Moïra Mackenzie
• Pseudonyme : Sassenach (= étrangère.) Ce surnom lui est donné uniquement sur l’île d’Alba
• Age : 23 ans
• Sexe :Femme
• Race : Humaine
• Métier : Médecin
• Groupe : Marine
• Age : 23 ans
• Sexe :Femme
• Race : Humaine
• Métier : Médecin
• Groupe : Marine
• But : Sauver des vies, retrouver sa mère.
• Équipement : Une tenue de voyage et une tenue de cérémonie aux couleurs du clan Mackenzie. Une mallette avec le nécessaire pour désinfecter et recoudre les plaies, une ceinture avec fioles contenant quelques médicaments. Un Sgian Dubh (poignard de poche), caché sous sa jupe.
• Parrain : Ylda Freydja
• Ce compte est-il un DC ou un "reroll" ? Nop
• Si oui, quel @ l'a autorisé ? /
Codes du règlement :
• Équipement : Une tenue de voyage et une tenue de cérémonie aux couleurs du clan Mackenzie. Une mallette avec le nécessaire pour désinfecter et recoudre les plaies, une ceinture avec fioles contenant quelques médicaments. Un Sgian Dubh (poignard de poche), caché sous sa jupe.
• Parrain : Ylda Freydja
• Ce compte est-il un DC ou un "reroll" ? Nop
• Si oui, quel @ l'a autorisé ? /
Codes du règlement :
Description Physique
Moïra est une femme de haute stature, presque un mètre soixante-dix. De prime abord, on la croirait capable de se briser au premier coup de vent. Élancée comme un roseau, elle n’a que très peu de masse musculaire. Son buste menu n’a pas l’opulence des femmes plantureuses qui courent les ports mais son élégance se trouve dans sa retenue, de même que pour ses hanches. Son cou très long a la courbure du cygne et ses cheveux sombres sont pareils aux tourbillons d’un torrent trouble.
La jeune femme tient sans conteste quelque chose de noble dans l’allure. Cependant, parmi les visages pâles et les cheveux auburn qui peuplent l’île d’Alba, elle fait l’impression d’une intruse. Le caramel de sa carnation et l’ambre sombre de ses yeux en amande trahissent ses origines étrangères.
En des terres aussi reculées et hostiles, il est d’usage que les individus différents soient pointés du doigt et parfois brutalisés. Moïra n’a pas échappé à la règle et les brimades subies dans son enfance ont laissé leur marque sur son visage. Bien qu’il soit vierge de toute cicatrice, il est également dénué de toute ride de bonheur.
La jeune femme est toujours bien mise de sa personne, que ce soit en uniforme ou en robe moins conventionnelle. Lorsqu'elle est habillée en civil, Moïra porte généralement une chemise de lin blanc ornée d'une broche d'argent représentant le blason des Mackenzie, un corset de cuir et une jupe longue aux couleurs de son clan. En terme de coiffure, son métier lui impose la simplicité, ainsi, elle les ramène toujours en chignon sévère ou en tresse fermement nouée. Moïra n’utilise par ailleurs aucun artifice pour embellir son visage, elle n’en trouve pas le temps. Par ailleurs, elle préfère transporter des médicaments plutôt que de s’encombrer avec des fards.
Très peu dépassée par ses émotions, Moïra n’est pas victime de tics très visibles. Parfois, pour cacher son trouble, elle a tendance à pincer les lèvres ou à jouer avec la lanière de son sac à médicaments.
La jeune femme tient sans conteste quelque chose de noble dans l’allure. Cependant, parmi les visages pâles et les cheveux auburn qui peuplent l’île d’Alba, elle fait l’impression d’une intruse. Le caramel de sa carnation et l’ambre sombre de ses yeux en amande trahissent ses origines étrangères.
En des terres aussi reculées et hostiles, il est d’usage que les individus différents soient pointés du doigt et parfois brutalisés. Moïra n’a pas échappé à la règle et les brimades subies dans son enfance ont laissé leur marque sur son visage. Bien qu’il soit vierge de toute cicatrice, il est également dénué de toute ride de bonheur.
La jeune femme est toujours bien mise de sa personne, que ce soit en uniforme ou en robe moins conventionnelle. Lorsqu'elle est habillée en civil, Moïra porte généralement une chemise de lin blanc ornée d'une broche d'argent représentant le blason des Mackenzie, un corset de cuir et une jupe longue aux couleurs de son clan. En terme de coiffure, son métier lui impose la simplicité, ainsi, elle les ramène toujours en chignon sévère ou en tresse fermement nouée. Moïra n’utilise par ailleurs aucun artifice pour embellir son visage, elle n’en trouve pas le temps. Par ailleurs, elle préfère transporter des médicaments plutôt que de s’encombrer avec des fards.
Très peu dépassée par ses émotions, Moïra n’est pas victime de tics très visibles. Parfois, pour cacher son trouble, elle a tendance à pincer les lèvres ou à jouer avec la lanière de son sac à médicaments.
Description Psychologique
Moïra prend son métier très à cœur. Entraînée à agir en urgence, elle perd rarement ses moyens et il faut se lever tôt pour la décontenancer. Son éducation au milieu de garçons puis son intégration au sein de la Marine l’on toujours faite évoluer dans des milieux majoritairement masculins. Pour s’adapter, l’étrangère a dû compenser par l’esprit et la parole ce qu’il lui manquait de force et de muscles. En conséquence, la jeune femme possède une langue acérée et n’hésite pas à abreuver ses détracteurs et patients réfractaires de noms d’oiseaux ou de petites piques bien senties. Dans le florilège de répliques peuplant son vocabulaire, on peut noter le classique « bâtard », le mordant « Même un enfant de 6 ans a plus de courage que toi » et l’exotique « gigote encore une fois et je te pince l’entrejambe tellement fort que tu vas recracher par le nez le lait que ta mère te donnait quand t’étais gosse ».
Moïra tient facilement tête aux gens et peine souvent avec sa hiérarchie, qu’elle n’hésite pas à contester lorsqu’elle est forcée d’agir à l’encontre de ses principes.
Lorsqu’elle communique hors du cadre de la Marine, Moïra apparaît souvent courtoise et très calme. Cultivée mais discrète, elle a tendance à ne pas parler d’elle ou de ses passions à moins qu’on ne lui en ait fait la demande.
En dehors de son intérêt pour la médecine et l’étude des plantes, la jeune femme est fascinée par tout ce qui se rapporte à l’Histoire. Elle pourrait se perdre des heures durant dans une brocante, à admirer chaque objet, s’imaginant à quoi il devait servir et qui ont pu en être les propriétaires. Elle dissimule également son engouement pour la danse et la musique populaires, auxquelles elle a prit goût en participant aux fêtes paysannes de son village.
