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Tout voyage commence par une recherche

Mens sana in corpore sano

Amertume. Douleur et ténèbres. Un trou béant emplissait son cœur, et rien ne pouvait combler ce manque. On lui avait arraché une partie de son âme et il ne pouvait lutter contre ce sentiment douloureux d’abandon. Une soif inextinguible de vengeance avait alors remplacé son besoin de justice, une nécessité brûlante de venger son nom et de laver l’honneur de sa famille. Mais le chagrin était trop fort pour qu’il fût capable de rester objectif en toute circonstance. En ces temps troublés, la meilleure chose restait encore de ne pas agir, et il était encore assez sage pour reconnaître cela, bien qu’il lui en coûta beaucoup de l’admettre. Son frère était tombé, il n’avait pas même pu glaner une information sur lui. La seule chose qui lui permettait encore de le savoir encore en vie était son âme, qu’il sentait encore complète. Un concept bien étrange, mais tous ces indices, tous ces actes auraient été vains si cela avait mener à tuer Césare. Trop d’hommes menés à l’abattoir, tant d’efforts pour une cause perdue ? Il n’y croyait pas. Personne n’avait de plus clamé la mort de ce dangereux criminel, Révolutionnaire important, leader de son groupuscule. Non, il était vivant. L’étrange sens qui reliait les deux jumeaux soufflait la même chose aux oreilles de l’assassin, et ce ne fût que grâce à ces maigres impressions qu’il put réussir à ne pas sombrer dans la folie. Mais les ténèbres étaient si profondes …


« Bouge de là, vieille carcasse ! » tonna une voix lointaine.

Rafaelo releva la tête, sa vue était totalement brouillée. Il ne percevait rien mis à part un tablier blanc sur un homme qui essayait de le soulever. Il percevait le contact rugueux de la table en bois sur laquelle il reposait, mais très ténu. Le jeune homme se releva légèrement et voulu se dégager sous la pression des mains calleuses. Il ne réussit qu’à tomber de sa chaise, et se retrouva affalé de tout son long sur le carrelage glacier de l’endroit. Il se tourna sur le ventre et sentit son torse se faire tirer vers le haut. Il lâcha malgré lui un hoquet, à deux doigts de vomir, et se débattit légèrement. L’homme le lâcha, et il s’écrasa de nouveau, mais eut cette fois le réflexe de se rattraper avec ses mains. Il ploya un genou et réussit à se relever, repoussant d’un bras hasardeux l’aide du tavernier. Ne maîtrisant pas son geste, il asséna un violent coup de coude à l’homme, qui l’atteignit en plein dans le menton. Surpris, il s’affala de tout son long dans un bruit sourd, mais l’assassin ne s’en rendit même pas compte. Il continua sa route tortueuse vers la porte, d’où un vent frais soufflait. Il se prit une table, lorsque deux paires de bras le saisirent sous les coudes et l’amenèrent dehors. Le froid de la nuit le réveilla soudain, et il rendit ses tripes sur le pas de la porte, tirant un juron étouffé des deux videurs de l’auberge. La prise sur ses épaules se resserra, lui tirant une grimace de douleur, malgré l’état dans lequel il se trouvait. Il vit le sol défiler sous ses pieds, mais il ne comprit pas réellement où il allait. Ce ne fut que lorsqu’il sentit le sol se dérober sous lui, et le contact visqueux et malodorant de la boue qu’il revint à ses esprits. Le reste du trajet n’était à présent plus qu’un flou nauséeux. Un violent coup de pied vint lui faire à nouveau rendre son repas, suivit de plusieurs. Un filet de sang s’échappa alors de sa bouche, et les malabars se décidèrent enfin à cesser leur petit jeu, laissant l’ivrogne cuver sa vinasse dans la porcherie. Rafaelo voulut se relever, mais à peine posa-t-il sa main dans le mélange d’eau, de terre et de déjection que ses forces l’abandonnèrent, et il sombra dans un profond sommeil.

Le Soleil, à son zénith, réveilla l’assassin, du moins autant que l’odeur. La tenue soignée de Rafaelo n’avait pas survécu à la soirée, et elle était irrémédiablement crottée. Il s’assit, autant qu’il put, et exerça une forte pression sur ses temps, à l’aide de la paume de ses mains. Un violent mal de crâne le foudroyait. Il secoua la tête pour se remettre les idées en place, et grimaça de dégoût en constatant l’étendue de sa débauche. Il glissa une main tremblante vers sa bourse, et constata avec dépit que le cordon avait était sectionné. Evidemment, on s’était servi sur lui et il n’avait pas même été capable de réagir. Il s’essuya négligemment la bouche et constata avec étonnement du sang séché sur ses doigts. Les souvenirs étaient encore flous, mais la douleur était bien présente. Il tenta de se relever, mais ne put que lâcher un hoquet de souffrance. Il souleva ses vêtements et constata de larges ecchymoses violacées. Il laissa sa tête aller en arrière et se la cogna contre le panneau de bois plusieurs fois, jusqu’à ce que le groin d’un verrat ne vienne le déranger. Il se traina alors hors de la porcherie et prit sur lui de se relever. Il grimaça légèrement mais tint bon, tandis que ses pas le dirigeaient vers la rivière la plus proche. Il illustrait à merveille la déchéance dans laquelle le chagrin de la disparition de son frère l’avait plongé. Et chaque matin, il se réveillait en jurant de ne pas répéter les erreurs de la veille … chaque matin.

~~~

L’eau était glaciale, mais cela faisait du bien. Rafaelo détacha ses cheveux et se plongea entièrement dans le fleuve, sous le regard outrée des demoiselles passant leur chemin. Quoi qu’outré ne fût pas vraiment le mot … Il y resta quelques secondes, profitant du doux courant de la berge et refit surface doucement. Ses vêtements étaient posés en tas sur le rebord et il n’avait conservé que ses chausses. Il regagna l’endroit et entreprit de sécher un peu au Soleil avant d’enfiler sa chemise, qu’il avait au préalable lavé dans le fleuve. Il s’attacha les cheveux en un catogan serré et décidé, une fois pour toute, de se reprendre en main. Un légère barbe avait commencé à prendre le pas sur son visage, il commencerait par arranger cela. Il enfila le reste de ses affaires puis entreprit de se diriger vers le débarras qu’il occupait actuellement, et qui lui faisait office de planque. Là-bas, il revêtirait une fois pour toute sa tenue d’assassin et ne se défilerait plus face à ses devoirs. À commencer par la Confrérie, toute l’institution de son frère était à reprendre, et il se devait de lui faire honneur. De même, toutes les attributions de son frère lui revenaient de droit, car il n’avait pas souvenir que celui-ci se soit engagé dans quelque chose sans lui en faire part, sans lui attribuer une part importante des décisions. Il devrait faire honneur à Césare. Lui n’aurait pas toléré la dépravation dans laquelle Rafaelo était tombé, trois semaines déjà qu’il avait disparu, trois longues semaines que l’assassin avait passé à s’enivrer et à déprimer. Un constat bien peu reluisant de sa situation, mais que pouvait-il y faire ? Il n’existait pas de solution miracle, et il devait s’en remettre à lui-même. Il espérait au moins que cette fois, il se tiendrait à sa décision, et ne sombrerait pas à nouveau dans un nouvel épisode de dépression l’amenant inéluctablement dans la moins fréquentable des tavernes du coin. Il était temps pour lui de quitter cet endroit et de se remettre à officier tel qu’il l’avait toujours fait.

