«Oh hisse! Oh hisse! Oh hisse!»
Je n'en peux plus. J'ai les mimines en compote et le moral en purée. Avec lassitude, je repousse cette foutue rame moisie et croise les bras. Le grand gaillard avec qui je partage mon banc m'interroge du regard, la mine sévère. En guise de réponse, je lui présente mes mains meurtries.
«T'fais quoi, là? J'peux pas ramer tout seul.»
«T'es un grand garçon, t'vas y arriver.»
Fermant les yeux, je penche la tête vers l'arrière et m'efforce de faire le vide. Rien à faire, le vacarme ambiant se montre omniprésent. Le rythme martial des tambours du hortator fait tressauter mon esprit et souffrir mes muscles endoloris. À celui-ci s'ajoute les plaintes des trente-neuf autre esclaves qui partagent ma situation, se tuant au travail pour faire avancer cette foutue galère qui nous conduit vers la terre où nous serons vendus comme des animaux.
Galère. Voilà un navire qui porte bien son nom.
À ma gauche et à ma droite, je ne vois que de la misère, sous forme d'hommes dénudés et en sueur, les chaînes aux pieds et la rage au coeur. Ils bravent vent et marée, non par choix, mais par instinct. Tels des animaux serviles, ils cherchent à survivre en se pliant à la volonté de nos ravisseurs. Je ne le leur reproche pas, ceux-ci sont armée et ne feraient qu'une bouchée d'une poignée d'être fatigués et affamés dans notre genre.
Au début du voyage, le deuxième esclave du troisième banc était connu de tous sous l'affectueux sobriquet de «Tas-de-graisse». Et bien aujourd'hui, il ne reste plus que le «Tas», la graisse ayant foutue le camp après plusieurs semaines d'efforts soutenus et d'eau et de pain.
Mon voisin de banc, après avoir essayé en vain d'assurer seul le rôle de notre binôme, décide d'interpeller le contremaître le plus proche.
«Lenny, y'a Tête-de-PQ qui fait sa diva, encore.»
Lenny Lokass était un homme de petite stature qui aimait collectionner les mollusques et qui en possédait probablement un entre les deux oreilles. Il avait un physique disgracieux et disproportionné, avec une jambe plus haute que l'autre qui lui conférait en permanence une démarche boitillante. Il arborait aussi un oeil de vitre et portait l'un de ces hideux petits chapeaux ronds, même à l'intérieur.
Lorsqu'il entendit les propos de l'homme à mes côtés, il accourut aussi vite que sa démarche de pingouin constipé lui permettait.
«Bah alors, princesse Nefertari, on fait la grève?»
«Si j'continue d'ramer, j'risque d'y laisser mes deux bras. T'as envie d'essayer d'vendre un esclave manchot?»
«Pourquoi pas? J'suis sûr qu'il y a bien un noble à Rhétalia qui rêve d'avoir une momie en guise de table basse. Et dans l'pire des cas, on aura qu'à t'foutre dans les arènes. Les locaux raffolent c'ce genre de massacres. La dernière fois que j'y ai mis les pieds, j'ai vu un type sans jambe qui devait combattre un tigre. Il a préféré se tirer une balle.»
«Bah, au moins il s'en est tiré. Kfahkfah..*koff*...kfah.»
«T'trouves ça marrant, hein? On va voir si tu riras autant quand tu sera à sa place.»
«Si tu t'pointes pour m'voir et qu'tu portes c'chapeau ridicule, j'risque de rire, ouais.»
Piqué à vif, le Lenny m'envoie une bonne mandale qui m'arrache une quantité non négligeable de bave.
«Dis pas d'merde d'mon chapeau, c't'un cadeau d'ma fiancée.»
«À c'que j'vois, ses goûts en matière d'hommes sont pas mieux qu'ses goûts en matière d'chapeaux.»
«Moi au moins, j'ai la chance d'avoir une femme. Tu t'en ai d'jà tapé une, avec ta gueule d'affreux?»
«Seulement la tienne.»
Seconde claque, beaucoup plus cinglante que la première. En plus de ma salive, le coup m'arrache un filet d'un épais liquide écarlate. Le goût caractéristique du fer vient titiller mes papilles.
«Ça suffit, Lenny! Bordel de merde, tu vas abîmer la marchandise!»
