REMINGTON VADE
• Pseudonyme : A part « tête de pioche » ou autres « sale gosse », Remi n'a toujours pas eut le plaisir de se voir attribuer un pseudonyme.
• Age : 22 ans
• Sexe : Homme
• Race : Humain
• Métier : Archer/Tireur d'élite
• Groupe : Civils
• Age : 22 ans
• Sexe : Homme
• Race : Humain
• Métier : Archer/Tireur d'élite
• Groupe : Civils
• But : Retrouver/sauver Lila, son amie d'enfance
• Équipement : un tir à l'arc, des flèches, un Karambit, une sacoche.
• Parrain : /
• Ce compte est-il un DC ou un "reroll" ? Non & non
• Si oui, quel @ l'a autorisé ? ...
Codes du règlement :
• Équipement : un tir à l'arc, des flèches, un Karambit, une sacoche.
• Parrain : /
• Ce compte est-il un DC ou un "reroll" ? Non & non
• Si oui, quel @ l'a autorisé ? ...
Codes du règlement :
Description Physique
Le soleil, venant à peine de se lever, illuminait déjà de ses rayons à la chaleur enivrante les rues de Shell Town. Il n’était même pas encore huit heures du matin, pourtant, la ville était loin d’être encore endormie. Et pour cause ! Aujourd’hui sonnait le jour du marché, rendez-vous incontournable chez bon nombre d'habitants de cette charmante bourgade d'East Blue. Que ce soit pour faire le plein de victuailles locales, retrouver amis et autres connaissances elles aussi en quête de bonnes affaires ou tout simplement profiter de cette délicate brise qui donnait au temps une touche délicieusement agréable, tous semblaient dépeindre un tableau de douceur, d’animation calme et d’instant sans défaut qu’il aurait été difficile de gâcher.
Difficile, certes, mais pas impossible. De cela, ces pauvres villageois en allaient avoir la preuve. En effet, petit à petit, le son d’une voix masculine parvenait à l’oreille des habitants. Comme-ci un cri était poussé au loin. Enfin, au loin, ce n’était qu’au début. Bien vite, le son vit son nombre de décibels augmenter, encore et encore, jusqu’à devenir si important que celui-ci résonnait bien vite de part et d’autre de la place. Et puis, alors que très peu avaient identifié la source du chambard, l’inévitable se produisit : la petite échoppe d’un pauvre marchand de légumes, plus rapidement qu’il n’en fallait pour dire « ouille », fut réduite à néant, comme transpercée par un boulet de canon.
Parmi les exclamations de surprise et les quintes de toux, celles provoquées par la fumée et la poussière qu’avait engendrée le choc, s’éleva un rire. D’une voix masculine, ce rire était cristallin, résonnant dans toute la place avec facilité. Il n’était pas difficile, à son ton enfantin, de deviner la bonne humeur de son propriétaire : il s’agissait d’un rire franc, sans aucune autre teinte que celle de l’amusement. Intrigués, il n’aura pas fallu attendre très longtemps aux villageois pour se réunir autour du lieu de l’accident ; la curiosité et l’envie de savoir ce qu’il venait de se passer guidant leur action. Peu à peu, l’épaisse couche de fumée se dissipait laissant de plus en plus entrevoir ce boulet de canon dont avait été victime l’échoppe… Qui n’en était pas un.
Au milieu des planches, gravats et autres fruits & légumes à présent à l’état de purée, se tenait un garçon. Bien qu’il puisse être difficile d’affirmer que ce dernier se “tenait” réellement au milieu de tout cela. A vrai dire, le pauvre jeune homme était plutôt complètement avachi au milieu des décombres : c’était bien lui, le boulet de canon. Ses vêtements étaient dépiécés et de nombreuses éraflures et hématomes le couvraient, pourtant, cela semblait être le cadet de ses soucis, toujours pris de son fou rire qui décidément lui semblait hors de contrôle. Autant dire un drôle de spectacle pour les civils présents, d’autant plus que les étranges habits de ce jeune homme au teint hâlé leur donnèrent l’impression que celui-ci venait d’un autre temps, d’une autre époque.
Finalement, au bout d’une longue minute, le jeune homme parvint à se calmer, donnant enfin l’occasion aux villageois d’avoir une totale vision des traits de son visage, sans plus aucune hilarité pour les déformer. Ceux-ci étaient fins, presque trop délicats pour un garçon, trahissant une juvénilité certaine. Sur sa figure, un grand sourire sans fossette y semblait plaqué, comme s’il ne le quittait jamais. Néanmoins, il était certain pour les habitants du village qu’il n’avait rien de factice : ses yeux, d’un vert profond, étaient si rieurs qu’on pouvait se demander s’il n’allait pas repartir dans un nouveau fou-rire d’une seconde à l’autre. Portant la main sur son crâne, il s’ébouriffa la touffe épaisse de cheveux bruns qu’il avait sur la tête, touffe qui contrastait grandement avec sa nuque et ses tempes qui, elles, étaient finement dégagées, comme si ses cheveux n’étaient en fait qu’un couvre-chef. Enfin, accompagné d’un léger pouffement, il se décida enfin à se relever de tout cet éboulis qui ne devait pas tellement être confortable.
Grâce à ce geste, tous purent apprécier sa taille, quelque peu grande pour un jeune homme, à la musculature qui, bien que fine, restait tout de même visible. Jeune, certes, mais très certainement sportif ! Ce fut d’une aisance presque incroyable qu’il entreprit à s'épousseter, comme s’il ne s’était absolument rien passé, comme s’il ne venait pas de détruire le commerce du pauvre vieillard. Ce dernier, d’ailleurs, passé le stade de la surprise, fut pris d’une telle vague de colère que son torse se gonfla en une seconde, tandis que ses oreilles prirent une teinte aussi rouge que le sang.
- Dis donc, gamin ! s'époumona celui-ci à l’intention du jeune homme. Tu viens de réduire à néant toute ma récolte, toute mon échoppe ! J’espère pour toi que tu as de quoi me rembourser !
D’une désinvolture et d’une assurance presque arrogante, le garçon se tourna vers le vieillard, bonne humeur ne quittant pas son visage. Il observa tour à tour son interlocuteur et son stand dans des mouvements de tête rapides qui laissaient penser qu’il, dans l’euphorie de son accident, n’avait même pas remarqué les dommages collatéraux. Et lorsque l’information sembla enfin être remontée jusqu’au cerveau, il eut comme réflexe de porter sa main vers la poche intérieur de sa chemise, comme pour y chercher quelque chose - surement de l'argent, pensa le marchand -. Seulement, sa mine blême et sa main vide indiquèrent que s'il avait eut de quoi rembourser, ce n'était certainement plus le cas à présent. Alors, son sourire s’agrandit. Mais c’était un sourire différent. Se voulant plein d’innocence, le jeune homme paraissait perdre de son assurance, mais une lueur de malice brillant dans ses yeux laissait à penser qu’il ne s’agissait-là que d’esbroufe pour se tirer d’affaire. Joignant ses deux indexes de la même manière qu’un enfant voulant se faire pardonner, le garçon prit une toute petite voix pour répondre au marchand :
- Si je vous fais un gros câlin, ça compte ?
Description Psychologique
- Oh, veuillez m’excuser, madame.
C’était de son ton plus poli, et même assorti d’une légère révérence que Remington s’était excusé auprès de la dame qu’il venait de bousculer. Celle-ci, face au sourire presque charmeur du jeune homme, accompagné d’un tel geste de respect, ne put empêcher ses joues de rosir de plaisir. Elle pardonna de suite sa maladresse et lui souhaita même une bonne journée avant de tourner les talons, reprendre son chemin en compagnie de celui qui semblait être son mari. La regardant quelques instants partir de son côté, le sourire du jeune homme perdit peu à peu de son charme et de sa politesse au profit de la ruse et de l'espièglerie. Se retournant à son tour, il sortit une bourse de l’intérieur de sa veste qu’il ouvrit aussitôt pour en faire le compte. À vue d’oeil, elle semblait pleine à craquer de pièces de 500B, soit d’une valeur totale de quelques milliers de berrys, facile. Jackpot. Cette femme-là, le sens de l’observation de Remi lui avait permis de la repérer en un coup d’oeil. Ses bijoux, sa tenue, sa manière de parler et de se mouvoir, tout en elle transpirait la richesse… mais aussi la naïveté. Et il avait vu juste. Remington savait user de ses charmes pour obtenir ce qu’il voulait, ou se sortir de situations difficiles. Que cela soit jouer les gentlemans ou les pauvres petits orphelins, tout était bon pour arriver à ses fins.
Oh, bien sûr, ses fins n’avaient jamais eut de but plus ambitieux que de simplement pouvoir manger à sa faim. Voleur, certes, mais pas trop : le jeune archer tenait quand même à ne pas dépasser les bornes avec des aspirations démesurées. Cela ne pourrait, à son sens, n’apporter que des problèmes, aussi bien pour lui que pour les autres. Et s’il avait appris à ne plus avoir de remords en privant les gens fortunés d’une petite bourse par-ci par-là, cela s’arrêtait là. Demandez-lui pourquoi et il bombera très certainement le torse d’un air fier, avant de vous déclarer presque solennellement qu’il est un homme de principes, un homme d’honneur. En un sens, il n’aura pas tout à fait tort, même s’il en rajoutera probablement bien plus que nécessaire. Effectivement, malgré ses tendances cleptomanes, Remi reste un homme bon, dont la gentillesse lui aura souvent valu des mauvais tours.
