A l'ouest de Shell Town vole un aigle blanc dans un ciel nocturne qui se meurt. Il fait le tour d'un navire qui, d'après les planches cloués sur l'arrière du navire, s'appelle le Rodkadam. Il n'est pas bien grand, il n'a ni armement non plus, il est taillé pour la vitesse et la maniabilité. L'oiseau se pose sur la proue abîmée. Il y a quelques jours le navigateur l'a abîmé en fuyant la marine entre des rochers. De la part du capitaine il a reçu en remerciement une balle dans la tête. Du coup il ne reste plus que le capitaine et trois bretteurs. Parmi les trois, l'un était secrètement le frère de sang du défunt et il a promi de se venger.
Ne voyant que personne a remarqué sa présence et qu'on ne lui offre pas à manger, l'aigle au ventre vide repart faire un tour d'île.
À travers le hublot de sa cabine le capitaine Jörg admire la scintillante étoile qui, contrairement à lui, se lève. Cela fait une entière journée qu'il n'a pas fermé ses yeux d'émeraudes et il s'extasie devant la naissante aube, pipe de chênoir en main, pour en tirer l'énergie d'une bonne humeur. Espérant une chaude journée, le dénué de dents tire une dernière latte de fort tabac brun avant de poser son outil de fumeur sur le bureau. Souriant, les volutes de fumée enfermés dans sa bouche se laissent apercevoir à travers ses gencives jaunes translucides. Évacuant ensuite le tout par le nez, il s'empreigne de la faible chaleur qui éclaire la petite pièce et baisse les yeux sur un papier.
Celui qu'il observe en perdant peu à peu le sourire, n'est pas son propre avis de recherche. Une troisième estimation de sa dangerosité à laquelle le gouvernement à jugé bon de mettre cent trente mille berrys. Ce qui représente le double de l'ancienne, qui elle était approximativement le triple de la première : vingt-mille. Sans exclure de multiples agressions sans justification autre que de semer le chaos sur les plus faibles, la dernière réhausse du chiffre fut surtout à cause d'un vol de nombreux kilos de matières premières de la marine : des plaques de fer oxydables et une mystérieuse bouteille. Les ayant dérobées, lui et ses trois coéquipiers, en pleine nuit, ils croyaient et croient toujours avoir prit de l'acier. Quelle sera leur surprise lorsque les plaques commenceront à rouiller.
Durant cette nuit de solitude, sa meilleure alliée étaient les caisses de Rhodka. Cette mixture faite maison, recyclant l'urine et marinée dans deux alcools forts. Le principal souci de ce breuvage est le résultat, en six mois comme ses débuts de pirate, de sa santé buccale. C'est pour cela que l'avis de recherche surnomme Jörg Rothen comme "Le Grogneur". Les mots sont devenus inexistants dans son langage, il rote avec aisance pour parler et grogne comme un chien enragé en combat.
C'est d'ailleurs avec ces mêmes mots qu'il ordonna clairement à ses hommes "RhooO-Ooo. Rho. ooo." pour les occuper, en pleine mer, avant de s'isoler pour une seconde journée d'affilée.