Ce fut sur ces pensées qu’il arriva à l’endroit où tout son matériel était dissimulé. Après avoir bien fait attention à ne pas être suivi, Rafaelo se faufila à l’intérieur et entreprit de fixer tout son attirail. Il vida l’endroit de tout ce qui pouvait lui appartenir puis mit les voiles sans se préoccuper d’autre chose. Il était devenu clair à ses yeux qu’il n’avait pas assez de force pour lutter, qu’il se devait de trouver une alternative à sa faiblesse apparente. En effet, il n’avait pu que regarder son frère se sacrifier pour lui en maintes occasions, mais jamais il n’avait été capable de lui rendre la pareille. Il n’était que trop ralenti par sa condition d’humain, et c’était en ce temps une chose tout sauf superflue. Il avait pu constater maintes merveilles en ce monde, et l’un deux restait sans conteste le pouvoir de son frère. Il avait été présent lorsqu’il avait avalé ce fruit écœurant, son fruit du démon. Il avait à l’époque considérer cette chose avec dédain, l’assimilant plus à une tricherie qu’autre chose, et s’était juré de dépasser son frère malgré cela. Cependant, il se devait aujourd’hui de reconnaître qu’il avait été clairvoyant. S’ajoutait à cela le fait que ses ennemis, dans le Gouvernement ou la Marine, possédaient eux aussi de telles armes. En effet, plus il se perfectionnait, plus ses ennemis devenaient redoutables. Il avait affronté un homme possédant un fruit élastique, ou encore entendu l’étrange histoire de l’Amiral Aokiji, homme des glaces. Il avait ainsi, peu à peu, glané des informations sur ces dits fruits du démon et appris qu’il en existait plusieurs classes. Paramecia, Zoan et Logia. Il voulait à présent s’affranchir totalement de sa condition humaine et savait qu’il n’y avait pour cela qu’un seul type de fruit qui puisse lui convenir, un fruit des éléments, un des plus puissants qui existât : un Logia. Cette pensée tira un ricanement sinistre à l’assassin. Qu’il soit devenu si avare de puissance ne lui ressemblait pas, mais la disparition de son frère l’avait plus changé qu’il aurait voulu l’admettre. Ce désir, autrefois absent, avait lentement corrompu son cœur pour en faire aujourd’hui une obsession implacable. Et c’est sur cette idée qu’il écumait les Blues, toujours à la recherche de ce fruit fatidique. Mais à chaque fois, cela se terminait de la même manière : au fond d’une auberge à cuver son vin. Pourtant, il ne savait pas encore que le vent allait tourner pour lui, que sa chance lui souriait enfin …

« Halte, qui va là ? »
tonna une profonde voix, de l’autre côté de la ruelle.

L’assassin se stoppa net, et rabaissa d’un geste maniaque sa capuche. Il se tourna lentement vers son interlocuteur, ne lui laissant apercevoir que le bas de son visage, où un sourire mesquin trônait. Il releva la tête et observa le Marine qui lui faisait face, flanqué de ses deux comparses. Il avait une main posée sur le pommeau de son épée, et avançait d’un pas vif vers lui. Rafaelo écarta ses deux bras, les éloignant de ses armes visibles. Un étrange rire sourd s’échappa de sa gorge, inaudible pour les Marines.

« Veuillez obtempérer et aucun mal ne vous sera fait. On nous a signalé la présence d’un dangereux assassin dans Logue Town, qui aurait déjà sévi ici par le passé. Baissez votre capuche, et aucun mal ne vous sera fait. » ordonna le soldat.

L’Auditore pencha la tête sur le côté, découvrant un sourire sadique à l’agent. Il fit jouer ses doigts et sentit un frisson de haine lui parcourir l’échine. La Marine. Ceux qui lui avaient ôté sa famille, dans son ensemble. D’abord ses parents, carbonisés, écrasés dans leur propre maison. Et maintenant son frère, son jumeau. Césare. Nul tourment ne serait assez grand pour eux. Nul trou assez profond, nulle demeure assez protégée. Il les trouverait tous, et les tuerait jusqu’au dernier.

« Je ne crois pas que je vais obtempérer. Déjà, parce que ce n’est pas moi que vous cherchez, voyez-vous ? » murmura-t-il, presque avec douceur.

Le Marine se stoppa brusquement, et dégaina son épée d’un geste. Une intense aura meurtrière s’exhalait de l’homme encapuchonné. Ses deux sbires firent de même. Ainsi, ils voulaient jouer ?

« Voir mon visage ne vous mènerait à rien. Vous savez pourquoi ? » continua-t-il, insidieusement moqueur.

Illustrant sa farce, Rafaelo tira deux dagues de sa ceinture et les expédia sur les deux pauvres soldats qui flanquaient le malheureux qui avait osé le héler. Un instant, il alla si vite qu’il parut s’être téléporté. Il se retrouva à un pas du Marine, le tranchant de l’épée contre son armure, sans que celui-ci n’ait pu réagir.

« Car nul ne l’a jamais vu. » acheva-t-il, exécutant une complexe parade, visant à s’emparer de l’épée de son adversaire.

La tête du Marine s’envola et alla rebondir dans la ruelle, tandis que son corps s’affalait, animé de soubresauts. L’assassin s’écarta d’un bond, évitant d’être tâché par le sang, puis il laissa tomber l’arme avec dégoût. Il réprima un frisson. Sa colère avait pris le dessus, et il avait fait fi de tous ses enseignements. Il inspira profondément puis déserta l’endroit, avant que quelqu’un ne puisse l’apercevoir. Il ne supportait se retrouver dans cet état, mais il devait avouer qu’en certaines occasions, la colère lui donnait la force dont il avait besoin. Cependant, jamais il n’oublierait les mots de son mentor, et essayait chaque jour de les respecter. La peur menait à la colère, la colère menait à la haine, la haine menait à la souffrance. Il n’avait pas peur, déjà un bon point. Mais il savait que ce type de raisonnement pouvait lui obscurcir l’esprit, et jouer une entrave à ses recherches. Cette pensée lui fit l’effet d’une douche froide. Il se posa quelques secondes contre le mur d'une baraque apparemment abandonnée et prit de nouveau le temps de se calmer. Il serra fort son poing, de honte, puis ferma les yeux, cherchant à abaisser son rythme cardiaque. Lorsque, soudain, un léger bruit attira son attention. L'assassin dégaina aussitôt ses dagues secrètes et observa la ruelle d'un oeil expert. Il n'avait eu que le temps d'apercevoir une ombre mouvante, quelqu'un se jouait-il de lui ?

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Logue Town était loin d'être mon lieu de prédilection. Trop d'histoire, trop d'anecdote. Il était plus facile de marquer au fer blanc un lieu vierge de toute référence historique, et s'inscrire comme le pionnier des légendes qui lui incomberaient, que de se faire un chemin parmi des légendes déjà existantes. Alors que je déambulais lentement à travers les rues de la ville du commencement et de la fin, je pouvais sentir ce parfum d'Histoire enivrer mon corps. Pour peu, je pouvais imaginer le célèbre Gol D. Roger marcher le long de l'allée principale. Je pouvais presque entendre les cris de la foule au moment de son exécution, ou encore le brouhaha qu'avait provoqué le légendaire équipage des Mugiwara le siècle passé. Des légendes forgées sur différentes générations, et pourtant, avec toujours un impact capital sur l'histoire de ce monde. J'avais presque l'impression d'être excité à cette pensée, ou même enivré par l'inconnu que représentait l'avenir. J'avais précipitamment quitté l'équipage de Satochi, discrètement, pour me rendre ici dans le but d'y effectuer une mission pour le compte de l'Union Révolutionnaire.

Gehennos m'accompagnait, se tenant à mes côtés, fouettant l'air de ses trois queues en reniflant les différentes odeurs qui s'échappaient des différentes boutiques de la ville. Mon objectif principal était de retrouver le suppléant d'un des Leaders Révolutionnaires, aujourd'hui disparu sans laisser de traces. Inutile de dire que cette fâcheuse situation mettait l'ensemble des membres de l'Union dans l'embarras. A peine avions-nous formé une alliance que l'un de nous disparaissait. Tss... Infortune ou destinée, je ne savais pas qui blâmer, mais cela avait le don de m'énerver. Rien ne marchait décidément comme prévu. Cependant, le réseau d'informateur posté à Logue Town m'avait indiqué que quelqu'un ressemblant à la description du "remplaçant potentiel" était apparu. Rien d'étonnant donc, à ce que je me retrouve à errer dans la ville. Je ne pouvais néanmoins pas m'attarder trop longtemps sous l'identité de Damien Reyes. La cité légendaire était, après tout, le lieu d'implantation d'une base Marine parmi les plus redoutées d'East Blue. Un célèbre capitaine que certains surnommaient même "Warhammer" se trouvait en poste ici et n'était pas vraiment le genre d'homme à parlementer avec les pirates... ou les Révolutionnaires.