Rangeant sa nouvelle “trouvaille” bien au fond de la poche intérieure de sa chemise, Remi pu reprendre la route de sa démarche enjouée et volontaire. Il n’était arrivé que cette nuit dans cette ville de Shell Town, à East Blue, et se languissait de découvrir un peu plus ce qu’elle cachait, comme à chaque arrivée sur une nouvelle île. Il se promenait dans les hauteurs de la ville lorsqu’il repéra un groupe d’adolescents, à peine plus jeune que lui, en pleine discussion animée de rires et autres chahuteries. Il s’arrêta à quelques mètres de là pour les observer. Un garçon retenait tout particulièrement son attention, par son habilité à être au centre de l’attention du groupe. La joie et l’amitié palpable de ces jeunes gens lui décrochèrent un sourire envieux et nostalgique. Il n’y a pas si longtemps que cela, c’était lui, à la place de ce garçon. Remington avait toujours été une personne qui se définissait par le regard des autres. Sociable dès l’enfance, il adorait être le blagueur, le meneur, celui dont on avait envie de gagner l’amitié. Non pas pour la gloire, ou le plaisir d’être admiré, mais tout simplement par peur de la solitude, peur de n’être qu’une petite fourmi parmi tant d’autres, peur d’être oublié, trahissant en lui un manque de confiance avéré. Pour lui, ce n'était que de la sorte, au milieu des regards de ceux qui l’aimaient et qu’il aimait, qu’il pouvait pleinement se sentir vivant. Ainsi, c’était un comportement vacillant entre insouciance et inconscience qu’il avait peu à peu adopté. Pour lui, une journée sans rire ni facétie est tout simplement une journée impossible, tant il porte sa bonne humeur partout avec lui, tant il aime taquiner et jouer des tours aux personnes autour de lui.
- C’est lui, là-bas ! Arrête-toi, vaurien !
Se crispant instantanément à l’entente de cette phrase, Remington pria, un petit instant, qu’il n’était pas le vaurien en question. Peine perdue. À peine tourna-t-il la tête en direction de l’homme qui venait de hurler ces mots, qu’il aperçut, à quelques mètres de là, le couple qu’il venait de détrousser. Aoutch. Surtout que, si la femme semblait aussi éplorée que si on lui avait annoncé sa future mort, son mari, lui, avait surtout une tête à vouloir se servir de celle de Remi comme d’un punching-ball. Autant dire qu’il n’en fallut pas plus au garçon pour abandonner ses réflexions philosophiques et plutôt prendre la poudre d'escampette.
- J’ai rien fait je vois pas de quoi vous parleeeeez !
Criant ces mots du ton le plus innocent qu’il en était capable en pleine fuite, Remi se doutait bien que l’homme n’allait certainement pas, à l’entente de cette phrase, stopper net sa course en le croyant sur parole. Mais bon, il fallait bien qu’il tente, un minimum, de sauver les meubles, même si cela devait passer par la case mauvaise foi. Et puis, bon. Ce n’était pas comme si le brunet craignait réellement son assaillant. Pour dire vrai, son impétuosité était-elle qu’il vit plutôt cette course comme un nouveau jeu, jeu auquel il était évident qu’il allait briller ! Oscillant de ruelles en ruelles, galvanisé par l’euphorie de la course, Remington s’amusait comme un fou, prenant même le luxe de se moquer ouvertement de l’homme qui ne parvenait pas à le rattraper, lorsqu’il repéra, à quelques mètres de lui, ce qui allait définitivement marquer sa victoire : un skateboard abandonné. Bon, il fallait être honnête : il ne savait pas du tout comment correctement se déplacer sur cet objet, n’ayant appris son existence qu’assez récemment. Mais il s’en fichait. Pour tout dire, il n’avait même pas réfléchi à tous ces détails techniques. Tout ce qu’il avait vu, c’était un moyen d’être plus rapide encore. Ainsi, après un sourire déterminé, Remington s'élança sur l’objet qui doubla sa vitesse.
Celui-ci eut beaucoup de mal à le contrôler et manqua de peu de s’écraser beaucoup de fois. Néanmoins, il n’aurait pu être davantage diverti qu’en cet instant. Remi avait toujours aimé les sensations fortes. Celles qui vous prennent aux tripes, qui vous retournent l’estomac. Si pour beaucoup, ce sentiment se rapprochait à celui de la mort, pour lui, c’était au contraire celui de liberté. Ainsi, sur ce skateboard incontrôlable, dévalant les côtes et ruelles à toute allure, il se sentit plus libre que jamais.
- WOUUUUHOUUUUUUU !
Néanmoins, la cavale ne pouvait durer indéfiniment. Bien vite, les lacunes du jeune homme en matière de planche à roulettes se firent sentir. Un virage trop serré, une barrière trop fragile, et le voilà projeté dans les airs. Les premières secondes, Remington fut pris d’un rire insouciant, tandis qu’il eut l’impression de voler, littéralement. Seulement, il ne fallut pas très longtemps avant que la force de la gravité ne dépasse celle de son élan. Le vol se transforma en chute, le rire de Remi, lui, en cri. Il ne pensa même pas à la mort, en cet instant. Comme si l’idée de mourir en ce jour et d’une telle manière était si saugrenue qu’elle ne pouvait lui traverser l’esprit, même en pleine chute. Voilà bien un comportement insouciant, pourtant, il eut raison : la chute ne le tua pas, celle-ci ayant été amortie par Dieu seul savait quoi. Il fallut une petite seconde à Remi pour reprendre ses esprits, au milieu de tous ces débris. Et sitôt eut-il les idées claires, qu’il ne put retenir un rire, presque incontrôlable. Un rire d’excitation, un rire de bonne humeur, encore exalté de toute cette adrénaline dont il ne pourrait se passer.
Cette fois, c’était sûr, la course était gagnée.
Biographie
- AIEUUUUUUUH !
Portant aussitôt son doigt à sa bouche, Remi fixa le clou nargueur avec défi. Cela faisait cinq bonnes minutes qu’il tentait, sans succès, d’enfin le planter dans cette planche de bois à coups de marteau, mais, rien a faire : il arrivait toujours à se dérober et, accessoirement, à laisser sa place à ce pauvre pouce qui n’avait pourtant rien demandé à personne. Et dire qu’il n’en était qu’à la troisième planche. Remington, pensant à tout le travail qui l’attendait encore, poussa un long soupir. Décidément, c’était bien sa veine, ça. Il avait fallu qu’il perde cette bourse pleine d'argent, surement lors de sa chute, pile lorsqu'il en avait besoin pour rembourser ses dégâts sur l'échoppe de fruits de ce marchand. Les cargaisons solides pleines de plumes ou de coton gratuites, bien sûr, n’étaient jamais là quand on avait besoin d’elles ! Enfin, il fallait l’avouer, il avait tout de même eu de la chance, dans son malheur. En effet, le vieux marchand propriétaire du ramassis de bouts de bois s’était montré plutôt magnanime, face à Remi et a son sourire innocent. Et si un simple câlin d’excuse n’avait su calmer sa colère, il accepta tout de même la reconstruction complète du kiosque en guise de réparations. Seulement voilà, une fois encore, Remi n’avait pas pensé aux détails techniques, à savoir : sa complète inaptitude en matière de bricolage.
- Eh bah alors, petit ! Ton père t’a jamais appris à bricoler ? s’amusa le vieillard en inspectant son travail. A ton, âge, pourtant !
- Oh, il l’a surement fait. Maintenant, la question est de savoir si vraiment je l’ai écouté !
Le vieillard, à l’entente de la réponse de son ouvrier provisoire, n’eut qu’un haussement d’épaule à la fois abattu et désespéré, semblant déplorer au plus profond de lui l’incompétence de la jeunesse. Il ne posa pas plus de question à Remington - celui-ci ne doutant pas une seconde qu’il était après tout bien plus intéressé par ses légumes que par la vie de celui les ayant écrasés - néanmoins, à cette simple petite évocation, le jeune homme ne put empêcher son cerveau de se projeter lui-même, bien des années plus tôt, sur l’île l’ayant vu naître.
*
Au large de Grand Line, il s’agissait d’une île assez particulière, car figée dans l’ère moyenâgeuse : Dogoggin. Sur cette île de taille moyenne s’était, peu à peu, établit un royaume. Royaume qui, bien que pittoresque au départ, avait su trouver avec le temps force et grandeur, à l’image de leur souverain, le Roi Aund. En quarante ans de règne, celui-ci avait eu à coeur de protéger, de rendre fier son peuple et était encore en ce jour leur bon Roi, respecté et admiré de tous, pour de longues années. Oh, bien sûr, la vie était plus dure en dehors du château, mais très rare étaient ceux reprochant leur misère à la famille royale. Après tout, celle-ci n'imposait pas de taxes exorbitantes, ne malmenait aucun de ses sujets et prenait à coeur de régler toute requête soumise par les habitants avec équité. Et puis, Remi en était convaincu : si disette, il y avait, celle-ci n’était que minime et n’empêchait en aucun cas de pouvoir vivre heureux ; il en était d’ailleurs la preuve vivante.
