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Soif de luxe

"La Princesse", c'est le nom de l'hôtel. Ridicule taudis enrobé de velours et de dorures, peaux de bêtes volontairement ringardes pour caresser l'égo des chasseurs de liquidités déféquant de l'or. Un temple du mauvais goût roturier ! Ordinairement, cette suite de luxe accueille les médiocres chanceux des casinos alentours le temps que leur veine s'écroule et que la facture les endette sur quatre vies.

Mais aujourd'hui, ils s'offrent un client inédit. Un crasseux pirate accroché à son miteux passé nobliau. Toi. Souris, Balty ! Réconfort après l'effort : tu es la créature la plus cotée de cet hôtel.

Tu n'as pas de quoi les payer. Mais ton langage châtié associé à ce costume de soirée ridicule que tu as dérobé à une andouille dont tu as transformé la gorge en fontaine ont parfaitement fait illusion. Ils sont persuadés d'accueillir chez eux un véritable Baron, de chair, d'or et de sang, si haut perché sur son piédestral social qu'il semble normal à tous qu'il se permette d'uriner sur les prolétaires en contrebas.

Après tout, la pluie n'est-elle pas le pissou divin ?


Entends-tu mes NERFS CLAQUER, Maman ? Mon allégresse PATROUILLE DANS MON ORGANISME POUR LE PURGER DES MAUVAISES HUMEURS !
C'est comme me prélasser parmi les NUAGES !

Après des mois de vacances carcérales payées par le contribuable, te voici le séant embourbé dans un moelleux fauteuil, sur le balcon, dominant les lumières nocturnes de Kikai no shima. Pour une soirée au moins, tu planes au-dessus des étoiles. Après une telle croisière parmi les astres, plus dure sera la retombée. Prépares ton atterissage, Balty, ou les mouettes t'arracheront des plumes.

Ne sois pas si impatiente, Maman ! Que pourrait-t-il m'arriver dans ce SANCTUAIRE DU FASTE ? Ils ne m'ont guère reconnus, ces GODICHONS ! Suis-je parti pour une semaine ? Deux ?
Un mois revenus comme douze ans en arrière, revenus dans le doux cocon de LA HAUTE NOBLESSE ?

Profites aussi ! Cette chambre est une capsule temporelle dans laquelle nous redécouvrons UNE ÉPOQUE RÉVOLUE !


Ces mouchoirs de soie n'effaceront pas le sang qui dégouline de tes paluches. La marine est à tes trousses.
Et Landstorm également.


Au diable les AGITATEURS ! Rien ne troublera l'invincible EUPHORIE !

Tu commences à matraquer le den den invocateur de laquais. Bardé de coquard et d'hématomes, cet escargot supporte tes colossales exigences avec un faciès pantois. Tu le tambourines pourtant presque toutes les dix minutes depuis ton arrivée ici dans la suite des faux dieux.

Me voici possédé d'une agréable pulsion gustative !

J'ai souvenir qu'à l'époque où je portais encore mes vêtements de chair, nos esclaves étaient beaucoup plus réactifs que ces mollassons garçons d'hôtel.

LAQUAIS ! LAQUAIS ! LAQUAIIIS !

La porte s'ouvre en grand. Un des pitoyables engins organiques à ton service se présente à toi, dans cet hideux smoking rouge qui s'autorise à agresser les yeux des clients. Te rends-tu compte ? Il a mis presque douze secondes pour monter te servir ! Et il se permet ensuite d'arborer des sapes outrageuses pour ton sens de la vue ! Quel service déplorable !

O-Oui, Baron Brixiut ?
BRIXIUS ! ÉCORCHE UNE NOUVELLE FOIS MON ILLUSTRE PATRONYME ET JE LE COUDRAI EN FILS D'OR SUR TES GLOBES OCCULAIRES POUR QU'IL SE RAPPELLE CHAQUE SECONDE A TOI, CHAPON-MAUBEC !
D-Détolé ! J'ai un cheveu tur la langue !
Je parcourais votre carte des cuvées et mes papilles de CONNAISSEUR ont frétillé lorsque ce délicat Drum 1579 s'est imposé à mon attention ! COURS DONC ME QUÉRIR une COUPE de cette ARISTOCRATIQUE AMBROISIE !