Finalement, en posant quelques questions, je finis par arriver face à un petit groupe de brigands. Des gaillards pas très dangereux mais qui semblent s'y croire un peu trop. Bien que le chien les effraie légèrement, leur supériorité numérique semblait leur donner confiance en eux. Certes, ils étaient une petite trentaine, mais bien loin de valoir le moindre soldat de la Marine. Je souriais doucement sous mon foulard en me disant que s'ils en voyaient ne serait-ce qu'un seul, ils prendraient sûrement leurs jambes à leur cou. Alors que l'un d'eux me menaça d'un couteau, je lui demandais s'il n'avait pas aperçu quelqu'un ressemblant au célèbre Il Assassino. Pour un cul-terreux, cela ne lui dit rien... c'est pourquoi je dû me rabattre sur une description sommaire de l'homme d'après ce que je savais de lui. Un encapuchonné à la réputation d'alcoolique dépressif, assez baraqué et discret quand il n'est pas torché.

Tout cela sembla réveiller quelques souvenirs chez mon interlocuteur qui se mit alors à rire en me montrant une bourse qui, selon ses dires, était fraîchement dérobée à la personne que je recherchais. Une piste pas très convenable étant toujours plus utile que pas de piste du tout, je lui demandais de me remettre l'objet, ce qui le fit rire davantage. En l'entendant réitérer son ordre de lui "filer mon blé", je souris alors plus amplement, ouvrant mon manteau pour dévoiler mes deux épées encore dans leur fourreau. Un léger mouvement de recul de la part des brigands fut la seule réaction que j'obtins. En voyant ma main se diriger vers le pommeau de Kurayami-Hime, notre chef de bande m'ordonna de ne pas sortir mon arme sous peine que je me fasse égorger. La bonne blague. Comme si j'avais besoin de sortir mon épée face à ce genre de personne.

Ma main serra alors légèrement le pommeau du Kitetsu, et presque aussitôt, une violente aura meurtrière se propagea à tout le groupe de forbans. Immobiles, sous le choc de la vision de mort qui venait de les assaillir, je m'avançais vers eux, rompant le silence ambiant à chaque fois que mes bottes touchaient le sol. Marchant parmi les voleurs figés, les yeux écarquillés, je m'arrêtais alors près de celui tenant la bourse, pour la prendre d'un geste lent, avant de les gratifier d'un simple
"Merci beaucoup". La sueur commençait à perler lourdement sur leur visage, ce dernier reflétant la peur la plus totale face à la violente illusion qu'ils venaient de subir. Mais alors que j'espérais pouvoir partir sans faire d'histoire, il sembla que le choc se dissipa, l'un d'entre eux s'élançant vers moi en hurlant, avant d'entraîner les autres avec lui. Comme si j'avais besoin d'attirer davantage l'attention sur moi ! Si je voulais régler ce "problème", j'allais devoir le faire dans la ruelle et les abattre avant qu'ils ne rejoignent la rue principale, sous peine que les autorités locales ne nous trouvent.

Sans perdre un instant, je sortis Hiryuushirô de son fourreau, ainsi que sa sœur jumelle aux tons noirs. Nous étions dans un lieu étroit qui ne facilitait pas le combat à plusieurs. Si je voulais régler cela vite fait, la technique Tri-Edge était toute indiquée. Positionnant les épées de chacun de mes côtés en croisant les bras, je décroisais ces derniers d'un coup vif, tout en effectuant un habile mouvement de rotation avec un seul d'entre eux, libérant une offensive en forme de triple-pont d'énergie qui balaya le groupe ainsi condensé dans la ruelle. Les envoyant valdinguer, la technique finit sa course en s'incrustant dans un mur, y laissant la marque tant redoutée qui rappellerait sûrement le meurtre du Sous-Chef de la Police à Goa si jamais la Marine tombait dessus.

D'ailleurs, petit souci : la Marine risquait effectivement de tomber dessus. J'aurai dû réfléchir davantage avant d'utiliser une technique aussi atypique et qui donnerait sûrement l'information comme quoi j'étais bien en ville. Raison de plus pour me hâter et terminer ce que j'avais à faire ici au plus vite. Tendant la bourse vers Gehennos qui ne semblait pas vraiment stressé par la situation actuelle, je le laissais renifler l'objet de ses trois truffes. Sortant discrètement comme si de rien par l'autre côté de la ruelle, je laissais le canidé chercher une piste qui me mènerait au propriétaire de ladite bourse. Cela dû prendre une bonne dizaine de minutes à déambuler dans la ville avant que le sens olfactif de l'animal ne lui permette de renifler quelque chose de semblable à l'odeur de l'objet.

Suivant le chien géant qui gambadait en laissant ses truffes renifler le sol avec insistance, j'étais assez amusé de constater à quel point cette chasse le rendait content. A la manière dont ses trois queues battaient avec insistance et frénésie, je trouvais cela agréable à observer. Au moins, lui, il passait du bon temps. Après quelques instants et plusieurs centaines de mètres, nous finîmes par tomber sur une patrouille Marine qui semblait suivre le même chemin que nous. Restant à bonne distance pour ne pas être repérés, nous les vîmes alors s'arrêter devant une bâtisse plutôt quelconque. L'instant d'après, c'était l’hécatombe. Un encapuchonné se mit à massacrer les quelques soldats, assez habilement je dois dire. Au moins, même si ce n'était pas l'homme que je cherchais, il s'agissait sans doute d'un membre de la Confrérie appartenant à Césare.

Cependant, son apparence correspondait à la description assez vague que j'avais reçue du suppléant du Leader disparu. Le suivant de loin, je finis par me retrouver dans la même rue que lui. Il m'entendit assez rapidement d'ailleurs. A croire qu'il était vraiment bien formé, comme assassin. Restant à contre-jour, de manière à ce que seule ma silhouette soit visible, je me mis alors au beau milieu de l'étroite ruelle pour interpeler l'homme au faciès à moitié dissimulé.


- Vous êtes bien l'homme que l'on surnomme Il Assassino, suppélant de Césare Di Auditore si je ne m'abuse ?! lançais-je sur un ton inquisiteur, avant de m'approcher de lui, levant les mains pour montrer que je n'avais pas d'intentions hostiles.

Sans autre forme de préambule, je m'étais avancé assez vers lui pour qu'il puisse discerner mes traits malgré la lumière qui apparaissait dans mon dos, ainsi que le chien tricéphale qui m'accompagnait. Enfin... mes traits. Disons au moins mon apparence, car je restais toujours caché derrière mon foulard et mon bonnet. Somme toute faite, la situation était plutôt cocasse d'après moi. Nous étions deux révolutionnaires, tous les deux pourchassés par le Gouvernement Mondial, et tous les deux à cacher notre visage. C'était plutôt amusant en réalité. Un encagoulé et un encapuchonné qui se rencontrent dans une ruelle. Pour peu, j'aurais presque cru au début d'une histoire drôle. Tendant la main au jeune homme pour la lui serrer, je repris la parole en me présentant, afin de dissiper tout doute quant à mon identité.


- Je suis Reyes Damien. Leader de la section Stratégique et Espionnage de l'Union Révolutionnaire. Serait-il possible de se parler dans un endroit moins... exposé ? J'ai quelques questions pour vous... au sujet de votre chef.

lLe ton était donné, restait à savoir comment allait le prendre l'assassin. Après tout, s'il n'avait pas les réponses à mes propres interrogations, sans doute que lui aussi se posait les mêmes questions que moi. Le fait qu'il soit à moitié dissimulé sous sa capuche allait me rendre l'analyse de ses micro-expressions assez difficiles. J'allais sûrement devoir me baser uniquement sur ses rictus et contractions musculaires au niveau de la gorge et partie inférieure du visage. Même si j'étais plutôt ravi d'avoir trouvé l'homme que je cherchais, je n'en restais pas moins perplexe quant à la tournure que les évènements risquaient de prendre.