Face à une personne blessée, un enfant en détresse ou quiconque demandant son aide, la jeune femme se montre prévenante et attentionnée, prête à tout pour réduire les souffrances de son patient. Contrairement à certains de ses collègues, elle ne fait aucune différence en fonction de l’uniforme. Officier de Marine, simple villageois, pirate ou hors la loi, une personne qui souffre est une personne qui doit être aidée.
Moïra tient facilement tête aux gens et peine souvent avec sa hiérarchie, qu’elle n’hésite pas à contester lorsqu’elle est forcée d’agir à l’encontre de ses principes.
Lorsqu’elle communique hors du cadre de la Marine, Moïra apparaît souvent courtoise et très calme. Cultivée mais discrète, elle a tendance à ne pas parler d’elle ou de ses passions à moins qu’on ne lui en ait fait la demande.
En dehors de son intérêt pour la médecine et l’étude des plantes, la jeune femme est fascinée par tout ce qui se rapporte à l’Histoire. Elle pourrait se perdre des heures durant dans une brocante, à admirer chaque objet, s’imaginant à quoi il devait servir et qui ont pu en être les propriétaires. Elle dissimule également son engouement pour la danse et la musique populaires, auxquelles elle a prit goût en participant aux fêtes paysannes de son village.
Face à une personne blessée, un enfant en détresse ou quiconque demandant son aide, la jeune femme se montre prévenante et attentionnée, prête à tout pour réduire les souffrances de son patient. Contrairement à certains de ses collègues, elle ne fait aucune différence en fonction de l’uniforme. Officier de Marine, simple villageois, pirate ou hors la loi, une personne qui souffre est une personne qui doit être aidée.
Biographie
Lorsque l’on fait cap au nord du Blues, les jours où le brouillard se lève, les marins peuvent apercevoir les falaises escarpées de l’île d’Alba. D’une superficie plutôt étendue, elle est si difficile d’accès qu’elle ne compte que deux ports, un au sud et un à l’ouest. L’intérieur de l’île, composé majoritairement de vallées de bruyères, est rythmé par des pics rocheux de plusieurs centaines de mètres de haut, qui font comme des dents de dragons. On y trouve également des lacs que la profondeur et la terre rendent noirs. D’aucuns prétendent qu’ils n’ont pas de fond et sont occupés par des serpents géants. Enfin, les grands châteaux de pierre que l’on voit parfois se profiler à l’horizon, gardent pour les siècles à venir, les frontières des Terres de Clan.
Les Albans sont connus pour avoir majoritairement les yeux clairs, la peau pâle et les cheveux blonds ou auburn. Fiers guerriers, buveurs invétérés, cavaliers émérites, ils sont réputés tant pour leur sens de l’honneur que pour leur susceptibilité. S’ils accueillent volontiers les étrangers dans leurs ports, gare à celui qui osera franchir les limites pour s’aventurer au milieu d’un peuple qui ne désire pas se mélanger.
La civilisation Albane est bercée depuis des siècles par des contes et légendes fantastiques. Ici, on prie encore dans des cercles de pierres, on croit aux fées et aux farfadets. Chaque village, chaque grande famille a son Druide. Pour beaucoup d’étrangers, ces croyances ne sont que pure superstition. Mais n’importe quel être qui a un jour réussi à mettre les pieds dans une des forêts sacrées de l’île ne peut nier que des forces au delà du naturel y sont à l’œuvre…
Pourtant, l’histoire qui va suivre n’a rien à voir avec la magie. C’est l’histoire d’un bateau qui accoste et décharge ses marchandises. C’est l’histoire d’un marin sorti se détendre et d’une jeune fille en vadrouille, trop naïve pour comprendre les enjeux de ses égarements. C’est l’histoire d’une orpheline, qui va porter sa vie entière la marque du déshonneur.
**********
Dans la grande salle du château, le clan était réuni au complet. Les mines y étaient sévères, dégoûtées ou tristes. Le Laird se tenait droit, fermement campé sur son trône. A côté de lui, sa femme semblait pâle comme la mort. Ceux qui étaient suffisamment proches d’elle pouvaient voir qu’elle avait pleuré.
Les portes s’ouvrirent et une jeune femme entra, dans un silence de mort. Échevelée, essoufflée par son accouchement récent, les yeux bouffis de larmes, elle offrait un spectacle pathétique. Dans un élan désespéré, elle s’agenouilla devant le Laird. Ses cheveux blonds s’étendirent en boucles détendues sur les pavés de pierre froide.
- Je vous en prie… Pitié…
Sa voix étranglée faillit arracher un sanglot à la femme du chef de clan mais ce dernier resta de marbre. Sa longue barbe rousse, tirant sur le gris, cachait en partie son expression mais ses yeux lançaient des éclairs.
- Shona, tu es accusée d’avoir déshonoré ton clan entier par tes manquements à la bienséance. Tu connais la sentence qui t’attend, ainsi que ton enfant.
La jeune femme s’étrangla dans un hoquet de frayeur. Ses yeux éplorés fixèrent le Laird alors qu’elle relevait son buste, suppliante.
- Père, je vous en prie… Je veux bien porter le blâme de mes actes mais ma fille est innocente
Le Laird tiqua mais sembla réfléchir. Le silence était si pesant que l’on pouvait presque distinguer les hurlements du nouveau né, plusieurs étages au-dessus. L’homme se tourna vers son épouse et ne rencontra qu’un océan de douleur. Un profond soupir traversa ses lèvres alors qu’il se redressait.
- Shona Mackenzie, ta fille restera en Alba. Mais je déclare ici et maintenant que tu es condamnée au bannissement ! A partir du moment où tu auras quitté cette pièce, tu ne porteras plus notre nom ni nos couleurs. Dès demain, je veux que tu quittes cette île par le premier bateau et que tu n’y reviennes plus jamais ! Qu’on l’emmène !
La femme du Laird baissa les yeux pour cacher sa tristesse alors que des gardes venaient saisir la pauvre fille par les bras pour la traîner hors de la salle, sous les regards sévères de la foule. Elle fut dépouillée de sa tenue de clan et humiliée en public avant de quitter le château, habillée d’une simple robe brune, un sac de voyage chichement rempli pour toute possession. En haut de la tour, le nourrisson pleurait toujours.
**********
- Mamie ! Mamie j’ai mal, arrête !!
La gamine se débattait fermement, du haut de ses quatre ans. Nue dans une baignoire, elle était tenue par la femme du Laird qui frottait vigoureusement son dos avec une mixture à base de sel de mer, d’alcool et de jus de citron.
- C’est pour ton bien ma chérie ! Pour que ta peau reste blanche !
La cinquantenaire cachait son inquiétude. Depuis que Moïra avait eu l’âge de sortir avec les nourrices, sa peau avait pris une coloration caramel qui n’était pas au goût du clan. La petite ne pouvait pas comprendre ces choses là… Elle ne pouvait pas comprendre qu’à chaque fois qu’un membre des Mackenzie posait les yeux sur sa figure métissée, il se rappelait du déshonneur commis par Shona quelques années plus tôt.
