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L'Escale à Cocoyashi

- Le soleil avait déjà passé le zénith. Le ciel bleu luisait au-dessus de la mer de la même couleur, comme s'ils faisaient le concours de celui qui arborerait la teinte la plus intense. Aucun vent ne soufflait... Enfin, si, il y en avait un peu, mais il était si faible que l'on pouvait le considérer comme inexistant. Bref !

En mer depuis plusieurs jours, l'Ayatollah voguait en direction d'une île d'East Blue. Cette île, de ce qu'en savait Keiran, était spécialisée dans la mandarine. Pourquoi ce fruit plutôt qu'un autre ? Hé bien, l'histoire a sûrement une réponse, mais pas notre héros ! Et... Euh... Rah ! J'ai plus trop d'idées...


Sur le pont de l'Ayatollah, en mer, près de Cocoyashi, Keiran se tenait appuyé sur le plat-bord à bâbord. Il contemplait l'eau calme et paisible et, pour une raison inconnue, s'était lancé dans un monologue plein de fougue. Heureusement pour lui, il était seul sur le pont. En effet, le reste de l'équipage mangeait ou prenait une pause à l'abri du soleil plutôt agressif. Peut-être était-ce une insolation qui avait poussé le mécanicien dans sa description ?

Keiran aussi était en pause à cet instant. Il se pencha un peu par-dessus le bastingage et regarda la petite étendue verte qui se dessinait lentement à l'horizon. Cocoyashi, leur prochaine destination. Il avait pu entendre ce nom de la bouche des autres membres de l'équipage. Un bruit de pas s'approchant de lui le tira de son observation. Keiran pivota la tête, après avoir remis ses pieds bien en place sur le pont, vers l'arrivant.

L'homme qui approchait devait avoir une trentaine d'années, une barbe épaisse recouvrait une bonne partie de son visage. Malgré cette pilosité drue on pouvait discerner un sourire immense sur la face du bonhomme. Les rides naissantes sur le visage du marin indiquaient clairement que le sourire était l'expression la plus portée par celui-ci. Ses yeux vert clair faisaient un harmonieux contraste avec les cheveux et la barbe d'un noir intense du navigateur. Car oui, il s'agissait d'Ailbeart, le navigateur de l'équipage.

Il tenait une grande tasse en bois dans chaque main. Son expression favorite au visage donc, Ailbeart manifesta sa présence avec une salutations typique de l'équipage de l'Ayatollah.

- Sursaute pas, tu vas tomber !

Keiran sourit à cette remarque et répondit comme le voulait la coutume à bord.

- T'en fais pas, je flotte !

Ailbeart arriva au niveau du mécanicien. Il lui tendit une des tasses.

- De quoi te rafraîchir le gosier ! Fait trop chaud ici.

Le mécanicien remercia son camarade, s'empara du contenant, empli d'un liquide translucide jaunâtre, et le cogna légèrement contre la tasse d'Ailbeart.

- Santé, Navigateur !

- Santé, Passager Forçat !

Ils burent et rirent. Ailbeart et Keiran s'étaient liés d'amitié au deuxième jour du voyage pour Cocoyashi. La capacité du nouveau à résister aux injures de Siley Vander, le cuisinier du navire, semblait avoir plu au navigateur. Il faut dire aussi que ce dernier était ami avec tous les membres de l'équipage. Son côté serviable, sa gentillesse et sa considération des autres l'avaient aidé à être respecté et aimé des autres membres.

- Alors, tu contemples Cocoyashi ?

- Oui. Je n'y suis encore jamais allé. Je me demande bien à quoi elle peut ressembler.

Ailbeart prit soudainement un air grave. Il parlait moins fort qu'à l'accoutumée, d'un ton sombre.

- Tu ne le sais pas ?

Le changement brutal de comportement du navigateur déstabilisa Keiran.

- Euh... Non. Je n'ai fait qu'en entendre parler, c'est tout.

Il regarda autour de lui, se pencha un peu vers Ailbeart et parla à voix basse. Il semblait y avoir un élément tragique ou terrifiant sur cette île qui nécessitait la confidence ou en tout cas un minimum de discrétion.

- Qu'est-ce qu'il y a sur cette île ?

Ailbeart bu une gorgée avant de regarder Keiran droit dans les yeux, avec l'air le plus grave et le plus sombre qu'il n'ait jamais vu avant.

- Hé bien... Il s'agit... DE LA PLUS BELLE ÎLE DU MONDE !

Il hurla la fin de sa phrase avant de partir d'un éclat de rire tonitruant, ponctué par quelques coups de paume sur l'épaule de Keiran. Ce dernier, presque devenu sourd suite à la blague de son camarade, chancela quelques instants sous l'effet des chocs sonore et physique. Une fois remis, le mécanicien regarda son camarade d'un air hybride d'amusement et de lassitude.

- Merci pour les tympans percés. J'en n'avais plus trop besoin.