    Pax melior est quam iustissimum bellum

    La sensation du métal glacé sur ses doigts nus. Un nouveau frisson parcouru l’échine de l’assassin, mais celui-ci était d’une toute autre sorte. L’appréhension d’un véritable combat. Son instinct lui soufflait là un grave danger. Danger comme il n’en avait certainement jamais appréhender. Il retint son souffle un instant et laissa ses sens étudier la rue à sa place. Il décela une profonde respiration, saccadée, presque bestiale tant elle était puissante. Une odeur de musc vint aussi lui chatouiller les narines. Un nouveau pas. La silhouette se rapprochait petit à petit de lui. Non, elle s’arrêtait. Rafaelo croisa ses deux dagues dans son dos, de manière à ne pas paraître inconvenant envers cette nouvelle menace, et il les rengaina dans un doucereux chuintement métallique. Il rabaissa machinalement sa capuche, et plissa les yeux pour essayer d’y voir un peu plus clair. Une étrange forme baignée de la lumière du Soleil s’adressait à lui. Il put distinguer une capuche, un long manteau … flanqué d’un chien à trois têtes. Voilà pour le bruit, et l’odeur. L’animal faisait un boucan de tous les diables, mais à peine cette constatation eut émergée de l’esprit de l’assassin que son interlocuteur se remettait en marche. Son pied droit glissa d’un demi mètre vers l’arrière, se mettant inconsciemment en garde. La main de Rafaelo effleura une seconde le pommeau de sa rapière, et son regard ne cessait de faire le chemin entre l’homme et l’animal. Son cœur commençait à battre la chamade, bien qu’il ait les mains levées. Comment connaissait-il Césare ? Et, surtout, comment était-il remonté jusqu’à lui ? L’avait-il aperçu lors de cette fatidique nuit ? Non, c’était impossible, sinon il ne se serait pas approché ainsi de lui. Avait-il des informations, allait-il passer un marché ? Ou était-ce un piège ? L’esprit de l’assassin battait toutes les questions possibles en un temps record, jusqu’à ce que, par un effort de volonté, celui-ci fit taire ses interrogations et s’imposa un calme implacable. Il inspira un grand coup et fit dignement face à l’homme encapuchonné.

    Il l’avait désigné comme suppléant. Mais suppléant à quoi ? Comment pouvait-il être versé dans les secrets de la Confrérie ? Tous avaient été testés, aucun n’avait été capturé, ou du moins était resté en vie suffisamment longtemps pour parler. Sans compter que l’organisation était naissante ! Rafaelo fronça les sourcils, tout en jaugeant son potentiel adversaire. Que signifiait donc tout cela ? L’assassin fit un pas en arrière, interloqué. Se pouvait-il que …

    « L’Union ? Ceci ne m’est pas inconnu. » répondit-il, tout simplement.

    Il observa calmement les alentours, puis tendit une main assurée à son interlocuteur. L’Union Révolutionnaire. Il s’en souvenait, oui. Habitué à relever les moindres détails, à ne rien oublier, rien omettre. Césare avait fait mention de cette organisation, mais l’assassin n’avait pas jugé utile de s’y intéresser d’avantage, tant qu’il n’était pas concerné. Cette congrégation rassemblait les plus grandes factions de la Révolution en un tout assez cohérent. Une grande idée certes, mais la Confrérie n’était pas un mouvement Révolutionnaire proprement dit, du moins, jusqu’à présent. Nul doute que son aîné avait trouvé en cette Union Révolutionnaire un moyen de servir ses fins. Non, de servir les fins des peuples oppressés. Mais pourquoi n’avait-il pas jugé utile de mettre Rafaelo au courant ? Cette révélation fit l’effet d’un coup de poignard. Ne lui faisait-il pas confiance ? Non, ce n’était pas cela, il le savait bien. Il devait y avoir une autre raison, mais l’heure n’était pas aux questionnements. Si cet homme avait été en mesure de le retrouver, ce n’était que parce que Césare lui avait, on ne sait comment permis. De ce fait, il y avait obligatoirement une raison pour que Rafaelo ignorât cette organisation. L’assassin se rendit alors compte que cette étreinte avait bien plus d’importance qu’il n’y paraissait, mais peu lui importait. S’il pouvait, ne serait-ce que par ses actions, reprendre le flambeau et assurer la continuité de l’œuvre de son frère lorsqu’il le ramènerait avec lui, il le ferait avec joie. Par contre, fait amusant, le dénommé Reyes l’avait appelé suppléant, non pas frère. L’ignorait-il ?

    « Mon … chef ? Ainsi, c’est de cette manière qu’il s’est défini. Amusant. Très amusant. » constata-t-il.

    Un cri vint cependant perturber son discours, venant de la ruelle adjacente. Diantre, les corps des Marines ! Bien assez tôt, cet endroit en grouillerait. L’assassin soupira de dépit, puis il fit signe au dénommé Reyes de le suivre. Il s’avança de quelques pas, avant de reprendre la parole.

    « Allons là où ils nous chercheront pas. J’ai moi aussi quelques questions à vous poser, si ce que vous dites est vrai. »
    lâcha-t-il, avant de prendre appui sur le mur.

    Rafaelo se suspendit à une aspérité, puis par une succession d’acrobatie entreprit de gravir le haut mur le menant aux toits plats de la bâtisse. Son agilité mêlée à sa force lui permirent de venir à bout de la paroi en moins de temps qu’il n’en aurait fallut pour un pékin moyen, mais il voulait surtout par ce biais forcer l’homme qu’il suivait à se révéler, du moins aurait-il une chance d’apercevoir son visage ! L’assassin finit par se hisser au sommet d’un magnifique saut de main, puis il tâcha d’épousseter ses habits en vue de l’entrevue qui allait se dérouler. Il se lissa machinalement le col, puis posa une main sur le pommeau de sa rapière : on était jamais trop prudent.

    « Bien, je vous écoute, Damien Reyes de la section Stratégique et Espionnage de l’Union Révolutionnaire. » lâcha-t-il, légèrement cynique.

    Cet homme débarquait comme un cheveu sur la soupe et affirmer connaître son frère, tout en faisant mention à une organisation dont l’assassin ne savait que très peu de choses. Comment ne pas en douter ?
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    Les paroles de l'assassin m'intriguaient au fur-et-à-mesure que je l'entendais réagir à mes propos. Si j'en jugeais le ton ironique de la plupart de ses propos, les relations entre le chef et le sous-traitant qu'il était censé être n'étaient pas réellement établies. Nous fûmes néanmoins interrompus dans notre discussion par les cris d'un civil qui venait sûrement de voir les corps des Marines massacrés un instant plus tôt par l'encapuchonné. Décidément, il n'était pas vraiment possible de souffler dans cette ville. Pour ma part, je préférais éviter un affrontement inutile avec la Marine... non seulement parce que les forces en présence étaient redoutables, mais parce qu'en plus cela constituerait un gâchis en vies humaines et en temps pour le moins précieux.

    Suite à quoi, le révolutionnaire se mit à jouer les acrobates en nous demandant de le suivre, Gehennos et moi. Très drôle. Comment un chien tricéphale pouvait-il escalader ainsi les murs ? Je montais sur ce dernier pour le laisser courir en cherchant l'itinéraire le plus adéquat à sa personne. Saut sur une benne à ordure, suivi d'un balcon, et ensuite d'un toit situé en contre-bas, avant de sauter sur un toit plus haut pour arriver au même niveau que mon interlocuteur. Bref, au lieu de jouer les Spider-Man, j'avais dû me rabattre sur du Daredevil. Certes, moins "puissant", mais tout de même plus classe si l'on en jugeait l'habit de cuir rouge qui allait avec le rôle. Une telle ascension n'aurait cependant pas été possible avec un animal ordinaire, et je bénissais les dieux d'avoir placé à mes côtés un Cerbère, un pur, un dur, et non un chihuahua à trois têtes aussi redoutable qu'une belle-mère de quatre-vingt ans. L'animal était tout de même un poil brusque et donnait de violents à-coups dans ses manœuvres qui me déséquilibraient en provocant parfois une vive douleur à mes articulations malmenées.