- Mais ça brûle !! Mamiiiiiieee !
La petite avait commencé à sangloter. Elle avait la peau à vif et saignait par endroit tant sa grand-mère frottait fort. La femme se mordit les lèvres et s’arrêta en voyant le liquide rouge imbiber l’eau de la baignoire. En soupirant, elle versa sur la petite fille un grand seau d’eau chaude et l’emmitoufla dans une serviette.
- Voilà, c’est fini. Je suis désolée…
Elle serra l’enfant contre elle et caressa ses épaisses boucles brunes. Elle avait les couleurs de son père mais la délicatesse de ses traits lui rappelait chaque jour sa fille bannie.
- Moïra, à partir de maintenant tu devras rester à l’intérieur. Le soleil est trop mauvais pour toi.
**********
La petite fille tomba lourdement à terre. A 10 ans, elle était plus frêle que la plupart de ses camarades. En essuyant le sang qui perlait de sa bouche écorchée, elle se redressa à nouveau. Derrière sa face couverte de terre, son regard brillait d’une volonté perturbante. Le garçon qui se tenait devant elle était le plus costaud de la bande. Il arborait fièrement sa crinière rousse en bataille alors qu’il posait ses poings sur ses hanches en face d’elle.
- Eh bah alors Sassenach ? T’en as pas eu assez ?!
- Je ne suis pas une étrangère Duncan. On mange à la même table toi et moi.
Le garçon rit et lui décocha une gifle sous les applaudissements de ses petits camarades.
- Ne t’avise même pas de te considérer comme mon égale ! Regarde toi… Ta peau est brune comme la terre. Tu es sale, tu portes sur toi la souillure de tes parents ! C’est étonnant que le Laird ait préféré te garder au château plutôt que de t’élever parmi les cochons !
La gamine se releva encore. Elle ne disait rien, sa tête était baissée. Ses yeux fixaient ses pieds mais elle ne pleurait pas. Elle ne devait pas pleurer. Elle ne devait pas donner à ces imbéciles ce qu’ils voulaient. Un nouveau rire moqueur franchit à nouveau les lèvres du garçon.
- Ooooh, tu es en colère ? Tu veux me frapper ? Ne t’avise même pas d’essayer, je ne voudrais pas être contaminé par ta saleté, Sassenach !
La petite fille releva la tête. Elle devait faire une bonne quinzaine de centimètres de moins que lui mais qu’à cela ne tienne. Elle saliva de toutes ses forces et cracha à sa figure avec un air de défi.
- Saleté, je vais te buter !
La petite fille ne s’était pas préparée à se faire encercler par la petite bande. Elle fut rapidement mise à terre et essuya une salve de coups de pieds dont elle ne parvint pas à se protéger.
- Duncan ! Gil ! Douglas ! Amish ! Murtagh ! Laissez votre cousine tranquille !
La voix de la grand mère avait claqué, plus sévère qu’un coup de fouet, et les garnements s’enfuirent. Précipitamment, la femme du Laird s’agenouilla et serra la petite fille contre elle. Enfin en sécurité et à l’abri des regards, elle se laissa aller à son chagrin, serrant vigoureusement les jupes de la quinquagénaire.
**********
- Vite, vite, je crois qu’il est blessé !!
Moïra courait à travers la forêt. Elle suivait son cousin Gil, qui la guidait sur le lieu de l’accident. La bande d’imbéciles était partie chasser le sanglier dans la forêt sans prendre la peine d’en aviser les adultes. Du haut de ses quinze ans et bien que ses cousins soient un peu plus âgés qu’elle, l’adolescente était tout à fait consciente de leur imprudence. Bien qu’elle ait longtemps eu des différents avec ses cousins, elle ne pouvait pas les laisser sans soins.
Lorsqu’elle déboula dans la clairière, elle vit Duncan, pâle comme un mort, en train de tenir ses côtes. Sa chemise était maculée de sang. Sans ménagement, la jeune fille s’agenouilla et enleva son sac. Aujourd’hui, elle ne regrettait pas d’avoir passé autant de temps à apprendre en compagnie du guérisseur du Clan.
Avec douceur mais précision, elle força son cousin à écarter les bras et lui enleva son vêtement pour examiner la plaie. Elle était profonde, mais pas mortelle. Mais ils devaient agir vite.
- Les autres ont été prévenus, on va venir te chercher. Je vais devoir te désinfecter maintenant Duncan. Ça risque de faire mal.
Le garçon trouva encore le moyen de ricaner en serrant les dents.
- Arrête, c’est pas tes remèdes de femmelette qui vont me faire peur Sassenach, j’en ai vu d’autr-AÏE !
Alors que Moïra versait de l’alcool sur la plaie pour la stériliser, le garçon sentit les larmes lui monter aux yeux. La jeune fille tamponna la plaie avec un chiffon propre puis sortit des bandages. Elle regarda ses cousins qui restaient là, bras ballants, visiblement décontenancés.
- Mais relevez-le ! Je ne vais pas y arriver seule !
Un peu penauds, ils s’exécutèrent sous ses indications. Quand elle put passer ses bras derrière son dos, elle banda le flanc de son cousin efficacement en ignorant ses larmes de crocodiles. Déjà, elle entendait les pas précipités des adultes qui les cherchaient. Avec un sourire un tantinet narquois, elle tourna son visage vers celui, pâle et boueux, de Duncan.
- Sans mes remèdes de femmelette, tu serais peut-être en train de crever. La prochaine fois, évite de penser que tu es plus résistant que les défenses d’un sanglier, ça évitera des inquiétudes à tout le monde.
Duncan soupira et posa difficilement sa main sur l’épaule de sa cousine alors qu’elle le soutenait.
- Merci Moïra.
La jeune fille, bouleversée par cette marque de reconnaissance qu’elle n’attendait pas, ne dit rien. Mais elle tapota doucement l’épaule de son idiot de cousin, comme pour lui exprimer ce qu’elle ne parvenait pas à lui dire.
**********
Le vent marin s’emmêlait dans les cheveux de Moïra alors qu’elle regardait l’imposant bateau sur lequel elle allait monter. A ses côtés, sa grand-mère se tenait droite, comme elle l’avait toujours fait. On aurait dit que le temps n’avait pas d’emprise sur elle. Pourtant, on lisait un profond chagrin dans ses yeux. Dix-huit ans après avoir dit adieu à sa fille, elle devait laisser sa petite fille voler de ses propres ailes. C'était dur pour elle mais la savoir ailleurs que sur les terres du clan Mackenzie lui réchauffait le coeur, quelque part. Là bas, dans la Marine, on ne la traiterait pas comme une étrangère. On ne l'aliénerait pas à la simple vue de sa peau ambrée.