Ailbeart reparti sur le rire. Une fois vidé d'air, il toussa légèrement avant d'essuyer les larmes sur le bord de ses yeux.

- C'est mon île ! Celle où je suis né, où j'ai grandi ! Celle où je me suis installé.

Une lueur brilla dans les yeux du gaillard à cette dernière remarque. Le sentiment qui l'avait allumée n'était pas de l'amusement, plutôt de l'amour mêlé à de l'impatience.

- Installé ?

Dit-il avec un sourire entendu, il devinait déjà la réponse.

- Hé oui, pardi ! Avec la plus belle femme du monde : Mon Alexane ! Jamais vu un regard aussi doux et attirant que le sien !

L'amour voué à la femme de sa vie se ressentait dans chacun des mots. Le navigateur déballa nombre d'éléments concernant la beauté et la magnificence de sa femme pendant un bon moment.

- Et tu verrais sa façon de... Oh et puis ! On va être à Cocoyashi pour trois jours, je vais te la présenter ! Par contre, n'envisage m...

Ailbeart n'eut pas le temps de terminer sa recommandation que l'intendant Grinvert annonça la fin de la pause. Keiran prit la tasse vide du navigateur et le salua. Les deux hommes se dirigèrent vers leur occupation respective : l'un aux cartes, l'autre en cuisine pour nettoyer ce qui avait été utilisé pendant la pause.

Cocoyashi était bien plus proche à présent. L'arrivée était prévue pour la fin d'après-midi. Une nouvelle découverte en perspective pour Keiran.
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L'équipage de l'Ayatollah s'était mis en branle. Le navire approchait du port de Cocoyashi et il fallait se tenir prêt à aborder. Keiran eût principalement à s'occuper des cordages lors de la manœuvre, trop novice pour faire autre chose. Une fois le bateau amarré, une planche fut posée afin de faire la jonction entre le bâtiment et le ponton. Le capitaine réunit son équipage avant de le laisser descendre.

- Bien ! Félicitations à tous ! Nous voilà à Cocoyashi. Vous avez quartiers libres pour la soirée sauf...

Le capitaine cita une dizaine de noms et de tâches affiliées à chacun. Tous savaient qu'ils allaient devoir travailler un peu encore et ne furent donc pas surpris. Keiran n'en faisait pas partie.

- N'oubliez pas que nous ne resterons que trois jours ici à compter d'aujourd'hui. Vous n'aurez donc que deux jours entiers ici. On partira tôt le matin qui suit le troisième jour. D'ici là, préparez-vous, faites la fête mais ne soyez pas nuisibles pour l'équipage ! Vous êtes libres !

La cohue se déplaça de l'Ayatollah au port puis dans la ville. Une main saisit l'épaule de Keiran au passage et l'entraîna. Lorsque la masse fut dispersée, il put apercevoir Ailbeart et trois autres marins. Il reconnut Alan Krieg, vigie, Tyler Mahan, apprenti timonier et Allan Wilson, un moussaillon.

- On a pensé faire un petit tour en ville dans des lieux différents des autres, histoire d'être plus tranquilles. Ça te tente de venir ?

Malgré sa récente amitié avec le navigateur, Keiran ne pensait pas être inclus d'office dans un groupe de privilégiés.

- Ah ! Volontiers ! Je pensais que j'allais devoir errer pour m'occuper.

La petite troupe démarra sa route, Ailbeart servant de guide. Il leur fit une sorte de tour, racontant des anecdotes sur tel ou tel bâtiment, présentant des curiosités ici et là. Les quatre suiveurs posaient parfois des questions et Ailbeart trouvait presque toujours matière à répondre.

** Il est super calé sur sa ville, le bougre. Fier et amoureux à la fois de sa femme et de son île. **

Le temps passa, le soleil qui était en train de se coucher lors du débarquement avait à présent disparu. La lune se présentait lentement au ciel. La faim à l'estomac des marins aussi. Comme s'il avait tout prévu et calculé, Ailbeart termina son tour devant un restaurant de taille modeste.

- Et on termine ici, devant mon restaurant préféré de Cocoyashi ! Et, l'avantage, c'est qu'il est excentré par rapport aux autres, donc on aura de la place et du calme. À table, camarades !

Le groupe pénétra dans l'établissement et y découvrit un endroit chaleureux, tout en bois. L'énergie de l'endroit était douce et apaisante. Le patron, un homme âgé gigantesque, accueillit les arrivants d'un grand sourire. Il les fit s'installer à la meilleure table, le restaurant étant désert à l'exception d'un couple en train de dîner aux chandelles. Et leur remit à chacun une carte avant de s'éclipser sans bruit.

- Ce colosse se déplace comme un chat...

- Alfred a toujours impressionné par sa stature et par sa douceur. Son restaurant dégage une ambiance similaire et c'est ça qui fait sa qualité. En plus de la nourriture qui est succulente. En un sens, je suis content de voir qu'il n'est pas beaucoup plus populaire qu'avant, on garde la tranquillité.

