une d’adoption. Peut-être pas la plus belle, ni la plus intelligente. Mais une famille qui était là, pour lui, près à le soutenir dans toutes les épreuves. Si, quelques mois après son arrivé, de partir sans briser le cœur de tout un équipage avait pu être possible, paradoxalement, c’était aujourd’hui que l’équipage entier serait allé au bout du monde pour l’aider dans son ambition… qu’il avait finalement décidé de faire cavalier seul.
Tu pousses un nouveau soupir. S’il était parti à la conquête de ses origines, une chose restait sûre : Nephi Lim sera à jamais un membre de votre famille.
« C’est pas vrai… t’es tombé amoureux de moi, ou quoi ? »
De nouveau, le rire gras que sa remarque t’avait provoquée semblait le lasser au plus haut point. Comme si de pouvoir être considéré drôle était pour lui la plus grande des tortures : une réaction qui t’amusait beaucoup. Ce gamin te plaisait. Il était jeune, mais tu lui avais tout de suite vu un grand potentiel. Alors tu t’es approché un peu plus. Et, une fois pile devant lui, tu lui as demandé, de but en blanc.
« Dis-moi, gamin. Qu’est-ce que tu dirais d’une vie de piraterie ? »
Cette fois-ci, ce fut la surprise que tu pus facilement lire sur son visage. Tournant la tête en ta direction si vite qu’il dut se faire mal à la nuque, il te fixait à présent d’un air éberlué, comme si tu n’avais plus toute ta tête. Une chose était sûre, il ne s’attendait certainement pas à une telle question ! Il t'a scruté un petit instant, comme pour tenter de déterminer si tu étais sérieux ou non. Comme s’il voulait croire à une plaisanterie. Mais ce n’en était pas une.
« T’es sérieusement en train de demander de devenir pirate à un gamin de quinze piges ? »
Quinze ans ! Tu avais donc vu juste dans ton estimation. Quelque part, voilà bien quelque chose qui pût te satisfaire, tout bêtement, comme si tu avais pu prouver ou gagner quelque chose en parvenant à deviner son âge. Si bien que tu en eusses même oublié la question que t’avait posée le garçon. Celui-ci pouvait apparemment bien le voir, d’ailleurs, au vu du regard peu commode qu’il te lançait. Aucun doute, pour lui, tu étais certainement le dernier des imbéciles. Mais tu ne t'étais pas vexé.
« Je te veux dans mon équipage, gamin ! T’as du cran, et j’aime ça. D’ailleurs, c’est quoi, ton p’tit nom ? »
Le garçon vous jaugeait, ta question et toi. Comme s’il tentait de déterminer si tu valais ou non la peine de connaître son prénom. Comprenant ceci, tu lui fis ton plus beau sourire édenté. Soupirant et levant les yeux au ciel, il abdiqua finalement.
« Nephi. Nephi Lim. »
À l’entente de ces paroles, ton sourire s’estompa peu à peu. Nephi Lim. Tu connaissais ce nom. Tu connaissais ce garçon. Comment avais-tu fait pour ne pas le reconnaître plus tôt ? Certes, il avait grandi, mais ses canines aiguisées, au moins elles, auraient pu te mettre sur la voie ! C’était d’un œil nouveau que tu regardais à présent l'adolescent. A présent, tu comprenais son indifférence, tu comprenais son air bougon. Pour dire vrai, tu fus même agréablement surpris de sa sociabilité actuelle. Nephi Lim. Tu n’en revenais pas. Puisqu’il était âgé de quinze ans aujourd’hui, cela voulait dire que votre véritable première rencontre remontait à sept ans. Et, d’un seul coup, en plus de te prendre un léger coup de vieux, tu t’es senti transporté vers cette époque pas si lointaine que cela.
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Il pouvait être difficile de te considérer comme un rookie à la vue de ton crâne qui commençait déjà à se dégarnir. Néanmoins, tu n’étais, à l’époque, pas le pirate aussi expérimenté qu’aujourd’hui, lorsque tu es arrivé sur cette toute petite île de West Blue. Tu n’étais même pas encore capitaine, pour dire. Fier second et navigateur de ton équipage, cela ne faisait que deux ou trois ans que tu t’étais pris d'affection pour la vie de pirate. Toi et tes camarades viviez bon nombre d’aventures, toujours dans la joie et l’insouciance de la liberté. Mais, à trop faire la fête, vous manquiez très souvent de vivres et vous aviez dû, cette fois encore, vous arrêter sur l’île la plus proche pour refaire le plein de ressources.
Et c’est ainsi que vous êtes arrivés sur Dahinta. Cette île était ridiculement petite, si bien qu’elle ne comprenait qu’un seul petit village au milieu d’une épaisse et dense forêt. Mais pour vous, c’était bien suffisant. Puisque tes camarades et toi étiez fatigués de la mer et vouliez un peu de repos, il avait été décidé qu’aucun vol ne serait fait aux habitants. Que vous vous contenteriez d’agir en voyageur et non en forbans. Ainsi, vous avez tous été bien accueillis et comme vous comptiez rester là quelques jours, on ne tarda pas à vous mettre en garde… Sur un petit garçon.
Cela vous a tous surpris, au départ. Tous les villageois, sans exception, vouaient aussi bien une haine qu’une peur profonde envers un mioche de huit ans à peine. Certains d’entre vous d’ailleurs ne purent retenir un éclat de rire. Pas toi. Toi, tu étais curieux et intrigué. La peur qu’ils lui vouaient était si grande et si sincère qu’il y avait forcément une histoire bien particulière derrière. Et tu avais raison. À ta demande, on vous raconta alors dans les moindres détails cette histoire qui était ancrée dans les cœurs de chacun des habitants du village : celle de la naissance de l’enfant des Enfers.