Issu de parents fermiers, Celius et Erina, Remington était le huitième né d’une fratrie de neuf enfants, comptant cinq garçons et quatre filles. Si leur vie était modeste, la famille Vade avait néanmoins la chance, de par leur ferme et leurs récoltes, de pouvoir parvenir à leurs besoins en toute autonomie. Dans leur demeure semblable a un joyeux capharnaüm, tout n’était question que d’amour et de respect. Erina était une mère douce et aimante, quand Celius, lui, se voulait un père strict et juste, à l’image de leur Roi qu’il admirait tant. Il serait ainsi mentir de dire que Remi ait eu une vie difficile, lui-même conscient de la chance qu’il a eu de grandir dans un foyer chaleureux. Néanmoins, se faire une place dans une si grande fratrie n’est pas toujours chose évidente, pour un enfant. N’ayant que trop peu de confiance en lui, très vite, il eut cette gênante impression de ne pas parvenir à se démarquer de ses frères et soeurs qui semblaient tous briller de leur manière : beauté, intelligence, rigueur ou même chant et autre activité, Remi, inconsciemment, voyait en eux ce qu’il ne voyait pas en lui. Il se sentait comme perdu, noyé dans cette grande famille où tout le monde semblait en harmonie avec soi-même. Alors, petit à petit, c’est un tout autre comportement qu’il adopta presque naturellement pour parvenir à se faire voir, à se faire remarquer des autres comme il l’entendait. Lui, ça serait par l’humour et les bêtises qu’il se distinguait ! Défiant avec malice l’autorité de ses parents et de ses aînés, cherchant presque constamment à faire rire tous ceux l’entourant, de ce complexe d’enfant était né un véritable trublion qui se fit rapidement connaître par ses frasques dans sa ville.
Et cette ville, pour le petit Remington, ce n’était rien d’autre qu’un grand terrain de jeux ! De par sa jovialité, il ne lui avait pas fallu beaucoup d’effort pour rassembler autour de lui toute une bande d’amis fidèles. Ses amis, il les aimait tous profondément. Néanmoins, l’une d’entre eux était tout particulièrement précieuse à ses yeux : Lila. D’une jolie chevelure brune et d’un teint d’opale, Remi avait tout de suite trouvé la demoiselle extrêmement belle, mais son intérêt pour elle ne s’arrêtait pas là. Elle et lui s’était tout de suite bien entendus malgré leur différence de vie, leur différence de caractère. Il fallait dire que la demoiselle semblait être tout son contraire : fille de bonne conditions, d’un tempérament paraissant calme et réfléchi, elle avait la vie la plus oisive qu’on pouvait espérer en ville, ayant même appris à lire et à écrire. C'était d'ailleurs contre l'avis de ses parents, en secret, qu'elle passait du temps avec Remi et ses amis. Amis qui ne voyaient en elle qu’une fille bien trop sérieuse et rabat-joie, mais lui, savait que derrière cette facette se cachait un tempérament de feu. La mettre en colère, c’était se mettre à dos une véritable furie ! Et c’était sûr : cet aspect à double tranchant plaisait à Remington.
Si bien que d’année en année, le sentiment d’amitié se transforma en sentiment d’amour. Autour de lui, tout le monde - sauf la principale intéressée évidemment - semblait s’être aperçu de la nature de ses sentiments. Avoir vu cette manie de toujours rechercher son attention plus que celle des autres, que ce soit en la provoquant, en l’amusant ou bien en cherchant son admiration. Mais il était hors de question pour Remington de tout le lui avouer, ayant bien trop peur de se faire rejeter et de perdre son amitié. Et puis, à son sens, de pouvoir passer ses journées avec elle était déjà suffisant pour lui. Malheureusement, il y a quelque chose que Remi n’avait pas prévu : l’ambition des parents de Lila. Et un jour, alors qu’ils étaient âgés de 14 ans, la jeune fille lui apprit la triste nouvelle : elle allait devenir la dame de compagnie de la jeune princesse Rosalia, du même âge qu’elle, et, de ce fait, quitter leur ville pour s’établir au château.
Si au départ, Remington fut très attristé par la nouvelle, bien vite, l’idée de ne pas se laisser faire face à ce que lui imposait la vie lui vint à l’esprit. Lila allait vivre au château ? Soit. Lui aussi y irait. Face à un tel objectif, tout le monde ou presque lui rit au nez. Après tout, lui, le fils de fermier facétieux et beaucoup trop téméraire, vivre au château ? Voilà bien une idée saugrenue. Seul son père, à dire vrai, fut ravi de cette idée. Il fallait dire que Remi ne lui avait pas révélé la véritable raison de sa soudaine vocation. L’homme fut si fier que son fils puisse servir leur bon Roi d’une quelconque manière qu’il décida de l’aider et le soutenir dans sa démarche. Ils allèrent, ensemble, en faire la requête auprès de l’Intendant du Roi en personne et quelques mois plus tard, parce qu’un garçon était très vite considéré comme un homme, sur cette île, il fut accepté dans la garde. Bien sûr, comme toute autre nouvelle recrue, Remi dut, avant de prendre son poste et de recevoir son affectation, passer par la case formation. Dirigé par le soldat le plus expérimenté de l’île, un vieil homme revêche et autoritaire, Remington eut beaucoup de soucis avec lui, son caractère enjoué et blagueur ne collant pas tellement avec l’enseignement qu’on voulait lui inculquer. Néanmoins, il tenu bon. On lui apprit le protocole propre à la garde, la hiérarchie du personnel, les bases de la lecture & de l’écriture ainsi que le combat à l’épée, et même au tir à l’arc, art où il montra d’ailleurs une certaine dextérité assez rapidement.
Ses 15 ans étaient déjà révolus lorsqu’il eut enfin l’autorisation de rejoindre son poste. Grâce à Lila, qui avait eu vent de l’aspiration de son ami, Remington eu le soutien officiel de la Princesse. Les deux adolescentes ayant, en effet, très vite développé un grand lien de confiance et d’amitié. Ainsi, s’il fut considéré comme étant encore trop jeune et inexpérimenté pour être membre de la garde personnelle de la famille Royale, il eut néanmoins le privilège d’être affecté au château, et non dans les diverses contrées du royaume, comme bon nombre de ses camarades. Fier d’avoir, malgré toutes les moqueries, réussi dans son objectif, Remington ne voyait pour autant pas Lila aussi souvent qu’il l’avait naïvement espéré. Après tout, tout deux avaient leurs fonctions à remplir, des rôles bien différents qui ne leur permettaient que des petits sourires, des regards discrètement échangés et quelques discussions au détour des couloirs. De plus, il lui était impossible de garder contact avec sa famille. En effet, celle-ci habitant à l'autre bout de l'île, il aurait été difficile d'aller les voir et même s'il leur écrivait des lettres, il ne recevait que peu de réponses, puisqu'il était à présent le seul membre de sa famille à savoir lire et écrire. A chaque lettre qu'il recevait, on lui expliquait qu'elle avait été écrite par le curé le plus proche... Hors, il savait que ses parents n'étaient pas de ceux voulant trop reposer sur l'aide des autres. Ajouté à cela cette rigueur qu’il eut l’obligation de respecter, cette liberté de faire ce qu’il voulait qu’il eût dû laisser derrière lui… Autant dire qu’il fut difficile, pour Remington, de s’accommoder de sa nouvelle vie. Il ne pouvait empêcher sa nature bout-en-train de reprendre le dessus et s’attira bon nombre de répréhensions à cause de son répondant.
Il apprit néanmoins, au fil des années, à apprécier son nouveau quotidien. A son plus grand bonheur, Lila et lui, avec la complicité de la Princesse, parvenaient de plus en plus à passer du temps tous les deux. Mais ce n'était pas tout. Il pouvait pour ça également remercier ses camarades de la garde et autres domestiques qui lui devinrent comme une seconde famille. Tous se soutenaient, se conseillaient, se protégeaient, et même s’amusaient entre eux dans la joie et la bonne humeur d’une franche camaraderie. Si bien que Remington en fût certain : c’était auprès d’eux qu’il avait eu les plus gros fous rires de sa vie ! En effet, si en présence de la famille Royale et autres hauts gradés, tous se tenaient au respect et à la fermeté, dès qu’ils se retrouvaient entre eux, l’ambiance devenait nettement plus détendue, se déchargeant tous de la tension que leur apportait le travail ! Ils s’échangeaient les rumeurs, se racontaient leurs journées, débâtaient en toute liberté des sujets royaux les plus sérieux et surtout… Pestaient contre le Prince Adam.