Le repas fut amené une vingtaine de minutes après les boissons. L'attente pouvait être un élément négatif mais, une fois la nourriture goûtée, elle était pardonnée, voire justifiée aux yeux de certains. En effet, Keiran n'avait jamais mangé tel repas. Les ingrédients étaient tellement différents les uns des autres que leurs goûts devenaient complémentaires.

Une fois le repas divin terminé vinrent les desserts, portés par Alfred et un autre homme, massif aussi mais moins que le propriétaire.

- Cadeau de la maison ! Content de te revoir Ailbeart !

Une fois les remerciements prononcés, les deux retournèrent en cuisine.

- Je venais souvent ici avant de me faire engager. Alfred et Myhren, le cuisinier et son mari, ont fini par me connaître et m'apprécier à ce que je vois.

La soirée s'acheva en partie à la fermeture du restaurant. Le groupe retourna au port.

- Mes amis ! Si ma femme n'a pas changé de profession, elle va être à la maison d'ici une heure, et je voudrais être présentable. Je vais vous laisser ! Profitez bien de Cocoyashi !

Tous se saluèrent, le navigateur prit la route le conduisant chez lui presque en courant. Les autres se regardèrent.

- J'ai un jeu de cartes, une partie ça vous dit ?

Tous acquiescèrent avant de remonter à bord de l'Ayatollah pour finir la soirée autour de rhum et de cartes.
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Le soleil se leva. Ses rayons vinrent lécher amoureusement la coque du navire, ses mâts, son pont, ses fenêtres, ses habitants malchanceux. Et pour une fois, Keiran n'en faisait pas partie ! Lui dormait paisiblement dans sa couchette, habillé. La soirée d'avant avait été si arrosée qu'il en avait oublié de se préparer convenablement à dormir. Il était en train de baver sur son t-shirt gris une substance visqueuse mélangeant salive et rhum.

Le voisin malchanceux avait le visage placé à la perfection pour que l'astre du jour puisse le réchauffer. L'agression amoureuse de lumière et de chaleur sembla déplaire au marin qui se retourna dans sa couchette en bougonnant. Le soleil fut outré d'un refus aussi violent et décida, pour punir à sa juste valeur cet acte odieux, de laisser une grande marque rouge sur la nuque du marin boudeur. Lorsque le malchanceux se réveilla, environ une heure après avoir été marqué, il se sentit fort mal ; un mélange entre résidus d'alcool et insolation pour le petit déjeuner n'était pas le meilleur cocktail.

C'est un bruit sourd qui réveilla Keiran. Il cligna des yeux, à moitié fermés, d'un air pataud, en regardant autour de lui.

- Késséssé ?

Il réalisa soudainement qu'il n'était pas dans son lit. Enfin, pas celui de Shell Town. La mémoire revint tel un boomerang manqué à Keiran : avec violence en pleine face. Il n'était plus chez lui, il s'était engagé sur un navire et avait bu plus que de raison le soir d'avant. Le mécanicien se frotta le front et la joue d'un mouvement de main tout en émettant un "Pouaaaaaah" plaintif. C'est en ouvrant les yeux complètement après cet élan d'énergie que le moussaillon découvrit la cause du bruit, et par la même celle de son réveil.

Assis sur le sol, Allan Wilson le moussaillon, Allan Wilson le tas de muscles de près de deux mètres, Allan Wilson l'homme le plus créatif en matière de jurons en cet instant. Il y avait tellement d'injures à la fois que certaines se mélangeaient et, même sans ça, Keiran n'aurait pas pu en saisir plus d'une ou deux dans l'agglomérat de mots.

Après avoir bien observé la scène du crime, Keiran conclut que le coupable de son réveil était le fessier d'Allan Wilson qui avait heurté violemment le bois du plancher. La cause de l'impact ? Le soleil a apposé sa marque sur le moussaillon qui lors de son réveil était si perturbé que lorsqu'il se leva il n'avait pas vraiment de coordination corporelle et, une jambe en entraînant une autre, s'écroula au sol.

Keiran aida Wilson à se relever avant de l'encourager à aller boire de l'eau et de s'en renverser une bonne partie sur la tête. Ils sortirent du dortoir ensemble, allant partager cette douce activité que le décuvage de lendemain de soirée.

Deux heures et un frugal petit déjeuner passèrent avant qu'un nouvel événement ne se passe. Il était environ huit heures du matin lorsqu'Ailbeart vint à bord de l'Ayatollah. Il vit Keiran, un sourire satisfait éclaira son visage tandis qu'il approchait d'un pas rapide.

- Keiran ! Keiran Valerius ! L'homme que je cherchais !

Il avançait à grands pas, bras ouverts dirigés vers le ciel. Le navigateur attrapa l'objet de sa recherche par les épaules avant de le traîner avec lui hors du bateau et de parler soudainement à voix basse.