Il y avait de cela des années, près de vingt ans pour être exact, les pêcheurs de l’île firent une surprenante découverte sur la plage : une adolescente, gravement blessée et inconsciente, gisait sur le rivage. Personne ne savait qui elle était, d’où elle venait ni même comment elle avait pu se retrouver ici. Mais tout le monde s’en fichait bien : ce qui importait, c’était de la soigner avant qu’il ne soit trop tard. Chacun des habitants faisait de son mieux pour aider à la guérison et surtout au réveil de la jeune femme. C’est que, celle-ci était d’une beauté si grande, si incroyable, qu’elle était presque devenue sujet à tous les fantasmes. On l’imagina princesse en fuite, on l’imagina grande révolutionnaire. Tous ne pouvaient lui porter qu’un destin incroyable, à la hauteur de ses attraits. Malheureusement, personne n’eut l’occasion d’avoir réponse à ses questions.
Lorsqu’elle se réveilla, la jeune femme ne se souvenait de rien, hormis son nom : Lilith Lim. Il ne lui fallut pas longtemps pour être parfaitement intégrée à la vie du village. En effet, Lilith se révéla être une jeune fille douce à la gentillesse si grande que la pureté de son âme était considérée comme inégalée, et ce, dans tout West Blue. Elle passait ses journées à aider tous les villageois dans leur travail, du plus simple au plus éprouvant. Elle soignait les malades, s’occupait des animaux, et jouait avec les enfants. Bien vite, tous les hommes du village tombèrent éperdument amoureux d’elle tandis que les femmes, elles, voyaient en elle une mère, une sœur, une fille ou une amie rêvée.
Près de dix ans étaient passés depuis que Lilth avait été retrouvée sur la plage. Elle n’avait toujours pas retrouvé la mémoire, mais cela ne l’affectait pas : elle aimait la vie qu’elle menait et elle avait le sentiment profond que sa place était ici, dans ce village. Elle avait reçu bon nombre de demande de fiançailles ou de mariage, mais elle refusait toujours avec gentillesse. Avec le temps, les villageois avaient fini par comprendre qu’elle aimait déjà un homme. Mais personne ne sut qui était l’heureux élu. Tout ce qu’ils savaient, c’était que si Lilith le voyait ou se remémorer son souvenir, c’était très certainement dans l’épaisse forêt. En effet, c’était au cœur des arbres que la belle jeune femme passait la plupart de son temps libre. Personne ne savait ce qu’elle y faisait. Oh, bien sûr, certains avaient déjà tenté de la suivre, mais sans succès. On raconta néanmoins que quelqu’un l’avait vue, assise sous un grand chêne, chanter une douce berceuse à un loup qui dormait paisiblement sur ses genoux, ou encore, d’autre disaient qu’elle avait été aperçue enlacée par un homme vêtu d’une étrange fourrure de la tête aux pieds. Mais jamais ces on-dit n’avaient trouvé confirmation.
Plus les jours passaient et plus une toute nouvelle maladresse emprisonnait les gestes de Lilith. Une maladresse qui, bien que légère et risible au départ, avait fini par devenir si grande qu’elle ne pouvait plus aider qui que ce soit au village. Lilith fut très inquiète de ce nouvel état surgi de nulle part. Alors elle alla chez le médecin. Et le constat tomba : elle était enceinte. Qui savait si celle-ci était la cause de sa maladresse. Pour dire vrai, ce n’était pas elle, la question brûlant les lèvres de tous les villageois, mais plutôt : qui donc était le père ? Jamais Lilith ne voulut répondre. La jeune femme était remplie de mystères qui ne firent que grandir de plus en plus avec la grossesse. En effet, plus les mois passaient, plus sa santé semblait se détériorer. Mais pas seulement sa santé physique. La folie semblait peu à peu gagner son coeur. La douce et gentille jeune femme avait laissé place à une femme dure qui semblait prendre de plus en plus plaisir à faire du mal aussi bien aux autres qu’à elle-même. Tous étaient on ne peut plus inquiet pour elle. Ni le médecin du village, ni tous ceux qu’ils avaient réussi à faire venir ne savait quel mal la rongeait. Un mal qui ne faisait que grandir dangereusement de jour en jour. Si bien qu’aux derniers mois de grossesse, les villageois avaient pris la dure décision de l’enfermer chez elle sous bonne garde afin de s’assurer de sa protection, de celle du bébé, ainsi que de celle des villageois.
Et puis, vint le long moment de l’accouchement. Celui-ci se fit dans la douleur, une douleur beaucoup plus grande et vive qu’elle n’aurait dû l’être. Il fallut près de quatorze heures de travail pour Lilith avant d’enfin mettre son petit garçon au monde. Malgré le danger que représentait encore la jeune femme, tout le village avait tenu à être présent pour lui donner, malgré tout, toute la force et le courage nécessaire. Et c’est ainsi que tout le monde assista a une chose bien étonnante. Lorsqu’il était né, le petit bébé n’avait pas crié. N’avait pas ouvert les yeux. Au départ, tout le monde pensa avec tristesse que le pauvre n’avait pas survécu à la folie de sa mère qui faisait encore rage, criant à en perdre haleine sur les habitants. Et puis, d’un seul coup, il ouvrit les yeux. Et sitôt montra-t-il signe de vie… Que la colère de Lilith s’apaisa instantanément. Elle semblait être redevenue la douce jeune femme qu’elle était. Mais elle était fragile. Bien trop fragile. Épuisée par cette grossesse et surtout par cet accouchement, la jeune femme, après de dernières douces paroles, ferma les yeux pour ne plus jamais les ouvrir.
Dès lors, tous les villageois en étaient persuadés : c’était cet enfant qui avait fait perdre à la fois raison et vie à la douce Lilith. La douce Lilith dont l’amour secret était très certainement cette bête avec qui on l’avait vue. Cette douce Lilith qui avait très certainement été ensorcelée par le Malin. Beaucoup voulurent prendre la vie de l’enfant ici et maintenant. Après tout, son visage lui-même était celui de l’Enfer : alors que Lilith avait de beaux cheveux blonds et de doux yeux verts, lui, était d’un brun aussi profond que le crépuscule et ses yeux noirs étaient aussi dur que la roche. Mais la majorité du village, elle, pensait qu’enfant du Diable ou non, il était tout de même de leur devoir de l’élever, pour faire honneur à la mémoire de Lilith. Alors l’enfant fut baptisé Néphi. Néphi Lim, l’enfant des Enfers. Ce fut le maire qui prit la responsabilité de le prendre sous son aile. Bien qu’il eût été l’un des premiers à vouloir mettre fin aux jours du garçon, étrangement, personne ne trouva à redire lorsqu’il se porta volontaire à l’adoption, tous le voyant comme le meilleur parti pour grandir dans les plus belles conditions possibles. N’était-il, après tout, pas l’homme le plus riche du village ?