Oh, tu n'y connais rien en alcool. Tu ne désignes cette vinasse-ci que parce qu'elle affiche le prix le plus exorbitant, témoignant d'un creux et fade goût du luxe. C'est tout juste digne des prolétaires qui comparent leurs phallus devant les urinoirs.

J-J'aime son glacial arôme fruité qui dévale le palais tel une avalanche de neiges éternelles.
Euh... Bien. Je vous ramène ta, montieur le baron.
Demandes donc à l'un de tes piteux camarades de s'acquitter de cette mission. Je ne veux pas être SERVI par un stupide GOUJAT fourbu d'un défaut de PRONONCIATION !

Ton orgueil est-il si putréfié que ça pour que tu ressentes la nécessité d'émaner ta factice noblesse à la figure d'un si insignifiant gueux ? On dirait que tu joues un rôle comique au milieu d'un décor de carton-pâte vulgairement barbouillé de jaune doré.

Non ! Mon bonheur est RÉEL ET TANGIBLE ! VOIS COMME MON BRILLANT SOURIRE ÉLOIGNE LA NUIT DE MON COEUR !


Tssk ! Si tu le dis.

Peu me chaut de ces vanités ! Pas la moindre perturbation dans mon empire doré ! Pas la moind...
bzzzzz
MORDIABLE ! UN CYNIQUE MOUSTIQUE PART EN CROISADE CONTRE MON EXTASE !


C'est cela de laisser ouverte ta fenêtre en pleine nuit, Balty. Des invités indésirables sont rentrés, et je ne parle pas que de toi. Tu bondis de ton fauteuil puis pénètre en hurlant dans ton palais de gueux.

bzzzz
DEVRAIS-JE PLANTER MES NOBLES CROCS DANS TA BEDAINE POUR QUE TU RENDES L'HEMOGLOBINE QUE TU CHAPARDES, MONSTRE LUCIFÉRIEN ?!



Moustique
Moustique




Niveau évalué :
Dorikis : 0,00013
PP : -1000
PI : -800 (propage des maladies, un peu comme Balty)



Là, Balty ! Il s'est posé sur ce mur et se frotte les pattes.

ACEDIA !

Tu émets un bien vicieux rayon de paresse à son encontre. Viser un mesquin insecte n'est cependant pas aussi aisé qu'enfoncer un péché dans le gros bedon inerte de Landstorm. Ton serpent part quelques mètres trop à droite, snobant la vitre et fusant en feu d'artifice dans la nuit.

Une sinistre fusée de détresse qui ne passera sûrement pas inaperçu si elle capte les regards vitreux de la soldatesque, mon vilain petit canard.
Je crois que tu as fais une gaffe lourde de conséquences.


PESTE SOIT DE CES COLPORTEURS DE CHANCRE !

Tu attrapes un vase et le lance vers le moustique, toujours affairé à sa toilette. Mauvais calcul, Balty, sang-dieu ! Lui aussi termine sa course dans la vitre, déclenchant une assourdissante explosion de verre. Je crois que même si tu parvenais à te réfugier dans l'apaisant orchestre du paradis, le chaos continuerait à te suivre et à aboyer derrière toi.

Le plus incontrôlable chaos de tous, celui né de la bêtise.


RÉPARES CETTE FENÊTRE, GROTESQUE CULEX !
V-Vous avez catté une fenêtre ?


Oh ! Il est de retour avec ta bouteille. Tu étais trop occupé à ravager le mobilier pour entendre la porte d'entrée grincer.