    Enfin, nous nous baladions de toit en toit pour finalement arriver dans un lieu relativement éloigné de celui où les Marines morts se trouvaient. Le ciel était bleu, et l'altitude nous offrait les bienfaits d'une brise marine plus qu'apaisante. Ce n'était cependant pas le moment de s'extasier sur la tranquillité de cette place atypique. Le membre de la Confrérie semblait assez méfiant si j'en jugeais sa gestuelle ainsi que sa manie à poser sa main sur le pommeau de son épée. Au moins, je n'étais pas retombé sur un naïf qui faisait confiance au premier venu. Plus que tout autre chose, j'estimais cela comme une qualité, ce qui me fit doucement sourire en l'écoutant me parler sur un ton pour le moins... sarcastique. Descendant de Gehennos, je laissais l'animal s'allonger sur le toit pour m'affaler sur lui comme s'il s'agissait d'un trône en fourrure, avant de prendre la parole et répondre aux interrogation de mon interlocuteur.


    - Cela fait plusieurs semaines que votre supérieur ne répond plus au Den Den Mushi Blanc qui lie les Leaders Révolutionnaires entre eux, et nous craignons qu'il ne lui soit arrivé quelque chose, dis-je avec un ton assez détaché, avant de lever les mains, paumes vers le haut, en fermant les yeux pour prendre un air plutôt dépité. L'Union Révolutionnaire est encore jeune et perdre l'un de nos dirigeants nous place dans une position pour le moins... inconfortable. Plusieurs projets requéraient son aval ou sa présence. Sans lui, ces mêmes projets sont figés et n'ont aucune chance d'aboutir.

    Tendant mes jambes devant moi en les croisant au niveau des chevilles, je plaçais mon coude sur la nuque du Cerbère pour m'en servir d'appui, ma paume de main se plaquant contre le côté de ma tête. Cette posture décontractée était en contradiction avec la gravité des nouvelles que j'annonçais au jeune homme face à moi. Cependant, cela ne m'empêcha pas de poursuivre sur la raison qui m'avait poussé à le rencontrer.

    - C'est pourquoi je suis ici. L'Union désirerait que vous repreniez la place de Césare, au moins jusqu'à ce que nous sachions ce qu'il est advenu de lui. Après tout... il n'est pas le genre de personne à mourir facilement... A moins que vous ayez des informations que nous ignorions à son sujet, du moins quant à sa localisation.

    Je laissais planer un silence plutôt lourd de sens après ces derniers mots, de manière à faire ressentir une certaine tension chez l'assassin face à moi. Bien que seule la partie inférieure de son visage soit visible, si celui-ci venait à me dire qu'il n'avait pas d'informations et qu'en réalité, ce ne soit pas le cas, je pourrais parfaitement le voir. S'il ravalait sa salive de manière un peu trop brusque, tendait inconsciemment les muscles de sa jugulaire, ou émettait le moindre rictus qui trahirait un mensonge... je saurais à quoi m'en tenir. Après tout, j'étais l'expert en interrogatoire... Le détecteur de mensonge ambulant, comme certains m'appelaient à la Section Espionnage. La tournure de cet entretien allait dépendre de ce que le surnommé Il Assassino allait me dire dans les secondes à venir. Bien que décontracté, je restais méfiant, ma main libre restant sur le poil touffu de mon "trône", non-loin de Kurayami-Hime... juste au cas où.
      audio theme:

      Anguis in herba

      Il fallait aller au-delà des trompeuses apparences, de ceux qui paraissaient être bien plus qu’ils en laissaient présager. De cet étrange homme encapuchonné, et de sa bête tricéphale. Un créature étrange qui n’impressionnait pourtant pas l’assassin car il savait que le danger ne surgissait pas de ce genre de coin d’ombre, mais bel et bien de la nature malicieuse de l’être humain. Le cœur des hommes était aisément corruptible, et le Gouvernement tirait merveille de ce précepte. Il ne fallait pas tomber dans le piège de cette apparente grandeur et conserver assez de dignité pour se regarder dans un miroir. L’assassin ne connaissait que le sang qui maculait ses mains, mais au moins il se battait dans l’honneur d’une juste cause. Il était l’instrument du peuple, par le peuple et pour le peuple. La démocratie du poignard en quelque sorte. Mais il ne fallait pas se laisser abuser par ce côté de la lame, qui avait tendance à être de plus en plus émoussé par les temps qui couraient. Rafaelo n’avait plus réellement fait son office depuis que son frère avait disparu. C’en était triste, mais il ne pouvait pas se résoudre à l’abandonner ainsi. Il avait perdu ce qui faisait de lui sa motivation pour continuer son office en ce bas monde. Il était la chose à laquelle il se raccrochait en cas de doute. Son frère était la seule personne en qui il pouvait avoir une totale confiance, et celui-ci lui rendait en général bien. Césare s’était chargé du fardeau du pouvoir, de la mesure de ses décisions, mais son jeune frère avait opté pour le maniement de l’instrument de sa vengeance. Il en fallait bien un qui devienne l’arme, un qui sacrifie son âme au détriment de l’autre. Il briserait ce cycle de corruption et d’abus et en ferait payer les premier maillons. Rien n’était vrai, tout était permis. Tel était son crédo.

      L’homme l’avait suivit sans mal. Non, sa créature l’avait fait. Cette simple mesure de précaution dissimulait un petit test de la part de l’assassin, mais son interlocuteur avait géré ça sans même sourciller. Au moins il savait à présent que la créature était parfaitement dressée et qu’il serait dangereux de se frotter à son maître en la négligeant. Rafaelo sourit à cette idée. La relation entre humain et animal était bien plus saine que celle qui unissait les hommes au final. L’animal était tout sauf craintif, et semblait aimer servir son maître. Pour jauger un homme, jauge ceux qui le servent. Ainsi tu découvriras le fond du cœur de ces personnes. Un préceptes ridicule qui faisait surface en cet instant dans l’esprit de l’assassin. La Volpe, son maître. Son cœur pleurerait sa mort jusqu’à ce que sa vengeance soit accomplie, mais l’heure n’était pas aux chagrins. Les paroles du dénommé Reyes éveillèrent un nouvel espoir en lui. L’objet auquel il faisait mention avait du être carbonisé dans le souffle de l’explosion, car il ne l’avait pas retrouvé, mais que Césare ait voulu prendre part à une telle organisation faisait germer en lui les prémices d’une idée. Ces hommes avaient besoin de son frère, avaient besoin de lui. Il était conscient qu’il ne pouvait pas leur demander de voler à son secours, mais au moins, ils pouvaient l’aider. L’aider à devenir bien plus fort, assez même pour marcher droit face au gouvernement ! L’assassin tenait là sa chance, mais les paroles de Damien vinrent réveiller en lui un torrent de fureur …

      « Mon frère n’est pas mort ! »
      tonna-t-il, crachant ces paroles comme un venin.

      Il tourna la tête sur le côté, les veines de son coup saillaient sur sa peau. Il ne pouvait supporter qu’on énonça ce soupçon à voix haute. Tant de temps à douter de la survie de son frère et voilà que de simples paroles remuaient le couteau dans la plaie. Et comme toujours, ses émotions avaient pris le dessus sur son raisonnement. Autant il était imperméable à tout sentiment lors de ses missions, autant en cette période de traumatisme il était fragile psychologiquement. La seule chose à laquelle il s’était rattaché pour ne pas sombrer venait d’être mise en branle par cet inconnu et il ne pouvait le supporter. Ce pourquoi il inspira un grand coup. Cet homme parlait de trop de choses, trop de détails qui auraient du rester confidentiels. S’il l’avait trouvé, il n’avait aucun risque à lui parler de sa véritable identité, de qui il était vraiment. Reprendre le rêve de Césare valait bien cet excès de confiance, après tout.

      « Oui, Césare n’est pas mort. J’étais là le jour où ils l’ont pris. Il devait me faire parvenir des renseignements, mais c’était un traquenard : les forces spéciales de la Marine nous attendaient. » commença-t-il à expliquer.