Le seul problème, était que sa richesse d’âme, elle, n’était pas aussi élevée que son compte en banque.
Le Maire n’avait certainement pas tiré un trait sur la première opinion qu’il s’était fait de Nephi. Ce petit n’était que la progéniture malsaine du diable qui avait pris le cœur de celle qu’il aimait en secret. Malgré le doux caractère du bébé, il commença à lui vouer une haine incommensurable. Oh, ça, bien sûr ; les villageois ne vous en avaient pas clairement parlé. Tu avais tout simplement eu par mille fois l’occasion de le voir de tes yeux, en l’écoutant cracher sur l’enfant comme sur un monstre de perfidie. Sans trop que tu ne comprennes comment, le Maire avait réussi au fil des ans à convaincre les autres habitants du village de la sournoiserie perverse du garçonnet. Alors, évidemment, dans un village où tout le monde s’était mis à le traiter de monstre, en paria, son doux caractère s’était changé en acerbité sans précédent. Le petit garçon était, disons-le, devenu un sale gosse, répondant au comportement des villageois que par les cris et la colère. Tout le village y voyait la preuve de son rattachement aux Enfers. Toi, tu n’y vis que de la logique pure et simple : ce pauvre gamin de huit ans à peine avait grandi traité comme un démon. Il était évident que le petit prenne ce pli, et agisse exactement de la manière qu’on attendait de lui, comme s’il avait inconsciemment besoin de se ranger dans une case pour avoir une identité reconnue.
À l’entente de cette histoire, tous tes camarades s’étaient sentis tristes pour ce garçon, qui, démon ou non, avait sans nul doute grandi dans un enfer sans précédent. Toi, tout particulièrement. Alors, un jour, tu es allé au cœur de la forêt. Cette forêt, personne n’y mettait plus les pieds. Après tout, après avoir été le nid d’amour de Lilith et du Démon, voilà qu’elle était devenue le repère malsain de leur enfant. Foutaise. Toi, tu avais compris qu’il ne devait s’agir que d’un refuge pour ce pauvre mioche, le seul endroit où personne n’allait se fourrer dans ses pattes. De toute façon, même s’ils le voulaient, ils n’en seraient pas capables, face à la densité de cette forêt. Toi-même, tu avais mis trois bonnes heures avant d’enfin trouver le petit garçon. Assis contre un tronc d’arbre, recroquevillé, il semblait pris de passion, plongé pour un livre presque aussi gros que lui. Néanmoins, cela n’empêcha pas à ses sens d’être à l'affût. Sitôt t’étais-tu un peu trop rapproché qu’il avait déjà sursauté, qu’il s’était déjà caché parmi les feuillages. Cette réaction, elle t’avait de suite marquée. Elle était la preuve que le pauvre mioche devait constamment vivre dans la peur. Comme tu t’y attendais, Nephi était évidemment des plus méfiants à ton égard. Tu as dû jouer plus que des pieds et des mains pour que le petit garçon m'accorde sa confiance. Mais au bout de quelques jours, tu y étais finalement parvenu. Après tout, méfiant ou non, il restait qu’un gamin en manque d’attention.
Tu avais enfin l’occasion de parler avec lui. Et cette occasion, qu’est-ce que tu l’attendais ! Sans surprise, le mioche avait fini par assimiler être le Fils du Diable, si bien qu’il fût à présent persuadé de la véracité des inepties des villageois. Tu avais tenté de lui faire comprendre que non, mais rien n’y faisait. Et puis, tu avais de toute façon fini par voir qu’il en avait besoin, de p’tit, de ces mensonges. Parce qu’au moins, le pauvre orphelin qu’il était pouvait rattacher une identité, un nom, un visage à ses origines. Aussi peu seyantes qu’elles soient. Alors tu décidas de changer de tactique. Et tu lui appris de quelle manière se comporter auprès des villageois. Tu lui avais montré à quel point l'indifférence et l’insolence tranquille étaient les meilleures des réponses face à l'imbécillité des gens. Sa colère, aussi justifiée soit-elle, ne pouvait qu'envenimer les choses, comme un cercle vicieux. Voilà bien une leçon difficile à lui faire appliquer, sa nature reprenant naturellement le dessus. Mais lorsque tu dus finalement reprendre le large avec tes camarades, tu étais sûr que la leçon était apprise.
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Et aujourd’hui, tu en avais la preuve : Nephi Lim était devenu la définition même de la nonchalance. Même si son caractère colérique transparaissait encore dans ses gestes, et très certainement parfois dans ses actions, il avait vraisemblablement écouté tes conseils. En te remémorant tout cela, le sourire que tu avais perdu se redessina sur ton visage, si grand, que tu t’étais presque fait mal aux zygomatiques. Et puis, d’un geste si vif qu’il surprit le garçon, tu lui as enlevé cette capuche. Et c’est là qu’ils apparurent : deux épis en forme de cornes. En les voyants, tu n’avais pu retenir un rire. Et avant même que Nephi put prendre la parole, tu t’es exclamé avec bonne humeur.
« Eh bah alors, Fils du Malin, pourquoi donc te caches-tu ? Toi qui étais pourtant si bêtement fier de tes origines ! »
Dire que le p’tit Nephi était surpris n’aurait encore été qu’un bel euphémisme. Il lui avait fallu quelque seconde pour reprendre pleinement ses esprits, et encore d’autres pour doucement assimiler ce qui était en train de se tramer autour de lui. Tu ne t’attendais pas à ce qu’il te reconnaisse. Il n’était qu’un gamin, après tout. Pourtant, son regard si morne avait fini par s’illuminer. Il t’avait reconnu. Et, à ta plus grande surprise, il t’avait même avoué ne jamais t’avoir oublié. D'après lui, tu avais même été celui grâce auquel il avait pu se renforcer face à la stupidité des villageois. Il n'avait jamais pu stopper leur haine, mais il avait pu s'en accommoder. Oui, cela te surpris. Mais, en y repensant, ce n’était pas si étonnant que cela. Tu avais, après tout, très certainement été la première personne a véritablement lui tendre la main, même si tu n’avais été qu’un voyageur de passage. Finalement, c’est lorsque tu lui as demandé ce qu’il faisait hors de son caillou, qu’il parvint le plus à t’épater.