Je n'en peux plus. J'ai les mimines en compote et le moral en purée. Avec lassitude, je repousse cette foutue rame moisie et croise les bras. Le grand gaillard avec qui je partage mon banc m'interroge du regard, la mine sévère. En guise de réponse, je lui présente mes mains meurtries.
«T'fais quoi, là? J'peux pas ramer tout seul.»
«T'es un grand garçon, t'vas y arriver.»
Fermant les yeux, je penche la tête vers l'arrière et m'efforce de faire le vide. Rien à faire, le vacarme ambiant se montre omniprésent. Le rythme martial des tambours du hortator fait tressauter mon esprit et souffrir mes muscles endoloris. À celui-ci s'ajoute les plaintes des trente-neuf autre esclaves qui partagent ma situation, se tuant au travail pour faire avancer cette foutue galère qui nous conduit vers la terre où nous serons vendus comme des animaux.
Galère. Voilà un navire qui porte bien son nom.
À ma gauche et à ma droite, je ne vois que de la misère, sous forme d'hommes dénudés et en sueur, les chaînes aux pieds et la rage au coeur. Ils bravent vent et marée, non par choix, mais par instinct. Tels des animaux serviles, ils cherchent à survivre en se pliant à la volonté de nos ravisseurs. Je ne le leur reproche pas, ceux-ci sont armée et ne feraient qu'une bouchée d'une poignée d'être fatigués et affamés dans notre genre.
Au début du voyage, le deuxième esclave du troisième banc était connu de tous sous l'affectueux sobriquet de «Tas-de-graisse». Et bien aujourd'hui, il ne reste plus que le «Tas», la graisse ayant foutue le camp après plusieurs semaines d'efforts soutenus et d'eau et de pain.
Mon voisin de banc, après avoir essayé en vain d'assurer seul le rôle de notre binôme, décide d'interpeller le contremaître le plus proche.
«Lenny, y'a Tête-de-PQ qui fait sa diva, encore.»
Lenny Lokass était un homme de petite stature qui aimait collectionner les mollusques et qui en possédait probablement un entre les deux oreilles. Il avait un physique disgracieux et disproportionné, avec une jambe plus haute que l'autre qui lui conférait en permanence une démarche boitillante. Il arborait aussi un oeil de vitre et portait l'un de ces hideux petits chapeaux ronds, même à l'intérieur.
Lorsqu'il entendit les propos de l'homme à mes côtés, il accourut aussi vite que sa démarche de pingouin constipé lui permettait.
«Bah alors, princesse Nefertari, on fait la grève?»
«Si j'continue d'ramer, j'risque d'y laisser mes deux bras. T'as envie d'essayer d'vendre un esclave manchot?»
«Pourquoi pas? J'suis sûr qu'il y a bien un noble à Rhétalia qui rêve d'avoir une momie en guise de table basse. Et dans l'pire des cas, on aura qu'à t'foutre dans les arènes. Les locaux raffolent c'ce genre de massacres. La dernière fois que j'y ai mis les pieds, j'ai vu un type sans jambe qui devait combattre un tigre. Il a préféré se tirer une balle.»
«Bah, au moins il s'en est tiré. Kfahkfah..*koff*...kfah.»
«T'trouves ça marrant, hein? On va voir si tu riras autant quand tu sera à sa place.»
«Si tu t'pointes pour m'voir et qu'tu portes c'chapeau ridicule, j'risque de rire, ouais.»
Piqué à vif, le Lenny m'envoie une bonne mandale qui m'arrache une quantité non négligeable de bave.
«Dis pas d'merde d'mon chapeau, c't'un cadeau d'ma fiancée.»
«À c'que j'vois, ses goûts en matière d'hommes sont pas mieux qu'ses goûts en matière d'chapeaux.»
«Moi au moins, j'ai la chance d'avoir une femme. Tu t'en ai d'jà tapé une, avec ta gueule d'affreux?»
«Seulement la tienne.»
Seconde claque, beaucoup plus cinglante que la première. En plus de ma salive, le coup m'arrache un filet d'un épais liquide écarlate. Le goût caractéristique du fer vient titiller mes papilles.
«Ça suffit, Lenny! Bordel de merde, tu vas abîmer la marchandise!»