Même si Moïra ne répondait pas aux canons de beauté Albans, la grand-mère ne pouvait pas s'empêcher de la trouver belle. Elle avait la beauté de sa mère dans ses traits, elle avait sa grâce dans son allure. Elle réussirait, elle en était certaine.
- Tu es certaine d'avoir tout ce qu'il te faut ? Tes affaires, ta bourse, ton tartan ?
La jeune fille soupira et sourit à sa grand mère tout en tapotant son grand sac de voyage.
- Mais oui, ne t'en fais pas, j'ai tout ce qu'il me faut... Même le tartan, même si je doute de beaucoup le porter.
La vieille femme plaça ses mains sur ses hanches et fronça les sourcils.
- Tu as intérêt de l'arborer fièrement ! Peu importe ce que peuvent dire les autres, à mes yeux tu es une vraie Mackenzie. Elle sourit et prit le visage de la jeune femme entre ses mains ridées. Tu n'as peut-être pas le visage d'une Albane mais tu en as le coeur. Où que tu ailles, quoi que tu fasses, n'oublie jamais que tu dois être fière de ce que tu es. N'oublie jamais que tu as gagné le respect de beaucoup de gens ici.
Elle embrassa doucement le front de la jeune femme. La file avançait, bientôt ce serait à elle d'embarquer. Fébrilement, elle décrocha la broche en argent qu'elle portait pour la glisser dans les mains de la jeune femme, qui ouvrit grand les yeux.
- Grand-mère, je ne peux pas accepter ça ! C'est ta broche...
- C'est la tienne à présent. Partout où tu iras, j'irai avec toi. Reviens-moi vite, mon enfant...
Moïra glissa le présent dans sa poche et étreignit très fort sa parente. En haut du pont, l'officier de Marine s'impatientait et la jeune femme dû rapidement se mettre en route, laissant une vieille femme émue et droite sur les Docks. La grand mère savait très bien pourquoi la jeune fille s'en allait. Elle voulait sillonner les mers et retrouver sa mère envoyée en exil. Elle doutait qu'elle la retrouve un jour mais ne pouvait que prier pour que ses voeux se réalisent... Qu'y a-t-il de pire au monde qu'un enfant sans racines ?
Sur le pont du bateau, la jeune femme, cheveux au vent, regarda pour la première fois l'île qui l'avait vue naître s'éloigner. Il faisait beau, si bien qu'elle pu détailler chaque contour des falaises escarpées pour les garder en mémoire. Doucement, elle sortit la broche de sa poche et l'observa. Elle représentait le pic rocheux des terres du Clan Mackenzie, connu pour être un lieu sacré. Des flammes léchaient la roche. Tout autour était gravée la devise de la famille. Luceo non Uro.
- Je luis mais jamais ne brûle...
Moïra ouvrit la broche et l'accrocha à sa chemise en respirant à pleins poumons l'air du large.
Test RP
Bienvenue dans la marine. Il te tarde de prendre tes affectations et de te familiariser avec ton nouveau QG ? Pas de bol, une tuile de dernière minute vous tombe dessus alors que vous étiez en chemin pour la garnison. L'île aux esclaves de West Blue vient de subir un assaut massif de révolutionnaires. Rien qui ne puisse être endigué, les renforts sont en chemin. Seulement, d'ici à ce qu'ils arrivent, les marines chargés de la défense de l'île ne tiendront peut-être pas.
Si les révolutionnaires parviennent à faire une percée et libérer les esclaves, reprendre l'île sera une autre paire de manche.
Alors, puisque votre vaisseau se trouve à proximité de l'île, vous devez venir en secours aux marines submergés par l'attaque d'ici à ce que la cavalerie arrive. Au menu ? Bataille violente, mater les esclaves qui chercheraient à créer une révolte en interne, et tenir le plus longtemps possible avant l'arrivée des galions venus mater cette tentative de révolution.
Une rumeur circulait depuis quelques heures déjà dans l’équipage. Apparemment, le navire avait changé de cap. Allongée dans son hamac, Moïra écoutait d’une oreille distraite. Peut-être qu’un bateau avait fait naufrage ou qu’une tempête rendait le port inaccessible, qui sait… Elle se tourna sur le côté pour faire un somme lorsqu’un des officiers qui les encadrait entra dans la pièce en claquant la porte. La jeune femme sursauta alors que l’homme criait à pleins poumons.
- Tout l’monde sur le pont ! Au galop !
Prestement, la jeune fille sauta sur ses pieds alors que le flot de jeunes recrues se précipitait sur le pont du bâtiment. Là, ils se retrouvèrent face à une rangée d’officiers aux mines sévères, les mains croisées dans le dos. Devant les autres, une femme avec une stature de géant, cheveux blonds coupés courts et mâchoire carrée, les toisait.
- Comme vous avez dû le comprendre, nous avons changé de cap ! A quelques lieues marines d’ici, l’île aux esclaves de West Blue est assaillies de révolutionnaires. La situation est critique, aussi nous allons prêter main forte aux garnisons déjà sur place. J’attends de vous une discipline exemplaire ! Suivez les ordres de vos supérieurs et ne faites pas de zèle inutile. Et par pitié, ne faites pas des têtes pareilles ! Tôt ou tard vous auriez dû aller sur le terrain. Au moins vous commencez dans le vif du sujet !
Elle désigna ensuite les différents officiers alignés derrière elle.
- Vous serez placés en petits groupes, sous la garde des différents officiers que voici ! Une fois les groupes formés, vous aurez quinze minutes pour vous préparer et emporter ce que vous estimez nécessaire pour survivre !
La Capitaine les répartit et la jeune Moïra se retrouva sous les ordres d’un homme chauve assez trapu qui devait avoir la cinquantaine. Avec son visage balafré et sa grosse barbe, il l’intimidait déjà. L’effervescence qui montait chez les uns et les autres lui donnait le tournis. La jeune fille avait peur de se battre. Et elle avait tiqué sur la mention d’esclaves sur l’île. Allaient-ils se battre pour pouvoir continuer de mettre des gens en captivité ? Tout cela était-il bien honorable ?
De retour dans sa cabine, elle passa son sac de soin en bandoulière, noua son tablier blanc autour de sa taille et attacha discrètement son Sgian Dubh autour de sa cuisse. Elle réalisa alors qu’elle était en chemise, corset et jupe longue… Jamais elle ne pourrait se battre avec un accoutrement pareil ! Mais il était hors de question de se changer, tout d’abord parce qu’elle n’avait pas de pantalon et puis parce que, même si elle en avait eu un, il était hors de question qu’elle se change en présence de tout ce monde !