      Il révèlerait chaque chose en temps voulu. D’abord il clarifierait la situation, ensuite viendraient les révélations.

      « Nous nous entrainions, ce qui explique que nous étions déjà harassés lorsqu’ils nous sont tombés dessus. Seulement, ils étaient mal informés, ils pensaient n’avoir affaire qu’à Césare, et son fruit du démon, car je suppose que vous êtes aussi au courant de cela. Césare m’a évité une capture en me mettant hors de combat, puis il s’est sacrifié pour mon salut. » avoua l’assassin, exprimant par là sa rancœur.

      Il était à ses propres yeux pleinement responsable de la capture de son frère et même s’il omettait le fait qu’il n’avait pas assisté à l’enlèvement proprement dit, il restait persuadé que Césare était encore en vie. Pourquoi auraient-ils multiplié les explosions alors, ils savaient très bien qu’il pouvait y résister ! Pourquoi ne pas avoir rendu sa capture publique ? Trop de questions, trop de tourments dont Rafaelo était responsable. Il soupira de nouveau, tentant de juguler ce flot incessant de sentiments, puis posa une main sur sa capuche. D’un geste brusque, il le fit glisser et révéla à Damien son véritable visage.

      « Césare et moi sommes jumeaux. Mais … » expliqua-t-il, avant de relever sa capuche.

      « … je suis uniquement connu sous le pseudonyme de ‘Il Assassino’. Jamais Césare n’a gouverné seul, nous avons toujours été deux. L’un préférant la lumière, l’autre l’ombre. Je suis l’assassin, et moi seul ait complété ma formation. » continua-t-il, sur un ton grave.

      Il en faisait peu être un peu trop, mais l’heure n’était pas aux simagrées politiques. Plus il parlait, plus il reprenait du poil de la bête. Reprendre la place de Césare, un but louable qui lui donnait du baume au cœur. Quelque chose animait à présent son âme, qu’il pensait alors enfermée dans ce carcan de chair et de douleur à jamais.

      « Césare est tombé. Je ne sais pas ce qu’il est réellement advenu de lui, mais je le sais encore en vie. C’est tout ce que je peux en dire pour l’instant. Sur mon nom, je jure que son sacrifice ne sera pas vain. Ainsi, j’assurerai sa relève, le temps que nous le retrouvions. » trancha-t-il, avançant d’un pas vers Damien.

      Oui, l’Union Révolutionnaire pourrait lui apporter quelque chose, mais lui aussi la ferait grandir. L’assassin avança d’un nouveau pas la tête haute. Il eut un instant l’air d’un prince parmi les hommes, son destin venait de changer de direction. La voie qu’il s’était tracée venait de prendre un nouveau sentier. Certes, le sang coulerait à flot, mais à présent, il n’était plus seul à lutter. Il se battrait pour le peuple. Il se battrait pour la liberté, et la mort suivrait son périple. Son bras réclamait vengeance et il l’obtiendrait !

      « Cependant, avant de vouer ma lame au service de la Révolution, j’ai une demande à satisfaire, mais peut être pourriez-vous m’aider, car vous y trouveriez au final votre intérêt. Je dois avant tout m’affranchir de ma condition, et devenir bien plus qu’un homme. Je cherche l’arme qui me permettra de mettre à bas le Gouvernement et de récupérer mon frère. Je cherche l’arme qui fera de moi leur pire fléau, et qui ainsi me permettra de servir la Révolution bien mieux qu’un simple humain. Je recherche un Logia. » annonça-t-il, tout de go.

      Il s’arrêta là à un pas de son interlocuteur, faisant fi des trois têtes belliqueuses de la créature. Il était bien entendu sur le qui vive, mais il montrait par là qu’il ne nourrissait aucune peur à son encontre. Il était le digne héritier de la volonté des Auditore. Rafaelo Di Auditore, l’assassin de la Révolution. Il Assassino.

      « J’ai décidé de vous faire confiance, à vous de me prouver que l’Union Révolutionnaire sera capable de répondre à mes attentes. »
      fit-il en avançant sa main gantée de cuir.

      Il passait là un marché avec l’homme assit sur le cerbère. Il ne comptait pas réellement négocier son entrée dans l’Union Révolutionnaire, mais son désir de puissance, ou plutôt sa faiblesse mise à nu le poussait à combler ce manque. Ainsi, si le rassemblement de tous les Révolutionnaires était incapable de lui venir en aide à ce niveau là, il n’aurait rien de plus à leur apporter que ce que Césare avait pu leur apporter. Il s’agissait d’un double bénéfice pour eux, mais s’ils étaient capables de combler les attentes de l’assassin, ils s’assureraient par là sa loyauté et ce, en toutes circonstances. Il n’y avait pas plus loyal qu’un homme convaincu d’agir pour le bien, et en dépit des apparences, cet assassin était un homme d’honneur, peu importait ses méthodes.


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      Tout au long de mon discours, je décelais chez mon interlocuteur de plus en plus de signes de colère. Léger soubresaut de la lèvre supérieur avec chute des extrémités de la bouche vers le bas. Quelques contractions musculaires au niveau des mains. Bref, ce que je lui disais n'avait guère l'air de lui plaire. Je continuais néanmoins, estimant que je me devais de me montrer honnête avec cet homme. Lui faire des cachoteries alors que je lui proposais d'intégrer l'Union comme chef de la section qu'occupait son supérieur aurait été un mauvais point de départ, pire encore qu'un sursaut de colère de sa part. De deux maux, j'avais choisi le moindre en me montrant direct afin d'éviter toute suspicion de sa part... car malgré tout, il restait suspicieux, et cela se voyait à sa posture.

      Pour le coup, c'est lui qui en vint à me surprendre. Son frère ? Césare était son frère ? Jamais ce dernier n'avait mentionné de lien du sang ! Voilà qui me laissait sans voix, chose assez rare. Statique, le temps de digérer l'info, j'affichais une mine pour le moins surprise et perplexe, un sourcil haussé traduisant très bien cet état d'esprit. Qu'est-ce que cet énergumène d’Auditore avait encore bien pu nous cacher ? Plus la discussion avançait, et plus je me disais que, venant de celui qui avait réclamé que j'ôte mon capuchon en signe de confiance, la requête en question était plutôt osée si l'on jugeait la tonne d'informations qu'il nous avait caché à tous. Césare, Césare, Césare... espèce de petit cachotier. Et en plus tu possèdes toi aussi les pouvoirs d'un Fruit du Démon. Quel fourbe tu fais. Si jamais tu étais vraiment en vie quelque part, tu pourrais compter sur moi pour te botter les fesses en punition de ce double-jeu, certes aux conséquences mineures, mais tout de même néfaste à la confiance que l'on pourrait se porter mutuellement. Enfin, j'étais assez mal placé pour parler étant donné que je cachais non seulement mon visage, mais aussi mes pouvoirs.

      C'est alors que le frère du Leader disparu entama le récit, visiblement toujours sous le choc de ce qui s'était passé. Mes yeux se plissèrent alors que j'écoutais attentivement chaque mot, chaque détail qui sortait de la bouche du second Auditore. Enfin... second... si jamais un triplé ou une sœur ne se cachait pas encore dans la liste des potentiels secrets de cette famille bien mystérieuse. Néanmoins, en analysant l'histoire de l'assassin face à moi, j'en vins alors à sourire, même si ce n'était pas visible sous mon foulard. Sans le savoir, il venait de me donner la confirmation que Césare était effectivement en vie, quoi que l'on en dise. Alors que je pensais à cela, Il Assassino vint à enlever sa capuche. C'était tout bonnement... stupéfiant. Même si j'étais préparé au spectacle, la ressemblance avec Césare était simplement ahurissante. En voilà deux qui devaient faire tourner leur entourage en bourrique en jouant le rôle de l'autre quand ils étaient plus jeunes.