Ce n'est pas MOI QUI AIT éclaté CETTE VITRE, MAIS CE DÉTESTABLE ANOPHELE ! J'EXIGE UN REMBOURSEMENT !
bzzzz
Un rembourtement ? Mais vous n'avez encore rien payé...
CESSES DE M'INTERROMPRE ! J'AVAIS EXIGÉ QUE TU M'ENVOIES UN AUTRE ESCLAVE !
Euh ! Ils étaient un peu terrifiés...


Puis, ta raison embaumée dans ta putride haine, la colère exécutant les dernières cellules de calme retranchées dans ton esprit, ta rage arrache le Drum 1579 de ses petites mains glissantes puis lui abat la bouteille sur la caboche. Un gâchis inexcusable, horrible mulet ! C'était une incroyable cuvée.

Un nuage de verre, de vin, d'os, et de goutes de sang encore chaudes. Et ce câlin brasier qui consume tes organes. Ce soulagement fugace qui t'étreint après chaque meurtre.


bzzzzzz

Toi qui planait par-dessus les étoiles, l'inexorable gravité de ce monde te ramène à la réalité.

bzzzzzz !
  • https://www.onepiece-requiem.net/t11506-fiche-du-baron
  • https://www.onepiece-requiem.net/t11172-le-baron-balthazar-b-brixius-et-sa-maman
C’est par une nuit bien sombre que de nombreuses âmes convergent vers le mal nommé hôtel « La princesse ». De nombreux uniformes de marines sont entraperçus à la lumière de torches. Quelques oiseaux nocturnes assistent à un véritable défilé militaire. Mais cette parade n’est pas accompagnée de tambours et trompettes ; non, c’est dans un silence de mort que les soldats avancent en rangs serrés. Les mains sont crispées sur les fusils, les yeux attentifs, les oreilles aux aguets. Il faut dire que l’on suspecte cet établissement réputé d’abriter en son sein l’un des évadés de la prison. Craignant un nouveau coup d’éclat, les soldats avaient été dépêchés en grand nombre avec un seul ordre en tête : « ramener cet individu à tous prix, mort ou vif ».

Le contingent s’arrêta devant la grande porte où l’un des responsables s’avança au devant d’eux. C’était un homme portant un démodé monocle et un costume noir impeccable. Il s’adressa à l’officier d’un air hautain mais reconnaissant.

- Messieurs ! Dieu merci vous voilà. Nous avons maille à partir avec l’un de nos clients. Il semblerait qu’il corresponde à la sommaire description transmise par vos services.

L’officier acquiesçait poliment, en homme qui sait déjà tout cela.

- Très bien mais lequel des deux ?
- Et bien très cher officier, le dénommé « Brixius » si je ne m’abuse.
- Et il est toujours dans sa chambre ?
- Ma foi ! Nous le pensons. Le dernier serveur qui s’est rendu dans sa suite n’est pas reparu. Nous craignons le pire attendu qu’une de nos femmes de chambre a entendu de terribles cris.
- Quelle suite ?
- Permettez moi de vous y conduire, cela sera plus simple que de déambuler dans ses innombrables couloirs.
- Nous vous suivons !

Et d’un geste vif, il intima l’ordre à ses hommes de se mettre en route. Dans le même silence, ils commencèrent donc à pénétrer dans l’établissement.

Au coin de la rue, dans l’ombre, une grande silhouette n’avait rien loupé de ce petit manège. Sous un large tricorne, Benjamin Landstorm avait tout entendu et tout vu. Le solide marin, conseillé par King Bradley, avait obtenu la localisation de Brixius mais était manifestement arrivé trop tard. Ne pouvant charger à l’aveuglette, il avait donc laissé les militaires pénétrer les premiers dans l’hôtel.