- J'ai besoin de ton aide. Alexane voudrait passer une journée en tête à tête avec moi. Elle a pris congé, prévu tout un tas de choses. Et je ne peux pas refuser, tu comprends ? Et le soucis c'est Rul, mon fils. Il n'a que huit ans et je n'ai personne pour le garder. Tu vois où je veux en venir je suppose ? Voilà, j'aimerai beaucoup que tu gardes Rul pour la journée. Je ne connais personne d'autre qui soit disponible aujourd'hui. Tu es disponible, hein ? Parce que si on n'a personne pour Rul, on ne pourra pas profiter de cette journée. Et Alexane me tuerait si je ne pouvais me décarcasser pour ça. Tu comprends, hein ? J'en suis sûr, t'es un gars vif malgré les apparences.

Et le monologue s'enchaîna, sans que Keiran ne puisse dire quoi que ce soit. Il ne pouvait pas non plus se défaire de l'étreinte du navigateur, trop puissant pour lui. Au final, avant même qu'il ne le réalise, le mécanicien s'était retrouvé assis sur le canapé, dans le salon d'Ailbeart. On lui présenta, alors que sa tête tirait encore un peu de la soirée d'avant, une femme qu'il trouva agréable à l’œil et un garçon boudeur.

** Génial... Le cliché de l'épisode où un gars pas doué s'occupe du gosse turbulent d'un ami. Et avec le côté "Je ne peux pas refuser" en prime, quelle belle démonstration de non-talent ! **

Alexane et Ailbeart partirent après que Keiran ait accepté d'un silence de s'occuper du petit. Il n'avait pas retenu son nom et ne s'attendait pas à vivre une expérience agréable. L'enfant s'était assis sur une chaise, dans le salon, et dessinait sur une feuille mise à sa disposition. La nounou barbue observa d'un œil torve et suspicieux le potentiel aimant à ennuis pendant au moins dix minutes. Dix minutes durant lesquelles il ne se passa rien. L'enfant dessinait sur ses feuilles, tranquillement. Une fois la période d'observation passée, le mécanicien commençait à se demander si l'enfant allait vraiment être la source de ses problèmes aujourd'hui.
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Keiran observa l'enfant encore un moment. Il finit par baisser sa garde et s'assit sur le canapé, gardant un œil alerte.

** Finalement, ça a l'air calme. Je me suis trompé. **

L'enfant dessinait toujours, Keiran apprécia la quiétude. Un léger sourire vint se glisser sur son visage, il ferma les yeux, guettant de l'oreille le grattement du crayon sur le papier.

Dix minutes passèrent.

Un bruit de raclement de chaise tira le babysitter de sa somnolence. Il ouvrit les yeux et les orienta directement vers la table de l'enfant. Il le vit debout, en train de ramasser une feuille tombée par terre. Keiran se leva.

** Tentons de sympathiser avec lui pour faire passer la journée plus vite. **

Il s'approcha de l'enfant, en train de se rassoir.

- Alors, mon grand ! Tu dessines bien ?

- Vui. Séjoli. Tu trouves pas ?

L'enfant montra un dessin à Keiran avec un grand sourire. Ce dernier le saisit et l'observa longuement. Il passa cinq minutes à déchiffrer le pot-pourri de couleur présent sous ses yeux. Il passa cinq minutes à découvrir un chat à trois pattes, un soleil bleu, quelque chose ressemblant à un ballon et, pour le reste, il abandonna.

- C'est très beau ! Il te faut signer, comme ça on saura que c'est toi qui a fait cette merveille !

Il sourit.

- Côm'j'ai fait sur la table ?

Il ne sourit plus.

- Sur la table ?

L'enfant montra un gros dessin recouvrant une partie de la table. Une magnifique nature morte abstraite, probablement. Keiran trouva un "ALBIN" griffonné sur un coin de la table, le L et le N à l'envers.

- Albin, c'est ça ?

- Oui !

- Pourquoi tu as dessiné sur la table ?

- Sss'est plusse joli ! Maman elle va z'aimer !

L'enfant s'arrêta soudain de parler et se laissa glisser de la chaise.

- Pipi...

L'enfant parti en courant vers le couloir. Keiran espéra qu'il ne ferait pas de bêtises là-bas. Il soupira.

- On nettoie maintenant... Joie. Il va pleurer quand il verra que j'ai effacé son dessin... Pourquoi moi ?! Sérieusement, les enfants et moi on n'est pas fait pour s'entendre.

La nounou barbue s'attela au nettoyage qui malgré l'utilisation de crayons pour les graffitis pris une bonne demi-heure avant d'être achevé. L'adulte posa l'éponge et la serviette utilisées sur le bord du lavabo avant de réaliser le temps qui venait de s'écouler. Albin n'était toujours pas revenu des toilettes.

- Me dis pas qu'il est parti...