      Alors que je pensais à cela, le pendant obscur du chef disparu se lança dans un discours tout à fait différent. Alors qu'il m'adressait ses mots sur sa volonté de dépasser sa condition humaine, je pouvais voir dans ses yeux briller une flamme que je ne connaissais que trop bien. J'avais croisé nombre de guerriers sur les mers qui possédaient la même lueur dans le regard. Moi-même, je faisais parti de ceux-ci... ceux que l'on qualifiait de "faits pour marcher sur la voie du pouvoir". Des individus dont la volonté était assez forte pour inscrire leur nom dans l'histoire au fer rouge. Pas la moindre peur ou hésitation, pas de regrets, le regard toujours porté vers l'avant en dépit du passé. J'aurais certes pu me lancer dans un discours sur la malédiction de ces Fruits, connaissant assez bien le sujet, mais je savais que cela serait inutile. Le jeune homme savait ce qu'il voulait et tous les bons conseils n'y aurait rien changé. Me relevant, je m'avançais vers lui pour lui exposer les choses comme je les voyais, afin de lui redonner un élan de courage et d'espoir qui renforcerait encore davantage cette volonté inébranlable.


      - Après avoir écouté ton récit, je peux te dire avec certitude que Césare n'est pas mort, lançais-je de manière brusque, avant de laisser planer un silence lourd de sens, puis de reprendre la parole pour m'expliquer davantage. Si la Marine l'avait tué après un tel assaut, elle se serait targuée de cet exploit et l'annonce de sa mort aurait été officiel, que l'on retrouve ou non son corps. Si l'Armée ne s'est pas vantée de cet exploit, alors il y a toutes les chances pour qu'elle retienne ton frère et qu'il soit encore en vie.

      Après l'élan d'espoir que ces paroles auraient pu inspirer chez Il Assassino, il convenait tout de même de nuancer les choses. Après tout, j'avais désormais la certitude que son frère était en vie, mais la question était de savoir "pour combien de temps", et surtout "dans quel état". Afin de ne pas laisser le temps à mon interlocuteur de s'emporter, je repris donc immédiatement la parole.

      - Je ne sais néanmoins pas combien de temps cette situation durera, ou même si Césare sera encore lui-même quand nous le retrouverons. La Marine possède des techniques d'interrogatoires qui marquent un homme à jamais... crois-en mon expérience, lui dis-je avec un air un brin nostalgique, baissant les yeux et me perdant dans mes propres souvenirs, avant de passer à un autre sujet pour changer les idées, sans doute déjà bien troubles, de mon interlocuteur. Pour ce qui est de ta requête, tu te doutes que ce genre de chose ne pousse pas sur les arbres. Je vais tout de même voir si je peux obtenir quelques informations.

      Puis, sans crier gare, je fis volte-face, tournant le dos au jeune homme avant de m'éloigner un peu. Tendant mon bras devant moi, je laissais apparaître un Den Den Mushi Blanc. Si je voulais une information de cette valeur alors qu'au sein même de l'Union, nous ne l'avions pas, il me fallait puiser dans les ressources de nos ennemis. Et pour cela, Shaïness était l'informatrice toute indiquée. Restait à espérer qu'elle puisse répondre. Par chance, elle décrocha assez rapidement. Demandant de quoi il retournait, je lui exposais rapidement la situation.

      - Ici Tri-Edge. Voilà, j'aurais aimé savoir si la Marine ou le Cipher Pol avait des informations sur la localisation d'un Fruit du Démon de type Logia... encore non-ingurgité bien sûr, demandais-je le plus sérieusement du monde.
      - Euh, chef... vous riez j'espère. Ce genre de chose ne pousse pas sur les arbres ! répliqua la jeune femme en me faisant sourciller de dépit, reprenant ma remarque précédente et, de surcroit, me faisant passer pour un idiot. Enfin, non, nous n'avons rien sur la localisation d'un tel fruit... du moins, rien d'assez sérieux pour enquêter.
      La dernière remarque attira mon attention. "D'assez sérieux pour enquêter" ? Ce genre de tirade était plutôt lourde de sens, assez pour que j'en vienne à insister.
      - Et... qu'est-ce que la Marine ne juge pas assez sérieux ? demandais-je avec un ton des plus curieux.
      - Bah... des histoires courent sur un marchand qui se trimbalerait avec toute une camelote. Certains poivrots affirmeraient avoir même vu un drôle de fruit qui ressemblait à un gros nuage... d'autres un peu plus éméchés affirmaient qu'il s'agissait d'une bouse avec une tige. Mais tous les témoins avaient en commun d'avoir plus d'alcool que de sang dans l'organisme. Alors vous pensez bien que nous avons autre chose à faire que courir après un marchand itinérant dont nous ignorons l'endroit où il se trouve. Enfin, sa dernière localisation connue était Whiskey Peak, sur Grand Line.
      - Très bien, je vous remercie. Comme toujours, cet échange fut des plus plaisants, lui dis-je avec un ton des plus ravis.
      - Pas de quoi chef. Tout le plaisir est pour moi. Bonne chance pour cette chasse aux fantômes. Terminé.

      La jeune espionne raccrocha alors, laissant l'escargophone émettre un "Gotcha" avant qu'il ne s'endorme. De mon côté, je me tournais vers le jeune homme qui devait avoir entendu par mal de choses sur la conversation. Me rapprochant de lui, je rapportais celle-ci dans son intégralité, toujours en omettant de préciser qui était mon contact. Peut-être que cela l'aiderait dans sa quête. Je lui annonçais néanmoins qu'il n'y avait aucune garantie quant au fait qu'il s'agisse bien d'un Fruit du Démon, et encore moins d'un Logia. Il lui faudrait se rendre sur place pour constater cela par lui-même, au risque de courir d'innombrables dangers, pour, au final, peut-être revenir bredouille. Cependant, j'espérais tout de même qu'il puisse réussir sa quête, car le voir devenir plus fort et déterminé que jamais le rendrait encore plus précieux pour l'Union Révolutionnaire, et renforcerait celle-ci par la même occasion.

      - Ah, oui, j'allais oublier. Attrape. lui dis-je en lui lançant un petit objet blanchâtre et rond. Il s'agit d'un Den Den Mushi Blanc, comme celui confié à ton frère. Avec lui, tu peux me joindre n'importe où, n'importe quand, sans risquer de voir la Marine intercepter nos communications. Néanmoins, ne l'utilise pas à tort et à travers. J'ai moi aussi une identité à protéger, et répondre à un coup de fil suspect au cours de mes activités ne m'aiderait pas vraiment. Je pense que tu peux le comprendre, étant donné la nature de ton métier, lançais-je de manière autant ironique qu'amusée.

      Écoutant sa dernière tirade et souriant d'une manière qu'il ne pouvait pas voir, je le vis disparaître en sautant de la rembarde. Me grattant l'arrière de la tête avant de lever celle-ci vers le ciel, je soupirais, non pas de dépit, mais de satisfaction, comme après une bonne journée de travail. Il était temps pour moi de retrouver Satoshi avant que mon absence ne devienne trop suspecte. Faisant signe à Gehennos, je m'éloignais dans la direction opposée à celle d'Auditore, le tout dans une démarche assez décontractée.