« Je viens tout juste de quitter ces crétins. C'est pathétique, hein ? À mon âge, de n'avoir jamais vu autre chose que mon caillou, comme tu dis. Mais... J’ai vécu ma vie entière en tant qu’enfant des Enfers. En tant que Fils de Satan. Et même si ça ne me dérange pas plus que ça d’être appelé comme ça - question d'habitude… Je pense quand même que le temps de l'abnégation est terminé. Je veux savoir d’où je viens. Savoir qui je suis vraiment. »
La lueur qui brillait à cet instant dans ses yeux, tu t'en souviens encore, n'est ce pas ? Une sorte de rage, mais pas une rage de haine : une rage de vaincre. Comme s'il brûlait de prouver aussi bien au monde entier qu'à lui même qu'il valait mieux que ça, mieux que cette case où on l'avait jeté de force étant petit. Le petit démon était devenu grand. Ainsi donc, Nephi était parti en quête de ses origines ? Avait-il enfin accepté qu'il était un humain et non un monstre ? De nouveau, ton sourire s’était agrandi - si cela était encore possible. Tu ne t’étais pas trompé : ce gamin avait de la gnac. Et ça te plaisait vraiment. Et puis, il fallait le dire, tu étais plus que ravi de revoir le chetif garçon que tu avais rencontré être devenu grand ! Il avait su ravaler ses peurs, il avait su montrer du courage. C’était un homme, à présent. Un homme capable de faire face aux choses devant lui, qui avait arrêter de prendre refuge dans sa forêt. Et toi, tu en étais maintenant plus que certain : tu le voulais dans ton équipage.
« Tu sais, gamin. T’as beau avoir de la jugeote, t’arriveras pas à grand chose tout seul. Si tu viens avec nous, je pourrais pas t'aider à trouver ta famille, mais je pourrai au moins te former au monde. Il est très différent de ce caillou sur lequel t’as vécu toute ta vie. Je pourrais t’enseigner les armes, la navigation, et tout ce que tu veux. Faire de toi un homme, un vrai ! Parce qu’il faudra bien ça pour retrouver d’où tu viens. Ça te sautera pas tout seul dans les bras. Va falloir avoir assez de force et de maîtrise pour pousser toi-même ton destin ! »
Bien sûr, ce marché n’était pas totalement à ton avantage. Lui apprendre la vie pour qu’il soit à même de mener à bien sa p’tite aventure, cela impliquait forcément qu’il devrait, un jour ou l’autre, te quitter. Bah oui : il fallait être honnête, tes hommes et toi n’avaient pas que ça à faire, de mener l’enquête partout sur terre. Et même si toi, personnellement, ça ne t’aurait pas dérangé, tu savais déjà que tes hommes auraient un tout autre avis. Et en tant que bon capitaine, tu ne pouvais pas rejeter l'opinion de tes camarades. C’est sûr, tu n’avais pas tellement envie de le voir quitter ton équipage un jour ou l’autre, mais c’est bien ce qu’il fallait. À ton plus grand bonheur, Nephi avait finalement accepté ton offre. Et tu étais rentré avec lui vers votre bateau.
Comme promis, tu lui as appris à se battre et à naviguer. Tes hommes, eux aussi, s’étaient pris au jeu du petit apprenti, tous plus fier les uns que les autres de lui donner des leçons sur ce qu’ils savaient faire de mieux. Et Nephi, lui, semblait prendre ses leçons avec le plus grand des sérieux. Au fil des années, l’adolescent était, sous leurs yeux, peu à peu devenu un homme. Plus qu’un membre de passage, plus qu’un rookie à former, il était devenu un membre précieux de l’équipage qui l’avait vu grandir. Non, bien plus que ça : il t'était devenu, peu à peu, aussi précieux qu'un fils. Entouré d’une si belle bande de joyeux lurons, ce soit disant démon avait fini par exprimer son humanité. Il s'était un peu plus ouvert aux autres. Il participait aux jeux, aux rigolades. Il jouait des tours, à toi ou à vos camarades. Il avait aussi fait bon nombre de bêtises, et s'était beaucoup de fois attiré ton courroux. Mais cela, en un sens, ne n'avait fait que renforcer l'attachement que tu avais pour ce petit. Bien sûr, il restait le gamin bougon et colérique qu’il était, mais tu avais pu voir de jour en jour la blessure que lui avait provoquée sa constante solitude se refermer. Et c'était pour toi le plus beau des cadeaux.
Et aujourd’hui, te voilà debout, devant l’entrée de sa chambre, vide. Toutes ses affaires disparues. Après un long soupir, tu sors finalement de tes souvenirs. Nephi avait passé cinq ans avec vous. Tu fermes les yeux. Non, tu ne pleureras pas. Tu le savais dès le départ. Il allait partir. Il te l’avait dit dès le premier jour. Mais, quelque part, tu espérais qu’il ait oublié son objectif de connaître sa famille biologique. Tu avais espéré qu’il se rende compte qu’il en avait finalement trouvé une d’adoption. Peut-être pas la plus belle, ni la plus intelligente. Mais une famille qui était là, pour lui, près à le soutenir dans toutes les épreuves. Si, quelques mois après son arrivé, de partir sans briser le cœur de tout un équipage avait pu être possible, paradoxalement, c’était aujourd’hui que l’équipage entier serait allé au bout du monde pour l’aider dans son ambition… qu’il avait finalement décidé de faire cavalier seul.
Tu pousses un nouveau soupir. S’il était parti à la conquête de ses origines, une chose restait sûre : Nephi Lim sera à jamais un membre de votre famille.