Lorsqu’elle revint sur le pont, elle entendit la rumeur des combats. Un fort enflammé se profilait face au bateau et on pouvait très clairement voir que les Marines sur place étaient en difficulté. Le Capitaine, perchée à la proue du navire, hurla sur l’assemblée qui s’immobilisa instantanément.
- Tous les groupes aux chaloupes ! Je veux vous voir sur l’île avant que j’aie eu le temps de descendre d’ici, ou vous prendrez mon pied au cul !
La main fermement posée sur sa sacoche, elle suivit son chef et embarqua tant bien que mal sur le canot. Elle était entourée de garçons et de filles bien plus forts et armés qu’elle ne l’était. Bon… Au moins elle pourrait rester en arrière.
Dès que le bateau toucha l’eau, deux jeunes hommes saisirent les rames et dirigèrent l’embarcation vers le rivage. Soudainement, l’officier l’interpella, dardant sur elle un regard inquisiteur.
- Et toi ? Tu n’es pas armée ? T’as quel âge ? Tu comptes mater la rébellion avec tes jupons peut-être ?
Loin de prendre la remarque comme une insulte, la jeune fille répondit par un visage neutre.
- J’ai dix huit ans monsieur. Je me suis engagée dans la marine pour soigner les blessés, par pour combattre en première ligne.
L’officier éclata d’un rire tonitruant en la toisant d’un air condescendant.
- Un jour où l’autre tu seras bien obligée d’apprendre à te salir les mains princesse. Mais soit, reste derrière si ça te chante. On aura sans doute suffisamment de blessés pour t’occuper.
Ils accostèrent derrière un bastion dans lequel des hommes se battaient. Les camarades de la jeune fille sortirent du canot en hurlant, sabres et pistolets sortis, alors que Moïra se fit plus discrète. Elle courut jusqu’au lieu de bataille un peu derrière les autres. Déjà, ses tempes battaient furieusement et ses oreilles bourdonnaient des bruits de bataille. Elle vit des hommes et des femmes en guenilles se battre avec des simples bâtons, des révolutionnaires armés jusqu’aux dents qui tiraient dans le tas en hurlant des phrases à propos de liberté et d’indépendance. Elle vit les Marines débordés continuer de s’opposer. Mais à chaque seconde, elle sentait leur recul et leur perte d’énergie.
Le sable rentrait dans ses chaussures et l’empêchait d’avancer aussi rapidement qu’elle le voulait. Ils étaient vulnérables ici, ils devaient absolument regagner une terre meuble !
Une balle siffla et un de ses camarades tomba, face contre terre. Moïra se précipita à son côté et le retourna fébrilement.
- Reste avec moi ! Je suis là, ça va bien se passer !
Le garçon grimaçait, au moins le tir ne l’avait pas fauché sur le coup. Mais une tache rouge maculait déjà sa chemise. La jeune fille allait le soigner quand un nouveau coup de feu fut tiré, soulevant une gerbe de sable à quelques centimètres d’eux.
- Bon sang… On va pas mourir là ce serait trop bête ! Allez, il faut qu’on se sauve !
Elle passa un bras du blessé autour de ses épaules et s’arc bouta pour le relever. Le garçon geignit et fit peser tout son poids sur elle, ce qui fit grimacer la jeune médecin.
- Allez ! Mets-y du tien, sinon on va se faire canarder ! Il y a un rocher à quelques mètres, on y va !
La jeune fille commença à courir du mieux qu’elle pouvait. Les jambes du garçon n’étaient pas touchées et il l’accompagna du mieux qu’il pouvait. Heureusement, les rebelles s’étaient détournés d’eux et ils purent gagner l’abri rocheux sans essuyer de nouveaux tirs. Le plus délicatement possible, Moïra allongea son compagnon d’infortune et déchira sa chemise pour mettre la plaie à nu. La balle avait traversé son épaule. Ce n’était pas beau mais pas mortel. Le garçon geignait toujours, gigotant comme un enfant. Sans ménagement, elle le plaqua au sol. Elle avait besoin d’être efficace. Vu l’ampleur des combats, d’autres allaient avoir besoin de son aide.
- Calme toi ! Tu ne vas pas mourir, c’est juste un trou dans l’épaule… Je vais te désinfecter et bander ton bras. Il faudra que tu restes caché jusqu’à-ce qu’un officier revienne te chercher, c’est compris ?
Alors qu’elle lui parlait, elle versa de l’alcool sur la plaie et la banda tout de suite après. Elle plaqua sa main sur la bouche du garçon pour l’empêcher de crier et de les faire repérer.
- Ça va aller, c’est fini…
Elle l’aida à s’asseoir et se pencha en avant pour guetter les alentours et attendre une opportunité pour sortir. Soudain, elle vit un homme qu’elle reconnut comme un des officiers se redresser et hurler à la cantonade qu’ils avaient besoin d’un médecin. Moïra se retourna une dernière fois vers le garçon qui pleurait silencieusement et elle posa une main sur son épaule valide.
- Quoi qu’il arrive, ne bouge pas d’ici.
La seconde qui suivait, la jeune fille remontait ses jupes et courait vers le groupe de soldats qui avait appelé au secours. Ils étaient repliés dans ce qui restait d’une mansarde de pêcheur. Il y avait l’officier qu’elle avait vu, une jeune fille à l’air déterminé et un autre soldat qui avait l’air d’avoir un minimum d’expérience. A terre, un jeune homme qui venait d’être recruté, la jambe ensanglantée. Il avait l’air d’avoir reçu plusieurs coups de sabres. Sans se départir de son sang froid, la jeune fille s’agenouilla et écarta les pans déchirés du pantalon. La plaie saignait abondamment mais elle ne semblait pas mortelle.
- Donnez-moi une ceinture ! J’ai besoin de faire un garrot pour arrêter le saignement !
Le soldat obtempéra tout de suite et enleva sa ceinture de cuir. Avec dextérité, la jeune fille garrota soigneusement la plaie, mais alors qu’elle pensait soulager le blessé, celui-ci ne fit que gémir de plus belle. La jeune fille fronça les sourcils. Quelque chose n’allait pas !
Ce fut à peu près à ce moment précis qu’elle distingua l’odeur putride qui émanait du corps. Pâlissant soudain, la jeune femme remarqua l’épaisse tache rouge au niveau de l’abdomen. D’une main tremblante, elle souleva le tissu gorgé de fluides corporels et constata avec horreur que le garçon était victime d’une blessure qui mettait son système digestif à nu. Ses instants étaient comptés.
Tremblant soudain, elle jeta un regard éperdu au commandant en faisant un petit signe négatif de la tête alors qu’elle retirait le garrot. Le garçon s’agitait désespérément.
- Je vais mourir… Je vais mourir ?!
Un instant décontenancée, Moïra ne sut que dire. Elle saisit délicatement la main du jeune garçon et la serra dans la sienne.
- Ne t’en fais pas… Ça va bien se passer, je m’occupe de toi.