Ah, ce Prince, aucun domestique, aucun membre de la garde, Remi compris, ne le portait dans son coeur. En effet, si sa seule et unique soeur, la Princesse Rosalia, était une douce adolescente dont la gentillesse et la compréhension avait su toucher le coeur des employés du château, pour son frère… c’était tout autre. Grossier et capricieux, il passait le plus clair de son temps à humilier avec mépris tous ceux se trouvant sur son chemin, quelle que soit leur distinction. Beaucoup de fois, Remington avait du faire preuve de tout le sang-froid dont il était capable pour ne pas outrepasser ses fonctions en lui fichant un magnifique poing en pleine face. Il plaignait d’ailleurs avec sincérité à la fois ses pauvres employés personnels qu’il traitait comme des vulgaires insectes, à la fois les gardes qui lui avaient été assignés, forcés à le suivre dans ses horribles actions. Au sein du personnel du château, tout le monde se posait la même question : comment leur bon Roi pouvait-il cautionner un comportement pareil ? En questionnant Lila, Remington se rendit bien vite que le problème était ailleurs. Si devant eux, le Prince Adam était un jeune homme abject, il en était tout autre devant sa famille. Apparemment passé maître dans l’art de la manipulation, il avait su, par on ne sait quel moyen, mettre aussi bien ses parents que sa soeur dans sa poche, tous persuadé de sa grandeur d’âme. Si bien que la seule fois où Lila avait tenté de mettre en garde la princesse, la discussion avait tourné court, finissant en dispute virulente qui l’avait conduite à devoir présenter ses plus plates excuses auprès du Prince en personne. Depuis, la plus grande peur de Lila était de se retrouver seule avec lui et Remington ne savait pas tellement s’il allait réussir à contenir sa colère si cet affreux personnage s’en prenait à celle qu’il aimait.
Si la seule consolation du personnel était la santé de fer du Roi qui n’était pas près de laisser sa place à son hériter, cette maigre satisfaction s’en alla plus vite qu’ils ne l’auraient pensé. En effet, un doux jour de printemps, alors que Remi avait soufflé ses vingt et une bougies, le Roi tomba subitement malade. Alité presque du jour au lendemain, personne ne sut quel mal le rongeait, ni comment le soigner malgré tous les médecins venus des quatre coins du monde pour l'ausculter. Et tandis que l’état de ce bon Roi Aund se dégradait doucement de jour en jour, bien vite, les soupçons du personnel du château s’étaient tournés vers le Prince. D'on-dit en on-dit, de rumeurs en rumeurs, bien vite, tous les employés du château s’enflammèrent, criant en silence au parricide, à l'empoisonnement, au coup monté. Bien sûr, aucun de leurs arguments prouvait véritablement qu’Adam ait pu commanditer une telle chose et était d'ailleurs on ne peut plus innocent. Mais la haine portée envers lui était si forte qu’il ne leur en fallait pas plus : pour eux, il avait forcément empoisonné le Roi. Néanmoins, personne n’osait crier à haute voix ses soupçons, tous ayant bien trop peur des représailles.
Trois mois plus tard et alors que son état ne faisait que se dégrader de jour en jour, l’inévitable se produisit : le bon Roi Aund périt dans son sommeil. Tous pleurèrent cette perte tragique pour l’histoire de Dogoggin, pour chaque citoyen de l’île. Malheureusement, la vie devait reprendre son cours. Et le Prince Adam, du haut de ses 20 ans, fut couronné Roi du Royaume. Comme beaucoup, Remi fut accablé par la nouvelle. Il ne comprenait pas cette logique de préférer un homme pour son sang, son statut social et non par sa vaillance, son intégrité. Oh, bien sûr, les seuls conscients de la véritable nature du nouveau Roi n’étaient que des domestiques, des manants n’ayant ni le droit de regard, ni le droit de parole. Mais Remi considérait que même méchanceté mise à part, même en imaginant qu’il était aussi doux que le pensait le reste du monde, il n’était pas le meilleur choix. Comment pouvoir décemment confier un royaume entier à un jeune homme sortant à peine de l’adolescence ? Tandis qu’à lui, pourtant plus vieux de presque deux ans, on lui refusait encore et toujours son affectation chez les gardes personnels de la famille Royale ? C’était grotesque.
Comme prédit par le personnel du château, Adam fut un Roi aussi irresponsable que lâche et cruel. Imposant bon nombre de taxes toutes plus ridicules les unes que les autres à ses sujets pour ensuite dilapider l’argent gagné pour son propre plaisir, il malmenait toute personne s’en prenant ouvertement à lui, mais n’en menait pas large face aux pirates s'arrêtant sur l'île. En effet, si son père avait su faire régner l’ordre et éloigner le plus possible les forbans de son Royaume, Adam, lui, n’avait visiblement aucune compétence en temps que chef des armées, puisque bon nombre de pirates et autres bandits s’étaient, au fil des mois, établis sur l’île. Comment leur en vouloir, après tout, pensait amèrement Remington. Face à un roi pareil, leur royaume devait être devenu un véritable terrain de jeux. Le pire, à ses yeux, était l’attitude de leur souverain face à ce chaos qui se mettait peu à peu en place : certainement trop fier pour admettre être dépassé par les événements, il feignait l'indifférence, comme s’il cautionnait tout cela ou comme s'il était persuadé de s'en tirer très bien tout seul et refusait tout conseils, autant de la part de sa soeur, que de ses conseillers ou ses plus hauts gradés... et ignora superbement la proposition de la Marine de leur venir en aide.
C’était une situation très difficile pour Remington. Non seulement à cause du manque de nouvelles concernant sa famille, qui résidait loin, très loin du château, mais aussi à cause de sa position. En temps que garde, il était de son devoir d'obéir à son Roi. Néanmoins, depuis que ce dernier avait changé, les ordres qu’il recevait étaient de plus en plus grotesques. Il se pensait chanceux de ne pas s’être vu son affectation changer, pensant avec compassion à ses collègues parfois forcés à s’en prendre aux citoyens et à leurs habitats, leurs récoltes. Mais, tout de même. De répondre aux moindres caprices de son immature de Roi lui donnait plus l’impression d’être une nourrice qu’un Garde. Néanmoins, il prenait sur lui. Respirait à chaque fois un grand coup, puis se pliait à son Roi.
Mais un jour, il reçut l’ordre de trop. Alors qu’il aidait Dana, une des domestiques, à porter des denrées jusqu’aux cuisines, ils eurent tous deux la mauvaise surprise de croiser Adam. Et parce qu’une mal fortune arrive rarement seule, Dana, qui n’avait pas vu le Roi, lui rentra dedans. Toute la nourriture qu’elle tenait dans les bras tomba à leurs pieds, mais une seule petite tomate trop mûre fît la différence puisqu’elle, décida de s’écraser sur le torse du Souverain. Celui-ci, horrifié, s’était aussitôt tourné vers Remi. Tout en pointant du doigt la vieille dame d’un geste beaucoup trop mélodramatique compte tenu de la situation, il lui ordonna de mener la coupable aux cachots. Le jeune homme fut littéralement horrifié par cet ordre, ne sachant comment réagir. Dana était une vieille dame si gentille, si généreuse ! Elle ne méritait pas une telle injustice, mais Remi savait que s’il allait à l’encontre de son commandement, il allait vers de grands ennuis. Il hésita. Aujourd’hui encore, cette hésitation lui fait honte. Comment avait-il pu songer obéir à une telle injustice et jeter en prison cette femme qu’il connaissait depuis son arrivée ? Bien heureusement, lorsqu’il vit le regard désemparé de la vieille dame, sa peur des représailles disparue d’un seul coup. C’en était assez. Cet instant, il s’en souviendra toute sa vie. Prenant une profonde inspiration, Remington bomba le torse et, la tête haute, déclara :
- Non.
- Non ? avait répété Adam en haussant un sourcil.
- Mon Roi, reprit Remi aussi calmement qu’il le put. Avec tout le respect que votre statut me force à porter pour vous, il faut que vous arrêtiez vos enfantillages indignes de votre rang. Le Royaume se meurt, le peuple souffre. Et vous, vous voulez condamner cette dame qui pourtant vous sert depuis votre plus jeune âge pour une telle puérilité ? Ne pensez-vous donc pas que votre priorité devrait plutôt être de s’occuper de ces pirates qui détruisent notre Royaume ? Abandonnez donc votre rôle de Prince trop gâté à la fierté mal placée, agissez enfin comme le Roi qu’on attend de vous, et acceptez l’aide que la Marine se tue à vous proposer avant qu’il ne soit trop tard !
Bien sûr, Remington s’y attendait, sa petite tirade fut tout sauf bien accueillie. Lorsqu’on savait qu’Adam refusait ce genre de discours de la bouche de sa propre soeur ou de personne beaucoup plus hautement gradées que lui… il était évident que ce Roi si fier n’allait pas remercier Remi pour son avis si plein de sagesse. Et pour cause : au lieu de Dana, c’est lui, qui fut finalement jeté aux cachots.