Test RP
Petite ballade dominicale sur les marchés de Logue Town, ça mange pas de pain. Y'a du passant les poches pleines de berries, des étalages de bouffe bien exposés pour te sustenter, mais y'a surtout des marines qui t'ont vu te battre dans une taverne et qui te recherchent activement.
Au même moment, sur cette même place, une équipe de football se trouve désemparée : un de leurs membres est gravement malade et ne peut pas jouer avec eux ce jour là. Vu que tu fais sa taille et semble posséder la même musculature, un membre de l'équipe t'accoste pour te demander de le remplacer et te promet de te payer toute la nourriture que tu voudras ensuite ! Raconte nous comment se passe ce match et si jamais tu te trouves des ennuis !
« C’est pas vrai… Ils vont jamais me lâcher, ces crétins, ou quoi ?! »
Caché dans l’angle d’une impasse, c’est d’un œil mauvais que Nephi regarda passer les marines dans cette rue où il se trouvait lui-même quelques secondes plus tôt. Décidément, il n’était arrivé à Logue Town que depuis ce matin, et le voilà déjà dans de beaux draps. Lui et sa merveilleuse capacité à s’attirer tous les ennuis du monde s’étaient vraiment surpassés, une fois encore. Mais, il fallait bien l’avouer, ce n’était pas comme s’il y était pour grand chose. Depuis quand poursuit-on les gens jusqu’aux limbes des Enfers pour une simple bagarre de taverne ! Surtout que si ces soi-disant hommes de justice s’étaient un minimum intéressés aux raisons de cette bataille, ils auraient vu que ce n’était pas lui, qu’il fallait poursuivre… Mais celui à qui il avait foutu une bonne raclée !
Les Marines ne s’étaient pris au jeune navigateur que parce qu’il avait l'avantage et que son adversaire avait joué les pauvres victimes apeurées. Pourtant, c’était cet homme qui n’avait eut de cesse que de tricher aux cartes, au point d’en avoir dépouillé tous les joueurs, du plus pauvre au plus riche, sans aucun scrupule. Lorsque Nephi l’avait découvert, cet énergumène ne s’en était même pas caché, mais n’avait voulu rembourser personne, ni Nephi ni tous les autres. Alors, avec le tempérament de feu du garçon, une bataille s’était vite enclenchée. Si son ancien capitaine l’avait vu, pensa-t-il dans un pouffement amère, celui-ci lui aurait sans doute répété que de s’énerver ne réglait pas tous les problèmes. Mais, parfois, c’était plus facile à dire qu’à faire !
Et à présent, à cause de tout cela, le voilà sans plus un sou en poche et traqué activement par ces pots de colle de Marines. Autant dire que sa petite escale commençait à devenir nettement plus mouvementée que prévue. Ces derniers à présent loin, Nephi s’autorisa à sortir de sa cachette, dans un grand soupir agacé. Comment allait-il faire, à présent qu’il était recherché et sans argent, pour se repaître et trouver de quoi continuer son voyage ? Vraiment, il n’aurait pas dû accepter cette stupide partie de cartes, ça ne lui aura attiré que des problèmes. Mais, bon. Comment aurait-il pu savoir qu’il allait se faire rouler dans la farine ? Cela l’énervait d’autant plus qu’il en était sûr : sans la triche, il aurait gagné, à tous les coups. C’était après tout lui qui gagnait tous les jeux, lorsqu’il était encore avec son ancien équipage. Et voilà d’ailleurs la seule et unique raison qui l’avait poussé à accepter de se joindre à ces gens, dans cette taverne. De tripler la somme d’argent qu’il possédait l’aurait bien arrangé. Au lieu de ça…
Enfin bon. De marmonner contre son sort n’allait certainement pas l’arranger, ça, Nephi en était parfaitement conscient. Mains dans les poches et capuche vissée sur la tête, le jeune homme faisait son possible pour passer inaperçu dans cette foule. Il y arrivait d’ailleurs plutôt bien, à sa bonne surprise. Jusqu’à ce que…
« EH ! Mais ça serait pas toi, le gars que la Marine arrête pas de rechercher, depuis tout à l’heure ?! »
Un sursaut plus tard, Nephi se retourna en un bon pour faire face au crétin qui s’était bêtement et beaucoup trop fortement exclamé ces paroles d’un ton d’imbécile heureux venant de faire une incroyable découverte. Irrité au plus au point, l’enfant du Diable était à deux doigts de lui crier de se taire, mais ce n’était pas tellement la meilleure réaction à avoir. Au lieu de ça, le plus rapidement possible, il s’approcha de cet homme aux allures de sportif et le força à se baisser en appuyant de la paume de sa main sur le dessus de son crâne. A présent tous deux cachés par des tonneaux et autres cargaisons qui se trouvaient devant eux, Nephi eut tout le loisir de faire savoir à cet individu, dans un chuchotement agacé, à quel point il n’avait pas tellement apprécié sa petite intervention.
« Non mais ça va pas ?! Qui que tu sois, tu devrais apprendre à te la fermer un peu ! »
L’homme était sur le point de lui répondre, mais Nephi ne lui en laissa pas l’occasion. L’empêchant de prononcer le moindre mot d’une main sur la bouche, le jeune pirate se tenta à un coup d’oeil discret sur la rue. À son plus grand soulagement, l'imbécillité de son nouveau compagnon n’avait pas trop fait de dégâts : aucun Marine ne l’avait entendu et aucune autre personne ne semblait y porter plus d’attention. Relâchant l’homme dans un soupir de soulagement, celui-ci put, par ce fait, enfin bougonner autant qu'il en avait envie.
« Comment j’aurais pu savoir que c’était censé être un secret… »
Un crétin. Il avait vraiment à faire à un crétin. Se pinçant nerveusement l’arête du nez pour tenter de garder un minimum de calme, Nephi dû faire preuve de beaucoup de sang-froid pour ne pas se mettre à hurler contre cet homme. Et puis, il finit par lui répondre, sifflant entre ses dents :
« Si j’avais voulu être capturé, je serais déjà en prison, ne crois-tu pas ? »
L’homme semblait considérer sa réponse, comme si celle-ci méritait une quelconque réflexion. Autant dire qu’une telle réaction ne pouvait que confirmer les gros soupçons de Nephi sur lui : l’intelligence lui faisait visiblement défaut. Pris d’un nouveau soupir agacé, le jeune pirate était sur le point de prendre parole lorsque, soudainement, l’idiot de service se mit à le regarder avec un peu trop d'insistance à son goût.