- J’ai mal… J’ai tellement mal.
- Ça va s’arrêter très vite, je te le promets. Je t’ai soigné. Dis, comment est-ce que tu t’appelles ?
- Peter… Peter Blackwood.
- Moi c’est Moïra. Moïra Mackenzie. Tu viens d’où Peter ? Dis moi, à quoi ça ressemble chez toi ?
Le regard du garçon se fit plus vague et un petit sourire vint orner son visage tuméfié.
- Je viens d’une toute petite île… On y élève des poulets avec ma famille. C’est toujours vert et fleuri… Le village est coincé dans une petite vallée, au centre il y a un puits… C’est le plus beau de la région. Et puis le vent de la mer ramène toujours le parfum de la cuisine de maman dans les alentours…
- Ça a l’air agréable, en effet. Tu vas y retourner bientôt, je te le promets.
- J’y suis déjà…
L’instant d’après, le jeune garçon lâchait la main de Moïra pour toujours. La jeune fille était bouleversée. C’était la première fois qu’elle voyait quelqu’un mourir de manière aussi violente. Elle se sentait étrange, comme détachée de son propre corps. Elle aurait sans doute aimé pleurer ce jeune homme qui venait d’être fauché sous ses yeux mais l’officier ne lui en laissa pas le loisir. Il la redressa sans ménagement et épousseta vaguement ses épaules avant de s’adresser à elle avec sa voix bourrue.
- C’est bien jeune fille. Tu as agi comme il fallait. Mais on a pas le temps de s’attarder, il faut regagner du terrain. Je veux que tu nous suives, c’est bien compris ?
Silencieuse, Moïra hocha la tête. Les soldats se placèrent en formation, prêt à s’exposer à nouveau aux ennemis. La jeune fille était légèrement en retrait, protégée par le bouclier humain qu’ils avaient constitué. Ils abandonnèrent le garçon et commencèrent à courir à toute allure, tranchant dans le vif tout ce qui essayait de s’approcher trop près d’eux.
Elle courait à toute allure. Son corps chauffait sous l’effort mais son esprit était comme déconnecté. Elle ne comprenait pas cette bataille. Elle était révoltée par la mort du jeune garçon mais elle ne pouvait pas en vouloir aux esclaves. Les Albans avaient leurs travers mais ils étaient tous des hommes libres. L’esclavage n’avait jamais été une pratique autorisée sur son île et beaucoup considéraient cela comme un acte de barbarie.
En aidant les Marines à mater la révolte, ne faisait-elle pas honte à son Clan ? N’agissait-elle pas à l’encontre du bien ? Devant-elle, des révolutionnaires se faisaient massacrer par certains de ses camarades. Elle détourna les yeux pour ne pas voir leur fin et continua de suivre le groupe. Elle marcha sur des cadavres alliés et ennemis, attendant le moment où ils seraient enfin en sécurité. La Marine semblait avoir regagné du terrain. Un genre de base avait commencé à prendre forme autour de ce qui ressemblait à une grange. Moïra pénétra précipitamment à l’intérieur et se retrouva nez à nez avec des blessés par dizaines, geignant, allongés sur des bottes de foin. Parmi eux, il y en avait un, tenu à l’écart, qui semblait très gravement atteint à la tête. Instinctivement, la jeune fille se dirigea vers lui mais fut arrêtée par l’officier.
- Pas lui. C’est un révolutionnaire. On le garde en vie pour le moment mais ça nous est égal qu’il souffre. Occupe toi plutôt des soldats.
La jeune fille fronça les sourcils et serra ses mains sur la lanière de son sac.
-Pardonnez-moi monsieur, mais il est blessé à la tête et il a l’air de saigner beaucoup ! Il va peut-être mourir si on ne fait rien !
L’officier se fit soudain très menaçant. Sans ménagement, il attrapa Moïra par le bras et darda sur elle un regard féroce.
- Tu t’es engagée dans la Marine pour aider les soldats et leurs alliés. Pas de quartier pour les autres.
Elle ne put s’empêcher d’insister, l’air indigné, sous le regard choqué des autres soldats présents.
- Militaire ou pas c’est un humain ! On ne peut pas le laisser mou-
La claque que l’officier lui décocha faillit lui décaler la mâchoire. Interdite, la frêle jeune fille sentit son cœur s’accélérer alors que l’homme se penchait sur elle, comme s’il était prêt à la manger toute crue.
- On a pas le temps de discuter. Fais ce que je te dis ou tu finiras comme lui. Ce serait très regrettable d’avoir à nous passer de tes services mais si tu nous gênes, je n’hésiterai pas une seule seconde, gamine.
Si les révolutionnaires parviennent à faire une percée et libérer les esclaves, reprendre l'île sera une autre paire de manche.
Alors, puisque votre vaisseau se trouve à proximité de l'île, vous devez venir en secours aux marines submergés par l'attaque d'ici à ce que la cavalerie arrive. Au menu ? Bataille violente, mater les esclaves qui chercheraient à créer une révolte en interne, et tenir le plus longtemps possible avant l'arrivée des galions venus mater cette tentative de révolution.
Une rumeur circulait depuis quelques heures déjà dans l’équipage. Apparemment, le navire avait changé de cap. Allongée dans son hamac, Moïra écoutait d’une oreille distraite. Peut-être qu’un bateau avait fait naufrage ou qu’une tempête rendait le port inaccessible, qui sait… Elle se tourna sur le côté pour faire un somme lorsqu’un des officiers qui les encadrait entra dans la pièce en claquant la porte. La jeune femme sursauta alors que l’homme criait à pleins poumons.
- Tout l’monde sur le pont ! Au galop !
Prestement, la jeune fille sauta sur ses pieds alors que le flot de jeunes recrues se précipitait sur le pont du bâtiment. Là, ils se retrouvèrent face à une rangée d’officiers aux mines sévères, les mains croisées dans le dos. Devant les autres, une femme avec une stature de géant, cheveux blonds coupés courts et mâchoire carrée, les toisait.
- Comme vous avez dû le comprendre, nous avons changé de cap ! A quelques lieues marines d’ici, l’île aux esclaves de West Blue est assaillies de révolutionnaires. La situation est critique, aussi nous allons prêter main forte aux garnisons déjà sur place. J’attends de vous une discipline exemplaire ! Suivez les ordres de vos supérieurs et ne faites pas de zèle inutile. Et par pitié, ne faites pas des têtes pareilles ! Tôt ou tard vous auriez dû aller sur le terrain. Au moins vous commencez dans le vif du sujet !
Elle désigna ensuite les différents officiers alignés derrière elle.
- Vous serez placés en petits groupes, sous la garde des différents officiers que voici ! Une fois les groupes formés, vous aurez quinze minutes pour vous préparer et emporter ce que vous estimez nécessaire pour survivre !