      Spoiler:


      Dernière édition par Damien Reyes le Jeu 23 Juin 2011 - 20:40, édité 1 fois
        Absolutum dominium

        Le pouvoir, un concept désuet aux yeux d’un véritable assassin. Une chose superflue dont il ne devrait se préoccuper, et pourtant … Il y avait en lui une rage sourde que nul n’avait su déceler à temps, un potentiel de destruction qu’il n’était pas fier de posséder. Si la jalousie était l’apanage de l’homme, elle s’était muée en une sordide vengeance pour lui. Il lui semblait devoir lutter contre le flot incessant du monde qui ne cessait d’aller contre lui, forcé de se frayer un passage à la force de ses bras. Les faits étaient cependant là. Il avait lutté pendant des décennies contre le coup du sort qui l’avait projeté, presque contre sa volonté, dans ce costume blanc de meurtrier. Aujourd’hui, alors qu’il commençait à peine à rentrer dans le rôle qu’il s’était juré d’incarner pour le salut de ses semblables, ce qu’il avait de plus cher au monde venait de lui être arraché. Une fois de plus, son incapacité à influer sur le cours du destin, sur la marche infernale des puissants venait d’être mise en relief et s’il y avait bien une chose que cet assassin ne pouvait pas supporter, c’était bien de devoir assumer ses échecs. Il s’était tant préparé à son succès, à côté de son frère, avait tant travaillé pour arriver à concrétiser une ère de paix, marquée par son propre sacrifice qu’il en avait oublié la vérité. Le pouvoir revient à ceux qui savent le manier. Comment avait-il pu se croire capable de guider sa lame jusqu’au cœur de la Marine seul, comment avait-il pu imaginer réussir là où tant d’autres avaient échoué armé de sa seule force de caractère ? C’en était ridicule. Césare avait bien compris comment arriver à jongler avec ces puissances. Il avait accompli bien plus que lui en une fraction de vie. Avoir été aussi orgueilleux et aussi aveugle enrageait Rafaelo, et le reconnaître bien plus encore. Son caractère fier et son égo mal placé l’avait placé en cette désagréable situation, et il ferait tout pour émerger et mettre un terme à toute cette mascarade. Et voilà que Césare arrivait à s’occuper de lui-même par delà son échec. L’Union était quelque chose que son jumeau avait commencé, et encore une fois, cela venait le servir à lui, alors que Césare n’en profiterait pas. Certains le prenaient pour un psychopathe, un dangereux meurtrier, mais Rafaelo voyait par delà les apparences et son cœur s’en retrouva douloureusement serré. Dire qu’il avait douté un instant de lui. Non, son frère ne lui avait rien caché, il avait seulement fait en sorte que tout soit pour le mieux pour lui. Il lui avait épargné ces problèmes, bien qu’en ces circonstances, Rafaelo aurait bien préféré les affronter seul, pour y être préparé. L’Empereur avait prévu que son frère ne devrait pas se retrouver seul, et il avait bien eu raison.

        « C’est bien ce que pensais. Quelle ne sera pas leur surprise lorsqu’ils se rendront compte que l’assassin court toujours après ça. » soupira-t-il, se relâchant quelque peu.

        Damien était la première personne à voir son véritable visage sous le masque d’Il Assassino. C’était un petit peu étrange de révéler ça à quelqu’un de son importance, mais il lui donnait ainsi un moyen de pression, mineur certes, mais existant. De ce fait, il rendait l’échange et son serment bien plus important aux yeux de cet homme. De même, il s’engageait sur l’honneur et ne pouvait en aucun cas revenir en arrière, mais le voulait-il vraiment ? Rafaelo reposa sa main sur le pommeau de sa rapière, machinalement, mais il écoutait à présent avec plus d’attention son interlocuteur. Celui-ci semblait tout à fait honnête. Bien qu’il ne montre pas entièrement son visage. Il comprenait quelque part son besoin de vivre masqué, mais il ne partageait certainement pas le même objectif. Tomber l’uniforme était un moyen pour lui de se rappeler qu’il était humain et qu’il était toujours capable de vivre parmi eux. Il avait tant de sang sur les mains qu’il lui arrivait parfois de parler de ses semblables comme d’une autre espèce dont il se délectait à étudier les mœurs. Il pouvait être un combattant hors pair, un assassin de premier plan, il n’en restait pas moins un homme avec ses faiblesses, comme l’avaient montré les dernières semaines.

        « Crois-en la mienne, on peut se relever de beaucoup de choses. Mais je ne mets pas en doute leur cruauté, à ces vipères … » pesta-t-il, entre ses dents.

        Il ne cherchait pas à diminuer les propos de Damien, mais il savait que sa force venait, indirectement, de ce qu’il avait du subir plus jeune. Il n’avait pas été le plus malchanceux des hommes, certes, mais son destin n’était pas forcément enviable. Il savait son frère fort, et il le savait aussi animé d’une rancœur sans commune mesure. S’ils espéraient le faire flancher, ils devraient se lever de bonne heure. Il y avait longtemps que Césare avait assimilé le concept de douleur. Son organisme était devenu exceptionnel avec le temps, et il n’avait plus à se préoccuper de ces petits problèmes matériels, chose que son puîné lui enviait énormément. Pourtant, il savait que ce qu’il cherchait le pousserait à dépasser son frère dans tous les domaines, et s’il voulait en arriver là, ce n’était que pour enfin jouer ce rôle qu’il chérissait : le protéger. Il avait autrefois failli à protéger ceux qu’il aimait, comme son maître. Aujourd’hui, son frère était tombé. Comment pouvait-il espérer continuer à se battre si tous mourraient autour de lui ?

        « Je me doute que ma requête est quelque peu étonnante, mais on ne mesure jamais assez le prix de ses alliés, pas vrai ? Une information hasardeuse sera toujours quelque chose de plus que ce que j’ai déjà pu avoir ces derniers jours … Les fruits du démon sont si rares … » répondit-il, se perdant peu à peu dans ses pensées.

        Comment Césare avait eu le sien, déjà ? Il ne s’en souvenait plus réellement, il était simplement venu un jour lui faire étalage de ses capacités avec son éternel sourire moqueur. Alors qu’autrefois Rafaelo le surclassait pratiquement à chaque fois, il avait été évincé avec une telle facilité que c’en était injuste. Ce souvenir le conforta dans sa décision. Plus de pouvoir, plus de puissance. Ainsi, il serait capable de réussir là où il avait échoué, et il ramènerait son frère à ses côtés, même si pour cela il devrait mettre Marie-Joa à feu et à sang.

        Damien s’éloigna quelques secondes pour s’informer quant à l’information demandée par Rafaelo. L’assassin ne perçut que quelques bribes de l’échange, mais cela suffit à lui redonner un espoir quant à sa recherche. Il n’avait en effet pas réellement envisagé ce qu’il adviendrait s’il ne retirait rien de son nouvel allié. Devrait-il refuser son entrée dans l’Union ? Non, bien sûr, mais qu’en serait-il alors de sa quête ? Seul le temps aurait pu l’aider à ce sujet, mais ce n’était heureusement pas le cas. Attendant le retour de l’homme au foulard, il croisa les bras et afficha un petit sourire en coin. Plus les secondes passaient, plus il sentait qu’il reprenait du poil de la bête. Quelqu’un d’autre que lui partageait la conviction que Césare était encore en vie. Il y avait donc plus qu’une chance pour que cela soit vrai ! Et l’espoir faisait vivre …

        « Grand Line. J’ai entendu dire qu’il était assez difficile d’y aller, mais ce n’est pas un problème, j’irais voir dès que possible. J’ai bien entendu quelques affaire pressantes à régler avant cela, comme trouver un équipage qui acceptera bien de me guider jusqu’à cette destination, mais pour l’heure, je ne peux que vous remercier pour cette information. Même si elle semble hasardeuse, c’est déjà un départ. » le remercia-t-il, posément.

        Il accompagna ses paroles d’un geste amical de la tête puis décroisa les bras, et soupira de nouveau. Maintenant que l’accord était scellé, il commença à s’éloigner d’un pas déterminé lorsque Damien l’arrêta de sa voix. Rafaelo se retourna et saisit l’objet d’une main, avant de le faire disparaître d’un tour de poignet. Il l’observa d’un air interloqué, puis lui adressa un franc sourire. Ah, ainsi ils jouaient dans la même cour ?

        « En effet, il en va de même pour moi. Et bien, je pars vers Grand Line sur le champ. N’escomptez pas mon retour avant quelques temps, je vous enverrai un intermédiaire. Adieu, et merci, Damien Reyes de la de la section Stratégique et Espionnage de l’Union Révolutionnaire. » ricana-t-il, avant de sauter dans le vide.

        L’assassin se laissa tomber contre la paroi de la bâtisse, puis s’accrocha à une corde pour amortir sa chute, suivit de quelques acrobaties. Il atterrit avec une grâce insoupçonnée en pleine rue, et avant que quelqu’un ne puisse oser le remarquer, il disparut dans l’ombre d’une ruelle. Prochain objectif, Grand Line.
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