Ce fut pour lui l’une des situations les plus frustrantes de toute sa vie. Seul dans sa cellule, Remington détesta voir les jours défiler sans aucune compagnie ni aucune nouvelle des événements du royaume. Aucun de ses amis ne venait lui rendre visite, même en cachette, si bien que les seules personnes avec qui il pouvait encore parler étaient ses geôliers qui n’étaient malheureusement pas très bavards. Remi savait bien que l’accès aux cachots était interdit, même aux domestiques. Néanmoins, il ne pouvait s’empêcher de se sentir triste en constatant qu’aucun de ses camarades ne venait le voir et se rassurait en se disant que s’ils n’étaient jamais arrivés jusqu’à sa cellule, cela ne signifiait pas qu’il n’avaient jamais tenté de le faire. Les semaines passaient et l’impression de devenir fou lui montait en lui. Mais un jour, quelqu’un se présenta à lui. Et lorsque le jeune homme reconnu Lila, son coeur manqua un raté. S’il était avachi au fond de sa cellule, à son arrivée, le jeune homme s’était presque élancé sur ses barreaux, de sorte d’être le plus près possible d’elle. Il l’avait toujours trouvé belle, bien plus belle que la Princesse elle-même, d’ailleurs. Mais de la voir de la sorte, après tant de semaines de captivité, il lui semblait de nouveau redécouvrir sa beauté. Il aurait tant donné pour pouvoir retourner à cette époque de pleine insouciance, où tout deux n'étaient que deux enfants, libres de faire ce qu'ils voulaient, libres de se voir la journée entière et la suivante. Ou, au moins, de la serrer dans ses bras. Mais l'un comme l'autre étaient impossible. Alors il se contenta de lui prendre la main.
Celle-ci semblait très soucieuse, presque anxieuse face à Remi, de telle sorte qu’il se doutait que cela ne pouvait pas être seulement provoqué par son piteux état de prisonnier : quelque chose de grave avait dû se passer au Royaume.
- Remi, mon ami, comment te traitent-ils…
- Pas tellement comme je pouvais en rêver. Mais ce n’est pas important. Je suis heureux de te voir, mais je me doute que tu ne doives pas être porteuse de bonnes nouvelles…
- Eh bien… oui et non, à vrai dire. Il y a deux semaines environ, les pirates ont tenté de prendre d'assaut le château. Je pense que cela a ouvert les yeux d’Adam, car peu de temps après, il a accepté l’offre de la Marine.
- C’est vrai ? souffla Remington, presque sans voix. C’est super !
- Attend, pondéra calmement son amie. Presque tous les équipages ont été chassés, sauf un. Le pire d’entre eux, à vrai dire. Après beaucoup de combats, il a été établi un cessé le feu pour entamer des négociations.
- Des négociations ? Avec des pirates ? grimaçait le jeune homme qui vit doucement le piège venir. Qu’est-ce qu’elles ont donné ?
- Le pire des scénarios, soupira Lila, effondrée. Plusieurs millions de Berry, diverses ressources et… Rosalia.
- Ils veulent… la princesse ?
- Très certainement pour la revendre à un marché d’esclaves. Une princesse doit rapporter gros. Malheureusement, malgré tous les avis contres, malgré tous ceux prêts à la protéger... elle a accepté et a ordonné à tout le monde de respecter son choix. D'après elle, il en va de son devoir, pour protéger son peuple.
- Mais… C’est du grand n’importe quoi ! C’est du délire, on ne peut pas donner comme ça notre princesse ! Il faut faire quelque chose !
- Je suis tout à fait d’accord avec toi, et contente de t’entendre dire ces mots. Toi plus que quiconque sait à quel point Rosalia et moi sommes devenues proches, n’est-ce pas ? Bien plus qu’une amie, elle est comme une soeur, une moitié de moi-même… La laisser face à un tel danger m’est impossible, je ne me le pardonnerais jamais.
- Qu’est-ce que... tu veux dire ?
Lila resta silencieuse quelques secondes. Les plus longues secondes de la vie de Remi.
- J’ai décidé de prendre sa place. Certes, je n’ai jamais été traité en temps qu’esclave, mais mon milieu d’origine me permettra d’être plus résistante qu’elle face aux mauvais traitements. Nous faisons sensiblement la même taille et la même corpulence. Je connais sa vie et celle de sa famille sur le bout des doigts. Je sais de quelle manière elle parle, de quelle manière elle se comporte. Alors je n’ai aucun doute qu’aucun de ces forbans ne verra une différence si je porte ses toilettes.
- Que… Quoi ? bredouilla le jeune homme, la voix tremblante. Non, Lila, non s’il te plaît, ne fais pas une telle chose, tout mais pas ça.
- Mais toi-même, tu as dit qu’il ne fallait pas les laisser faire !
- Oui, mais certainement pas au prix de ta vie ! Je t’en supplie, je ne supporterais pas de te savoir face à un tel danger… On trouvera un autre moyen, on sauvera la Princesse… mais s’il te plaît… ne pars pas.
D’un ton suppliant, au bord des larmes et tenant fermement la main de Lila, Remington sentait son coeur se déchirer sous sa poitrine. La simple pensée de sa chère amie pour qui il vouait secrètement de si forts sentiments, seule, au milieu de ces pirates lui provoquait des hauts le coeurs. Comment ne pas en avoir, après tout ! C'était si dangereux ! Entre le risque de devenir esclave et celui qu'ils découvrent la supercherie... Sans compter le traitement qui lui feront subir avant de la revendre comme un vulgaire bout de viande ! Il se sentait d’autant plus mal que de là où il se trouvait, il était impuissant, en venant presque a regretté sa petite rébellion face au Roi. Lila semblait réellement triste face à la réaction de son ami. Néanmoins, la lueur de détermination qui brillait dans ses yeux n’avait pas disparu.
- Je suis désolée. J’ai déjà réussi à convaincre Rosalia et ses serviteurs personnels que l'heure du départ avait été repoussée. J’ai déjà emprunté ses affaires. Demain, à l’aube, je serai partie.
- Non…
- C’est la dernière fois que nous nous voyons, compléta-t-elle dans un sourire plein de larmes. Je ne comptais prévenir personne, mais… je ne pouvais pas me résoudre à te mentir et encore moins partir sans te voir une dernière fois.
Dans une autre situation, Remington aurait surement ironisé sur son piteux état physique comme dernier souvenir de lui. Mais, là, il ne pouvait pas. Il ne pouvait plus réfléchir à rien. Celle qu’il avait toujours aimée partait, se donnait en pâture à des pirates sans foi ni loi. Et lui, il était coincé là, dans cette stupide cellule, sans rien pouvoir faire d’autre que de la regarder, que de serrer sa main aussi fort que ses capacités lui permettaient. Il était brisé. Désespéré. Il aurait voulu tout faire pour la convaincre de rester à ses côtés... Mais, au fond de lui, il savait que c'était inutile : rien ne pourrait la dévier de son choix.
- Et si… et si je venais avec toi ? proposa-t-il, le ton plein d’espoirs. Je pourrais au moins te protéger, il suffirait de me faire sortir de là et d’imposer cette clause aux pirates ! Ils penseront déjà avoir la princesse, il ne pourront refuser !
- Non, Remi. Je suis désolée, mais ils ont été clairs : ils veulent la Princesse, et seulement la Princesse.
- Lila… te laisser partir comme ça, c’est…au-dessus de mes forces. Tu ne mérites pas ça. Lila, s'il te plaît... tu sais, je… Je t’ai toujours aimé... et sans toi, je-... reste. Je t'en supplie.
Un doux sourire se dessina sur le visage de la jeune femme. Doux sourire se transformant bien vite en rictus empli de tristesse. S’approchant des barreaux de la cellule, Lila déposa un long baiser sur le front de Remington puis s’éloigna doucement de lui.
- Adieu, Remi.
C'était d’un murmure entrecoupé de sanglots que Lila avait prononcé ces mots avant de partir des cachots d’un pas rapide. Elle laissait Remington seul avec sa tristesse, sa colère, sa frustration. Dans un dernier espoir de l'arrêter, le jeune prisonnier tenta de prévenir ses geôliers. Seulement, sans qu'il ne sache pourquoi, aucun d'eux ne le cru. Alors il explosa. Il cria aussi fort que ses cordes vocales lui permettaient. De tout le peu de force qui lui restait, il frappa les murs et donna même des coups de pied aux barreaux, et ce, pendant de longues minutes. Mais tout ça était futile, il le savait. Alors s'arrêta, puis s'effondra, pleurant toutes les larmes que son corps pouvait contenir.
Ce n’est que quelques jours plus tard que le Prince, apparemment calmé par les derniers événements, consentit à le libérer. Et s’il avait, au départ, vainement espéré que Lila ne soit pas partie, bien vite, il dut se rendre à l’évidence : elle n’était plus là. Tout le monde, au château, avait été choqué de son sacrifice. Dans les couloirs, on ne parlait plus que d'elle, la voyant comme une courageuse martyr, la véritable sauveuse de Dogoggin. Seuls la Princesse Rosalia et lui semblaient véritablement affectés par son départ, au point de ne plus supporter aucun de ces stupides commérages. Alors, du même élan impulsif que celui l’ayant poussé, des années auparavant, à la suivre au château, Remington fut pris d’un nouvel objectif : il allait sauver Lila. Les pirates étaient partis depuis déjà une semaine et de retrouver leur trace, à sa petite échelle, ne serait certainement pas chose facile. Mais il croyait en lui et en sa détermination. Il déserta la Garde Royale, fit de derniers aux revoir à ses amis et famille, puis parvint à se faire embarquer à bord d'un navire marchand de passage.
