-Miss Koshin, les bateaux sont en approche!
Le navigateur du groupe faisait aussi office de vigie, observant l'avancée ennemie du coté du récif où nous nous trouvions. Pour ma part, je passais en revue les crochets pour l'abordage du navire et tout le reste de l'équipement, faisant de temps à autre des signes au reste de l'équipe, installé sur un récif plus au Sud. De ce que j'ai pu voir sur notre plan, le bateau transporteur d'esclaves n'aura pas d'autre trajet que le passage entre nos deux récifs, au vu du timing prévu pour l'attaque simultanée des groupes 1 et 2. Que ce soit pour fuir au plus vite le lieu d'embuscade ou même pour faire un demi-tour, afin de prêter insistance au navire Marine, il devra faire la manœuvre en passant sur notre lieu d'embuscade.
Les premiers tirs se font entendre, confirmés par notre navigateur: le plan est entamé...
J'inspire profondément, préparant mon crochet et passant le sien au navigateur, expédiant ma dernière cigarette parmi les flots, me déplaçant sur le coté du récif, prête à l'action.
Dés que le navire transporteur d'esclaves passe entre nos deux récifs, les crochets sont lancés sur les rambardes bâbord et tribord. Pour ma part, je vise la poupe du bateau, pour neutraliser au plus vite le navigateur du bateau, tandis que mes trois autres compagnons visent le milieu du pont, afin d'attaquer au plus vite l'équipage présent sur le pont supérieur.
Un marin me tourne le dos, observant la bataille navale qui se passe derrière son bateau, cramponné à la rambarde arrière. Un coup de pied dans la nuque l'expédie tête la première dans l'océan. En me retournant, je me précipite vers le navigateur, qui tourne la tête à temps pour subir de face mon Kicking Race, le projetant brutalement contre la rambarde tribord, l’assommant sur le coup.
Barre maîtrisée.
En observant le pont, je vois mes trois compagnons neutraliser une demi-douzaine de marins. Je reviens rapidement à mon crochet d'abordage, récupérant ce dernier, faisant signe au navigateur d'arriver rapidement.
Il faut faire vite pour installer le piège. Par pure précaution, je dois bloquer l'arrivée de renforts venant des ponts inférieurs.
Je saute sur le pont supérieur, plaçant le crochet sur le bas de la rambarde tribord, avant de me précipiter vers la rambarde bâbord, passant la corde autour de cette dernière, me préparant à la suite, faisant signe à mes trois compagnons de se tenir prêts...
Quelques minutes plus tard, un Marine surgit de l'accès au pont inférieur, se figeant au voyant le spectacle qui s'offre à lui: six marins à terre, soit ligotés et bâillonnés, soit égorgés comme des porcs et trois révolutionnaires en position de combat, le toisant avec un regard mauvais:
-INTRUS SUR LE PONT SUPÉRIEUR! INTRUS SUR...
Son cri se meurt dans un gargouillis indescriptible, alors qu'un couteau de lancer se plante dans sa gorge, le faisant basculer en arrière, son corps rebondissant trois quatre fois sur les marches de l'escalier.
Un bazar sans nom se fait alors en dessous de nos pieds, tandis que des bruits de pas se font entendre... Je dirais bien une dizaine de personnes et je pense que c'est majoritairement des Marines.
La Marine n'est pas non plus débile. Ils ont sans doute dû distribuer leurs troupes d'un bateau à l'autre, juste par acquis de conscience. Bon, je ne pense pas que nos ayons affaire à la moitié des forces Marines mobilisés dans cette mission d'escorte, mais ça devrait être conséquent, au vu de ce que j'entends.
Je vois les premiers uniformes blancs et bleus sortir à la file indienne, avec des cris de guerre, armes sorties. J'attends au moins le troisième passage, avant de d'un coup sec ma corde, tendant cette dernière au maximum, sur le passage des autres Marines qui se prennent les pieds dedans et tombent lourdement au sol, s'empilant rapidement. Je fonce alors dessus, leur écrasant la tête à coups de talons. Parfois je vise la nuque, leur broyant cette dernière. Mais, globalement l'effet de surprise et leur chute les empêche de riposter convenablement à mes assauts rapides et furieux.
De leurs cotés, mes trois compagnons parviennent à se défaire des autres Marines en combat singulier, sachant tirer partie des esquives et contre-attaques.
Une fois le pont supérieur maîtrisé, je fais signe aux trois combattants de me rejoindre, tandis que le navigateur prend le contrôle du bateau, commençant déjà à faire faire demi-tour au bateau, pour prêter assistance aux équipes 1 et 2.
Pour notre part à nous quatre, il va falloir nettoyer le pont inférieur des quelques ennemis qui doivent rester, localiser les canons et les cages des esclaves. Retourner les canons contre les Marines est une priorité, afin de sécuriser la zone globale des récifs.
Pour le pont inférieur, mon entrée se fait avec un saut, pour frapper lourdement un Marine en plein dans l'estomac, le mettant à terre, avant de l’achevant en écrasant sa trachée d'un coup de talon.
On se disperse ensuite, par groupes de deux, un pour explorer la poupe du bateau et l'autre pour le milieu et la proue. Le groupe de la pupe devra rejoindre le deuxième groupe, pour lui prêter assistance, les deux tiers du bateau étant potentiellement plus dangereux que la seule poupe.
Je fauche les jambes d'un marin avant de lui écraser la boite crânienne d'un puissant Hammered Kick, tandis qu'un Marine succombe sous les coups d'épée de mon partenaire.