« T’as pas finis d’me reluquer, oui…
- DIS MOI, s’écria soudainement l’idiot, tout en s’approchant un peu trop près de Nephi. Je m’appelle Nox, je suis le capitaine d’une équipe de foot, on dois jouer les quarts de finale dans une demie-heure à peine mais un de nos attaquants est cloué et lit ! AU LIT ! Et on serait obligé de déclarer forfait ! Tu te rends comptes ?! Ca serait horrible, hein, pas vrai ? HORRIBLE ! »
Beaucoup. Trop. Près. Si près que l’enfant des Enfers pouvait, de là où il était, avoir un très net aperçu de l’haleine pas tellement fraîche de ce dénommé Nox. Autant dire qu’en arriver à un tel point signifiait que celui-ci avait déjà franchi la barrière de l’espace personnel du pirate, et de très loin. Et si le visage de l’inconnu était on ne peut plus expressif sur son état de désespoir, celui de Nephi, lui, en revanche, transpirait l’indifférence, avec une petite pointe de colère qu’il tentait de contenir. C’est d’ailleurs d’une voix aussi froide et plate que l’hiver que celui-ci répondit à son interlocuteur :
« Ca m’est complètement égal. »
Et puis, d’ailleurs, pourquoi lui racontait-il tout ça, ce crétin ? C’était pas ses affaires, à ce qu’il sache. Du moins, ça, c’est ce que Nephi pensait. Parce que Nox, lui, avait apparemment décidé que toute cette histoire concernait également son interlocuteur, à présent. Et c’est ainsi que de la même manière qu’un petit chiot affamé réclamant de la nourriture, Nox se rapprocha un peu plus de Nephi pour lui demander :
« T’as l’air d’avoir le même gabarit que lui, tu pourrais pas le remplacer ? »
Oh. Maintenant, il comprenait le fond de sa pensée. Ce n’était pas très dur, en même temps : celle-ci avait pu être inscrite sur chaque petite parcelle de son visage qu’il n’en aurait pas été plus expressif. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle l’expression de Nephi perdit de son indifférence, optant cette fois-ci pour une faciès outragée. Se reculant vivement de cet homme qui était décidément beaucoup trop près de lui, il s'offusqua finalement :
« Non mais ça va pas ?! J’suis pas votre bouche-trou, trouve quelqu’un d’autre ! »
Nephi avait presque réussi à instaurer une distance suffisante entre lui et cet imbécile de Nox. Mais c’était sans compter ce dernier qui n’en avait, apparemment, pas fini avec lui. S’accrochant littéralement à sa jambe, il le supplia encore et encore d’accepter la requête, résistant presque vaillamment au courroux du pirate qui n’était qu’à deux doigts de commettre un homicide pas forcément involontaire. Tout deux campaient fermement dans leurs positions et Nox s’était même mis à pleurer toutes les larmes de son corps lorsque, finalement, il sembla trouver l’argument qu'il fallait.
« Si tu viens avec nous, tu pourrais manger autant que tu le souhaites ! Et gratuitement, c’est l’équipe qui régale ! »
Dès lors, un ange passa entre les deux hommes. Stoppé en pleine action, Nephi resta immobile une petite seconde avant de finalement tourner les yeux en direction de monsieur-mauvaises-idées. Sa mine semblait toujours autant renfrognée, mais son simple arrêt redonna de l’espoir à Nox qui compris instantanément que ses paroles avaient fait mouche. Il lâcha finalement la jambe de Nephi pour se redresser, et décida de jouer la tactique… De la surenchère.
« Plein de nourriture ! Des montaaaaaagnes de nourriture ! Autant de viandes, autant de poissons, autant de desserts que tu veux ! A t’en remplir l’estomac pour l’année entière !! »
Il fallait bien l’avouer, Nephi avait beau n’avoir aucune envie de participer à leur stupide match… Cette idée de nourriture gratuite était plus que tentante. Ne se disait-il justement pas qu’il devait trouver un moyen de trouver des vivres, puisqu’il n’avait plus un seul berry en poche ? Même si la manière d’y parvenir n’était pas celle dont il aurait rêvé, il n’empêchait que la solution à son problème venait de lui tomber gentiment dessus. Devrait-il accepter ? Nephi pesa le pour et le contre de longues secondes, avant de conclure, par fierté pure et simple, qu’il trouverait forcément une autre solution. Il était d’ailleurs sur le point de le faire savoir à ce pot de colle de la manière la plus implacable possible, lorsque…
Son estomac le devança.
Celui-ci ne l’entendant sûrement pas de la même oreille que Nephi, il s’était permis d’exclamer bruyamment son avis sur la question. Et le pirate n’eut, malheureusement, pas besoin de traduire ce langage universel. Nox fut aussitôt pris d’un grand sourire goguenard, avant de conclure joyeusement que la question était réglée, entraînant Nephi de force par le bras en direction du stade. Et lorsque ce dernier s’insurgea de ne pas leur avoir, à sa connaissance, donné son accord, l’homme se contenta de lui répondre, dans la plus grande des malices :
« Pas la peine, mon pote. Ton ventre l’a fait pour toi ! »
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S’il y avait une chose dont Nephi était sûr, c’était bien qu’il avait en cet instant très certainement battu le record de soupirs poussés par une même personne en une seule journée. Cela ne faisait pas très longtemps depuis le début de ce match de football dans lequel il s’était retrouvé enrôlé, mais cela lui semblait déjà comme une éternité. Non pas qu’il n’appréciait pas ce jeu. Il lui était déjà arrivé, plus d’une fois, de le pratiquer avec ses anciens compagnons, lors de leurs nombreuses escales. Il fallait même l’avouer, en leur compagnie, de courir après un ballon pouvait même se montrer plus qu’amusant. Mais aujourd’hui, c’était différent. Néphi n’avait jamais été le genre de personne à user de bonne volonté pour les choses qui l'agaçaient. Et là, de se retrouver au milieu de ce terrain, entouré de tous ces gens plus idiots les uns que les autres, le tout encerclé de personnes encore plus idiotes encore qui ne savaient rien faire d’autre que de crier à tout-va… Il ne lui en fallait pas plus pour être irrité. Ajoutez à cela cet exaspérant commentateur qui ne savait visiblement pas fermer son bec plus d’une seconde, et le combo pour lui faire complètement perdre toute parcelle de bonne humeur était parfait.