*
Aujourd'hui fort de cette toute nouvelle liberté que lui a permis la désertion, il n'a pas fallut longtemps à Remi pour profiter pleinement de son exubérance. Après tout, tant de personnes avaient voulu effacer en lui cet attrait pendant tant d'années, dans l'espoir de faire de lui le parfait petit soldat... Cet affranchissement résonnait en lui comme une véritable libération ! Néanmoins, malgré les rires, malgré les facéties et autres mésaventures qu'il rencontrait, le même feu ardent brûlait au plus profond de lui. Que cela lui prenne un mois, un an ou même quatre décennies, il était décidé : il retrouverait Lila.
Test RP
Aucun doute, pour Remington : il était suivi. Cela faisait en effet un bon quart d’heure que, malgré tous les changements de direction qu’il effectuait, malgré tous les chemins étranges qu’il s’amusait à prendre… Quelqu’un derrière lui, à quelques mètres de là, ne le quittait pas d’une semelle. Cela l’intriguait d’autant plus qu’il n’avait absolument pas la moindre idée quant à l’identité de cette personne. Au début, il avait pensé qu’il s’agissait de l’homme qu’il avait détroussé peu avant, mais, grâce aux vitrines des boutiques devant lesquelles il était intentionnellement passé, il s’était vite rendu à l’évidence : ce n’était pas le cas. Et même si cela amusait beaucoup Remi de promener cette personne dans tous les sens, il fallait bien avouer qu’il se lassait de ce jeu, trop curieux d’en savoir plus sur l’inconnu.
Mais heureusement pour lui et sa patience, le jeune archer n’eut pas à attendre plus de temps, car le mystérieux individu se décida enfin à sortir de sa planque. En effet, alors que Remi s’était volontairement arrêté dans une rue déserte pour faire mine de chercher son chemin, il entendit dans son dos une voix si graveleuse qu’elle paraissait presque comme sortie d’outre-tombe.
- Psst. Hé, toi petit ! ‘Vec l’arc !
Un fin sourire satisfait se dessina sur le visage de Remi. Voilà qui n’était pas trop tôt ! Une part de lui, la plus curieuse, eut envie de sauter sur l’homme sans attendre pour l’assaillir de mille et une questions. Néanmoins, parce qu’il voulut se donner un air cool et détaché, le jeune déserteur se contenta de se retourner du plus nonchalamment qu’il put, feignant si fort l’innocence qu’il s’osa même à un petit “plaît-il ?” d’un ton presque noble. Parce qu’il était encore à deux ou trois mètres de là, l’homme lui fit signe de s’approcher d’un geste discret de la main. Pour sûr, vu une attitude pareille, il ne le suivait certainement pas parce qu’il avait eu le coup de foudre pour lui. D’une moue songeuse, Remington consentit à faire comme demandé et s’avança vers le mystérieux inconnu d’une démarche qu’on pourrait juger un peu trop légère compte tenu de la situation. Une fois devant lui, un détail frappa immédiatement Remi : la sale tête et les gros cernes de son admirateur secret. Haussant un sourcil interloqué, il ne put s’empêcher de lui faire remarquer d’une voix empreinte d’ironie :
- J’espère pour toi que tu cherches pas un dealer, ou t’en auras fait, de la marche pour rien !
L’homme ne se formalisa pas de la remarque de Remi, se contentant de l’ignorer comme s’il n’avait rien dit. De nouveau, il regarda furtivement aux alentours avant de se rapprocher un peu plus du garçon qui, de la sorte, eu tout le loisir de constater la parfaite adéquation entre son haleine et sa face. Remi aurait voulu s’en éloigner, malheureusement, l’homme avait pris la parole d’un ton si bas qu’il lui aurait été impossible de l’entendre.
- J’ai que’que chose à t’proposer, gamin.
- Moi aussi : une brosse à dents, répliqua le jeune homme d’un ton faussement sérieux. Tu verras, c’est très chouette.
- J’t’ai vu, t’à l’heure, faire les poches a c’richard. T’as du style, le mioche ! Ce sale rat n’a rien vu v’nir ! J’ai just’ment un groupe qui d’vrait t'intéresser… c’est des gens d’ta trempe dont on a b’soin.
Deux choses, concernant cet homme : premièrement, Remi ne savait pas si c’était lié à l’habitude ou autre chose, mais, vraiment, aucun moyen de le faire réagir avec ses piques, ce qui le rendait nettement moins drôle à ses yeux. Et deuxièmement, quelle était donc cette histoire de groupe qui l’intéresserait ? Comment pouvait-il savoir ce qui allait ou non être digne de son intérêt ? Et puis, sérieusement : qu’est-ce que c’était que cette ridicule façon de parler ? … Bon, d’accord. Trois choses, en réalité.
- Un… groupe ? C’est à dire ?
- On y fait toutes sortes de coups ! Crois-moi, morveux, dans c’coin, y’a pas meilleur business ! Tu d’viendras aussi riche que nous !
- Tant que ça ? répondit-il en haussant un sourcil. Quelle sorte de coups exactement ?
- Ah, ça ! Tu s’rais impressionné ! Des arnaques, des p’tits vols à la sauvette, du pillage… c’est un bon réseau, l’organisation, c’est not’ truc !
Remi vit de suite plus clair. Une chose était sûre, cet homme avait raison : sa proposition implicite pour les rejoindre l’intéressait. Mais pas pour les raisons qu’il pensait. Pour le jeune homme, le vol n’était qu’une solution s’étant imposée à lui pour pouvoir manger à sa faim lors de ses voyages. Il faisait toujours attention à détrousser les personnes qui n’en souffriraient a priori pas et s’arrêtait toujours au strict minimum. Les rêves de richesse ne l’avaient jamais intéressé et il n’avait pas que ça à faire, de toute façon. Néanmoins… L’idée de pouvoir infiltrer puis démanteler à lui tout seul un réseau de voleurs n’était pas pour lui déplaire. Bien sûr, c’était quelque chose de très risqué et de dangereux, mais… encore une fois, il ne s'embêta pas des détails techniques : ça sentait l’adrénaline à plein nez, et il adorait ça !
Ainsi, Remi fit mine d’être impressionné et accepta la proposition de l’homme. Sans attendre, l’homme fit signe à son nouvel acolyte de le suivre et tout deux s’en allèrent rejoindre ce que le recruteur appelait “la planque”. Il s’agissait d’un refuge en dehors du village, dans une forêt non loin de là. L’archer fut réellement surpris de l’accueil presque chaleureux qu’on lui réserva. Lui qui s’était imaginé, lors du trajet, des personnes bourrues et méfiantes, et même qu’on lui donne des missions-test pour prouver sa valeur… En fait, pas du tout. L’homme l’ayant repéré avait très certainement exagéré leur côté organisation secrète, car de ce qu’il voyait, Remington eut plus l’impression de se trouver face à une bande de copains ayant décidé de gagner leur vie par les délits en tous genre. Mais, bon. Il n’allait pas s’en plaindre, cela devrait nettement arranger ses affaires, après tout. On le présenta à ses nouveaux camarades, lui fit visiter les lieux, tout en lui racontant fièrement bon nombre de casses qu’ils avaient commis.
Comme Remi l’attendait, contrairement à lui, eux ne faisaient aucune distinction entre riche et pauvres et se fichaient de voler toutes les économies d’une personne. Pour eux, le vol était surtout un moyen de s’amuser et de s’enrichir, allant même parfois jusqu’à directement cambrioler des habitations, ce que Remington ne pouvait que mépriser. Apparemment, si la marine avait eu vent de chaque coup commis, ils n’avaient pas encore relié chacun d’entre eux et ne s’imaginait pas qu’il puisse s’agir d’un collectif de brigands. Discrètement, l’archer repéra la petite cabane où ils gardaient précieusement tout l’argent volé qui n’était pas encore dépensé. Celle-ci, en retrait des autres installations, était toujours gardée par des membres du groupes qui se relayaient chaque jour. Autrement dit : il lui faudra être vigilant et se débarrasser de ces personnes s’il voulait restituer cet argent au village.
Fort heureusement, on ne demanda pas de suite à Remi de commettre le moindre crime et il fallait bien le reconnaître, malgré leur nature, ces gens n’en demeuraient pas moins de caractère sympathique et distrayant. Le reste de la journée se passa ainsi sous les rires des grandes discussions et la nuit ne tarda pas à pointer le bout de son nez. Il fut amené dans un grand abri faisant office de dortoir. A l'intérieur, aucun lit, mais bon nombre de hamacs à disposition de tous. C’était à se demander à quoi bon tant chercher à s’enrichir si c’était pour vivre de la sorte, au plein coeur de la forêt.
