Des ruelles continuellement plongées dans l'obscurité, la lumière salvatrice du jour peinant à percer jusqu'ici, des relents de pisse et de gerbe agressant les narines, des types à la mine pas nette en guetteurs à tous les coins de rues, il faisait bon vivre dans les bas-fonds de Citadelle. En plus de cela, pas une personne que l'on pouvait croiser vous inspirer suffisamment confiance ou sympathie pour avoir envie d'engager la conversation ou simplement la saluer. Ils semblaient tous pourris de l'intérieur, et la plupart dépérissait de l'extérieur tant leur misérable vie les accablait. C'était comme si on avait recueilli les crapules de ce monde, les misérables de cette terre et qu'on avait fait le choix ô combien judicieux de les placer tous dans un coin de Citadelle, pour qu'ils y crèvent à l'abri des regards, là où cela ne dérangerait personne. Ce que l'on ne voit pas ne nous choque pas. Et les pauvres citoyens des bas-fonds, pas même le soleil ne pouvait les voir, ni même leur faire profiter de la chaleur de ses rayons.
Un jour, j'me casserai d'ici, pensez régulièrement le jeune homme-poisson, Elijah. Tout juste entrait-il dans l'adolescence, qu'il élaborait déjà des plans pour les emmener, lui et sa mère qu'il n'abandonnerait jamais, loin de cet enfer vivant. Si habiter au sein de cette fortification géante dirigée d'une main de fer par le tyran n'était pas chose aisée, le faire avec peu de moyens financiers relevait de l'impossible. Les Croq'Dur cumulait en plus de cela un désavantage unique, leur race qui était tout sauf accepté et respecté par les humains. Hargneux, moqueur, belliqueux à leur égard, l'on ne pouvait pas espérer s'en sortir quand on appartenait à l'espèce amphibienne. Et si ces derniers en étaient encore à se demander pourquoi tant de haine, les humains eux se contentaient de les insulter, les violenter et les humilier. Ils étaient un défouloir bienvenue dans ce monde de chien dont ils étaient au final tous prisonniers, humains comme poissons. Pas étonnant que tout le monde cherchait une issue de secours...
Le mercredi était le jour préféré du piranha, car il annonçait la mise en place du plus grand marché ouvert que l'on pouvait trouver dans les quartiers pauvres de l'île forteresse. Le plus imposant, mais également le plus dangereux et malfamé des marchés. Le rendez-vous des voleurs, violeurs, criminels, dealers, prédateurs, ainsi que de rares et honnêtes gens, désireux de refaire le plein de nourritures, vêtements et autres bricoles pour pas cher. Ici, l'étalage de fruits et légumes côtoyaient celui de vente d'armes contondantes à sa droite, et celui de revente de mécanismes complexes en tout genre à sa gauche, tous étant généralement des prototypes défectueux et invendus. Dissimulé sous un large blouson à capuche dérobait il y a de cela quelques jours à un sans-abri pionçant à même le trottoir, notre protagoniste déambulait à travers les passages formés naturellement par les deux lignées de stands installés en parallèle les uns aux autres. Comme à son habitude, il avait effectué un premier passage à vide, histoire de repérer les nouveaux vendeurs.
Ils représentaient les victimes les plus faciles, encore un peu trop inconsciente de la galère dans laquelle elles s'embarquaient en choisissant ce marché comme point de vente. Il y en avait justement un qui avait capté son attention tant cela paraissait facile de lui subtiliser sa marchandise. Un bon gros vendeur de viande, grassouillet et suintant de sueur au moindre effort effectué. Le cliché du boucher répugnant, laid et ventripotent, dont la bedaine sortait de sa tenue de travail et dont le regard porcin un brin malsain en était dérangeant lorsqu'il se fixait sur vous. Sans pression, si jeune et pourtant déjà rompu aux techniques de subtilisation de nourriture sur un étalage, c'est lorsqu'il se retrouva en plein échange avec un client qu'il passa à l'action. Sorti de l'ombre, ses bras se tendirent en direction de la viande et ses mains violacées se refermèrent sur deux gros morceaux dont il s'empara avant de déguerpir à grandes enjambées. L'autre ne pu que beugler entre deux étouffements pour attirer l'attention sur le voleur.
HEY ! SALE VOYOU ! *Grmph* REPOSE -MOI CA TOUT DE SUITE ! OH ! *Grmph* REVIENS ICI SALE RACE ! AU VOLEUR ! *GRMPH* AU VOLEEEEUR !
Pi-pi-pi-pi...
Le commerçant hurler à s'en décrocher les poumons, espérant vainement qu'une âme héroïque prendra cinq minutes de son temps pour arrêter le voleur dans sa tentative de larcin. L'intéressé lui, ses deux morceaux de viandes grillées sous les bras, ne doute pas un seul instant du résultat d'une tentative pareille. Personne ne viendra en aide à ce gros bonhomme dépassé par la situation, ou privé d'arriver d'air dans la cervelle pour croire qu'une telle chose se produirait ici. A Citadelle, la règle d'or est de se démerder soi-même, ou de prier l'Archityran que ses hommes passent par là pour faire leur travail. Et encore, même là, qui miserait sur de pareilles pourritures pour effectuer une bonne action ? Elijah ne le sait que trop bien, même du haut de ses quinze années, cette ville ne favorise pas l'entraide et le civisme. Aussi jeune voleur qu'il était, dérober cette viande se révélait être aussi facile que d'enfiler un pantalon. Il suffisait juste que sa mère lui montre la technique une fois et le tour était joué.
