- « La porte des héros qu’ils l’appellent. Elle est immense. Le passage n’est pas difficile. Avec un peu de ruse, même toi, tu y arriveras sans problèmes. Pour le motif de ton séjour… Eh bien… Voyons voir… Que dirais-tu de te faire passer pour un fidèle de la déesse Amoteraso ? Elle a important culte là-bas, d’autant plus que ces ploucs pensent que l’impératrice est sa réincarnation… »
Les mots de Cherry passaient et repassaient dans mon esprit à mesure que ma petite caravelle progressait doucement mais surement vers Tetsu. J’y étais enfin ! L’une des fameuses îles sous la coupe de Kiyori. Après des semaines de recherches et de préparations ! Sa superficie semblait impressionnante puisqu’elle s’étendait infiniment sur la largeur. Une vraie île-continent à l’instar d’Alabasta par exemple. Mais ce qui était encore plus spectaculaire, c’était ce gigantesque édifice qui faisait à la fois office d’entrée et de sortie : La porte des héros. Premier obstacle à franchir. Je croisai les bras en l’observant depuis le pont de mon embarcation. Elle me faisait penser aux différentes portes de la justice du courant Tarai. A vue d’œil, c’était pratiquement les mêmes dimensions. Pratiquement. Je finis par avoir un sourire. Mon avenir allait s’écrire ici. J’allais me jeter dans la gueule du loup et c’était peu d’le dire ! Kiyori n’était peut-être pas dans le coin, mais la puissance de feu de cette île était suffisante pour écraser la petite fourmi que j’étais. Le rapport que Cherry avait daigné m’écrire, je l’avais appris par cœur carrément. Toutes les informations étaient dans ma tête. Tout avait été bon à prendre. Même les infos dites insignifiantes.
- « Qu’est-ce que tu penses de mon idée ? Elle est bonne, non ? »
- « Non. J’vais faire mieux ! »
- « Ah bon ? Et tu vas inventer quoi ? »
- « Secret défense. »
Des souvenirs de conversations avec la CP5 vinrent me distraire, alors que mon navire se rapprochait inexorablement de la porte des héros. Un fidèle d’Amoteraso ? Ça m’avait semblait trop léger. J’avais opté pour quelque chose de bien mieux : Un chercheur en religions et sciences occultes. Je pouvais combiner cette petite couverture avec l’excuse que je venais également faire du tourisme dans le coin. Ça me paraissait bien plus intéressant que de me passer pour un simple fanatique. Un peu moins crédible comme argument, vu que ça devait être peu commun que celui de l’ascète venu en plein pèlerinage, mais peu importe. J’étais lancé et il était trop tard pour faire machine arrière. D’ailleurs, je pouvais voir de loin un cap se dessiner au pied de la porte. Un port externe qui faisait certainement office de point de passage. Je levai mes yeux une dernière fois vers la voute céleste parsemée çà et là de quelques gros nuages avant de prendre une profonde inspiration. Alheïri Salem Fenyang n’existait plus. Seul Bith O’Brien, éminent professeur et chercheur était à bord de ce bateau. Mon cœur se mit à battre à cent à l’heure, mais quelques profondes inspirations m’aidèrent à me calmer et à me détendre. Je ne jouais pas que ma vie…
Je jouais mon poste au sein de la marine. Ma dignité aussi. Tout un tas de trucs…
En d’autres termes, je n’avais pas le droit à l’erreur.
Pendant les minutes qui suivirent, je fis le vide dans mon esprit. La clé était d’être zen. L’ombre affolante de la porte des héros couvrait maintenant mon navire des rayons du soleil. J’avais maintenant pénétré la zone maritime de l’île. Dans moins de dix minutes, j’allais enfin accoster sur le bout de terre devant moi. Mais plutôt que de rester bras croisés dans le coin, je rentrai à l’intérieur de ma caravelle pour vérifier s’il n’y avait rien de compromettant. Après cinq minutes de vérifications, je soufflai. J’étais « clean ». Je revins donc au pont pour manœuvrer correctement mon navire. J’étais après tout un navigateur aguerri. C’était même mon premier métier avant celui d’officier dans les rangs. Bien longtemps d’ailleurs que je n’avais pas été à la barre comme ça. Le tout devait remonter au Léviathan. Le fameux Léviathan. Chef d’œuvre d’une vie… Lorsque j’arrivai enfin vers la terre ferme, j’accostai sans aucun problème, avant de m’approcher d’un bastingage pour regarder par-dessus bord. Au sol ? Une armée d’une trentaine de personnes m’attendait déjà. Rapides. Ne me faisant pas prier, je claquai mes joues plusieurs fois de suite pour me donner de l’entrain et du courage avant de me diriger vers l’échelle de coupée pour fouler la terre de Kiyori.
Le destin du monde se jouait maintenant.
Dernière édition par Alheïri S. Fenyang le Dim 11 Juin 2017 - 23:56, édité 1 fois