« Ooooooooh ! Et encore une belle occasion manquée par les Loutres du Cauchemar ! Il sont en très mauvaise posture ! Si seulement leur nouvel attaquant pouvait être plus préoccupé par le match plutôt que par la peur de se casser un ongle, peut-être n’en seraient-ils pas là ! C'est à se demander pour quelle raison un tel couard ait décidé de se coiffer comme un démon ! »
Ne. Pas. Tuer. Trois mots que Nephi se répéta inlassablement dans son esprit. Lui, avoir peur de se casser un ongle ? Et puis quoi, encore ! Il en avait juste ras les cornes -qui, au passage, n'avaient RIEN de factice - de se trouver au milieu de tout ça, et encore plus d’être associé à un nom d’équipe si ridicule ! Les loutres du cauchemar ! Et pourquoi pas les petits lapins de la souffrance, tant qu’on y était ? Nouveau soupir. Non, vraiment, il n’aurait jamais dû se laisser avoir par ces imbéciles. Peut-être aurait-il fini mort de faim, mais au moins, il aurait pu être en paix !
« Il va pas se la fermer, celui-là ?! »
Il fallait dire que le jeune homme avait la très nette impression que ce crétin de commentateur n’en avait qu’après lui, depuis le début de la partie. Certes, il n’était certainement pas aussi impliqué que ses coéquipiers, mais cela faisait-il de lui le responsable de tous les mots du monde ? Il ne serait même plus étonné de l’entendre lui reprocher le mauvais temps qui arrive, ce grincheux personnage.
« C’est son boulot, de parler des actions du terrain, tu ne peux pas lui en vouloir...
- Ouais, et puis, ‘faut l’avouer, il a pas tout à fait tort ! Du nerfs, Neph !
- Oh, vous, personne vous a sonné ! Et qui t’as permis de me donner des surnoms, toi ?! »
Nephi était sur les nerfs, mais ses coéquipiers avaient peut être raison. Il fallait qu’il calme sa colère et son agacement. Qu’il retrouve le calme. Prenant une longue inspiration, Nephi leva les yeux sur le terrain et observa avec attention la manière de jouer de ses adversaire. Elle était agressive, rude. Si rude, même, qu’il était plus que probable qu’ils aient soudoyé l’arbitre pour pouvoir se permettre quelques fautes par-ci par-là. Ses nouveaux camarades tentaient de jouer au même manège qu'eux, mais ils avaient tort. Face à de tels gorilles, de taper aussi fort qu’eux ne mènerait à rien. Il fallait qu’ils s’adaptent à leur manière de jouer. Qu’ils parviennent à se frayer un chemin entre eux, sans les bousculer ni se faire bousculer. Qu'ils soient comme un bateau qui se laisse porter par les vagues lors d'une tempête. Après tout, celles-ci, aussi dangereuses pouvaient-elles sembler, pouvaient devenir de précieuses alliées sitôt qu'on se laisse porter par leur flot. C'était ici exactement la même situation. Comme son ancien capitaine lui avait enseigné, de combattre quelqu’un ou quelque chose ne nécessitait pas toujours de bloquer sa route et de se frayer un chemin par la force. Parfois, face à une résistance, la meilleure solution était de se montrer capable de changer de direction dans l’instant.
Nephi ferma les yeux et, de nouveau, il prit une grande et profonde inspiration. Il se concentra sur lui-même de sorte d’oublier toutes ces stupides distractions qui n’avaient de cesse que d’agacer son esprit. Plus de public hurlant à tout-va. Plus de commentateur. Plus d’adversaires. Il n’y avait que ses coéquipiers, le ballon, et lui. Et face à eux ? Rien d’autre que des obstacles mouvants à éviter. Et puis, il les rouvrit. Il était prêt.
« Ce crétin veut de l’action ? J’vais lui en donner. »
Après s’être murmuré ces quelques paroles pour lui-même, Nephi s’élança d’un seul coup au pas de course, fonçant tout droit sur le ballon. Cette action soudaine surprit tout le monde, mais le jeune homme s’efforça d’ignorer les exclamations du public et surtout du commentateur. Il n’était plus très loin d’atteindre ce joueur de l’équipe adverse qui avait le ballon, lorsque d’autres se mirent en travers de son chemin, menaçant. Mais ils ne te faisaient pas peur. Ralentissant légèrement le pas, le navigateur scruta dans les moindres détails leur manière de bouger et d’avancer. Puis, lorsqu’il fut à leur hauteur, évita chacun de leurs coups, tout en se frayant un chemin au travers eux, avec légerté et l'agilité. Alors, il put de nouveau accélérer le pas et quelques instants plus tard, il parvint à reprendre le ballon. Après l’avoir suffisamment éloigné des buts de leur équipe, Nephi l’envoya à un de ses coéquipiers qui s’élança déjà aussi vite qu’il le put afin de marquer.
« Faites comme moi ! N'essayez pas de les contrer, adaptez-vous à eux ! Comme une feuille face au vent !
- Eh bah, Nephou, je ne te pensais pas si poète !
- Oh, toi, la ferme ! »
Voilà ce qui arrivait, quand on tentait d’aider les autres, pensa Nephi avec agacement. Vraiment, il ne savait pas comment tout ceux qu’il croisait dans ses voyages faisaient, mais tous semblaient s’être passé le mot pour s’amuser à l’agacer ! Était-il écrit sur son front qu’il n’aimait pas les taquineries ? Enfin. Il fallait qu’il garde son calme s’il voulait que l’équipe gagne. Bon, il ne le voulait pas vraiment, mais s’il ne fallait que ça pour ne plus être harcelé et traité de femmelette par ce crétin de commentateur… Au moins, comme ça, il pouvait lui clouer le bec, à celui-là !