Le mécanicien commença à avoir un mauvais pressentiment. Il alla dans le couloir où était parti l'enfant et se mit en quête des sanitaires. Il tomba dessus rapidement, la porte arborant un panneau indicateur. Cette dernière était entrouverte, Keiran appela. Pas de réponse. Il ouvrit la porte, appelant à nouveau, pour constater que le trône était vide. Un juron retentit dans la pièce et un homme s'élança dans toute la maison, appelant le nom d'Albin à répétition.

Une fois toutes les pièces fouillées à deux reprises, toutes les cachettes vidées, le chercheur arriva à la conclusion suivante : Albin était parti de la maison.

- Exactement comme prévu ! Cliché de merde ! Responsabilité de merde !

Le mécanicien ouvrit la porte d'entrée, la referma soigneusement et alla chercher autour de la maison puis, étant sans résultat, augmenta le rayon de sa zone de recherche au quartier entier. En chemin, il s'accroupissait à chaque buisson, plongea la tête dans tous les recoins, regarda dans les jardins des gens, interrogea chacune des personnes croisées. Tout ça en vain. Deux heures s'étaient écoulées depuis que Keiran avait fini de nettoyer la table. Sans doute plus depuis qu'Albin avait fugué. Allait-il le trouver ? Si non, qu'allait-il dire aux parents ?

** C'est un forum tout public. C'est une histoire accessible à tous... Il y aura une fin heureuse ! Je vais le retrouver ! Je dois juste chercher plus ! **[/b]

Notre personnage principal se remit en route ! Il refouilla intégralement le quartier, perdant à nouveau deux heures. Le bougre ne s'arrêta même pas pour faire une pause toilettes ou déjeuner, l'enfant venait en priorité. Il interrogea les mêmes personnes, pour celles qui étaient restées dehors, ainsi que les nouvelles venues s'ajouter. Toujours sans succès...

** Retournons chez lui, il y est peut-être revenu... **

Et il s'élança. À force de chercher dans tous les sens et courir partout, Keiran était en sueur. Il souhaitait ardemment que l'enfant soit rentré chez lui. Il arriva devant la porte, elle était toujours fermée. Le mécanicien se rassura en disant qu'Albin avait très bien pu fermer en rentrant. Il appuya sur la poignée et poussa la porte. Il gagna du temps en appelant directement l'enfant. Pas de réponse.

- Et merde ! Il est où ?

Le mécanicien repassa la maison au peigne fin une nouvelle fin. Il remarqua un seul détail changé depuis son départ : les dessins papiers d'Albin avaient disparus. L'enfant était sûrement revenu les chercher, ou tenter de finir son œuvre sur table, à présent effacée. Le mécanicien refouilla la maison suite à cette découverte, toujours rien. Il commençait à perdre espoir...

- Allons refouiller le quartier et le jardin...

Et il sortit à nouveau de la maison. Une nouvelle fouille aux alentours donna le même résultat que précédemment. Déprimé, désespéré et abattu, Keiran se laissa tomber avec violence sur le sol, devant la porte d'entrée, à l'extérieur. Il frappa le haut de sa tête contre le bois derrière lui, se méprisant d'avoir raté une tâche aussi simpliste que garder un enfant.

Une voix tira Keiran de sa solitude insultante.

- Bah... Keiran ? Qu'est-ce que tu fais là ? Où est Albin ?

Le choc frappa Keiran. Il avait vraiment échoué. Son nouvel ami allait le mépriser, le tuer peut-être, pour avoir perdu un des morceaux de sa vie. Il devait assumer, quitte à ce que l'histoire s'achève sur ce chapitre sombre.

- Je... Il... Je l'ai perdu... Il avait dessiné sur la table, je nettoyais et il est parti aux toilettes. Après, je l'ai perdu. Je l'ai cherché partout, je te le jure ! Je ne l'ai pas trouvé...

Ailbeart fronça les sourcils, il ne semblait pas très inquiet.

- Parti ? Et il a dessiné sur la table ?

- Qu... Oui. Mais ...

- Si il a pris ses dessins avec, va voir dans la petite forêt là-bas, tu devrais le trouver. Si non, tu peux aller voir chez Timmy, son meilleur ami. Il habite la maison rouge là-bas.

- Il a pris ses dessins, je suppose. Mais... Tu ne t'inquiètes pas plus que ça ?! C'est ton fils...

- Va regarder aux endroits que je t'ai indiqué. On verra ensuite. J'étais juste revenu chercher un truc de fille pour ma femme. On revient d'ici deux heures. Trouve-le d'ici là.

Malgré le sourire et le ton de confiance dans la voix d'Ailbeart, Keiran sentit que les deux dernières phrases contenaient des menaces très bien dissimulées.

Suivant les conseils de son ami, Keiran se rendit directement dans la forêt. Il tomba sur une feuille de papier, écrasée dans un buisson. Le vent avait dû l'y envoyer. Keiran la récupéra et découvrit un des dessins d'Albin. Il était sur la bonne voie !