Pas si vite la poiscaille.
Tout juste eut-il le temps de localiser l'emplacement de l'intéressé à qui appartenait cette vois qu'il fut fauché aux jambes dans sa course. Un objet lourd qui l'envoya valdinguer d'une pirouette vers l'avant, tête la première contre le bitume, qu'il heurta sèchement de son front.
Tu cours où comme ça, avec ma graille ?
Un jour, j'me casserai d'ici, pensez régulièrement le jeune homme-poisson, Elijah. Tout juste entrait-il dans l'adolescence, qu'il élaborait déjà des plans pour les emmener, lui et sa mère qu'il n'abandonnerait jamais, loin de cet enfer vivant. Si habiter au sein de cette fortification géante dirigée d'une main de fer par le tyran n'était pas chose aisée, le faire avec peu de moyens financiers relevait de l'impossible. Les Croq'Dur cumulait en plus de cela un désavantage unique, leur race qui était tout sauf accepté et respecté par les humains. Hargneux, moqueur, belliqueux à leur égard, l'on ne pouvait pas espérer s'en sortir quand on appartenait à l'espèce amphibienne. Et si ces derniers en étaient encore à se demander pourquoi tant de haine, les humains eux se contentaient de les insulter, les violenter et les humilier. Ils étaient un défouloir bienvenue dans ce monde de chien dont ils étaient au final tous prisonniers, humains comme poissons. Pas étonnant que tout le monde cherchait une issue de secours...
Le mercredi était le jour préféré du piranha, car il annonçait la mise en place du plus grand marché ouvert que l'on pouvait trouver dans les quartiers pauvres de l'île forteresse. Le plus imposant, mais également le plus dangereux et malfamé des marchés. Le rendez-vous des voleurs, violeurs, criminels, dealers, prédateurs, ainsi que de rares et honnêtes gens, désireux de refaire le plein de nourritures, vêtements et autres bricoles pour pas cher. Ici, l'étalage de fruits et légumes côtoyaient celui de vente d'armes contondantes à sa droite, et celui de revente de mécanismes complexes en tout genre à sa gauche, tous étant généralement des prototypes défectueux et invendus. Dissimulé sous un large blouson à capuche dérobait il y a de cela quelques jours à un sans-abri pionçant à même le trottoir, notre protagoniste déambulait à travers les passages formés naturellement par les deux lignées de stands installés en parallèle les uns aux autres. Comme à son habitude, il avait effectué un premier passage à vide, histoire de repérer les nouveaux vendeurs.
Ils représentaient les victimes les plus faciles, encore un peu trop inconsciente de la galère dans laquelle elles s'embarquaient en choisissant ce marché comme point de vente. Il y en avait justement un qui avait capté son attention tant cela paraissait facile de lui subtiliser sa marchandise. Un bon gros vendeur de viande, grassouillet et suintant de sueur au moindre effort effectué. Le cliché du boucher répugnant, laid et ventripotent, dont la bedaine sortait de sa tenue de travail et dont le regard porcin un brin malsain en était dérangeant lorsqu'il se fixait sur vous. Sans pression, si jeune et pourtant déjà rompu aux techniques de subtilisation de nourriture sur un étalage, c'est lorsqu'il se retrouva en plein échange avec un client qu'il passa à l'action. Sorti de l'ombre, ses bras se tendirent en direction de la viande et ses mains violacées se refermèrent sur deux gros morceaux dont il s'empara avant de déguerpir à grandes enjambées. L'autre ne pu que beugler entre deux étouffements pour attirer l'attention sur le voleur.
HEY ! SALE VOYOU ! *Grmph* REPOSE -MOI CA TOUT DE SUITE ! OH ! *Grmph* REVIENS ICI SALE RACE ! AU VOLEUR ! *GRMPH* AU VOLEEEEUR !
Pi-pi-pi-pi...
Le commerçant hurler à s'en décrocher les poumons, espérant vainement qu'une âme héroïque prendra cinq minutes de son temps pour arrêter le voleur dans sa tentative de larcin. L'intéressé lui, ses deux morceaux de viandes grillées sous les bras, ne doute pas un seul instant du résultat d'une tentative pareille. Personne ne viendra en aide à ce gros bonhomme dépassé par la situation, ou privé d'arriver d'air dans la cervelle pour croire qu'une telle chose se produirait ici. A Citadelle, la règle d'or est de se démerder soi-même, ou de prier l'Archityran que ses hommes passent par là pour faire leur travail. Et encore, même là, qui miserait sur de pareilles pourritures pour effectuer une bonne action ? Elijah ne le sait que trop bien, même du haut de ses quinze années, cette ville ne favorise pas l'entraide et le civisme. Aussi jeune voleur qu'il était, dérober cette viande se révélait être aussi facile que d'enfiler un pantalon. Il suffisait juste que sa mère lui montre la technique une fois et le tour était joué.
Pas si vite la poiscaille.
Tout juste eut-il le temps de localiser l'emplacement de l'intéressé à qui appartenait cette vois qu'il fut fauché aux jambes dans sa course. Un objet lourd qui l'envoya valdinguer d'une pirouette vers l'avant, tête la première contre le bitume, qu'il heurta sèchement de son front.
Tu cours où comme ça, avec ma graille ?