Mais bon. Fort heureusement, le message semblait être passé. Même si tous n’y arrivaient pas - pas du premier coup, du moins - tout le monde semblait avoir compris la tactique et s’y attelait avec ferveur. Il fallait bien l’avouer, tous ces hommes brûlaient de passion. Nephi le reconnu, c’était admirable. Dommage qu’une telle fougue ne soit portée que pour un sport qu’il jugeait sans trop d’intérêt. Mais cela restait admirable. Même si on pouvait toujours lui passer sur le corps pour qu’il l’admette à haute voix. Il ne fallait pas exagérer, non plus.
N’en déplaise à monsieur le commentateur, grâce à la petite démonstration de Nephi, les choses étaient en train de changer. Requinqués d’une énergie nouvelle, les Loutres du Cauchemar reprirent peu à peu confiance en eux, et gagnèrent du terrain. La stratégie de leur adversaire, à savoir de cogner et d’envoyer au tapis tout ce qui bouge, ne pouvait plus fonctionner à présent qu’il n’arrivaient plus à toucher le moindre joueur. Et aussi improbable que cela fut pour lui… Nephi, également, fut pris d’une toute nouvelle détermination. Comme si l’euphorie de la situation l’avait lui aussi touché, le jeune homme pris goût au jeu. Il s’étonnait lui-même en se sentant victorieux à chaque nouvelle action en faveur de son équipe ou encore, au contraire, frustré lorsque celles-ci allaient contre eux. Fort heureusement, la totalité de ses nouveaux coéquipiers avaient eu la délicatesse de ne pas le lui faire remarquer son nouveau comportement à voix haute, y comprit Nox. Ceux-ci avaient très certainement compris que cela ne ferait que renfrogner le jeune homme qui, pris la main dans le sac en plein délit d’amusement, stopperait toute bonne humeur pour retourner à ses bouderies habituelles.
Grâce à tout cela, le temps semblait maintenant passer beaucoup plus vite aux yeux de Nephi. La torture était devenu le jeu et plus l’équipe prenait l’avantage, plus son amusement grandissait. Les gorilles en face, lorsqu’on leur enlevait leurs poings et autres tricheries, ils n’étaient plus aussi bons joueurs. A croire que leur tactique reposait entièrement sur le soudoiement des arbitres. Mais à présent, c’en était terminé de leurs manigances. Et rapidement, coup de sifflet final résonna de part et d’autre du terrain. Le match venait de se terminer, marquant également la fin du règne des tricheurs : Les Loutres du Cauchemar étaient vainqueurs !
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« Mon cher Nephi, je dois bien avouer t’avoir pris au début pour un grand boulet incompétent ! Mais je dois bien avouer que parfois, même les boulets peuvent se montrer impressionnant ! Tu as été super !
- Euh… Merci… Je crois. »
Voilà maintenant près de deux heures depuis la fin du match. Deux heures de fête, de joie, de rire et d’exclamations en tous genre, faisant presque trembler les murs de ce restaurant pris d’assaut par l’équipe des Loutres du Cauchemar. Tous étaient aux anges d’avoir pu se qualifier pour les demies finales. Enfin, Nephi, à vrai dire, était surtout ravi qu’ils aient tenu leur promesse envers lui. Cela faisait bien longtemps depuis la dernière fois qu’il avait vu autant de nourriture à sa disposition, qui plus est gratuitement. Après tous ces événements, autant dire qu’il fallait au moins ça pour qu’il puisse manger à sa faim ! Et puis, avec tout l’argent qu’ils avaient gagné grâce aux paris des spectateurs, ça n’allait pas leur faire beaucoup de mal.
« C’est lui ! Là-bas ! »
Apparemment, la tranquillité était à présent révolue. Se retournant d’un sursaut en reconnaissant la voix de cet insupportable commentateur, Nephi ne fut même pas surpris de le voir accompagné de Marines. Il fallait qu’il se dépêche. Saisissant le premier sac qui lui tomba sous la main, Nephi y enfourna le plus de nourriture possible avant de commencer à prendre la fuite. Mais, alors qu’il était presque sorti de l’établissement, il sembla se rappeler de quelque chose. Il fit demi-tour en direction de Nox, dont la coquette récompense des paris était entre les mains. Lui arrachant le sac d’un coup sec, il déclara, sourire arrogant au visage :
« Tu m'excuseras, je prends ça avec moi ! »
Avant de prendre de nouveau la fuite, cette fois pour de bon. Alors qu’il était en pleine course, le sac rempli de vivres et la bourse pleine de berries, Nephi fut pris d’un rire insolent. Cette journée n’était peut-être pas si mauvaise, après tout.
Informations IRL
• Prénom : Laurie
• Age : 24 ans
• Aime : Lire, dormir, manger, acheter plein de trucs inutiles parce qu'on sait jamais, les séries anglaises, embêter les gens, courir de partout quand je suis contente et taper tout de monde quand je le suis pas
• N'aime pas : Les betteraves, les métros bondés, qu'il fasse trop chaud ou trop froid, pas trouver le vêtement que je veux mettre, les araignasses, mon pc qui plante, avoir trop envie de faire quelque chose mais en même temps trop avoir la flemme de lever mes fesses pour le faire
• Personnage préféré de One Piece : Quel dileeeeemme ! ALLEZ, VA : Pandaman !
• Caractère : Je suis du genre grande hyperactive qui rigole tout le temps, si bien que très souvent, moi-même je ne sais pas pourquoi je ris ! J'aime déconner et faire chier mon monde, passer pour la tarée de service juste pour vous foutre la honte en public (oui, je suis d'une gentillesse rare, presque aussi belle et grande que ma modestie !) mais aussi me lancer dans de grands débats plus ou moins philosophiques avec mes amis. Par contre, bornée comme je suis, bonne chance pour en voir le bout !
• Fait du RP depuis : Dans les dix ans... Ca nous rajeunit pas !
• Disponibilité approximative : Merci chômage, à peu près tous les jours xD
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Dernière édition par Nephi Lim le Mer 7 Juin 2017 - 2:26, édité 45 fois