Pendant près de trois heures, Remington attendit que tout le monde s’endorme, tout en faisant mine d’être lui-même dans les bras de Morphée. Et lorsqu’il fut absolument certain d’être le seul encore réveillé, il se leva tout doucement de son hamac. Par chance, sûrement par égard pour le petit nouveau, on lui avait laissé le choix de la couchette, lui laissant ainsi tout le loisir de sélectionner le plus près du sol et de la sortie. C’est donc sans grande difficulté qu’il pu se glisser en catimini en direction de la sortie, non sans s’être muni de ses affaires au préalable. Après quelques minutes de marche, il arriva à bonne distance de la petite construction faisant office de coffre-fort. De là où il était, il avait une pleine visibilité du lieu, mais lui était correctement dissimulé en hauteur derrière des feuillages. Se munissant de son arc, Remi attrapa une flèche qu’il arma droit sur les gardes. Il se tint en joue quelques secondes, prêt à tirer… avant de se raviser. Non, ces personnes avaient beau être des voleurs, ils ne méritaient pas d’être blessés ou tués dans un bain de sang. Le jeune homme poussa un long soupir tandis qu’il rengaina son arme sur son dos. Il fallait qu’il s'immisce entre eux, qu’il les immobilise au corps-à-corps. S’approchant doucement derrière les deux hommes, Remi décida de commencer par le plus costaud des deux : s’il y en avait un à qui il valait mieux jouer sur l’effet de surprise, c’était bien le plus susceptible de pouvoir le contrer ! Ainsi, après avoir respiré un grand coup du plus discrètement qu’il put, notre infiltré passa à l’action. Il plaqua sa main sur la bouche du gros gaillard tandis que, dans un même geste, il lui donna un coup sec sur la carotide, juste assez fort pour le neutraliser temporairement. Bien sûr, le deuxième homme lui donna plus de mal : fonçant sur lui armé d’une épée, Remi fut bien obligé de sortir son karambit pour le contrer avec agilité. Il fut sur le point de tenter une attaque lorsque, soudainement, l’homme cria à l’aide, ameutant tout le reste de la troupe, armée jusqu'aux dents.
- Et merde…
*
- Reprenons depuis le début : Hier, un homme te suit dans les rues. Il finit par te révéler faire partie d’un groupe de voleurs agissant dans l’ombre de la ville depuis plusieurs mois, sans que nous nous en rendions compte. Tu as accepté dans l’héééééroïque espoir de pouvoir les infiltrer et les dépouiller pour ensuite rendre l’argent au village. Mais tu t’es bêtement fait prendre, et tu as été obligé de t’enfuir...
- Les moqueries et le sarcasme n’étaient pas nécessaires, mais, oui, l’idée est là. Ecoutez. D’accord, c’était peut-être uuun peu ambitieux de ma part de vouloir casser leur petit groupe à moi tout seul. Mais ça m’aura au moins permis de savoir où est leur campement ! Ramenez vos troupes, je pourrais vous y conduire et VOUS vous pourrez les arrêter !
- Du calme, du calme, mon bonhomme. Pour l’instant, on discute. Admettons que toute ton histoire soit vraie. J’aurais juste une petite question pour toi.
- Je vous écoute…
C’était dans un profond soupir que Remington avait prononcé ces mots. Il fallait dire que cela faisait près de dix minutes qu’il tentait d’expliquer la situation à cet officier de la Marine établi au village. Dix minutes de dialogue de sourds, où il eut plus l’impression d’être considéré comme un gamin blagueur que comme un réel informateur bénévole. Et autant dire qu’après tout le mal qu’il s’était donné à sortir de cette forêt, traqué et attaqué par tous ces hommes pendant presque des heures, il aurait préféré meilleur accueil. Le Marine resta là, à le fixer avec circonspection pendant quelques instants, comme s’il réfléchissait à ce qu’il était sur le point de demander à son interlocuteur. Puis, enfin, il reprit doucement :
- Si, comme tu dis, l’homme de ce groupe t’as suivi pendant longtemps avant de te proposer de rejoindre son groupe… C’est que tu l’intéressais d’une quelconque manière, qu’il te pensait utile à ses agissements. Alors… Comment expliques-tu ça ? T’aurait-il directement vu en train de commettre un délit ?
Oups. Encore une fois, lorsque Remi s’était dit qu’il valait mieux prévenir la Marine des manigances de ces gens… il avait omis de penser aux détails techniques. Et cette fois-ci, cela le mettait dans une position relativement délicate.
- Oh, alors voilà une excellente question ! Ehm.. L-laissez-moi donc vous expliquer ça. E-en fait, il se trouve que... REMIIIIIIIIIIIII ! cria-t-il soudainement en cachant son visage, pas tellement discrètement. Oh, bah dis donc, vous entendez ? Je crois qu'on m'appelle, j-je ferais bien de filer, c'est sûrement important ! Ce fut un réel plaisir d'avoir cette conversation avec vous, non, vraiment, je, euh... Salut !
Sans attendre, Remi fit demi-tour et s'élança à toutes jambes loin de cet homme, priant intérieurement d'être seulement pris pour un bouffon de service, et de n'avoir aucun Marines à ses trousses. Vraiment, ça lui apprendra à vouloir faire une bonne action !
Mais heureusement pour lui et sa patience, le jeune archer n’eut pas à attendre plus de temps, car le mystérieux individu se décida enfin à sortir de sa planque. En effet, alors que Remi s’était volontairement arrêté dans une rue déserte pour faire mine de chercher son chemin, il entendit dans son dos une voix si graveleuse qu’elle paraissait presque comme sortie d’outre-tombe.
- Psst. Hé, toi petit ! ‘Vec l’arc !
Un fin sourire satisfait se dessina sur le visage de Remi. Voilà qui n’était pas trop tôt ! Une part de lui, la plus curieuse, eut envie de sauter sur l’homme sans attendre pour l’assaillir de mille et une questions. Néanmoins, parce qu’il voulut se donner un air cool et détaché, le jeune déserteur se contenta de se retourner du plus nonchalamment qu’il put, feignant si fort l’innocence qu’il s’osa même à un petit “plaît-il ?” d’un ton presque noble. Parce qu’il était encore à deux ou trois mètres de là, l’homme lui fit signe de s’approcher d’un geste discret de la main. Pour sûr, vu une attitude pareille, il ne le suivait certainement pas parce qu’il avait eu le coup de foudre pour lui. D’une moue songeuse, Remington consentit à faire comme demandé et s’avança vers le mystérieux inconnu d’une démarche qu’on pourrait juger un peu trop légère compte tenu de la situation. Une fois devant lui, un détail frappa immédiatement Remi : la sale tête et les gros cernes de son admirateur secret. Haussant un sourcil interloqué, il ne put s’empêcher de lui faire remarquer d’une voix empreinte d’ironie :
- J’espère pour toi que tu cherches pas un dealer, ou t’en auras fait, de la marche pour rien !
L’homme ne se formalisa pas de la remarque de Remi, se contentant de l’ignorer comme s’il n’avait rien dit. De nouveau, il regarda furtivement aux alentours avant de se rapprocher un peu plus du garçon qui, de la sorte, eu tout le loisir de constater la parfaite adéquation entre son haleine et sa face. Remi aurait voulu s’en éloigner, malheureusement, l’homme avait pris la parole d’un ton si bas qu’il lui aurait été impossible de l’entendre.
- J’ai que’que chose à t’proposer, gamin.
- Moi aussi : une brosse à dents, répliqua le jeune homme d’un ton faussement sérieux. Tu verras, c’est très chouette.
- J’t’ai vu, t’à l’heure, faire les poches a c’richard. T’as du style, le mioche ! Ce sale rat n’a rien vu v’nir ! J’ai just’ment un groupe qui d’vrait t'intéresser… c’est des gens d’ta trempe dont on a b’soin.
Deux choses, concernant cet homme : premièrement, Remi ne savait pas si c’était lié à l’habitude ou autre chose, mais, vraiment, aucun moyen de le faire réagir avec ses piques, ce qui le rendait nettement moins drôle à ses yeux. Et deuxièmement, quelle était donc cette histoire de groupe qui l’intéresserait ? Comment pouvait-il savoir ce qui allait ou non être digne de son intérêt ? Et puis, sérieusement : qu’est-ce que c’était que cette ridicule façon de parler ? … Bon, d’accord. Trois choses, en réalité.
- Un… groupe ? C’est à dire ?
- On y fait toutes sortes de coups ! Crois-moi, morveux, dans c’coin, y’a pas meilleur business ! Tu d’viendras aussi riche que nous !
- Tant que ça ? répondit-il en haussant un sourcil. Quelle sorte de coups exactement ?
- Ah, ça ! Tu s’rais impressionné ! Des arnaques, des p’tits vols à la sauvette, du pillage… c’est un bon réseau, l’organisation, c’est not’ truc !