La Capitaine les répartit et la jeune Moïra se retrouva sous les ordres d’un homme chauve assez trapu qui devait avoir la cinquantaine. Avec son visage balafré et sa grosse barbe, il l’intimidait déjà. L’effervescence qui montait chez les uns et les autres lui donnait le tournis. La jeune fille avait peur de se battre. Et elle avait tiqué sur la mention d’esclaves sur l’île. Allaient-ils se battre pour pouvoir continuer de mettre des gens en captivité ? Tout cela était-il bien honorable ?
De retour dans sa cabine, elle passa son sac de soin en bandoulière, noua son tablier blanc autour de sa taille et attacha discrètement son Sgian Dubh autour de sa cuisse. Elle réalisa alors qu’elle était en chemise, corset et jupe longue… Jamais elle ne pourrait se battre avec un accoutrement pareil ! Mais il était hors de question de se changer, tout d’abord parce qu’elle n’avait pas de pantalon et puis parce que, même si elle en avait eu un, il était hors de question qu’elle se change en présence de tout ce monde !
Lorsqu’elle revint sur le pont, elle entendit la rumeur des combats. Un fort enflammé se profilait face au bateau et on pouvait très clairement voir que les Marines sur place étaient en difficulté. Le Capitaine, perchée à la proue du navire, hurla sur l’assemblée qui s’immobilisa instantanément.
- Tous les groupes aux chaloupes ! Je veux vous voir sur l’île avant que j’aie eu le temps de descendre d’ici, ou vous prendrez mon pied au cul !
La main fermement posée sur sa sacoche, elle suivit son chef et embarqua tant bien que mal sur le canot. Elle était entourée de garçons et de filles bien plus forts et armés qu’elle ne l’était. Bon… Au moins elle pourrait rester en arrière.
Dès que le bateau toucha l’eau, deux jeunes hommes saisirent les rames et dirigèrent l’embarcation vers le rivage. Soudainement, l’officier l’interpella, dardant sur elle un regard inquisiteur.
- Et toi ? Tu n’es pas armée ? T’as quel âge ? Tu comptes mater la rébellion avec tes jupons peut-être ?
Loin de prendre la remarque comme une insulte, la jeune fille répondit par un visage neutre.
- J’ai dix huit ans monsieur. Je me suis engagée dans la marine pour soigner les blessés, par pour combattre en première ligne.
L’officier éclata d’un rire tonitruant en la toisant d’un air condescendant.
- Un jour où l’autre tu seras bien obligée d’apprendre à te salir les mains princesse. Mais soit, reste derrière si ça te chante. On aura sans doute suffisamment de blessés pour t’occuper.
Ils accostèrent derrière un bastion dans lequel des hommes se battaient. Les camarades de la jeune fille sortirent du canot en hurlant, sabres et pistolets sortis, alors que Moïra se fit plus discrète. Elle courut jusqu’au lieu de bataille un peu derrière les autres. Déjà, ses tempes battaient furieusement et ses oreilles bourdonnaient des bruits de bataille. Elle vit des hommes et des femmes en guenilles se battre avec des simples bâtons, des révolutionnaires armés jusqu’aux dents qui tiraient dans le tas en hurlant des phrases à propos de liberté et d’indépendance. Elle vit les Marines débordés continuer de s’opposer. Mais à chaque seconde, elle sentait leur recul et leur perte d’énergie.
Le sable rentrait dans ses chaussures et l’empêchait d’avancer aussi rapidement qu’elle le voulait. Ils étaient vulnérables ici, ils devaient absolument regagner une terre meuble !
Une balle siffla et un de ses camarades tomba, face contre terre. Moïra se précipita à son côté et le retourna fébrilement.
- Reste avec moi ! Je suis là, ça va bien se passer !
Le garçon grimaçait, au moins le tir ne l’avait pas fauché sur le coup. Mais une tache rouge maculait déjà sa chemise. La jeune fille allait le soigner quand un nouveau coup de feu fut tiré, soulevant une gerbe de sable à quelques centimètres d’eux.
- Bon sang… On va pas mourir là ce serait trop bête ! Allez, il faut qu’on se sauve !
Elle passa un bras du blessé autour de ses épaules et s’arc bouta pour le relever. Le garçon geignit et fit peser tout son poids sur elle, ce qui fit grimacer la jeune médecin.
- Allez ! Mets-y du tien, sinon on va se faire canarder ! Il y a un rocher à quelques mètres, on y va !
La jeune fille commença à courir du mieux qu’elle pouvait. Les jambes du garçon n’étaient pas touchées et il l’accompagna du mieux qu’il pouvait. Heureusement, les rebelles s’étaient détournés d’eux et ils purent gagner l’abri rocheux sans essuyer de nouveaux tirs. Le plus délicatement possible, Moïra allongea son compagnon d’infortune et déchira sa chemise pour mettre la plaie à nu. La balle avait traversé son épaule. Ce n’était pas beau mais pas mortel. Le garçon geignait toujours, gigotant comme un enfant. Sans ménagement, elle le plaqua au sol. Elle avait besoin d’être efficace. Vu l’ampleur des combats, d’autres allaient avoir besoin de son aide.
- Calme toi ! Tu ne vas pas mourir, c’est juste un trou dans l’épaule… Je vais te désinfecter et bander ton bras. Il faudra que tu restes caché jusqu’à-ce qu’un officier revienne te chercher, c’est compris ?
Alors qu’elle lui parlait, elle versa de l’alcool sur la plaie et la banda tout de suite après. Elle plaqua sa main sur la bouche du garçon pour l’empêcher de crier et de les faire repérer.
- Ça va aller, c’est fini…
Elle l’aida à s’asseoir et se pencha en avant pour guetter les alentours et attendre une opportunité pour sortir. Soudain, elle vit un homme qu’elle reconnut comme un des officiers se redresser et hurler à la cantonade qu’ils avaient besoin d’un médecin. Moïra se retourna une dernière fois vers le garçon qui pleurait silencieusement et elle posa une main sur son épaule valide.
- Quoi qu’il arrive, ne bouge pas d’ici.
La seconde qui suivait, la jeune fille remontait ses jupes et courait vers le groupe de soldats qui avait appelé au secours. Ils étaient repliés dans ce qui restait d’une mansarde de pêcheur. Il y avait l’officier qu’elle avait vu, une jeune fille à l’air déterminé et un autre soldat qui avait l’air d’avoir un minimum d’expérience. A terre, un jeune homme qui venait d’être recruté, la jambe ensanglantée. Il avait l’air d’avoir reçu plusieurs coups de sabres. Sans se départir de son sang froid, la jeune fille s’agenouilla et écarta les pans déchirés du pantalon. La plaie saignait abondamment mais elle ne semblait pas mortelle.
- Donnez-moi une ceinture ! J’ai besoin de faire un garrot pour arrêter le saignement !