- Crénom de nom ! Cet arlequin de malheur était tout bonnement à l’hôtel ! Alors que je bouge ma carcasse dans tout Kikai pour le retrouver…

Mais le fier flibustier n’avait pas l’intention de laisser à la marine le loisir de châtier Brixius, ce droit lui était exclusivement réservé. Fort heureusement, l’intelligent marin avait prit le soin de s’équiper comme en campagne avant de rejoindre l’hôtel. Ne connaissant que sa science de la guerre navale, il était outillé comme pour passer à l’abordage. C’est donc munit d’un grappin, de plusieurs pistolets à silex et d’un sabre d’abordage que Benjamin s’était présenté à l’hôtel.

Convaincu que Brixius était un homme trop bruyant pour ne pas se faire repérer, Benjamin savait que le salut viendrait de son attention.


* * * *


Pendant ce temps, le majordome avait mené la petite troupe jusqu’à la porte de la suite de Brixius. L’on entendait encore à l’intérieur comme des cris étouffés. L’officier disposa ses hommes de chaque côté du mur et murmura ses indications.  

- On enfonce la porte à mon signal… Un… Deux… …
- Chef ?
- Que ?! Quoi !?
- On enfonce à trois ?
- Bien sûr enfin !? A quel autre moment ?

Un autre soldat posa la crosse de son fusil sur le sol.

- Ben c’est à dire qu’il n’y a pas de convention réelle en matière d’enfonçage de porte…
- Vous allez vous refoutre en rang bordel de merde ! Ou je vous flanque tous un rapport !
- M’enfin ok mais on enfonce à trois ou pas du coup ?

L’officier commençait à réellement s’impatienter et serrait maintenant fortement son épée. Ses doigts se blanchissaient sous la pression tandis que d’autres soldats commençaient à entamer des conciliabules pour savoir si oui ou non il fallait exécuter un ordre à trois ou s’il ne valait pas mieux faire un compte à rebours pour éviter toute erreur.

- VOUS ALLEZ M’ENFONCER CETTE PUTAIN DE PORTE SUR LE CHAMPS !

Les soldats restèrent interdits une seconde mais finirent par s’exécuter. Ils entrèrent deux par deux dans la chambre. Le premier duo fut rapidement attaqué. L’un des deux premiers soldats venait de recevoir une dague qui s’enfonça profondément dans son œil droit. Un rire terrible se fit alors entendre.

- ASSOURDISSANTS FANTASSINS ! CROYEZ-VOUS SURPRENDRE L’ILLUSTRE BRIXIUS !?

Les troupiers se déversèrent dans la chambre comme un torrent dans une bouteille de rhum. Renversant tout sur leur passage, ils finirent par mettre la main sur un Brixius vociférant. Plusieurs soldats ne purent se mêler à la joie ambiante puisque leurs vies s’étaient arrêtées sous la lame rutilante d’un Balthazar décidément trop vivace.

Le prisonnier maintenant à genoux, l’officier s’approcha pour l’identifier. Les soldats l’encerclaient, fusils pointés sur sa vilaine figure.

Ils ne virent donc pas qu’une corde venait de se tendre devant l’une des fenêtres de la suite. Trop occupés à rudoyer leur proie, ils ne perçurent pas la massive ombre de Landstorm qui passa au-dessus de la fenêtre à vive allure. Et c’est dans la surprise générale que le pirate brisa la vitre à l’aide de ses pieds après s’être élégamment basculé à l’aide de son grappin. A peine eut-il posé le pied sur le planché de la suite qu’il déchargea ses deux pistolets. Il dégaina aussitôt son large sabre.

- DEBOUT COMPAGNON ! Pas de quartier !


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Les vagues de l'outremonde parasitent-elles mes sens ? Est-ce que ce grosse barrique de rhum vient de surgir chez toi à travers une mise en scène aussi usée que lui ? Un retour dans les accueillantes geôles aurait été préférable à la réintégration de cette fausse note assourdissante dans la triste mélodie de ta vie. Balty, insultes le donc un petit peu, histoire de piquer ce gros ego gonflé.