Keiran suivi le sentier jusqu'à tomber sur une rivière. Le chemin se séparait alors en trois : à gauche, tout droit et à droite. Il regardait chaque direction un instant. Aucune n'avait l'air plus appropriée que l'autre. Ça serait donc du hasard... Après un bref regard autour de lui, il trouva un bâton. Il choisit la tête sans écorce comme pointe. L'objectif était de lancer le bâton en l'air et prendre la direction indiquée par la tête. Il le lança.

L'objet grimpa dans les airs avant de retomber lourdement, perdant un morceau entier et d'autres plus petits d'écorce. La tête indiquait la direction d'où venait Keiran.

- J'ai de la chance... Va quand même falloir finir ce texte. La barre de défilement est déjà bien petite.

Il ramassa le bâton et s'apprêta à le lancer à nouveau. Keiran amorça le mouvement et lança l'objet. Attendant sa retombée, il perçut un léger rire. Sa tête se tourna vers la droite avant de recevoir le bâton. Ce dernier, tombée heureusement sur un côté non pointu, se brisa. La casse laissa tomber de la poussière, de l'écorce et d'autres morceaux de bois dans les cheveux et autour de Keiran, un air blasé sur le visage.

** J'aurai dû m'y attendre... **

Keiran se dirigea vers l'origine des rires. Petit à petit, la voix d'un enfant grandissait. C'était celle d'Albin. La nounou avait retrouvé son protégé. Il s'approcha à pas furtif et observa l'enfant de loin. Albin était accroupi et avait le pantalon couvert de boue. Il discutait avec quelqu'un, ses dessins étalés devant lui sur le sol. Cependant, il était seul. Avec qui pouvait-il parler ?

Le mécanicien s'éclaircit la gorge doucement, pour ne pas trop effrayer l'enfant avant de s'approcher lentement. L'enfant sursauta quelque peu et se tourna vers lui. Il avait l'air un peu gêné et triste, tentant de cacher ce qu'il avait derrière lui avec son corps.

- Albin... Je t'ai cherché partout pendant des heures ! Tu aurais pu me dire que tu venais ici... Je ne t'aurai pas grondé... Je me suis inquiété tu sais ?

L'enfant faisait la moue, bras derrière lui. Keiran s'arrêta à quelques mètres de lui et s'accroupit. Il afficha un sourire sincère, soulagé et content et tendit la main.

- Allez, viens. Je ne vais pas te gronder ou te punir. Viens. Tu n'es même pas obligé de me montrer l'objet que tu as derrière toi.

L'expression d'Albin vira à la colère. Il sortit de derrière lui une grenouille verte, protégée de ses mains.

- Maiss'est pas un objet ! Ss'est une g'enouille ! Ça se voit !

Voilà donc l'explication. Albin avait une grenouille pour ami. L'animal habitait sûrement à proximité de la rivière et l'enfant venait lui rendre visite. Les dessins posés par terre indiquèrent à Keiran que l'enfant les avait fait et pris pour la grenouille.

Toutes ces péripéties. Toutes ces recherches. Toute cette sueur pour une grenouille. Enfin, l'enfant allait bien et avait été retrouvé, Keiran vivrait un jour de plus au moins. Il se pencha et frotta la tête du petit.

- Allez viens. Il est temps de rentrer. Ta maman va bientôt rentrer et ne va pas être contente si tu es tout sale. Tu pourras revenir parler à ta grenouille demain.

- E's'appelle Clovis ! Et 'veux pas 'entrer moi...

- Tu sais, ta maman et ton papa seront là ce soir. Tu vas pouvoir leur raconter tout ce que tu as fait aujourd'hui. Et puis... Si tu es sage, je t'offrirai même un biscuit ou une glace !

Il ne savait quel argument avait fonctionné mais Albin posa Clovis la grenouille sur les dessins. Il fit un bisou à l'animal avant de lui dire au revoir puis se leva et vint vers Keiran. En chemin, Albin se tourna vers son ami et lui fit un signe de la main pour dire au revoir. Le mécanicien lança une discussion avec Albin sur sa grenouille et ses dessins.

Rentrés à la maison d'Ailbeart et Alexane, Keiran demanda à Albin de se laver, changer de vêtements et de passer à table pour la fameuse récompense promise. La fatigue gagna le petit qui alla se coucher de lui-même sur le canapé quelques instants après.

Keiran resta assis sur une des chaises de la cuisine, observant Albin d'un œil. La porte s'ouvrit alors. Ailbeart et Alexane étaient rentrés. Le navigateur de l'Ayatollah constata avec ravissement et soulagement que son fils était à présent couché sur le canapé. Keiran expliqua brièvement l'aventure de la journée au couple et prit congé. Il fut arrêté dehors par Alexane. Elle voulait le remercier d'avoir gardé l'enfant pour eux et lui remis une petite enveloppe en précisant que "Ce n'est pas grand chose, mais c'est toujours ça." Le mécanicien remercia la dame et fourra l'enveloppe dans sa poche sans même l'ouvrir. Il n'avait plus qu'une envie : aller se doucher et se coucher. Direction l'Ayatollah !
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Aube du troisième jour.