Le soldat obtempéra tout de suite et enleva sa ceinture de cuir. Avec dextérité, la jeune fille garrota soigneusement la plaie, mais alors qu’elle pensait soulager le blessé, celui-ci ne fit que gémir de plus belle. La jeune fille fronça les sourcils. Quelque chose n’allait pas !
Ce fut à peu près à ce moment précis qu’elle distingua l’odeur putride qui émanait du corps. Pâlissant soudain, la jeune femme remarqua l’épaisse tache rouge au niveau de l’abdomen. D’une main tremblante, elle souleva le tissu gorgé de fluides corporels et constata avec horreur que le garçon était victime d’une blessure qui mettait son système digestif à nu. Ses instants étaient comptés.
Tremblant soudain, elle jeta un regard éperdu au commandant en faisant un petit signe négatif de la tête alors qu’elle retirait le garrot. Le garçon s’agitait désespérément.
- Je vais mourir… Je vais mourir ?!
Un instant décontenancée, Moïra ne sut que dire. Elle saisit délicatement la main du jeune garçon et la serra dans la sienne.
- Ne t’en fais pas… Ça va bien se passer, je m’occupe de toi.
- J’ai mal… J’ai tellement mal.
- Ça va s’arrêter très vite, je te le promets. Je t’ai soigné. Dis, comment est-ce que tu t’appelles ?
- Peter… Peter Blackwood.
- Moi c’est Moïra. Moïra Mackenzie. Tu viens d’où Peter ? Dis moi, à quoi ça ressemble chez toi ?
Le regard du garçon se fit plus vague et un petit sourire vint orner son visage tuméfié.
- Je viens d’une toute petite île… On y élève des poulets avec ma famille. C’est toujours vert et fleuri… Le village est coincé dans une petite vallée, au centre il y a un puits… C’est le plus beau de la région. Et puis le vent de la mer ramène toujours le parfum de la cuisine de maman dans les alentours…
- Ça a l’air agréable, en effet. Tu vas y retourner bientôt, je te le promets.
- J’y suis déjà…
L’instant d’après, le jeune garçon lâchait la main de Moïra pour toujours. La jeune fille était bouleversée. C’était la première fois qu’elle voyait quelqu’un mourir de manière aussi violente. Elle se sentait étrange, comme détachée de son propre corps. Elle aurait sans doute aimé pleurer ce jeune homme qui venait d’être fauché sous ses yeux mais l’officier ne lui en laissa pas le loisir. Il la redressa sans ménagement et épousseta vaguement ses épaules avant de s’adresser à elle avec sa voix bourrue.
- C’est bien jeune fille. Tu as agi comme il fallait. Mais on a pas le temps de s’attarder, il faut regagner du terrain. Je veux que tu nous suives, c’est bien compris ?
Silencieuse, Moïra hocha la tête. Les soldats se placèrent en formation, prêt à s’exposer à nouveau aux ennemis. La jeune fille était légèrement en retrait, protégée par le bouclier humain qu’ils avaient constitué. Ils abandonnèrent le garçon et commencèrent à courir à toute allure, tranchant dans le vif tout ce qui essayait de s’approcher trop près d’eux.
Elle courait à toute allure. Son corps chauffait sous l’effort mais son esprit était comme déconnecté. Elle ne comprenait pas cette bataille. Elle était révoltée par la mort du jeune garçon mais elle ne pouvait pas en vouloir aux esclaves. Les Albans avaient leurs travers mais ils étaient tous des hommes libres. L’esclavage n’avait jamais été une pratique autorisée sur son île et beaucoup considéraient cela comme un acte de barbarie.
En aidant les Marines à mater la révolte, ne faisait-elle pas honte à son Clan ? N’agissait-elle pas à l’encontre du bien ? Devant-elle, des révolutionnaires se faisaient massacrer par certains de ses camarades. Elle détourna les yeux pour ne pas voir leur fin et continua de suivre le groupe. Elle marcha sur des cadavres alliés et ennemis, attendant le moment où ils seraient enfin en sécurité. La Marine semblait avoir regagné du terrain. Un genre de base avait commencé à prendre forme autour de ce qui ressemblait à une grange. Moïra pénétra précipitamment à l’intérieur et se retrouva nez à nez avec des blessés par dizaines, geignant, allongés sur des bottes de foin. Parmi eux, il y en avait un, tenu à l’écart, qui semblait très gravement atteint à la tête. Instinctivement, la jeune fille se dirigea vers lui mais fut arrêtée par l’officier.
- Pas lui. C’est un révolutionnaire. On le garde en vie pour le moment mais ça nous est égal qu’il souffre. Occupe toi plutôt des soldats.
La jeune fille fronça les sourcils et serra ses mains sur la lanière de son sac.
-Pardonnez-moi monsieur, mais il est blessé à la tête et il a l’air de saigner beaucoup ! Il va peut-être mourir si on ne fait rien !
L’officier se fit soudain très menaçant. Sans ménagement, il attrapa Moïra par le bras et darda sur elle un regard féroce.
- Tu t’es engagée dans la Marine pour aider les soldats et leurs alliés. Pas de quartier pour les autres.
Elle ne put s’empêcher d’insister, l’air indigné, sous le regard choqué des autres soldats présents.
- Militaire ou pas c’est un humain ! On ne peut pas le laisser mou-
La claque que l’officier lui décocha faillit lui décaler la mâchoire. Interdite, la frêle jeune fille sentit son cœur s’accélérer alors que l’homme se penchait sur elle, comme s’il était prêt à la manger toute crue.
- On a pas le temps de discuter. Fais ce que je te dis ou tu finiras comme lui. Ce serait très regrettable d’avoir à nous passer de tes services mais si tu nous gênes, je n’hésiterai pas une seule seconde, gamine.
Informations IRL
• Prénom : Emi-magique
• Age : 20
• Aime : Dessiner, lire, faire de la musique, cuisiner, être tranquille en général. Puis j'adore les vikings badass.
• N'aime pas : Les araignées, la violence gratuite, les fautes d’orthographe et de syntaxe.
• Personnage préféré de One Piece : J’ai jamais lu/regardé One Piece (nojoke)
• Caractère : Aloooors, je ne suis pas méchante même si je peux avoir l’air froid et méprisant (c’est pas voulu, me frappez paaas QAQ). Je suis quelqu’un qui a très peu de confiance en soi mais qui adore déconner et rencontrer de nouvelles têtes. J’aime rendre service aussi ☺
• Fait du RP depuis : 6 ans grosso modo
• Disponibilité approximative : Parfois très souvent là, parfois pas du tout.
• Comment avez-vous connu le forum ? Ylda m’a dit qu’on était bien ici alors j’ai dit oké.
ONE PIECE REQUIEM ©
Dernière édition par Moïra Mackenzie le Mer 7 Juin 2017 - 22:24, édité 9 fois