Tu me présentes ton grossier minois BOURSOUFLÉ SANS TOQUER A LA PORTE, LANDSTORM ? Et ces GROTESQUES BOTTINES QUI SOUILLENT LE CARRELAGE de MA CÉLESTE DEMEURE ! VIELLE VOMISSURE DE CROTALE TUBERCULEUX !

En parallèle à ces mots irrités, tu extraits un sang bourbon à l'un des importuns, qui, à son tour, salit ton opulente suite auparavant si calme et étincelante. En moins de temps qu'il ne faut pour dire "cochonnaille", voilà ton palace envahi de parasites bruyants venant s'empaler impunément sur tes nouvelles lames.

Landstorm, faute d'avoir envie de se justifier suite à tes invectives, décharge ses pétoires sur les mouettes paniquées. Quand a-t-il appris à appuyer sur une gâchette ? Possédé d'une élégante et sauvage dextérité, il participe au nettoyage de la chambre avant ton départ.

Ainsi les insolents cafards finissent par prendre conscience que s'ils s'attardent encore un instant de plus dans ton domaine, ils finiront croustillants sous vos semelles. Voilà les braves marines qui prennent la fuite, probablement en quête d'une nouvelle ration de viande saignante à vous délivrer.


S-Seigneur...
REPLI !


Fort déçue que le laquais-en-chef ait aussi décidé de te faire faux bond, la confiance devient décidément bien coûteuse à offrir. Qu'en pense Landstorm ?

Ravi d'te r'voir aussi, compagnon ! Je constate que certains s'la coulaient douce pendant que le Landstorm organisaient not' départ.
Tu n'es guère personnage récurrent de mon AUGUSTE ODYSSÉE !
Quoi, tu comptais te construire une légende en restant glandouiller dans ta suite de bourgeois des blues ? Tu t'es échappé d'une cage en fer pour aller t'enfermer dans une en or ? T'es incompréhensible, mon vieux corniaud.
La noblesse est une AMBITION TRANSCENDANTE TOUTE TES PATHÉTIQUES RÊVERIES !


Après cet échange de bons sentiments avariés dont vous vous êtes fait la spécialité, Landstorm revient sur le balcon.

Filons d'ici, on aura tout l'temps d's'expliquer ensuite.

Puis embarque sa lourde bedaine sur le fil de la corde, avant de se laisser glisser le long, suggérant que cette corde, cette héroïque corde, est plus solide que tous les esprits de cette vicieuse île réunis, supporter sans claquer le poids, l'effroyable poids de ce cachalot, qui eut cru ça possible ?

A ton tour, tu décolles, non sans regret, de cet adorable perchoir doré dans lequel tu t'imaginais faisander des semaines, fourbu de seules compagnies Moi et toutes ces pensées macabres qui gravent des obscénités sur les parois de ton esprit.

Accueilli par un Landstorm pensif en contrebas, vous vous posez sur un toit en tuiles fort humides. Ne glisses pas, Balty, ta carcasse produit des grincements très horripilants lorsque tu lui broies des os ! L'équilibre de chacun bien assuré, Landstorm arrache la corde, la roule autour de son bras en grognant. Eh bien ! Je l'aurais cru de meilleure humeur, je l'aurais cru marié à son océan, en train de lécher l'écume sur la plage comme pour l'embrasser langoureusement. Cela ferait grand adultère avec tout ces tonneaux de rhum qu'il affectionne tout particulièrement.

Notre gros crapaud, gluant de préceptes mielleux, t'invite à plonger, dans la foulée, au fond d'un marais de réflexions.


T'as pas encore pané qu'avec l'habitude de voir ton sang gicler, Percebrume avait fini par y distinguer la couleur d'une noblesse bien plus gracieuse qu'celle colportée par le sang bleu q'tu chéris tant.
MAXWELL EST MORT, J'AI SOIGNEUSEMENT VISITÉ SA TRIPAILLE et me suis assuré que son COEUR BOUFFI D'IDÉAL NE PALPITE PLUS JAMAIS !
FAIS LE DEUIL DE CE MAROUFLE ET ACCEPTE QUE MA DESTINÉE NE SOIT PAS LIÉE A TON ABJECTE ENGEANCE, BOUCANIER !