Keiran était lessivé et lavé de la journée d'hier. Il profitait à présent d'un repos bien mérité. Les autres membres de l'équipage plus matinaux que lui n'eurent pas une énorme empathie pour le pauvre bougre et ne firent pas attention à la présence d'autres personnes avant de parler bruyamment. Les rêves du dormeur se mélangèrent aux paroles.

Il suivait une grenouille depuis dix bonnes minutes, faisant attention à ne pas marcher sur les nénuphars magiques qui trahiraient sa présence. La grenouille était puissante, il l'avait vu terrasser deux bœufs et une maison tout à l'heure. Keiran souhaitait percer au grand jour le secret de ce batracien. Caché derrière un buisson placé là de manière tout à fait commode, l'investigateur improvisé observait la créature. Elle s'était posée sur un caillou, sur la rive opposée à la sienne. Elle s'étira, bâilla et retira ses jambes comme des chaussettes. Sous sa peau verte, la créature dissimulait une jambe de bois et une de métal. La raison pour laquelle les jambes étaient de matériaux différents était évidente : la grenouille n'avait pas eu les moyens de se payer deux jambes métalliques.

La grenouille remarqua soudainement la présence du mécanicien. Elle le fixa d'un air mauvais. Sa large bouche s'ouvrit lentement, aucun son ne sortit. La créature referma son orifice avant de le rouvrir en parlant cette fois :

- Je te jure qu'elle n'arrêtait pas de me regarder !

Keiran ne comprit pas. De quoi voulait parler le batracien ? Il n'était pas une fille, cela se voyait. Sa barbe était clairement indicative sur son sexe. Il allait répondre, mais la créature reprit d'une autre voix.

- Arrête tes bêtises, elle surveillait juste les tables, au cas où quelqu'un aurait besoin d'elle. C'est son métier !

Keiran retrouva progressivement, mais à un rythme rapide, le contrôle de son corps. La conscientisation de ce fait prit une demi-seconde supplémentaire. Il ouvrit les yeux, en cligna deux ou trois fois avant de réaliser que les voix ne venaient pas de la grenouille mais des deux marins assis sur leur couchette.

Le mécanicien se frotta les yeux, maugréa intérieurement contre ces deux individus, avant de se lever lentement. Une folle envie d'assommer les deux parleurs s'empara de Keiran. Il se retint cependant et, une fois sur ses jambes, sortit de la zone sans leur adresser un mot ni même un regard.

Il se retrouva sur le pont. De ce qu'il pouvait observer, le soleil n'était pas très haut dans le ciel. La journée allait être longue. Sauf s'il pouvait trouver un endroit où dormir. Le sommeil, ça fait passer le temps plus vite. Voilà l'objectif du jour : dormir !

- Analysons la situation : l'Ayatollah va être actif toute la journée avec les préparatifs de départ. Impossible de se reposer dessus donc. Il va falloir que j'aille en ville chercher un endroit. Peut-être qu'Ailbeart pourrait...

- C'qui qu'tu causes ?

Keiran sursauta et se tourna. Siley Vander. Cool. Le monstre, cuisinier du bateau, le jugeait du regard, et le verdict n'était pas très positif pour lui. Il portait une grosse caisse, le faisant suer. Son crâne, dégarni de manière anarchique, perlait aux endroits où la peau était visible. Clairement, le fardeau du cuistot était pesant.

- À personne. Mais je vois que vous avez fort à faire, je vais vous laisser toute la place dont vous avez besoin.

Il s'exécuta et descendit carrément du bateau. Cela n'avait sûrement même pas blessé Siley, il méprisait tellement Keiran que ses insultes le laissaient indifférent.

Content de s'être débarrassé du gros cuisinier aussi rapidement, Keiran marcha doucement en direction de la ville. Il se rappelait à peu près du chemin menant chez Ailbeart et Alexane. Pendant sa route, Keiran se répéta le texte qu'il prévoyait de jouer devant eux. Globalement, il comptait jouer la carte du service rendu pour obtenir en faveur un accès à un lit ou un canapé avec de la tranquillité. Son discours était parfait. Le trajet passa plus vite grâce à ça aussi. Une fois à une dizaine de mètres de chez son collègue et ami, il se rejoua une dernière fois la scène.

- Je me place là. Pas trop loin du bord, une main posée pour me tenir. Ca montrera que je suis fatigué. Je parlerai d'une voix traînante, pour exagérer un tout petit peu. Hem, hem... Salut, Ailbeart... Non, plus soufflé. Salut, Ailbeart... Hm... Plus lent, faut que j'ai l'air de m'endormir sur place.

Il s'entraîna environ une minute puis approcha de la maison. Son doigt plié heurta trois fois la porte, marquant une demi-seconde de pause entre chaque impact pour marquer une fatigue. Le jeu avait commencé. Keiran était confiant, son plan était infaillible. Ailbeart ne pourrait refuser, Alexane accepterait aussi.