Remi vit de suite plus clair. Une chose était sûre, cet homme avait raison : sa proposition implicite pour les rejoindre l’intéressait. Mais pas pour les raisons qu’il pensait. Pour le jeune homme, le vol n’était qu’une solution s’étant imposée à lui pour pouvoir manger à sa faim lors de ses voyages. Il faisait toujours attention à détrousser les personnes qui n’en souffriraient a priori pas et s’arrêtait toujours au strict minimum. Les rêves de richesse ne l’avaient jamais intéressé et il n’avait pas que ça à faire, de toute façon. Néanmoins… L’idée de pouvoir infiltrer puis démanteler à lui tout seul un réseau de voleurs n’était pas pour lui déplaire. Bien sûr, c’était quelque chose de très risqué et de dangereux, mais… encore une fois, il ne s'embêta pas des détails techniques : ça sentait l’adrénaline à plein nez, et il adorait ça !
Ainsi, Remi fit mine d’être impressionné et accepta la proposition de l’homme. Sans attendre, l’homme fit signe à son nouvel acolyte de le suivre et tout deux s’en allèrent rejoindre ce que le recruteur appelait “la planque”. Il s’agissait d’un refuge en dehors du village, dans une forêt non loin de là. L’archer fut réellement surpris de l’accueil presque chaleureux qu’on lui réserva. Lui qui s’était imaginé, lors du trajet, des personnes bourrues et méfiantes, et même qu’on lui donne des missions-test pour prouver sa valeur… En fait, pas du tout. L’homme l’ayant repéré avait très certainement exagéré leur côté organisation secrète, car de ce qu’il voyait, Remington eut plus l’impression de se trouver face à une bande de copains ayant décidé de gagner leur vie par les délits en tous genre. Mais, bon. Il n’allait pas s’en plaindre, cela devrait nettement arranger ses affaires, après tout. On le présenta à ses nouveaux camarades, lui fit visiter les lieux, tout en lui racontant fièrement bon nombre de casses qu’ils avaient commis.
Comme Remi l’attendait, contrairement à lui, eux ne faisaient aucune distinction entre riche et pauvres et se fichaient de voler toutes les économies d’une personne. Pour eux, le vol était surtout un moyen de s’amuser et de s’enrichir, allant même parfois jusqu’à directement cambrioler des habitations, ce que Remington ne pouvait que mépriser. Apparemment, si la marine avait eu vent de chaque coup commis, ils n’avaient pas encore relié chacun d’entre eux et ne s’imaginait pas qu’il puisse s’agir d’un collectif de brigands. Discrètement, l’archer repéra la petite cabane où ils gardaient précieusement tout l’argent volé qui n’était pas encore dépensé. Celle-ci, en retrait des autres installations, était toujours gardée par des membres du groupes qui se relayaient chaque jour. Autrement dit : il lui faudra être vigilant et se débarrasser de ces personnes s’il voulait restituer cet argent au village.
Fort heureusement, on ne demanda pas de suite à Remi de commettre le moindre crime et il fallait bien le reconnaître, malgré leur nature, ces gens n’en demeuraient pas moins de caractère sympathique et distrayant. Le reste de la journée se passa ainsi sous les rires des grandes discussions et la nuit ne tarda pas à pointer le bout de son nez. Il fut amené dans un grand abri faisant office de dortoir. A l'intérieur, aucun lit, mais bon nombre de hamacs à disposition de tous. C’était à se demander à quoi bon tant chercher à s’enrichir si c’était pour vivre de la sorte, au plein coeur de la forêt.
Pendant près de trois heures, Remington attendit que tout le monde s’endorme, tout en faisant mine d’être lui-même dans les bras de Morphée. Et lorsqu’il fut absolument certain d’être le seul encore réveillé, il se leva tout doucement de son hamac. Par chance, sûrement par égard pour le petit nouveau, on lui avait laissé le choix de la couchette, lui laissant ainsi tout le loisir de sélectionner le plus près du sol et de la sortie. C’est donc sans grande difficulté qu’il pu se glisser en catimini en direction de la sortie, non sans s’être muni de ses affaires au préalable. Après quelques minutes de marche, il arriva à bonne distance de la petite construction faisant office de coffre-fort. De là où il était, il avait une pleine visibilité du lieu, mais lui était correctement dissimulé en hauteur derrière des feuillages. Se munissant de son arc, Remi attrapa une flèche qu’il arma droit sur les gardes. Il se tint en joue quelques secondes, prêt à tirer… avant de se raviser. Non, ces personnes avaient beau être des voleurs, ils ne méritaient pas d’être blessés ou tués dans un bain de sang. Le jeune homme poussa un long soupir tandis qu’il rengaina son arme sur son dos. Il fallait qu’il s'immisce entre eux, qu’il les immobilise au corps-à-corps. S’approchant doucement derrière les deux hommes, Remi décida de commencer par le plus costaud des deux : s’il y en avait un à qui il valait mieux jouer sur l’effet de surprise, c’était bien le plus susceptible de pouvoir le contrer ! Ainsi, après avoir respiré un grand coup du plus discrètement qu’il put, notre infiltré passa à l’action. Il plaqua sa main sur la bouche du gros gaillard tandis que, dans un même geste, il lui donna un coup sec sur la carotide, juste assez fort pour le neutraliser temporairement. Bien sûr, le deuxième homme lui donna plus de mal : fonçant sur lui armé d’une épée, Remi fut bien obligé de sortir son karambit pour le contrer avec agilité. Il fut sur le point de tenter une attaque lorsque, soudainement, l’homme cria à l’aide, ameutant tout le reste de la troupe, armée jusqu'aux dents.
- Et merde…
*
- Reprenons depuis le début : Hier, un homme te suit dans les rues. Il finit par te révéler faire partie d’un groupe de voleurs agissant dans l’ombre de la ville depuis plusieurs mois, sans que nous nous en rendions compte. Tu as accepté dans l’héééééroïque espoir de pouvoir les infiltrer et les dépouiller pour ensuite rendre l’argent au village. Mais tu t’es bêtement fait prendre, et tu as été obligé de t’enfuir...
- Les moqueries et le sarcasme n’étaient pas nécessaires, mais, oui, l’idée est là. Ecoutez. D’accord, c’était peut-être uuun peu ambitieux de ma part de vouloir casser leur petit groupe à moi tout seul. Mais ça m’aura au moins permis de savoir où est leur campement ! Ramenez vos troupes, je pourrais vous y conduire et VOUS vous pourrez les arrêter !
- Du calme, du calme, mon bonhomme. Pour l’instant, on discute. Admettons que toute ton histoire soit vraie. J’aurais juste une petite question pour toi.
- Je vous écoute…
C’était dans un profond soupir que Remington avait prononcé ces mots. Il fallait dire que cela faisait près de dix minutes qu’il tentait d’expliquer la situation à cet officier de la Marine établi au village. Dix minutes de dialogue de sourds, où il eut plus l’impression d’être considéré comme un gamin blagueur que comme un réel informateur bénévole. Et autant dire qu’après tout le mal qu’il s’était donné à sortir de cette forêt, traqué et attaqué par tous ces hommes pendant presque des heures, il aurait préféré meilleur accueil. Le Marine resta là, à le fixer avec circonspection pendant quelques instants, comme s’il réfléchissait à ce qu’il était sur le point de demander à son interlocuteur. Puis, enfin, il reprit doucement :
- Si, comme tu dis, l’homme de ce groupe t’as suivi pendant longtemps avant de te proposer de rejoindre son groupe… C’est que tu l’intéressais d’une quelconque manière, qu’il te pensait utile à ses agissements. Alors… Comment expliques-tu ça ? T’aurait-il directement vu en train de commettre un délit ?
Oups. Encore une fois, lorsque Remi s’était dit qu’il valait mieux prévenir la Marine des manigances de ces gens… il avait omis de penser aux détails techniques. Et cette fois-ci, cela le mettait dans une position relativement délicate.
- Oh, alors voilà une excellente question ! Ehm.. L-laissez-moi donc vous expliquer ça. E-en fait, il se trouve que... REMIIIIIIIIIIIII ! cria-t-il soudainement en cachant son visage, pas tellement discrètement. Oh, bah dis donc, vous entendez ? Je crois qu'on m'appelle, j-je ferais bien de filer, c'est sûrement important ! Ce fut un réel plaisir d'avoir cette conversation avec vous, non, vraiment, je, euh... Salut !
Sans attendre, Remi fit demi-tour et s'élança à toutes jambes loin de cet homme, priant intérieurement d'être seulement pris pour un bouffon de service, et de n'avoir aucun Marines à ses trousses. Vraiment, ça lui apprendra à vouloir faire une bonne action !
Informations IRL
• Prénom : Emma
• Age : 25 ans
• Aime : Broadway, Sherlock Holmes, Disneyland, glander jusqu'à pas d'heure, faire chier mon monde
• N'aime pas : répondre au téléphone, les fins de mois, l'avion, skier, être sur le banc de touche
• Personnage préféré de One Piece : entre Traffy & Zorro mon coeur balance !
• Caractère : Grosse flemmasse qui aime bien quand même bouger quand c'est pour quelque chose d'intéressant la joyeuseté est mon amie !
• Fait du RP depuis : quelques années déjà
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ONE PIECE REQUIEM
Dernière édition par Remington Vade le Jeu 15 Juin 2017 - 12:54, édité 9 fois