Sur sa face se dessine un frisson de dégoût, gommé presque aussitôt par un regard atrocement compatissant.

J'réussirai là où Maxwell a échoué, j'te ferai bouffer de vraies valeurs et amènerai une éclaircie au-dessus d'ton esprit tourmenté, de gré ou de force, traîne-potence.

Percebrume. Diable ! J'avais cru que la rutilante poigne de ce tocard avait fini par lâcher prise. Malheureusement, il existe des volontés qui trouvent, après la mort violente de leur propriétaire, de nouveaux acquéreurs. Percebrume ! Je haïssais cet homme et pourtant il était bien le seul dont l'âme brûlait d'un feu bien particulier. L'un de ces feux qui se propagent à grande vitesse et provoque d'immenses brasiers de révolte incontrôlable.

Il était urgent d'éteindre ce dangereux pyromane spirituel.


Pourquoi t'obstiner à secourir un passé que j'ai BANNI DE MON AVENIR ? TON OUTRECUIDANTE BONTÉ M'ÉGRUGE LES ENTRAILLES !
AH ! GLORIEUSE ÉPOQUE OU JE CUEILLAIS LES TÊTES DE GRAPPES ENTIERES DE GODICHES DOUCEÂTRES DE TON GENRE !

Couper les pattes des derniers rêveurs d'ce sale monde, c'était ta foutue façon d'te sentir noble ? T'as l'occasion d'embarquer dans un voyage qui t'fera trouver la paix, suis moi, crème d'emplâtre !


Un espiègle apprenti alchimiste persuadé de pouvoir transformer ta sordide âme purulente de haine en or. Hinhinhin. Ne laisse pas ce grand phacochère empoisonner ta détermination, Balty, notre Nom ne restaurera pas son orgueil en vadrouillant bêtement sur les océans en chantant des insanités.

Tu n'es pas un pirate et tu ne le seras jamais. Tu n'es qu'un chien errant qui mourra dépouillé de tout éclat, sous les yeux effarés de sa pauvre mère déshonorée d'avoir mis au monde une telle souillure.

Signe de tête, t'invite à emboîter ses pas. Une nouvelle fois, je t'invite à bien surveiller là où tu poses tes malhabiles petits pieds.

Tu pourrais déraper. Et si ça arrivait, et si tu allais repeindre de ta chair contrite le pavé en contrebas, peut-être que tu me rejoindras enfin dans l'outremonde, et que ce flot de bêtises cesserait d'égratigner ma chétive âme de mère aimante.


Moussaillon, la mer nous appelle. Si tu y vois pas d'inconvénient, cette nuit, nous allons éviter les ennuis. Que penses-tu d'une virée rafraîchissante sur les toits ?

Seuls les infernaux feux de la ville vous éclairent, ainsi qu'une poignée de perverses étoiles penchées au-dessus des petits malheurs des hommes. Nuit de nouvelle Lune, la grosse balle blanche ne braque pas ses phares sur vous ce soir. Ainsi l'obscurité, à conditions que vous ne la laissez pas emmêler vos jambes et vos esprits, jouera dans votre camp.

Les exhubérantes guirlandes de fenêtres de la Princesse s'éloignent !
Devant vous, un océan... de toits à perte de vue.
Il vous suffira de devenir chats de gouttière pour vous en sortir sans dommages.
Quel ennui ! Préviens moi si d'outrecuidantes péripéties se glissent dans votre escapade nocturne, Balty.
Je les attends impatiemment, et de pied ferme. Tu es un véritable paratonnerre. Si la foudre du destin doit tonner, elle te tombera sur la caboche.
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