Trente secondes s'écoulèrent. Il frappa à nouveau. Le plan allait fonctionner ! Il fallait juste que quelqu'un ouvre la porte et voit à quel point il avait l'air épuisé. Si la personne était assez gentille, peut-être même n'aurait-il pas à jouer trop longtemps.

Une minute s'était écoulée. Sa main se cogna plus fortement contre le bois cette fois. Le plan devrait aller... Ils ne devaient pas avoir entendu les premières fois. Tout irait bien.

Au total, deux minutes s'étaient écoulées. Les espoirs de Keiran aussi. Un voisin, sortit prendre son courrier, remarqua l'homme presque écroulé contre le mur d'entrée d'Ailbeart.

- Excusez-moi, Monsieur, mais ils sont partis les trois ce matin très tôt. Ils allaient faire une journée en famille, je crois. Repassez ce soir.

Le voisin lui sourit avant de retourner chez lui. Le mécanicien se laissa glisser jusqu'à terre. Ainsi, son plan avait une faille. Et elle lui était arrivée dessus d'un coup sec, sans prévenir. Qu'allait-il faire à présent ?

Il resta assis sous le porche un moment, passé à la réflexion. Il ne savait pas où il pouvait aller. Une auberge coûterait de l'argent et il ne voulait pas en dépenser ici. Keiran ne connaissait pas très bien Cocoyashi et trouver une solution semblait compromis... Lorsque soudain, il réalisa. La forêt devait être calme ! Il se releva, plein d'entrain, et se dirigea à grands pas en direction de la forêt.

Le lieu où Keiran avait retrouvé Albin semblait calme. Parfait ! Il se trouva un coin sec et s'allongea, posant sa joue sur sa main. Il ferma les yeux et soupira de détente. La zénitude et le sommeil allaient pouvoir le gagner.

Des éclaboussures d'eau réveillèrent Keiran. Ce dernier sursauta en criant presque un charabia sans sens. Il s'assit et regarda autour de lui. Une famille avait trouvé l'endroit aussi tranquille que lui et était venue s'installer pour un pique-nique à proximité. Les parents n'avaient pas dû le remarquer, mais les enfants venus jouer dans l'eau avoisinante, oui. Ils s'étaient amusés à prendre de l'eau dans leur main et la lancer sur lui. Cependant, en voyant l'homme bouger, les enfants prirent leurs jambes à leur cou et allèrent se réfugier vers leurs parents.

Keiran ne pouvait plus rester ici. Les enfants trouveraient le temps de venir l'embêter à nouveau. Il se leva et partit en quête d'un nouvel Eden du sommeil. En route, il regarda le ciel. Il estima avoir dormi au mieux une heure. Pas de quoi se retaper...

L'homme en quête de repos se traîna jusqu'en ville à nouveau. Peut-être se trouverait-il un lit ou un banc accueillant ? Le regard dans le vide, il ne faisait plus attention à rien. Keiran s'était quasiment endormi en marchant. Il revint à lui en heurtant une barrière. Son fessier heurta le sol dur. Déboussolé, le quasi-somnambule regarda la cause de sa chute ; le portail d'un manoir. Il se remit sur pied et lu le nom indiquant les habitants.

- Manoir... De Ville... Ils doivent avoir beaucoup de chambres là-bas. Avec des lits. Pas utilisés... Confortables... Douillets...

Le rêveur se mit presque à baver à cette idée. Il se ressaisit, trouver un lieu où se reposer était primordial ! La quête reprit.

Près de deux heures après, la fatigue et le manque de sommeil s'accumulant au même rythme, Keiran décida de laisser tomber. Le premier endroit un peu à l'abri ferait office de lit. En l’occurrence, un parc public avec des bancs se présenta comme le premier endroit calme. Il n'en espérait pas tant. Le premier banc libre à sa portée fut converti en lit. Un très inconfortable lit, mais un lit quand même. Il s'endormit presque instantanément dessus.

Keiran ouvrit à nouveau les yeux, le ciel commençait à s'assombrir. La cause de son réveil était un agent de l'ordre qui l'avait secoué.

- Mon Dieu !! Quelle heure est-il ? Merci de m'avoir réveillé ! Vous êtes envoyé par la Providence ! J'allais manquer mon départ !!

Sans laisser le temps de réagir au pauvre agent, Keiran s'élança en courant vers l'Ayatollah. Sa course lui fit mal, dormir sur le banc avait meurtri ses muscles et tendons. Il atteignit le navire un peu après, essoufflé. Il vit des caisses stationnées devant. Tous les préparatifs n'étaient pas encore prêts. Heureusement ! Le moussaillon reprit son souffle et grimpa à bord du navire. Le départ était prévu pour le lendemain matin très tôt et les ordres étaient de se coucher au plus vite.

Enfin, Keiran pourrait se reposer dans un lit !
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