On accède rapidement aux cages des esclaves, avec une dizaine de gens enfermés dedans. Je fais signe à mon partenaire d'aller prêter main forte au reste du groupe, pendant que j'explique la situation aux prisonniers.
-Ne vous inquiétez pas, nous sommes là pour vous sauver. Seulement, nous ne pouvons pas prendre le risque de vous faire tuer, avec de potentiels ennemis qui nous auraient échappés, en vous sortant de vos cages.
Patientez quelques instants, le temps pour mes compagnons et moi de nettoyer le reste du bateau, et vous serez enfin sortis de ces cages. Sachez néanmoins que, à partir de maintenant, vous êtes libres.
Sur ces mots, je me précipite vers l'avant du bateau. C'est une précaution supplémentaire que celle de ne pas libérer maintenant les esclaves. Il y a un risque majeur: se faire tuer par les marins ou Marines ou même par l'un de nous, dans une possible mêlée générale. Et puis, nous allons potentiellement participer à la bataille navale entre les équipes 1 et 2 et la Marine. Trop de chaos potentiel pour prendre le risque de mettre des civils au milieu...
Soudain, en pleine course, une porte s'ouvre brutalement sur mon passage, fracassant mon nez et m'expédiant en arrière, me faisant tomber lourdement au sol.
Complètement sonnée, je vois une silhouette floue se jeter sur moi. Par pur instinct de survie, je frappe l'adversaire à la tempe, le projeter sur le coté, au même moment où je sens une grande douleur au ventre, me faisant hurler de douleur.
Me redressant, la respiration sifflante, une douleur aiguë au nez et au ventre, ma vision se rétablit pour voir un Marine à terre, se tant la les tempes, comme pour reprendre ses esprits. Sa dernière sensation sera celle de sa boite crânienne broyée par mon Hammered Kick.
Je m’affale contre un mur glissant tout du long, pressant ma blessure au ventre. Plus située sur la hanche gauche, la blessure semble plus être un coup d'estoc à l'épée qu'autre chose. Sans doute la Marine aurait-il essayé de me perforer un poumon ou même le cœur, mais aurait été déséquilibré, par les mouvements du bateau, toujours en train de tourner, pour rejoindre le reste des Révolutionnaires.
Pressant toujours ma blessure, je vois mon partenaire revenir à moi:
-... Miss Koshin! Tout va bien!?! Attendez, je vais vous...
Je lève la main, pour le faire taire:
-Non, c'est bon. Je vais survivre... Concentrez-vous sur la mission... Où en est la situation?
Le Révolutionnaire reste silencieux un temps, observant le sang maculer mon costume:
-Je... Eh bien, le reste du pont inférieur est nettoyé. On commençait à remplir tous les canons, pour l'assaut, lorsque je suis revenu ici pour... pour ça...
Je me redresse doucement, pressant toujours ma blessure, avec un sourire, frictionnant les cheveux de mon partenaire:
-Ne vous en faites pas pour moi... J'en ai vu d'autres... Retournez donc aider les autres aux canons... Je vais soigner ça... et je vous guiderais... pour le reste de la bataille...
Je n'avais pas spécialement le souffle coupé par ma blessure. Je parlais juste lentement, tout en remettant de l'ordre dans mes pensées brumeuse... Il faut dire que je me suis aussi pris une porte en plein sur le front et le nez... Ça sonne pas mal dans ma tête...
Mon frère d'armes finit par hocher la tête, avant de se précipiter vers la proue, m'ayant indiquée au préalable une salle où se trouve quelques fournitures médicales., un peu plus loin.
Je me soigne très rudimentairement, bandant mon ventre à même la peau, avec plus de bandages qu'il n'en faut, prenant soin de replacer ma chemise et ma veste de costume comme avant, pour camoufler la blessure la plus grave (il manquerait plus que je fasse faire une crise cardiaque à mes compagnons, avec cette blessure). Pour mon nez, il saigne pas mal et j'ai dû faire un redressement douloureux, même si c'était infime, parce qu'il était bien cassé par le choc, avec un pansement placé dessus. Sinon, une bosse sur le front, accompagné d'une plaie légèrement saignante, sur laquelle est appliqué un autre pansement.
Sans m'en rendre vraiment compte, j'ai bien sali mon costume, avec tout ce sang. Mes jambes de pantalon sont bien recouvertes de sang et de quelque bouts de cervelle éparses. Mon costume a un trou à l'endroit où l'épée m'a atteinte. Pas mal de sang partout, mais je pense que c'est majoritairement du sang ennemi ou venant de mon saignement de nez et de ma plaie au ventre.
Remontant rapidement sur le pont, ignorant un vertige sur la route, j'inspire profondément sur le pont, emplissant mes poumons d'air frais.
Je dois rassurer rapidement le navigateur de mon état par des gestes prononcés de la main, lui enjoignant à poursuivre le cap.
Pour ma part, je surveille l'évolution de la bataille navale entre l'équipe 1 et 2, prenant bien soin de prendre de grandes et profondes inspirations, évitant les mouvements brusques.
Notre bateau manœuvre entre les récifs, jusqu'à arriver à portée du navire Marine.
-Préparez-vous à bâbord!
À mon signal... FEU!!!
Trois canons tonnent sous mes pieds, alors que les boulets partent s'encastrer sur la proue et le coté tribord du navire Marine.
Je me plie en deux quelques secondes, suite, à mon cri. Bon sang, cela me fait un mal de chien!
Je reprends ma respiration quelques temps, me redressant tant bien que mal, observant la suite de l'opération, enjoignant tout-de-même mes compagnons à recharger les canons, pour préparer un nouvel assaut.